J’aime Twitter, voilà, c’est dit. Je trouve que c’est un des meilleurs concepts jamais inventés pour le web. C’est tellement riche, tellement complexe, tellement humain, tellement enrichissant, et à la fois tellement simple… Mais je me suis rendu compte que Twitter pouvait laisser indifférent « Ca sert à rien ! » ou pouvait faire peur « Ouh la la j’y comprends rien, c’est trop compliqué, ce truc ! ». Je vais donc essayer, dans ce post un peu long mais que je vais illustrer par des exemples, de vous expliquer les utilisations que l’on peut en faire et tout ce que ça peut apporter d’informations, de rencontres, et d’émotions. Initiation.
Un peu d’histoire et de données chiffrées pour commencer… Twitter est un réseau social et un service de micro-blogging où les utilisateurs peuvent envoyer et lire des messages de 140 caractères maximum. Créé par l’américain Jack Dorsey en 2006, il compte aujourd’hui plus de 100 millions utilisateurs actifs partout dans le monde. Malheureusement, il est encore mal connu en France, bien que ce soit un outil très pratique et très drôle.
Pour ceux que ça intéresse, allez voir ici quelques chiffres-clés, et là des statistiques (sous forme de schémas !)
Twitter, en Anglais, veut dire « gazouiller » – d’où le petit oiseau bleu choisi comme mascotte. Il a été conçu pour papoter, donc. Mais Twitter est une entité qui doit vous choisir si vous voulez en faire partie (un peu comme l’Île de Lost, si vous voulez). Et la meilleure manière d’être choisi est de beaucoup « tweeter », c’est-à-dire d’écrire beaucoup de tweets tous les jours. Seuls les gens qui travaillent sur ordinateur toute la journée ou qui ont un Smartphone/iPhone/etc peuvent le faire. C’est une des raisons pour lesquelles la plupart des utilisateurs de Twitter sont des geeks, des professionnels de la communication et du marketing, et des journalistes.
Règle d’or : soyez intéressant !
Pour être choisi par Twitter, vous devez absolument être intéressant : ne papotez pas ! (Oui, je sais, je viens juste de dire le contraire. Mais ne croyez pas tout ce que je dis. Je papote beaucoup : je suis une fille, hein.)
« Je suis en train de manger une pomme » n’est pas un tweet intéressant. Si vous voulez raconter votre vie, allez sur Facebook (ou écrivez un roman) (ou appelez votre meilleure amie) (ou contactez l’AFP si vous êtes Robert Pattinson).
Vous devez absolument apporter une information à chaque tweet : ça peut être un fait…
… quelque chose d’amusant…
… un jeu de mot…
… une interprétation drôle d’un fait…
… une idée…
… une pensée…
… etc… Vous pouvez tweeter n’importer quoi. Mais un n’importe quoi intéressant.
Un outil très simple d’utilisation (mais si)
Pour vous inscrire, rien de plus simple : il vous suffit de vos nom et prénom, d’une adresse mail, d’un nom d’utilisateur (pseudo), et d’un mot de passe. Une fois tout ça renseigné, votre compte est créé. Vous pouvez choisir d’avoir un compte privé ou un compte public. Si vous choisissez de ne pas protéger vos tweets (les comptes cadenassés sont plutôt mal vus), il faut savoir que Twitter est un espace public : n’importe qui avec un accès à Internet pourra lire vos tweets, qu’il ait un compte Twitter ou non.
Une fois votre compte créé, vous pouvez écrire autant de tweets que vous voulez, et vous pouvez suivre autant de comptes que vous le souhaitez. Les personnes que l’on suit s’appellent lesabonnements (ou followings), et les personnes qui nous suivent s’appellent les abonnés (oufollowers). Si vous en avez marre de follower quelqu’un, il vous suffit de l’unfollower en un clic.
Les gens que vous suivez ne sont pas obligés de vous suivre – et vous n’êtes pas obligé de suivre les gens qui vous suivent. C’est très simple. (Tout le monde suit bien ?)
Twitter a son langage propre
Une fois que vous êtes inscrit, il est important de s’approprier le langage utilisé exclusivement sur Twitter. Au début, on se sent un peu perdu mais c’est normal : pas d’inquiétude, il faut toujours un petit temps d’adaptation. 140 caractères pour un message, c’est très court, mais il y a deux règles à respecter absolument pour s’intégrer : ne surtout pas utiliser le langage SMS (rédhibitoire) et ne pas faire de fautes d’orthographe (ça pique les yeux, les Twittos détestent ça, et finiront par vous unfollower à force de vous corriger.) D’ailleurs, c’est peut-être une des raisons pour lesquelles Twitter est très peu utilisé par les jeunes, qui préfèrent Facebook où la censure orthographique n’existe pas.
Pas de langage SMS, donc – cependant, quelques abréviations sont acceptées et couramment utilisées. Par exemple : RT (retweet), TL (timeline – c’est l’ensemble des tweets que vous pouvez voir sur votre page), DM (direct message), IRL (in real life), OM(F)G (oh my (fucking) god), NSFW (not safe for work), OMW (on my way), WTF (what the fuck), etc… Toutes celles-ci (j’en oublie sûrement) sont utilisées sans cesse, et lire une timeline vous paraîtra aussi abscons que du javanais si vous n’en connaissez pas la signification.
Un outil interactif
Le but de Twitter n’est pas d’écrire ses 140 caractères tout seul dans son coin (même si c’est possible, hein). On peut parler aux autres personnes, interagir, donner son avis, etc. Pour ce faire, il existe un bouton « Répondre » en dessous de chaque tweet.
Si on clique dessus, le tweet que l’on s’apprête à écrire commencera par le nom d’utilisateur (@+pseudo) du tweet répondu…
… et on peut ensuite écrire ce qu’on a envie de lui dire.
Quand un tweet commence par un nom d’utilisateur, il existe deux cas différents : si vos followers suivent cette personne aussi, ils verront votre réponse (pourtant adressée à ce seul utilisateur). En revanche, si vos followers ne suivent pas cette personne, ils ne verront pas ce tweet. En revanche, si quelqu’un qui ne vous suit pas, et qui n’a d’ailleurs pas forcément de compte Twitter, se rend sur votre profil, il pourra voir tous vos tweets, qu’ils s’adressent à quelqu’un en particulier ou non. C’est très simple. (Tout le monde suit bien ?)
Voilà un proverbe qui tombe à pic dans ma TL (timeline) au moment où je suis en train de vous parler :
A noter que j’ai effacé l’avatar et le nom d’utilisateur de la personne, parce que son compte est privé : le petit cadenas juste avant le message l’indique.
Quand vous considérez qu’un tweet est amusant, intéressant, etc… et que vous voulez en faire profiter tous vos followers (ceux qui suivent votre compte, pour ceux qui ne suivent pas), vous pouvez le « retweeter ». Là encore, deux solutions s’offrent à vous : à côté du bouton « Répondre » en dessous de chaque tweet dans votre timeline, il y a le bouton « Retweeter ».
Un simple clic, et le tweet retweeté se retrouve tel quel dans les timelines de vos followers.
Mais il est également possible de retweeter manuellement : si le tweet retweeté fait moins de 140 caractères, ça permet d’y réagir. Pour le coup, il y a une marche à suivre : ce qu’on en pense + RT + @username + copié-collé du tweet retweeté. C’est très simple.
C’est en retweetant des messages que certaines informations peuvent faire le tour du monde en quelques secondes. Twitter est un outil extrêmement puissant.
Partager des informations
Le principal intérêt de Twitter, ça reste de partager des informations. La plupart des tweets contiennent des liens vers des pages web, vers des vidéos, ou vers des photos. Pour les journalistes, Twitter est considéré comme une source de sources.
Une des utilisations les plus intéressantes de Twitter est le « live-tweet ». Live-tweet quelque chose, c’est le raconter en direct. Ca peut être très drôle (le live-tweet d’une émission ou d’un match de foot, par exemple), très pratique pour les journalistes (le live-tweet du procès de Dominique de Villepin, par exemple, rendu possible par un journaliste à l’intérieur du tribunal qui a pu live-tweeté les décisions de justice minute par minute), ou très instructif (des gens qui live-tweetent des manifestations dans des pays où les journalistes ne peuvent pas se rendre, des live-tweets de tremblements de terre, de cérémonies officielles ou d’évènements à l’autre bout du monde, etc…).
Hashtags bien-aimés
Les « hashtags » (# + mot ou expression sans utiliser d’espaces) sont absolument essentiels à une bonne utilisation de Twitter. On ne peut pas twitter si on ne maîtrise par le concept des hashtags. Par exemple, quand le journaliste de France 2 a live-tweeté le procès de Dominique de Villepin, il mettait le hashtag « #DDV » à la fin de chaque tweet pour bien indiquer que ce tweet parlait du procès.
N’importe quel mot ou n’importe quelle expression peut devenir un hashtag. Une fois qu’un hashtag est créé, il est possible de cliquer dessus et d’avoir la liste de tous les autres tweets l’utilisant.
Quand quelque chose est live-tweeté, les utilisateurs de Twitter se mettent d’accord pour n’utiliser qu’un seul hashtag, et utilisent ensuite tous le même. Par exemple, pour Koh Lanta : on peut hashtaguer #kohlanta ou #KL. Si un seul est utilisé, c’est quand même plus simple de s’y retrouver !
Les hashtags ne sont pas seulement utilisés lors des live-tweets. Ils peuvent aussi indiquer une ironie, expliquer le message qui ne voudrait rien dire sans le hashtag, etc…
Les hashtags les plus utilisés sont appelés « trending topics » (TT). Ils changent bien évidemment tous les jours en fonction de l’actualité, et ils sont au nombre de dix visibles sur la page d’accueil. Parmi les hashtags les plus populaires, on trouve #nowplaying, #fail, #wtf, etc…
Vous avez pu voir, sur certains tweets, une petite étoile jaune à droite. Je l’ai cochée parce que je voulais garder ce tweet en favori : on peut ainsi archiver tous les tweets que l’on veut garder juste en cliquant sur la petite étoile. Pour les retrouver, il suffit d’aller dans la rubrique « Favoris » sur la page d’accueil, et ils s’affichent tous.
Outre l’onglet « Favoris », il y a également « @username » : cliquez dessus, et vous aurez la liste de tous les tweets mentionnant votre nom. C’est très utile lorsqu’on ne s’est pas connecté depuis un moment : ça permet de savoir si on vous a parlé, ou si on vous a cité en votre absence. Et si l’on est connecté, ça permet de voir si des gens qui vous suivent mais que vous ne suivez pas (et dont les tweets, donc, n’apparaissent pas dans votre timeline puisque vous n’y êtes pas abonné) vous parlent ou vous citent. Et même sans s’abonner à leur compte, vous pouvez leur répondre.
On y trouve aussi les « Messages Privés » (que personne à part vous ne peut voir, mais attention là aussi, vous n’avez droit qu’à 140 caractères par message ! et vous ne pouvez en envoyer qu’à ceux dont le « suivi » de compte est réciproque), et les « Retweets » qui indiquent les derniers tweets retweetés, ceux que vous avez retweetés, et vos propres tweets retweetés par d’autres.
Traditions
Il y a déjà des traditions, sur Twitter. Tous les vendredis, c’est « Follow Friday » ou « #FF » (bien que la variante française « Suivez Vendredi » ou #SV » tente laborieusement de s’imposer). C’est le jour où on indique à nos followers les comptes intéressants à follower.
Il y a également le « #jeudiconfession » : tous les jeudis (donc) on peut confesser ce qu’on veut. Ca peut être drôle, ça peut être vrai, ça peut être émouvant… En tout cas, en faisant une recherche avec ce hashtag, on peut tomber sur des perles.
C’était donc une initiation non-exhaustive à Twitter. Le mieux pour vraiment appréhender ce merveilleux outil, c’est encore de l’essayer. Comme rien ne vaut l’expérience pour vraiment maîtriser le langage, je conseille aux nouveaux inscrits de suivre le plus de comptes possibles (des stars, des comptes de journaux ou de chaînes de télé, des blogueurs, des journalistes, des amis, etc…), d’observer, et de se lancer. Ce n’est vraiment pas compliqué et ça peut être à la foispassionnantinstructif au niveau de l’actualité, enrichissant quand des débats s’installent entre followers, et hilarant souvent. sociologiquement,
Si vous êtes journaliste et que vous n’avez pas encore de compte, j’aurais presque envie de vous dire que c’est une faute professionnelle. Ca me semble ahurissant de nos jours de travailler sans cet outil de base qu’est devenu Twitter. La plupart des informations arrivent sur Twitter avant d’être reprises par l’AFP – et parfois bien avant : la mort de Mano Solo, par exemple, était sur Twitter… cinq heures avant la première dépêche AFP !! Bien entendu, comme toute information, il faut la vérifier – ça ne change rien. Mais ça me semble réellement indispensable à une pratique rigoureuse du journalisme aujourd’hui.
Certaines disent que Twitter est absolument inutile, d’autres ne peuvent plus s’en passer et live-tweeteraient leurs rêves s’ils le pouvaient. Les fondateurs, eux, pensent que Twitter va changer le monde (article très intéressant d’un utilisateur de Twitter « sans plus »). Si la formulation est un peu excessive, mon opinion est qu’ils ont sûrement raison. Un outil qui permet de diffuser une information où que l’on soit dans le monde à des millions de personnes en l’espace de quelques secondes est forcément révolutionnaire.
Bien sûr, il reste limité : il est censuré dans certains pays, il faut être équipé en matériel informatique ou en réseau téléphonique pour pouvoir y accéder, etc… Il n’empêche qu’il cartographie l’histoire d’une partie de l’humanité chaque seconde comme rien ne l’avait rendu possible auparavant.
La bibliothèque du Congrès américain ne s’y trompe d’ailleurs pas : elle a décidé d’archiver l’intégralité des archives de Twitter depuis sa création en 2006 par Jack Dorsey (entre autre). Du tout premier tweet de Jack à celui de Barack Obama annonçant sa victoire à l’élection présidentielle, ce sont des milliards de tweets qui vont être archivés. Il y aura également le premier tweet envoyé d’un sous-marin, le premier tweet envoyé de l’espace (à bord de l’ISS)… et bientôt un premier tweet envoyé de la Lune ou de Mars ?
Dans tous les cas, avec cette initiative, Twitter rentre bel et bien dans l’histoire, et chacun pourra y laisser sa trace. Et si ça ne vous intéresse pas de vous y inscrire, rien ne vous empêche d’aller voir ce qui s’y trame : Twitter est un espace public, vous y êtes la bienvenue !
@FlorencePorcel