[MARS ONE] Dire non aux gravités (Say no to gravity and seriousness)

Le mot « gravité » a deux sens qui me pèsent (…) de plus en plus. Si l’un nous fait garder les pieds sur terre et l’autre nous fait garder les pieds sur Terre, le premier s’aggrave et le deuxième manque cruellement de légèreté. (Et là, je pleure parce qu’il va falloir traduire en anglais deux phrases avec un calembour pourri tous les trois mots.)

The word « gravity » means two different things that weigh upon myself. If the first one avoids being in the clouds and the second one can keep our feet firmly on the ground, then the first one is getting worse and the second one painfully lacks casualness. 

Image du film Upside Down

 

L’horreur du monde
Dreadful world ! 

« J’aime tellement la vie que je veux en vivre plusieurs à la fois. » C’est comme ça que commence ma bio sur Twitter. Je suis une survivante, je vois toujours les choses du bon côté, je suis une optimiste de nature. Mais j’ai l’impression que ce monde va mal, très mal, et que ça va en empirant.

« I love life so much that I want to live several ones in the same time. » That’s how I introduce myself on Twitter. I am a survivor, I always look on the bright side, I am an optimistic kind of person. But I feel that this world is going wrong, so wrong, and that things are getting worse.

Une bombe dans un marathon. Un père qui viole et tue sa fillette de 5 ans et qui ne peut pas être condamné pour ça parce que dans son pays, femme et enfants sont sa propriété. Un homme qui se filme en train de manger son colocataire. Une jeune femme lapidée à mort parce que soupçonnée d’avoir eu des rapports sexuels hors mariage. Des suicides d’enfants. Un homme qui se suicide dans une église au milieu des touristes pour lutter contre le mariage homosexuel. Un soldat massacré en pleine rue d’une capitale européenne par un meurtrier qui ensuite s’explique, tranquille et fier, pendant de longues minutes face à des caméras. Des écoles américaines qui enseignent le créationnisme.

A Marathon bombing. A father who rapes and kills his 5-year-old daughter and who cannot be sentenced for those  because laws of his country say that his wife and kids are his property. A man who makes a video of himself eating his roommate. A woman stoned to death because she might have sex without being married. Children hanging themselves. A man who shots himself inside a church full of tourists to struggle against same sex marriage. A soldier slaughtered on the street of a European capital city by a murderer who explains quietly and proudly what he just did to the cameras. Some American schools where Creationism is taught. 

Je ne veux plus vivre dans un monde pareil où la gravité des faits n’a d’égale que leur nombre grandissant. C’est insupportable. Et j’ai l’impression que tout ça va de pair avec un cynisme odieux, une perte totale du sens de l’humour et un rejet du second degré et de l’auto-dérision. La méchanceté gratuite devient un art, on ne sait plus défendre une cause autrement qu’en étant agressif, et les règles les plus élémentaires de bon sens et de respect semblent caduques. Je suis peut-être un vieux con avant l’heure mais je n’aime pas ce que je vois autour de moi. Je ne veux plus vivre dans un monde pareil.

I don’t want to live anymore in a world where the seriousness and the number of these facts are growing. It’s unbearable. And I feel like all those awful things go hand in hand with a hideous cynicism, with the loss of the sense of humor, and with a rejection of irony and self-derision. Gratuitous maliciousness becomes an art, fighting for a cause without aggressiveness becomes impossible, and the elementary rules of respect et common sense seem obsolete. Maybe I am an old idiot before my time but I don’t like what I see all around me. I don’t want to live in this kind of world anymore.

 photo Desolation.jpg

L’ivresse de l’absence de poids
A lack of weight’s euphoria 

J’ai envie de légèreté. J’ai envie de tout reprendre à zéro et de recommencer. J’ai envie d’un monde où la gravité n’est là que pour nous garder sur une planète – mais pas de manière trop intrusive. Je me sens lourde d’horreurs, lourde d’une Histoire humaine qui n’apprend pas de ses erreurs, lourde d’une Humanité qui semble prendre un malin plaisir à retomber dans ses pires travers. Il y a du bon, dans l’Humanité. Mais tout devient malsain. Ce monde est souillé, dans tous les sens du terme. Il faut sauver ce meilleur de nous avant le point de non-retour.

I want casualness. I want to start from scratch again. I want a world where gravity only exists to keep our feet on a planet – but not in a too intrusive way. I feel heavy with horrors, I feel heavy because of a Humanity which makes mistakes and doesn’t learn from these, I feel heavy because of a Humanity which seems to love doing everything wrong again. Humanity have many positive sides. But everything is getting unhealthy. The world is dirty and sullied. We have to save the best of Humanity before we reach the point of no return. 

J’ai envie de légèreté. De courir et de sauter haut, jusqu’à en avoir le vertige, jusqu’à être ivre d’un poids qui a quitté mes épaules et je n’aurais plus jamais à supporter. J’ai envie de vivre dans un monde où tout est possible, où tout est à refaire, où tout est à fabriquer. J’ai envie de vivre dans un monde où les hommes et les femmes ont des tâches de même importance à faire, où la religion est un secret personnel jalousement gardé, et où aucune voie n’est imposée.

I want lightness. I want to run and to jump high, I want to get head-spinned and overcome with joy because of a weight which left my shoulders and that I won’t have to bear anymore. I want to live in a world where everything is possible, where everything must be done, where everything needs to be made. I want to live in a world where men and women have same significant works to do, where religion is a personal jealously guarded secret, and where no path is imposed.  

Je rêve d’un monde où les routes et les chemins n’existent pas. Où je peux aller où bon me semble sans devoir emprunter la voie de quelqu’un d’autre auparavant. Je rêve d’un monde où, à perte de vue, je serai libre d’avancer sans rencontrer de frontières autres que les frontières naturelles.

I dream of a world where roads and paths doesn’t exist. I dream of a world where I can go wherever I want without taking someone else’s way. I dream of a world where I can be free to walk endlessly without coming across other frontiers than natural ones.  


Mars Gigapixel Panorama – Curiosity rover: Martian solar days 136-149 in Out of this World

 

Je rêve de rayer le mot « gravité » dans tout ce qu’il a de plus lourd de mon vocabulaire. Je rêve de légèreté et de liberté. Et seule Mars peut me les offrir toutes les deux.

I dream of forgetting the word « gravity » with all the weights in it. I dream of lightness and freedom. And only Mars can give me both.  

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19 réflexions sur « [MARS ONE] Dire non aux gravités (Say no to gravity and seriousness) »

  1. Mes reactions à votre blog mériterait une looongue explication, mais je vais faire bref : vous avez une belle « ame », si je puis dire. Et malheureusement, malgré votre intelligence manifeste, votre sensibilité et votre idéalisme qui vous honorent, je pense sincérement que vous êtes manipulée par une société (Mars One) dont les buts sont pour l’instant peu clairs. Rien ne colle au niveau scientifique dans leur projet, et je suis pourtant loin d’étre expert, juste amateur éclairé de vol spatiaux. Je pourrais dévellopper longuement, mais… bon un seul exemple : le voyage necessitera un vaisseau dont le develloppement technique et financier serait encore plus complexe que l’ISS (a ce jour l’objet le plus complexe conçu par notre espece) Vu le budget prévu de MArs One (finalement trés réduit), cela me semble simplement impossible. Je ne veux pas vous empécher de réver… mais interrogez-vous, peut-étre le cynisme n’est-il pas ou vous croyez. Amicalement.

    • Je m’intéresse à ce sujet depuis aussi loin que je me souvienne, ça fait un an et demi que je propose un podcast vidéo (35 épisodes déjà) sur l’exploration spatiale et les sciences de l’Univers (1er d’iTunes dans sa catégorie à chaque sortie d’épisode, devant la NASA), je suis chroniqueuse dans « La tête au carré », le magazine scientifique de Mathieu Vidard sur France Inter et je suis sans cesse en relation avec des personnes, des scientifiques aux ingénieurs en passant par des astronautes, qui travaillent dans le domaine du spatial.

      Et vous pensez vraiment que je ne m’interroge pas ? Et/ou que je ne suis pas informée ?

      Je ne sais pas si ce projet aboutira ou pas et je suis la première à parler des défis techniques qu’il reste à relever. C’est partout dans les médias, il suffit de taper mon nom sur Google.

      Mais puisque votre question semble être celle qui revient sans cesse (et c’est normal, et sain de se la poser), à savoir « Est-ce bien sérieux, tout ça ? », alors voici une réponse.

      http://www.franceinter.fr/emission-latac-cafeine-mars-one-odyssee

      Que vous vouliez me préserver d’une amère déception, c’est très aimable à vous, mais que vous m’ordonniez de réfléchir alors que c’est ce que je fais depuis des mois sur ce blog et que je continue, et continuerai à le faire, c’est très maladroit de votre part.

  2. Non admirareris nil adiuuari te regionum uarietatibus in quas subinde priorum taedio migras; prima enim quaeque placuisset si omnem tuam crederes. Nunc (non) peregrinaris sed erras et ageris ac locum ex loco mutas, cum illud quod quaeris, bene uiuere, omni loco positum sit. Sénèque. Lett. Luc. III-28

  3. Chère Florence,

    Je découvre ce billet et je suis étonné par la justesse de vos propos, je comprends votre malaise, votre refus devant tant de cynisme, tant d’hypocrisie.

    Mais pour ma part, si l’être humain agis de cette manière il se le doit d’abord au système de sociétés qu’il a lui-même crée.

    La cause de tous les maux (dit) de l’humanité porte un nom, l’argent ! Il est responsable de guerre, de pollution, de mal être.

    L’humain serais-t’il aussi idiot ? De plus aussi répugnant ? Je ne le pense pas, mais les conditions dans lesquelles il vit, le sont cela oui…

    Changer ces conditions-là et l’humain changeras aussi, comment comprendre que l’on jette 30 % de la production mondiale d’alimentation, alors qu’il y a 800 000 millions d’humains qui ne mangent pas à leur faim.

    Comment comprendre que le continent le plus riche de la planète l’Afrique, est aussi celui ou l’humain, ne mange pas à sa faim, comment comprendre que ces populations soient si pauvre, l’avarice des un, l’égoïsme des autres, la bêtises ect, mais tout cela à la même origine Florence, elle à un nom: l’argent.

    Ce sont d’abord les conditions extérieures qui font ce que nous sommes je pense, par la suite c’est le contraire.

    Jamais dans l’histoire de l’humanité il y a eu autant de savoir, autant de science et connaissances, c’est une des raisons pour lesquelles je me dit que peut être la jeunesse, ceux qui sont à venir pourront changer les choses, on vit dans une société pyramidale, ou à la base on trouve les plus pauvres et en haut les très très riches.

    L’injustice est totale, on vit dans une société ou tout est basé sur la croissance, sur le travail, entre autre, mais quand cette même société ne nous permet plus de travailler, donc de subvenir à nos besoins les plus élémentaires, elle n’a plus aucun sens dans ce cas, pure hypocrisie !.

    Je crois malgré tout à une société ou l’humain serais respectueux des siens, des ressources de la Terre aussi, mais cela ne sera possible que si on change certaines valeurs comme le $, fric (c’est chic) pognon.

    C’est pour ces mêmes raison que l’humain n’est pas encore prêt pour les étoiles, il ne respecte pas sa mère nourricière, pourquoi les respecterais t’il dans ce cas ?

    Votre billet ma fait fortement pensé à Stéphane Hessel, Indigné vous !, vous c’est nous tous.

    Je vous félicite pour avoir si bien et clairement exprimé votre désarroi, votre dégout.

    Vous avez la plus belle plume scientifique que je connaisse, fameux blocs que le vôtre.

    Prenez soin de vous comme on est jeudi, je vous dis à tout à l’heure à la @LaTacfi

    Manuel

  4. Cet article me fait penser à la musique « Fatigué » de Renaud.
    (http://www.youtube.com/watch?v=VSpw0C8xaCg)
    Cela n’a peut-être en fait rien à voir, mais comme ça m’y a fait penser, je me dis que quelqu’un trouvera comme moi un lien entre l’article et cette chanson.
    Certes, ça cause point de Mars, mais on retrouve bien l’idée de la Terre pourrie par ses derniers-pensant.

    Et au passage, je félicite Mme Porcelle pour son blog, ses comptes twitter et son podcast ; c’est très bon à manger, encéphalement parlant.

  5. Texte sympathique, mais qui part d’une hypothèse et d’un sentiment faux : « Mais j’ai l’impression que ce monde va mal, très mal, et que ça va en empirant. »

    En fait, non.
    Les crimes abjects, les horreurs, la souffrance ont toujours existé et la tendance va plutôt à l’amélioration. Les problèmes économiques se déplacent et pendant que certains sortent de la misère (ce qui se fait généralement sans un bruit), d’autres y (re)tombent, et cela fait beaucoup de bruit (ex. de la Grèce).

    La seule chose qui a changé depuis ce *bon vieux temps où les gens étaient plus gentil* imaginaire, c’est l’amplification télévisuelle qui transforme de simples faits divers (ex. attentats de Boston, bilan = une matinée sur les routes de France) en centaines d’heures de programmes anxiogènes. La peur capte les spectateurs, la peur fait vendre, la peur fait élire.

    La recette est simple (en tout cas plus que d’aller sur Mars) : débrancher sa télévision et s’en débarrasser, ou AU MOINS ne plus jamais regarder les JT, les ‘débats’ et les ‘magazines d’actualité’. Ne plus lire les quotidiens torche-cul, heureusement il reste des mensuels d’analyse et de réflexion. Ne plus écouter les journaux à la radio non plus.
    On peut être très bien informé sans jouer le jeu des médias qui se complaisent dans le sang et la crasse.

    Chacun est libre de faire rentrer OU NON dans sa vie cette vision déformée et malsaine du monde réel.
    Chacun est libre de consacrer OU NON du ‘temps de cerveau disponible’ à ce flot d’information anxiogène et toxique.

    Bien entendu, quand tous vos proches, vos voisins, vos collègues sont soumis au même matraquage, il ne suffit pas de se protéger soi, il faut aussi aider les autres à se protéger, à se désintoxiquer de cette peur et de cette haine.
    C’est un peu comme le tabagisme passif quoi, s’il y a de la peur et de la haine dans l’air, on finit toujours par en consommer qu’on le veuille ou non. 😀

    • Comment un sentiment peut-il être « faux » ? On ressent quelque chose ou on ne le ressent pas… « Bonjour, j’ai de l’amitié pour toi. » « C’est faux. » « Ah, euh… bon. » Bref.

      Donc tout ce que tu dis est très juste. Sauf que, en ce qui me concerne personnellement, je n’écoute jamais la radio (j’en ai pas et j’ai beaucoup de mal avec l’audio seul), je ne lis pas la presse écrite (trop chère et pas le temps) et je ne regarde pas la télé. Je n’ai jamais eu la télé. J’en ai acheté une il y a quelques mois pour des raisons professionnelles : j’ai besoin de live-tweeter l’émission dont je suis la community manager. Je l’allume donc chaque dimanche à 20h pour l’éteindre à 20h26, et c’est loin d’être une émission qui plombe le moral (au contraire). Le reste du temps, comme je n’ai jamais eu la télé de ma vie, elle ne fait partie ni de ma culture ni de mes habitudes, j’oublie simplement qu’elle est là.

      Je suis bien abonnée sur Twitter à 3 ou 4 comptes d’information, oui, mais le strict minimum pour me tenir informée (j’estime que c’est important). Je ne vois jamais d’images d’horreurs et je prends bien soin de m’éloigner de Twitter quand un évènement fait en sorte qu’elles commencent à circuler.

      Mon sentiment est plus diffus que ça, par définition. Et tu remarqueras que je dis « j’ai l’impression que ce monde va mal » et non pas « ce monde va mal ». C’est un ressenti, totalement personnel et subjectif. On peut me prouver par a+b que j’ai tort sur des faits, bien entendu, mais dans ce billet, il s’agit d’un sentiment…

      En fait, il est également basé sur un vécu et des expériences quotidiennes. J’ai listé des faits divers mais je n’ai pas listé toutes ces expériences personnelles parce que je ne veux pas citer de nom, je ne veux pas dévoiler ce qui relève de la vie privée, ce genre de chose. Mais de manière plus neutre et anecdotique, je peux te parler par exemple du magazine Science&Vie, que je lis depuis très longtemps, toujours à voir le positif en toute chose, qui a basé son « spécial 100 ans » sur l’accroche « le meilleur est à venir » et qui, au numéro d’après, consacre un dossier sur l’espérance de vie en bonne santé… qui baisse pour la première fois, et à l’échelle mondiale. Je suis, par exemple, la première génération qui, depuis des dizaines années, vit moins bien que celle de ses parents (en France, au moins).

      Et autre chose : je ne dis donc pas que tout va mal. Je dis que c’est une impression… et plus loin, je dis qu’il reste du bon en l’Humanité et qu’il faut absolument le sauvegarder. Parce que oui, tous les jours, quelque chose de positif me touche, m’émeut : un geste, une victoire, un sourire, à l’échelle individuelle ou d’une nation, voire internationale. Si tu écoutes mon podcast, tu te rendras compte que je n’ai de cesse de relayer le positif, le succès, le progrès, le beau, l’émouvant. A mon échelle, certes. Mais j’essaye de contribuer à la lutte contre la sinistrose ambiante comme je le peux, avec mes moyens d’expression, en choisissant de ne me mettre en avant que ce qui me touche agréablement.

      Tu me reproches d’être « abrutie » par la vision anxiogène des médias. Voilà, ça c’est faux. J’en suis totalement détachée. Ce billet ne reflète qu’un sentiment diffus qui se renforce au gré du temps, des expériences et des rencontres. Je lutte au quotidien contre ce sentiment en partageant le positif, en ayant une vision optimiste, en m’approchant parfois de la naïveté à force de croire que tout peut s’arranger (sur des détails de la vie quotidienne, des relations entre personnes, jusqu’à des problématiques plus larges) alors qu’il y a peu de chance… mes proches et ceux qui me suivent, m’écoutent, me lisent pourront te le confirmer. Mais j’estime qu’il est important aussi, quand on a une impression négative, de ne pas la nier ni de se voiler la face. D’où l’objet de ce billet.

      • Bonjour Florence,

        Tu sais, je pense que tu pratiques un art qui est très compliqué : communiquer une émotion à des altérités. Il y aura toujours des lecteurs et autres qui pèseront la véracité de tes sentiments alors qu’ils ne sont justement pas toi! Oui c’est pénible mais ces êtres-ci s’évertuent dans la remise en question de visions personnelles qui méritent pourtant une simple acceptation et non un doute sur leur qualité. Tu ne les changeras pas. L’essentiel est que tu poursuives dans le type d’expression que tu aimes; point. A nouveau, préserve toi par la prise en compte qu’il y a aussi des personnes qui se reconnaissent dans tes propos et qui se sentent soulagées que tu aies le courage de mettre des mots sur ce que beaucoup éprouvent!

        Prends soin de toi et persévère dans la diffusion de tes convictions ; je te soutiens.

        Emeline Marie

      • Bonjour,
        Je suis assez d’accord avec l’avis de Sylvain sur une tendance à l’amélioration du monde – bien que je ne partage pas du tout son analyse des médias : il s’agit d’information, et on peut faire le tri et choisir ce que l’on capte ou non, sans tomber dans l’excès inverse – tout comme je comprends très bien l’énoncé « Je ne veux plus vivre dans un monde pareil. »
        Au fond, plus que d’un sentiment, il s’agit d’une expérience, voire d’une accumulation d’expériences qui ensemble forment un bruit de fond, un rayonnement constant plus ou moins difficile à supporter.
        Ce que je retiens, c’est que le monde devient insupportable. Que l’expérience du monde est difficile, que les comportements humains sont imprévisibles, peuvent avoir des conséquences immédiates, violentes et irréversibles sur nous et nos proches, que la condition humaine est terriblement difficile.
        Je n’accepte pas cela, ni ma propre mortalité, ni celle des autres, et je me livre souvent à une forme de contemplation philosophique pour essayer de l’intégrer : remonter en esprit le temps, confronter ma petite individualité, dans son contexte donné, au torrent des siècles, au flot ininterrompu des naissances et des morts de ces trois ou quatre derniers millénaires. C’est peu, à l’échelle des temps géologiques, mais proprement vertigineux : cette avalanche d’émotions, de drames, de rêves éveillés, ces quotidiens , tous les cas de figure existant, ou peu s’en faut, ayant existé, ayant été vécu par des êtres avec acuité, lucidité, espérance. Aujourd’hui poussière.
        Je ne dis pas que je me sens mieux après, mais je sens que j’appartiens à quelque chose, à un drôle de flux qu’on appelle l’humanité.
        C’est bizarre.
        Mars pourquoi pas.
        Il y a la poésie des grands espaces, l’exploration des frontières intérieures et extérieures, la certitude enfin d’être à la pointe de l’humanité, de la servir dans un projet fou et signifiant plutôt que d’être asservi,…
        Mais où que l’homme aille, il emportera ses fonctionnements, et Mars n’échappera pas à la règle, pas plus que le reste du monde, sauf peut-être pour les premiers 😉
        Et après le 10ème vol vers Mars, je pense qu’ils auront développé assez d’expérience pour des vols retours. L’utopie de Kim Stanley Robinson à portée de notre vie pour peu qu’on vive encore un peu, c’est quand même la classe.
        Alors bonne chance !

        • Merci VinX 🙂

          Oui, moi aussi quand les journées sont difficiles, je prends du recul dans le temps et dans l’espace : c’est en cela que la physique, l’astrophysique, l’astronomie, la cosmologie, etc, m’apaisent, et ce pourquoi je m’y intéresse tant. Et ayant tutoyé la mort, je sais aussi quelle est la valeur de la vie, à quelle point elle est belle, magique, miraculeuse.

          J’ai conscience également que l’être humain ne changera pas comme ça, d’un claquement doigt, quand bien même il serait sur une autre planète. Mais j’ai l’espoir (utopique ?) que, sur une telle mission, où chacune de nos vies seront dépendantes de chacune des compétences des uns et des autres, il en soit quand même autrement.

          Nous n’avons pas la moindre idée de la manière dont un groupe d’êtres humains réagira en s’établissant sur une planète où respirer, boire et manger demanderont des efforts de chaque instant… tout ceci à des centaines de millions de kilomètres de la Terre. Cela demandera sans doute une énorme remise en question de notre nature intrinsèque. Et je crois sincèrement que ce sera pour évoluer en une espèce plus sage et plus digne – même si ça doit ne durer qu’un temps.

          Quant au retour, pour avoir longuement réfléchi à la question, je ne suis pas sûre qu’après 10 ans passés sur Mars, il soit possible de revenir. D’un point de vue culturel déjà – comme quand un expatrié de 10 ans ne peut souvent pas revenir dans son pays d’origine au bout de tant de temps – que d’un point physique. Se réhabituer à une gravité terrestre après un voyage aller-retour de plus d’un an en apesanteur, et 10 ans sur une planète où gravité et pression sont très différentes, même si des conditions « normales » sont reconstituées en intérieur… Je suis pas sûre qu’un tel voyageur survivrait à sa planète d’origine. Mais peut-être que je me trompe.

          Merci en tout cas pour ton commentaire et tes encouragements. A suivre… 🙂

          • « Oui, moi aussi quand les journées sont difficiles, je prends du recul dans le temps et dans l’espace : c’est en cela que la physique, l’astrophysique, l’astronomie, la cosmologie, etc, m’apaisent, et ce pourquoi je m’y intéresse tant. »

            Je retrouve ce vertige également dans les récits de science-fiction.

            Je suis sûr que pour les premières missions, avec des individus préparés et solidaires, ce doit être une expérience géniale et telle que tu la décris – consolidée par des années de pratique au sol sur Terre avant le grand départ. Du moment qu’une colonie sera durablement implantée sur Mars, le temps aussi des premières générations de martiens de souche – dans 50 ans ou plus ? – il en sera probablement autrement… mais d’ici là, les petits martiens iront jouer dans le canyon Porcel 😉

            Pour le retour, comme tu le sais, la contrainte gravité a déjà été étudiée avec de longs séjours sur les stations spatiales MIR et ISS (Poliakov, Krikaliov). Les astronautes en apesanteur s’entrainent beaucoup pour conserver leur masse musculaire. Peut-être qu’il pourrait en être de même sur Mars, en plus facile puisque la gravité n’est pas nulle mais d’un tiers ? C’est vrai qu’on n’a pas de retour sur 10 ou 20 ans d’exposition à une gravité moindre et ses effets néfastes à long terme sur un corps humain. Et que dire d’un individu qui serait né en environnement à faible gravité : modifications de la redistribution des liquides, squelette et musculature,… Comment un bébé se développe dans un tel environnement ? Comment pourrait-il gérer un passage à une gravité 3 fois supérieure ensuite, dans le cas d’un hypothétique retour sur Terre ? Comment vivrions-nous sur une planète de gravité 3 fois plus importante ?

            Pour l’aspect culturel, je suppose que cela dépend en grande partie des individus, de leur caractère et des transformations de leur caractère au cours de leur vie martienne. Peut-être certains voudront revenir mourir sur Terre ? D’autres auront le sentiment d’avoir fait le tour, ou que les 10 premières années correspondent à ce qu’ils voulaient faire mais que désormais ils veulent retourner sur Terre pour d’autres projets – ou sur la Lune pour partager leurs expériences ? J’imagine que sur une centaine d’individus, il y en aura un 10% qui seraient contents de rentrer après un certain temps. (Par analogie, on peut éventuellement évoquer les colonies des empires européens aux 16ème-17ème. Il y avait parfois de très longs séjours avec retour au pays.)

            Ce que je trouve fascinant dans ce projet, c’est qu’il touche à toutes les disciplines scientifiques de manière transversale, tout en gardant au cœur l’être humain en redéfinissant ses limites. C’est aussi la porte ouverte aux bio-modifications (transhumanisme) et aux différentes aides robotiques.

  6. Good evening ! [Bien dommage que tu n’entendes pas l’accent que j’use afin de prononcer ces salutations anglo-saxonnes! C’est, disons, un peu exotique]

    Je ne sais pas si tu as déjà regardé le film des Monty Python « La Vie de Brian » mais il y a une fameuse scène lors de laquelle Brian est sur la croix et il chante « Always look on the bright side of life ». Je pense, tu sais, que tu ne seras pas non plus pleinement satisfaite par le genre humain si tu pars vers la planète rouge. Tu ne seras pas seule ; qui te dit que tu ne seras tout aussi enquiquinée par une personne parmi les autres voyageurs de l’espace ? De surcroît, le parcours sera long vers la planète donc tu auras de la même manière que sur la planète Terre à gérer un imbécile.

    La légèreté peut-être se révèlera t elle lorsque tu auras une sorte de détachement face à ce qui génère tes plus vives colères. Je ne dis pas que tu ne te sentiras pas atteinte par la cruauté de certaines personnes mais au moins la souffrance et la révolte seront moins prégnante. La pesanteur de la bêtise alourdira toujours les êtres profondément bons tels que toi mais elle nous suivra sur la planète bleue et ailleurs parce que tout être vivant possède un degré plus ou moins élevé de maladresse ou pire.

    « La plupart des gens ont une vision conventionnelle de la vie, […], il faut avoir le courage de se détacher de tout, de toutes normes […] il faut oser faire le grand bond dans le cosmos : alors la vie devient infiniment riche, elle déborde de dons, même au fond de la détresse1. » Cette phrase absolument poignante est extraite d’un ouvrage que je te conseille vivement car il s’agit d’un journal écrit par une jeune femme de nos âges lors de la 2nde guerre. Ses mots n’abordent pas le pessimisme mais au contraire ils nous encouragent dans notre quête de légèreté. Le livre « Une vie bouleversée » a dévié ma vision de l’existence et ses béances.

    Je sais que tu es à l’écoute des joies de la nature ; ces détails qui nous permet un sourire. Tu absorbes des sons, tu vois la beauté infinie qui réside parfois dans un parterre de coquelicots, tu possèdes un langage qui appâte notre palpitant ; Florence, tu vaux bien plus que les propos et les comportements déviants qui nous attaquent. Tu es donc plus forte que ces barbaries.

    Tu parviendras à un équilibre de tes peines, sois en certaine.

  7. Toujours un plaisir de lire ce que tu écris 😉

    J’ai remarqué une petite erreur dans le premier paragraphe 🙂
    « Si l’un nous fait garder les pieds sur terre et l’autre nous fait garder les pieds sur Terre, … « 

      • Je peux me tromper mais sur la version anglaise, c’est écrit : « If the first one avoids being in the clouds and the second one can keep our feet firmly on the ground… »

        C’est donc plutôt : « Si l’une nous évite d’être dans les nuages et l’autre nous fais garder les pieds sur Terre… »

          • Oh mon dieu, je n’avais pas remarqué la majuscule.
            Je comprends mieux la phrase tout de suite, Merci a toi 😉

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