[SPATIAL] Les femmes et l’exploration spatiale

16 juin 1963. Il y a 50 ans, une femme a voyagé dans l’espace pour la première fois dans l’Histoire de l’Humanité. Valentina Terechkova avait 26 ans, elle était soviétique et elle reste la seule femme à ce jour à avoir effectué un vol spatial en solitaire. Elle est redescendue sur Terre le 19 juin après 48 orbites autour de la Terre en 70 heures et 41 minutes, soit plus d’heures de vol au compteur à elle seule que tous les astronautes américains réunis (à l’époque). Et elle reste également à ce jour la plus jeune personne à avoir voyagé dans l’espace.

Mes respects les plus admiratifs, madame.

Le « père de l’astronautique soviétique » pour une série de premières fois

Mais comme un peu d’Histoire ne nuit jamais, remettons cet exploit dans son contexte…

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[Les dialogues en italiques qui vont suivre sortent de mon imagination délirante, délicatement agrémentés d’une louche de mauvaise foi et saupoudrés d’un second degré légèrement acide sur le retour.]

Staline – Bon, Korolev, avec mes potes les Américains, on joue à kikalaplugrosse.
Korolev – La plus grosse… euh… pardon ?
Staline – Ben kikalaplugrosse. Kikipisslepluloin, quoi. Marquer son territoire.
Korolev – Le territoire ? Ben c’est nous qui avons le plus gros, chef. On a le plus grand pays du monde. On occupe plus de 11 % des terres à nous tous seuls.
Staline – Oui. Bon. T’es ingénieur, Korolev, t’es précis, factuel. C’est bien. Mais je te parle de politique, là, c’est subtil, tu peux pas comprendre. Bon. Il faut qu’on gagne à kikalaplugrosse et là je trouve qu’on est un peu mal barré. Donc trouve un truc.
Korolev – Les Américains ont Hollywood, chef. Ça marche pas trop mal. On pourrait les concurrencer sur ce marché-là.
Staline – Mmmh, développe.
Korolev – Il faut les surpasser. Une forme de cinéma révolutionnaire. Par exemple, ce matin, je me suis fait la réflexion… Mon chat a glissé sur la glace et s’est mangé un mur. J’ai failli décéder de rire, chef. J’ai la ceinture abdominale qui brûle encore. Eh ben j’aurais voulu garder un film de ce moment, pour rire à nouveau, et surtout, le partager avec d’autres.
Staline – Abrège, je vois pas où tu veux en venir.
Korolev – Les Américains font rêver, avec leurs films hollywoodiens. Moi, je propose un bon gros rire bien gras. Ça réchauffe. Et c’est proche du peuple. Il peut s’identifier. Petits moments du quotidien.
Staline – Korolev ?
Korolev – Chef ?
Staline – Je ne te parle pas du peuple, je te parle de la Nation. KIKALAPLUGROSSE.
Korolev – Ben je vous l’ai dit, notre territoire est le…
Staline – KOROLEV. Le quotidien, tout le monde en est riche, personne ne va payer pour aller voir ça dans un cinéma. Et si c’est de la chaleur qu’on veut, on a de la vodka. Hollywood fonctionne précisément parce que ça vend du rêve. Un chat qui se vautre contre un mur, ça ne marchera jamais.
Korolev – Bon. Du rêve, alors. Des stars ?
Staline – Pourquoi pas. Un autre genre de star. Dépassons-les.
Korolev – Je peux me permettre une vanne pourrie, chef ?
Staline – Accordée.
Korolev – « L’Amérique a des stars. Nous avons des étoiles. »
Staline – Korolev ?
Korolev – Chef ?
Staline – Tu vois, quand tu veux !

*****

Sergueï Korolev

Et c’est ainsi que pour savoir kikalaplugrosse qui aurait la suprématie sur le monde, l’exploration spatiale (nommée « conquéquête » à l’époque) fut l’un des domaines où les États-Unis et l’URSS se mesurèrent (donc).

Je vous passe les détails, mais Sergueï Korolev, ingénieur spécialiste en fusées et en missiles, devint alors le « père de l’astronautique soviétique » (source : Wikipédia).

Il fallait tout faire plus vite que les Américains, mieux, plus loin, démesuré – ou en tout cas, être premier. L’URSS, par l’intermédiaire de Korolev, est donc devenue reine des premières fois en matière d’aérospatial :

– 4 octobre 1957 : premier satellite artificiel dans l’espace (Spoutnik-1)
– 3 novembre 1957 : premier animal terrestre dans l’espace (la chienne Laïka)
– janvier 1959 : première sonde lunaire (Luna-1) à aller dans l’espace, premier survol de la Lune à faible distance, première mise en orbite héliocentrique, première à découvrir le vent solaire
– septembre 1959 : premier artefact humain (Luna-2) à atteindre un corps céleste (la Lune)
– 12 avril 1961 : premier homme dans l’espace (Youri Gagarine)

Première femme dans l’espace : un outil de propagande

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Khrouchtchev – Grâce à vous, Korolev, on gagne à kikipisslepluloin. Mais je suis pas rassuré du côté de kikalaplugrosse. Ce salaud de Kennedy nous provoque, avec son discours.

Korolev – Chef, vous êtes pas foutu de surligner des mots sur Photoshop ?
Khrouchtchev – Ta gueule.
Korolev – Oui chef.
Khrouchtchev – On est en 1963. Peut-on aller sur la Lune avant 1970 ?
Korolev – Impossible.
Khrouchtchev – Gagnons du temps. Mettons-leur la pression. Trouvez-moi un autre exploit pour les faire chocotter et perdre leurs moyens.
Korolev – Envoyons deux hommes dans l’espace en même temps…
Khrouchtchev – On a un module pour deux personnes ?
Korolev – Non chef, pas encore.
Khrouchtchev – Je veux un exploit avant la fin de l’année, Korolev. Envoyez une femme.
Korolev – Une femme, c’est-à-dire ? Pour arranger l’intérieur du Vostok et en faire un biplace ?
Khrouchtchev – Ne faites pas l’idiot, Korolev. Envoyez une femme dans l’espace.
Korolev – AH AH AH AH AH !
Khrouchtchev – Vous commencez à m’agacer, Korolev.
Korolev – Vous êtes sérieux, chef ??
Khrouchtchev – Tout ce qu’il y a de plus sérieux. Allez hop !
Korolev – Oh non, chef, non… Enfin quoi, non… Une femme, chef…
Khrouchtchev – Arrêtez de geindre et faites ce que je vous dis ou vous serez le premier à atteindre la Lune d’un coup de pied au cul.
Korolev – Envoyons un chat, on n’a pas fait, les chats !…
Khrouchtchev – KOROLEV !!!! Envoyez-moi une femme là-haut avant la fin de l’année.
Korolev – Ah, juste l’envoyer, chef ? Donc faut pas qu’elle revienne ?
Khrouchtchev – KOROLEV !!!!! Et ne me faites pas une Laïka, hein. Ramenez-la-moi EN VIE.
Korolev – Chef… La chienne est morte, Youri est vivant… C’est bien la preuve que les femelles sont pas adaptées…
Khrouchtchev – Encore une réflexion de ce genre et je vous envoie au goulag à la vitesse de la lumière. Ramenez-moi vivante une femme de là-haut avant la fin de l’année.
Korolev – Je vais t’expédier ça, vite fait, moi, tu vas voir…
Khrouchtchev – Arrêtez de baragouiner dans votre moustache et au travail.

*****

C’est ainsi que le 16 juin 1963, Valentina Terechkova devint la première femme dans l’espace, après « une formation plus poussée que les hommes« , a-t-elle précisé le jour de ses 70 ans. Ce n’était donc pas la justice ni l’équité qui guidaient les Soviétiques, mais bien la volonté de gagner le combat qu’ils livraient contre les États-Unis. Comme Laïka, le Spoutnik ou Gagarine, Valentina Terechkova n’était qu’un outil de propagande de plus lors de la Guerre Froide. Et dans son cas, ils faisaient d’une pierre deux coups puisque l’URSS voulait prouver l’égalité homme-femme prônée par l’idéal communiste. (Ahem.)

Visuel actuel du site officiel de l'agence spatiale russe (Roscosmos)

Bien sûr, le dialogue ci-dessus est inventé de A à Z. Mais nous ne sommes pas si loin de la réalité quand on sait qu’après cet exploit, Sergueï Korolev s’est écrié : « Les bonnes femmes n’ont rien à faire dans l’espace ! (…) Plus jamais je ne veux avoir affaire à des femmes ! » Ce mouvement d’humeur était dû à deux choses : Korolev était agacé par les nausées qu’avait eues la jeune cosmonaute et par son incapacité à gérer l’orientation de son vaisseau.

Oui – sauf que concernant les nausées, elles étaient liées au mal de l’espace (équivalent du mal de mer, si on veut) et plus d’une personne sur deux en souffre lors d’un premier voyage. Ce n’est donc en aucun cas lié au sexe de l’astronaute. Quant à l’orientation du vaisseau…

Le Vostok était connu pour avoir régulièrement des défaillances dans son programme d’orientation. Quand Terechkova s’est rendue compte que son Vostok-6 s’éloignait de la Terre à chaque révolution au lieu de s’en approcher, elle a transmis l’information à Korolev qui a fait modifier les données du système de commande pour la remettre sur la bonne orbite. Sauf que… « M.Korolev m’a demandé de n’en parler à personne et j’ai gardé ce secret pendant des dizaines d’années. A présent, il y a des informations à ce sujet et je peux donc en parler librement« , a annoncé Terechkova en 2007. Apparemment, l’ingénieur responsable du programme d’orientation avait avoué son erreur quelques années auparavant. La cosmonaute n’était donc pas en faute.

Un exploit totalement absent de l’article encyclopédique sur son responsable

Plus étonnant encore : cette première historique, grande fierté de l’Union soviétique, et ses deux exploits encore non-supplantés (seul vol en solitaire féminin et plus jeune astronaute) ne figurent pas sur la page Wikipédia de Korolev à l’heure où j’écris ces lignes ! Pas une allusion, pas un lien vers un autre article. Rien. Comme si Valentina Terechkova n’avait jamais existé…

Même le mot "femme" n'apparaît pas une seule fois dans ce long article...

Sur la page Wikipédia de Valentina Terechkova, en revanche, Sergueï Korolev apparaît dès la première ligne de sa biographie.

Korolev ne voulait tellement « plus avoir affaire à des femmes » que l’encyclopédie en ligne a complètement rayé Valentina Terechkova de son Histoire. Au-delà de la dénégation de ces exploits visiblement moins dignes qu’un-homme-un-vrai ou qu’un chien mort en vol pour les très nombreux contributeurs de cette page, se pose la question de la suite. Combien de femmes cosmonautes depuis ?

Les femmes cosmonautes : suite (et fin)

La réponse est 2 : Svetlana Savitskaïa en 1982, soit 19 ans après, et Elena Kondakova en 1994. Et une fois encore, pour ces deux femmes, les anecdotes sont édifiantes.

Une mission exclusivement féminine était prévue. Svetlana Savitskaïa devait en être avec Elena Dobrokvachina et une autre cosmonaute. Mais la mission n’a finalement jamais eu lieu et Svetlana Savitskaïa est partie plus tard. Mais Elena Dobrokvachina, elle, s’est entraînée 14 ans pour rien. « C’était probablement du chauvinisme masculin. Pendant notre entraînement à la Cité des Étoiles, les responsables du secteur spatial étaient divisés : les uns soutenaient ce projet exclusivement féminin, les autres ne supportaient pas cette idée« , a-t-elle révélé à l’AFP.

L'ISS en avril 2010. Je vais en offrir un agrandissement à ceux "qui ne supportent pas l'idée".

La deuxième anecdote vient également de cette ex-cosmonaute devenue médecin : selon elle, Elena Kondakova n’aurait jamais pu voler si elle n’avait pas été mariée à un haut responsable du secteur spatial. En 1994, donc. No comment.

Et c’est tout. Depuis, aucune Russe n’a volé. Et actuellement, il n’existe qu’une seule femme dans l’unité des cosmonautes : il s’agit d’Elena Serova, qui s’entraîne pour une mission dans l’ISS en 2014 – soit 20 ans sans femme russe dans l’espace à l’heure où nous célébrons ce 50ème anniversaire du premier vol féminin.

C’était donc du côté soviétique. Mais du côté américain, ce n’est pas beaucoup plus glorieux…

Meilleures candidates, mauvais sexe

Bien entendu, ça n’était pas venu à l’idée de la NASA qu’une femme pouvait faire partie de la compétition – même après le vol de Terechkova qui prouvait que c’était tout à fait possible. D’ailleurs, les mots de Kennedy ne laissaient planer aucun doute : « poser un homme sur la Lune et le faire revenir en toute sécurité sur Terre« . Un « homme », pas une « personne ». Des années avant de constituer l’équipage, c’était déjà acté, puisque les 7 astronautes du projet Mercury (1959) sont des hommes.

Mais William Lovelace, un physicien passionné d’aviation et intéressé par la médecine spatiale, décide de mettre au point Mercury 13 en 1960 : comme pour Mercury 7, ce programme est destiné à former des candidats au poste d’astronaute. Sauf que dans le cas de Mercury 13, il s’agit uniquement de femmes (et c’était une initiative privée, et non d’État).

Les 13 heureuses élues étaient des pilotes confirmées et avaient passé avec succès les mêmes tests physiques, physiologiques et psychologiques que leurs homologues de Mercury 7. Certaines devaient aller passer des tests supplémentaires pour rejoindre la NASA, dont 2 avaient dû quitter leur travail pour ce faire, jusqu’au moment où elles reçurent un télégramme leur annonçant que cette étape était annulée et qu’elles ne pourraient pas faire partie des futurs astronautes officiels.

Jerrie Cobb pendant des tests physiologiques

La raison ? La NASA n’acceptait que les candidatures de pilotes d’essai militaires – profession qui était interdite aux femmes à l’époque. Les Mercury 13 étant pilotes mais dans le civil, elles ne pouvaient donc pas prétendre au poste d’astronaute. Cynisme absolu : la NASA ne faisait donc pas de discrimination de genre puisqu’il s’agissait d’un critère civil/militaire.

Pire encore : John Glenn (2ème Américain dans l’espace) faisait partie des astronautes qui ont étudié l’affaire. C’est lui qui a dû expliquer cette règle aux jeunes femmes… tout en admettant que lui-même n’avait pas le niveau scolaire requis pour entrer dans le corps des astronautes (mais il avait un pénis, vous comprenez, c’est plus facile pour entrer dans le corps – que n’y avaient-elles pas pensé !)

Inutile de préciser que parmi les astronautes sélectionnés, beaucoup d’hommes comptabilisaient moins d’heures de vol que les candidates de Mercury 13. Et que parmi les tests effectués, le record de survie dans un caisson d’isolation sensorielle était de 9 heures, bien loin devant le record suivant, et qu’il est détenu par Jerrie Cobb, une femme. Et aussi que l’entraînement des femmes en URSS (pour trouver Valentina Terechkova) avait permis de constater que les femmes s’adaptaient beaucoup plus rapidement à l’apesanteur que les hommes. (Source)

Mais bon. Un officiel de la NASA de l’époque (et qui n’a pas voulu donner son nom au journaliste) a dit que ça lui faisait « mal au ventre » rien qu’à l’idée d’imaginer une femme dans l’espace, alors…

Ce n’est qu’en 1978 que la NASA ouvrit enfin ses portes aux candidates. Et c’est Sally Ride, une astrophysicienne décédée en juillet dernier, qui sera la première femme américaine dans l’espace en 1983.

1983 ! Il aura fallu attendre 1983 pour que la NASA autorise une femme dans un équipage… L’année de ma naissance…

Depuis, heureusement, tout semble aller de mieux en mieux. Des femmes ont été pilotes de navette et commandant de vaisseau, elles ont fait des sorties extra-véhiculaires et ont été touriste spatiale. Une femme est actuellement directrice des vols spatiaux habités à la NASA et une femme a récemment occupé le même poste à l’ESA.

À l’heure où j’écris cet article, sur les 9 personnes dans l’espace actuellement, 2 sont des femmes (Karen Nyberg, américaine, à bord de l’ISS, et Wang Yaping, chinoise, à bord du Tiangong-1).

Les femmes ne représentent encore que 10 % des êtres humains à avoir voyagé dans l’espace (55 femmes sur 525 astronautes selon les chiffres de juillet 2012) mais les mentalités changent. En tout cas, si tout n’est pas rose (sans mauvais jeu de mot), il semble que les réactions à l’idée d’une femme dans l’espace ne soit plus aussi épidermiques qu’il y a 50 ans.

Du mieux, depuis longtemps, partout. Ou… pas

Du mieux, vraiment ?… On pouvait dire que les choses allaient en s’améliorant (lentement mais sûrement), oui, jusqu’à l’année dernière. Le 16 juin 2012, soit 49 ans jour pour jour après la première femme dans l’espace, la première Chinoise s’est envolée à son tour.

Liu Yang, juste avant son décollage

Sauf que les critères de sélection pour avoir cet honneur étaient… comment dire… Bon. Jugez vous-mêmes (source) :

– être mariée pour être « physiquement et psychologiquement plus mûres » (c’est Zhang Jianqi, ancien député et commandant en chef du programme spatial, qui l’a dit)
– avoir accouché naturellement parce que « quand on a souffert dans les douleurs de l’accouchement, on devient plus fort mentalement, on gère mieux le stress, bref rien à voir avec des jeunes filles sans expérience » (c’est un obstétricien cité par le Chongqing Daily qui l’a dit)
– avoir les dents blanches
– avoir une haleine fraîche
– pas de pieds calleux
– pas d’odeur corporelle

Yin Yang est autorisée exceptionnellement à embarquer quelques produits de beauté. Mais bien sûr, la Chine dément toute opération séduction. Au contraire : c’est une question de survie possible de l’espèce humaine.

Je me disais aussi… La jeune pilote ne pouvait pas être considérée comme une pilote. Enfin. Voyons. Ça ne reste qu’un utérus sur pattes soigneusement épilées, tout de même.

Je ne vais pas commenter plus avant tout ceci sous peine de devenir agressive et vulgaire.

Mauvaise foi historique

Si l’on liste toutes les conditions confondues pour être un parfait astronaute, voici ce que ça donnerait :

– être aussi petit et léger que possible
– être mûr
– être apte
– s’adapter facilement à l’apesanteur
– avoir connu la douleur et le stress d’un accouchement
– avoir une bonne hygiène dentaire et corporelle et des pieds doux
– avoir un utérus pour la survie de l’espèce

Résumons…

– Rappelez-moi la taille et le poids moyen d’une femme par rapport à la taille et au poids moyen d’un homme ? Voilà.
– Les mecs sont mûrs à 43 ans, les femmes à 32 ans, c’est le Daily Mail qui le dit
– Si les femmes n’étaient pas aptes, on le saurait depuis 50 ans, maintenant
– Les femmes s’adaptent plus facilement que les hommes à l’apesanteur
– Les hommes n’ont jamais connu la douleur et le stress d’un accouchement
– Les hommes sont des gros dégueulasses qui puent et qui ont les pieds calleux
– Les hommes n’ont pas d’utérus

Désolée les mecs, mais sur ces critères, ça va pas être possible. Que les 7 qui sont là-haut redescendent immédiatement parce que ça me retourne le ventre, cette idée.

Voilà.

Donc… Peut-on arrêter d’être débiles 5 minutes, maintenant ? Ou à tout jamais, tiens, hein. Ce serait pas mal. En 2013. Amis Chinois (et autres qui seraient tentés par ce genre de discours).

Que peut-on faire ?

Il existe une association qui fait très attention à la place des femmes dans l’aérospatial : Women In Aerospace. Il se trouve que j’étais invitée à la soirée de lancement de son antenne française et que j’ai pu poser quelques questions à Fiorella Coliolo, une astrophysicienne qui fait partie de l’équipe. Voici un résumé de ses réponses :

« La réalité montre qu’il y a des difficulté pour les femmes dans le domaine de l’aérospatial. Cette association a déjà permis d’aider des étudiants grâce à ses bourses ; elle facilite les contacts entre professionnels grâce à sa plateforme d’échange et à ses programmes de mentoring.

J’ai choisi de m’occuper de l’antenne de Paris parce que c’est une ville stratégique dans le domaine spatial. Mon rôle sera d’organiser des événements qui répondent aux objectifs de Woman In Aerospace – Europe : s’assurer une présence équilibrée des femmes à tous les niveaux dans le secteur aérospatial, stimuler et intéresser les jeunes filles aux sciences, et communiquer sur l’importance du spatial dans nos vies quotidiennes.« 

Jean-François Clervoy, astronaute et membre honoraire de WIA-Europe, lors de la soirée de lancement

L’association est ouverte à tous : hommes et femmes. Elle ne souhaite imposer aucun quota ni parité, elle veut juste que les femmes soient mieux représentées, que les postes à responsabilité leur soient accessibles sans plus de difficultés que celles que rencontrent les hommes, et que l’équilibre des genres ne soit plus vu comme un exploit qu’il faut relever mais comme une banale évidence.

Il n’est pas nécessaire non plus de travailler dans le secteur de l’aérospatial pour devenir membre, ni pour liker la page Facebook ou s’abonner au compte Twitter.

Sinon, la Cité de l’Espace accueille une expo pour ce 50ème anniversaire de la première femme dans l’espace en ce moment, et un compte Twitter s’est créé il n’y a pas longtemps sur le thème des femmes et du spatial.

Je suis candidate au projet Mars One qui projette d’envoyer des êtres humains sur Mars pour s’y installer par groupe de quatre : deux hommes et deux femmes à chaque fois. Ça ne m’avait même pas effleuré l’esprit que ce ne soit pas une volonté d’équité, jusqu’à ce qu’on me renvoie (gentiment) à mon statut d’utérus sur pattes. Laissez-moi continuer à vous envoyer chier (moins gentiment) chaque fois que ça arrivera – mais si ça pouvait ne plus se produire, ce serait mieux. Merci.

Ne terminons pas sur une vilaine impression. Voici un message de Karen Nyberg, actuellement dans l’ISS, qui célèbre ce 50ème anniversaire.

[EVENEMENT] Arrivée de Curiosity sur Mars en direct de la Cité de l’Espace

Elle est partie de la Terre le 26 novembre 2011 et je peux enfin la voir s’approcher de moi : le rover Curiosity, plus gros engin jamais envoyé par les Terriens sur mon sol martien, se posera sur le cratère Gale lundi matin. Comme je me trouverai à ce moment-là à environ 15 minutes-lumière de la Terre, le premier signal de la sonde est attendu à 7h31 heure de Paris.

Malgré l’heure franchement matinale, je ne manquerais pour rien au monde un live-tweet de ces moments un peu fous : mon ambassadrice se trouvera donc dans le saint des saints, à la Cité de l’Espace de Toulouse, pour partager avec vous via mon compte Twitter @Mars_VL cet évènement historique dans l’histoire de l’exploration robotique spatiale.

Invitée par le CNES (qu’elle remercie chaleureusement), elle sera accueillie avec d’autres twittos et blogueurs par Marc Pircher, le directeur du centre Spatial de Toulouse. A 7 heures environ, la vidéotransmission avec la NASA débutera pour l’entrée de Curiosity dans mon atmosphère, sa descente, sa décélération, son atterrissage, et enfin l’envoi du premier signal attendu à 7h31. Bien entendu, j’ai hâte de la voir arriver au top de sa forme et je lui faciliterai la tâche du mieux que je pourrai, pour que ces « sept minutes de terreur » ne soient qu’une crainte vite oubliée.

A 8 heures, mon ambassadrice et ses petits camarades privilégiés se verront offrir un petit-déjeuner bien mérité, puis ils iront sans doute visiter l’exposition « Explorez Mars ». Mais l’évènement est aussi ouvert à tous (dans la limite des places disponibles) : la Cité de l’Espace ouvrira exceptionnellement ses portes à 6h30 (plus d’infos ici).

Bien sûr, tout sera retransmis en direct sur vos Internets, notamment sur le site du CNES et sur celui d’enjoyspace. En plus, un concours Instagram est mis en place par le CNES qui publiera vos plus chouettes photos !

Je suis persuadé que Curiosity n’a pas de vilain défaut et que tout se passera pour le mieux. Je l’attends avec impatience et je lui donnerai toutes les informations qu’elle est venue chercher, dans l’espoir de voir arriver très vite des Terriennes et des Terriens.

La bise rouge et poussiéreuse et à lundi !

[SCIENCES/ITW] Les Mardis de l’espace : un café des sciences par le CNES

Lors de mes premières années à Paris, je ne manquais aucune conférence du Collège de la Villette. Physique, cosmologie, anthropologie, mathématiques… L’entrée y est libre, les intervenants passionnants et l’organisation impeccable. Malheureusement, pour des questions d’emploi du temps et de situation géographique, je n’ai pas pu continuer à m’y rendre (mais je n’en rate aucune grâce aux podcasts).

Récemment, j’ai découvert qu’à l’instar de la Cité des Sciences, le CNES (Centre National d’Etudes Spatiales) organise lui aussi ce genre de rencontres entre les spécialistes et le grand public. Baptisés « Mardis de l’espace« , j’ai pu assister au dernier de l’année 2011/2012 sur les trous noirs en pouvant LT sur place.

Extrait du LT du Mardi de l'espace sur les trous noirs

En effet, le CNES garde 10 places réservées pour les utilisateurs de Twitter afin qu’en suivant l’évènement grâce au hashtag dédié, un grand nombre de personnes présentes sur les réseaux sociaux puissent suivre comme s’ils étaient sur place.

J’ai pu y rencontrer la très sympathique Séverine Klein qui a accepté de répondre à mes questions. Diplômée en mathématiques pures (excusez du peu…) puis d’un DESS de communication scientifique, c’est un stage qui l’a menée au CNES qui l’a embauchée en 2001 en tant que rédactrice multimédia : elle était donc en charge du site cnes.fr. Puis elle a « pris du galon » et occupe désormais le poste de chef de service « Grand public » à la communication externe du CNES : « dans mon équipe, on gère les publications externes, l’audiovisuel, une partie des partenariats, et bien sûr il y a la cellule web. Pour ma part, indépendamment du management, j’ai notamment en charge la présence du CNES sur les médias sociaux. C’est donc moi qui parle derrière @CNES_France sur Twitter, par exemple. »

Florence Porcel – Que sont « Les mardis de l’espace » ?
Séverine Klein – Les mardis de l’espace sont des rencontres mensuelles entre les experts du spatial et le public, sous la forme d’un café scientifique. Ils se déroulent le 3ème mardi de chaque mois, au Café du Pont Neuf à Paris, à partir de 19h30. Lors de chaque soirée, nous abordons un thème différent ; 2 ou 3 intervenants sont présents, et le public peut poser ses questions. Il y a aussi un animateur pour mener les débats, et un pianiste qui improvise et met son grain de sel avec humour.

FP – D’où vient l’idée et quel en est le but ?
SK – L’idée est venue simplement du constat que les rencontres entre le public et nos experts, ingénieurs ou scientifiques, déclenchait toujours beaucoup d’enthousiasme des deux côtés. Or, nous n’organisions ce type de rencontre que de façon ponctuelle (lors de la Fête de la Science, par exemple). Nous avons donc souhaité donner des rendez-vous réguliers et éviter le mode trop formel ou conférence. D’où l’idée du café scientifique qui permet de passer un moment convivial tout en dialoguant avec des experts passionnés et passionants !

Séverine Klein : « L’espace est utile au quotidien ! »

FP – Quels ont été les thèmes abordés ?
SK – Nous avons parlé de l’exploration de Mars, de la recherche de vie dans l’Univers ou encore du monde de Saturne, mais aussi de l’utilité des technologies spatiales dans le domaine de l’océanographie ou des enjeux politiques du spatial. Nous essayons d’aborder des sujets très variés, à la fois pour faire découvrir toutes les facettes du spatial que le public connaît peu, pour le sensibiliser au fait que l’espace est utile au quotidien, mais aussi pour varier les plaisirs et le public !

FP – Quel bilan tirez-vous de cette première saison ?
SK – Que du positif ! En moyenne, nous avons compté entre 60 et 90 participants à chaque soirée, la dernier en a même comptabilisé 115 ! Pour un café scientifique, c’est énorme. Nous n’avons eu que des échos positifs, aussi bien des experts que du public, qui nous encouragent à continuer. Le niveau des questions est de très bonne qualité, et parfois même de haut niveau, mais nous souhaitons vraiment éviter que ces rencontres ne deviennent des débats d’experts. Chacun doit y trouver sa place et oser poser sa question. Pour une institution comme la nôtre, c’est très important d’être en contact direct avec notre public ; il y a une réelle interactivité.

Le volet numérique est également un point très positif : ces rencontres trouvent un écho en ligne, auprès des internautes qui ne sont pas à Paris ou ne peuvent pas se déplacer. Nous avons ainsi fait la connaissance d’internautes, bloggeurs, twitteurs fidèles qui viennent régulièrement et ont particulièrement apprécié cette démarche visant à vulgariser et rendre le spatial accessible au plus grand nombre.

« Nous avons trouvé une véritable interactivité avec notre public
avec l’apparition des médias sociaux. » 

FP – Le CNES est présent sur les réseaux sociaux, et notamment sur Twitter lors de ces mardis de l’espace. Pourquoi cette démarche ?
SK – Ce n’est pas très original, mais pour nous, les nouveaux usages, en particulier les médias sociaux, sont un moyen de toucher de nouveaux publics, de parler à ceux qui ne nous connaissent pas et ne viendront pas spontanément sur notre site ou lors d’un de nos événements. On nous dit souvent : « Vous faites des choses superbes mais vous ne le faites pas assez savoir ! »…
A chaque média son public et son usage : par voie de conséquence, nous trouvons là un moyen de diversifier notre audience.
Nous avons trouvé une véritable interactivité avec notre public avec l’apparition des médias sociaux, nous percevons davantage ce qu’il attend…
Les médias sociaux sont aussi une sorte de terrain d’expérimentation pour tester des dispositifs de communication nouveaux, parfois surprenants, et toujours très enrichissants.
Je crois que le CNES, qui est à la pointe de la technologie dans son cœur de métier, doit aussi être innovant dans sa communication.

FP – Le CNES est présent à Paris, mais aussi à Toulouse et à Kourou. Y aura-t-il des mardis de l’espace dans ces deux autres villes, à l’avenir ?
SK – C’est à l’étude à Toulouse… Ca ne prendra pas forcément la même forme, mais nous envisageons également des rencontres régulières de ce type. Dans un autre style mais toujours la même démarche d’ouverture, nous sommes partenaires avec la Cinémathèque de Toulouse et la Cité de l’espace d’un cycle de films sur l’espace, durant toute l’année scolaire. Après la projection a lieu un débat ou des animations, en présence d’experts du monde spatial.

FP- A Toulouse justement, de nombreux évènements sont live-tweetés. Quel bilan tirez-vous de cette présence du CNES sur les réseaux sociaux ?
SK – En fait, on organise des livetweets régulièrement, pas seulement à Toulouse. Nous l’avons notamment fait plusieurs fois lors des lancements d’Ariane, depuis la direction des lanceurs du CNES à Evry. Nous y avons organisé un Tweetup, et nous avons reconduit l’expérience à plus grande échelle à Toulouse pour l’amarrage dans l’espace de l’ATV 3 , un cargo desservant la station spatiale internationale.

Tirer un bilan de nos actions sur les médias sociaux est encore difficile (nous sommes d’ailleurs en pleine réflexion sur la manière d’évaluer ces actions). Sur le plan qualitatif, il est indéniable que nous avons établi une relation très enrichissante avec les internautes et plus spécifiquement avec des bloggeurs qui nous suivent régulièrement, assistent à nos événements, nous « retweetent » etc. Je crois que dans ce domaine, le CNES est reconnu pour sa démarche. Néanmoins, c’est un travail très prenant qui nécessiterait d’être assuré par plusieurs personnes pour pouvoir vraiment exploiter tout le potentiel de ces nouveaux médias !

FP – Y aura-t-il une deuxième saison des mardis de l’espace ? 
SK – Bien sûr ! La deuxième saison est en préparation. Elle débutera mi-octobre… Et pour les sujets abordés… surprise ! Nous avons essayé de tenir compte des (nombreuses) suggestions du public à l’issue de la première saison.

« Aujourd’hui, on ne peut plus se passer du CNES… » 

FP – Que souhaitez-vous pour le CNES dans un avenir proche ou lointain ?
SK – En tant que communicante, j’aimerais simplement que le CNES et ses activités soient plus connus du public francophone, car c’est un secteur dont nous ne pourrions aujourd’hui plus nous passer : au quotidien dans le domaine des télécommunications, de la localisation, de la santé. Dans le domaine de l’environnement, c’est un outil essentiel pour étudier la planète à l’échelle globale et comprendre les phénomènes climatiques, par exemple.

FP – Quel serait votre voeu, personnel, concernant l’espace ?
SK – J’aimerais qu’une de nos sondes découvre des signes d’une autre vie dans l’univers, sur une planète extrasolaire. Apprendre que nous ne sommes pas seuls, ce serait une révolution pour l’humanité !

[TWITTER] L’Univers, la Voie Lactée, Twitter et moi

Ça m’a pris comme ça. C’est peut-être l’aboutissement de toutes ces années de lectures, de rêves, de questions existentielles, de recherches de réponses et d’écoutes de conférences. C’est peut-être le point de départ de quelque chose de nouveau. C’est peut-être tout ça à la fois. Allez savoir.

En tout cas, voilà : j’ai créé sur Twitter, en 30 comptes, tout l’Univers. L’infiniment petit avec la physique quantique, les neutrinos et le boson de Higgs ; l’infiniment grand avec l’Univers, le cosmos et les galaxies ; et l’entre-deux avec le système solaire, son étoile et ses planètes – dont la nôtre.

Il manque sans doute des éléments, mais je pense que je peux balayer très large en ce qui concerne la physique, l’astrophysique et la cosmologie avec ces 30 possibilités de relayer les dernières découvertes scientifiques, les plus belles photos et les nouvelles des uns et des autres.

Parce que je veux que ces comptes vivent. Alors j’ai créé à chacun une personnalité, des qualités et des défauts, un caractère plus ou moins prononcé et des relations aux autres particulières…

Par exemple :

– Le Soleil : il en a ras-le-bol que les Terriens le prennent soit pour une feignasse, soit pour un planqué. Alors il passe son temps à leur expliquer que si, en fait il est toujours là, c’est seulement la Terre qui tourne et les nuages qui le cachent, et que c’est marre. En plus, il est amoureux de la Lune qui passe son temps à le titiller (et qui est un peu une coquinoute qui ne rêve que d’une chose : que des hommes reviennent la visiter…)

– Pluton : le loser de la bande. Non seulement ce n’est plus une planète, mais en plus il n’est même pas le plus gros objet de la Ceinture de Kuiper (qui, elle, passe son temps à essayer de pécho les nébuleuses qui restent insaisissables et évaporées).

– Uranus : c’est le troll du système solaire. Il est loin de tout, les Terriens ne s’intéressent pas spécialement à lui, il est donc toujours de mauvaise humeur, voire agressif.

– Saturne : c’est la planète bling-bling. Il fait le fier avec ses anneaux, qu’il appelle « mes Précieux » et a un ego très développé. Il se sentira très à son aise sur Twitter, sans aucun doute.

– Les neutrinos : alors ils sont bien emmerdés, les neutrinos. L’un d’eux, Jojo le Neutrino, a pété les plombs et a absolument voulu griller la vitesse de la lumière. Il a donc triché en bidouillant un câble et fausser les mesures. Du coup, l’ensemble du groupe est la risée de l’univers.

– Le boson de Higgs : c’est le petit rigolo. Il joue à cache-cache avec les Terriens qui n’ont encore pas réussi à le trouver. Mais je crois qu’il va être obligé de faire son coming-out dans quelques semaines, voire quelques mois…

– Etc, etc…

Voyez, je m’amuse bien. Evidemment, 30 comptes à suivre, c’est beaucoup. Mais si vous vous faites une liste avec tous ces comptes, vous pourrez assister à :

– du LOL

– des tweetclash

– du NSFW

– du savoir

… ou encore (parlant de la sonde New Horizons qui arrivera près de Pluton en 2015)

– des scènes de ménage cosmiques

– et peut-être même à des LT de conférences, de livre, de documentaire…

… bref, à tout un tas de choses qui font mon quotidien de petite chose vivante, consciente et pensant posée sur cette merveilleuse petite planète.

Cela reste du divertissement et du léger (même si je serai ravie de vous apprendre des trucs), mais je vais faire très, très attention à ne pas faire d’erreur scientifique. Je ne suis pas spécialiste, juste passionnée et monomaniaque, mais j’aime autant ne pas dire de conneries. Cela dit, errare humanum est : si vous en voyez passer une, n’hésitez pas à m’en faire part ! 😉

Si vous voulez suivre ma folie douce, alors bienvenue dans mon Univers…

PS : les comptes sont en _VL pour Voie Lactée. La plupart des noms seuls sont déjà pris…