[MUSIQUE] Coups de coeur Jazz : Musica Nuda et The Puppini Sisters

J’ai des goûts musicaux que certainement beaucoup d’entre vous qualifieraient « de chiotte ». Oui, j’aime la bonne grosse variété qui tache. Plus la mélodie est simple et efficace, plus ça me plaît. La pop a été comme inventée pour moi et je suis en général d’accord avec les gros succès des charts. Mes idoles s’appellent Jean-Jacques Goldman, Lynda Lemay, Michael Jackson, Lady Gaga et Britney Spears. J’adore le premier album de Carla Bruni, j’écoute avec plaisir du Michel Sardou et du Céline Dion dans mon iPod, la radio de mon adolescence était Nostalgie et je me branche régulièrement sur Chérie FM. Tout cela ne m’empêche pas, en revanche, d’être allergique à Christophe Maé.

J’aime aussi beaucoup de petits groupes plus au moins médiatiques comme Oldelaf et Monsieur D., La Chanson du Dimanche et l’excellentissime Barcella. J’écoute énormément de musique classique et baroque, je me délecte de musique médiévale, je passe aisément de Daft Punk à Henri Dès en passant par Notre-Dame de Paris et Scorpions, je ne renierai aucun des cinq concerts de Patrick Bruel auxquels j’ai assisté et je me refais régulièrement l’intégrale des Spice Girls.

Autant vous dire que le jazz, c’est pas mon truc. Mais c’est pas mon truc genre réaction épidermique quand j’entends un saxophone baver, hein. En fait, ça me provoque des crises de nerfs – c’est véridique et ça n’a rien d’amusant. Je ne supporte physiquement pas le jazz pur et dur et je fuis donc tout ce qui peut avoir une consonnance jazzy.

Mais j’ai récemment fait deux découvertes qui pourraient bien entrer dans la catégorie « jazz ». Deux petits bijoux qui sont parvenus totalement par hasard à mes oreilles éblouies. Deux groupes complètement différents l’un de l’autre, mais qui mettent tous deux l’accent sur les voix, et non l’instrumentation, à travers des reprises de chansons venues de répertoires variés.

Musica Nuda

Comme son nom l’indique, Musica Nuda conçoit la musique comme quelque chose de très dépouillé, de lesté de toutes sortes d’artifices souvent inutiles, pour arriver à un résultat minimaliste, où la nudité de la voix de Petra Nagoni révèle la force d’une interprétation à travers la sensibilité d’un timbre d’une pureté étonnante. La contrebasse de Ferruccio Spinetti l’accompagne, parfois à peine dans le pincement d’une corde à point nommé, parfois pour la soutenir dans ce qui semble être une improvisation, parfois  s’émancipant dans une minute de gloire grandement méritée.

Ces deux musiciens italiens nous offrent en tout cas tout un éventail de reprises, des Beatles à Police en passant par B.J. Thomas. Cette voix et cette contrebasse peuvent tout reprendre, dans des versions à la fois universelles et très personnelles. La technique de Petra Nagoni nous entraîne vers des sommets rarement atteints, comme ce mi qu’elle tient à la fin de Guarda Che Luna, et la discrétion tranquille de Ferruccio Spinetti rendent l’unique instrument aussi indispensable qu’inattendu.

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The Puppini Sisters

Les Puppini Sisters sont beaucoup plus accompagnées : leurs reprises ont une sonorité très années 40, d’une pop rétro et kitch. Leur particularité est d’être composées de trois voix féminines utilisant la technique Close Harmony, pour des interprétations complètement différentes que peuvent faire Musica Nuda, mais tout aussi réussies – dans un autre style. Elles pourraient aisément se contenter de faire de l’a cappella, mais il faut bien avouer que les arrangements de leur album « Betcha Bottom Dollar » sont délicieusement jouissifs et enlevés. Les trois chanteuses britanniques, respectivement brune, rousse, et blonde, s’amusent, et ça s’entend. Leurs harmonies donnent aux chansons, souvent ultra-célèbres, une couleur que l’on n’aurait jamais soupçonnée. On redécouvre des standards paradoxalement dépoussiérés par trois chanteuses qui puisent leur inspiration dans le style des années 40. Et pour l’anecdote, Marcella Puppini a eu l’idée de former ce groupe après avoir vu Les Triplettes de Belleville. Soyons chauvins.

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La raison pour laquelle j’ai voulu faire un seul billet de ces deux découvertes, c’est parce qu’elles ont réussi à me faire aimer une chanson que mes goûts naturels auraient dû ne pas me faire détester. Si je vous dis Gloria Gaynor ?… Oui, Musica Nuda et les Puppini Sisters ont réussi l’exploit de rendre I Will Survive absolument délicieuse, chacun dans leur style. Je vous laisse découvrir les deux versions, jolies illustrations de ce que peuvent faire deux groupes différents d’une seule et même superstar de la chanson, trop écoutée, trop entendue et dont on n’attend plus rien. Sauf si…

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