[CV-VIDEO] Deux mois après, un premier bilan (3/4)

3) Troisième semaine : ça s’emballe, les médias s’en emparent


Mardi 1er décembre

Après Youtube, je décide de mettre ma vidéo sur Dailymotion – cette fois sans le dire à personne. Histoire de voir si le succès est également au rendez-vous avec le seul bouche-à-oreille… En 2 jours, elle fait plus de 1000 vues. Mon cœur bat vite… Et toujours aucune, absolument aucune, critique méchante/injurieuse/jalouse/aigrie. C’est louche… J’en suis absolument ravie, mais ça ne ressemble pas à la webosphère. C’est louche…

 

Jeudi 10 décembre

Tout ça est très amusant, mais je n’ai toujours aucun contact professionnel, et le buzz commence à s’essouffler. Je commence sérieusement à déprimer. Gros coup de mou. Heureusement, j’ai un autre but dans ma journée que celui de rester derrière mon écran à envoyer des candidatures spontanées : j’ai rendez-vous avec Nicolas Catard, « l’excellent chef de projet », rencontré sur Twitter. Ce déjeuner fort sympathique me permettra d’être regonflée à bloc. J’ai le moral à nouveau. Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, il me passe un coup de fil dans l’après-midi : « Ton CV-vidéo est en home de Dailymotion ! » YESSS. Visibilité accrue, promesse de contacts professionnels ? A suivre…

 

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J’arrive à Châlons en Champagne, chez mes parents, en fin d’après-midi. Je me connecte pour me tenir au courant de la situation. Les chiffres donnent le tournis…

Sur Facebook, des messages de (vrais) amis m’inquiètent : « On est avec toi, Florence, n’écoute pas tous ces crétins » ou « Ouh la, lâcher de cons sur Dailymotion !! » ou encore « Ne va pas lire les commentaires si tu ne te sens pas super en forme… » Ah ?… Enfin des critiques méchantes/injurieuses/jalouses/aigries ?… Je vais y faire un tour… et je passe une heure à bien rigoler. En effet, il y en a des vertes et des pas mûres… mais pas autant que je le craignais. Je me rends compte que tout ça ne me touche absolument pas, et j’en suis très contente. Je les lirai toutes. Il y a des perles…

 

Vendredi 11 décembre

13h. Fébrile. Inquiète. Dans une poignée de minutes, France 3 Lorraine Champagne-Ardenne diffusera un reportage à mon sujet. J’ai passé une excellente journée de tournage avec Simond Colaone (journaliste) et Daniel Samulczyk (caméraman), très instructive d’un point de vue journalistique, mais je ne sais pas du tout à quoi va ressembler le montage final.

Et finalement, ouf, le reportage et la chronique sont très intéressants ! (Ci-dessous, l’édition de 19h.)

 

 

 

 

Suite du mois de décembre

Ça devient fou. Pas un jour ne passe sans que je ne sois sollicitée par un journaliste, par mail ou au téléphone. Sans compter les internautes qui continuent à m’envoyer des mails. J’ai des centaines de nouveaux amis sur Facebook, et ma popularité sur Twitter va grandissante.

La plupart du temps, j’apprends par Facebook, Twitter, ou par des amis qu’on parle de ma vidéo dans tel média ou sur tel site. De la folie douce… Mais les recruteurs sont aux abonnés absents. Heureusement, avec toute cette agitation, je n’ai pas le temps d’y penser trop fort.

 

Twitter

Laurent Wauquiez, Secrétaire d’Etat à l’Emploi, twitte mon CV-vidéo. A l’heure où je vous parle, ma conseillère Pôle Emploi ne l’a toujours pas regardé. Cherchez l’erreur.

 

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Télévision

William Leymergie me citera dans Télématin. Le lendemain, je passe dans le « JT décalé » sur iTélé (malheureusement, malgré mes heures d’écoute, je ne le verrai pas de mes propres yeux…).

 

 

 

 

Le mercredi 6 janvier, je passe dans le JT du soir sur la RTBF (Belgique). Non, je ne m’appelle pas Delphine. Mes origines belges leur pardonnent.


 

 


Le vendredi 8 janvier, je suis en direct par téléphone sur une chaîne québécoise. 2010 sera international, ou ne sera pas !

 

 

 

Le dimanche  7 février 2010, c’est au tour de l’émission Combien ça coûte ? sur TF1 de m’intégrer dans un des reportages : « Trouver un job à tout prix ». (Malheureusement, la vidéo n’est plus disponible sur le site).

 

J’ai également été approchée par une réalisatrice des documentaires Strip-Tease (France 3). Nous faisons des essais le week-end du 16 et 17 janvier à Châlons, avec toute ma famille. La réponse tombe le jeudi qui suit : après visionnage des tests, le documentaire ne se fera pas. Tant pis !

 

L’aventure télévisuelle ne s’arrête pas là : je suis l’invitée du JT des blogs sur MCE (Ma Chaîne Etudiante) !

 

 

 

 

Radio

RTL a parlé de ma vidéo, France Info aussi il paraît (mais je n’ai pas entendu), ainsi qu’une radio québécoise(comment ça, j’ai un accent ??) Et j’ai bien entendu gardé les podcasts pour mes archives personnelles.

 

Presse papier/web

La presse régionale s’y est mise aussi. J’ai donné une interview pour le Télégramme en Bretagne, et on m’a signalé un article sur le site de la Dépêche, dans le Sud.

Plus récemment, L’Union m’a choisie pour être le portrait du lundi. Je n’ai pas de photo de l’article dans le journal papier, mais voici la version web. Et, quelques jours plus tard, j’ai eu droit à un encart après mon passage dans Combien ça coûte ? Ils me suivent de très près…

 

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Et last but not least, Le Monde. Oui oui, vous avez bien lu. J’ai fait l’objet d’un article formidable et très écrit dans le supplément TV vendu avec les éditions du dimanche 21 et du lundi 22 mars…



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Sites et blogs

Là encore, je ne peux pas les citer tous. Tour d’horizon des plus intéressants.

Sur rue89, l’article était sympa. Mais des petits malins se sont amusé à me reprocher des choses imaginaires en commentaire. J’ai donc mis les choses au point dans mon droit de réponse. Je surveille de très près mon e-réputation, et ça commence à se savoir.

J’ai répondu à une interview très complète pour Overblog, mon hébergeur – ce qui m’a permis d’augmenter considérablement ma visibilité !

Un autre interview également pour un blog concernant le Personal Branding. Ce qu’il y a de bien avec Internet, c’est qu’on peut s’exprimer sans que la moitié des propos soient coupés.

Le blogue de Patrick Lagacé, visiblement le journaliste-blogueur le plus influent du Québec. Le pic de nombre de vues sur Youtube ce jour-là est éloquent…

Ca me fait plaisir d’être sur le Post, aussi. Je visite souvent ce site. Surtout qu’il n’y a pas que cet article : il y a celui-là aussi !

Je dois beaucoup à Otto le Chauffeur de Buzz… qui a bien compris le message que je tenais à faire passer.

Et last but not least, un papier général sur les CV-vidéo sur l’ecotidien.fr, qui dit vraiment beaucoup de bien du mien.


[CV-VIDEO] Deux mois après, un premier bilan (2/4)

2) La première semaine de mise en ligne : des blogs à gogo

Mercredi 25 novembre

Je me lève après une première nuit de plus de 6 heures depuis longtemps, bien décidée à me remettre à mes mailings. Plus de 200 éventuels employeurs à recontacter, c’est du boulot… Je me connecte sur Facebook, curieuse d’avoir les critiques de mes amis par rapport à ma vidéo, et là…

Marie (pas la même que la Marie qui m’a filé un coup de main pour la réalisation) s’amuse à balancer les liens de tous les sites et les blogs qui ont relayé ma vidéo. Au bout du quinzième, je me rends compte que ce n’est pas une blague. Et là, j’ai sérieusement la tête qui tourne. Je m’allonge donc, les pattes en l’air pour ne pas tourner de l’œil complètement, et j’appelle Virginie : « Euh… je me sens pas très bien, là… »

Toute cette affaire me dépasse. Dans ma boîte mail, les petits mots gentils pleuvent. Quand je réponds à un, sept autres tombent. Je n’ai même pas eu le temps de lire tous les posts. On me dit qu’ils sont tous gentils. Ouf, je ne suis pas la énième risée du web.

A un moment, je panique un peu quand même : j’éteins l’ordinateur et je me blottis dans un coin avec des sudokus, en me demandant ce qui m’arrive.

Une fois la surprise passée, je dois bien avouer que c’est grisant. Je surveille donc d’un œil amusé le profil de Marie qui s’alimente toutes les deux minutes. Je ne taperai pas mon nom dans Google aujourd’hui – je m’en laisse un peu pour demain. Ce mini-buzz ne durera certainement que quelques heures…

BLOGS A GOGO

(A tous ceux qui ont pris la peine de faire un post sur ma vidéo et qui ne se retrouveront pas ici, je vous présente mes excuses. Il est impossible de répertorier tout le monde, mais sachez, vraiment, que j’ai apprécié votre geste à sa juste valeur.)

Le plus rapide… et le plus sérieux

Je l’avoue : je n’ai rien compris à ce post. Laurent Enzo François parle en des termes qui me paraissent venir d’une autre planète. Pardonnez, c’est mon côté blonde. En tout cas, je suis assez ravie d’avoir fait un truc qui puisse se définir par : « CV extime »« optimisation du personal branding »« mode extimiste ». Suis touchée, si si. Je m’y attendais pas. En tout cas je vous le jure, j’ai pas fait exprès.

Le mieux renseigné

« 1m57, 47 kg, cheveux bruns et yeux marron »… Euh… ouais. En effet. C’est tout moi, ça. Là encore, on affuble ma modeste vidéo d’une expression que je découvre : « façon story-telling ». J’en apprends, des choses… C’est fou ce que j’ai pu faire sans le savoir. « La romanesque Florence Porcel (…) ne cherche pas l’amour contrairement à Amélie Poulain (quoiqu’on ne sait jamais…) » : vraiment très bien renseigné… Quoique non, je ne cherche pas l’amour, en fait. Je me sens parfaitement bien comme ça. Mais merci quand même.

Le plus flippant

« Maman travaille » fait la liste de tous les CV-vidéos qui sont devenus la risée du web. Je pâlis. Je crois que je n’avais pas bien conscience de ce que ça pouvait impliquer, même si j’y avais pensé. Et finalement, heureusement. Sinon, je ne me serais jamais lancée.

Le plus imposant

Nicolas Bordas. Tout est dit. Et si… ?

Le plus « celui-qu’aurait-pu-écrire-ma-copine »

Miss Julie nous dit tout. Voilà un des blogs que j’ai découverts grâce à ma vidéo, et j’en suis ravie. Parce que Miss Julie, elle déchire. (Et je dis pas ça parce qu’elle m’a fait de la pub. Vous me prenez pour qui ?)

Le plus intéressé

Pour le coup, c’est ma coupine qui l’a écrit. Evidemment que je la mets dans la liste parce que c’est ma coupine. Mais aussi et surtout parce qu’elle m’a fait HUR-LER de rire. Je suis sa première fan. Et de toute façon, je lui dois tout : c’est Vi(rginie), ma metteuse en scène. Merci ma coupine.

Le plus libidineux

Emery, c’est un petit malin. Il est allé chercher une photo sur mon site où je me trouve dans une position suggestive, et il me décrit en des termes plutôt coquins : « profondeur de son talent » (cher Emery, tu ne crois quand même pas que j’allais ne pas le voir !), « bouche en cœur »« gros seins »« faire tourner ». Bon, ok, ces expressions sont sorties de leur contexte. Mais quand même. J’avoue, j’adore. Enfin une analyse pertinente de ma personnalité vidéo.

Le plus flatteur

« Génialement vendeur, créatif, inventif et léger. » Et ce n’est que la deuxième phrase. Ce blog dédié à la communication va jusqu’à dire que je me vends mieux que les entreprises. Je crois que mes chevilles enflent.

Le plus vexant

« C’était le petit bu-buzz de la semaine » : bu-buzz ??? Pfff. Mais comme je suis pas rancunière, comme fille, et que vous dites quand même des choses vachement gentilles, bah je parle de vous ici. Na.

Bu-buzz… je t’en ficherais… grmbldblmdgrrrr…

Ceci dit, mes chevilles sont désenflées.

Le plus troublant…

Taïna Cluzeau est une jeune apprentie journaliste autodidacte. Malgré son absence de diplôme qui semble la gêner, elle jouit visiblement d’une sensibilité indéniable. Elle a mis en mots ce qui était inconscient chez moi. Journaliste par défaut ? Ce n’est pas tout à fait faux. Mais ce n’est pas tout à fait vrai non plus. J’ai tenu à utiliser mon droit de réponse suite à ce post intelligent, mais parfois maladroit.

Le plus touchant

Je ne sais pas pourquoi celui-ci m’a particulièrement touchée. Peut-être parce qu’il vient d’un éditeur. Et que ça me fait plaisir qu’il ait pris la peine de me filer un coup de pouce. Merci, Stéphane Leduc !

[CV-VIDEO] Deux mois après, un premier bilan (1/4)

  1) Réalisation du court-métrage

Dimanche 15 novembre

« Tiens, et si je faisais un CV-vidéo ? » Mon besoin de créer quelque chose de mes blanches mains me démange, autant que ce soit pour la bonne cause. J’inonde tout Paris de mes CV depuis juillet sans résultat, ça commence à bien faire. J’ai envie d’un nouveau défi, et si en plus je peux prouver ce que je sais faire, c’est encore mieux. J’ai en tête l’exemple d’un mec qui avait fait un truc vachement bien (« Je veux travailler »), mais pour des raisons techniques, je ne peux pas faire de clip. Ça tombe bien, j’ai horreur de faire ce qui a déjà été fait. Et dans ma tête, un court-métrage se dessine…

Le ton d’Amélie Poulain s’impose. Je commence par écrire le texte, en essayant de faire au plus court mais de tout dire. Pas si facile… Une fois le texte écrit, je le découpe par bouts de phrases, voire par mots. En face, j’imagine le visuel. J’essaye de me souvenir de ce que j’ai en stock (extrait de spectacles, photos, vidéos, extraits audio, etc) et je décris ce qu’il faudra tourner. Je vois des choses très précises, sauf pour quelques phrases où je manque cruellement d’imagination. Je passe donc ma soirée sur MSN avec ma coupine Virginie, as de la mise en scène. Elle a – évidemment – d’excellentes idées. Impossible de dormir, je suis trop excitée par ce défi à relever !!

Lundi 16 novembre

J’ai cours toute la journée. Le soir, je commence à faire des coupes dans les vidéos. Ca implique de tout regarder plusieurs fois pour voir si une phrase, un couplet, une mimique, pourrait me servir. Mais en faisant attention de ne voir que moi à l’image. Je ne pense pas avoir le temps de demander la permission à tout le monde, je veux que ce soit en ligne le plus vite possible. Mais là encore, impossible de dormir…

Mardi 17 novembre

J’ai cours toute la journée également, mais j’ai une pause de 2 heures pendant midi. Avec Marie et une de ses amies, on tourne les plans à la fac. Le trépied prêté par Yannick est indispensable. Je continue de farfouiller dans mes archives le soir en faisant des coupes proprement (mon story-board écrit m’est d’une grande aide !!) pour avoir des séquences toutes prêtes. Je visionne plusieurs fois les 20 minutes de prises de vue de la fac, et note consciencieusement les coordonnées des meilleurs passages.

Mercredi 18 novembre

Je me lève tôt pour aller prendre les photos qui me manquent. Dans l’ordre : Le Bon Marché, La Grande Epicerie de Paris, Nestlé Waters. Mine de rien, ça m’occupe la matinée. Je passe le reste de la journée à monter quelques séquences avec ce que j’ai déjà, sur un brouillon de voix-off. J’en boucle une ou deux, ouf ! Je ne m’attendais pas à tel travail d’orfèvre. Trois heures de travail pour une séquence d’une vingtaine de secondes. Et dire que je veux que ça dure 2min30… Tout ça m’empêche donc de dormir. J’en profite pour faire un planning détaillé de ma journée de tournage du lendemain. Pas une seule seconde à perdre.

Jeudi 19 novembre

Virginie arrive en fin de matinée. J’avais mis mon réveil assez tôt pour fabriquer le panneau « CHERCHE CONTRAT etc… » et pour rassembler toutes les affaires dont nous aurons besoin. C’est l’adrénaline qui me fait tenir debout. Et c’est une journée délicieuse de travail intense… Vous n’imaginez pas la dose de concentration nécessaire pour faire l’andouille !! Nous ne nous sommes pas permis une seule minute de déconnade. J’ai gardé tous les rush, je peux le prouver. On a même eu de grandes discussions portant sur des désaccords, notamment sur la séquence avec le panneau « prenez-moi ». Finalement j’obtiens gain de cause, mais je cède sur d’autres choses. C’est un véritable travail d’équipe. Marie nous rejoint en cours de route, et reprendra le flambeau après le départ de Virginie. Malgré l’épuisement, je peine encore à m’endormir. Alors je visionne, bien calée au fin fond de mon pouf, les deux grosses heures de prises de vue, et prenant des notes. Le manque de sommeil s’accumule dangereusement…

Je voudrais faire un salut amical aux vieilles rombières de mon immeuble…

 … et remercier la voisine du 9ème de m’avoir prêté son ficus à son insu. J’avais la flemme de faire la plante verte. Je ne peux pas TOUT faire non plus.

Vendredi 20 novembre

Journée montage. Réunion avec mes copines qui me prend 4 heures de mon temps, transport inclus. Mais je fais le plus gros, séquence par séquence. Je commence évidemment par le plus rigolo (la séquence « casting ») et je termine par le plus chiant (la séquence « fac »). Un peu plus de 15 heures sur mon ordinateur, à regarder, noter, reregarder, couper, coller, effacer, rechercher, avoir d’autres idées, rereregarder, être agréablement surprise par une trouvaille pas prévue, couper, coller, rerereregarder, caler, trier, jeter, recommencer…

Je refais la voix-off correctement. C’était acrobatique. Pencher l’écran du PC pour pouvoir coller ma bouche à la webcam intégrée tout en tenant le papier avec le texte sans que les froissements s’entendent. Et en plus, je suis pétrie de courbatures de la veille.

Je souffre, mais c’est tellement bon… J’ai hâte de voir le résultat. Je pressens quelque chose dont je serai fière. Et, évidemment, l’excitation m’empêche encore de dormir.

Samedi 21 novembre

J’ai cours le matin, et mes parents, exceptionnellement sur Paris, me rejoignent. Nous allons déjeuner rue Mouffetard, et nous voilà partis pour l’exposition Soulages. Je sens mes forces physiques m’abandonner au fur et à mesure. La visite au musée m’achève, heureusement que le trajet jusqu’à chez mon oncle se fait en voiture. Nous fêtons les 12 ans de ma cousine, et moi… je m’endors comme une masse sur le canapé. Humfr. Le soir, je fais du montage jusqu’à 4 heures du matin, encore.

Dimanche 22 novembre

Je vais déjeuner chez mon oncle, où je tourne la séquence avec mes parents. Plus qu’à l’intégrer au résultat presque final. Je repars dans le milieu de l’après-midi pour finir le montage et le fignoler. Je veux que tout soit parfait, que tout soit calé au millimètre. Ça dure un tout petit peu plus longtemps que prévu, donc je rogne des secondes, par-ci par-là. Je vérifie le rythme, recale un son qui n’était pas raccord avec une image, etc… Je peaufine, quoi.

Et enfin, je valide, j’enregistre le fichier, et je m’installe confortablement avec un thé. Je lance le film en plein écran. Fébrile. Si j’ai le moindre doute, je laisse tomber. Je ne peux pas me griller. Internet, c’est trop dangereux, je ne prendrai pas le risque.

Mon adresse mail apparaît une dernière fois. Un sourire illumine mon visage. Je n’ai aucun doute. Je suis fière du travail accompli.

Je teste auprès de Yannick, de Marie et de Virginie, par mesure de précaution. Ils sont unanimes. Vers 18 heures, c’est donc en ligne sur Youtube.

Je commence par faire de la pub sur Facebook, et je fais un premier mailing employeurs. Epuisée, je vais me coucher. J’ai du mal à m’endormir, mais je suis heureuse : défi relevé !

Making-off du tournage

Il n’est pas extraordinaire – je vous avoue que le temps me manque pour monter quelque chose qui ait vraiment de la gueule. Mais j’espère que ça vous amusera un peu !

A voir ici !

[ITW] Henri Dès : un chanteur branché pour (grands) enfants

Henri Dès, 69 ans, enchante depuis plus de 30 ans l’ouïe exigeante des petits et des grands. Ce chanteur suisse, dont la carrière a décollé suite à l’effondrement de celle de Chantal Goya, propose à des générations d’enfants des chansons jamais niaises, au vocabulaire souvent riche et à l’instrumentation recherchée. Sollicité notamment par un public français conquis, il remplit régulièrement l’Olympia pour le plus grand bonheur de tous.

Vous êtes un adulte depuis longtemps, maintenant ; comment arrivez-vous si bien à percevoir les attentes, les interrogations, les peurs, les angoisses des enfants ?

C’est difficile à dire… Je suis un adulte qui essaye de trouver une frontière qui est assez fine et assez fragile entre le monde de l’adulte et le monde de l’enfant. Donc je suis toujours en train de me balader là, et j’ai envie de faire quelque chose qu’ils comprennent d’une part, et qui me fasse plaisir à moi d’autre part. C’est peut-être pour ça que les parents qui écoutent ces chansons s’y retrouvent aussi : c’est passé à travers mon filtre d’adulte. Ils n’ont pas envie de s’ennuyer avec des chansons idiotes.

                                SOCIETE : « Les enfants roulent des mécaniques un peu plus tôt. »

Y a-t-il des sujets que vous refusez d’aborder dans vos chansons ? Ou au contraire, y a-t-il des sujets que vous aimeriez traiter sans savoir comment ?

Il n’y a aucun sujet que je refuse, mais il y a des choses un peu compliquées à traiter. La mort, par exemple, c’est difficile. Je l’ai traitée dans certaines chansons à travers des fables animalières. Il faut faire des chansons allégoriques. Si un sujet me paraît difficile et que j’ai envie de le traiter, je ne vais pas le sortir tant que je n’ai pas trouvé le bon éclairage ni le bon angle pour en parler, pour que les enfants le comprennent bien.

Vous n’avez pas fait de chansons sur le divorce, par exemple, alors que de nombreux enfants sont concernés…

J’en ai fait une, mais elle était tellement triste que tout mon entourage pleurait ! J’ai une chanson qui parle de la rentrée de classe d’un enfant dont les parents travaillent, et donc il rentre chez lui tout seul avec sa clef et il se débrouille avec ce qu’il a (J’attends Maman, j’attends Papa). Mais ça ne sous-entendait pas vraiment que les parents étaient divorcés. C’est un sujet difficile. Je n’ai pas encore trouvé l’angle.

S’adresse-t-on aux enfants de 2010 comme on s’adressait aux enfants de 1980 ?

Oui. Simplement, j’ai remarqué que la tranche d’âge qui m’écoute a baissé. Avant, je pouvais toucher les enfants jusqu’à 9-10 ans. Maintenant, à cet âge-là, ils ont un peu quitté mon univers. A cause ou grâce à la télévision, ils roulent des mécaniques un peu plus tôt. Ils reviennent à moi à la post-adolescence et au début de l’âge adulte parce qu’ils ont gardé un bon souvenir de moi. Et ils m’écrivent beaucoup – notamment via Facebook.

                   INTERNET : « Concernant le téléchargement, je suis au même tarif que Madonna. »

Vous avez un site, un blog, un Facebook, un Twitter. Cette présence sur Internet est très étonnante, pour un chanteur pour enfants, et pour un homme de votre âge…

Pourquoi étonnante pour un chanteur pour enfants ? Le type de chanson n’a pas tellement d’importance s’il y a un support technologique intéressant pour toucher un public. Ce n’est pas parce que c’est de la chanson pour enfants que ça ne peut pas aller sur ces formats-là. Par contre, vous avez raison quant à l’âge : quand je vois mes contemporains, ils sont un peu perdus dans ce genre de technique. C’est vrai qu’à cet âge-là on se dit : « Ouh la la, c’est pas pour moi, j’y connais rien, j’y comprends rien ! »

Est-ce que vous maîtrisez assez ces techniques pour vous occuper vous-même de ces plateformes d’échanges ?

Pour tout ce qui est d’ordre purement technique, comme mettre en ligne des contenus audio ou vidéo, je ne le fais pas moi-même parce que je ne sais pas le faire. Je pourrais apprendre, mais il y a quelqu’un à Paris qui s’en occupe pour moi. Mais au-delà de ça, je réponds moi-même à tous les gens qui m’écrivent, oui. Je n’ai pas envie que ce soit eux qui s’en occupent, ils n’ont pas ma tournure, donc je préfère le faire. Mais je réponds de manière assez simple, assez succincte. On m’envoie des tartines très sympathiques où on me dit qu’on a grandi avec mes chansons, alors je fais un bisou aux enfants et je remercie pour le petit mot mais je ne fais pas de lettre. Ça me prendrait trop de temps.

Avez-vous ressenti une baisse vente de vos disques avec le téléchargement ?

Comme tout le monde, oui. Je suis au même tarif que Madonna. C’est une perte mondiale de 70% des ventes. C’est une baisse sensible, c’est énorme.

Avez-vous fait fortune ?

J’ai pu me payer une maison, j’ai pu me payer une belle voiture, mais je ne pense pas qu’on puisse parler de « faire fortune ».

                                QUESTION EN CHANSON : « J’étais un enfant assez sage. »

« C’est à l’école tagadagada qu’on apprend les bêtises ! » En avez-vous appris beaucoup, à l’école ?

Non, j’étais un enfant assez sage, finalement. Je ne mettais pas la pagaille pour faire rire mes petits copains, j’étais plutôt discret.

Est-ce que vous avez réalisé un de vos rêves d’enfant ?

Les rêves m’arrivent un peu tout seul : je n’ai pas eu besoin d’aller décrocher la lune. La chance est beaucoup venue à moi. Mais les choses importantes et fondamentales, vous savez, il n’y en a pas beaucoup. On peut rêver de faire fortune, bien sûr. On peut imaginer par exemple qu’on a un grand coup de chance qui nous tombe dessus et c’est formidable. Mais ce n’est pas comme ça que ça se passe. Ce sont de petites chances, ce sont plein de petits éléments de la vie qui finissent par vous faire la vie belle.

Que peut-on vous souhaiter pour 2010 ?
Les fondamentaux : la santé. Et après, tout découle de ça.

Propos recueillis par Florence Porcel

[ENQUETE] Les hommes en Force de l’Art contemporain

La situation des femmes dans la société française pose encore bien des problèmes et soulève bon nombre d’injustices. Si les derniers gouvernements ont prôné la parité, les résultats ne sont pas encore ceux escomptés. Qu’en est-il de la représentation des femmes dans les manifestations publiques créées ces dernières années ? Le Ministère de la Culture et de la Communication, notamment, s’est investi dans le soutien et la promotion de l’art contemporain à travers la création d’une triennale intitulée La Force de l’Art. Cette initiative publique donne-t-elle toutes ses chances aux artistes, quel que soit leur sexe ?

Souhaitée par Dominique de Villepin, alors Premier Ministre, La Force de l’Art a été créée en 2006 et a pour mission de promouvoir à l’étranger les créateurs d’art contemporain, français ou vivant en France, vivants ou non. Conçues comme une vitrine de la scène française, les deux premières éditions de cette triennale, en 2006 et en 2009, se sont déroulées sous la Nef du Grand Palais à Paris. Si l’édition de 2006 a été un succès avec 80 000 visiteurs, en partie due à la primauté de l’évènement, la deuxième édition présente un bilan plus contrasté : 67 000 visiteurs pour l’exposition sous la Nef du Grand Palais. En ce qui concerne les visites des annexes (Musée du Louvre, Tour Eiffel, Musée Grévin, Palais de la Découverte, et Eglise Saint-Eustache), le chiffre avancé est de 40 000 entrées, mais il est impossible de différencier les entrées pour les monuments eux-mêmes, des entrées pour les annexes de laForce de l’Art 02.

D’une manière générale, les artistes sont satisfaits de la démarche et l’encouragent. Cependant, ils soulèvent bon nombre de problèmes dans la réalisation, et notamment la faible représentation des artistes femmes – et, quand elles sont présentes, une certaine désinvolture à leur égard, à l’instar de Frédérique Loutz, artiste exposée lors de la deuxième édition : « Un des trois commissaires n’a pas eu la politesse de me saluer ». Elle s’est alors sentie « seule, démunie et éprouvée ». Les artistes hommes ont également conscience de la sous-représentation de leurs consœurs, phénomène qui ne se résume pas à la Force de l’Art, mais bien aux expositions, collections, et manifestations françaises en général : même si Fayçal Baghriche n’est pas « pour la parité dans les expositions ; on choisit de montrer des travaux selon leur pertinence et non selon le sexe de l’auteur », il estime tout de même que « des oublis aussi manifestes ne peuvent être assimilés qu’à du dédain ». Fayçal Baghriche n’est pas le seul à tempérer ses propos sur la question. Gilles Fuchs, président de l’Association pour la Diffusion Internationale de l’Art Français (ADIAF), modère également son opinion personnelle : « On fait attention à la présence de femmes mais ce n’est pas un critère déterminant. Si on n’avait que des Louise Bourgeois dans notre sélection, on n’aurait que des Louise Bourgeois. Les personnes sélectionnées sont artistes avant d’être femmes. Il est vrai que les artistes promus par les galeries sont en majorité des hommes. (…) En art, il n’est pas essentiel de distinguer les deux genres : si vous lisez un bon roman, il n’est pas nécessaire de savoir si c’est un homme ou si c’est une femme qui l’a écrit. Ce n’est pas vital au niveau de l’organisation de la société. Si vous demandez à Annette Messager si elle est une artiste femme, elle vous griffera et vous dira : je suis UN artiste ».

Ce problème mobilise, des groupes militants se forment, notamment sur Facebook où un groupe intitulé « La faiblesse de la Force de l’Art » a été créé en écho à la lettre ouverte écrite par Isabelle Alfonsi (galeriste et critique d’art), Claire Moulène (journaliste et commissaire d’exposition indépendante), Lili Reynaud-Dewar (artiste et enseignante à l’Ecole des Beaux-Arts de Bordeaux), et Elisabeth Wetterwald (critique d’art et enseignante à l’Ecole des Beaux-Arts de Clermont-Ferrand). Cette lettre vise à dénoncer la faible représentation des femmes, notamment à la Force de l’Art. Philippe Comtesse, le créateur du groupe, explique : « Cet appel est bien plus large que celui de La Force de l’Art qui n’est qu’un symptôme de ce qui se passe dans l’art et la représentation des femmes dans les collections, événements, expositions. Pour ce qui est de mon engagement dans cette histoire, je suis sympathisant féministe. Suite à cet appel, j’ai boycotté l’événement. » Il ne semble pas être le seul concerné. Jihane El Meddeb, auteure et cinéaste présente au vernissage des deux éditions, a déclaré : « J’ai d’ailleurs eu une conversation avec Orlan à ce sujet. J’avais entamé une action relevant le pourcentage de femmes représentées lors de ces expositions alors que je ne suis pas « féministe » pour un sou… » Et Polina, une amatrice d’art contemporain qui ne se sent pas non plus particulièrement proche d’un quelconque mouvement féministe, avoue : « Oui, les artistes femmes ne sont pas assez représentées, mais ce n’est pas spécifique à la Force de l’Art, c’est tout le milieu de l’art en général. »

Les artistes femmes comptaient pour 16% des effectifs lors de la Force de l’Art, alors qu’elles comptent pour 60% des diplômées des écoles des Beaux-Arts en France. Parmi les candidats admis en première année aux Beaux-Arts de Paris pour 2009-2010, 55% sont des candidates. A la Villa Arson de Nice, dans l’équipe pédagogique de 34 personnes, 4 professeurs sont des femmes, dont 3 sont des artistes, et plus de la moitié des étudiants sont des étudiantes.

Le monde de l’art contemporain ne reste pas inactif face à cette sous-représentation : depuis le 27 mai 2009, l’accrochage elles@centrepompidou a investi le Musée national d’art moderne de Paris. Entièrement dédié à la création contemporaine féminine, il a pour vocation d’interpeler à la fois le public et les institutions pour qu’enfin un jour, et le plus tôt possible, les artistes femmes soient représentées dans les manifestations, dans les collections, et dans les expositions à la hauteur de leur présence, de leur talent, et de leur contribution à la scène contemporaine française.

[CINEMA] Avatar : des techniques qui s’effacent au profit d’une civilisation

Avatar, sorti le 16 décembre dans les salles obscures françaises, est un spectacle de science-fiction qui révolutionne le genre. Entre des techniques ultramodernes et une réflexion sur l’essence d’une planète et d’une civilisation, le film nous offre du jamais vu. 

Avatar est l’histoire de Jack Sully, un ex-Marine tétraplégique, à qui l’on demande de convaincre les Na’vi, habitants de la planète Pandora, de quitter leurs terres sous lesquelles sont enfouis des gisements de minerais convoités par les Humains. Il accepte de transférer son esprit dans le corps d’un Na’vi, et apprendra à connaître cette civilisation.

Un scénario simple à dessein

James Cameron est un homme intelligent à la démarche créatrice tout à fait noble : il réalise des films qu’il veut accessibles au plus grand nombre. Et pour ce faire, il se base sur des intrigues simples mais efficaces. Le scénario d’Avatar ne réinvente pas la narration cinématographique : il y a les bons et les méchants, des références historiques rabâchées (le 11-Septembre, la guerre du Vietnam), du suspense, de l’action, des bons sentiments qui provoquent petites larmes et frissons partout, et une belle histoire d’amour. D’aucuns trouvent ce procédé balourd et je-m’en-foutiste, mais Cameron est bien plus fin que ça : si l’intrigue est simple et attendue, c’est tout simplement qu’elle n’est qu’accessoire. Le sujet du film est ailleurs.

La technique au service du portrait d’une civilisation

Les personnages principaux d’Avatar sont la planète Pandora et la civilisation Na’vi. Pour les rendre plus crédibles qu’une planète Terre peuplée d’humains, Cameron a dû attendre quinze ans et une technologie assez avancée pour arriver au résultat souhaité. Il voulait certes son film en 3D, mais la création des avatars, personnages aux dimensions non-humaines mais au réalisme effarant, demandait une technique élaborée récemment. Il en va de même pour la planète elle-même, sa faune, et sa flore. Une fois cette technique inventée et maîtrisée, il a suffi à Cameron de laisser son talent de réalisateur s’exprimer : sa caméra est aussi efficace dans l’intime et les plans serrés que dans l’action et la plongée vers les abîmes de Pandora. De l’émotion d’un huis-clos au chaos d’une destruction, il est inconcevable que cette planète et ses habitants puissent ne pas exister.

Fort d’une technique qui n’a de but que de se faire oublier et d’une histoire aux résonnances universelles, James Cameron livre une œuvre aboutie, complexe, éblouissante de beauté et divertissante. Avatar et ses multiples dimensions, autant dans le fond que dans la forme, ouvrent la voix à une nouvelle grille de lecture et à une nouvelle étape dans le domaine du grand spectacle. Cameron réussit l’exploit de toucher l’essence même de chaque spectateur, dans ce qu’il y a en chacun d’originel. A se demander qui de la Terre ou de Pandora, qui de l’humanité ou des Na’vi, est l’avatar de l’autre.