C’est officiel et (presque) certain : j’existe. Les scientifiques terriens ont réussi à voir des preuves de mon existence, moi qui jouais à cache-cache avec eux depuis plus de 40 ans et qui changeais de place sans arrêt, instable que je suis.
Mais les blagues les plus courtes sont les meilleures (oui, oh, ben, à l’échelle du cosmos, 40 ans, c’est court !) et j’ai enfin bien voulu montrer le bout de mon spin nez. Me voici donc sous les instruments ébahis du LHC, à grand renfort d’énergies considérables à l’échelle humaine et me montrant derrière des chiffres, des courbes et des graphiques. Mais qui suis-je ?…
Si vous ne comprenez rien à la vidéo ci-dessous, alors lisez la suite.
The Higgs Boson Explained from PHD Comics on Vimeo.
Pour me présenter le plus simplement et le plus précisément possible, j’ai besoin de vous expliquer le tableau général dans lequel je m’inscris. (D’avance, amis scientifiques, veuillez accepter mes excuses : pour faire limpide, j’ai besoin d’utiliser quelques raccourcis certes grossiers mais néanmoins indispensables.)
Un seul Univers, deux mondes physiques
L’Univers physique se compose de deux mondes, hélas pour l’instant distincts (j’y reviendrai) : l’infiniment grand (les planètes, les étoiles, les nébuleuses, les galaxies, etc) et l’infiniment petit (les atomes, les particules, les quarks, etc).
Vous, Terriens, vous vous situez un peu entre les deux : vous êtes des composés d’atomes (eux-mêmes composés de particules) qui vivez sur une petite planète autour d’une étoile de taille moyenne située dans une galaxie, la Voie Lactée, tout à fait banale.
Et vous avez donc réussi, jusqu’ici, à élaborer deux théories formidables pour expliquer les phénomènes physiques : la théorie de la Relativité générale qui explique l’infiniment grand (le mouvement des objets célestes, la vitesse de la lumière, les courbures de l’espace-temps, etc) et le Modèle standard de la physique des particules qui explique les phénomènes au niveau quantique (l’infiniment petit).
Mais il y a quelques couilles dans le potage (si je puis me permettre). Quelques détails du Modèle standard vous échappent toujours ou sont en cours de validation (c’est mon cas, j’y reviendrai), et surtout, ces deux théories expliquant les deux facettes de l’Univers sont incompatibles entre elles. Comme si deux mondes totalement différents composait notre unique Univers… Cela paraît impossible, et pourtant…
Un seul Univers, une physique unique ?
Depuis Einstein, les physiciens tentent d’unifier ces deux grandes théories dans une théorie «du tout» : une seule série d’équations qui expliquerait aussi bien les phénomènes de l’infiniment grand que ceux de l’infiniment petit.
La théorie des cordes est pour l’instant celle qui s’en approche le plus, mais elle pose encore problème et est quasiment impossible à vérifier par l’expérience : elle part du principe que tout dans l’Univers – la matière, l’espace, le temps – est composé non pas de particules mais de cordes de taille infinitésimales qui vibreraient différemment.
Les 4 forces fondamentales de l’Univers
Mais revenons à nos bosons moutons. L’univers physique est composé de 4 forces fondamentales :
– La plus connue, qui est aussi la plus faible de toutes, est la gravité. Elle est responsable de la chute des corps, des marées, de la forme sphérique des étoiles et des planètes, et de tous les mouvements au sein de l’Univers.
– La moins populaire est l’interaction faible. C’est pourtant grâce à elle que les étoiles existent puisqu’elle est responsable de la fusion nucléaire au sein des atomes qui permet leur formation.
– Plus fort que l’interaction faible, l’électromagnétisme nous est assez familier puisqu’il prend en compte beaucoup de phénomènes de notre quotidien : l’électricité, le magnétisme, la chimie, la lumière…
– Et enfin, la force la plus puissante de toute est la bien-nommée interaction forte. C’est elle qui maintient collés les quarks (particules élémentaires qui forment le noyau atomique) à l’intérieur des atomes pour que leurs noyaux puissent se tenir formés.
Sans ces quatre forces, rien ne serait possible : l’électromagnétisme, l’interaction faible et l’interaction forte, qui agissent dans l’infiniment petit (et qui font donc partie du domaine quantique et du Modèle standard), permettent à la matière de se former et de se maintenir.
La gravité, dans l’infiniment grand (expliquée par la Relativité générale), fait en sorte que toute cette matière se regroupe (pour former des étoiles, des galaxies, des planètes), garde vitesse ou inertie, et s’influence à échelle cosmique.
Bref : une faiblesse dans l’une ou l’autre de ses forces, et l’Univers tel que nous le connaissons ne serait pas possible.
La mécanique des forces
Quel est le rapport avec moi, vous demandez-vous ? Excellente question : nous y arrivons.
Ces forces ne sont pas quelque magie impie sortie de nulle part : elle viennent d’un même endroit/moment (le Big Bang) et elles s’expliquent selon des principes physiques plus ou moins bien connus.
La gravité est la force que nous connaissons le moins bien : les physiciens imaginent qu’elle est transportée par une particule nommée graviton. Mais rien n’est moins sûr – laissons-la donc de côté, puisque de toute façon elle n’a aucune influence sur l’infiniment petit qui est le monde dans lequel je vis.
L’électromagnétisme est une force véhiculée par une particule dont vous avez sans doute déjà entendu parler : le photon.
L’interaction forte est transportée par une particule nommée gluon (moyen mnémotechnique : elle tient les quarks collés ensemble, c’est donc une sorte de super glu !).
Quant à l’interaction faible… et nous y voilà : elle est véhiculée par différentes sortes de particules que l’on nomme boson. Il en existe plusieurs – pour différentes sortes de tâches – et je suis l’un d’entre eux !
Le boson de Higgs, un boson particulier
Mais qu’est-ce qui fait ma particularité ? Après tout, j’ai trois frères bosons et on n’en fait pas tout un plat.
Oui, mais voilà… Je suis la réponse à plusieurs questions un peu importantes quand même :
– Pourquoi certaines particules ont des masses et d’autres pas ? (Ce qui a permis la formation d’atomes plus ou moins lourds, et donc la diversité des éléments, et donc tout dans l’Univers de A à Z en passant par la vie…)
– Sachant que peu après le Big Bang, l’électromagnétisme et l’interaction faible étaient une seule et même force (la force électrofaible), alors pourquoi le photon (vecteur de l’électromagnétisme) a une masse nulle et a donc la vitesse la plus rapide existante, alors que les bosons Z et W (vecteurs de l’interaction faible) possèdent une masse, sont donc lourds, et se déplacent donc moins vite ?
– Qu’est-ce qui a fait que cette force se soit scindée en deux à un moment pour conduire à deux forces aux propriétés si différentes ?
La réponse à toutes ces questions est (en toute modestie) : moi.
Une vinaigrette cosmique
Juste après le Big Bang (on parle de l’ordre de milliardième de milliardième de seconde, hein), l’Univers était encore une espèce de soupe concentrée où les quatre forces fondamentales, pense-t-on, n’en faisaient qu’une.
Comme je vous le disais tout à l’heure, le Graal des physiciens serait de trouver la théorie de l’unification pour enfin expliquer en une seule formule tout et absolument tout, dans l’infiniment grand et l’infiniment petit.
En remontant le temps jusqu’à cette soupe, ils essayent donc de prouver que les 4 forces n’en étaient qu’une en les unifiant les unes aux autres.
Or, si la gravité semble ne vouloir se mêler à aucune autre (elle est un peu prétentieuse…), les scientifiques ont pu prouver qu’à un certain moment dans l’histoire de l’Univers, juste après le Big Bang, donc, l’électromagnétisme et l’interaction faible se rejoignaient pour faire la force électrofaible.
Revenons à notre soupe concentrée. L’univers, à ce stade de son histoire, était très très très dense et très très très chaud, vous imaginez bien, puisqu’il sortait tout juste d’une «explosion» à l’énergie colossale.
Mais plus il grandissait, plus il perdait d’énergie, plus il se refroidissait. A ce stade, la métaphore de la soupe n’est pas géniale, oubliez tout et remplaçons-la par de la vinaigrette. Quand vous faites de la vinaigrette et que vous la remuez avec énergie, on obtient une substance à peu près homogène.
Mais si vous la laissez reposer, l’énergie s’amenuise et ne tient plus vraiment le mélange comme une substance homogène : au bout d’un certain temps, le vinaigre et l’huile vont se séparer et vous les retrouverez l’un en bas, l’autre posé au-dessus.
C’est qui s’est passé à 10-10 secondes après le Big Bang : l’Univers s’étant «refroidi» à 1015 degrés (contre 1018 pour la vinaigrette mélangée), la baisse de température a provoqué une «brisure de symétrie» : comme l’huile et le vinaigre qu’on a vu se dissocier à l’intérieur d’une même substance nommée vinaigrette, la force électrofaible s’est divisée en interaction faible et en électromagnétisme.
Et c’est à ce moment précis que je suis né : je suis le fils de la brisure de symétrie. (Qui a également engendré le divorce entre l’électromagnétisme et l’interaction faible, mais que voulez-vous, hein, c’est un mal pour un bien !)
Un twapéro cosmique
A partir de ce moment-là, tout est simple : j’ai baigné tout l’Univers. Enfin… pas moi tout seul évidemment : avec mes jumeaux, on a constitué ce qu’on appelle un champ de Higgs, une sorte de piscine uniquement composée de bosons de Higgs.
Et comme ce champ baignait tout l’Univers, donc, les particules n’avaient pas d’autre choix que de me traverser, et notamment les autres bosons, vecteurs de l’interaction faible (jeune divorcée), et les photons, vecteurs de l’électromagnétisme (jeune divorcé).
Mais par quel truchement les photons et les bosons qui ont traversé mon champ tout pareil, vindiou de vindiou, se sont retrouvés l’un avec une masse nulle, et l’autre avec une masse non nulle ?
C’est très simple. (MAIS SI.)
Imaginez un twapéro. Jusqu’ici ça va, ce sont des métaphores familières ? Oui ? Bon. Poursuivons.
Imaginez un twapéro bucolique organisé dans un champ, où les twittos et les twittas représentent chacun et chacune un moi-même.
Vous êtes donc, bosons de Higgs métaphoriques, dans ce champ, un verre de limonade à la main, en train de discuter, d’échanger les derniers potins, et de vous demander quand @Soleil_VL va enfin réussir à pécho @Lune_VL. Bon.
Au fur et à mesure, plusieurs nouveaux arrivants arrivent (ce qui est normal pour un arrivant, vous en conviendrez.) Plus l’arrivant a un nombre de followers élevé, plus il est connu d’un nombre important d’entre vous, plus le mouvement de foule pour l’accueillir sera grand.
Exemple :
– @Terre_VL arrive dans le champ. Elle a 170 abonnés. C’est peu. Rares seront ceux qui viendront donc à sa rencontre : elle pourra avancer dans le champ sans trop de difficulté, avec légèreté, donc sans trop de masse. (Admettons qu’elle symbolise un neutrino.)
– Vient ensuite @FlorencePorcel (elle m’accueille sur son blog, faut bien que je sois un peu lèche-botte, hein). Avec ses 6270 abonnés, elle a déjà bien plus de chances de se faire souhaiter la bienvenue par nombre d’entre vous : comme vous êtes nombreux à vous regrouper autour d’elle, son avancée sera beaucoup moins fluide que celle de @Terre_VL. Elle aura besoin de plus d’énergie pour traverser le champ et a donc une masse plus importante. (Admettons qu’on elle symbolise un quark.)
– Et soudain, @sgtpembry fait son apparition. (Un Terrien fort sympathique, ce @sgtpembry, j’ai un faible pour lui – un comble pour un vecteur de force, mais que voulez-vous… Il a fait un sketch sur mon monde que j’aime beaucoup, alors… Tenez, je vous le mets là-dessous, je suis assez cool, comme boson.)
Donc @sgtpembry arrive dans le champ. Lourd de 88 500 abonnés, toutes les personnes présentes meurent d’envie d’aller à sa rencontre. Du coup, c’est la cohue, il ne peut pas avancer, comme s’il pesait une tonne : dans le champ, vous, petits bosons de Higgs, lui conférez une masse importante. (Admettons qu’il symbolise le boson Z.)
Et puis, plus tard dans la soirée, Marion Le Photon fait son apparition. Sauf que personne ne la voit ni n’interagit avec elle, puisqu’elle n’est pas sur Twitter mais uniquement sur Google +. Notre pauvre Marion traverse dont le champ sans être jamais freinée, ce qui lui confère une masse nulle…
Fin de la métaphore filée. Voilà. C’est plus clair, maintenant ?
En interagissant avec moi dans mon champ, les particules élémentaires prennent une masse – ou pas.
Sans moi, tout filerait à la vitesse de la lumière (celle de Marion Le Photon). Il n’y aurait donc pas vraiment de différence entre les différentes particules. Elles ne s’associeraient pas, ne formant pas de noyau, donc pas d’atomes, donc pas de molécules, donc pas de matière, donc pas de vie.
M’avez-vous compris ?
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Si vous voulez savoir d’où c’est-y que je viens causer sur un blog, suivez le guide qui vous présentera la genèse de ce projet.
Votre serviteur, @BosonDeHiggs_VL
(NB – L’infographie ci-dessous est chouette mais elle contient une grossière erreur. Sauras-tu la retrouver ?…)
Très intéressant, mais je me demande si avec la définition actuelle des particules quantiques les scientifiques ne perdent pas leur temps …
Non pas que leurs leurs découvertes soient inutiles, mais si il existe des particules élémentaires qui décrivent chacune des forces fondamentales, pourquoi n’y aurait-il pas de particule décrivant le temps ? Et si justement c’était cette particule, ou le phénomène qui en découle, qui décrivait aussi la négative de la gravité, corrigeant ainsi l’anomalie de la gravité comme seule force n’ayant pas de négative ?
Bon là ça reste du domaine de la SF mais de théoriser une 12eme particule élémentaire de ce type est le seul moyen que j’ai trouvé pour rendre crédibles les voyages interstellaires …
Hello Florence,
J’ai lu une premiere fois, mais je vais relire et rerelire, jusqu’à ce que je comprenne,l’espace je l’ai, le temps aussi.
Depuis que je vous connais virtuellement, je suis l’heureux proprio d’une tonne de livres et autres téléchargement via Arte…
Parfois j’ai du mal, mais mes connections neuroniques sont à leur maximum.
N’avez vous jamais pensé à donner cours ? meme par correspondance ?
Au cas ou, je vous propose ma candidature, (à coter du radiateur).
Prenez soin de vous…
Manuel
Merci pour ce super article.
Il me reste une question : dans l’exemple du twapero, l’étendue du regroupement dépend de la popularité, mais avec les bosons, qu’est-ce qui a fait que telle particule est une plus grande popularité qu’une autre ? pourquoi, réellement, a-t-elle attiré plus de boson de higgs qu’une autre ?
Bref, par quelle propriété physique peut-on expliquer la popularité d’une particule ?
C’était une question que je me posais aussi. Je citerai donc Willy Waller qui y a répondu quelques commentaires plus bas : « Il n’y a en fait pas vraiment d’explication à l’heure actuelle. Ce qui décide si telle ou telle particule acquiert une masse ou pas, et laquelle, est déterminé par le couplage de cette particule avec le champ de Higgs. Mais aucune théorie ne prédit ces couplages, à ce stade on ne fait que les observer. »
Ce sera pour la prochaine étape… 🙂
Voici comment Slavoj Žižek introduit le problème du boson de Higgs dans Less Than Nothing. « Left to their own devices in an environment in which they can pass on their energy, all physical systems will eventually assume a state of lowest energy; to put it another way, the more mass we take from a system, the more we lower its energy, until we reach the vacuum state of zero energy. There are, however, phenomena which compel us to posit the hypothesis that there has to be something (some substance) that we cannot take away from a given system without raising that system’s energy. This “something” is called the Higgs field: once this field appears in a vessel that has been pumped empty and whose temperature has been lowered as much as possible, its energy will be further lowered. The “something” which thus appears is a something that contains less energy than nothing, a “something” that is characterized by an overall negative energy―in short, what we get here is the physical version of how “something appears out of nothing.”
Ce en quoi le boson de Higgs donne l’image de ce qu’il en est de la pulsion de mort chez Freud, thématisée chez Lacan par la relation impossible entre le sujet barré ($) et l’objet petit a qui ne peuvent apparaître simultanément.
Slavoj continue: » The Higgs field undermines the standard New Age appropriations of the quantum Void as the Nothing-All, a pure potentiality at the abyssal origin of all things, the Plotinian formless Over-One in which all determinate Ones disappear. The « Higgs field » controls whether forces and particles behave differently or not: when it is « switched on » (operative), symmetries are broken between elementary parti…cles, and their complex pattern of difference emerges; when it is « switched off » (inoperative), forces and particles are indistinguishable from one another, the system is in a state of vacuum…as with every field, Higgs is characterized by its energy density and by its strength – however, « it is energetically favorable for the Higgs field to be switched on and for the symmetries between particles and forces to be broken. » In short, when we have the pure vacuum (with the Higgs field switched off), the Higgs field still has to spend some energy – nothing comes for free; it is not the zero-point at which the universe is just « resting in itself » in total release – the nothing has to be sustained by an investment of energy. In other words, energetically, it costs something to maintain the nothing (the void of the pure vacuum)…. This is why there is « something and not nothing »: because, energetically, something is cheaper than nothing. We are here back at the notion of den in Democritus: a « something cheaper than nothing, » a weird pre-ontological « something » which is less than nothing. »
Less Than Nothing, P. 944-945
l’infiniment petit est régie par la physique quantique.
l’infiniment grand par la théorie de la relativité genéral.
Et notre monde à nous par la mécanique général classique ? C’est bien cela ? Notre echelle n’est pas assez grande pour être régie par la relativité ?
En fait, c’est à la fois ça et pas tout à fait ça… « Notre monde », c’est l’Univers, donc à la fois l’infiniment grand et l’infiniment petit : nous vivons sur une planète où l’influence de la Lune crée les marées, nous tournons autour d’une étoile grâce à la gravité…
Et en même temps, nous sommes composés, nous-mêmes et tout ce qui nous entoure (les objets, les plantes, la planète, etc…), par des particules. Nous utilisons au quotidien des objets qui fonctionnent grâce aux lois de la mécanique quantique (les téléphones, les ordinateurs, les télévisions, les GPS, etc…) et en même temps, la gravité nous tient les pieds fixés au sol.
Tout dans l’Univers interagit, nous sommes donc régis à la fois par les lois de la Relativité générale et du Modèle standard. C’est juste que ces deux théories semblent incompatibles, et c’est bien ce paradoxe qui préoccupe les physiciens : elles ne devraient pas être incompatibles puisqu’elles font partie du même Univers…
Oui bien sur, je me suis mal exprimé, quand je dis “notre monde à nous” je veux dire ce que nous observons à notre echelle, si j’ai bien compris c’est ce que vous appelez le modèle standrad.
En fait ma question était : En opposition à la relativité pour le grand et la physique quantique pour le petit comment appel-t-on l’ensemble des lois qui régissent le modèle standard ?
Non, le modèle standard n’est pas ce que nous observons « à notre échelle » : le modèle standard explique la physique au niveau quantique, c’est-à-dire à l’échelle des particules, dans l’infiniment petit…
C’est lui qui s’oppose à la relativité générale.
Ces deux théories co-existent en attendant que les physiciens arrivent à en trouver une qui les regroupe.
Au fond, notre monde à nous, à notre échelle, observable directement par nos organes sensitifs, tient des deux modèles. Nous sentons la gravité et subissons l’influence des corps massifs proches de nous (en particulier du Soleil et de la Lune, les autres nous influencent dans une échelle de temps qui rend ces phénomènes moins perceptibles ou totalement insignifiants au quotidien) et d’un autre côté, le modèle standard décrit des phénomènes se produisant dans des portions extrêmement petites de notre monde, souvent invisibles à nos yeux mais que nous pouvons néanmoins utiliser. Ainsi, les puces de nos ordinateurs emploient certains effets qui découlent directement de la mécanique quantique. A l’échelle des astres et des galaxies, la relativité générale est assez solide pour permettre de prévoir l’existence de certains phénomènes bien avant leur observation. Lentilles gravitationnelles, trous noirs etc. A notre échelle, les deux modèles coexistent (puisque nous pouvons voir les étoiles, observer, avec un peu de chance, une supernova, faire la chimie, utiliser la supraconductivité et introduire l’effet tunnel dans nos composants informatiques). J’ignore s’il y a un nom particulier pour la physique et la chimie traditionnelle, mais celles-ci ne sont pas un modèle global visant à expliquer l’univers entier. Selon l’échelle des sujets étudiés, l’un ou l’autre modèle sera plus pertinent pour expliquer son fonctionnement.
Un article un peu technique sur les MEMS aborde le problème de l’échelle spatiale. C’est là : http://www.presence-pc.com/tests/MEMS-23424/2/ Certes, on n’en saura pas plus sur l’incompatibilité des deux modèles décrivant notre univers. Mais la partie « Tout ne se miniaturise pas de la même façon » donne une petite idée de la raison pour laquelle les mêmes lois de la physique donnent des résultats bien différents selon l’échelle considérée.
Il est faux de dire que « la théorie des cordes est pour l’instant celle qui s’en approche le plus [d’une théorie qui unifie les grandes théories physiques] ».
Une bonne partie de la communauté scientifique refuse cette théorie, au même titre que le big-bang, au profit d’autres théories comme la gravitation quantique à boucles et le Big Bounce.
Mon commentaire peut paraître enquiquinant, du genre qui cherche la petite bête mais je trouve ça assez énervant de voir que la théorie des cordes est la seule théorie qui soit abordée par le grand public. J’imagine qu’elle l’est parce que l’illustration des « cordes qui vibrent » est simple et amusante.
Les autres théories ne sont pas ALTERNATIVES, ce ne sont pas des théories qui se sont construites par dessus la théorie des cordes ou après coup par simple contradiction.
Chaque théorie a ses avantages et ses zones d’ombre. La théorie de la gravitation quantique à boucles explique beaucoup de zones d’ombre que la théorie des cordes laisse de côté (typiquement l’expansion de l’univers est « » »mieux » » » expliqué (les « » » sont importants)).
Si mon commentaire devrait se résumer en 2 phrase : les théories les plus connues ne sont pas des faits à ingurgiter sans comprendre. Dans le domaine de la physique quantique, chaque théorie explique des faits intéressants que d’autres n’expliquent pas. En l’occurrence, la théorie des cordes est loin d’être la seule et la meilleure des théorie.
Merci pour cet éclairage… Effectivement, tu as raison. Mais le but de ce billet était d’expliquer le boson de Higgs, pas de faire une liste exhaustive des théories pouvant s’approcher de la GUT…
Il me fallait choisir un exemple, j’ai choisi le plus connu, et celui qui a, c’est vrai, été le plus illustré (d’où la vidéo), car comme tu le dis si bien : « Je trouve ça assez énervant de voir que la théorie des cordes est la seule théorie qui soit abordée par le grand public. »
Le grand public (moi) adorerait qu’on lui explique les autres aussi bien qu’on lui a expliqué la théorie des cordes. Aux scientifiques vulgarisateurs de s’y mettre ! 🙂
Merci de ta réponse ! Tu ne peux pas expliquer toutes les théories dans ton billet je le comprends bien. Il est déjà assez exhaustif.
Mon blog discute, entre autre, de sciences quantiques. J’essaierai de publier un article sur la théorie de la gravitation quantique à boucle alors ! Elle est très intéressante peut très facilement s’imager.
(Merci pour l’inspiration, du coup !)
Bonne continuation et peut-être à bientôt.
Ah chouette !!! Surtout n’oublie pas de venir donner le lien ici 🙂
merci à tous les deux de votre conversation, qui me permet enfin d’accéder simplement à vos travaux; bravo pour la qualité des mots/images choisis. Je veux bien aussi en savoir + sur les autres théories 🙂
Etes-vous professeurs tous les deux?
Non, moi pas du tout !! Je ne suis qu’une profane dotée d’un bac L et j’évolue dans une sphère professionnelle qui n’a rien à voir avec les sciences… Voici le résumé de mon parcours si ça vous intéresse : http://www.florenceporcel.com/qui-suis-je/
Je suis juste une passionnée qui lit/voit/écoute tout ce qui se dit 🙂
Bonjour,
Il était probablement correct de dire que la théorie des cordes est la meilleure candidate pour une théorie unifiant les 4 interactions. La raison en est qu’elle est essentiellement la seule à ce jour, et je ne dis certainement pas que c’est une bonne chose.
Si l’on aborde l’autre question, à savoir l’élaboration d’une théorie quantique de la gravitation, je suis d’accord que d’autres propositions existent, mais elles souffrent toutes de problèmes relativement sérieux. Pour mentionner la gravitation quantique à boucles (GQB), un problème est que cette théorie n’a pas une bonne limite classique. On s’attend en effet à ce que dans une certaine limite, on retrouve la relativité générale d’Einstein, que l’on sait être la bonne description dans des régimes appropriés (de la même manière que la mécanique quantique se réduit à la mécanique classique à grandes distances). Ce n’est pas le cas pour la GQB, alors que ça l’est pour la théorie des cordes. La théorie des cordes fournit également une explication assez élégante et non-ambigüe au problème d’entropie des trous noirs, ce que ne fait pas la GQB à ma connaissance. Le but n’est pas de faire de la propagande pour l’une ou l’autre théorie, je serais seulement curieux d’en savoir plus sur les succès des autres approches (notamment le problème de constante cosmologique qui est « mieux » traité par la GQB).
A part ça, félicitations pour le très bon post, et pour le blog en général que j’ai découvert aujourd’hui (Astier m’a bien fait marrer et le cv/recherche de job Amélie Poulain aussi!).
Merci beaucoup pour ces explications, c’est fort intéressant !! 🙂
En fait, il y a plein d’excellentes ressources en ligne (sur youtube, mais aussi des talks grand public en accès libre de diverses personnalités sur des sites d’universités). Si ça t’intéresse et que tu veux en savoir plus, je te ferais une petite liste! 🙂
« ferai »
Ah mais ouais !! Mais carrément que ça m’intéresse !!
Je vais t’envoyer ça à contact [at] florenceporcel [.] com !
Très bel article de vulgarisation, j’aime beaucoup ! mais je reste sur ma faim 🙁 En effet, c’est bien beau de savoir que les followers (bosons) sont a l’origine de la masse des particules élémentaires, mais ça n’explique pas pourquoi certains types de particules ont plus de followers que d’autres !
Y a-t’il une piste ? Peut-être dans la théorie des cordes ?
Oui, c’est la question que je me pose aussi… Il y a sûrement une explication, et si elle existe, elle est sans doute trop technique pour que je la comprenne ? Ou bien je me suis mal renseignée et j’ai loupé l’article qui l’explique…
Il n’y a en fait pas vraiment d’explication à l’heure actuelle. Ce qui décide si telle ou telle particule acquiert une masse ou pas, et laquelle, est déterminé par le couplage de cette particule avec le champ de Higgs. Mais aucune théorie de prédit ces couplages, à ce stade on ne fait que les observer. Une question analogue que l’on peut se poser (même si plus abstraite): pourquoi notre univers possède-t-il 3 dimensions (observables) d’espace? Pourquoi pas 5 ou 17? En quoi 3 est-il spécial? On ne sait pas…
Merci !! Et pour les dimensions d’espace, oui je me pose la même question…
Disons que s’il n’y avait que 2 dimensions, l’existence du système digestif, donc a priori de la vie, serait difficile à concevoir. Ce qui nous laisse avec toutes les dimensions plus grandes que 2 😀
Voir néanmoins: http://en.wikipedia.org/wiki/Flatland
j’aime cette femme aux atomes si connectés
Nonobstant ce pauvre photon qui aurait pu porter un autre prénom, bien aimé : relus 2 fois (donc lu 3 fois en tout) et presque tout comprus 🙂
Ca me fait bien plaisir ! 🙂 Quant à Marion Le Photon, elle n’a qu’un défaut : elle m’échappe sans arrêt, pfff…
Tu m’as traumatisée l’autre jour en me parlant de Léon l’étron. Du coup, le photon n’est plus un garçon mais bien une fille… prénommée Marion. Hommage 😉