[SCIENCE-FICTION] Les rôles féminins dans les films de SF

Depuis le mois dernier, la Suède donne un label aux films qui sortent pour indiquer leur degré de sexisme (ou non). Il est basé sur le test de Bechdel, créé en 1985 par Alison Bechdel, une dessinatrice féministe américaine, qui évalue la présence des femmes dans un film à base de 3 questions :
– Y a-t-il au moins 2 personnages féminins portant des noms ?
– Ces deux femmes se parlent-elles ?
– Leur conversation porte-t-elle sur un sujet autre qu’un personnage masculin ?
Si les réponses sont oui, alors le film se verra attribuer d’un « label A ».

Si la démarche est honorable, je ne suis pas convaincue que ce test soit le plus à même de juger du sexisme d’un film – soit parce que même si les réponses sont oui, ça n’empêche pas de véhiculer des clichés grotesques ou une vision patriarcale de la société, soit parce que si la réponse est non, ce film peut quand même contrer ces clichés et cette vision.

Preuve en est, par exemple, que Star Wars échoue au test alors que la Princesse Leia est pour moi l’exemple parfait du rôle féminin réussi – mais il n’y en a pas vraiment d’autre dans la trilogie historique (épisodes IV-V-VI) et la réponses aux 2 premières questions est non.
Alors que dans Love Actually (que j’aime beaucoup beaucoup) qui passe le test avec succès (enfin je crois…), les rôles féminins sont cantonnés à femme de, secrétaire de, femme de ménage de, etc. Ce qui, personnellement, m’agace parce qu’on reste dans la femme-définie-uniquement-par-rapport-à-un-homme.

Mais bien avant que je ne prenne conscience de tout ça et que j’analyse tout ce que je vois, j’ai toujours été frustrée, enfant et adolescente, mais sans forcément mettre de mot dessus, de me sentir un peu exclue des films que je voyais.
Particulièrement attirée par la science-fiction, je n’ai jamais vraiment pu m’identifier à des rôles féminins forts (à quelques exceptions près sur lesquelles je vais revenir) comme les petits garçons le faisaient pour à peu près tous ce qu’ils voyaient. Moi, j’en étais réduite à « vouloir » épouser les personnages… C’est un peu triste (et réducteur, donc).

La Princesse Leia, rare personnage féminin fort de la science-fiction

Mais j’ai grandi. Et à l’heure où la Suède instaure donc son label avec lequel je ne suis pas tout à fait d’accord, je me suis dit qu’une petite analyse des personnages féminins dans les films de science-fiction serait sans doute instructive…
Voici donc ma grille de lecture tout à fait personnelle (avec un choix de films tout à fait subjectif) : j’ai classé en 5 catégories les différents statuts des rôles féminins rencontrés dans la SF de ces dernières années.
(Attention, il se peut qu’il y ait parfois des spoilers pour ceux qui n’auraient pas vu les films mentionnés.)

[Ce n’est ni une étude sociologique, ni un jugement de qualité des films, ni un article journalistique, ni un pamphlet pour éliminer les êtres masculins ou assimilés de la surface de la planète, juste un billet personnel sur un blog personnel, merci de vous en souvenir avant de faire des commentaires hors-sujet.]

LES FEMMES QUI NE SERVENT À RIEN

Partie du visuel du DVD français

Irène, interprétée par Uma Thurman, est… Irène, une collègue du héros Jérôme Morrow (Ethan Hawke), astronaute de son état. On ne sait pas quel est son métier, son statut, sa mission. On ne connaît pas son nom de famille. On se demande à quoi sert son personnage à part d’être la caution sexy du film (ce qui n’est pas un vrai rôle, hein)… jusqu’à ce qu’elle ait enfin une utilité dans le scénario.
Et je vous le donne en mille : elle sert d’alibi au héros lors d’un contrôle de salive, qui le refuse en disant au policier « vous ne voudriez quand même pas que le résultat soit faussé, si vous voyez ce que je veux dire… » avec un gros clin d’oeil. No comment.
À la fin, elle deviendra sa petite amie, sans que son personnage n’ait rien apporté de plus à l’intrigue.
Par contre, pour une raison qui m’échappe – enfin non, ça confirme que c’est donc bien la caution sexy du film – elle est très présente sur toutes les versions de l’affiche du film.

Dans Planète Rouge, Carrie-Ann Moss interprète un rôle que l’on pense fort et qui en fait ne sert à rien. C’est elle la chef de la mission martienne, mais… elle a droit au tiercé gagnant : conflit avec l’équipage qui a bien du mal à obéir aux ordres d’une femme ; scène graveleuse où l’un des hommes la regarde en train de se changer ; et finalement, bisou à la fin au seul rescapé de la mission – dont elle devient alors la petite-amie.

C’est bien, parce qu’elle n’est pas du tout hyper-sexualisée, en plus.

Sans compter que finalement dans le film, son rôle s’arrête bien vite puisqu’après un problème technique, elle ne peut pas descendre sur Mars et reste en orbite. (On l’oublie jusqu’à la fin où elle récupère donc le héros pour lui faire un bisou.)

Perséphone dans Matrix, interprétée par Monica Bellucci, c’est une « femme de », et son rôle se résume à se faire embrasser par le héros. Super intéressant, dis donc. (Je parlerai de Trinity plus tard.)

Dans Matrix, Planète Rouge et Bienvenue à Gattaca, les femmes ne sont donc là que pour faire des bisous au héros et devenir leur petite amie. Jolie transition pour la prochaine catégorie…

LES MÈRES DE / ÉPOUSES DE / FILLES DE

Alors là prenez des RTT parce qu’on en a pour un moment. Je vais essayer de la faire courte et par ordre alphabétique de film.

Dans 2012 (que j’aime beaucoup beaucoup, comme quoi, hein), nous avons l’ex-femme du gentil héros américain, l’épouse bimbo du méchant russe, et la fille du Président qui deviendra par la suite la petite-amie du scientifique de l’histoire (passer du papa au mari, vous imaginez comme j’adore l’idée).

Double combo également dans Armageddon, où Grace (Liv Tyler) est à la fois la fille de Bruce Willis et la fiancée de Ben Affleck. Elle a quand même un métier, mais dans la boîte de papa (et c’est anecdotique dans l’histoire).
À la fin du film, Bruce Willis sauve le monde en se sacrifiant à la place de Ben Affleck juste pour que sa fifille ne soit pas trop perdue. Ben oui la pauvre chérie, si aucun homme n’est là pour veiller sur elle, que va-t-elle devenir, hein ?
Il y a quand même une femme pilote de navette dans la deuxième équipe qui part sur l’astéroïde. Mais c’est un rôle mineur (mais c’est déjà ça).

Pareil pour le personnage d’Amanda Seyfried dans Time Out qui est d’abord la fille de son papa milliardaire avant de se faire kidnapper (devenant une victime) puis de devenir la petite-amie du héros.

Double combo encore pour Avatar (décidément, la femme qui passe du papa au mari, on a du mal à s’en débarrasser, hein), le personnage principal féminin s’appelle Neytiri et elle est la fille du chef du village. Plus tard, elle deviendra la petite-amie du héros. Heureusement, d’autres personnages féminins viennent sauver l’affaire : celui de Sigourney Weaver qui est le médecin responsable de la mission et celui de Michelle Rodriguez qui joue une pilote d’hélicoptère (mais qui, si ma mémoire est bonne, se prend quelques réflexions sexistes au passage, c’est vrai que c’est vachement utile dans le scénario de ce genre de film.)

Sigourney Weaver, femme médecin

Dans Mission to Mars, il y a une femme astronaute dans l’équipage. Hourra !! En fait non. C’est la femme d’un autre astronaute. Ça n’est sûrement pas venu à l’esprit des scénaristes qu’une astronaute pouvait juste être astronaute, et pas en plus la femme de. Parce que si elle avait été « juste » astronaute, ça n’aurait strictement rien changé à l’histoire. Alors ? Une explication ?

Dans Inception, Marion Cotillard est la femme de Leonardo DiCaprio. Heureusement, l’autre rôle féminin du film est plus costaud, j’en parlerai plus tard.

Independence Day, c’est un peu comme 2012 : la petite-amie bimbo du héros, l’ex-femme du scientifique, la femme du Président… Par contre, je ne connais pas le genre des aliens. Quelqu’un pourrait-il m’éclairer là-dessus ?

Dans la trilogie Retour vers le futur, Lorraine est la mère de Marty et Jennifer est sa petite-amie. Un effort à noter du côté du troisième volet où Clara est une institutrice férue d’astronomie. Mais elle devient dès son apparition la petite-amie de Doc… Dommage. C’était bien tenté.

Dans Snowpiercer (toujours en salles, foncez le voir), les 2 personnages féminins du côté des révoltés sont une mère d’un petit garçon disparu et la fille d’un des personnages principaux. Les 3 autres femmes du film ont un rôle un peu moins réducteur… mais… J’y viens tout de suite.

(Mais avant de passer à la catégorie suivante, je viens de me rendre compte de quelque chose d’édifiant : pour chaque film traité jusqu’ici, je peux compter les personnages féminins. Essayez de faire la même chose avec les hommes, pour voir…
Comment ? Non, en effet. Ce n’est pas possible.
Voilà.)

LES RÔLES INTÉRESSANTS… OU PRESQUE 

Snowpiercer, donc, avec unE ministre du train mais qui est complètement sous l’influence du grand gourou Wilford – tout comme l’institutrice enceinte jusqu’aux yeux. Quant au cinquième personnage féminin, peu présent, elle est certes munie d’une arme mais il s’agit d’une sorte d’assistante. En fait, son statut n’est pas très bien défini.

Dans L’armée des 12 singes, Madeleine Stowe interprète Kathryn Railly, une psychiatre, auteure et conférencière, ce qui est plutôt une bonne nouvelle. Malheureusement, elle bascule au milieu du film de médecin à victime en se faisant enlever par Bruce Willis.
Elle n’en reste pas moins psychiatre, mais… mais à partir de là, elle est sans arrêt renvoyée à sa sexualité : d’abord victime d’une tentative de viol où elle se retrouve à quatre pattes devant un homme qui commence à se déshabiller en la traitant d’un délicieux « salope » ; ensuite, lorsqu’elle raccroche d’un coup de fil, son interlocuteur la gratifie d’un condescendant « une psychiatre en dentelles et talons aiguilles » ; enfin, quand elle se réfugie dans un hôtel avec Bruce Willis, le mec à l’accueil la prend pour une prostituée. Ça aurait pu s’arrêter là, sauf que dans la suite, un proxénète vient l’agresser dans sa chambre en lui reprochant d’être sur son territoire…
Rôle important dans l’intrigue, psychiatre reconnue… mais ça reste une p…, quand même.

Même combat dans Blade Runner. Il y a 2 personnages féminins. L’une, Pris, est un robot destiné au plaisir sexuel (des hommes évidemment) – et accessoirement petite-amie d’un autre personnage. Quant à Rachel, elle est l’assistante d’un des personnages.
Vous allez me dire : oui, mais dans Intelligence Artificielle, Jude Law joue un gigolo ! C’est exact. Mais il n’est pas tout le temps à poil, lui.

Pour l’instant, les femmes ont beau avoir des rôles importants, elles sont soit renvoyées (voire réduites) à leur sexualité, soit en position d’infériorité dans leur vie professionnelle.

Trinity, le personnage qu'on croyait indépendant et en fait non

On retrouve Carrie-Ann Moss et la fameuse Trinity. Quand, au début du film, on découvre que c’est une hackeuse, on se dit chouette ! un personnage féminin intéressant. Et puis en fait non.
Parce que Trinity malgré son statut de hackeuse, c’est une sorte d’assistante de Morpheus. Alors d’accord, elle court, elle se bat, elle fait de la moto… mais si ce personnage est une femme, c’est uniquement parce qu’il y a une prophétie qui dit qu’elle tombera amoureuse de l’Élu. Aaaah, ok… Moi qui croyais qu’elle pouvait être autre chose que la-petite-amie-du-héros…
Et il y a ce grand moment où elle sauve la vie de Neo… en l’embrassant. Tandis que plus tard, quand c’est Neo qui lui sauve la vie à son tour, il lui fait un message cardiaque. Elle, non. Une femme, ça ne fait pas de massage cardiaque, ça ressuscite d’un seul baiser, c’est bien connu.

Dans Matrix, il y a aussi l’Oracle, qui est une femme. Choix révolutionnaire dans le casting ? Mmmh… non. L’oracle est dans la droite lignée de la Pythie hystérique, de la sorcière maléfique et de la voyante complètement barrée. On reste quand même pas mal dans le cliché…

J’aurais sincèrement voulu mettre Ariane du fabuleux Inception dans la catégorie « rôle féminin réussi ». Elle est architecte, brillante, intelligente, dégourdie… Tout pour plaire. Vraiment. Mais… mais un détail dans le scénario la rétrograde, à mon plus grand regret.
À un moment, dans un rêve, un des personnages lui demande de l’embrasser pour essayer de détourner l’attention de gens qui semblent leur vouloir du mal. Elle n’a pas trop le choix, elle s’exécute. Voici la suite :
– Ça a fonctionné ?
– Non.
– …
– Ça valait la peine de tenter le coup, répond l’homme qui lui a volé un baiser d’un air taquin.
Ariane, comprenant qu’elle vient de se faire avoir, sourit du genre « ah ah ah, quelle bonne blague, on m’a forcée à embrasser quelqu’un, c’est tellement drôle d’être victime d’une agression sexuelle ! » (Oui, un baiser obtenu par contrainte est une agression sexuelle.)
Si le scénariste (Christopher Nolan en l’occurrence) avait été une femme, voici ce qu’elle aurait sans doute écrit :
(… bla bla bla…)
– Ça valait la peine de tenter le coup, répond l’homme qui lui a volé un baiser d’un air taquin.
Ariane le gifle, puis lui sourit d’un air taquin à son tour.
– C’est qu’un rêve, au fond !
L’homme sourit du genre « bien joué, je l’ai bien mérité ».

Voilà. Vous allez me dire – bien entendu… – que ce n’est qu’un détail, que ce n’est pas si grave, que c’est rien qu’un baiser, volé certes, mais qu’il ne l’a pas menacée, etc, etc, etc…
Alors… 1) SI, c’est grave, puisqu’il y a contrainte et que c’est donc puni par la loi. Point.
2) Ça l’est d’autant plus à mon sens que cette scène NE SERT À RIEN. Faites le test : imaginez qu’elle ait été coupée au montage, ça ne change strictement rien à l’intrigue (le personnage l’avoue lui-même) ni aux relations qu’il y a entre les personnages (Ariane n’est plus jamais renvoyée à son statut de femme en potentielle position de faiblesse parmi tous ces hommes). Cette scène est juste là parce que le scénariste n’a pas pu s’empêcher (et peut-être pas forcément de manière consciente, un comble pour un film sur les rêves) de rappeler à ce personnage sa condition de femme potentiellement violable.
Ce sont ces petites choses, ce genre de « détails » qui s’instillent dans nos cerveaux et qui font croire aux garçons que c’est amusant et aux filles que c’est normal. Alors que ce n’est ni l’un, ni l’autre, et que cette scène est strictement inutile.
Et ça m’embête beaucoup parce qu’à part ça, le film et ce personnage sont parfaits.

Dans Minority Report, il y a 2 rôles féminins notables : Lisa, la femme de Tom Cruise et mère de leur enfant disparu, et Agatha la precog. Oui, sauf que… sauf qu’Agatha est un personnage volontairement androgyne. Donc je ne suis pas sûre que ce soit un rôle féminin fort…

LES PREMIERS RÔLES QUI S’EXCUSENT D’ÊTRE FÉMININS

… ce qui nous amène à cette catégorie. Avant toute chose, que ce soit bien clair et qu’on ne m’accuse pas de tout et de n’importe quoi : une femme est une femme, quand bien même elle serait plus musclée qu’un Van Damme, avec les cheveux courts ou rasés (comme Agatha), amputée de son utérus ou de ses seins, née homme mais de genre féminin, ou je ne sais pas quoi encore. Ça, c’est pour la vraie vie, le quotidien, le monde dans lequel on vit. Bon.

Mais au cinéma, c’est différent : chaque détail est un symbole qui a une signification, c’est à dire qu’un personnage ressemble physiquement à tout ce qu’on veut faire passer comme symbolique (et/ou clichés) à travers lui.
Par exemple… Je ne retrouve pas le lien et c’est dommage, mais j’avais lu un article à propos de la préparation du tournage de Ghost. Quand les deux comédiens principaux étaient arrivés le premier jour sur le plateau, le réalisateur avait failli avoir une attaque parce que Demi Moore avait coupé ses cheveux tout court et que Patrick Swayze, en plus, les avait longs (mais ça a pu s’arranger) – ce qui inversait les rôles « sexués ». Vous allez me dire : on s’en fout. Oui, en effet, mais pas au cinéma, donc. Ce sont des détails qui comptent et ça a été une vraie problématique à gérer pour l’équipe du film. Finalement ils les ont gardés tels qu’ils sont et personne n’y a fait attention, parce que les gens ne sont pas débiles et qu’on allait pas confondre ou croire que les rôles étaient inversés.

Tout ça pour dire, donc, que ce qui paraît être un détail ne l’est pas : c’est soigneusement pensé et réfléchi. Un film dure environ 2 heures, il n’y a pas tellement de place pour les fioritures, tous les détails comptent et ont une signification.

Karen Nyberg, ingénieur et astronaute. COMME QUOI. HEIN.

Ce qui m’amène donc à Gravity où la beauté des images est inversement proportionnelle à la subtilité du personnage principal. Sandra Bullock joue Ryan Stone. Eh oui, Ryan, un prénom masculin. On aurait pu passer outre, mais non, c’est appuyé par un échange entre elle et son collègue : « C’est quoi ça Ryan comme prénom pour une femme ? » « Mon père voulait un garçon. » No comment.

Et je ne sais pas vous, mais moi j’ai été frappée quand elle retire son casque pour la première fois : je ne m’attendais pas du tout à ce qu’elle ait les cheveux courts. Ça m’a énervée, je crois, oui.
Comme chaque détail compte au cinéma, surtout dans ce film bourré de symboles, c’est comme si le scénariste s’excusait d’avoir choisi une femme en rôle principal. C’est agaçant. « Bon ok, c’est une femme, mais… elle s’appelle Ryan et elle a les cheveux courts, hein, ne vous inquiétez pas, c’est un peu un homme quand même ! » Ben oui, des fois qu’on ne la prenne pas au sérieux si elle s’était appelée Karen et qu’elle avait eu de longs cheveux blonds, doux et soyeux, hein.
Pourquoi ne pas avoir choisi un homme pour ce rôle, me direz-vous ? La réponse du réalisateur est très claire : il voulait du symbole, que tout soit attiré vers la « Mother Earth », la renaissance, toussa toussa. Donc d’un côté, Ryan Stone est un garçon manqué, mais de l’autre quand même, elle réunit tous les clichés de la maman, du foetus, de la naissance, etc. Parce que si elle se retrouve dans l’espace, c’est parce que Ryan est une « mère de » qui n’a pas fait le deuil de sa fille disparue – rien de plus. Vous avez dit réducteur ?

Vous avez dit symbole ?

Il y aurait encore tant de choses à dire si ce personnage féminin… Je ne le ferai pas ici, mais sachez que tout ce que j’en pense a été écrit dans ce billet. Le fait qu’il ait été écrit par un homme me rassure, oui, ça me permet d’avoir un argument de poids quand on me reproche (évidemment) d’être parano sur ces histoires de vision de la femme dans le cinéma : on peut être un homme et être gêné par tous les clichés archaïques ou grotesques que véhicule ce personnage, eh oui.

Suivante dans la catégorie des femmes qui s’excusent d’être des femmes parce qu’elles ont le premier rôle : Ripley, dans Alien. On est d’accord : dans une moindre mesure par rapport à Gravity. C’est à peine comparable. Mais…
Mais Sigourney Weaver a été choisie parce qu’elle est grande (1m82) et qu’elle a un physique qui se rapproche de l’androgynie. Hop ! on gomme tout ce qui peut se rapporter aux symboles d’une « vraie » femme de cinéma (longs cheveux, coquetterie, sexytude, etc…) Imaginez, par exemple, une Reese Witherspoon dans le rôle de Ripley. Alors ? Erreur de casting, ça ne fonctionnerait pas ? Voilà. CQFD.
Sans compter qu’elle devient « mère de » un alien, qu’elle a des sentiments pour « son bébé » et qu’il y en a pour l’appeler « Maman »… On ne s’en débarrasse pas, hein. Une femme est forcément une mère. Dommage, parce que Ripley a effectivement une fille, mais ça ne change absolument rien au rôle qu’elle a : si elle n’avait pas été mère, le personnage aurait été le même.

LES RÔLES FÉMININS RÉUSSIS

Mais oui ! Il y en a !! C’est possible !!! 😀

Quels sont les critères qui me le font dire ? Eh ben il faut que le personnage ne soit pas affublé de tous les clichés ou symboles que j’ai dénoncés jusque-là. Il faut que ce soit une femme qui ne soit pas définie par rapport à un homme, que son personnage ne soit pas une victime, qu’elle ne soit pas renvoyée ou réduite à sa sexualité, qu’elle ne soit pas privée d’attributs physiques dits « de vraie femme de cinéma », qu’elle peut être mère mais sans que ça ne la définisse de A à Z…

Première à jamais gravée dans mon coeur de geek : la princesse Leia de la trilogie Star Wars. Leia est une femme politique, une meneuse, une résistante, un soldat, une femme qui ne s’en laisse pas compter, qui envoie bouler régulièrement ce relou d’Han Solo, qui sauve Luke qui était venu la sauver mais sans plan pour repartir, etc, etc… La princesse Leia ressemble à une femme sans être hyper-sexualisée (même les scènes en bikini sont soft parce que la caméra ne s’y attarde pas inutilement), elle est volontaire, drôle, avec un caractère fort… Elle est parfaite. PARFAITE.

Autre femme de science-fiction parfaite, et c’est d’ailleurs la principale caractéristique de son personnage, c’est Leeloo dans Le cinquième élément. Dotée d’une intelligence supérieure, imbattable au combat, être suprême… C’est elle qui sauve le monde, et ce n’est pas en faisant un bisou à Bruce Willis, mais l’inverse. Comme quoi, hein.

Un peu moins tape à l’oeil mais tout aussi juste : Jenny Lerner dans Deep Impact, interprétée par Tea Leoni. La personne qui a réalisé ce film est une femme, tiens donc, ça peut avoir joué. Jenny est journaliste, déterminée, pugnace, c’est le personnage principal du film à travers lequel on avance dans l’histoire.

Enfin, last but not least, Ellie Arroway (Jodie Foster) dans Contact. Inspirée de Jill Tarter, qui a été la directrice de l’Institut SETI pendant des années, c’est une scientifique qui se bat pour avoir des subventions pour son projet d’écoute de signaux radio venus de l’espace. Et quand elle capte un signal qui s’avère être extraterrestre, elle devient l’experte absolue dans ce domaine et finit même par être une toute nouvelle sorte d’astronaute.

(Et un petit bonus, même si je ne range pas Thor 2 dans la catégorie Science-Fiction, il est intéressant de voir le traitement des personnages féminins dans ce film encore à l’affiche. Natalie Portman y joue une astrophysicienne, elle a une assistante… qui a elle-même un assistant ! Et quand ces deux-là se découvrent des sentiments amoureux l’un pour l’autre, c’est elle qui prend l’initiative de l’embrasser dans une parodie de scène de baiser cinématographique où un homme embrasse une femme en la tordant vers l’arrière et vers le bas. C’est là qu’on se rend compte que cette chorégraphie est tout à fait ridicule (et qu’en plus, c’est inconfortable et ça doit faire mal.)

Par contre… il est intéressant de constater que pour ceux deux dernières catégories où une femme a le rôle principal ou un rôle fort, aucune des affiches de ces films ne la montrent. Sauf pour Contact, mais Jodie Foster, assise (passive, rêveuse), est accompagnée de Matthew McConaughey, debout (actif, dans l’action) – rappelez-vous, la symbolique… ; et pour Star Wars où tous les héros sont présentés.
Alors… une femme à l’affiche, d’accord – une femme sur l’affiche, c’est pas encore ça.

Et c’est bien joli de râler et de ne pas être d’accord avec le test de Bechdel, mais si on ne propose pas de solution pour améliorer les choses, ça sert à rien. Alors je propose un autre test, celui-ci composé de 5 questions. Et à la quantité prônée par Bechdel, puisqu’il faut encore choisir entre les deux, je préfère la qualité des personnages. Le voici :

1) Y a-t-il au moins un personnage féminin en premier ou second rôle ?
2) Ces femmes sont-elles définies autrement que par rapport à un homme ?
3) Ces femmes sont-elles exemptes de remarques concernant leur sexualité ?
4) Ces femmes sont-elles exemptes de caractéristiques physiques dites « masculines » ?
5) Pour les femmes qui sont mères, leur personnage existerait-il si elles ne l’étaient pas ?

Faites passer ce test à n’importe quel film. Vous verrez qu’on est très loin d’avoir une représentation saine des femmes dans le cinéma.

66 réflexions sur « [SCIENCE-FICTION] Les rôles féminins dans les films de SF »

  1. Erreur de ma part, ce n’est pas votre article, mais celui de Paul Rigouste De plus, uand j’ai recopié le lien, il s’est passé un truc et si votre lien fonctionne, le mien non. Mes excuses.
    Pour celles/ceux qui ne l’auraient pas lu, je ne résiste pas à citer la fin, que je trouve très sensée et très drôle (ça fait du bien, de trouver quelqu’un qui exprime exactement ce que j’ai ressenti et qui l’exprime bien ! Pas une minute je n’ai été « dans le film » :

    >Certains ont poussé le délire interprétatif jusqu’à faire de Gravity un « grand film >féministe »[7]. Personnellement, j’ai du mal à qualifier de « féministe » un film qui >construit volontairement un personnage féminin faible, paumé et dépendant et qui nous le >montre se faire sauver, re-sauver, et re-re-sauver par un homme… et pas n’importe lequel >en plus.

    >Si ça c’est féministe, alors Tom Cruise est le fils spirituel d’Andrea Dworkin…

  2. Merci pour cet article ! Ca fait plaisir, surtout en tenant compte du fait que je suis d’une génération où tous ces clichés étaient présentés comme allant de soi et que quand je râlais, je me faisais traiter de « féministe » (« gros mot » qui m’a été attribué vers 14 ans alors que je n’avais aucune culture politique, juste des réactions épidermiques). Quand j’ai vu Gravity, qu’on nous avait chaudement recommandé, j’ai trouvé la femme chouineuse et dépendante -exactement comme vous le dites dans l’article que je suis allée lire http://www.lecinemaestpolitique.fr/gravity-2013-femme-a-la-derive-appelle-clooney-desesperement/-. Je ne l’ai pas exprimé, mais ça m’a agacée prodigieusement, et je me suis demandé comment on pouvait supporter cette image et trouver le film sublime.

  3. Hermione dans harry potter, toute les héroïnes des film de miyazaki ( et globalement de beaucoup de manga ) Eowyn galadriel et arwen dans le seigneur des anneaux, lara croft, beatrix kiddo dans kill bill, jeanne d’arc de luc besson.

    de plus je dirai que globalement, il faut aussi prendre en compte la réalité de la psyché masculine et feminine au cinéma si on veut faire quelque chose de realiste. si on veut rester credible au ciné on evite de mettre une femme comme soldat d’elite maniant le lance rocket et le mitrailleuse automatique a la Rambo ou de metre un homme en tutu… SAUF si on cherche volontairement a montrée sa « difference » comme dans billy elliot ( excellent film ).

    je me poserai plutot la question dans les film, de savoir si les femmes avec un role « matchiste » aurai pu remplacer le heros de maniere credible… autant trinity dans matrix aurai parfaitement pu remplacer neo, autant j’aurai mal vu une femme remplacer doc ou marty dans retour vers le futur… avant de critiquer toute les femmes avec un role bidon ou mineur ou caricaturer dans les film, il faut aussi compter tout les hommes avec un role mineur ou caricaturer egalement…

    • Vos exemples sont tirés d’oeuvres fantastiques, et non pas de la SF – c’est donc du hors-sujet. Quant à Jeanne d’Arc, saviez-vous qu’elle a réellement existé ?… Ensuite, il faudra quand même m’expliquer en quoi on ne pourrait pas remplacer le jeune Marty, par exemple, par une jeune femme. Et enfin, vous savez que dans la vraie vie, il y a des femmes soldats et des danseurs masculins ? Tout plein. Vous verrez. Tout plein. Parce que pour servir dans l’armée ou danser, on n’a ni besoin de son pénis ni de son vagin : seulement de deux bras, deux jambes, et une tête. Ce dont sont pourvus femmes et hommes.

      • je ne m’attendais pas a une réaction aussi épidermique.
        les exemples que j’ai cité sont effectivement tirée en partie de l’heroic fantasy, ceci dit le debat entre la différence entre la SF le fantastique, et la fantasy, est tres present sur le net, il suffit de commencer a googliser wikipedia sur le sujet pour voir que par exemple starwars se rapproche fortement de la fantasy par l’introduction de la magie ( la force ) et un recit complétement scénarisé comme de l’heroic fantasy. mais ce n’est pas le sujet. ce que je voulais dire c’est que votre propos sous entant que les amateurs de SF serai particulièrement attirer par la misogynie, et je postule que majoritairement les amateur de SF sont les meme qui adule la fantasy, il sera rare de rencontrer un fan de starwars et de retour vers le futur, qui ne connais pas tolkien ou lara croft, on baigne là dans l’univers geek de la génération Y. Je donnais donc des exemples de films qui on marquer cette generation Y ou la femmes avais une place autre que potiche. janne d’arc est l’exception dans ma liste, et j’admet que ca n’as rien a y faire, ce n’est ni un film culte, ni de la sf ( mais c’est un peu de la fantasy ^_^, chevalier, dieu, revelation, toussa,toussa )

        concernant marty mc fly je m’attendais a cette critique, voila pourquoi je pense ça: tout le film tient sur ce que Marty:
        1) fréquente un putin de gros geek maboul ( le doc )
        2) est incapable de se contrôler quand on le traite de mauviette
        3) fait du skate et de la guitare rock et se bagarre a plusieurs reprise

        évidement on pourrai imaginer une femme faire tout ça… mais est ce que ça serai aussi crédible? je me considère pourtant pas comme un macho notoire mais j’avoue avoir du mal a imaginer une jolie blonde cheveux long fan de rock et de skate frequenter le vieux emmet brown et balancer des coup de pied dans les burnes de Biff des qu’on la traite de mauviette… ou alors il faut pas faire d’erreur de casting et trouver le bon melange qui cumule les qualités de avril lavigne ( rock skate feminité ) et de ronda rousay ( combat, feminité ), ou bien modifier le scenario pour que son caractere et ses aventure semble plus coherent. je ne dit pas qu’une fille comme ça n’existe pas, je dit juste que pour 100 garçon qui corresponde aux critère, on trouvera a peine 1 filles, et je ne rentrerai pas dans le debat du pourquoi on trouve si peu de fille comme ça ( inée ? aquit? education? formatage? )

        quand aux femmes dans l’armée on parle là de 33 000femme 15.07% de l’armée, qui principalement ont des emploie de soutient et non pas de « soldat au front » (1.7% des troupes de combat ) la question qui se pose est « est ce parce qu’on leur interdit l’acces? ou qu’elle rate les tests ? ou qu’elle n’essaye pas de rentrée dans ces sections là ?, et là je n’ai pas la réponse. cependant on voit rarement un film de guerre ou il n y a pas la « guerrière de service » même si ça n’est pas crédible statistiquement. on a tout de même 2 tireuse d’élite au RAID, mais leur caractere est t’il representatif de la gente feminine ou de ce que pense les feministe? il faudrait un debat entre elle pour voir ça 😉

        donc non pour moi il ne faut pas que 2 bras et 2 jambe pour faire la guerre, ou pour danser il faut aussi une mentalité adapter a la pratique. on trouve de tout les gout dans la nature, des femme qui aime le combat, et des hommes qui aime l’expression corporelle ( danse classique , tango ou hip hop même combat ? ) cependant ça sera plutôt majoritairement l’inverse ( encore une foix est ce a cause de l’education, ou est ce inée? )

        ne pas accepter la difference de mentalitée entre homme et femme n’est un point de vu valable que si on pense que la psyché feminine est du a l’education et au lavage de crane qu’on leur fait des l’enfance ( car si on considère que c’est innée chez les filles d’etre moins agressive, plus calme, plus reflechie , alors est ce feministe de lutter contre ça ?) et si on pense vraiment que l’education est en cause, alors on devrai remettre TOUT en cause chez les habitudes feminine, y compris les cheveux long, le maquillage, et tout ce que vous reproché aux femmes dans les films qui ne montre pas de « vrai femme » mais des femmes masculinisé ! apres tout c’est peut etre ces femmes masculinisé qui ont raison et qui on su sortir du carcan dans lequel on a tenté de les enfermé, non?

  4. Ping : Star Wars : Rey, l’héroïne féministe qui fait du bien à la saga | Féminisme VS pop culture

    • Alien. Le personnage d’Alien correspond bien aux critères. Premier rôle. Profil non défini vs les mâle hommes.Aucune remarque sur sa sexualité.Cette femme(lle)(c’est une reine)est exempte de toutes les caractéristiques féminines. Elle ne devient mère que très tard dans la multilogie, elle aurait pu ne pas le devenir. Comme personnage féminin, moi j’aime bien Alien, mais c’est peut être parce que je suis vieux et que je connaissais déjà Giger quand j’étais petit en lisant le Nécronomicon.

    • Hunger Games et Divergent ? Divergent est pas mal dans le style – être qui on est et faire ce pour quoi on ‘est’ … – // Bon après ces films valent ce qu’ils valent … « tousse »

      Excellente continuation, vous êtes une source d’inspiration pour beaucoup. Je viens de vous découvrir et vais vous faire connaître à ma fille de 11 ans illico presto 🙂

  5. Et Emily Blunt dans « Edge of tomorrow » ou « Looper » ?
    Elle n’a pas un premier rôle mais je trouve qu’elle tire bien son épingle du jeu.
    Qu’en pensez vous ?
    Slts,

    Xapon

      • Pas mal comme exemple, à mon sens et en suivant m’analyse de Florence sur le sexisme du cinéma, The Edge Of Tomorrow présente une femme qui se détache de ces clichés.

        Rita Vrataski a donc un nom, elle est présentée comme un soldat « de légende » par le héros du film et ce, dans les premières minutes.

        Ce personnage ne se définit pas par rapport à un homme, elle est militaire de carrière et elle est la première à essayer et à combattre dans une armure mis au point par les armées. Pas un homme bien baraque pour tester en prime cette nouvelle armure, non, une nana « normale », sans doute musclée comme doit l’être un soldat, mais pas de garçon manqué en vue.

        Pas de cheveux coupés ni rasés, ils sont attachés (c’est quand même plus pratique pour bosser ou se battre, faut l’avouer).

        Le sexisme dans le film est présent à travers les dialogues ou les images, mais ça n’est pas laissé sans « suites ».
        On voit par exemple plusieurs affiches avec cette héroïne (pour que des citoyens joignent le combat) dont certaines sont taguées « Full Metal Bitch » en référence à cette armure qu’elle porte au combat. On imagine qu’il s’agit d’un doux surnom qui circule dans les rangs des militaires où certains croient encore qu’il faille avoir un pénis pour avoir le droit de combattre.

        Un peu plus tard, on voit Rita « en chair et en os » passer devant plusieurs soldats et l’un d’eux amorce la phrase :

        – Tiens, mais c’est Full Metal B…

        Pour le reste de sa vie, il pourra la chanter très aigü avec le coup qu’elle lui porte là où ça fait mal.

        Et là je me suis dit « No way, c’est génial ce film ! »

        Le héros, ou celui qu’on présente en tant que tel au départ, est un trouillard qui ne comprend pas ce qui lui arrive.

        Sans vous spoiler l’histoire, c’est bel et bien une femme qui lui donne la « clef » pour déchiffrer tout ça, pour assembler les pièces et pour lui permettre de poursuivre son aventure.
        A plusieurs reprises, c’est cette même femme qui le pousse à devenir meilleur, qui lui enseigne ce qu’il doit savoir pour parvenir à boucler sa quête, qui l’engueule et qui, un peu plus tard, répond à ses avances scabreuses de manière aussi appropriée qu’on doit l’être face à une « agression » de ce type.

        Il y a un autre personnage de femme, assez présent, militaire aussi. Elle a sa place dans son escouade, elle est sur le même pied d’égalité que les hommes il me semble.

        Après, il y a quelques rôles de femmes qui sont « secrétaires de… » ou dont le rôle ne consiste qu’à conduire un homme d’un point A à un point B pour une petite séquence mais c’est tellement anedoctique que ça ne m’a pas choquée en regard de tout le reste.

        Peut-être que tu as vu le film depuis, Florence, et que tu voudrais compléter ça ? Est-ce un film un peu, beaucoup ou pas sexiste pour toi ?

  6. Merci pour cet article mais j’ai l’impression d’une incohérence, donc j’ai sans doute besoin qu’on me réexplique ^^

    Vous n’êtes pas satisfaite si les personnages féminins sont réduits à des « clichés » genre femme de, secrétaire de etc. Mais lorsqu’on présente des femmes sans qu’elles aient l’air d’être le stéréotype de base de la femme(stéréotype = cheveux longs, forte poitrine, maquillée etc.) cad qu’elles ont les cheveux courts, peu de poitrine par ex, habillée en jean, qui tuent des gens avec des fusils etc, vous n’êtes pas satisfaite non plus car là vous dîtes qu’elles sont assimilées à des hommes.

    Donc du coup, je ne comprend pas ce qu’il faudrait faire pour que le film ne soit pas accusé de sexisme à ce niveau-là 🙂

    • Vous n’êtes pas la première à faire la remarque et je suis bien embêtée parce qu’il me semblait avoir été claire dans l’article, et du coup, je n’ai pas réussi à reformuler plus clairement… Donc je vais m’auto-citer et je vais réexpliquer derrière.

      « Avant toute chose, que ce soit bien clair et qu’on ne m’accuse pas de tout et de n’importe quoi : une femme est une femme (…). Ça, c’est pour la vraie vie, le quotidien, le monde dans lequel on vit. Bon. Mais au cinéma, c’est différent : chaque détail est un symbole qui a une signification, c’est à dire qu’un personnage ressemble physiquement à tout ce qu’on veut faire passer comme symbolique (et/ou clichés) à travers lui. (…) Tout ça pour dire, donc, que ce qui paraît être un détail ne l’est pas : c’est soigneusement pensé et réfléchi. Un film dure environ 2 heures, il n’y a pas tellement de place pour les fioritures, tous les détails comptent et ont une signification. »

      Ceci étant redit, j’insiste encore une fois : « chaque détail est un symbole qui a une signification« . Donc pour reprendre vos exemples : cheveux courts, peu de poitrine, etc…, symboliquement, c’est nier le féminin. Mais je re-répète : au cinéma seulement ! Un personnage n’est pas une personne. Un personnage, on lui choisit son prénom, son nom de famille, ce à quoi il ressemble, comment il s’habille et comment il se comporte. Ces caractéristiques disent quelque chose de lui. Ce sont des symboles. Donc choisir délibérément une femme androgyne pour Alien, c’est nier la féminité du personnage (en tout cas une partie). Est-ce que c’est plus clair comme ça ?

      Bon, et puis ce qu’il faut faire, ben je le décris dans les derniers exemples : le personnage de Jodie Foster dans « Contact », par exemple. C’est une femme « normale », non attribuée de caractéristiques qui, symboliquement, la ramène à un personnage masculinisant.

      C’est si compliqué d’imaginer une femme « normale » qui ne soit ni réduite à mère-de/femme-de/etc ni masculinisante et qui ait un rôle important ?… C’est pourtant la majorité dans la vie réelle (en tout cas dans les sociétés occidentales). Le cinéma est très, très en retard…

  7. Le constat posé par votre article est édifiant. Et il est vrai que mis à part le rôle de Jodie Foster, peu de rôles féminins ne sont pas en proie au sexisme usuel.
    Si je me souviens bien, dans le film Starship Troopers de Voerhoven, ce dernier avait présenté les hommes et les femmes mis sur un pied d’égalité et on les voit aux plus hauts postes de commandement. Mais à part cet exemple, je ne vois pas d’autre film de SF où les personnages féminins soient bien traités. Je rajouterai bien le personnage d’ Uhura dans la série originale de Star trek et les premiers films qui, remis dans le contexte de l’époque, était plutôt avant-gardiste.

  8. Avez-vous vu le site « Matrix Happening » de Rafik Djoumi ? Il y donne (entre autre) une lecture de Perséphone qui tranche avec la vision simple qu’on en a au départ. En gros, Perséphone est à la fois un programme de contrôle, et la créatrice de la Matrice. Ici, par exemple : http://www.matrix-happening.net/the_matrix_has_you/baiser_de_persephone.htm

    J’essaie d’appliquer votre test à mes récits, et j’aurais deux questions :

    3) Ces femmes sont-elles exemptes de remarques concernant leur sexualité ? > Comment gérer cette question si la sexualité est un des thèmes sur lequel s’appuie le récit ?

    4) Ces femmes sont-elles exemptes de caractéristiques physiques dites « masculines » ? > Est-ce que vous considérez que le fait de régler certains problèmes par une violence excessive peut-être considéré comme une « caractéristique physique masculine » ? Ou est-ce un retournement du préjugé ?

    Merci d’avance, et bonne soirée 🙂

    • Non, je ne connaissais pas Matrix Happening, ça a l’air super intéressant, merci beaucoup !! 😀 Je vais aller m’y plonger.

      Ce sont deux excellentes questions. Concernant la sexualité comme thème du récit, c’est effectivement paradoxal et je m’en suis rendue compte. Tout comme la maternité comme thème du récit, d’ailleurs ! Ce test comporte des failles et j’aimerais le retravailler pour que vraiment tous les films puissent s’y coller. Mais j’ai 2 exemples récents. Dans le film « Sexfriends », avec Natalie Portman et Ashton Kutcher, les deux personnages sont sur un même pied d’égalité : deux adultes consentants qui ne se fréquentent que pour des relations sexuelles non tarifées sans s’engager dans une relation sentimentale. Natalie Portman est interne en médecine, indépendante… bref. Tout va bien, pas de déséquilibre entre les deux personnages.
      Dans le film « Jeune et jolie » en revanche, qui traite également de sexualité, l’héroïne est une mineure qui se prostitue en cachette. Je ne l’ai pas vu, donc je peux me tromper dans le sentiment que j’ai de ce film. En fait, je n’ai pas voulu le voir : un film dont le personnage (mineur !) est à poil sur l’affiche (même si la comédienne était majeure) en position de dominée, qui traite de prostitution, et a fortiori de prostitution de mineure avec notamment un homme beaucoup plus âgé qu’elle, je trouve ça malsain et j’ai le sentiment qu’on a plus affaire à un fantasme libidineux d’un réalisateur (homme) qu’à une réelle volonté de raconter l’histoire d’une jeune fille. Ce qui me gêne, c’est le déséquilibre entre la jeune fille et les hommes qui abusent (puisqu’elle est mineure même s’ils ne le savent pas) d’elle.

      Voilà deux films qui traitent de sexualité mais dont l’un a clairement un vert (Sexfriends) et l’autre aurait un rouge (Jeune et jolie) – si je le vois un jour. Parce que dans le premier, le corps de la femme n’est pas traité comme un objet – c’est tout l’inverse qui se produit quand on traite de prostitution.

      Personnellement, je suis horrifiée du nombre de prostituées, call-girl ou gogo danseuses présentes dans les fictions, télé ou ciné, françaises ou étrangères. Si on transposait cette vision des femmes à la réalité, à vue de nez 3 femmes sur 4 ferait un des ces trois métiers. C’est ça qu’il faudrait gommer…

      Je pense que la violence excessive entre dans les caractéristiques dites masculines, oui. Comme on se base sur des préjugés (une « vraie » femme au cinéma n’est pas censée avoir les cheveux courts, etc…), on est clairement dans ce cas-là.

      Merci beaucoup pour cette discussion 🙂

      • Il y a tellement de lectures à faire de la trilogie Matrix qu’on pourrait s’y perdre. D’ailleurs il va falloir que je le relise aussi.

        Je vois la nuance pour la question du sexe. Je pense avoir évité ce problème, heureusement ! Mais merci, c’est quelque chose à garder en tête. Par contre j’ai un personnage prostituée dans la V3 de mon bouquin, je peux peut-être en faire quelque chose de mieux.

        D’accord, je vois le problème de la violence. Mais si cette violence est justifiée et étayée par le contexte, on peut sortir du cliché je pense. Par exemple, avec les personnages de Gally dans Gunnm, ou Kusanagi dans Ghost in the shell. La violence est constitutive de leur personnage et fait partie de leur « quête ». C’est peut-être comme ça que ça peut fonctionner.

        Ce test pourrait s’appliquer aux jeux vidéos, non ? Il y a beaucoup de figures féminines dans des jeux comme Mass Effect ou Deus Ex qui pourraient être intéressantes à étudier. Après, je ne sais pas si ce serait aussi efficace, étant donné que dans les JV, les personnages réagissent aux actions du joueur…

        En tout cas, tout ça m’a donné de quoi réfléchir, merci encore !

  9. Vous savez le « label » suédois… Il est fait par queques cinés indépendants tres marginaux en fait. Ce n’est pas un label national etc…

  10. Il aurait été intéressant d’évoquer les séries de SF. Par exemple, Battlestar Galactica avec 3 personnages féminins de premier plan 🙂

      • D’abord j’ai apprécier de lire votre article sur l’univers de la sf que j’aime particuliérement.

        Pour une analyse de Battlestar Galactica (qui par ailleurs est une très bonne série) :

        http://www.lecinemaestpolitique.fr/battlestar-galactica-une-odyssee-feministe-semee-dembuches-i/
        Et on trouve sur ce site plein d’analyse intéressante sur le cinéma et les séries, entre autre avec une étude de la place des femmes dans les films disney

        Sinon j’ai quelques remarque et question sur vos analyse:

        Par rapport au personnage de Leia dans SW, je vous suit sur une bonne parti des films, en particulier au début. Mais il arrive quelques chose qui se passe souvent avec des personnage principaux d’importance et actif quand ce sont des femmes (ça pourrait marché aussi avec des personnages non-blanc.hes). Au début, l’héroine mène l’action prend des décision voir s’oppose à des hommes mais arrive le héros et ses potes, on voit alors un transfert de pouvoir vers l’élus , le mec etc Alors c’est vrai que Princesse Leia garde une place d’autorité (dans la résistance) et continue à se battre. Mais elle se retrouve quand même dans le role de princesse-à-sauver-par-son-beau-prince (et la seine de Leia en bikini à quand même fait fantasmer plus d’un geek). Il y a aussi le rapport entre Leia Han Solo qui prent des liberté avec le consentement … et l’amour c’est pour Leia pas pour Han …
        Ce qui me fait (mais c’est très subjectif hein) préferé le rôle de Ripley qui n’hesite pas à renvoyer des mecs (officier militaire de surcroit) se faire voir, on voit des mecs cracker completement fàce à des situation de crise et d’imprévue. Par ailleurs même si elle une relation avec un mec (Alien3) ça ne l’empêche pas de continuer et de survivre quand celui si se fait tuer. Le principale défaut de mon point de vue dans Alien c’est de renvoyer Ripley au rôle essentialiste de mère entre autre dans Alien2 avec la peite dont elle est la seul à s’occuper.

        Sinon, par rapport aux films et séries de SF , on a souvent des femmes à différent niveau qui prenne des place importante voir des postes de décisions. J’ai toujours vu ça comme une vision du futur progressiste comme une évolution normal. Mais en regardant de plus près il y a plusieurs écueils la principale étant que généralement dans la hiérarchie elle ou presque toujours un homme au-dessus pour leurs donner des ordres. Dans Battlestar Galactica il y a des rôles féminis très intéressant (Starbuck) mais quand une femme arrive au plus haut poste de commandement elle se trouve être sans pitié et prendre les mauvaise décision. L’équilibre étant un homme au commandement militaire (pour faire le méchant) et une femme à la présidence civile ( que je vois comme un rôle de gestion principalement ) papa et maman en somme et qui plus est c’est le rôle de papa qui est le plus « intéressant » et mis en avant dans la serie. Après BSG n’est pas une série manichéenne par exemple tout les homme ne font pas de bon commandement et toute les femme ne se reconnaise pas dans le rôle de femme de, mère de il y a plus de complexité.
        Un autre rôle dans lequel se retrouve des personnage féminin est celui de : celle-qui-repete-ce-que-dit-l’ordinateur (ou le capitaine) caricaturé dans Galaxy quest par Sigourney Weaver on le retrouve en particulier dans les séries SF Duhala dans BSG , Lt-Cdt S Ivanova dans Babylon 5(que je vous recommande vivement) etc

        Et pour finir, si je vous rejoint quand vous parler de la naisséciter que trouve les réalisateur à donner des caractéristiques masculine à leurs héroïnes surtout quand sa devient badass, je trouve que souvent à l’inverse les rôle tombe dans la sexualisation à fond et échoue à être convaincant.

        P.S.: je suis un garçon alors bon mes reflexions sont soumis à ma subjectivité…

  11. Bonjour,

    Je viens de lire cet article et me permets donc un petit commentaire.
    Ryan Stone a les cheveux courts et alors !
    Personnellement, j’aime les femmes brunes avec les cheveux courts, pas trop de poitrine et capable d’en imposer intellectuellement. Comme quoi les goûts … Bref, dans Gravity, l’héroïne se rapproche de mon idéal féminin. C’est totalement subjectif mais du coup je m’identifie aussi bien à elle qu’à un personnage masculin et j’ai sincèrement envie qu’elle s’en sorte dès le début du film.

    En fait, pour reprendre l’expression de « Glon », je me rend comte que j’apprécie les femmes qui ne sont pas définies par leur attributs féminins. Ça à un avantage, quand on leur parle, on a pas de problème à les regarder dans les yeux.

    • Bien sûr… Mais vous avez dû lire trop vite ce passage-là, alors je vous le remets 🙂

      « Avant toute chose, que ce soit bien clair et qu’on ne m’accuse pas de tout et de n’importe quoi : une femme est une femme, quand bien même elle serait plus musclée qu’un Van Damme, avec les cheveux courts ou rasés (comme Agatha), amputée de son utérus ou de ses seins, née homme mais de genre féminin, ou je ne sais pas quoi encore. Ça, c’est pour la vraie vie, le quotidien, le monde dans lequel on vit. Bon.

      Mais au cinéma, c’est différent : chaque détail est un symbole qui a une signification, c’est à dire qu’un personnage ressemble physiquement à tout ce qu’on veut faire passer comme symbolique (et/ou clichés) à travers lui.
      « 

  12. Bonjour.
    Merci Florence pour ce billet fort intéressant!
    Et merci a tous pour tous les commentaires!

    J’ai eu ce même problème d’identification dans ma jeunesse.

    Mon père nous a transmis son plaisir de la fantaisie et de la sf en nous lisant tout les soirs pendant un an le seigneur des anneaux. Et là, je peux vous dire que les femmes ne sont que de passage! (En gros 3 femmes : galadielle, arwine et l’humaine dont je ne souvient plus le nom. Elles prennent peut être 3% de l’histoire. Et en tant que femme de la plus part du temps.)
    Un jour je lui ais dit :  » Mais papa, moi je suis qui dans l’histoire? » Du coup le papa de Sam est tombé très malade et il a du aller prendre soin de lui. Sa sœur Samette prend sa place!
    Heureusement que certain prenne l’initiative!

    Je suis moi même une femme fan de sf, ce qui est souvent juger de basse comme pas très féminin. Tout comme les jeux vidéos par ailleurs.
    N’est ce pas là la basse du problème?
    C’est pas pour les filles – grosso modo?

    Même si les temps changent et le marché s’ouvre.

    Je ne sais pas si ce billet était consacré que aux films, mais dans les séries, on s’en sort un peu mieux!
    Defiance, Battle Star Galactica, The Event, Fringe, the 4400, Continuum, …
    ( Le voyage dans le temps est il considère comme de la sf? Ou la notion de voyage dans l’espace est elle essentielle?)

    Peut être le format série permet de présenter plus de profondeur et de complexité au personnage tant bien masculin que féminin, leur offrant d’être plus que du vent.

    (Et dans la littérature aussi! La série du Tracmort par exemple.)

    Personnellement je pense que Ripley et Leia (si ce n’est dans les films, dans l’univers stars wars en général) sont toutes les deux des vraies femmes, pas des potiches trop sexuées.

    • Merci Sara pour ce témoignage très intéressant !! 😀
      Et toutes mes plus plates excuses pour avoir validé ce commentaire si tardivement, quelques-uns ont échappé à ma surveillance…

  13. Bonjour,

    Merci pour cet article intéressant. Moi aussi, j’ai un oubli à signaler : Mako Mori de Pacific Rim. Ce film ne passe pas le test Bechdel car il n’y a qu’un seul « vrai » personnage féminin (la pilote russe ne parle pas du film, il me semble), mais le personnage de Mako est très riche, elle construit de nombreuses relations avec les hommes autour d’elles sans être limitées par celles-ci. Elle est forte, courageuse, intelligente, et presque tous les personnages masculins la traitent en égale (la seule remarque que l’un des autres personnages lui fait est pour la traiter de « débutante »).

    Concernant votre critique du test Bechdel, je suis d’accord avec vous que l’idée d’en faire un label est hautement discutable : en effet, à la base, le Bechdel test reste un moyen relativement simple de voir si un film rempli le *minimum syndical* par rapport à la représentation des femmes. Et on sera tous d’accord pour dire que le « minimum syndical » n’équivaut pas à un film de qualité (potentiellement labelisable). Par ailleurs, il me semble que la blogueuse dont vous avez inséré une vidéo proposait dans une autre de ses vidéos une quatrième règle à ajouter au Bechdel test : que la conversation entre deux femmes qui ne parlaient pas d’un homme dure plus d’une minute. Cela évite qu’un film se qualifie via ce test alors que la seule conversation entre deux femmes était « -Passe moi le pain, s’il te plaît. » »-Tiens ».

    Cependant, le test que vous proposez me parait également assez limité. Je comprend bien votre argument que la symbolique au cinéma occupe une place importante, et c’est pourquoi il est important qu’une femme ayant les attribut « usuels » de la féminité soit représentée en tant que personnage principal, mais exclure les femmes ayant des caractéristiques physiques dites « masculines » ne me parait pas être la bonne solution : à terme, ce que je souhaite, c’est de voir toutes sortes de femmes au cinéma. Des masculine, des féminine, des femmes de couleur, des femmes jeunes ou agées… C’est frustrant de se dire que pour qu’une femme soit le personnage principal il faudrait qu’elle soit masculine, c’est vrai. Mais pour autant, exclure les femmes dites « masculines » envoie le message qu’il n’y a qu’une seule vraie façon d’être une femme, ce qui représente également une frustration.

    Un dernier point concernant la question « 3) Ces femmes sont-elles exemptes de remarques concernant leur sexualité ? ». De nouveau, j’admet qu’il est frustrant de voir les femmes rabaissées systématiquement par ce biais au cinéma. Le mot clef étant « systématiquement ». On est dans le domaine de la science fiction après tout, si on arrive à imaginer des aliens et des voyages spaciaux ne pourrait-on pas aussi imaginer un monde ou une femme pourrait exercer n’importe quel métier sans que ça n’interpelle personne? Mais d’un autre côté, le préjudice de notre société, reflété par de tels commentaires, est un obstacle que toutes les femmes connaissent, et de voir un personnage féminin soumis également est (malheureusement) assez réaliste, et peut servir l’histoire (la personnalité de Vickers et son attitude « masculine » peuvent s’expliquer par les préjudices qu’elle a connu, par exemple). Ici aussi, il ne me paraît pas intéressant d’exclure toute une catégorie de personnages féminins sous ce critère.

    Enfin, pour répondre à l’autre commentaire au sujet de l’identification et son importance : http://fuckyeahcracker.tumblr.com/post/47981108931/siddharthasmama-mangotea

    • Bonjour Faustine,

      Tout d’abord, je suis absolument navrée de modérer ce commentaire si tardivement, quelques-uns ont échappé à ma surveillance et il en fait partie !

      Concernant Pacific Rim, je ne suis pas du tout de votre avis. J’ai été tellement mal à l’aise devant ce film, en ce qui concerne ce personnage… Mako n’est jamais – jamais ! – indépendante ! Elle est sur-protégée par un papa adoptif – alors qu’elle est la plus capable de se défendre toute seule – et elle doit attendre sa permission pour partir au combat… (Et on sait que c’est la permission du père et non du supérieur hiérarchique dont il est question ici.) Mais on est dans quel siècle ?? Et quand elle n’est plus sous la protection de son père parce qu’il meurt (si mes souvenirs sont bons), paf ! elle devient la petite-amie du héros qui, à son tour, la sur-protège… Exactement comme Avatar, Armaggedon, etc… Du papa au fiancé, sans jamais passer par la case indépendance. C’est affolant.

      Par contre je vous rejoins là-dessus : mon test a effectivement des failles, j’en ai bien conscience. J’essaye actuellement de l’améliorer, mais ce n’est pas chose aisée 🙂

      En tout cas un grand merci pour vos arguments, et encore mille excuses pour cette réponse tardive…

  14. Tout d’abord,félicitations pour votre sélection pour le programme de résidence sur Mars auquel je crois réellement étant donné que la Nasa ne parle maintenant que de 2040 et encore,avec des pincettes!
    Concernant ce sujet,j’ai eu d’immenses difficultés à trouver des exemples de personnages de SF féminines crédibles et ai du remonter jusqu’à « Métropolis »de Fritz Lang pour trouver un personnage réellement essentiel dans le déroulement de l’intrigue,le « jeune premier »du film faisant,une fois n’est pas coutume preuve,du moins au départ d’une inconstance dans son comportement;sinon,il faut carrément regarder du côté des animes pour trouver des héroïnes convaincantes:Lain de « Sérial experiment Lain » ou la jeune protagoniste de « Dennou Coil »;il est clair que la gent féminine s’est faite profondément arnaquer dans l’affaire…

  15. Bonjour, un très bel article sur ces femmes spationautes. Mais je remarque que vous ne mentionnez pas une autre femme qui a marqué son époque, Nichel Nichols, alias Nyota Uhura dans la série originelle Star Trek. Diffusée dès 1966, cette anthologie de SF fut la première série à offrir un rôle prépondérant à une femme « noire ». Saviez-vous que son nom d’actrice signifie « liberté » en swahili ?
    Belle journée.

  16. Bonjour et bonne année !
    Je me souviens très peu de Ghosts from Mars, mais il me semble qu’il y a un personnage féminin avec un vrai rôle et une certaine force de caractère.
    Faudrait que je le revoie (mais il n’était pas franchement inoubliable comme film, sans doute que je ne le reverrais jamais)

  17. Jodie Foster, elle est aussi un personnage fort dans Elysium ! Sinon, chez James Cameron, il y a toujours des personnages de femmes fortes : Sarah Connor, Ripley dans Aliens (c’est là que le personnage devient de qu’il est ensuite),…
    Bien sûr, Joss Whedon n’a pas peur des bons personnages féminins, notamment ceux de Firefly/Serenity, ou encore sa Black widow dans Avengers (oublions Buffy/Angel, qui est dans le registre fantastique). Un excellent personnage féminin dont je me souviens est celui d’une scientifique dans The Thing, version Howard Hawks. Même si c’est un film d’après-guerre, il est marqué par l’époque des « screwball comedies » comme celles de Hawks avant guerre (His girl Friday, par ex.), des films où les personnages féminins étaient tout sauf niais.
    Je signale au passage Misère de la super-héroïne au cinéma, un vieux post qui traite, comme son nom l’indique, de l’incompréhensible médiocrité des rôles de super-héroïnes.

  18. Hello, Gina Torres (Zoe Alleyne) et Summer Glau (River) dans Serenity, Linda Hamilton (Sarah Connor) Terminator 1 et 2, Kristanna Loken (T-X) et Claire Danes (Katherine Brewster) Terminator 3, Beverly Crusher dans Star Trek, Taarna dans Heavy Metal, July dans Heavy Metal 2000, …..

  19. WɅssy Sp Sur le fond – la place des personnages féminins dans les films de SF – c’est tout à fait intéressant mais la rédactrice fait bien de prévenir que son choix est très subjectif. Notamment en ce qui concerne son point de vue sur Leïa dans Star Wars qui est, d’après moi, une potiche totale, le faire-valoir des 2 héros masculins (son frérot et son fiancé, quand même !) et en plus, C. Fisher joue vraiment mal (mais bon elle n’est pas la seule dans cette trilogie). Quant au 5ème élément, outre que c’est un navet total, Mila/Leeloo est surtout placée là parce qu’à l’époque elle était la meuf de Besson et qu’il a absolument voulu qu’on la voie le plus souvent pas trop habillée. (Faut dire qu’elle est vraiment mimi).
    Quant à Sigourney dans Alien, il faut vraiment être de mauvaise foi pour affirmer « qu’elle s’excuse d’être une femme » sous le prétexte fallacieux « qu’elle est grande (1m82) et qu’elle a un physique qui se rapproche de l’androgynie ». Parce qu’une vraie femme doit absolument avoir les cheveux longs et être coquette ? Drôle de manière de défendre les rôles féminins…
    Quitte à être subjectif, à mon sens le plus beau rôle féminin de la SF, c’est Jodie Foster dans Contact et je ne dis pas ça parce que je suis raide dingue d’elle.

    • Je vois que vous avez décidé de sauter le paragraphe où je dis que ce billet n’est pas là pour juger de la qualité des films…

      Donc : vous avez parfaitement le droit de penser ce que vous voulez du personnage de Leia (même si le fait qu’elle connaisse une romance avec Han Solo n’arrive que dans le 2ème film et qu’elle est donc d’abord une femme politique avant toute chose ; et qu’elle est autant la soeur de Luke que Luke est son frère, ce qu’on sait d’ailleurs dans le 2ème film également), mais la qualité du jeu de Carrie Fisher est complètement hors-sujet.

      Ensuite : la qualité du film « Le cinquième élément » est complètement hors-sujet comme rappelé plus haut. Et je ne suis pas familière des journaux people mais une simple recherche sur Internet prouve que la relation sentimentale entre Besson et Jovovich découle du tournage et non l’inverse. Donc ce que vous dites est faux… en plus d’être encore hors-sujet.

      Enfin : vous semblez ne pas avoir compris ce que j’ai pourtant longuement expliqué : que les caractères physiques des personnages dans les films sont autant de symboles qui ont leur importance. Donc le fait que Sigourney Weaver ait été choisie pour sa grande taille et son androgynie est bien la preuve que c’est un rôle de femme qui ne s’assume pas en tant que telle puisqu’on efface les caractéristiques dites féminines de l’imaginaire collectif.

  20. Bonjour Florence ; et si l’on convient que « le seigneur des anneaux » est aussi de la SF, dans la mesure où la fantasy est un genre de SF à part entière, on peut y voir des rôles féminins forts au caractère déterminé, sans tomber dans le cliché sexiste… Eowyn et Galadriel par exemple (même si la première est « fille de »… ; merci pour cet article qui nous donne l’envie de voir ou revoir de beaux moments de cinéma (avec un petit faible pour Jodie Foster dans « Contact ». Très amicalement, Olivier.

    • Bonjour Olivier, je ne mets pas Le seigneur des anneaux dans la SF, en effet, comme Thor 2 (que j’ai ajouté en parenthèse en bonus parce que le traitement des rôles féminins était intéressant) ou encore Harry Potter qu’on m’a suggéré… Je place tout ça dans le Fantastique. Ce sera peut-être l’occasion d’un autre billet ! 🙂

  21. Pour ce qui concerne Gravity, il me semblait que la renaissance s’opérait justement parce que l’héroïne se défait de tout ce qui la ramène à son rôle de « fille de », de « mère de » et de « femme de ».

    Je trouve l’article sur le film vraiment biaisée et inutilement à charge. Un exemple :

    « Quand Ryan se montre pessimiste sur leurs chances de survie, il lui coupe la parole et lui explique la vie sur un ton bien autoritaire (tais-toi femme, et écoute, l’homme va te dire c’est quoi ton problème). Il trouve même comment propulser le Soyouz vers la station chinoise. Une astuce à laquelle elle n’avait pas pensé, submergée qu’elle était par ses émotions la pauvre femme. Et là surprise, on s’aperçoit qu’en fait, George n’était pas vraiment là, et que Ryan était juste en train de le fantasmer[6]. »

    Voilà, ELLE le fantasmait ! Peut-être parce qu’un père qui voulait un fils l’a éduquée comme n’étant pas capable de s’en sortir seule, alors elle se livre les réponses dont elle a besoin via un représentant du sexe dit fort ? Mais en réalité, c’est l’esprit de Ryan qui détient la réponse !
    C’est ce qu’elle apprend je crois, le long de ce rarissime récit initiatique ?

    En tout cas, cette lecture est tout à fait possible… j’aimerais tant avoir raison, mais pas par vanité, hein !

    • Je crois qu’il n’y a pas à avoir raison ou tort puisque ce sont des interprétations basées sur un ressenti. C’est d’ailleurs ce qui fait en général la complexité d’une oeuvre réussie : on s’approprie ce qu’on voit et on en a une vision très personnelle. Il n’y a pas de vrai ou de faux ressenti…

      D’un point de vue strictement personnel et subjectif, c’est vrai que ce passage m’a agacée : il y avait d’autres moyens scénaristiques pour que la solution revienne à Ryan sans faire appel à Matt – parce qu’en effet, comme vous le dites, la réponse est en elle ! Mais votre interprétation de cette scène est, elle aussi, tout aussi acceptable… 🙂

      • Oui bon, il fallait rentabiliser George, quand-même ! 😉

        Sinon, un détail pas anodin dans la réflexion menée : Gravity n’est pas un film de science-fiction, on le loue justement pour son réalisme. Il se déroule dans le contexte actuel, de sorte que le sexisme notable n’est que le reflet de celui de notre société.
        Comme « les fils de l’homme » avant, il renoue avec le cinéma de genre du siècle dernier, où le genre était un prétexte pour faire passer une critique de la société ou une thèse propagandiste – maccarthysme, peur du communisme, etc.

        Cela dit, je rejoins et je déplore le manque d’histoire dont nous sommes les héroïnes. J’ai beau chercher, à part Fantômette (ok, elle a les cheveux courts, mais elle est belle, drôle ET intelligente, c’est déjà beaucoup ^^), je ne vois pas de fille convaincante, et elle commence à se faire vielle, la pauvre.

        • Oops, je m’embrouille !
          Je voulais dire qu’il n’est pas un film de science – fiction, contrairement à « Les fils de l’homme » dans la mesure où il se situe dans un contexte présent, avec une technologie existante et qu’il ne porte aucune interrogation, aucune thèse, aucune critique, du moins assumée.

  22. Je suis pas du tout d’accord avec cette vision de l’oracle. Ça fait un moment que j’ai pas vu Matrix, mais pour moi, c’était un rôle assez comparable à Yoda, un rôle de mentor un peu énigmatique, et maintenant que j’y pense, on voit peut-être encore plus rarement des femmes dans ce genre de rôles que dans le rôle de l’héroïne.

    Et sinon, je dois dire qu’à chaque fois que je lis un article sur ce genre de sujet, je dois dire que je suis extrêmement perplexe de voir sans cesse revenir ce besoin de s’identifier à des personnages.

    J’ai beau être de sexe masculin et blanc par dessus le marché, je ne me suis jamais identifié à tel ou tel personnage, que ce soit quand j’étais enfant ou maintenant.
    Je suppose que mon imagination fonctionne différemment de la plupart des gens.

    Typhon

    • J’ai eu besoin de m’identifier quand j’étais petite fille – un peu également adolescente. Ce n’est plus vrai maintenant que je sais qui je suis. Beaucoup d’enfants se déguisent en Batman ou en princesse, oui… Peut-être êtes-vous différent, c’est possible !

      Mais l’objet de ce billet n’est pas tant de dire qu’il est difficile de s’identifier, mais plutôt de mettre le doigt sur le fait qu’un catégorie de la population (la moitié de l’humanité quand même !) est présentée dans les films de SF sous un jour réducteur ou peu flatteur.

      Pour l’anecdote, il me prend souvent de penser à tous les gens qui ne sont pas blancs (comme je le suis) et qui doivent se sentir un peu exclus de tout ce qu’on leur présente au cinéma ou à la télévision… Là aussi, des progrès sont faits. Mais on est encore loin d’avoir, dans les fictions, des représentations saines et justes de tout un chacun.

      Et j’ajouterais, en prenant le risque de faire de la psycho-sociologie de bazar, que si vous ne ressentez jamais le besoin de vous identifier à un personnage, c’est justement parce que le monde est comme vous : masculin et blanc. Et que tout va de soi pour vous. Moi, j’avais sans doute besoin de modèles ou d’idéal de fiction parce que je n’en connaissais pas autour de moi…

      • Oui, évidemment, ça peut être une explication.

        Peut-être aussi que ça dépend des âges (je pense que c’est plus le cas chez les (pré-)adolescents que les enfants de moins de 10 ans), et, donc, des caractères.

  23. En ce qui concerne les cheveux courts de Sandra dans Gravity, je me suis effectivement posé la question. Et puis pour avoir vu, en vidéo, ce que donnaient des cheveux longs en apesanteur, genre dans un Airbus ZERO-G par exemple (:sifflote:), je me dis qu’ils ont peut être juste pas voulu s’embêter plus avec des effets spéciaux compliqués 😀
    Sinon très bon article qui fait réfléchir (et c’est bien), même si je te trouve aussi un tout petit peu sévère envers Ripley 😉

    • Comment ? Quoi ? Des cheveux longs en apesanteur, un cauchemar de réalisateur ? Je ne vois pas de quoi tu parles… :p (En effet, c’est ce que je me suis dit aussi : trop compliqué techniquement ! Mais bon. J’en suis pas sûre, alors…)

      • Les cheveux courts de sandra bullock sont juste un clin d’oeil à Sigourney Weaver dans Alien.

        (sinon rien à voir, mais perso je classerais plutôt les films marvel dans SF. Tous les trucs un peu fantastiques ont plus ou moins une explication scientifique
        .)

        • « Scientifique » ? Comme dans « les rayons gamma donnent des superpouvoirs » ? Combien de nerds mourront dans d’atroces souffrances en essayant de s’introduire au CERN avant que l’on comprenne que c’est faux ? :'(

          Traiter la science comme une forme de magie, ce n’est pas faire de la SF.

  24. Salut Florence,
    (Je me permets de te tutoyer comme c’est l’usage sur internet.)

    J’ai lu avec attention ce billet, et si je suis d’accord avec ce que tu dis (d’ailleurs, merci d’avoir identifié ce qui me gênait dans Inception, ce « baiser volé »), mais deux choses m’ont fait sursauter sur mon fauteuil : ton analyse de Ripley et de la Princesse Leïa, qui pour moi sont chacune à l’opposé complet de la description que tu en fais.

    Ripley : Tu parles de Alien, donc je commence par la vision de Ridley Scott du personnage. Je ne comprends pas en quoi le fait que Ripley s’éloigne de l’archétype de la « vrai femme de cinéma » (sic) est sexiste. Bien au contraire je trouve. Ce personnage est une femme et il n’est pas définie ni mis en valeur par ses attributs féminin, mais par son caractère, son courage, son ingéniosité, son sang-froid. Elle n’a pas été choisie pour flatter l’œil d’un public masculin. C’est pour moi le personnage féminin anti-sexiste par excellence.

    Par la suite si les autres réalisateurs ont sur garder l’essence de personnage à mes yeux, ils l’ont faite évoluer pour la sexualiser un peu plus : quelques débuts de romance mais rien de « dégradant » puisqu’elle reste active dans ces romances et c’est d’ailleurs elle qui va (tenter de) sauver ses hommes.

    Et effectivement, des références à la maternité. Principalement dans Aliens ou on apprend qu’elle avait une fille (qui est morte de vieillesse pendant que Ripley derivait en cryogénisation dans l’espace) puis prend la petite Newt en protection, dans une métaphore bien évidente (et balance la reine pondeuse dans le vide en la traitant de pute… Là je ne me hasarde pas à en tirer une quelconque métaphore:/ ) Mais voilà, le fait qu’elle soit une mère ne change rien, ni à sa condition, ni à la force de ce personnage. Elle n’est pas là parcequ’elle est mère, elle est là parceque c’est Ripley avant tout.

    Je ne m’étends pas trop sur (l’excellents) Alien 3 puisqu’il n’y a aucune référence sur la maternité. Par contre Ripley y affirme lourdement sa force de caractère en faisant face à une bande de taulards/violeurs/psycopathes qui finissent par la respecter et la considérer comme l’un d’entre eux.

    Enfin la référence à la maternité dans le dernier volet est quand même assez légère. On utilise son ADN pour en extraire celui de l’Alien, ça aurait été la même chose avec un personnage masculin. (et probablement une référence à la paternité) donc rien de très sexiste ou d’inégalitaire là-dedans. Encore une fois elle n’est pas là parce que c’est une mère, ni une femme d’ailleurs, mais parce que c’est Ripley.

    Je termine ce cycle « Alien » que quelques (rares) autres perso féminin, principalement Vasquez (Jenette Goldstein), la commando à gros bras que tu as peut être confondu avec Michelle Rodriguez dans l’autre film de Cameron, car elle correspond au même archétype et c’est elle qui se prend une remarque sexiste de la part de son camarade Gorman alors qu’elle fait des tractions:
    _Hey Vasquez, on t’as jamais pris pour un mec ?
    _Non, et toi ?
    Magnifiquement envoyé je trouve, Gorman fini d’ailleurs par la considérer comme son frère d’arme.

    Et Call (Wynona Rider) qui est un « personnage féminin » (no spoil) à première vue plutôt fragile, mais qui se révèle au final très fort et très actif. Et encore une fois ce n’est pas la « vrai femme de cinéma ». Donc pour moi, quelque chose de plutôt positif.

    J’en viens à la princesse Leia :

    Je te rejoins pour l’épisode IV, même si on tombe dans le poncif ultime de la demoiselle en détresse, mais malheureusement son personnage s’effrite bien vite dès l’épisode V où elle ne devient qu’un boulet qui ne sert qu’à mettre en valeur le personnage de Han Solo à travers un jeu de séduction (où elle devient rapidement passive face à Han ou Lando). Concrètement, que fait-elle dans le film ? Rien, du début à la fin. On pourrait se dire qu’elle sauve Luke à la fin, mais même pas : c’est Luke qui décide de l’appeler et c’est Han qui sort le chercher.

    Dans l’épisode VI c’est une catastrophe. Elle n’a toujours aucun autre rôle que la petite amie de Han qu’il entraine dans une mission d’infiltration ( WTF, elle est diplomate !) , son rôle de boulet est aggravé par rapport au V (elle se fait capturée par Jabba, elle chute de speeder, elle prend un coup de blaster), on est complètement dans le stéréotype de la demoiselle en détresse. On a échappé tout juste à la sexualisation (encore que pour moi le bikini en est une) mais par contre elle passe son temps à changer de tenue et de coiffure.

    Bref, si le personnage était effectivement fort dans le premier épisode, il a été complétement dénaturé, stéréotypé, gommé par la suite, pour devenir l’opposé complet de ce qu’elle était à l’origine. Dommage !

    Enfin, tu n’as pas parlé de Prometheus. Ok, c’est pas LE film de SF du siècle (c’est surtout un gros gâchis), mais il passe facilement le test de Bechdel, et compte 2 femmes, qui correspondent déjà plus à ta vision de la « vrai femme de cinéma », qui ont un fort caractère, des motivations, sont actives tout au long du film (y compris dans les quelques interactions sexuelles), qui ne sont pas là car elles sont des femmes/mere/fille, mais par contre qui affrontent chacune des situations ou des sentiments d’exclusion directement liés à leur condition de femme. (Shaw est stérile, et Vickers est rejeté par son père qui voulait un garçon) Quelle dommage que le scénario de ce film soit aussi mauvais…

    Voilà, désolé pour le pavé, et au plaisir de te lire !

    Glon

    • Très cher Glon,

      Un immense merci pour cette analyse détaillée ! Et fort intéressante. Effectivement, il s’agit d’un autre point de vue et qui se tient tout autant. Concernant Alien, je crois que je ne suis pas une assez fine connaisseuse de la quadrilogie et j’aurais dû la revoir avant de faire ce billet. Merci pour cet éclairage, donc.

      Quant à Star Wars, que je connais sur le bout des doigts, je ne suis pas tout à fait d’accord : dans « L’empire contre-attaque », Leia reste la meneuse, celle qui organise les actions et donne des ordres. Certes, il y a le passage gênant où elle est réduite en esclavage, attachée et en bikini… Mais contrairement aux fantasmes qui ont découlé de cette séquence, ça n’a pas une importance capitale dans le film et la caméra est très pudique sur la question. Et pour avoir revu la trilogie il n’y a vraiment pas longtemps, il me semblait qu’elle s’en sortait plutôt bien et toute seule… Quant au retour du Jedi, c’est elle, après une course poursuite en scooter volant pendant laquelle elle ne démérite pas, qui tombe sur les Wookies qu’elle apprivoise… et qui seront pour beaucoup dans leur victoire finale.

      Quant à Prométheus… Merci, grâce à toi je me rends compte que je l’ai totalement oublié 😀 (Alors que je l’avais noté dans mes notes…) J’aurais rangé Vickers dans « les femmes qui ne servent à rien » (c’est la « fille de », on la voit à poil et elle n’a aucun intérêt dans le scénario) et Shaw dans « ça aurait pu le faire mais en fait non » (réduite à son statut de mère castrée puisque stérile). J’en avais parlé justement en détail dans ce billet, si ça t’intéresse de jeter un coup d’oeil… http://www.florenceporcel.com/cinema-prometheus-mauvais-ou-affligeant/

      Bon, ben je crois qu’il faut que je revoie la quadrilogie Alien, maintenant. Merci pour ton éclairage 🙂

  25. C’est assez impressionnant, je ne m’en étais jamais rendu compte, mais il n’y a pas de vraie place pour les femmes dans ces films.
    Du coup j’ai essayé de trouver d’autres contre-exemples:

    Hunger Games (pas tout à fait de la SF au sens strict, mais bon) ?
    1) oui, 2)oui, 3)je sais plus, 4) oui, 5)S/O

    Sucker Punch ? Bon, là, je suis tout de suite moins sûr de moi, suffit de voir comment elles sont habillées, les héroïnes…

    ça doit être pareil dans la littérature. Sauf les bouquins de l’excellente Connie Willis.

    • Effectivement, je place plutôt Hnuger Games dans le Fantastique – mais au fond peu importe : ces 5 questions se posent pour tous les films, genres confondus, ou même pour les livres, la BD, etc…

      Et oui, c’est pareil partout. Par exemple, j’ai bien du mal à trouver de la SF en BD où les femmes n’ont pas des tenues si courtes et des attributs si énormes qu’elles ressemblent plus à des monstres qu’à des êtres humains… Enjoliver la réalité ok, la fiction est faite pour ça, mais quand tu pousses à l’extrême, ça donne Hulk et ses gros muscles pour les hommes, par exemple.
      Pour les femmes, ça reste juste « normal » qu’elles aient des boules de 12 tonnes chacune à la place des seins, des jambes de 120 mètres, des yeux de 30 biches et des lèvres que n’arriveraient pas à faire le pire des chirurgiens esthétiques… Mais si tu as quelque chose à me conseiller, je prends avec plaisir 🙂

      • Laureline dans Valerian (pour le personnage féminin de BD).

        Le test de Bechdel est impressionnant parce que finalement bien peu de film (y compris récent) le passe avec succès. Mais les films actuels ne valorisent plus des personnages masculins qui mettent des baffes aux femmes quand ils ne sont pas d’accord avec elles (comme par exemple Soleil vert).

        Les films de SF ont souvent 10 – 20 ans de retard par rapport aux romans. Et les romans actuels (souvent écrit par des femmes) ont très fréquemment des personnages principaux féminin.

        Mais voilà, je me demande si vos critères ne sont pas trop maximaliste. le 5) écarte Sarah connors par exemple, et Katniss dans Hunger Games est obligé de simuler une idylle amoureuse pour survivre.

        • Eh ben oui, précisément. Si Sarah Connor n’avait pas été la mère de John, son personnage n’aurait tout simplement pas existé. Vous trouvez ça normal ? Moi pas… C’est extrêmement réducteur pour une femme. Et j’en suis la première attristée, je suis une grande grande fan des Terminator. Quant à Hunger Games, je ne l’ai pas (encore) vu. Et ce que vous décrivez se rapproche de la prostitution. Et voilà, encore un personnage féminin réduite à sa sexualité… Dommage. C’est malsain.

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