« MARS », sur NatGeo : une série, un docu, et c’est trop bien

À partir de ce soir, une nouvelle série sera diffusée sur la chaîne National Geographic : la simplement nommée « MARS ».

Avant toute chose, que ce soit bien clair entre nous : j’ai été invitée au voyage de presse à Londres le mois dernier pour la présentation de la série – comme j’avais été invitée il y a quelques années pour la série COSMOS.
Mais ceci n’est pas un billet sponsorisé – je n’ai pas touché d’argent pour l’écrire.

On ne va pas se mentir : vous imaginez bien que je suis convaincue – de base – par le sujet. Et que donc, je suis forcément très critique si ce sujet de prédilection, qui me tient autant à coeur, est mal traité… Et après avoir vu le premier épisode, j’ai non seulement été rassurée, mais en plus très emballée. Je n’ai pas encore vu les suivants, mais je sens que cette série va devenir une référence inamovible dans mon Panthéon personnel…

Et parce que j’ai du travail très en retard, je vous explique en quoi « MARS » est un projet dingue, fou, génial, sous forme de « Top-7-des-bonnes-raisons-de-regarder-cette-série ». (Si si, en général c’est plus rapide qu’un billet de forme classique, je vous jure.)

1. Plus qu’une série, plus qu’un docu
« MARS » est le projet audiovisuel que j’attendais depuis longtemps. Ce n’est pas juste une série, ce n’est pas juste un documentaire, c’est l’intelligente addition des deux en un seul programme. Le risque était grand de rater l’un et l’autre, mais force est de constater que non seulement les deux aspects sont de très très bonne qualité (sérieux, la partie fiction est visuellement DINGUE) mais en plus la production a réalisé le tour de force que l’un enrichisse l’autre – et vice-versa. Il y a un boulot d’écriture ÉNORME derrière pour arriver à un résultat pareil, et la meilleure manière de s’en rendre compte, c’est justement… qu’on dirait que tout va de soi.
Je leur tire mon chapeau.

2. Des légendes vivantes dès le premier épisode
Dans la partie docu du premier épisode (un peu beaucoup trop centré sur SpaceX… mais on m’a assuré que ce ne serait pas le cas de tous les épisodes…), on nous offre Elon Musk et Neil deGrasse Tyson dans le plus grand des calmes.

Neil DeGrasse Tyson, Director of the Hayden Planetarium at the Rose Center for Earth and Space. (Credit : National Geographic Channels/Erin Patrice O'Brien)

3. Des histoires mêlées
On n’imagine pas une série de science-fiction sans scénario. Et ça fait le job particulièrement bien. Mais même dans la partie docu, on nous raconte une histoire ! Et ça, c’est vraiment chouette, parce qu’on a plusieurs histoires en un seul programme. Encore une fois, celle du premier épisode est très centrée sur SpaceX, mais c’est cool de voir que ce qu’on nous sert n’est pas uniquement « SpaceX est le plus fort, le plus beau, le meilleur ». Non : SpaceX aussi a des déboires – images à l’appui. C’est bien qu’un programme comme ça ne s’arrête pas aux seules victoires et aux seuls exploits, et que ça rappelle que le spatial… c’est compliqué, dangereux, hostile, âpre, et pas arrangeant.
Avec, toujours, un écho avec ce qui se passe dans la partie fiction… Formidablement bien écrit, vous dis-je.

4. Deux Français au casting
Cocorico ! Et même qu’ils gardent leur nationalité pour leur personnage.
Olivier Martinez interprète celui qui est à l’origine du projet MARS

Capture d'écran du dossier de presse

et Clémentine Poidatz est le médecin et biochimiste de l’équipage. (Je me demande s’il n’y a pas eu une erreur de traduction dans le dossier de presse… Médecin se dit « physician » en anglais, et au vu du premier épisode, il me semble qu’elle est bien plus « physician » que « physicist »…)

Capture d'écran du dossier de presse

5. La planète Mars est belle
Ça, vous le savez déjà. Mais je parle évidemment de la manière dont elle est représentée dans le film. Les extérieurs ont été tournés au Maroc, et c’est toujours touchy de représenter Mars correctement – dans « Seul sur Mars », c’était bien, mais pas dingue non plus… Ici, à part quelques petits détails pas très réalistes, on s’y croit quand même pas mal… Mais je n’ai vu que le premier épisode. J’espère que la suite ne me décevra pas !

Extrait de la série. (Crédit : National Geographic Channels/Robert Viglasky)

6. Une fiction réaliste
Il y a eu un gros gros gros boulot dans tous les corps de métier pour rendre la série réaliste : décors, costumes, protocoles, constitution de l’équipage, personnages… La production s’est entourée de professionnels, de consultants experts de leurs domaines, et ça se voit. Les comédiens, par exemple, ont passé 15 jours avec Mae Jemison (astronaute de la NASA, première Afro-Américaine dans l’espace) qui les a coachés – ils en gardent d’ailleurs tous un souvenir impressionné et ému. (TU M’ÉTONNES.)

7. La constitution de l’équipage
L’équipage – et le casting plus globalement – est constitué d’hommes et de femmes qui ne sont pas tou.te.s blanc.he.s. Et ça, EH BEN ÇA FAIT PLÈZ. Mention spéciale à la musicienne JiHAE qui joue le rôle de soeurs jumelles dont l’une est sur Mars et l’autre sur Terre.

Jihae as Hana Seung, Mission pilot, systems engineer (Crédit : National Geographic Channels/Robert Viglasky)

Voilà.
Vous savez ce que je ferai tous les dimanches soirs à 20h40 sur NatGeo à partir de ce soir.

Oh, et sinon… J’ai eu un peu peur parce que le pitch de la série, ça ressemble quand même vachement au scénario de ma bande-dessinée… « C’est l’histoire de la première mission habitée sur Mars, et il leur arrive 2-3 bricoles… » Mais en fait, ça sera quand même très différent (ouf).
Comme je travaille dessus depuis plus d’un an et que je crève d’envie de vous la faire découvrir, mais qu’elle ne sortira qu’en… mars (ça fait beaucoup rire Guy Delcourt, paraît-il), je ne peux pas vous en dire plus (AAAAAAAAAAAH).
Je ne vous donne même pas le titre (je ne sais pas si j’ai le droit, encore…) mais voici un détail de la couverture. C’est un zoom dégueulasse d’un iPhone vieux de 5 ans à partir d’une photo d’une page imprimée sur du papier ordinaire. (Pardon. Mais j’ai trop envie de vous montrer un truc et le talent d’Erwann Surcouf n’a d’égal que ma fascination pour Mars.) Alors voilà.

[MDRS 148] Billet pour L’Union 14

Allô la Terre ? Ici Mars – ou sa copie conforme dans le désert américain de l’Utah.

Hier, c’était le dernier jour de notre mission – nous voilà de retour sur Terre. Il est cinq heures du matin au moment où j’écris ces lignes et je vais sortir à l’air libre pour aller voir le lever de soleil du haut des collines, pour la première fois sans casque ni combinaison – mais paradoxalement bien plus couverte à cause du froid mordant de la nuit.

Et demain, il faudra partir. Quitter l’Utah, les Etats-Unis, les cinq membres d’équipage. Réapprendre à voir des nouveaux visages, à avoir besoin d’argent, à dormir sur un matelas, à communiquer avec l’extérieur instantanément, à ne pas être surprise à tout moment par une dépressurisation, à manger des produits frais (et du fromage !), à pouvoir prendre une douche quotidienne…

Ça va être dur. Cette vie-là me plaisait bien. J’ai très envie de rester ici, entourée de ces collines…
Merci d’avoir suivi mes aventures martiennes.

[MDRS 148] Billet pour L’Union 13

Allô la Terre ? Ici Mars – ou sa copie conforme dans le désert américain de l’Utah.

Se sent-on réellement sur Mars, ici ? Au sein de l’habitat, non. Tout est trop de fabrication terrestre : beaucoup de bois, vrais WC, mobilier non-optimisé pour économiser de l’espace, etc. Mais dehors, par contre…

Curiosity, qui se trouve sur la vraie planète Mars, a récemment découvert qu’elle se trouvait à l’endroit d’un ancien lac. J’ai les images de son environnement en tête, et il ressemble trait pour trait à ce qu’on trouve ici.

J’ai peine à croire que ce désert incroyablement sec n’ait pas été une mer lors d’une époque très reculée. C’est un endroit géologiquement fascinant dont j’ai hâte de connaître l’origine.
Je l’observais justement hier, du fond d’une cuvette, entre les collines, en ayant ces réflexions.

C’était aussi hier que pour la première fois ici, j’ai eu le temps de lire. Un roman qui raconte l’histoire du premier géologue sur Mars…

Depuis une cuvette, entourée par les collines du desert "martien" de l'Utah...

[MDRS 148] Billet pour L’Union 12

Allô la Terre ? Ici Mars – ou sa copie conforme dans le désert américain de l’Utah, un endroit isolé. J’ai observé un changement de comportement chez moi. À plusieurs heures de route du premier médecin, je redouble de prudence sur chacun des gestes de la vie courante.

Poser mon thé brûlant trop près de mon ordinateur. Laver un couteau très coupant. Descendre les escaliers qui ressemblent plus à une échelle. Il y a peu de risque pour qu’un malheur arrive, mais la probabilité existe. Alors je prends mes précautions pour qu’elle tende le plus possible vers le zéro.

C’est la même chose en sortie. Non seulement les gestes sont économisés parce que l’équipement est lourd et limitant, mais en plus le terrain est inégal et plein de surprises. On ne sait jamais comment se comportera le sol, ça peut changer à chaque pas. C’est déroutant.

Les futurs marsonautes prendront les plus grands risques pour devenir ensuite les êtres humains les plus prudents…

[MDRS 148] Billet pour L’Union 11

Allô la Terre ? Ici Mars – ou sa copie conforme dans le désert américain de l’Utah.

Hier soir, on a regardé le premier épisode de « Firefly », une série de science-fiction. C’est fou comme on s’identifie plus aux personnages quand ils se trouvent dans la même situation que nous.

C’est l’histoire de l’équipage d’un vaisseau spatial qui va de planète en planète. L’une d’entre eux reçoit un paiement en fraises fraîches. Nous qui mangeons de la nourriture déshydratée depuis 10 jours, nous savions que c’était un trésor. On a commenté l’intérieur du vaisseau, à quel point il était crédible en terme d’aménagement pour pouvoir y vivre des années. On était un peu jaloux de leurs combinaisons, elles semblaient plus confortables que les nôtres…

Après, j’ai jeté un regard par un hublot. La pleine Lune éclairait le désert d’une lumière qui semblait réellement extraterrestre. Hypnotique.

Ce soir-là, j’ai réalisé que la science-fiction était devenue ma réalité.

Et le 3ème épisode de « Comment ça Mars ? » est en ligne ! 🙂

[MDRS 148] Billet pour L’Union 10

Allô la Terre ? Ici Mars – ou sa copie conforme dans le désert américain de l’Utah.

Après m’être entraînée dans l’habitat, j’ai fait ma première expérience de géologie à l’extérieur.
Installer un trépied, mettre en place une station météo portable avec câbles et branchements, faire un quadrillage de 3 pieds sur 3 pieds (l’expérience est américaine) avec des piquets et une corde, noter la couleur du sol et la proportion de sable et de roches dans chaque carré, faire des prélèvements, peser chaque échantillon, tout noter… et tout ceci à deux sans pouvoir parler.

Vous pensez que ce n’est pas grand-chose ? Effectivement, en soi c’est assez simple. Maintenant, imaginez que vous avez des gants énormes qui empêchent tout mouvement précis, un équipement sur le dos de 15 % votre poids sachant que vous devez sans cesse vous pencher et vous relever, et un casque qui limite votre champ de vision…

Être une géologue martienne, c’est un métier physique !

[MDRS 148] Billet pour L’Union 9

Allô la Terre ? Ici Mars – ou sa copie conforme dans le désert américain de l’Utah.

Ça fait une semaine que je suis ici – l’heure d’un premier bilan. Dans cet exercice, on ne peut pas simuler de nombreuses choses : la gravité (pour savoir combien vous pèseriez sur Mars, multipliez votre poids par 0,38), les jours d’environ 24 heures et 40 minutes, l’ensoleillement, les radiations, la distance, la couleur du ciel… Toutes les conditions chimiques, physiques et atmosphériques qui font la particularité d’une planète ou d’une lune.

Qu’est-ce qu’on simule, alors ? Tout le reste : de la nourriture à la vie confinée à plusieurs nationalités dans un espace restreint, en passant par les expériences scientifiques, l’entraînement aux situations d’urgence (feu, dépressurisation), la rationnement en eau, l’impossible solitude…

Aussi paradoxal que ça puisse paraître, c’est ça qui me manquerait le plus dans un endroit aussi isolé que Mars : ne plus jamais être seule.

[MDRS 148] Billet pour L’Union 8

Allô la Terre ? Ici Mars – ou sa copie conforme dans le désert américain de l’Utah.

On a la chance inouïe d’avoir un observatoire rien que pour nous : entrer sous le dôme, l’ouvrir, positionner le télescope… et être pris de vertige.

On a pu voir Jupiter et ses rayures accompagnée de trois de ses satellites. Europe possède un océan d’eau liquide sous son sol de glace et je suis persuadée que des bestioles y vivent. Io ressemble à une pizza, avec ses volcans et ses couleurs si étranges. Ganymède m’est moins familière.

On a laissé les lunes de Jupiter pour observer la nôtre. Les cratères qui se découpaient sur le bord ressemblaient à la plus fine des dentelles. Et quand on est sorti de l’observatoire, la Lune était si lumineuse qu’on voyait parfaitement bien ce sublime désert.

Jupiter, Europe, Io, Mars, la Lune, la Terre… Ici ou ailleurs, ou tellement loin que c’est inimaginable, nous sommes entourés d’absolues merveilles.
Levez le nez et rêvez-les…

(c) Louise Lindblad

[MDRS 148] Billet pour L’Union 7

Allô la Terre ? Ici Mars – ou sa copie conforme dans le désert américain de l’Utah. On est là depuis six jours. Six jours pendant lesquels j’ai dû m’adapter au décalage horaire en travaillant de 7 heures à minuit tous les jours, six jours avec beaucoup d’informations et de vocabulaire anglais à assimiler, six jours avec des activités physiques épuisantes sans endroit confortable où pouvoir nous détendre, six jours avec une seule douche de deux minutes à moitié chaude pour se délasser, six jours à ne pas avoir une minute à moi pour bayer aux corneilles, six jours à ne pas bien respirer à cause du faible taux de l’humidité de l’air… Six jours à me mettre pas mal de pression, aussi.

Et je m’étonnais d’être fatiguée, hier. Heureusement, il pleuvait et la sortie a été annulée. J’ai fait une sieste et pu rester un peu isolée dans ma chambre – même si c’était pour travailler. Objectif du week-end : bayer aux corneilles. Même si elles se font rares, sur Mars…

Mon bureau

[MDRS 148] Billet pour L’Union 6

Allô la Terre ? Ici Mars – ou sa copie conforme dans le désert américain de l’Utah. On ne peut pas dire que le confort soit optimal – on dort sur une planche, par exemple. Mais on ne manque pas de nourriture.

Certes, ce n’est pas de la haute gastronomie. Mais j’ai réussi à faire un gâteau au chocolat sans œufs, sans beurre et sans plaquette de chocolat. Prêts pour une recette martienne ? Mélangez du chocolat en poudre avec une conserve de lait concentré sucré et de l’huile, ajoutez farine et levure, et faites cuire. Pas mauvais.

J’ai fait mieux ! Une sauce pour les pâtes sans crème fraîche ni sauce tomate. Faites du lait (ici, on fabrique le lait avec du lait en poudre et de l’eau), chauffez-le, réhydratez des oignons et des poireaux dedans, ajoutez du saumon en conserve, et épaississez avec un peu de farine avant de servir. On s’est régalé.

Mais quand même : pour l’anniversaire de notre commandant demain, j’ai ramené des sablés au Champagne…