[PODCAST] La folle histoire de l’Univers 35

Bonjour à tous ! Je suis Florence Porcel, community manager officielle de l’Univers, et je vous souhaite la bienvenue dans le 35ème épisode de ce podcast (également disponible sur iTunes) où je vais vous parler de Mars, de télescope spatial à étoiles, de sonde à réveiller et de lectures variées…

LA DATE
Et commençons bien sûr par les vœux cosmiques ! Je dirais bien que ceux des astronautes de l’ISS sont les plus classes du monde, mais je ne suis pas sûre de pouvoir dire que l’ISS fait vraiment partie… du monde…


Ensuite ceux de Curiosity, qui en profite pour rappeler que notre 1er janvier 2014 coïncide avec son 500ème jour sur le sol martien ;



et enfin, à l’occasion de la 2014ème révolution de notre ère autour du soleil, le Soleil, justement, s’exprime sur la question…

 

L’INFO

Mais avant d’arriver en 2014, il s’est produit un événement de taille le 19 décembre ! Le télescope spatial européen Gaïa, dont la mission va être entre autres de cartographier plus d’un milliard d’étoiles de notre galaxie, la Voie Lactée, a décollé de Kourou sans aucun problème !
J’ai assisté à l’événement avec les gens qui ont travaillé sur ce projet à l’Observatoire de Paris, et j’en profite pour vous annoncer une nouveauté dans ce podcast : j’ai l’immense chance d’être désormais accompagnée dans mes déplacements par Anne-Sophie, qui m’a concocté ce reportage que je vous laisse découvrir…

Et c’était effectivement très bien parti puisque tout s’est déroulé parfaitement bien : Gaïa est arrivée à bon port 1,5 millions de kilomètres plus loin au Point de Lagrange 2 le 8 janvier ! Il reste peut-être du Champagne du lancement pour fêter ça…
Mais avant qu’il puisse vraiment commencer sa mission, il faudra quelques mois de tests pour être sûr que tout est ok niveau instruments. On devrait avoir les premières données mi-2014… J’ai trop trop hâte !!

http://www.sciencesetavenir.fr/espace/20140110.OBS1988/gaia-le-telescope-spatial-europeen-est-arrive-a-destination.html

LE BIDULE 2.0

Mais en attendant les premières données venues des étoiles et des confins de notre galaxie, il y a une sonde qui voyage dans l’espace depuis 10 ans, qui est en veille depuis 2 ans et demi parce qu’elle est trop loin du Soleil pour avoir de l’énergie et qui doit se réveiller dans quelques jours, le 20 janvier précisément…

Il s’agit de Rosetta, la sonde européenne qui doit étudier une comète et y poser un petit atterrisseur le 11 novembre prochain, manip très délicate qui n’a jamais été tentée dans l’histoire de l’exploration spatiale.
L’Agence Spatiale Européenne organise donc pour l’occasion une opération sur Internet baptisée « Wake up, Rosetta » – pour aider la sonde à se réveiller… Le but du jeu est d’envoyer une vidéo avec obligatoirement « Wake up, Rosetta ! » ou « Réveille-toi, Rosetta ». Y a déjà des super exemples, comme ce court-métrage en Lego



 
ou ce Dalek…  



 
Et attention ! Les 10 meilleures vidéos seront envoyées dans l’espace vers la sonde, qui les recevra un peu plus tard en fonction de sa distance à la Terre. Mieux encore : il y a un voyage à Darmstadt à gagner pour aller assister à l’atterrissage de Philae en novembre prochain du centre de contrôle de mission ! 

Si vous voulez participer, c’est jusqu’au 20 janvier sur cette page Facebook.

Rosetta, c’est en tout cas un projet européen d’1 milliard d’euros dont la mission est d’étudier la comète Churyumov-Gerasimenko pour en savoir plus sur la formation du système solaire – les comètes en étant des vestiges, des sortes de fossile qui n’ont pas bougé depuis qu’il s’est formé.

LES TWEETS

Un milliard d’euros ça peut sembler beaucoup – et ça l’est, puisque c’est 30% du budget annuel de l’ESA – mais j’aimerais faire un point rapide sur l’économie du spatial en 2 tweets du CNES, l’agence spatiale française. La France, c’est le 2ème budget par habitant pour l’espace civil avec 30€ par an et par habitant – derrière les Etats-Unis. 

  En 2014, la France a consacré 2,127 milliards d’euros au spatial, contribution à l’ESA comprise. C’est en augmentation car c’est le plus élevé depuis 10 ans.

J’en entends déjà hurler que c’est un scandale, qu’en période de crise on ferait mieux de mettre autant d’argent ailleurs, etc etc… C’est mal connaître le sujet : le spatial, c’est 16 000 emplois en France, déjà.

Un autre chiffre qui est souvent donné, c’est que pour 1 euro investi dans le spatial en France, c’est 30 euros qui retombent dans l’économie française. Et c’est parce que c’est aussi bon pour l’économie que l’Etat ne touche pas à ce genre d’enveloppe, même en cas de crise.

Et enfin et surtout, le spatial est partout dans notre quotidien. Le GPS et la géolocalisation, ce sont des satellites qui tournent autour de la Terre. La coque de votre iPhone 5, ça vient d’un brevet développé dans l’ISS. La météo et la surveillance des catastrophes naturelles, c’est encore des satellites.

Et beaucoup des technologies de pointe utilisées dans la médecine viennent de la recherche et développement dans l’industrie du spatial – comme l’explique par exemple cette image que je vous traduis.

 

 

« Quand le télescope spatial Hubble a été mis en orbite en 1990, les scientifiques se sont rendus compte que son miroir présentait des défauts. Toutes les images étaient floues… Bien qu’une mission de réparation a corrigé le problème quelques années plus tard, ils ont voulu tirer le meilleur d’une mauvaise situation. Du coup, ils ont développé un logiciel pour rendre les images nettes. (Petite aparté, on parle des débuts des années 90, hein). Plus tard, l’algorithme qui a été utilisé pour rendre nettes les images floues de Hubble a aidé à améliorer les images des mammographies. Donc si vous vous demandez si la NASA doit vraiment recevoir 1 centime par dollar du budget fédéral… pensez aux survivantes du cancer du sein. »

Et c’est loin d’être le seul exemple de ce que peut apporter le spatial à la médecine. D’ailleurs si vous êtes à Paris ou pas loin autour, ne manquez pas à ce sujet le Mardi de l’espace du 21 janvier au café du Pont-Neuf à Paris intitulé « Soigner grâce à l’espace » et qui traitera justement de la médecine et du spatial.

L’ÉVÈNEMENT

L’événement de cet épisode… Nous y voilà. Vous êtes sans doute déjà au courant, j’ai un peu monopolisé les rubriques insolite des médias divers et variés ces derniers jours… Alors voilà : je fais partie des 1058 shortlistés pour la sélection des futurs astronautes que Mars One veut envoyer sur Mars d’ici une dizaine d’années. 

 

Vous dire que je suis contente serait un euphémisme… Je suis folle de joie, et surtout plus que surprise de faire partie du 0,5 % des candidats qui ont réussi le passage au second tour ! On était 202 586 au départ, pour 1058 maintenant, et ce nombre se réduit de jour en jour puisque nous devons désormais fournir un certificat médical pour accéder à la suite du processus de sélection.

Dans le quotidien national du Bangladesh

Et justement, j’en profite pour vous dire un truc. J’ai été dépassée par la médiatisation dont j’ai fait l’objet. Attention, hein, je ne suis pas en train de me plaindre, j’ai eu l’occasion de transmettre ma passion pour le spatial et parler de mon rêve martien et c’est carrément chouette.
Mais nous sommes 1058, dont 22 en France. D’abord, c’est profondément injuste pour mes 21 camarades qui ont des parcours souvent plus bien intéressants que le mien et qui ont aussi des choses passionnantes à partager. Et surtout, ce n’est jamais très sain de se focaliser sur une seule personne. Surtout qu’en ce qui me concerne, j’ai des antécédents médicaux qui pourraient me fermer définitivement la porte de cette aventure.
Alors que d’autres ont déjà leur certificat médical…

Vous n’imaginez pas le nombre de messages que je reçois, de personnes qui me soutiennent, qui me remercient de leur apporter un peu de rêve, qui ont ressorti grâce à moi leur vieux télescope d’enfance du fin fond d’un grenier, qui veulent déjà que je sois l’ambassadrice française sur Mars…
Et vous n’imaginez pas à quel point ça me touche. Et c’est justement parce que ça me touche que j’ai terriblement peur de décevoir.

Alors bien sûr, je n’ai rien demandé. Je n’ai sollicité aucun journaliste, j’ai juste accepté toutes les demandes qui m’étaient faites.
Mais plus j’étais sollicitée, plus je me suis mis la pression toute seule, et j’ai vraiment peur de décevoir en n’ayant pas ce certificat médical. Il y a vraiment un risque que je ne l’aie pas, et ça s’arrêtera là pour moi.

Alors en attendant d’avoir la réponse, s’il vous plaît : intéressez-vous aux autres candidats. Ne mettez pas trop d’espoirs en moi…

Et merci pour vos messages d’encouragements et de soutien, vraiment, vous n’imaginez pas à quel point ça fait chaud au cœur.

LA PERSONNALITÉ

Et donc du coup, pour donner l’exemple, je voudrais vous présenter Jacques Ferrari ! J’ai rencontré Jacques sur le plateau du Grand 8 sur D8 et c’était un vrai bonheur de ne pas être la seule candidate pour parler de Mars One.

Jacques a 25 ans, il est voltigeur équestre en équipe de France et coach sportif de profession.
Il habite à Saumur dans le Maine et Loire, et il est en train de monter un spectacle équestre qu’il va produire.

Et en plus, il est super sympa. Et on n’est pas très grands, certes, mais à côté d’une miss qui fait déjà 1m82 et qui rajoute 12cm de talons, on ressemble carrément à 2 hobbits.
Bref ! N’hésitez pas à aller lire son interview sur le site français de Mars One géré par une association, ainsi que les interviews des autres candidats.

LES IMAGES

Et puisqu’on parle de Mars, je ne peux pas m’empêcher de vous montrer les dernières images en date… Vous voyez, ça ? Ce sont les traces de roues de Curiosity vues de l’espace. C’est génial, quand même. J’adore. Les satellites la suivent littéralement à la trace.

Alors par contre, du point de vue des roues, c’est tout de suite un peu moins fun. Elles commencent à fatiguer et ça inquiète un peu les ingénieurs et les scientifiques…

En tout cas, Curiosity n’est pas seulement sur Mars, elle est aussi devenue un Lego ! Et j’en profite pour remercier Jean-Baptiste qui me l’a offerte, je n’aurai jamais assez de 12 podcasts pour le remercier encore et encore pour cet incroyable cadeau qui ne pouvait pas me faire plus plaisir.

Il est tellement bien fait, ce Lego, en plus ! C’est un vrai bonheur. Je crois qu’il est en rupture de stock et je ne connais pas son prix, mais en tout cas, vous ne serez pas déçu par le rendu si vous souhaitez vous l’offrir…

 

UN PEU DE LECTURE

Et terminons avec un peu de lecture… J’ai beaucoup aimé le manga Terra Formars, ou en tout cas son premier tome, qui raconte l’expédition d’une équipe de hors-la-loi sur la planète Mars dont la mission est d’éradiquer les cafards qui ont proliféré après une tentative de terraformation. Et évidemment, rien ne se passe comme prévu… C’est mon premier manga et même si c’est un peu trop gore à mon goût, j’ai hâte de lire la suite.

 

De la BD, ensuite… Ça s’appelle « Le complexe du chimpanzé », et s’il y a des scénaristes, des producteurs ou des réalisateurs qui m’écoutent, si vous voulez l’adapter au cinéma, je vous en conjure, laissez-moi passer une audition pour le premier rôle. Le pitch ? On est en 2035, et une capsule spatiale tombe soudain dans l’océan Indien. A l’intérieur, Neil Armstrong et Buzz Aldrin. C’est un peu fâcheux, parce qu’après vérification, c’est vraiment eux, mais avant qu’on puisse comprendre comment c’est possible, pouf, on les retrouve momifiés comme s’ils étaient morts à la date où ils sont vraiment morts. Comme c’est un peu curieux, tout ça, une mission lunaire est mise en place pour aller voir là-haut si on peut trouver la réponse à toutes ces bizarreries… Et c’est à la meilleure astronaute du moment, Hélène Freeman, qu’on confie cette mission.
C’est en trois tomes, je les ai dévorés. Les dessins sont de toute beauté, des fois on dirait de la peinture. Ça m’est arrivé de passer 5 minutes sur une vignette pour vraiment l’apprécier. Bon par contre, j’ai été hyper déçue par la fin. On aurait dit que l’éditeur était à la bourre et qu’il a appelé le mec en disant « eh oh, c’est bon Jojo, là, on va pas y passer 15 plombes, je veux les dernières planches pour demain ! » C’est vraiment l’impression que ça donne. Enfin vous me direz.

Et enfin, Nouvelle Vie et autres récits de Pierre Bordage, ce sont 5 nouvelles de science-fiction comme je les aime, et en plus c’est pas cher parce que le livre coûte 3,80€.

Et voilà, c’est la fin de cet épisode numéro 35, merci à tous de l’avoir suivi et bienvenue à ceux qui me rejoignent dans cette aventure !… Je rappelle que vous pouvez suivre la page Facebook du blog, je suis également sur Twitter, et le plus beau cadeau que vous puissiez me faire si vous avez envie de me remercier pour ce travail que je fournis, c’est d’aller mettre plein d’étoiles sur iTunes et de m’y laisser un commentaire… ça me fait vraiment plaisir.

Et une fois n’est pas coutume, on se quitte en musique ! Le reportage sur le lancement de Gaïa que vous avez vu tout à l’heure a donc été filmé et monté par Anne-Sophie Drouet, qui est caméraman et monteuse le jour, et batteuse et chanteuse le reste du temps… Son nom de scène, c’est Phie, l’autre moitié d’Anne-So, et je mettrai tous les liens sur mon blog pour aller liker sa page Facebook et aller la voir en concert… Un immense merci à elle, et je vous laisse la découvrir… Prenez du temps pour être dans la Lune, faites des choses qui vous mettent des étoiles dans les yeux, et à très bientôt !…

[PODCAST] La folle histoire de l’Univers 34

Bonjour à tous ! Je suis Florence Porcel, community manager officielle de l’Univers, et je vous souhaite la bienvenue dans le 34ème épisode de ce podcast (également disponible sur iTunes) où je vais vous parler de Mars en noir et blanc et de Lune en couleurs, de Titan et de robot titanesque, des étoiles et de notre planète…

L’ÉVÈNEMENT
Et pour commencer, je vous rappelle l’événement de la semaine avec le lancement du télescope spatial européen Gaïa qui est prévu ce jeudi 19 décembre à 10h12 heure de Paris. Il décollera des environs de Kourou en Guyane dans un Soyouz, et pour ma part, je suivrai ce décollage en direct de l’Observatoire de Paris avec des gens qui ont travaillé sur ce projet – j’ai trop hâte.

Je rappelle que la mission de Gaïa sera de cartographier plus d’un milliard d’étoiles de notre galaxie, la Voie Lactée, pour constituer un atlas en 3D de la partie du ciel qu’elle observera.
Elle mesure plus de 2 tonnes pour 3,5 mètres de haut pour 10 mètres de diamètre, elle a été conçue par l’Agence Spatiale Européenne et construite par EADS-Astrium, elle est capable de mesurer l’épaisseur d’un cheveu à 1000 kilomètres, et pour pouvoir traiter les 100 Go de données qu’elle enverra chaque jour vers la Terre, le CNES a dû développer un système informatique basé sur la même technologie que Facebook à Toulouse qui possèdera 6000 cœurs de calcul… sachant qu’un ordinateur lambda en possède 8.

Pour faire court, c’est de la très très haute technologie, c’est made in Europe et made in France et je soupçonne ces 5 prochaines années d’être très très riches en découvertes excitantes.
Si vous voulez en savoir plus de manière ludique sur Gaïa, je vous conseille d’aller faire un tour sur l’excellente infographie d’Europe 1, c’est très complet et passionnant. Evidemment, je mettrai le lien dans le billet dédié à ce podcast sur mon blog…

LE BIDULE 2.0
Je vous ai mis des étoiles dans les yeux, et ben redescendons un peu sur Terre… Et je suis désolée d’avance mais c’est pas très glorieux. Le bidule 2.0 que je voudrais mettre en avant cette semaine s’appelle Images Of Change, c’est une appli de la NASA exclusivement pour iPad pour le moment, et elle consiste en une carte du monde où l’on peut cliquer sur des points géographiques précis pour en avoir un comparatif à des époques différentes et se rendre compte de l’évolution des paysages dus souvent au réchauffement climatique.
Bon, alors déjà, vous imaginez que le résultat n’est pas joli-joli… Mais ce n’est pas tout – et la suite est le comble du cynisme.

Je dois vous avouer que pour la première fois dans l’histoire de ce podcast, je vous parle de quelque chose que je n’ai pas expérimenté moi-même. Pourquoi ? Eh ben parce que mon iPad, figurez-vous, est un iPad 1, et qu’il ne peut accueillir que la 5ème version de son système d’exploitation. Or, l’appli dont je vous parle requiert la version n°6 ou 7… Je n’ai donc pas pu l’installer.

Mais attendez ! Ce n’est pas tout. Ce dimanche 15 décembre est sorti un rapport de « Stop the e-waste problem », littéralement « arrêter le problème des e-déchets », et je vous la fais courte : 48,9 millions de tonnes de déchets électriques et électroniques jetés dans le monde en 2012, et au rythme où vont les choses, en 2017 ce sera une file de camion de 40 tonnes sur 30 000 kilomètres, soit les ¾ de notre équateur, qui seront jetés. Je rappelle que les déchets électriques et électroniques contiennent des matériaux rares (et donc en voie de disparition) et des éléments dangereux pour la santé et pour l’environnement.

Et dans ce rapport chapeauté par l’ONU, des ONG, des gouvernements et des scientifiques – on peut pas faire mieux – et ben figurez-vous qu’il manque 2 choses essentielles : le recyclage et l’exportation.
Je traduis : l’ONU, les ONG, le gouvernement et les scientifiques NE SAVENT PAS où en est l’éventuel recyclage de 50 millions de tonnes de déchets toxiques pour la santé et pour l’environnement. MAIS PUTAIN MAIS C’EST QUOI LEUR PROBLEME AUX GENS QUI NOUS GOUVERNENT ????

Et il se trouve que j’ai dit tout ça en plus poli sur France Inter lundi, et qu’en fin de chronique, j’ai donné quelques petits conseils de choses qu’on peut faire à l’échelle individuelle pour éviter d’être responsable de trop de ces déchets dont on ne sait pas s’ils sont recyclés. Et parmi ces conseils, j’ai suggéré de consommer moins, et notamment de ne pas se jeter sur le dernier modèle de smartphone qui sort alors que le précédent fonctionne encore parfaitement bien…
Et aujourd’hui, 2 jours après, je ne peux pas télécharger une application sur mon iPad 1 parce que la version de mon système d’exploitation est obsolète…

Alors… Il est beau mon comble du cynisme, hein ?

Mais je préviens tout de suite : il est HORS de question que je change d’iPad parce qu’il fonctionne encore parfaitement bien. Et si j’ai finalement parlé de cette appli que je n’ai pas pu tester moi-même, c’était aussi pour pointer du doigt ce problème des déchets électriques et électroniques et le scandale du manque de données concernant le recyclage et l’exportation de ces déchets. Et pour conclure sur ça, voici cette image qui vaut tous les coups de gueule du monde : « Du point de vue de notre planète, il n’y a pas de poubelles à aller jeter dehors. Parce qu’il n’y a PAS de dehors. »

LA DATE
Bon… Pour me pardonner d’avoir plombé l’ambiance, je vais vous envoyer un peu de rêve avec la date de la semaine, qui est historique…
Le samedi 14 décembre après-midi, la Chine s’est posée pour la première fois sur la Lune… Le Lapin de Jade a aluni sans aucun problème à l’intérieur de la sonde Chang-e 3 et a ensuite descendu la rampe pour aller laisser ses premières traces dans le régolite lunaire… C’était très, très émouvant d’avoir des images en direct – et en couleurs ! de la Lune – car je fais partie des générations qui n’ont vu aucun alunissage de quoi que ce soit…
Le petit rover se trouve donc dans la baie des arcs-en-ciel, côté visible, donc si vous levez le nez ces 3 prochains mois, sachez que quelque chose est en mouvement sur notre astre sans vie…

LES TWEETS
Enfin sans vie, sans vie, c’est vite dit : la Lune elle-même s’est exprimée à ce sujet sur Twitter, et elle a l’air plus que ravie d’avoir de la visite. On la comprend, depuis le temps qu’elle attendait ça ! Ça faisait donc 37 ans – 37 ans ! – que rien ne s’était posé à sa surface…

 

LA CULTURE
C’est vrai que la Lune est passée au second plan ces dernières années à cause de Mars… Mais en ce mois de décembre 2013, si nous avons enfin des images en couleurs en direct de la Lune, voici un livre magnifique qui regroupe des photos… en noir et blanc de Mars !
Comme on connaît les vraies couleurs de la planète rouge, je vous avoue que c’est un peu frustrant pour moi de voir ces images si belles en noir et blanc. Mais il faut bien avouer que cet ouvrage est une merveille. Une vraie merveille. Je l’ai vu en vrai puisqu’on avait reçu l’éditeur et Francis Rocard, du CNES, à la Tête au Carré pour en parler, et les photos sont fascinantes et toutes plus belles les unes que les autres.
Par contre, il faut mettre le prix : il coûte 80 euros. Cela dit, comme il pèse 2 kilos, il peut aussi vous servir d’haltère. En tout cas c’est une belle idée de cadeau de Noël pour personne fortunée, et je ne manque pas une occasion d’aller le feuilleter à la FNAC quand j’y passe…

Mars, une exploration photographique from editions xavier barral on Vimeo.

L’INFO
Après les étoiles, la Terre, la Lune et Mars, continuons notre voyage dans le système solaire avec un petit tour du côté d’Europe, une des lunes de Jupiter, et les nouvelles sont excitantes.
Déjà, Hubble a détecté pour la première fois des panaches de vapeur d’eau de 200km de haut, comme on peut le voir sur ces images d’artiste reconstituées d’après les vraies données. Mais surtout…

Surtout, ce que vous pouvez deviner sur la région en fausse couleur, c’est un cratère d’impact. Vous voyez ? Le bleu dessine clairement le demi-contour d’un cratère… Eh ben ce bleu, ce serait de l’argile qui viendrait des restes d’une comète ou d’un astéroïde qui se serait écrasé sur Europe. Or, les minéraux argileux des comètes et des astéroïdes contiennent dans la plupart des cas des matériaux organiques – ou pour résumer grossièrement, les briques de la vie.

Moi qui décrivais d’hypothétiques méduses dans les océans souterrains des lunes du système solaire extérieur dans les premiers épisodes de ce podcast, on va peut-être bien finir par y découvrir quelque chose… En tout cas, à suivre, mais Europe est de plus en plus fascinante et les projets d’exploration mis en stand-by parce que trop chers pourraient peut-être ressortir…

L’IMAGE
Et justement, toujours du côté des lunes, mais un peu plus loin dans le système solaire extérieur, faisons un petit tour sur Titan… Cette simulation recréée en images les données de la sonde Cassini, qui se trouve dans le système de Saturne, qu’elle a pu nous envoyer après de nombreux survols de ce satellite qui est le seul astre du système solaire avec la Terre à présenter des étendues liquides à sa surface. Mais ce n’est pas de l’eau même si c’est représenté en bleu puisqu’il fait -180 degrés en moyenne, c’est principalement du méthane.

Je rappelle que le sol de Titan est le plus lointain sur lequel on se soit posé puisqu’il se trouve à 1,5 milliards de km de nous environ, c’était le 14 janvier 2005 et c’était Huygens, une sonde européenne…

LA PERSONNALITE
Et pour finir, la personnalité de la semaine… Ce n’est pas une vraie personne puisqu’il s’agit d’un robot, mais elle s’appelle Valkyrie et je l’aime déjà… Je dis « elle » parce que sa morphologie ressemble à celle d’une femme comme on peut le voir ici.

Elle mesure 1m90, pèse 125 kilos et elle fait partie des 17 robots retenus pour concourir au Darpa Robotics Challenge qui se déroulera le 20 et 21 décembre prochain en Floride. Le but de ce concours est de créer des robots terrestres capables d’assister ou de remplacer des humains pour des tâches à réaliser dans des environnements dangereux ou dégradés – en cas de catastrophe naturelle ou chimique, par exemple.

Mais les équipes de la NASA qui développent Val l’imaginent plutôt en éclaireur sur Mars en vue de préparer l’arrivée d’astronautes et de les aider à construire des modules d’habitation ou d’autre chose.
Vous m’en mettrez une de côté, s’il vous plaît, je vous dis que je l’aime déjà.

Bon !… En attendant, on n’a toujours pas de nouvelles pour le 2ème tour de Mars One, on est tous tendus comme des strings – mais plus que 14 jours à patienter, au pire, avant d’avoir la réponse.

C’est donc la fin de ce 34ème épisode de « La folle histoire de l’Univers », merci d’être toujours plus nombreux à le regarder, ça me fait très, très plaisir…
N’hésitez pas à mettre plein d’étoiles sur iTunes et surtout un commentaire, c’est ce que vous pouvez m’offrir de plus chouette.

Je ne veux pas terminer sur des images figées, alors voici une vidéo accélérée, puisqu’il s’agit de la Lune qui tourne autour de la Terre vue par la sonde Juno en octobre dernier… Images historiques là aussi puisque c’est la première fois que ce spectacle est filmé.

Je tiens à remercier chaleureusement Manuel et Stéphane qui m’ont offert de drôlement beaux cadeaux, j’aurai sans doute l’occasion d’y revenir dans la rubrique culture.

Et dans le prochain épisode, je vous réserve quelques surprises… Prenez du temps pour être dans la Lune, faites des choses qui vous mettent des étoiles dans les yeux, passez d’excellentes fêtes de fin d’année, et à très bientôt !…

[PODCAST] La folle histoire de l’Univers 33

Bonjour à tous ! Je suis Florence Porcel, community manager officielle de l’Univers, et je vous souhaite la bienvenue dans le 33ème épisode de ce podcast (également disponible sur iTunes) où je vais vous parler de la comète ISON, de Saturne, de l’ISS, d’une BD à offrir, de Mars, d’anecdotes sur Gravity et de jeu-concours de Lego de l’espace…

 

Commençons par un anniversaire puisque le 1er novembre dernier, le télescope d’Arecibo a fêté ses 50 ans ! Le télescope d’Arecibo, c’est d’abord cette incroyable construction qui est à la fois une prouesse technologique et un magnifique exemple d’artefact qui utilise la nature avec intelligence, puisqu’il a été construit sur une cavité naturelle.

Et ce n’est pas un télescope qui voit les choses grâces à la lumière, lui il utilise les ondes radio – c’est ce qu’on appelle donc un radiotélescope, et c’est le plus grand télescope simple du monde.
Quelques chiffres pour s’en rendre compte : son antenne est la plus grande antenne convergente incurvée jamais construite avec un diamètre de 305 mètres et une surface composée de 38 778 panneaux d’aluminium. Il a fallu 3 ans pour construire, le tout, quand même !

Et à la base, il n’a pas du tout été conçu pour écouter l’espace mais pour étudier la ionosphère, c’est à dire la partie supérieure de notre atmosphère ! Et puis en fait, les scientifiques se sont rendus compte qu’il était tellement puissant qu’ils ont très vite élargi leurs champs de recherche.
Du coup, Arecibo étudie quand même la ionosphère, il regarde des astéroïdes, il a découvert des choses à propos de Vénus et de Mercure, il trouve des pulsars, ce qui a valu un prix Nobel aux deux scientifiques qui travaillaient sur ce sujet, il file des petits coups de pouce à la NASA, et ses données sont celles qui servent au projet Seti@Home qui consiste à utiliser l’ordinateur des personnes qui le souhaitent pour augmenter la puissance de calcul de SETI pour trouver un signal radio extraterrestre.

Et il a joué dans de nombreuses fictions, d’ailleurs : vous l’avez sûrement vu dans le James Bond « Goldeneye », dans la série « X-Files », dans le jeu « Battlefield 4 » ou bien sûr dans le film « Contact » où le personnage de Jodie Foster est inspiré de Jill Tarter qui a dirigé l’institut SETI pendant des années.
Et d’ailleurs Arecibo ne fait pas que recevoir des ondes radio puisqu’il a à son tour envoyé un message destiné à une éventuelle civilisation intelligente qui se trouverait dans l’amas M13. Mais comme il est situé à 25 000 années-lumière et que le message est parti en 1974, on n’est pas près de recevoir une réponse, c’est moi qui vous le dis.

 

Ah !… La vie ailleurs… Eternelle question qui n’est toujours pas résolue. Cependant, on a quand même fait un sacré bond en avant quand Curiosity nous a confirmé que Mars avait bel et bien été habitable. Habitée on n’en sait rien, mais habitable oui. Et ce que vous voyez là, c’est une reconstitution de Mars il y a 4 milliards d’années…

 

En tout cas, je ne sais plus trop bien si on cherche de la vie ailleurs juste par curiosité ou parce qu’on commence à en avoir ras-le-bol de la nature humaine… et ce tweet de Astronomy Blog l’illustre très bien.

 

Il dit : « Si jamais je devais expliquer à une force extraterrestre sur le point de nous envahir pourquoi ils devraient épargner l’humanité, j’espère que ça n’arrivera pas juste après avoir lu des commentaires sur Internet. »

Et c’est tellement vrai… Internet est la plus merveilleuse chose qui soit arrivée ces derniers temps à l’humanité, mais c’est aussi là que personnellement, je perds complètement foi en elle assez régulièrement. (Oui, parce qu’en vrai je suis une éternelle optimiste et je reste persuadée qu’on est capable de trop belles choses pour être foncièrement mauvais, mais bon… régulièrement, je me prends de jolies baffes dans la gueule quand même.)

Mais là où c’est vraiment grave – parce que mes états d’âme personnels, on s’en fout un peu – c’est qu’un journal américain historique comme Popscience, qui existe depuis 141 ans, ce qui est considérable par rapport à l’histoire des Etats-Unis – eh ben ce média a décidé de purement et simplement fermer les commentaires sous ses articles.

La directrice des contenus, Suzanne LaBarre, a expliqué que les commentaires étaient « mauvais pour la science ». Quand elle développe, ça donne ça, je la cite : « Les personnes qui publient des commentaires forgent l’opinion publique, l’opinion publique forge la politique publique, la politique publique forge comment, si et quoi la recherche va être financée, vous commencez à comprendre pourquoi nous nous sentons obligés de désactiver ces commentaires. »

Je n’arrive pas à savoir si cette solution extrême est bonne ou pas, mais en tout cas, il faut bien avouer que cet argument-là se tient. Parce que je suis quand même tombée récemment sur quelqu’un dans des commentaires qui te soutient mordicus qu’on nous ment qu’on n’est jamais allé dans l’espace et que la Terre est plate… Donc quand tu lis ça, ben oui, t’as juste envie de pleurer.

En tout cas si vous aviez encore un doute sur ces questions, je peux vous l’assurer : bien sûr que si nous sommes allés dans l’espace, et même qu’on y est en permanence depuis 13 ans, et même qu’on y emmène des objets, dis donc ! Et pour le coup c’est une première historique, la torche olympique a fait un petit séjour dans l’espace, accompagnée par deux astronautes russes en sortie extravéhiculaire le 10 novembre dernier…

 

Et 10 jours plus tard, le 20 novembre, on fêtait les 15 ans de l’ISS ! 15 ans ! 15 ans pour mettre en place le plus grand artefact jamais construit dans l’espace. Et cette vidéo montre à quel point c’est un exploit scientifique, technique et humain, une sorte de Lego spatial construit dans les 3 dimensions de l’espace par 6 agences spatiales représentant 16 pays qui, en plus ! n’utilisent pas les mêmes normes.

 

Longue de 110 mètres, large de 74 mètres, haute de 30 mètres, 400 tonnes et 400m3 habitables, 2500 m2 de panneaux solaires pour un coût total estimé à 115 milliards de dollars…
Des équipes de 3 se relayent tous les 6 mois, on en est à la 38ème, 1500 expériences scientifiques y ont été réalisées en médecine, physiologie humaine, biologie, physique, sciences de la terre, haute-technologie…

Tout ça à 400 kilomètres au-dessus de nos têtes à la vitesse de 28000km/h, ce qui est plus rapide qu’une balle de revolver, et je vous rappelle qu’il existe une appli permettant de savoir quand exactement elle passe au-dessus de nos têtes. Et j’ai passé mon été à la regarder passer, c’est assez magique. Il s’agit de ISS Spotter pour les iPhones et ISS Detector pour Android.

Et plus magique encore, c’est que non seulement on peut la regarder passer, mais elle nous observe également… La preuve avec ces photos de la Terre prises par de nombreux astronautes à bord…

La pointe de la Floride vue de l'ISS

Elle est belle notre planète, hein… couverte d’océans… Elle est d’autant plus belle qu’elle est unique – dans l’état actuel de nos connaissances – et nos océans avec. Nos océans surtout, qui contiennent à eux seuls des centaines de milliers d’espèces et où seulement 1% des espèces des océans profonds a été échantillonnée. Donc non seulement tout ça est unique mais en plus on est loin de tout connaître et de tout savoir.

Et il se trouve qu’il y a une sorte de pêche qui racle ces fonds marins en détruisant tout sur leur passage, donc 99% d’espèces qu’on ne connaît pas, et dans le pourcent restant, des coraux âgés de 4000 ans et des tas d’espèces dont le cycle de reproduction est très lent et qui risque donc de disparaître très très vite.

Je vous la fais courte parce qu’on s’éloigne des sciences de l’univers et de l’exploration spatiale, mais le chalutage profond est 3000 fois plus destructif que n’importe quelle activité marine humaine, y compris l’extraction de gaz ou de pétrole ; qu’il y a 11 navires en Europe qui utilisent cette technique donc 9 sont français ; que cette pêche est uniquement financée par des subventions – et donc par nos impôts – qu’en plus elle est déficitaire et qu’elle ne représente qu’une portion congrue des emplois marins français !

Pénélope Bagieu en a fait un post sur son blog, ce sont ces illustrations que j’utilise depuis tout à l’heure, et il ne reste que quelques jours avant qu’une loi ne puisse être votée au Parlement Européen pour interdire ce genre de pratique. Donc il n’est pas trop tard pour signer la pétition, il reste quelques jours pour rejoindre les plus de 600 000 personnes qui ont signé.
J’ai signé, bien sûr, parce que je pars du principe qu’en signant, je sauve un peu le monde. Voilà.

Après ce petit intermède, revenons à des choses moins terre à terre…

La comète ISON photographiée par Damian Peach

Elle est belle, hein.
Enfin elle était, parce que cette facétieuse comète ISON ne ressemble plus du tout à ça depuis le 28 novembre où elle est passée au plus près du Soleil.
Mais avant ça, regardez… Ce gif extraordinaire où on la voit, d’ailleurs il y a 2 comètes sur cette image, ISON étant celle en bas de l’image, dans son approche du soleil…

On voit très bien comment le vent solaire influence les queues des comètes, à des vitesses évidemment très accélérées, mais quand même… Moi je n’ai pas pu m’empêcher de penser à des spermatozoïdes et de voir les planètes comme des ovules. Ce n’est pas une comparaison si triviale quand on sait que la théorie de la panspermie, qui pense que ce sont les comètes qui ont apporté l’eau des océans et les premières briques de la vie sur Terre, est de plus en plus admise. Voilà. C’était pour la digression un peu philosophique du jour…

Pour en revenir à ISON, elle a donc frôlé le soleil le 28 novembre dernier, et comme elle est composée de glace, on s’inquiétait pour elle… Elle nous a d’ailleurs fait une sacrée farce en disparaissant complètement des radars pendant plusieurs heures… avant de réapparaître, certes diminuée, mais bel et bien là ! Cependant, il semble que plus rien ne subsiste d’elle à l’heure où j’écris ces lignes… On n’aura pas le spectacle incroyable promis pour Noël. Tant pis !

En parlant de Noël ! Vous êtes sûrement en pleine course aux cadeaux, alors si vous manquez d’idées pour un enfant ou un ado – ou même pour un adulte, d’ailleurs !, je vous conseille cette BD, « L’Europe dans l’espace », ou l’exploration spatiale côté ESA est racontée de différentes façons.

Déjà par le personnage de Tania, une astronaute, dans une BD en 2 parties où elle doit faire face à des terroristes qui veulent qu’elle emmène des diamants jusque dans la station MIR. Et une troisième BD, inédite, où elle doit aller secourir des astronautes sur la Lune.
C’est amusant, c’est frais, et surtout c’est super bien documenté. Les bâtiments existants sont les mêmes, les procédures sont respectées, bref… c’est un peu Gravity en BD – en plus légers, moins solitaire et surtout moins catastrophique.
Et entre les BD, l’histoire de l’exploration spatiale est racontée avec du texte, des photos d’archives, des explications, des images magnifiques, des schémas…

Bref, c’est un très beau cadeau de Noël à offrir pour tous ceux qui s’intéressent à tout ça, à partir de 8-9 ans. Il fait 176 pages, il coûte 25 euros, et il est préfacé par Jean-François Clervoy et Claudie Haigneré, entre autres…

En parlant de gens du spatial qui s’impliquent dans des livres… Voici la personnalité que j’ai envie de mettre en avant dans cet épisode. Il fait partie de la liste très sélect de mes héros, il s’appelle Sébastien Rouquette, il est docteur en planétologie – déjà rien que ça il me vend du rêve sur 12 générations d’immortels – mais en plus il est passé à ça d’entrer dans le corps des astronautes de l’ESA, il est entré au CNES en tant que médiateur spatial, il s’est occupé de la sélection des expériences éducatives des vols paraboliques, il a travaillé à la conception de satellites d’astrophysique, et il est désormais responsable des vols paraboliques.

J’ai d’ailleurs volé avec lui lors de mon expérience zéro-g – voilà, il est là en bleu à l’arrière-plan en milieu de l’image et c’est lui qui nous dit d’arrêter de lutter et d’y aller tranquille. Et ne me demandez pas comment il fait pour rester debout, je n’en ai aucune idée ! Ce garçon n’est pas humain.

Bon. Et en plus, il dit des choses géniales que je vais encadrer chez moi, du genre ça :

« On entend souvent des commentaires « le spatial ça coûte cher »… C’est faux. C’est environ 10€ par français et par an, 0,1% de l’évasion fiscale.
1 euros investi dans le spatial rapporte même 19€ à l’économie de notre pays. C’est énorme !
C’est très bien mais cela n’est qu’une partie du « bénéfice ». Le plus important à mes yeux, n’est pas ce qui brille, ce qui est monnayable. Non, la vérité est ailleurs. On vit dans un monde où l’humain doit être pesé, mesuré, évalué, chiffré, rentabilisé ! Et je pense que c’est une erreur. Ce qui fait le bénéfice maximal c’est la connaissance. La science est à préserver de même que la musique, le théâtre, la littérature,… L’expression scientifique est le 10e art !
La connaissance est à prendre au premier degré. Elle nous éveille à ce que nous sommes. Un peu comme lorsque les premiers satellites nous ont renvoyé l’image de la Terre, notre propre place dans l’Univers. Mais bien sûr, il a aussi la connaissance qui nous permettra d’acquérir de nouvelles compétences. On n’en a pas toujours conscience, la recherche fondamentale pose les jalons des inventions majeures de demain.
Juste un exemple, on imaginait dans les années 70 que l’apport de l’espace se ferait en particulier dans le domaine des communications. Aujourd’hui c’est plus dans le domaine de l’environnement que le spatial est une pierre angulaire, par la vision globale est précise qu’il rapporte de notre monde.
C’est finalement pour cela qu’on intente souvent des procès aux sciences en les accusant du mal qu’elles combattent. En vérité, elles rendent l’homme meilleur et plus malin. Tout ce qu’il faut pour ne pas être un agneau victime des systèmes et des dogmes.
Je suis heureux et fier de contribuer à cet élan humaniste. »

Voilà. C’est un extrait d’une longue interview que j’ai mise en ligne sur mon blog. C’est un homme passionnant, je vous invite vraiment à la lire.
Et d’ailleurs dans cette interview, je lui ai demandé comment on pouvait devenir monsieur en orange qui rattrape littéralement les gens au vol – parce qu’on ne sait jamais, hein, je pense à une reconversion – et ça a inspiré ce dessin absolument génial à la blogueuse dessinatrice AnneKa, que je remercie chaleureusement et qui illustrera peut-être régulièrement des sujets abordés dans ce podcast.

Dessin : AnneKa.

En attendant, vous pouvez aller voir ce qu’elle fait sur anneka.fr, c’est très chouette ! Et une version humoristique de ce dessin est en ligne sur mon blog, dans le billet dédié à ce podcast…

Dessin : AnneKa.

En tout cas il devrait y avoir des milliers de Sébastien Rouquette, et sachez qu’il a également sorti 2 livres pour les enfants, sans doute parce qu’il en a quatre : « Le papillon et la Lune » et « Mon premier atlas du ciel et de l’espace« .

Prenons un peu de distance avec un autre bidule connecté !… Un site qui s’appelle chromoscope.net propose de regarder la Voie Lactée, notre galaxie, dans toutes les longueurs d’onde, des rayons X aux ondes radio. Et c’est fou comme ça change et qu’on n’y voit jamais la même chose.

Ça permet aussi de rappeler que les sens humains sont limités. Rien que sur Terre, déjà, des animaux ont par exemple une ouïe beaucoup plus fine que la nôtre, ou entendent dans d’autres fréquences. On a un sens de l’odorat extrêmement peu développé et notre vue, donc, est limitée au visible – ce qui est une tautologie, je vous l’accorde – d’où notre besoin de fabriquer des instruments qui voient pour nous dans d’autres longueurs d’onde.

Alors imaginez… imaginez qu’une autre espèce intelligente existe, qu’elle soit dotée d’une vue, mais qu’elle ne puisse voir que dans les micro-ondes. Vous voyez la différence entre notre vision du monde et la leur ? Ça n’a rien à voir – sans mauvais jeu de mot. Alors on risque pas de se comprendre, donc de s’entendre, donc de se respecter.
Déjà qu’on y arrive pas ici, au sein de la même espèce vivant sur la même planète, parfois même dans le même pays, parfois même dans le même immeuble… Alors un alien, hein. Comment dire. C’est pas gagné.

Voilà. Non rien, en fait c’était juste comme ça.

Mais justement, tiens, restons dans le bidule connecté et l’humain… Je ne sais pas si vous savez, mais 2013 est l’année des mathématiques de la planète Terre. Pour l’occasion, Tasse de Sciences propose une série de vidéos sur ce thème illustrées par Aurélie Bordenave, qui illustre déjà les semaines dessinées de « La tête au carré » pour France Inter.
Je vous fais cadeau du 4ème épisode sur 5, c’est du génie.

 

(Et à propos de mathématiques, courez voir le docu « Comment j’ai détesté les maths » au ciné !!)

Bon, mais quand même, malgré nos désaccords, nous vivons tous sur une même planète. Qui, je le rappelle, est unique en son genre. Et des fois, on organise des trucs à l’échelle internationale qui mobilisent tout le monde… C’est pas souvent, ce sont souvent des évènements sportifs… mais des fois, c’est lié à l’espace. Et récemment, je vous en avais longuement parlé lors de l’épisode 31, les êtres humains tout autour du globe avait fait signe au même moment en direction de Saturne parce qu’on savait qu’une photo allait être prise de là-bas, par Cassini, à ce moment-là.
Et d’autres clichés viennent d’arriver… Le temps de traiter les données, de reconstituer les images, etc etc…
Voici donc Saturne.

C’est une vraie photo. Ce sont les vraies couleurs. Et nous sommes dessus. Vous ne vous voyez pas ?…
Alors voici la même photo légendée.

Truc de ouf, hein… 🙂

Et c’est avec ce genre de photo qu’on se peut se rendre compte à quel point nous vivons sur un vaisseau spatial. Seuls les astronautes qui ont volé en ont profondément conscience, dans leur âme et dans leurs tripes, si j’ose dire, et c’est vraiment cette prise de conscience qui les change tous – en tout cas, tous ceux que j’ai pu rencontrer, lire ou écouter.
Et justement le mois dernier, j’ai été invitée à une séance privée de Gravity par l’association Women In Aerospace – Europe en compagnie justement de Jean-François Clervoy, astronaute, et de Tiffany Tavernier, scénariste. Ecoutez Jean-François Clervoy parler de la Terre vue de l’espace…

Il nous a aussi raconté que la première fois qu’il a vu le film, il a vraiment cru que les premières images, la réparation de Hubble et tout ça, étaient des images d’archives tellement c’était réaliste. Je rappelle qu’il a volé 3 fois, la dernière fois en 99 justement dans une mission de réparation de Hubble.
Il nous a raconté aussi que rien n’avait jamais été aussi catastrophique dans le film dans l’histoire des stations spatiales, mais que la station Mir a quand même eu chaud aux fesses…

Il nous a parlé aussi des deux autres grosses incohérences du film – tout en disant que c’était pas si grave, ça reste du cinéma, pas un documentaire – c’est qu’une combinaison spatiale, ça se retire pas comme ça, en général on s’y met à plusieurs, ça tient plus de l’armure que de la combinaison de mécano quand même, il y a notamment tout le circuit de refroidissement rempli d’eau pour rafraîchir quand on est côté soleil et réchauffer côté nuit, qui avait d’ailleurs été à l’origine de la fuite d’eau dans le casque de Luca Parmitano au mois de juillet.

Et deuxième grosse incohérence, physique cette fois-ci, c’est quand George Clooney est au bout du câble et que Sandra Bullock essaye de le rattraper. En vrai, il suffirait qu’elle le tire vers elle pour qu’il la rattrape. Et d’ailleurs, on le voit bien après quand elle tente de s’échapper de l’ISS en Soyouz, il est attaché à la station par son parachute, et elle a beau vouloir s’en aller, les câbles la ramènent tout le temps vers elle. Mais bon. Le scénario voulait que Clooney disparaisse, alors il s’est arrangé avec les lois de la physique.

Et d’ailleurs il n’y avait pas que Jean-François Clervoy à cette projection, il y avait aussi Tiffany Tavernier qui est scénariste et qui nous a donc parlé du scénario…

Voilà, donc si quelqu’un connaît Mathieu Kassovitz, dites-lui que je veux bien un rôle, hein !
Et Jean-François Clervoy nous a d’ailleurs apporté quelques précisions sur la préparation de Gravity. L’équipe a fait un vol parabolique dans l’avion de Novespace, mais pas Sandra Bullock. En fait elle a failli y passer dans le crash d’un jet privé il y a quelques années et depuis elle a peur, alors son staff avait demandé les CV de chaque personne à bord du zéro-g, leurs qualifications, leurs parcours, leurs heures de vol… Novespace a dit ok ben non, en fait, ça va pas être pas possible. Donc pas d’apesanteur pour Sandra Bullock, mais pour préparer son rôle, elle a quand même fait un Skype avec Cady Coleman qui était dans l’ISS à l’époque. Et c’est elle qui lui a dit que quand on se relâche complètement en apesanteur, on retrouve une position fœtale. Donc ce que vous voyez là c’est pas faux, mais pour l’avoir expérimenté moi-même, moi ce que j’ai constaté c’est que les bras s’envolent aussi, et avec les coudes écartés. Alors ça fait moins sexy que ça, c’est sûr, et moins fœtal, donc je pense que c’est pour ça qu’ils ont gardé cette position.

Vous avez dit symbole ?

Par contre, ce que je savais pas du tout, c’est que toutes les scènes d’apesanteur qu’il y a dans Apollo 13, c’est du vrai apesanteur ! Ils ont tourné tout ça dans un avion de la NASA, 12 minutes en tout je crois, j’imagine même pas le nombre de paraboles de 20 secondes que ça fait. Oh, 36, remarque, mais je crois qu’il a fallu 3 fois plus de prises pour que ce soit dans la boîte. Et Jean-François Clervoy nous a dit aussi que du coup, le vomi dans Apollo 13, c’est du vrai vomi – ce qui me rassure, je me sens vachement moins seule, du coup !

Cela dit la NASA n’a pas été consultante sur Gravity – en revanche elle a donné accès à toute la documentation qui était demandée. Mais elle l’avait été sur Armageddon et Space Cowboys, et d’ailleurs Jean-François Clervoy nous a raconté qu’en sortant d’un exercice de simulation, il avait croisé Clint Eastwood qui était là pour préparer son rôle ! Ah on croise de tout, à la NASA, hein…

Et il nous dit deux autres choses à propos du film également, c’est que en vrai les stations ne sont pas sur la même orbite, alors que dans le film si mais que ce n’est pas si grave parce que ça pourrait arriver ; et que la scène que j’ai trouvée un peu ridicule où elle se propulse vers la station chinoise à l’aide d’un extincteur n’est pas si ridicule puisque le premier américain dans l’espace avait le même système pour se déplacer, une sorte de pistolet à gaz. Donc comme quoi, hein…

Et ensuite, la conversation a porté sur les femmes dans l’espace, puisque c’est la raison d’être de l’association, et j’ai appris qu’il y avait une femme dans l’équipage de la mission qui avait mis Hubble en orbite en 1990 ; et que ben homme ou femme, c’est la même chose, aucune différence n’est faite. Chacun a un rôle bien défini, un poste, chacun sait ce qu’il a à faire et… voilà. C’est tout. Juste que quand il n’y a qu’une femme dans l’ISS parmi un équipage majoritairement masculin, les américaines ont un quart d’heure d’intimité matin et soir derrière un rideau pour se changer – alors que la russe, elle s’en fout complètement.

Voilà ! En tout cas si vous voulez rejoindre l’association Women In Aerospace – Europe c’est ouvert à tous, hommes et femmes, travaillant ou pas dans l’aérospatial. Je mettrai tous les liens dans le billet dédié à ce podcast sur mon blog.

Et pour finir, je vous informe le magazine Ciel et Espace organise un grand jeu en partenariat avec Lego, l’ESA, le CNES, Universciences et plein d’autres… Il y a 3 catégories, enfants ado et adultes, et le but du jeu est de proposer une maquette en Lego la plus fidèle possible de Philae, l’atterrisseur de la sonde Rosetta actuellement en route vers une comète et qui devra se poser dessus.

Y a des sacrés cadeaux à gagner, comme des Lego de l’espace évidemment, mais aussi des abonnements, des maquettes d’Ariane 5, des livres, et le 1er prix catégorie adulte, c’est rien d’autre qu’un séjour au centre de contrôle de l’ESA à Darmstadt en Allemagne pour assister en direct à l’atterrissage de Philae sur une comète qui se trouve euh… très loin.
Un truc de ouf, quand même. Tout est expliqué dans le dernier numéro de Ciel et Espace – un abonnement à ce magazine est aussi une très bonne idée de cadeau de noël, quand j’y pense – et sur leur site internet.

Et c’est la fin de cet épisode 33, merci à tous de continuer à suivre ce podcast malgré le rythme beaucoup moins soutenu qu’il a pris, et sachez que la meilleure manière de me dire que vous l’appréciez, c’est de lui mettre une note sur iTunes et surtout de me laisser un petit commentaire… Ça me fait super plaisir.
Entre 2 podcasts, vous pouvez m’écouter tous les lundis et les jeudis sur France Inter dans « La tête au carré » à 14h45, je suis sur Twitter, vous pouvez liker la page de mon blog où je relaye non seulement mes billets mais aussi quand il y a des live de décollage de fusée, par exemple ; et j’espère qu’au prochain épisode, je pourrai vous dire si oui ou non je passe au second tour dans la sélection des astronautes qui iront s’installer définitivement sur Mars…

Prenez du temps pour être dans la Lune, faites des choses qui vous mettent des étoiles dans les yeux, et à très bientôt !…

[MARS ONE] 5 questions débiles à propos de Mars One (5 dumb questions about Mars One)

Non, ne commencez pas à me troller, il ne s’agit ni de « Est-ce bien sérieux tout ça ? » et encore moins de « Tu veux vraiment y aller ? ». Les réponses sont oui. Bien. Voici maintenant mes 5 questions débiles…
Don’t even think about trolling me, it is not about « Are they serious ? » and even less about « Do you really want to go ? » : both answers are yes. Ok. Now, here are my 5 dumb questions…

1 – Est-ce possible de construire une horloge de 24 heures et 39 minutes ?
1 – Is it possible to build a clock for 24 hours et 39 minutes ?

Quand on n’a que des heures pleines dans une journée, c’est quand même bien commode pour les horloges avec des aiguilles. Comme si on avait fait exprès, dis donc. Nul doute que si nous étions apparus sur Mars, on se serait arrangés avec la longueur d’une minute ou le nombre de minutes dans une heure pour que ça fasse des tours complets entiers à la fin d’une journée.
When there are only full hours in one day, it is easier for clocks with hands – as if we made it in purpose. There is no doubt that if we were from Mars, we would have extended the lenght of one minute or the number of minutes in one hour to get a full perimeter at the end of one day.

Mais nous venons de la Terre et nous avons calqué sur Mars notre propre temporalité. Le jour martien ne fait donc pas un jour martien mais un virgule quelques poussières de jours terriens. Ça fonctionne très bien pour l’instant puisqu’aucun être humain muni d’une horloge ne vit sur place, et ça ne semble pas gêner les scientifiques qui travaillent avec Curiosity à l’heure martienne qui se décalent donc de 39 minutes tous les jours terrestres.
But we are from Earth and we put on Mars our own model of time. One day on Mars is not one day on Mars but one point or so day on Earth. It works well for the moment as no human beings with a clock with hands lives there, and it doesn’t seem to bother the scientists who work with Curiosity in a Martian time even though they move forward 39 minutes each day on Earth.

Mais quand on sera là-bas, ce sera pour nous y installer. Et au-delà de la question curieuse de l’aiguille qui devra ignorer 21 minutes de la 24ème heure de notre journée, se posera la question du temps martien pour nous, habitants de Mars. Nous ne serons plus jamais Terriens et ça n’aura pas vraiment de sens de continuer à nous calquer sur une temporalité extérieure à notre nouvelle planète : quand on change de pays, on s’adapte au fuseau horaire dans lequel se trouve ce pays, on ne reste pas éternellement à l’heure de notre pays d’origine.
But when we are there, we will settle down et never go back. Even if the hand of a clock ignoring 21 minutes each 24th hour of our day is dumb and funny, the Martian time will become real grounds for thought as we will become settlers of Mars. We will never be earthlings anymore and it won’t make any sense to go on using an external temporality : when people move in another country, they get used to the new country’s time zone, they don’t keep their country of origin’s time zone forever.

Il y aura donc 3 solutions. La première, c’est de changer la durée de la seconde – mais si on veut continuer à communiquer correctement, je crois qu’il faut quand même garder des bases communes, d’autant plus que toute la technologie est basée sur cette valeur et que le temps, c’est de l’espace (évitons les déconvenues martiennes passées à base de malentendu système métrique/système impérial).
There will be 3 solutions. The first one is to change the length of one second – but we want to communicate easily, it would be safer to keep shared basis for all our technology is based on this value. And time is space – let’s avoid this old martian mistake about a misunderstanding between miles and kilometers…

La deuxième solution serait de partager équitablement les 39 minutes de trop dans les 24 heures que durent une journée terrestre pour que le compte soit bon. Oui mais voilà, il ne faut pas être Einstein pour voir que comme ça, ça ne va pas donner des chiffres ronds, et donc que ça ne fonctionnera pas. Donc on oublie.
Second solution : the 39 minutes left are shared into the 24 hours of the earthly day. But I don’t have to be Einstein to see that it won’t match at all. So let’s forget it.

La troisième solution sera d’adapter le temps à la planète et non pas de faire entrer la planète de force dans une temporalité préexistante – tout en gardant la seconde comme base. Il faudra que ça se prépare en amont, bien avant le départ du premier équipage, pour nous habituer à l’utiliser et pour organiser les futures journées et notre futur rythme. Ça me semble important autant d’un point de vue physiologique que psychologique.
Third solution : time would be adapted to the planet. We won’t try to put the planet into a temporality which already exists – but we will keep the second as a basis. It will have to be prepared long before the first crew leaves : we will need to get used to it and to schedule our future days and our future rhythm. It seems important to me from physiological and psychological points of view.

2 – Quand on étudiera la Terre, est-ce qu’on fera des exosciences ?
2 – When we study Earth, will we do exoscience ?

Certes, une exoplanète est une planète hors du système solaire. Mais il y a bien des exobiologistes qui travaillent sur Titan… Alors ? :p
Even though exoplanets are planets from another solar system than ours, there are some exobiologists who work on Titan… What do you think, then ? :p

3 – L’étoile polaire indiquera-t-elle le nord martien ?
3 – Will the polar star point out the Martian north ?

Les constellations ne devraient pas être différentes : déménager de la Terre à Mars n’est qu’un nano-saut de puce à l’échelle des distances des étoiles que l’on peut voir à l’oeil nu. Elles ne bougeront donc pas et on pourra donc se fier aux cartes du ciel terriennes, même anciennes (ce qui est un peu magique, quand on y pense).
Constellations shouldn’t be different : moving from Earth to Mars is only a nano-short hop at the scale of distances between stars we can see with naked eyes. They won’t move and we will be able to refer to sky maps from Earth, even if they are old (which is kind of magical if we think about it).

Mais si l’étoile Alpha Ursae Minoris est notre étoile polaire sur Terre, qui nous indique donc le Nord en toutes circonstances, aura-t-elle également le même rôle sur Mars ? Car si elle sera au même endroit dans le ciel, c’est l’inclinaison de la planète qui entre en compte dans ce cas-là…
But if Alpha Ursae Minoris is our polar star on Earth, which always points out to the north, will it be the polar star on Mars ? Even though it will stand at the same place in the sky, it’s the inclination of the planet which is important in that case…

Heureusement que Wikipédia m’indique que Sadr et Deneb devraient nous permettre de nous retrouver si on ne retrouve plus notre chemin jusqu’à nos bases.
Hopefully, Wikipedia just told me that Sadr and Deneb would indicate the Martian north if we are lost far away from our basement…

4 – Je voudrais savoir à quoi ressemble un son émis dans l’atmosphère martienne. Est-ce que ce sera possible ?
4 – I would like to know how a sound will sound like in the Martian atmosphere. Is it possible ?

On ne pourra pas être dehors sans combinaison spatiale. Mais j’aimerais beaucoup savoir comment un éventuel être humain adapté à Mars entendrait les sons dans cette atmosphère. Il faudrait sans doute sortir un haut-parleur et un enregistreur : diffuser une chanson et enregistrer ce que ça donne. Mais la technique rendra-t-elle de manière fidèle ce qu’entendrait une oreille humaine sans casque protecteur ?

There’s no way we go out without space suits. But I would really like to know how a human being adapted to Mars would hear sounds in this atmosphere. Maybe we would put a loudspeaker and a recorder outside, broadcast a song and record it. But will what we will hear from this recording be faithful to what could be heard outside without a helmet ?…

5 – De combien grandira-t-on en dix ans ?
5 – How taller will we get in ten years ?

L’apesanteur fait grandir : ça paraît logique puisqu’aucune force de gravité ne pèse sur nos épaules – les vertèbres se relâchent et se dilatent. Des astronautes sont revenus de leur séjour de 6 mois dans l’ISS en augmentant leur taille de 3% ! (Oui, ben si ça m’arrivait, je dépasserais le mètre 60, CE QUI N’EST PAS RIEN à mon échelle. Bien.) Évidemment, la gravité terrestre finit par les leur reprendre.
Astronauts get taller in microgravity : it sounds logical as far as no gravity force weighs on their shoulders – the vertebra expands and relaxes. When astronauts come back from 6 months in the ISS, they are 3% taller ! (If it happened to me, I would be over 1.6 meters, WHICH WOULD MEAN A LOT to me.) Obviously, terrestrial gravity cancels those few centimeters in a couple of months. 

Sur Mars, la gravité n’est pas de zéro comme dans l’espace mais elle est environ divisée par trois. Nous grandirons donc automatiquement, moins vite que dans l’espace, mais on grandira quand même. Mais à quel moment s’arrêtera-t-on de grandir ? Quel pourcentage de notre taille de base aurons-nous gagné ? Cela affectera uniquement notre colonne vertébrale ou bien d’autres parties de notre corps ? En tout cas, même si je ne prends que 3 centimètres, ce sera un petit pas pour l’Humanité, mais un grand pas pour moi.
On Mars, there is no zero gravity like in space, there is one-third of gravity. So, we will get taller, less quickly than in space, but we will. But when will we stop getting taller ? Which percentage of our normal height will we gain ? Will it affect only our vertebra or will other parts of our bodies be concerned ? Anyway, even if I take only 3 centimeters, it will be one small step for mankind, but one giant leap for me.

D’autres articles à propos de Mars One :
Other articles about Mars One :
10 bonnes raisons de m’installer sur Mars (10 good reasons to settle on Mars)
Dire non aux gravités (Say no to gravity and seriousness)
Mon premier équipage idéal (My perfect first crew)
Mourir sur Mars : et alors ? (Death on Mars : so what?)
Du recul pour penser l’humain (A global view to think about what being human means)
Ma candidature en ligne ! (I applied for Mars One !)
Téléréalité ou réalité à la télé ? (Reality show or reality on TV?)
Mon interview pour Civilisation 2.0
Mon apparition au 13-Heures de TF1

[PODCAST] La folle histoire de l’Univers 32

Bonjour à tous ! Je suis Florence Porcel, community manager officielle de l’Univers, et je vous souhaite la bienvenue dans le 32ème épisode de ce podcast (disponible également sur iTunes) où je vais vous parler de gravité à toutes les sauces – ou plutôt d’absence de gravité, d’une fusée qui fait du rewind, d’eau martienne, et d’une date historique dans l’histoire de l’humanité…

LE BIDULE 2.0
Mais commençons par le bidule 2.0… La comète ISON approche ! Il me semble que j’avais annoncé sa découverte par des scientifiques russes l’année dernière dans l’un des tous premiers épisodes de ce podcast, et si elle était encore très loin de nous, elle continue son petit bonhomme de chemin vers le soleil à la vitesse de 39 km/s à l’heure où je vous parle…
Elle a déjà croisé Mars, comme on peut le voir sur cette photo prise par la sonde MRO en orbite autour de la planète rouge ; on la voit beaucoup mieux ici, un peu plus tard – Mars est le point le plus brillant ; mais surtout, on peut suivre son avancée en temps réel sur ce site.
Et par exemple ça m’aide vachement à comprendre sa trajectoire dans le système solaire avec la position des planètes par rapport au soleil. Et quand on fait une simulation, on a l’impression qu’elle va se prendre toutes les planètes sur son chemin mais en fait non… C’est là qu’on se rend compte que purée, c’est un peu un miracle qu’on se prenne pas plus souvent des trucs costauds sur le coin du nez.

Autre bidule 2.0, c’est l’appli que vient de lancer le Palais de la Découverte et qui s’appelle « Echelles de taille ». Elle prend comme point de départ le Palais d’Antin, qui accueille le musée, et si on va vers la gauche on y trouve des objets ou des notions de plus en plus grandes, comme l’altitude de Hubble ou la distance du Soleil à Proxima du Centaure ; et si on va sur la droite on va vers l’infiniment petit, en passant par la fourmi ou les globules rouges.
On peut y trouver des infos supplémentaires à chaque fois, et c’est souvent relié à ce qu’on peut trouver dans le musée. En tout cas, on retrouve toutes les thématiques du lieu dans l’appli mais dans une forme originale : au lieu d’un bête plan du Palais de la Découverte, on peut vraiment se rendre compte des échelles de taille de tout ce qui nous entoure – et de ce qui nous compose…
Je pense que c’est très bien pour les enfants, en tout cas. L’appli est gratuite, et elle est dispo chez Apple et Android !

Et d’ailleurs, en parlant du Palais de la Découverte, il fait partie avec la Cité des Sciences du groupe Universcience, et si vous êtes parisiens et demandeurs d’emploi, sachez que le Pass valable 1 an pour un accès gratuit et illimité sur les 2 sites est à 15 euros ! Avec également l’accès gratuit aux planétariums, aux bibliothèques, des réductions pour la Géode, les boutiques et les restaurants, etc etc.
Voilà, moi je me suis offert ça et je m’en félicite. Sinon il est à 28 euros pour les moins de 25 ans et à 38 euros pour les plus de 25 ans, et il y a également un tarif à 80 euros pour un Pass famille. Evidemment, tous les renseignements seront en liens dans le billet dédié à ce podcast sur mon blog !
Et je tiens à préciser que je n’ai aucun lien avec Universciences – c’est juste qu’on a la chance, à Paris, d’avoir ces deux endroits magiques, et que ça me semblait important de dire qu’ils sont plus accessibles que je ne le pensais moi-même. Voilà !

LA DATE
Maintenant, je vais vous montrer un truc de ouf qui s’est passé le 7 octobre dernier. Tout commence de manière tout à fait naturelle, une fusée sur un pas de tir, bon, si vous suivez régulièrement ce podcast, vous en avez vu d’autres. Celle-ci s’appelle Grasshopper, ce qui veut dire sauterelle, et c’est une fusée made in SpaceX – vous savez, la boîte d’Elon Musk qui est devenue la première compagnie privée à faire du fret pour l’ISS ? Bon.
Le point de vue est déjà nouveau, puisque ce décollage est filmé d’un Hexacopter – qui est un modèle de drone. Donc déjà, visuellement, ça claque. Et là… et là on ne se rend pas forcément compte de grand-chose mais… arrivée à 744 mètres d’altitude – ce qui n’est pas énorme j’en conviens – là… la fusée redescend. ELLE REDESCEND. Tranquille mimile, à peine perturbée… Et bim. OKÉ. OKÉ. VOILÀ.
Encore un exploit technique pour Elon Musk, mon héros. Le but du jeu, c’est évidemment d’inventer une fusée réutilisable pour réduire les coûts, mais aussi l’impact environnemental, j’imagine, si cher au milliardaire. Ce prototype de fusée, nommé aussi VTVL pour Vertical Take-Off Vertical Landing, est une réussite. J’ai hâte de voir les essais suivants !

 

L’ÉVÈNEMENT
Mais en parlant d’engins spatiaux qui réalisent de grandes premières, voici l’événement et… et c’est là que je me rends compte que pfiou !… j’ai laissé passer un paquet de temps entre 2 épisodes de ce podcast, bon, hum.

A chaque fois qu’on annonçait que Voyager 1 quittait le système solaire, je vous en parlais avec un brin de sarcasme – je crois que c’est quand même arrivé 2 ou 3 fois en une saison, quand même, hein ! D’ailleurs à ce sujet, j’aime beaucoup ce tweet de FibreTigre.

 

Bon, mais là, ça y est, c’est officiel, un pas historique a été franchi… Voyager 1 n’a pas quitté le système solaire, mais elle est entrée, pour la première fois dans l’histoire des artefacts, dans l’espace interstellaire.
Et voici ce qu’elle peut entendre, c’est unique dans l’histoire de l’humanité je le rappelle, hors de l’influence du vent solaire, à plus de 15 milliards de kilomètres de la Terre…

Donc pas de sortie du système solaire, qui se définit par l’influence gravitationnelle de notre étoile et donc jusqu’au théorique nuage d’Oort si j’ai bien tout compris, mais quand même une entrée dans un espace interstellaire, un endroit que les particules éjectées du soleil n’atteignent pas, pas plus que celles éjectées d’autres étoiles. Et cette merveilleuse petite sonde des années 70 continue à nous envoyer des données, même si un aller-retour entre elle et nous prend 35 heures…

Je lui souhaiterais bien bon vent, mais justement, si j’en parle aujourd’hui c’est qu’il y en a plus pour elle, donc… bon, ben bonne continuation de voyage, Voyager, alors…

LA PERSONNALITÉ
Revenons un peu sur Terre pour parler des humains… Et plus précisément d’une humaine. Elle est russe, elle s’appelle Adilya Kotovskaya, et ce genre de chose, voyez… ça m’énerve.

La médecin russe qui habilla Gagarine… Non mais ! Moi je vous avoue que quand j’ai lu ça, juste le titre, avec tous les clichés de genre qu’on a dans la tête, même moi qui fais hyper gaffe à ça, j’ai clairement imaginé une infirmière, ou une assistante, qui avait habillé Gagarine avant d’aller dans l’espace et que c’était une anecdote un peu annexe mais amusante d’une personne de deuxième plan qui avait vécu ce moment historique. Parce que pardon, hein, mais au risque d’insister, dans « habiller Gagarine », on pense quand même à une infirmière qui aide un malade ou à une maman qui habille son enfant.

Sauf que… sauf que voilà, dans les premières lignes de l’article, on y parle de poser des électrodes. Et qu’ensuite, on apprend que cette dame de 85 ans est docteur en physiologie, qu’elle a travaillé sur la mission Laïka, 1er être vivant à être allé dans l’espace, et qu’elle est un grand nom du spatial pour avoir travaillé sur la physiologie humaine, le système neuro-central et musculaire et sur l’immunologie. Pour résumer, elle est une spécialiste russe du corps humain en apesanteur, et sa conclusion après une vie de travail et d’expériences, c’est, je la cite, « L’Homme est un habitant de la Terre et il est fait pour y vivre » !

Et habiller Gagarine, dans tout ça ? Ah, oui, voilà, c’est au 3ème paragraphe, en fin de phrase, en anecdote. Et inutile de dire que ce détail n’est absolument pas le sujet de l’article.

Je peux comprendre qu’une anecdote fasse un titre accrocheur. Ok. Mais auriez-vous choisi la même, monsieur ou madame de l’AFP, si Adilya Kotovskaya avait été un homme ?… Eh ben moi je suis prête à parier que non et que vous auriez plutôt choisi les électrodes – parce que ça fait vachement plus sérieux, les électrodes, tout de suite ça fait scientifique, médecin, données compliquées, ouh la la ! Mais comme ce docteur en physiologie est une femme, on va plutôt mettre en titre pour la présenter qu’elle a habillé Gagarine, pour se conformer à l’image qu’on a de la femme, douce, aimante, toujours en train d’aider son prochain avec un joli sourire !

Vous savez quoi ? Ça me gonfle. Voilà. Et ce qui est encore plus énervant, c’est de voir que ce titre a été repris tel quel par tout le monde. TOUT LE MONDE. C’est pénible. Non mais vraiment. Et le pire dans tout ça, c’est qu’il n’y a sans doute pas de volonté manifeste d’être sexiste à la base !! Je peux même pas blâmer le ou la journaliste à l’origine de ce titre.
Mais s’il vous plaît, si vous êtes journaliste et que vous m’écoutez, si je peux me permettre une petite réflexion… Quand vous écrivez sur une femme, que ce soit un titre ou un papier… Quand vous avez fini, remplacez le nom de cette femme par un nom d’homme – ça se fait en 2 clics sur un traitement de texte. Et ensuite relisez-vous. Si y a des trucs qui vous paraissent bizarres, changez-les. Vraiment.
Un docteur en physiologie qui a laissé son nom dans l’histoire de l’exploration spatiale est un docteur en physiologie qui a laissé son nom dans l’histoire de l’exploration spatiale. Point. On se fout de savoir s’il a une paire de testicules ou de seins. Alors ce serait pas mal que le traitement journalistique soit le même. Merci !

Bon, en tout cas… Cette grande dame était à Toulouse pour célébrer les 20 ans du CADMOS, le Centre d’Aide au Développement des activités en Micropesanteur et des Opérations Spatiales, et concernant un aller-retour habité sur Mars, voici ce qu’elle dit : « C’est un délire. On peut y rêver, mais on en est encore loin, bien sûr. »
Eh oui c’est connu, plus que la technique, c’est bien la réaction du corps humain qui pose le plus de problème…

L’INFO
Mais l’info du podcast est quand même une excellente nouvelle qui nous vient de la planète rouge – une bonne nouvelle non seulement pour la connaissance mais également pour d’éventuels corps humains qui se rendraient sur place.
Le sol martien est composé de 2% d’eau ! On pensait que la surface de Mars était aussi glacée que sèche, eh ben non ! L’instrument d’analyse français SAM présent sur Curiosity a analysé un échantillon de la poussière, et après l’avoir chauffé à 835 degrés, il a analysé toutes les vapeurs qui se sont dégagées, et parmi tout ça, il a trouvé de la vapeur d’eau à hauteur de 2% de l’échantillon.

C’est une sacrée nouvelle dans le sens où on ne parle plus de glace au pôle ou éventuellement enfouie dans le sol, non – là, ça veut dire qu’il y a de l’eau partout, et à portée de main ! C’est donc une grande nouvelle pour le futur des vols habités, et évidemment pour la candidate à Mars One que je suis.
Mais… mais restons tout de même réaliste, tout ne sera pas si facile : déjà, cette eau n’existe ni à l’état liquide, ni sous forme de glace. Elle prend une autre forme chimique en se collant aux grains de poussière. Il faudra donc une petite manip pour lui faire reprendre une forme plus naturelle pour nous – inutile donc de penser qu’il suffira de sucer quelques cailloux en cas de soif. Et surtout penser à ne pas oublier son labo de petit chimiste avant de partir.

Deuxièmement, cette eau contient des perchlorates qui pourraient poser des problèmes de thyroïdes – donc il vaudrait mieux s’en débarrasser avant de boire de longues gorgées. Et troisièmement, la manip pour extraire cette eau du sol rejette des gaz toxiques – ce qui fait que pour l’instant, cette eau est un poison mortel. Mais ! mais maintenant qu’on sait tout ça et de manière précise, on va pouvoir trouver des solutions ! Parce que la science, c’est merveilleux. Eh ouais.
En tout cas, ça reste une grande découverte. Big up, Curiosity ! Et l’instrument SAM, français, cocorico. Voilà.

L’IMAGE
L’image, maintenant… Regardez… Coucou !! hihihi c’est moi !… Bon, cette vidéo est un peu pourrie mais j’en ai d’autres…

Avant de vous montrer, attendez que je vous raconte. Dans l’épisode précédent, je vous avais annoncé que j’allais faire un vol parabolique. Mais c’est quoi, exactement ? Jean-François Clervoy, astronaute et président de Novespace, qui s’occupe de ces vols en France, l’explique en 2 mots.
En fait, ça ressemble à ça. Un A300, qui est un avion tout ce qu’il y a de plus normal, comme le précise Stéphane Pichet qui a également été le pilote de mon vol, et il fait des paraboles. C’est à dire qu’il pique vers le ciel pour passer de 6000 à 8500 mètres d’altitude, période d’une vingtaine de secondes pendant laquelle on pèse 1,8 fois notre poids… puis il… euh, tombe et c’est là où nous sommes en zéro gravité, c’est à dire qu’on ressent absolument les mêmes sensations que les astronautes dans l’espace. Et c’est un truc de ouf. Y a pas de mot… Et il pique vers l’océan pour revenir à 6000 mètres, et c’est encore une période en 1,8g. Ensuite, il y a une minute où tout est normal, et ça recommence ! Et ce, 31 fois en l’espace de 2 heures.

Et moi, alors déjà, ben j’ai fait le décollage dans le cockpit. J’ai malheureusement pas les images, mais j’ai le son…
Ensuite, première parabole. Mon corps découvre la pesanteur terrestre multipliée par 1,8. Ça lui fait tout bizarre, comme dans un grand 8 où on plonge d’un seul coup vers le bas mais en plus fort et en plus dur. (…) Voilà, et ça y est, c’est fini. La surprise est passée, il sait, il s’habitue déjà. Et la première impesanteur… Wow. Je reste attaché comme conseillé mais j’ai l’impression de savoir ce qu’un bébé ressent quand il vient au monde. Une surprise physique… mais doublée d’un émerveillement infini.
Deuxième parabole, c’est encore très surprenant, j’ai du mal à lâcher prise et à me laisser aller !
Troisième parabole, on nous donne un précieux conseil…

4ème parabole, je tente le reportage pour « La tête au carré » en direct de l’apesanteur.

6ème parabole, idem, mais attachée à un siège à côté du hublot ! Les images sont de Erwan Lecomte, mon camarade journaliste de Science et Avenir
Le petit clin d’œil à Alexandre Astier que je lui avais promis ! Je crois qu’il a apprécié le geste

Et des rattrapages au vol, des galipettes, et surtout, surtout, un pied monstre…
Je ne m’en remets pas. Je ne m’en remets vraiment pas. Je tiens à remercier le CNES et Novespace pour m’avoir permis de vivre cette expérience qui est pour moi devenu le plus beau jour de ma vie. Vraiment. Je n’ai pas forcément envie de dire pourquoi parce que ça touche beaucoup à l’intime, mais vraiment, c’était… wow… enfin y a pas de mot. Et j’y retournerai. Je le sais. J’y retournerai. Voilà.
Et si vous voulez plus de précisions sur ce vol, la manière dont je l’ai vécu et les expériences scientifiques à bord, je raconte tout sur mon blog – la deuxième partie arrive bientôt. 

LE TWEET
Du coup, comment ne pas parler du film Gravity… Je ne vais d’ailleurs pas en parler, parce qu’il faut le vivre, mais voici le tweet qui a retenu mon attention, je le traduis : « Le film Gravity devrait être renommé « Zéro gravity ».

 

Et je ne vous montre pas pour ne rien spoiler, tout le monde ne l’a pas encore vu, mais il est très intéressant d’aller lire la TL de Neil deGrasse Tyson le 7 octobre parce qu’il y évoque point par point les quelques incohérences du film. Mais ça ne rend pas le rendu moins impressionnant pour autant, hein.

LA CULTURE
Autre genre de truc qui m’a carrément bluffée et avec gravity dans le titre aussi, c’est cette version de Bohemian Rhapsody de Queen par Tim Blais, un jeune étudiant en physique canadien de 23 ans. Non seulement c’est une reprise a cappella où il fait à lui tout seul toutes les voix et l’instrumentation de la chanson la plus compliquée de l’univers, à peu près, mais en plus il en a réécrit le texte pour parler de la théorie des cordes, la théorie également la plus compliquée de l’univers ! Et scientifiquement et musicalement, c’est irréprochable. Je dis bravo. Voilà. Bravo.

Voilà, c’est la fin de ce 32ème épisode, merci beaucoup de l’avoir suivi. Certains d’entre vous n’ont pas pu télécharger le précédent sur iTunes parce que la HD était trop lourde – je la réserve donc pour Youtube.
Merci à tous ceux qui ont voté pour mon blog pour les Golden Blog Awards, il fait désormais partie des 10 finalistes grâce à vous ! Rendez-vous le 13 novembre pour savoir s’il sera l’heureux gagnant du prix dans la catégorie Sciences…
Entre deux podcasts, vous pouvez me retrouver les lundis et les jeudis à 14h45 dans « La tête au carré » sur France Inter, et n’hésitez pas à mettre plein d’étoiles sur iTunes et à mettre un petit commentaire si vous appréciez « La folle histoire de l’Univers », ça me fait toujours très, très chaud au cœur et ça me donne du courage pour continuer…
A bientôt pour l’épisode 33 ! 🙂

[HUMEUR] STOP à la conquête, oui à l’exploration !

33 !! Non, il ne s’agit pas d’une visite chez un médecin d’un autre temps, ni du nombre d’années-lumière séparant une exoplanète récemment découverte de notre bonne vieille Terre, et encore moins du nombre de personnes présentes dans l’espace actuellement. Non non non. 33… Le mot « conquête » apparaît 33 fois dans le dernier hors-série de « Science&Vie » intitulé « Aller sur Mars – Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? » Autant vous dire que la lecture de ces 150 pages a été un peu compliquée pour moi.

Petit rappel… Il y a un an, déjà, dans l’un des tout premiers épisodes de mon podcast « La folle histoire de l’Univers », je m’étais fâchée très fort contre un journaliste qui utilisait le mot « colonisation » (à partir de 7’20).

Voilà. La « colonisation » d’autres mondes, la « chasse » ou la « traque » d’exoplanètes ou d’astéroïdes, les exemples ne manquent pas. Et le vocabulaire faisant partie du champ lexical de la guerre, de l’agressivité et de la violence me hérisse un peu le poil, voyez-vous, surtout quand ça concerne l’espace. Et donc, 33 « conquêtes » dans ce hors-série, alors qu’on n’utilise plus ce mot depuis les années 70 et qu’on parle désormais d’exploration, comment vous dire… En lisant ce magazine, j’ai eu un peu l’impression que Science&Vie était tombé dans une faille temporelle et qu’il était resté bloqué dans les années 60.

Donc, amis journalistes… On parle d’EXPLORATION spatiale, et plus de CONQUÊTE spatiale, merci, bisous. Et ce, depuis 1975 quand la guéguerre de kikalaplugrosse et kikipisslepluloin (voir à ce propos mon billet sur l’histoire des femmes dans l’exploration spatiale) s’est terminée entre les USA et l’URSS. Et ce n’est même pas moi qui le dis, c’est vous !! Je cite, pp. 106-107 : « Quand Nixon cherchera à afficher sa politique de détente avec l’Union soviétique, c’est une mission spatiale conjointe qui est choisie comme symbole, avec l’amarrage dans l’espace des vaisseaux Apollo et Soyouz en 1975.« 

Alexeï Leonov et Deke Slayton. Juillet 1975.

Le mot « conquête » s’inscrit dans un contexte historique, et j’estime donc qu’il n’est absolument plus légitime depuis 1975. Vous avez 38 ans de retard, les gars. Parce que, bon… Que vous l’ayez mal utilisé une fois ou deux… ça peut arriver. Éviter les redites de vocabulaire dans un papier, faute d’attention… Ça arrive, bien sûr. Mais là, non. Non. « Les nouveaux enjeux de la conquête spatiale« , c’est écrit en orange sur noir sur votre couv’ !!

Seriously ?? Les nouveaux enjeux de la conquête spatiale ??? Mais vous sortez d’où ? Vous étiez dans un bunker, ces 40 dernières années, sans déconner ? Admettons que dans le mot « conquête », il y ait l’idée de déflorer des sols extraterrestres… Quelqu’un vous a dit qu’on n’est pas retourné sur la Lune depuis… 1972 ?

Bon… Bon mais admettons que vous ayez voulu faire de l’excès de zèle et qu’on mot agressif sur la couverture ait servi à appâter le chaland. Admettons. Comment vous expliquez… ça ??

Pour les besoins de ce billet, j'ai surligné toutes les "conquêtes"...

... Je pensais faire du surlignage. Pas du coloriage.

Reprenons tout depuis le début, si vous voulez bien. Déjà, que veut dire « conquête » ? Je demande à mon fidèle Larousse : « action de conquérir ». Oui, bon, ok, alors… Que veut dire « conquérir » ?

Soumettre… armes… se rendre maître… maîtriser… dominer…
Dites donc, Science&VieÇa vous dirait pas, en 2013, d’arrêter d’utiliser des mots qui veulent dire des choses aussi barbares, mmh ?… Vous voulez faire passer quoi, comme message, en utilisant encore le mot « conquête » ? Que les agences spatiales, les gouvernements, les ingénieurs, les techniciens, les scientifiques et les astronautes sont des hommes-blancs-occidentaux-assoiffés-de-sang qui livrent une bataille armée contre l’espace pour mieux s’en rendre maître et le dominer ?…
Vous vous rendez compte que cette dernière phrase n’a absolument aucun sens, ou… ?

Le mot « conquête » avait un sens quand l’accès à l’espace était une arme politique, idéologique, tactique, militaire, et de propagande, quand les USA et l’URSS jouaient donc à kikalaplugrosse et kikipisslepluloin – jusqu’en 1975, donc. Mais aujourd’hui ?…

Aujourd’hui vous êtes vraiment sûrs, Science&Vie, que les États sont dans le même état d’esprit et que le secteur spatial représente une volonté de domination et de pouvoir sur les petits copains dans la cour de récré mondiale ? Ou est-ce que, par hasard, au moins dans ce secteur, ne nous serions-nous pas assagis ?…

Pour répondre à cette question, allons voir du côté des sites des agences spatiales. Je me rends sur le site de la NASA, puis dans « à propos de la NASA ». Et tout de suite, avant d’aller plus loin, ce petit macaron sur la colonne de gauche…

Je traduis. « La vision de la NASA – Atteindre de nouvelles hauteurs et révéler l’inconnu de manière à ce que toute l’humanité puisse bénéficier de que nous faisons et de ce que nous apprenons. » Voilà. Et puis personnellement, je ne vois aucune petite étoile qui renverrait vers des nano-caractères en bas de page disant : « Enfin bon, ça vaut pour toute l’humanité sauf pour ces salauds de Russes, pour les faces de citrons qui commencent à nous tataner le bourrichon sévère, et pour les ispices di counasses qu’on voudrait bien continuer à conquérir en les maîtrisant avec nos grosses fusées puissantes. » Je vois ça nulle part. Donc bon.

Mais continuons. Rendons-nous sur la page « What NASA does« . Mais oui, tiens ? Qu’est-ce qu’elle fait donc, la NASA ? Je vous la fais courte, hein : elle EXPLORE, dites donc. C’est fou, ça ! Elle explore, elle fait des sciences, de la recherche, de la technologie, dans le spatial, dans l’aéronautique et dans l’économie. Et une petite recherche rapide sert à confirmer que le mot « exploration » apparaît 4 fois dans cette page, pareil pour le mot « explore(s) », et qu’en revanche les mots « conquest » et « war » sont aux abonnés absents.

Un peu comme si le mot « conquête » quand il s’agit de spatial ne s’utilisait plus depuis des dizaines d’années.

Mais vous allez me dire qu’il n’y a pas que la NASA dans la vie : vous avez absolument raison. Allez voir du côté de notre Agence Spatiale Européenne (ESA)… Le premier mot que l’on trouve sur la page « Space for Europe » est « exploring« . Quelle surprise !

Et dès la première ligne de « ESA’s purpose« , nous avons : « (…) pour des objectifs exclusivement pacifiques (…)« . Et donc l’ESA, ben elle explore, elle fait des sciences, de la recherche, de l’industrie, des satellites, etc pour faire avancer la connaissance et aider l’humanité dans des tas de domaines (sciences, observation de la Terre, télécommunications, navigation, etc…) Je vous fais grâce du nombre d’occurrences du terme « exploration » et de l’absence totale de « conquête ».

Du côté de Roscomos, l’agence spatiale russe, maintenant… Je vous accorde qu’il est beaucoup question de choses militaires – apparemment l’agence est très liée au ministère de la Défense, d’après ce que j’ai compris. Mais… ça fait des dizaines d’années que l’agence russe est alliée avec notamment la NASA et l’ESA sur de nombreux projets… Et voici un extrait de leur site (la traduction Google est un peu aléatoire mais on comprend le principal) :

Evidemment, aucune trace du mot « conquête » et 4 occurrences de « exploration ».

Et du côté des Chinois, qui n’ont pas la réputation d’être des rigolos et qui font station spatiale à part ? Ce sont des poignées de mains avec l’ESA, des échanges par-ci, de la coopération par-là dès la home du site

Quant à la suite, c’est du même acabit : science, technologie, industrie, échanges et coopération avec une liste de pays longue et solide comme un boa constrictor :

Et je rappelle que le Traité de l’espace, traité international datant de 1967, stipule en gros que l’espace est un bien commun. Et quand dans ce texte, le mot « conquête » n’apparaît jamais – en revanche, il y a 18 occurrences de « exploration ».

Voilà. Je pense avoir expliqué avec suffisamment de preuves à l’appui que plus personne n’utilise le mot « conquête spatiale » parmi les organisations de ce domaine et les personnes qui y travaillent. Si vous pouviez donc, amis journalistes, remplacer une fois pour toute cette expression datée – et fausse dans le contexte actuel – par l’expression « exploration spatiale », ce serait rigoureux et juste (ne serait-ce que du point de vue historique si on met de côté l’éthique) et j’estime que c’est quand même la base de votre métier (allez, je m’inclus dedans, j’ai mon diplôme).

Mais essayons de comprendre encore pourquoi tu utilises ce terme, cher Science&Vie… (parce que je t’aime bien, au fond, tu m’accompagnes depuis si longtemps.) Ton hors-série s’intitule « Aller sur Mars » et tu titres ton premier gros dossier « Conquête de Mars« . J’imagine que dans le mot « conquête », tu entends que poser le pied sur Mars voudra dire qu’on l’aura conquise. Sauf que… sauf que là encore, avec tout le respect et l’admiration que je te dois, tu te trompes.

Déjà, cela fait des dizaines d’années que les agences spatiales s’allient entre elles pour mener à bien des projets qui coûteraient trop cher pour une seule agence. Ça ne t’aura pas échappé que la station spatiale internationale est internationale, par exemple, ou encore que la mission Cassini-Huygens était une mission NASA-ESA (Huygens, sonde européenne, objet le plus lointain à s’être posé sur un monde extraterrestre, à savoir Titan), que la superstar Curiosity a des instruments français à son bord et que la NASA ne bouge pas d’un pète avant d’avoir consulté Toulouse, et que la future mission ExoMars sera conjointe ESA-Russie.

Or, une mission habitée vers Mars coûtera bien plus cher que tout ce qui aura été mis en place jusqu’à présent (à part l’ISS, peut-être), et qu’il est très, très peu probable que la NASA prenne en charge le budget total de l’opération. Il n’y aura donc pas de « conquête » dans le sens où les Américains réaliseraient à nouveau l’exploit, seuls, de poser le pied pour la première fois sur une autre planète. La conquête idéologique et politique de la Terre par une seule nation n’aura plus lieu.

C’est donc géopolitiquement faux de parler de « conquête » de Mars. Mais c’est également faux du point de vue sémantique. Va-t-on soumettre Mars par les armes ? Non (mais ce serait une jolie ironie, pour un dieu de la guerre…) Va-t-on la gagner ? Non. Ça n’a aucun sens de dire qu’on va gagner une planète. Va-t-on la maîtriser, la dominer, s’en rendre maître ? Mais enfin… Tout ça ne veut absolument rien dire du tout !!

Quand allez-vous comprendre qu’on ne maîtrisera aucune planète (pas même la nôtre, et de moins en moins !), pour la simple et bonne raison que nous sommes des êtres, certes intelligents et conscients mais organiques, petits et fragiles, et que nous ne sommes rien face aux éléments et que, hormis la Terre, absolument tout dans le cosmos, en l’état des connaissances actuelles, nous est parfaitement hostile ?…

Quand allez-vous apprendre à être humble face à tout ça, à commencer par le vocabulaire employé ?… Les mots ont un sens qu’il ne faut pas prendre à la légère.

On ne conquiert rien du tout. On explore – avec prudence, avec respect, et surtout avec une grande humilité. L’autre jour, j’ai répondu à une interview concernant ma candidature pour Mars One sur le site Civilisation 2.0. On m’a demandé si j’avais une idée des premiers mots que j’aimerais prononcer sur Mars, et j’ai répondu que j’aimerais que ce soit une déclaration à Mars.
« Bonjour Mars, merci de nous accueillir sur ton sol. Nous, humains de la planète Terre, te promettons de te respecter et de rester humble face à toi. Nous venons apprendre à mieux te connaître avec bienveillance et nous espérons que tu toléreras notre présence. » Déclaration qu’on accrocherait et qu’on s’efforcerait de respecter et de ne jamais oublier.

Voilà la différence entre conquête et exploration : dans la première, on arrive avec un sentiment de puissance, de domination et une volonté de s’approprier ; dans la deuxième, on vient demander humblement un dialogue scientifique avec un élément que l’on respecte dans une quête de connaissance dénuée de toute idée de violence, de puissance, ou d’appropriation et mue par la curiosité la plus saine qui soit.

Luca Parmitano jouant à Superman dans l'ISS

En plus, nous savons que l’espace, Mars, et tout ce que Science&Vie nous voit conquérir nous sont absolument hostiles. On ne joue plus les caïds depuis bieeeen longtemps – je crois qu’aucun(e) astronaute ayant volé ne s’y soit même risqué – et Luca Parmitano, actuellement dans l’ISS, l’a d’ailleurs rappelé dans un billet de blog très émouvant sur son incident lors d’une sortie extra-véhiculaire il y a quelques semaines (il avait failli se noyer dans son casque) et intitulé « Explorer la frontière« . Voici la traduction des dernières lignes de ce billet :

« L’espace est une frontière dure, inhospitalière et nous sommes des explorateurs, pas des colonisateurs. Les compétences de nos ingénieurs et la technologie qui nous entoure font que les choses nous apparaissent simples alors qu’elles ne le sont pas, et peut-être qu’on l’oublie parfois. On ferait mieux de ne pas l’oublier.« 

Je crois que tout est dit. Donc vraiment, amis journalistes, chroniqueurs ou blogueurs, s’il vous plaît, essayez de n’utiliser le mot « conquête » que dans un contexte historique précis (ou faites tourner si vous avez des amis journalistes, chroniqueurs ou blogueurs).

Ah oui… et même chose pour le mot « colonisation », par pitié. Si on pouvait plutôt parler de « base scientifique ou humaine », hein… Il y a autant de non-sens et de sous-entendu belliqueux, agressif et violent dans « colonisation » que dans « conquête ». Et le mot « colonisation » apparaît bien trop souvent également dans ce hors-série. Et s’il se peut que dans un futur lointain le terme soit approprié, ce n’est encore pas du tout le cas.

Autre chose qui m’a passablement agacée dans ce numéro : la référence au rêve. Ce n’est absolument pas gênant en soi, au contraire, puisque le spatial a toujours eu le rêve comme moteur. Mais j’ai ressenti très fortement de la part de Science&Vie un certain mépris. Et là, ça commence effectivement à me gêner un petit peu.

Exemple, p.111 : « Cela n’a certes pas le souffle d’une colonisation humaine, mais cela contribue toujours à en maintenir le rêve. »
Moi je comprends : « On n’est pas capable d’être de bons petits soldats belliqueux et d’aller conquérir Mars, mais bon, puisque ça continue à faire fantasmer ces braves gens, oh oh oh… », semble conclure ce journaliste avec une ironie pleine de condescendance.

Autre exemple, p.133 : « Certes, convient Jean-Pierre Luminet, il y a dans ces projets un peu d’utopie et beaucoup d’économie. Mais ils n’en permettent pas moins de développer de nouvelles technologies, et de faire avancer la science. » Faire avancer la science… [Oui, faire avancer la science. Le monsieur essaye de te dire que le rêve et l’imagination contribuent à la créativité et donc à l’innovation, et donc au progrès, et donc à la connaissance. Ça te parle, ou… ?] Vers une conquête encore plus lointaine ? [Putain mais t’es décidément complètement à côté de la plaque.] Mars aurait-elle de vraies richesses à nous offrir ? « En l’état actuel de nos connaissances géologiques, Mars n’aurait aucune ressource intéressante à exploiter », assure Francis Rocard. [Aaaah, d’accord. Donc dans ta question, « vraies richesses » voulait dire « espèces sonnantes et trébuchantes ». OKÉ. Donc la science et la connaissances sont de fausses richesses. Très bien. Je note.] Si ce n’est du rêve… [Phrase qui conclut 5 doubles-pages de dossier. Mais si ça fait rêver la brave méménagère de moins de 50 ans, hein, alors tout va bien…]
COMMENT TE DIRE.
Alors certes, il faut remettre cet extrait dans le contexte d’un article sur l’exploitation minière des astéroïdes – d’ailleurs intitulé, je vous le donne en mille…

Et "À la recherche de l'astéroïde idéal", par exemple, non ?... Non. Ok.

Mais ce cas, que vient foutre Mars là-dedans ??

Dernier exemple, p.144 : « L’idée tient aujourd’hui du doux rêve… » On parle d’aller voir une exoplanète. Effectivement, il nous est impossible d’accéder à une exoplanète en l’état de nos compétences et de connaissances techniques en terme de voyage spatial. Mais l’expression « doux rêve », avec toute la connotation de mépris et de condescendance qu’elle implique, était-elle vraiment utile ?… Je ne sais pas. Oui, pour le moment c’est de la science-fiction. Et alors ? Ça mérite d’être rejeté d’une main méprisante ? Je rappelle que sept ans avant les premiers pas sur la Lune, un être humain sur la Lune était de la science-fiction. Et pourtant on l’a fait. En seulement sept ans !!

Cher Science&Vie… Je vais terminer ce billet amer en citant l’astronaute français Thomas Pesquet.

« Dans le domaine de l’exploration spatiale il faut croire à la science-fiction. Moi j’y crois depuis que je suis tout petit. Ça m’a aidé à me dépasser. Ça m’a permis de réaliser des choses qui me paraissaient hors de portée comme devenir astronaute.« 

Ce jeune homme est devenu astronaute parce que c’est un rêve qui l’a porté. Méprisez-vous toujours ce rêve ? Quand vous êtes face à un petit garçon ou à une petite fille qui vous dit qu’il/elle aimerait bien devenir astronaute, je suis sûre que vous êtes du genre à ricaner et balayer ça d’un revers de la main – et je crois que je vous déteste pour ça 🙁

« J’espère vous avoir convaincu qu’il faut croire en l’exploration spatiale, qu’elle est bénéfique, qu’elle permet de se dépasser et de rêver un peu au-delà de son échelle individuelle, et ça, l’Homme en a bien besoin…« 

Ce sont les mots de conclusion de Thomas Pesquet, donc, lors de sa présentation à TEDx Paris l’année dernière que je vous conseille vivement de regarder.

 

Tu remarqueras, Science&Vie, que Thomas Pesquet se trompe en disant « conquête » et se reprend aussitôt (à 5’25). Tu sais pourquoi ? Parce que nous baignons dans un monde où l’expression « conquête spatiale » est encore utilisée beaucoup trop souvent. Les médias en sont en grande partie responsables et coupables. Tu l’es aujourd’hui.

En tout cas, j’espère qu’après tout ça tu changeras d’état d’esprit concernant la conquête l’exploration spatiale et le rôle du rêve dans ce domaine.

Oui, tu m’as déçue, mais ça me rend triste comme quand un ami nous déçoit. Je te suis depuis des années, je te dois énormément, et il y a plein de choses intéressantes dans ce numéro, mais j’ai tellement eu l’impression que tu étais resté bloqué dans les années 60 où tout ce qui a déjà été fait relève de la conquête agressive (ce hors-série suinte d’une violence sous-jacente due à ce terme) et où tout ce qui reste à faire relève du doux rêve pour personnes pas très sérieuses que j’ai eu bien du mal à apprécier ses bons côtés.

Mais si tu souhaites te défendre, j’accueillerai avec joie un droit de réponse ici-même. Je t’aime bien quand même et les jours où je te reçois dans ma boîte aux lettres restent toujours pleins de joie.

[PODCAST] La folle histoire de l’Univers 31

Bonjour à tous ! Je suis Florence Porcel, community manager officielle de l’Univers, et je vous souhaite la bienvenue dans le 1er épisode de cette saison 2 de « La folle histoire de l’Univers » (disponible également sur iTunes) !
Je vais vous parler de toutes sortes d’infinis, de Saturne, d’astéroïde, et du moyen de transport du futur…

LA DATE
Mais commençons par la date avec quelque chose qui me tient à cœur puisque ça y est, depuis le 31 août dernier, l’appel à candidatures du projet Mars One est clos ! Et puis depuis le 5 septembre, les candidats qui avaient payé leur droit d’entrée et qui n’avaient pas encore mis leur vidéo en ligne ne peuvent plus le faire… C’est donc officiel, le premier tour est terminé !
Je rappelle que le projet Mars One consiste à envoyer des êtres humains sur Mars pour y fonder une base scientifique sans billet retour et que la première équipe, composée de 2 femmes et de hommes de 4 nationalités différentes, est censée partir en 2022 pour une arrivée en 2023.

Et comme je vous l’avais déjà annoncé, et malgré le fait qu’il y a un an, je vous en parlais déjà et que j’étais ni convaincue ni emballée par le projet, je suis candidate…
Vous pouvez retrouver ma candidature sur le site de Mars One, et si vous voulez me mettre des étoiles pour m’envoyer sur cette planète, vous pouvez, ça me fera plaisir, mais ça ne fera que ça, parce que ça n’aura absolument aucune influence sur le choix des personnes qui passeront aux second tour.

Ah, et j’ai interviewée par VSD à propos, comme 2 ou 3 autres, alors si pareil, dans les prochaines semaines vous tombez sur mon nom chez mémé ou chez le dentiste, ne vous étonnez pas.

LA PERSONNALITÉ
Mais quand je ne suis pas interviewée, je suis intervieweuse… Il n’est pas candidat à Mars One et il n’est même pas astronaute, mais j’ai absolument voulu avoir l’avis de Romain Charles parce qu’il fait partie des 6 personnes qui ont participé à Mars500.
Mars500, c’était une expérience qui a duré 520 jours et qui consistait à simuler un aller-retour sur Mars avec 1 mois « sur place ».
Ça voulait dire que les 6 volontaires sont restés dans leur module pendant tout ce temps, qu’ils ne pouvaient communiquer qu’avec l’équipe « au sol », et évidemment la simulation prenait aussi en compte l’éloignement virtuel et donc le décalage temporel quand ils devaient communiquer avec « la Terre ».
C’était organisé par l’Institut des problèmes bio-médicaux (IBMP), l’Académie des sciences de Russie, l’Agence spatiale européenne (ESA) et l’Agence spatiale fédérale russe (Roscosmos).
Et le but, c’était bien sûr de savoir si psychologiquement et physiologiquement, une équipe de 6 personnes était capable de faire un tel voyage.
Il n’y avait pas de femme, hélas, dans cet équipage, mais il y avait un Français, Romain Charles, donc, et j’ai fait un Hangout avec lui pour savoir ce qu’il pensait de Mars One. L’entretien dure une demi-heure, je le mettrai en ligne sur mon blog, mais voici un court extrait où il me raconte comment il a changé d’avis sur Mars One alors qu’au début il n’était pas convaincu du tout…

Voilà ! C’est Buzz Aldrin qui l’a fait réfléchir, c’est quand même la grosse grosse classe… Et en parlant de Mars One et de réfléchir, j’ai créé une sous-URL à mon blog, mars-one.florence.com, où vous pouvez justement retrouver des billets où je réfléchis sur différents aspects de ce que propose Mars One…

LE BIDULE 2.0
De côté 2.0, c’est le site Brain Magazine qui a mis en ligne un scan de 2 documents, 2 lettres, qui expliquent que vous êtes bien gentilles et mignonnes, mesdames, mais que vous allez le rester parce que ni la NASA ni Disney ne veut de vous.
Evidemment, ça ne date pas d’aujourd’hui, mais c’était il y a seulement une cinquantaine d’années quand même…

Voilà, prends ça dans ta face.
Heureusement, la NASA a récemment recruté 8 nouveaux astronautes, dont 4 femmes… Alleluia !

Et merci aux amis de Ciel et Espace chez qui j’ai trouvé l’info – d’ailleurs je vous conseille vraiment le numéro de septembre, il est très, très bon.

LA CULTURE
En parlant de lecture, je vous conseille aussi vivement « Désir d’infinis » de Trinh Xuan Thuan, que j’ai dévoré.
En-dessous du titre sur la couverture il y a aussi écrit « des chiffres, des univers et des hommes », et c’est exactement ça : ce bouquin est génial, il est passionnant, j’ai appris des milliards de choses sur l’histoire du concept d’infini, sur l’histoire des mathématiques et des mathématiciens dont certains sont devenus fous, sur les expériences de pensées qui te retournent le cerveau, sur les théories en cosmologie…
D’ailleurs vous aviez été tout plein à retweeter cette citation que j’avais partagée, cet été :

 

Et vous saviez, vous, que c’était Descartes qui avait inventé le système de coordonnées en X Y ? Moi je savais pas. Mais c’est génial de savoir ça !!
Et le paradoxe de Zénon, une des expériences de pensée qui te retournent le cerveau ! En fait, c’est l’histoire d’un coureur qui ne peut jamais atteindre la ligne d’arrivée, parce qu’en fait, de son point de départ A à son point d’arrivée B, il doit d’abord parcourir la moitié de la distance entre les deux points, puis la moitié de la distance restante, puis encore la moitié de ce qui reste, et ainsi de suite, mais du coup… Il n’y arrivera jamais puisqu’il y aura toujours une moitié de distance qui restera à parcourir !
Tu m’étonnes que les mathématiciens qui ont travaillé sur l’infini sont devenus fous…
Bref, « Désir d’infinis » de Trinh Xuan Thuan chez Fayard, et ça coûte 21 euros 50. Vous m’en direz des nouvelles. Si c’est trop cher mais que vous voulez quand même découvrir cet astrophysicien bouddhiste qui vulgarise à merveilles, alors je vous conseille « Le cosmos et le lotus », en Livre de Poche pour 6 euros 60.

L’ÉVÈNEMENT
Et en parlant d’infini, il y a un événement à inscrire dans votre agenda dès maintenant pour ceux qui habitent à Paris et pas loin autour, c’est justement le festival des deux infinis du 28 septembre au 6 octobre, avec notamment des conférences tous les soirs à 19h à Jussieu du lundi 30 au vendredi 4 et des randonnées astronomiques à thème, avec notamment un circuit cadrans de Paris ou un circuit Louvre-Observatoire.
Toutes les activités sont gratuites, il faut juste s’inscrire pour les randonnées ou les visites, et, alors ça c’est vraiment cool, on peut voir les conférences sur Internet en envoyant une demande par mail pour avoir les codes d’accès au live. Merci à eux !

Et le Collège de la Cité des Sciences fait sa rentrée le 1er octobre avec un premier intervenant de poids puisqu’il s’agit de notre prix Nobel de physique, Serge Haroche, qui tiendra une conférence sur la physique quantique 100 ans après l’atome de Bohr.
J’avais dit que j’irais, mais ce jour-là je ferai un truc incroyable le matin à Bordeaux… oui !!!! oui, je vais faire un vol parabolique !!! je suis totalement surexcitée… donc je ne sais pas si je serai rentrée à temps pour aller voir cette conférence, et surtout si je serai assez fraîche… On verra bien !

LE TWEET
Je vais donc faire un vol parabolique et je vais découvrir les joies de l’apesanteur dans un vol où il y aura plein d’expériences scientifiques qui se tiendront, et ça se passe dans un avion spécialement équipé pour, mais il y en a justement un que j’admire, dont je vous parle souvent, et qui trouve que l’avion, c’est quand même un peu surfait – d’ailleurs, il construit des fusées – et qui travaille donc sur le 5ème moyen de transport : l’hyperloop.
Il l’a annoncé sur son compte Twitter pendant l’été

 

Et le lien est effectivement arrivé juste après.

 

Voici une vidéo qui explique très bien ce que c’est, avec plein d’explications et un témoignage de sceptique.

Voilà ! Donc l’hyperloop, peut-être bientôt – pour l’overboard, Elon Musk ne s’est pas exprimé sur la question.

L’IMAGE
Et si on faisait un petit tour du côté de l’espace, maintenant ? Regardez cette image… Elle est belle, hein ?… Et ce petit point, là, ce n’est pas Titan ou une autre lune de Saturne, non… C’est nous…

Cette photo a une jolie histoire puisqu’elle a été prise le 19 juillet dernier, et c’était la première fois dans l’histoire de l’humanité que les terriens savaient exactement à quel moment ils allaient se faire tirer le portrait depuis le système solaire extérieur.
Et comme la NASA trouvait super dommage qu’on sache ça mais qu’on nous voie pas vraiment sur la photo, comme vous pouvez le constater, et comme elle savait sous quel profil se présenterait la Terre au moment de la prise de vue – celui-ci précisément mais c’est une image de simulation – eh ben elle a organisé une campagne qui s’appelait Wave At Saturn, et le but du jeu c’était de sortir lui faire coucou au moment de la photo et de se faire prendre en photo à ce moment-là et de leur envoyer. Ensuite, ils ont reconstruits l’image de la Terre avec toutes les photos qu’ils ont reçue. Et là voilà !

J’ai trouvé l’idée géniale. Il faisait nuit en France donc j’ai pas envoyé de photo, mais je suis bien sortie faire coucou et j’aime même mon certificat. Ouais.

Et quelques chiffres quand même : c’est la première fois que Cassini voit la Terre et la Lune comme 2 objets distincts. Elle se trouvait à 1,44 milliards de kilomètres au moment de la prise de vue, donc à 80 minutes-lumière, ce qui a été compté dans l’horaire donné par la NASA pour sortir faire coucou. Et le lendemain, la sonde Messenger nous a également pris en photo, mais sous un autre angle, depuis Mercure.

Et ça me fascine toujours autant.

L’INFO
Mais si les planètes nous observe, nous, on continue à observer le ciel aussi… Et un astronome français, Jean-Claude Merlin, a découvert un astéroïde il y a quelques mois à l’aide d’un télescope de 80 centimètre basé en Arizona qu’il contrôlait directement depuis sa maison via internet, et il a demandé à l’appeler Jodorowsky en hommage au scénariste de BD de science-fiction du même nom qui est toujours vivant, qui a 84 ans, et le Centre des Planètes Mineures, qui est une branche de l’Union Astronomique Internationale, a accepté.
Depuis le 24 juillet dernier, il y a donc un astéroïde qui s’appelle officiellement 261690 Jodorowsky. Il rejoint 2675 Tolkien et 13070 Seanconnery, entre autres. Ça doit être des barres de rire, entre Mars et Jupiter, ma parole !

Voilà, je suis absolument ravie de vous retrouver, même si là tout de suite je ne vous vois pas et je ne vous entends pas…
Par contre, je ne pourrai pas faire comme l’année dernière, je ne peux plus sacrifier mes week-ends et ma vie privée pour faire ce podcast. J’ai essayé de le faire financer pour pouvoir un minimum gagner ma vie avec mais plus personne n’a de budget, et j’ai pensé à le crowdfunder comme beaucoup d’entre vous me l’avait suggéré mais après réflexion ce n’était pas une bonne solution non plus.
Alors les épisodes arriveront comme ils arriveront, quand j’aurai le temps, et j’en suis désolée mais c’est la seule solution que j’ai trouvée.
Dans tous les cas, vous pouvez quand même m’entendre parler de toutes ces choses de l’espace les lundis et les jeudis à 14h45 sur France Inter, dans « La tête au carré« , et ça, c’est carrément trop génial !

Je vous souhaite une excellente rentrée, et à très vite !

[MARS ONE] Téléréalité ou réalité à la télé ? (Reality show or reality on TV?)

Parmi les blocages épidermiques (et bien naturels) auxquels les candidats à Mars One font face concernant les gens à qui ils expliquent le projet, il y a donc le côté définitif du voyage, la mort inévitable… et le fait que le business model va se baser en grande partie sur la téléréalité. 

When applicants for Mars One talk about this project to other people, they face three visceral (and natural) mental block : permanent settlement, unavoidable death, and a business model based on reality show. 

Mais de quoi parle-t-on, exactement ? Et si on allait réfléchir un peu plus loin que le bout de son nez au lieu de se fermer complètement et sans autre forme de procès face au mot de l’horreur et de la honte, mmh ? Et surtout… si on s’informait ? Hein !… Voilà qui serait une bonne idée pour savoir de quoi il retourne exactement avant de s’engouffrer à vitesse-lumière sur l’autoroute cosmique du préjugé ! Bien.

What are we exactly talking about ? What about thinking about it instead of putting the blame on the this shameful and dreadful word ? What about inquiring about this ? That would be a great idea before you go and drive on the cosmic road of prejudice at the speed of light…

Donc… Quand on se rend sur la FAQ du site de Mars One et que l’on clique sur la question « Quel est le business model de Mars One ?« , après une petite phrase d’introduction où il est rappelé que le but est de poser des humains sur Mars en 2023 et que Mars One est une fondation à but non-lucratif, voici ce qui est dit d’entrée de jeu : « Quand Neil Armstrong et Buzz Aldrin ont atterri sur la Lune, le monde entier a regardé. » OUH LA LA MON DIEU LE MONDE ENTIER A REGARDÉ DE LA RÉALITÉ À LA TÉLÉ, QUELLE HORREUR !!! (Oui. Je suis taquine, aujourd’hui.)

So… If you go on Mars One’s FAQ and then on « What is the Mars One business model ?« , you will find a short reminder about the goal of landing humans on Mars in 2023 and the fact that Mars One is a non-for-profit foundation. Then, here is what is written : « When Neil Armstrong and Buzz Aldrin landed on the Moon, the whole world watched. » OH MY GOD, THE WHOLE WORLD WATCHED REALITY ON TV, SO SHOCKING !!! (Yeah, well… I’m a little bit teasing, today.) 

Leur deuxième exemple, sur lequel ils se basent grâce à une rétrospective historique chiffrée ? Les Jeux Olympiques. Là encore, on est en pleine indécence, vulgarité, et atteinte à la dignité humaine.
Bon, d’accord, j’arrête mes sarcasmes.
Tout le quiproquo est évidemment dans le vocabulaire. C’est le mot « réalité » qui revêt une tout autre définition dès lors que ça concerne un programme télévisé. Quand on entend « téléréalité », on pense évidemment au pire de ce que la télévision peut produire en terme de programme. Le problème, c’est que ce qui est montré dans ces émissions pointées du doigt n’a de « réel » que le nom.

The second example they use on the website with a historical and cost retrospective is : Olympic Games. Once again, this is obscene, rude and it leads to offenses against the integrity of persons.
Alright, alright, I’m done with sarcasm.
You got it : there’s a misunderstanding with the word « reality ». As far as TV is concerned, « reality » doesn’t mean « reality » anymore. When you hear about « reality show », you obviously think about those dreadful programs which are the worst shows ever. But the problem is that the reality shown in those shows is not real

En gros, la « téléréalité » propose des émissions dont le décor, les protagonistes, le scénario, les étapes et la durée sont choisis, créés de toute pièce, construits, décidés, et scénarisés en amont. La téléréalité propose une « réalité » qui n’a pas d’existence hors de la télévision. Un alunissage ou des Jeux Olympiques, par contre, ont une réalité intrinsèque : ils existent en dehors du prisme audiovisuel. Même si l’évènement n’était pas filmé, retransmis et regardé, il aurait lieu. Voilà toute la différence.

To put it in a nutshell, reality shows present a reality where the set, the people, the script, the steps and the time are chosen, created, built, decided, and written before it happens. Reality shows present a « reality » which does not have any existence outside television. People landing on the Moon or Olympic Games do have an inherent reality : they happen outside television. Even though these events were not captured, broadcast and watched, they would happen. Here is the difference. 

Vous allez me dire… Oui, d’accord, mais Mars One n’existera que si c’est une émission de téléréalité puisqu’une grosse partie du business model viendra de l’argent gagné grâce à ça. Certes. Mais justement : ce sera une grosse partie des moyens mis dans le projet, mais ce ne sera pas la seule. Mars One existe déjà : c’est une fondation qui a une existence juridique, qui embauche des employés, qui a déjà des fonds, des sponsors et des partenaires. La téléréalité n’est pas une fin, mais un moyen.

Maybe you’ll tell me : yeah, well, but Mars One will exist only if it becomes a reality show because of their business model based for the most part of the money they would earn with. You’re right. But that’s the point : it will be the most part of the money, but it won’t be the only one. Mars One already exists : it’s a foundation with a legal status, which has employees, some funds, some investors and some partners. The reality show is not an end : it is a means. 

Regarder un lancement de fusée, suivre une sortie d’astronautes dans l’espace, participer à un Hangout avec l’ISS, assister à une cérémonie de passation de commandement de la station spatiale… Il y a quasiment tous les jours quelque chose à voir en direct de l’espace. Et quand ce n’est pas du direct, ce sont les astronautes qui nous envoient des vidéos pour présenter une expérience scientifique, qui nous expliquent comme ça se passe quand on pleure dans l’espace, qui nous partage leurs exercices d’entraînement, qui tweetent des sensations, des informations, des photos… Mars One n’inventera rien. Absolument rien. Cette « vraie réalité » regardée par des millions de gens, elle existe déjà.

We can watch a rocket launch, we can follow astronauts when they walk in space, we can take part in a Hangout with the ISS, we can watch the ceremony of a new commander in the space station… They are almost everyday something to watch in live from space. And when it’s not in live, astronauts send us some videos to explain a scientific experiment, show what it looks like to cry in space, share their training, tweet their feelings, some informations or pictures… Mars One will not be the first one to do this kind of thing. This « true reality » watched by millions of people still exists.

La « téléréalité » de Mars One se rapprochera bien plus du documentaire en continu que de Loft Story. On y verra les candidats sélectionnés s’entraîner, être formés, apprendre… Bien sûr qu’il y aura un peu de mise en scène, comme tout ce qui est médiatisé. Mais imaginez… On pourra assister à des cours ou des entraînements de premiers secours, de botanique, de physique, de pilotage… On verra les équipes se former, les entraînements se succéder, les expériences scientifiques se préparer… Sans compter que les protagonistes seront des personnes instruites, cultivées et intelligentes. Et les enfants dans les écoles inscriront « géologue », « astronaute », « pilote », « médecin » ou « botaniste » quand on leur demandera ce qu’ils veulent faire plus tard – finis les « star » et « célèbre ».

Mars One’s « reality show » will look more like an uninterrupted documentary than Big Brother. We will see the candidates being trained, educated, formed… Of course, there will be quite a bit of a storyline, like in every TV program. But think about it… We will be able to watch trainings, or first aid / botany / physics / flying classes… We will see the teams taking shape, the trainings going on and on, the scientific experiment being prepared… And children in schools will write « geologist », « astronaut », « pilot », « doctor » or « botanist » instead of « star » or « famous » when they are asked what they want to be. 

Si la chaîne « Mars One » peut apporter la connaissance, si elle peut aiguiser la curiosité, si elle donne envie d’en savoir plus… Alors non seulement ce n’est pas un problème que ce projet soit aussi un programme télé, mais je dirais qu’en plus ce sera d’utilité publique. Sans compter le fait que ce sera international et universel, et que ça donnera un point commun à tous, sans exception, les habitants de la planète. Participer à une aventure historique, la suivre au jour le jour… Mars One réussira peut-être à apaiser les relations entre personnes et – rêvons un peu – entre nations. Pour qu’enfin les happy ends vus à la télé deviennent réalité ?

If the Mars One Channel can bring knowledge, if it can whet the curiosity, if it makes people want to know more… It won’ be a problem if this project is also a show – I would say that it would be recognized as promoting the public interest. Also, it will be international and universal and it will give a point of mutual interest to all, no exception, all inhabitants of this planet. We will all take part to a historical adventure, day by day… Mars One may succeed in pacifying relationships between people and – I have a dream… – between nations. To make happy ends seen on TV a reality ?… 

***

Retrouvez-moi dans « La tête au carré » sur France Inter, les lundis et jeudi à partir de 14h ! (Mon intervention commence aux alentours de 14h45.)

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10 bonnes raisons de m’installer sur Mars (10 good reasons to settle on Mars)
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Mourir sur Mars : et alors ? (Death on Mars : so what?)
Du recul pour penser l’humain (A global view to think about what being human means)
Ma candidature en ligne ! (I applied for Mars One !)
Mon interview pour Civilisation 2.0

***

Je vous conseille vivement « Les enfants de Mars » de Gregory Benford. Ça ressemble beaucoup à ce que Mars One veut mettre en place, à la seule différence près que dans le roman, il y a un voyage retour… Mais je parierais que Bas Lansdorp, le créateur de Mars One, l’a lu… En tout cas, c’est un très bon roman de science-fiction ! 🙂

[MARS ONE] Ma candidature en ligne ! (I applied for Mars One !)

Et voilà.

Je suis officiellement candidate pour le projet Mars One : ma contribution est désormais en ligne. Vous pouvez la voir ici et même mettre une ou plusieurs étoiles (à droite de la vidéo). Ça me fera plaisir mais ça n’ira pas au-delà puisque ça n’aura aucune influence sur le choix des candidats retenus pour le deuxième tour.

This is it.

I am officially candidate for Mars One project : my contribution is now online. Yan can see it right here et even rate it if you want to (on the right of the video). I will be grateful if you do but it’s not necessary to be chosen for the second round of the selection.

 

« Salut ! Ça, c’est moi. Et ça, c’est mon chez-moi. Et ça c’est… mon autre chez-moi. Et quand mon corps est au repos, mon cerveau prend le relais ! Je vais co-organiser le premier Science Hack Day français et j’ai même interviewé sa fondatrice, Ariel Waldman, pour une émission de télévision française pour laquelle j’ai travaillé l’année dernière pendant la semaine. Et pendant mes week-ends, je faisais un podcast vidéo sur l’espace qui était le premier de sa catégorie sur l’iTunes français, devant la NASA. Maintenant, je parle d’astronomie et d’exploration spatiale dans une émission de radio scientifique connue. Quoi d’autre ? Je suis souvent invitée par les agences spatiales européenne et française à de multiples évènements. Par exemple, j’étais à Toulouse quand Curiosity a atterri sur Mars l’année dernière en tant que Mars. Oui, parce qu’en fait j’ai créé tout l’Univers sur Twitter. Et bien sûr, j’ai déjà rencontré de vrais astronautes, j’ai reçu un tweet de l’espace, et j’adore vivre sans gravité. Je veux aller sur Mars, donc je m’entraîne déjà pour ça : botanique, géologie, mathématiques, et pilotage. Je pense beaucoup à ce projet et je partage ces réflexions sur mon blog. Donc s’il vous plaît… J’en ai marre de rêver sur ma moquette. Envoyez-moi sur une vraie planète rouge. »

« Hi ! Here I am ! And this, is my home. And this… is, well… my other home… And when my body’s off, my brain is on ! I will co-organize the first French Science Hack Day and actually, I interviewed its founder, Ariel Waldman, for a French TV-show where I worked last season during the week. And during my week-ends, I made a video podcast about space which was the first of its category on the French iTunes, before the NASA. Now, I talk about astronomy and space exploration in a famous scientific radio show. What else ? Well, I’m often invited by the French and European space agencies to multiple events : for instance, I was in Toulouse when Curiosity landed on Mars last year – as Mars. Yeah, actually I created the whole universe on Twitter. And, of course, I already met real astronauts, I received a tweet from space and I love to behave with no gravity. I want to go to Mars. So, I’m already training for this : botany ; geology ; mathematics, and flying. And of course, I’m thinking a lot about this project and I share these thoughts on my blog. So, please… I’m fed up with dreaming on my carpet… Send me to a real red planet. »

Merci à / Thanks to :
– mes parents qui m’ont prêté leur jardin
– le centre Healthcity de Boulogne-Billancourt et notamment Noémie
– Axe pour cette incroyable combinaison spatiale

Retrouvez-moi à partir du lundi 26 août dans « La tête au carré » sur France Inter, les lundis et jeudi à partir de 14h ! (Mon intervention commence aux alentours de 14h45.)

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Du recul pour penser l’humain (A global view to think about what being human means)

[MARS ONE] Du recul pour penser l’humain (A global view to think about what being human means)

Dans tous les essais scientifiques que j’ai pu lire, une information m’a particulièrement frappée et ne cesse de me hanter : les chercheurs qui étudient l’Univers sont les seuls à ne pas pouvoir sortir de l’objet qu’ils étudient – ils sont enfermés dedans. Nous, humains de la planète Terre, essayons de comprendre et de connaître un objet dont nous faisons partie. Comme si une cellule de notre foie, qui serait subitement douée d’intelligence, voulait savoir ce qu’est un corps humain. Elle comprendrait certainement les organes, le sang, le système nerveux ; mais réussirait-elle à avoir une idée de la forme de ce corps, de la complexité de son fonctionnement ? comprendrait-elle l’interaction de tous ses éléments ? arriverait-elle à saisir qu’il est vivant, conscient, intelligent ?…

In all the scientific books that I read, one information grabbed my attention. I can’t stop thinking about it since then : researchers studying the Universe are the only researchers who just can’t go out of the object they study – they are trapped inside. We, humans of planet Earth, try to understand and to know an object we are part of. As if a liver’s cell which would suddenly became intelligent would like to know what a human body is. It would certainly understand organs, blood, nervous system ; but would it succeed to imagine this body’s shape, the complexity of how it works ? would it understand the interaction between all its constitutents ? would it succeed to get that it is alive, conscious and intelligent ?…

J’étais jeune adolescente. J’avais bien du mal à savoir qui j’étais et je me suis rendue compte que ce qui était vrai pour les cosmologistes était vrai pour moi aussi. Mon image sur une photo était à des années-lumière de ce que je voyais dans le miroir, ma voix enregistrée semblait celle d’une étrangère par rapport à ce que j’entendais de l’intérieur, et quand on décrivait ma personnalité, je n’arrivais pas à croire qu’on pouvait autant se tromper sur mon compte. Alors… qui avait raison ? Qui savait qui j’étais réellement ? La réalité était-elle dans mon miroir ou en dehors ? On se trouve souvent trop ceci ou trop cela, un défaut invisible pour les autres devient invivable pour soi… La réalité était sans doute en dehors. Nul n’est prophète en son pays…

When I was a teenage girl, it was not easy for me to know who I was and I realised that what was true for cosmologists was true for me too. A picture of myself seemed so far away from what I saw in a mirror ; my recorded voice sounded like a stranger compared to what I heard from the inside ; and when someone described my personality, I just couldn’t believe how much somenone could be so much wrong. So… Who was right ? Who knew who I really was ? Was reality in my mirror or outside ? We always think we are too much this or not enough that… An unbearable defect for someone is often an invisible one for others… Reality came perhaps from the outside. No man is a prophet in his own country… 

Il serait bien sûr idiot de faire un parallèle avec l’Univers. Tout ça recourt de la psychologie et ça n’aurait aucun sens d’en attribuer une au cosmos. Mais dernièrement, quand j’ai travaillé sur une nouvelle pour un concours dont le thème était l’Homme augmenté, je me suis longuement posé la question de savoir ce qu’était qu’être humain. Et j’ai repensé à ma réflexion de jeune adolescente : peut-on réellement savoir qui nous sommes en tant qu’espèce si nous en faisons nous-même partie ?… Je pense que non. On peut s’approcher de la réalité mais elle ne sera jamais complète sans un regard extérieur et neutre. Alors pour savoir qui nous sommes, nous devrions demander l’avis des fourmis, des petits chats mignons ou des tourterelles… Malheureusement, ce n’est pas possible. Reste la possibilité d’une civilisation extraterrestre intelligente et consciente. Mais nous ne l’avons pas trouvée (et vice-versa)…

Comparing my own feeling with the Universe would be stupid : that’s psychology, and it wouldn’t have any sense to say that the cosmos had one. But I worked lately on a short story for a competition whose subject was transhumanism. I had to think about what it means to be human, and I remembered my teenage’s thoughts. Can we know who we are as a specie if we are part of it ? I think we can’t. We can go close to reality but it will never be completed without someone else who would be neutral. To know who we are, we should ask ants, cute kitties or turtledoves – but they can’t do such a thing. A conscious and intelligent alien civilization could help us – but we didn’t find it (and vice versa)… 

Quand on veut faire le point ou se ressourcer, se retrouver, souvent on… change de lieu. Comme si changer de position dans l’espace permettait de mieux appréhender sa propre personnalité et son propre ressenti. Cela s’appelle prendre du recul, et il est toujours nécessaire pour avoir une vue d’ensemble d’une situation, pour mieux la comprendre et la connaître. Et j’ose à peine imaginer ce qu’ont dû ressentir les astronautes d’Apollo 11 quand ils se sont retournés pour la première fois vers leur planète d’origine qu’ils ont vue en entier. Ni quand ils l’ont observée depuis le sol lunaire. Et les astronautes actuels reviennent tous de l’espace en avouant que ça les avait changé en tant qu’individu et en tant qu’être humain, et même au-delà de ça, avec une prise de conscience d’être Terrien. Un point bleu pâle…

When you want to make an analysis of your situation, to revitalize yourself or to detach yourself, you often… go – as if being somewhere else could help with your feelings. This is called « taking a global view », and it is necessary to know and understand a situation. I can barely imagine what Apollo 11’s astronauts felt when they saw their whole planet of origin for the very first time and when they observed it from the lunar ground. And today’s astronauts all come back from space saying that they are different now, as a person and as a human being, and even further… as an earthling. A pale blue dot…

Savoir qui nous sommes. L’un des plus grands mystères de l’humanité. Si aucun regard extérieur n’intervient, nous ne le saurons sans doute jamais.
Mais… Mais Mars One compte envoyer des femmes et des hommes sur une autre planète pour s’y installer définitivement. Si ces personnes resteront humaines, ils deviendront plus Martiens que Terriens. Et alors, ils auront tout le recul et le temps nécessaires pour mieux comprendre et mieux connaître ce que c’est qu’être humain.

We want to know who we are, and that’s one of the biggest mystery of humanity. But if no one neutral and far away helps, then we would never know who we truly are.
Though… Though Mars One project wants to send women and men on another planet to settle there. If these persons will remain humans, they will become more Martians than earthlings. Then, they will be taking enough global views and enough time to better understand and better know what it is to be a human being. 

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