[CV-VIDEO] Deux mois après, un premier bilan (4/4)

4) Entre (petite) notoriété et (grosses) contrariétés


Vue de l’extérieur, ma situation avait certainement tout d’enviable. J’en ai croisés, des regards différents : admiratifs, jaloux, envieux, amusés, curieux, intrigués, bienveillants, attentionnés…
J’en ai entendu, des paroles gentilles (et j’en remercie chaudement leurs auteurs) :
« avec ce buzz, tu vas carrément tout de suite trouver un CDI dans une grande chaîne ! », « c’est génial, bon je libère ta ligne, y a sûrement 20 employeurs qui essayent de te joindre, là », « tu vas avoir l’embarras du choix, bravo ! », « c’est dingue ce que t’as fait, tout le PAF doit être à tes pieds », « bon alors, c’est quoi les nouvelles ?? tu veux pas nous dire parce que c’est du lourd ? »


C’était du lourd, oui. Du lourd de néant. Tout le PAF n’était pas à mes pieds, 20 employeurs n’ont pas essayé de me joindre, on ne me proposait pas de CDI, les grandes chaînes restaient désespérément muettes, et mon téléphone aussi.


Enfin non. Mon téléphone n’a pas arrêté de sonner. Des journalistes, tous les jours. Tous les jours, pendant 3 mois. Et à chaque fois, la même rengaine. « Vous auriez le mail de votre red’chef, ou un contact à la RH ?… » Jamais, jamais je n’ai pu décrocher le moindre mail, le moindre nom, le moindre numéro de téléphone. J’étais furieuse, bien sûr. D’autant plus que les excuses pour ne pas me donner ces informations étaient souvent foireuses. Ces journalistes avaient certainement peur que je leur vole leur job, je ne vois que cette explication. En tout cas, ça en disait long sur la situation de la presse en France, et, plus globalement, sur la peur du chômage… Donc, au bout du compte, je ne leur en veux pas vraiment.


En tout cas, j’avais beau être très demandée par les médias, je piquais toujours dans mon livret A pour faire mes courses. Réalité un peu moins glamour… (Merci Papa Maman de m’avoir payé ma Carte Orange. La RATP ne fait pas de tarif chômeur. Dommage.)


Toute cette période un peu folle a été rythmée par des situations en dents de scie. Pas faciles à gérer émotionnellement, moralement, nerveusement, et physiquement, elles m’épuisaient de toutes les manières que je viens de citer. En voici quelques exemples représentatifs.


– Suivie par la télé belge le matin, virée comme une malpropre le soir

J’étais fébrile : juste avant les vacances de Noël, une boîte de prod (vous n’aurez pas son nom, faudrait me payer très, très cher pour que je leur fasse de la pub) m’avait appelée et était prête à m’embaucher. C’était le résultat d’une candidature suite à une annonce sur Profilculture – non, ils n’avaient pas entendu parler de ma vidéo, et oui, je continuais à chercher par la manière « classique ». 


Je passe sur les vacances de Noël à passer des heures à commencer en télé-travail, en même temps que le baby-sitting de deux enfants (mais pas le week-end, quand même), les réponses aux sollicitations des journalistes, l’envoi de candidatures tous les jours, la surveillance de mon e-réputation (sur rue89, notamment), et, très accessoirement, du repos (ahahah) et les fêtes de famille.


Nous nous étions mis d’accord pour nous rencontrer « en vrai » avant de signer quoi que ce soit, mais ils m’attendaient de pied ferme le mercredi de la rentrée pour commencer à travailler. Bon. Ok.


La veille, la RTBF me contacte : ils voudraient me suivre pour un reportage. Ce premier jour prévoyant une embauche est une aubaine pour eux : on se donne rendez-vous à l’adresse de la fameuse boîte de prod. C’était tôt le matin avant l’heure à laquelle j’étais censée arriver – je ne voulais pas, pour mon premier jour, rappliquer avec des caméras. Routine habituelle : installation du micro, prises de vue refaites plusieurs fois dans la rue sous les regards intrigués des passants, interview, plans de coupe, etc. Un moment très agréable, en somme. J’avais la banane pour la journée. Du moins, je le pensais…


Ca s’est très mal passé. Visiblement, nous nous sommes mal compris. Il m’avait pourtant semblé avoir été claire… Je m’en suis pris plein la figure comme jamais ça ne m’était arrivé. Je vous passe les noms d’oiseaux… mais je vous offre cette réponse d’anthologie quand j’ai abordé la question du contrat d’apprentissage (attention, c’est du lourd !) : « On est une société de production, ici, pas un centre social. » 


J’ai pris mes affaires qu’on m’avait demandé de prendre, j’ai remercié de mon plus beau sourire, et je suis partie. Une fois la porte passée, inutile de vous dire que j’ai fondu en larmes. Ce n’était encore pas pour cette fois…


A 9 heures, j’étais la star du jour sur la RTBF (vidéo ci-dessous, heureusement que le logo de la société n’est pas identifiable) ; à 16 heures, j’étais une moins que rien « pas fiable, inconséquente » et « SDF » (je vous fais grâce du reste, je vous dis, je suis pas maso).


Belle illustration de ce que je vivais chaque jour…




– En préparation d’un colloque au ministère le matin, recalée le soir

Grâce à mon CV-vidéo, on m’a contactée pour faire partie des intervenants lors d’un colloque organisé par Valérie Pécresse, sur l’insertion des jeunes diplômés en Langues, Lettres, Sciences Humaines et Sociales dans les entreprises (et dont je vous ferai un compte-rendu, oui, promis, ça vient !).

Organisé par L’Etudiant, son directeur de la rédaction me demande où en sont mes recherches – au point mort. Il me propose d’intervenir en ma faveur auprès de la rédaction de L’Express, à l’étage du dessus. Chouette ! 

Le soir même, ironie du sort, je vois une petite annonce sur Twitter : L’Express cherche un stagiaire au pôle culture. Je saute sur mon clavier… et la réponse en message privé m’arrive quelques minutes plus tard : « Désolé Florence. Nous ne pouvons prendre que à plein temps. Merci d’avoir répondu c’est gentil. »

Damn it.


– Jeudi, consultante au ministère ; lundi, teubé au Pôle Emploi

Last but not least dans ma série des « dents de scie ». Un jeudi, donc, a eu lieu le colloque au ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, où j’intervenais. Trois jours plus tard, j’étais convoquée au Pôle Emploi pour un atelier obligatoire : « Comment optimiser sa télé-candidature. Comment écrire une lettre de motivation. »

No comment. (Du coup, ça m’a donné envie de lui écrire une lettre, à Pôle Emploi.)


Voilà donc ce qu’était mon quotidien : sollicitée de toutes parts par les médias, et galérant comme n’importe quel autre demandeur d’emploi. Je vous assure que c’était pas facile de s’y retrouver. Heureusement que je suis solide… 

Bon, et bien sûr, quelques autres perles de ce genre : « Un stage chez nous ? Mais enfin mademoiselle, vous êtes bien trop qualifiée pour ce poste. » Ou encore, cette journaliste au téléphone : « Je vous aurais bien prise, mais j’ai engagé quelqu’un la semaine dernière… » Ou encore ce rédacteur en chef d’un grand magazine qui, en guise de réponse le lendemain d’un entretien… m’a unfollowée sur Twitter. Classe.


Le plus difficile, je crois, en plus du fait que plus les jours s’égrainaient, plus je risquais de perdre mon année, c’est l’incompréhension totale de la situation : un tel buzz pour… rien ?…

Mais… WTF ???

Je n’ai peut-être pas, à l’heure actuelle, assez de recul pour comprendre. Bien sûr, la presse est en crise. Bien sûr, ce que je cherchais était un peu particulier. Mais le fossé entre tout ce ramdam et le silence de mon téléphone était tellement grand…

[CV-VIDEO] Deux mois après, un premier bilan (3/4)

3) Troisième semaine : ça s’emballe, les médias s’en emparent


Mardi 1er décembre

Après Youtube, je décide de mettre ma vidéo sur Dailymotion – cette fois sans le dire à personne. Histoire de voir si le succès est également au rendez-vous avec le seul bouche-à-oreille… En 2 jours, elle fait plus de 1000 vues. Mon cœur bat vite… Et toujours aucune, absolument aucune, critique méchante/injurieuse/jalouse/aigrie. C’est louche… J’en suis absolument ravie, mais ça ne ressemble pas à la webosphère. C’est louche…

 

Jeudi 10 décembre

Tout ça est très amusant, mais je n’ai toujours aucun contact professionnel, et le buzz commence à s’essouffler. Je commence sérieusement à déprimer. Gros coup de mou. Heureusement, j’ai un autre but dans ma journée que celui de rester derrière mon écran à envoyer des candidatures spontanées : j’ai rendez-vous avec Nicolas Catard, « l’excellent chef de projet », rencontré sur Twitter. Ce déjeuner fort sympathique me permettra d’être regonflée à bloc. J’ai le moral à nouveau. Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, il me passe un coup de fil dans l’après-midi : « Ton CV-vidéo est en home de Dailymotion ! » YESSS. Visibilité accrue, promesse de contacts professionnels ? A suivre…

 

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J’arrive à Châlons en Champagne, chez mes parents, en fin d’après-midi. Je me connecte pour me tenir au courant de la situation. Les chiffres donnent le tournis…

Sur Facebook, des messages de (vrais) amis m’inquiètent : « On est avec toi, Florence, n’écoute pas tous ces crétins » ou « Ouh la, lâcher de cons sur Dailymotion !! » ou encore « Ne va pas lire les commentaires si tu ne te sens pas super en forme… » Ah ?… Enfin des critiques méchantes/injurieuses/jalouses/aigries ?… Je vais y faire un tour… et je passe une heure à bien rigoler. En effet, il y en a des vertes et des pas mûres… mais pas autant que je le craignais. Je me rends compte que tout ça ne me touche absolument pas, et j’en suis très contente. Je les lirai toutes. Il y a des perles…

 

Vendredi 11 décembre

13h. Fébrile. Inquiète. Dans une poignée de minutes, France 3 Lorraine Champagne-Ardenne diffusera un reportage à mon sujet. J’ai passé une excellente journée de tournage avec Simond Colaone (journaliste) et Daniel Samulczyk (caméraman), très instructive d’un point de vue journalistique, mais je ne sais pas du tout à quoi va ressembler le montage final.

Et finalement, ouf, le reportage et la chronique sont très intéressants ! (Ci-dessous, l’édition de 19h.)

 

 

 

 

Suite du mois de décembre

Ça devient fou. Pas un jour ne passe sans que je ne sois sollicitée par un journaliste, par mail ou au téléphone. Sans compter les internautes qui continuent à m’envoyer des mails. J’ai des centaines de nouveaux amis sur Facebook, et ma popularité sur Twitter va grandissante.

La plupart du temps, j’apprends par Facebook, Twitter, ou par des amis qu’on parle de ma vidéo dans tel média ou sur tel site. De la folie douce… Mais les recruteurs sont aux abonnés absents. Heureusement, avec toute cette agitation, je n’ai pas le temps d’y penser trop fort.

 

Twitter

Laurent Wauquiez, Secrétaire d’Etat à l’Emploi, twitte mon CV-vidéo. A l’heure où je vous parle, ma conseillère Pôle Emploi ne l’a toujours pas regardé. Cherchez l’erreur.

 

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Télévision

William Leymergie me citera dans Télématin. Le lendemain, je passe dans le « JT décalé » sur iTélé (malheureusement, malgré mes heures d’écoute, je ne le verrai pas de mes propres yeux…).

 

 

 

 

Le mercredi 6 janvier, je passe dans le JT du soir sur la RTBF (Belgique). Non, je ne m’appelle pas Delphine. Mes origines belges leur pardonnent.


 

 


Le vendredi 8 janvier, je suis en direct par téléphone sur une chaîne québécoise. 2010 sera international, ou ne sera pas !

 

 

 

Le dimanche  7 février 2010, c’est au tour de l’émission Combien ça coûte ? sur TF1 de m’intégrer dans un des reportages : « Trouver un job à tout prix ». (Malheureusement, la vidéo n’est plus disponible sur le site).

 

J’ai également été approchée par une réalisatrice des documentaires Strip-Tease (France 3). Nous faisons des essais le week-end du 16 et 17 janvier à Châlons, avec toute ma famille. La réponse tombe le jeudi qui suit : après visionnage des tests, le documentaire ne se fera pas. Tant pis !

 

L’aventure télévisuelle ne s’arrête pas là : je suis l’invitée du JT des blogs sur MCE (Ma Chaîne Etudiante) !

 

 

 

 

Radio

RTL a parlé de ma vidéo, France Info aussi il paraît (mais je n’ai pas entendu), ainsi qu’une radio québécoise(comment ça, j’ai un accent ??) Et j’ai bien entendu gardé les podcasts pour mes archives personnelles.

 

Presse papier/web

La presse régionale s’y est mise aussi. J’ai donné une interview pour le Télégramme en Bretagne, et on m’a signalé un article sur le site de la Dépêche, dans le Sud.

Plus récemment, L’Union m’a choisie pour être le portrait du lundi. Je n’ai pas de photo de l’article dans le journal papier, mais voici la version web. Et, quelques jours plus tard, j’ai eu droit à un encart après mon passage dans Combien ça coûte ? Ils me suivent de très près…

 

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Et last but not least, Le Monde. Oui oui, vous avez bien lu. J’ai fait l’objet d’un article formidable et très écrit dans le supplément TV vendu avec les éditions du dimanche 21 et du lundi 22 mars…



lemonde 



Sites et blogs

Là encore, je ne peux pas les citer tous. Tour d’horizon des plus intéressants.

Sur rue89, l’article était sympa. Mais des petits malins se sont amusé à me reprocher des choses imaginaires en commentaire. J’ai donc mis les choses au point dans mon droit de réponse. Je surveille de très près mon e-réputation, et ça commence à se savoir.

J’ai répondu à une interview très complète pour Overblog, mon hébergeur – ce qui m’a permis d’augmenter considérablement ma visibilité !

Un autre interview également pour un blog concernant le Personal Branding. Ce qu’il y a de bien avec Internet, c’est qu’on peut s’exprimer sans que la moitié des propos soient coupés.

Le blogue de Patrick Lagacé, visiblement le journaliste-blogueur le plus influent du Québec. Le pic de nombre de vues sur Youtube ce jour-là est éloquent…

Ca me fait plaisir d’être sur le Post, aussi. Je visite souvent ce site. Surtout qu’il n’y a pas que cet article : il y a celui-là aussi !

Je dois beaucoup à Otto le Chauffeur de Buzz… qui a bien compris le message que je tenais à faire passer.

Et last but not least, un papier général sur les CV-vidéo sur l’ecotidien.fr, qui dit vraiment beaucoup de bien du mien.