[SPECTACLE] Les Voca People : des Tic-Tac et des notes

Il y a de cela plusieurs mois, j’ai découvert au hasard de ma procrastination chronique cette stupéfiante performance de huit drôles de phénomènes tout de blanc vêtus.

 

 

 

Ils s’appellent les Voca People, ils sont Israëliens, et ils se nomment respectivement Beat On, Scratcher, Tubas, Tenoro, Bari-ton, Alta, Mezzo, et Soprana – de leur spécialités respectives.

Moi qui suis ultra-sensible aux voix, je reste scotchée devant les performances qu’ils livrent. A côté d’eux, Powwow – ma référence a capella jusqu’à présent – apparaissent comme des petits joueurs. Cinq chanteurs et trois « musiciens », ils reprennent les plus grands tubes internationaux sans rien d’autre que leurs huit paires de cordes vocales. Et c’est bluffant.

 

 

 

 

Vous avez sûrement pu les découvrir dans les pubs Tic-Tac qui les sponsorisent (je précise que ce billet, lui, est non-sponsorisé).

 

 

 

Ils seront en concert à Bobino du 18 janvier au 20 mars prochain, et croyez-moi, j’irai les voir plutôt huit fois qu’une !!

Ils sont également sur Facebook et sur Twitter, où ils ont réussi à inventer un nouveau système de signes pour se faire comprendre dans toutes les langues. Même le packaging est impeccable. Des extra-terrestres pareils, on ne peut pas ne pas vouloir les rencontrer.

[ART CONTEMPORAIN] Une performance qui danse le serpent dans la blancheur cubique

Le vendredi 13 novembre à 19h avait lieu une performance d’Aurélien Froment et de Youri Dirkx intitulée Par ordre d’apparition au Centre Pompidou de Paris, dans le cadre du nouveau festival. Cette œuvre, d’une durée d’une heure, mélangeant les arts plastiques et le théâtre a de quoi dérouter un public moyennement averti.

Un comédien évolue sur une surface blanche au fond de laquelle se dressent des pans de murs symbolisés par des rouleaux de papier blanc déroulés verticalement. Il mime un visiteur de musée, avant de mimer des formes géométriques avec ses mains, après avoir sauté d’une chaise. Pourquoi ? Puis les formes géométriques mimées arrivent : un cube, une colonne, un ballon – tous blancs. Sauf le ballon, qui est gris sale. La seule question qui se pose alors est la suivante : si l’artiste n’a pas su dégoter un ballon blanc, pourquoi ne l’a-t-il pas tout simplement repeint ? Et pourquoi diable n’a-t-il pas prévu des cales pour qu’il tienne en place du premier coup ? Le comédien installe ensuite quatre murs miniatures de couleur et y installe les mêmes formes blanches miniatures. Une mise en abyme, certes. Mais encore ?

Si cette première partie ennuie, on peut encore lui trouver une certaine cohérence : le blanc, le musée, le musée dans un musée, lui-même dans un musée (Beaubourg). Cohérence, donc, mais toujours aucune idée d’une finalité quelconque. Quel est le but à tout cela ?

Ouvert d’esprit – puisqu’il est présent – le public patiente. Malheureusement, la perplexité fera place au désarroi et à une certaine colère. Le comédien sort des cordes entassées des sacs, y fait des nœuds ou les défait, en répétant qu’un serpent s’enroule autour des branches d’un arbre avant de sauter dans un puits. Aurélien Froment se moquerait-il de nous ? La performance se termine par le mime de certaines œuvres bien connues (le Scribe, la Danseuse de Degas, etc). Puis le comédien disparaît, laissant dans l’atmosphère le sentiment d’avoir perdu une heure précieuse.

Si l’art contemporain s’est forgé la réputation d’interpeler, si les spectateurs se doivent d’être ouverts à toutes les questions soulevées par une œuvre, les artistes, de leur côté, devraient s’imposer un principe, un devoir, une déontologie. Dérouter – certes – mais ne jamais dérouter pour dérouter, d’encoder pour encoder, de symboliser pour symboliser. Un minimum de sens ne nuit pas à une œuvre, même contemporaine. Trop de métaphores tuent les métaphores – et risquent bien par la même occasion d’être fatales à ce genre artistique déjà adressé à une élite qui fait semblant de le comprendre.