[PODCAST] La folle histoire de l’Exoconférence

Bonjour à tous ! Je suis Florence Porcel, community manager officielle de l’Univers, et je vous souhaite la bienvenue dans le deuxième hors-série de ce podcast où je vais vous parler de l’Exoconférence, le spectacle d’Alexandre Astier qui règle la question de la vie extraterrestre…

La version audio (.mp3) est disponible également. Pour vous la procurer, cliquez sur l’image !

Merci à Serge pour son aide précieuse !

LA CULTURE AVEC FRANÇOIS ROLLIN
Alexandre Astier se glisse à nouveau dans la peau de celui-qui-sait pour dispenser un savoir à ceux-qui-ne-savent-pas. Un hommage au travail de François Rollin, parfaitement assumé.
Pendant ce temps-là, François Rollin donne son point de vue sur le paysage culturel d’aujourd’hui…

L’IMAGE AVEC CHRISTOPHE GALFARD
Alexandre Astier commence son spectacle en évoquant de nombreuses images, réelles ou imaginées. Christophe Galfard, physicien théoricien ayant fait sa thèse avec Stephen Hawking et auteur du brillantissime « L’Univers à portée de main », m’a parlé de l’appréhension des distances, de l’image emblématique du cosmos et de sa fascination pour la question de la vie extraterrestre.

L’UNIVERS 2.0 AVEC BRUCE BENAMRAN
Alexandre Astier donne des conseils d’applications d’astronomie pour pouvoir regarder le ciel sans se perdre. Et qui de mieux qu’un Youtubeur pour cette rubrique ? Surtout quand ce Youtubeur fait la première partie du spectacle…

LE TWEET AVEC GUILHEM BOYER
Alexandre Astier est sur Twitter sous le pseudonyme de @sgtpembry. Mais par quel truchement ?? J’ai voulu comprendre pourquoi. Il m’a également parlé de son rapport avec ce média. Guilhem Boyer, community manager du CNES, a analysé la manière dont il gère son compte. Et le bilan est positif.

Alexandre Astier n’a pas manqué de me notifier le jour où il s’est rendu chez Étienne Klein pour préparer le spectacle. Le filou 🙂

Et comme la vengeance est un plat qui se mange froid, je n’ai pas manqué de lui rendre la pareille quand, à mon tour, je me suis rendue chez lui pour qu’il me parle de son rôle dans le spectacle…

 

LA PERSONNALITÉ AVEC ÉTIENNE KLEIN
Du coup, qui de mieux qu’Étienne Klein pour être la personnalité de ce hors-série ? Au-delà de l’Exoconférence et d’Alexandre Astier, pour lesquels il a beaucoup d’estime, d’admiration et de respect, nous avons papoté de sujets aussi divers que l’origine de l’Univers, le temps dans les équations de Newton, la matière noire, et la théorie de bidule-truc. Je vous jure que c’est vrai.

L’INFO AVEC MICHEL TOGNINI
L’Exoconférence est bourrée d’informations sur l’astrophysique, les cosmogonies diverses (et surtout variées), et la manière dont les mythes extraterrestres ont émergé. Parmi ces mythes, beaucoup sont déconstruits par Alexandre Astier à l’aide du bon sens. Il évoque notamment le pilotage des soit-disant soucoupes volantes ainsi que le retro-engineering. Qui de mieux placé qu’un astronaute, pilote d’essai et militaire, pour confirmer ses dires et développer sur les OVNI et les PAN ?

LA DATE AVEC JACQUES ARNOULD
16 juin 2024. Au-delà du fait qu’Alexandre Astier fêtera ses 50 ans ce jour-là, l’Humanité apprend que la vie existe ailleurs. Comment réagira-t-on ? Que se passera-t-il dans la tête d’Alexandre ce jour-là ? Pour compléter son point de vue, je suis allée recueillir celui de Jacques Arnould qui a un métier unique au monde : chargé d’éthique dans une agence spatiale (le CNES, en l’occurrence).

L’ÉVÈNEMENT AVEC HERVÉ COTTIN
C’est le thème central du spectacle et c’est une question que tout le monde se pose : sommes-nous seuls dans l’Univers ? Le jour où un début de réponse positive nous arrivera sera un évènement incomparable dans notre histoire. Mais comment pourrait-on découvrir cette vie ? Où ? Quand ? À quoi ressemblerait-elle ? Et d’ailleurs… qu’appelle-t-on la vie ? Hervé Cottin, astrochimiste au LISA, m’en a longuement parlé dans un entretien passionnant…

LES ANAGRAMMES DE L’EXOCONFÉRENCE D’ALEXANDRE ASTIER
Parce que je m’ennuyais un dimanche soir, je me suis amusé à chercher des anagrammes de l’expression « l’Exoconférence d’Alexandre Astier ». (OUI BON. On a les occupations qu’on peut.) Certes, j’en ai trouvé quelques-unes qui ne veulent absolument rien dire – malgré leurs tournures grammaticalement correctes. Mais la dernière a quelque chose…

PERCEVAL EST-IL UN EXTRATERRESTRE ?
Tout fan de Kaamelott qui se respecte a bien remarqué que Perceval était un personnage spécial. Peut-être n’est-il pas l’enfant dans un corps d’adulte que l’on croit. Ou plutôt, si. Ou finalement, pas tout à fait… Questions existentielles, don mathématique, naissance inconnue et toujours le nez tourné vers les étoiles…
Mais alors… Perceval viendrait-il d’ailleurs ?

Bon, Alexandre n’a jamais voulu me donner la réponse mais j’aurais essayé.

Sinon, en plus de tous ces intervenants, je me suis aussi entretenue avec Patrick Baud, de la chaîne Axolot, grand spécialiste des curiosités et de l’étrange. Je ne pouvais pas passer à côté de son avis sur la question de la vie extraterrestre !

Je me suis également longuement entretenue avec mon ami Michel Felet, un journaliste passionné par le domaine du spatial, qui a interviewé les plus grands noms et côtoyé les plus grands mythes. Ne ratez pas son témoignage, il a des histoires étonnantes à raconter…

J’espère que ce hors-série vous aura plu ! Si c’est le cas, n’hésitez pas à vous abonner à ma chaîne Youtube et à partager la vidéo le plus possible.
Merci à la générosité de tous ceux qui m’ont filé un coup de pouce sur Tipeee, ça m’aurait aidé à produire cet épisode.
Prenez soin de vous, prenez soin de notre planète, et n’oubliez pas de rester le nez en l’air… à ne rien faire. À très vite 🙂

[MUSIQUE/ITW] Arnaud Léonard : pas people mais très vocal

J’ai toujours été très, très sensibles aux voix. Quand j’étais petite, je voulais toujours épouser les méchants des dessins animés parce que c’était eux qui avaient les voix les plus graves ou les plus typées. Un peu plus tard, je me suis fait des compilations sur K7 audio de bouts de dialogues de Jeremy Irons, d’André Dussollier, de Richard Berry et de Gérard Darmon.

Et puis j’étais musicienne, aussi : le chant, le piano, les instruments médiévaux pendant 20 ans… Alors forcément, quand les Internets sont arrivés avec leur lot de talents, je me suis souvent émerveillée. Une des toutes premières notes de ce blog concernait un jeune prodige, Fredrik Larsson, qui non seulement est un excellent chanteur et musicien, mais en plus réalisait des performances qu’il mettait en scène de façon amusante.

Autre performance vocale mise en scène en vidéo, le stupéfiant Nick Pitera qui interprète à lui tout seul tous – absolument tous – les personnages Disney en tout genre et de tout poil.

Et puis un peu plus tard, après deux Fredrik Larsson en un et un Nick Pitera pour neuf, je tombe sur huit énergumènes habillés et peinturlurés en blanc des pieds à la tête qui livrent une vidéo venue d’ailleurs.

Et quand j’ai un coup de coeur, j’ai tendance à surconsommer. Je dois être responsable de 20% des vues de chacune des vidéos et j’ai vu 5 fois (bientôt 6 !) le spectacle des VocaPeople à Bobino.

Et dernièrement, au hasard des lectures de ma TL, je tombe sur un lien tweeté par Alexandre Astier… Je fais confiance et je clique. V’là t-y pas que je tombe sur une orgasmique voix de basse multipliée par neuf qui chante… Kaamelott !!

Kaamelott, donc, que j’ai très oh TRÈS LÉGÈREMENT tendance à surconsommer aussi, gnnnnnn… <3

Nous avons donc : une voix grave, un musicien, une vidéo rigolote, Kaamelott. Ça ne fait ni une ni deux, je me penche sur ce mystérieux chanteur… pour découvrir qu’il fait partie des VocaPeople, ces êtres venus de la planète Voca échoués sur la Terre pour une raison obscure (y aurait une histoire de fin du monde là-dessous que ça ne m’étonnerait pas). La boucle était bouclée. Je me suis dit que du coup, ça méritait bien une interview.

Qui es-tu Arnaud Léonard ? 
Je suis né en Belgique en l’an de (dis)grâce 1975. C’est là qu’il a fallu faire des trucs. Donc violon depuis l’âge de 5 ans, piano encore un peu plus tôt (mais tout seul, parce que j’aimais pas qu’on me montre), guitare, basse, sax alto, percus, voilà pour la musique.

Arnaud Léonard

A 12 ans, une rencontre, un homme de théâtre (le comédien et metteur en scène Jean-Marie Pétiniot, gloire nationale chez moi) et une décision absolue : je serais acteur. Ça tombait bien, étant donné qu’avant, j’avais voulu successivement être policier à moto, mécanicien, super-héros (Ayato dans San Ku Kaï), clown, cascadeur, plombier-zingueur (ben quoi?), re-policier à moto et pilote d’avion. Le seul métier qui pouvait éventuellement permettre de cumuler le tout est donc celui que j’ai choisi.

Le chant est arrivé à la fois plus tôt et plus tard ; en réalité, je n’y ai jamais vraiment prêté attention… J’ai toujours chanté, c’était normal à la maison. Sauf que je suis passé de soprano colorature dans la chorale des enfants à Basse profonde en deux jours! Je jure que c’est vrai. A 15 ans. Pas de mue, juste une aphonie (la seule de ma vie) et 2 octaves et quelque sur lesquelles j’ai pu m’asseoir… Bim.

Accessoirement, j’ai décroché un master en Communication Appliquée (en Education permanente) et un double Premier Prix (Théâtre et Interprétation poétique) au Conservatoire Royal de Bruxelles.

J’ai essayé à peu près tout ce qui était possible dans ce métier en Belgique (théâtre, comédie musicale, télé, radio, synchro, pub, j’ai même donné des cours); je m’amusais bien mais me dispersais énormément.

En 2005, j’ai découvert une annonce de casting pour Le Roi Lion au Théâtre Mogador ; j’avais vu le spectacle quelques mois plus tôt à Londres, ri et pleuré pendant trois heures… et considéré immédiatement que c’était la plus belle chose que j’avais vue de toute ma vie. Bref, au bout d’un an d’auditions, j’ai été choisi avec 70 autres camarades pour constituer le cast français du Roi Lion.
Je me suis donc installé à Paris à l’été 2007, et ne l’ai pas quittée depuis. Une impression très nette d’être enfin rentré à la maison y est pour beaucoup.

Trois ans de Roi Lion donc, puis « Il était une fois Joe Dassin » (mis en scène par Christophe Barratier) en 2010-2011 et Voca People depuis cette saison.

Pourquoi avoir choisi d’interpréter Kaamelott a capella en vidéo ?
J’ai découvert Kaamelott assez vite, dès sa sortie télé ; je jouais sur un spectacle et une de mes potes comédiennes m’a dit que, dans mon jeu, je lui faisais beaucoup penser à Alexandre Astier… que je n’avais jamais vu à l’époque ! J’ai donc regardé un ou deux épisodes, par curiosité. Après un court séjour en réanimation pour étouffement par fou-rire, j’ai pris le risque de continuer à suivre la série…

Non, sérieux, je suis (comme beaucoup) un fan absolu… J’étais même à la Nuit Kaamelott au Grand Rex pour la présentation de la saison VI (la séance du soir, celle où on a eu droit à 7 épisodes, et toc!) Et comme Astier est également un musicien et un compositeur de grand talent, j’éprouve énormément de plaisir à revisiter ses musiques. Ça me le fait avec John Williams, Hans Zimmer et Danny Elfman aussi. Ouais, absolument, je compare. Je piédestalise, même.

As-tu eu un retour d’Alexandre Astier ?
Yes ! Sur les trois vidéos, il a eu l’extrême gentillesse de me retweeter et de les commenter. Comment dire que j’ai une fois de plus failli mourir de décès…

Comment se passe la préparation des vidéos ? 
Je ne possède aucune partition : je suis frappé de l’oreille absolue, à l’instar d’Alexandre Astier. Donc les relevés sont beaucoup plus rapides à la « feuille » qu’à l’écrit, en ce qui me concerne. L’arrangement n’a que très peu besoin d’être modifié (et uniquement en fonction du fait qu’il faut que ça sonne avec juste ma voix) ; au- delà de ça, je considérerais comme une trahison de transposer ou, pire, de changer une ligne de sa musique. Elle n’en a pas besoin. En revanche, pour la troisième vidéo et le passage au violon, là, oui, je me suis permis quelques libertés… mais au lu de ses derniers commentaires, ça n’a pas l’air de lui avoir déplu. Ouf.

Comment enregistres-tu ?
Je possède un petit matériel bien suffisant pour l’usage que j’en ai ; je branche ma carte son sur mon MacBook Pro et je bosse sur Logic. Pour le montage vidéo, j’utilise FinalCutProX.

Combien de temps tu mets pour préparer une seule vidéo ?
En moyenne, chaque capsule me prend une vingtaine d’heures en tout.

Quelle sera la suivante ?
Ahaaaaa… Vous aimeriez bien le savoir, hein ? (NDLR : OUI.) Franchement, j’hésite.

Tu es Tubas, l’un des huit Voca People échoués sur Terre actuellement à Bobino. Comment devient-on Voca People ?
Eh ben on passe une audition, puis une autre, puis une finale, et on est choisi. Ou pas. Mais pour devenir un VocaPeople, il vaut mieux être choisi. Ça aide.

Les VocaPeople, actuellement à Bobino. Arnaud Léonard est le 4ème en partant de la gauche !

Quel est le morceau que tu prends le plus de plaisir à chanter dans ce spectacle ? Et le plus  galère ?
Mon vrai kif, c’est le medley Queen (« Bohemian Rhapsody » parsemée d’autres thèmes bien magnifiques aussi). (NDLR – Côté public, je confirme, c’est un TRUC DE MALADE.) Le plus galère, y en a pas. Shai Fishman (le génialissime directeur musical du spectacle) a vraiment fait un travail monstrueux sur les arrangements. C’est trop bon à chanter.

Vous jouez beaucoup avec le public. As-tu déjà vécu un moment de solitude ?

Etonnamment, pas tant que ça ! Les gens sont bienveillants pour la plupart ; ça tient sans doute au fait qu’on les rappelle à l’enfance en incarnant des extraterrestres qui sont, eux-mêmes, des mômes.

Combien de temps de préparation avez-vous avant d’entrer sur scène ?
Une heure environ.

Quel effet ça fait de jouer un extraterrestre chanteur quand on est musicien passionné d’astrophysique ?
Voilà, tu as posé la meilleure question qui soit. Ça fait de l’effet. Si on m’avait dit qu’un jour ces deux passions-là se rejoindraient… Mais bon, Hubert Reeves et Stephen Hawking comptent parmi les grands poètes contemporains, je trouve, alors…

Le spectacle se poursuivra-t-il en 2013 ?
On est à Bobino jusqu’au 20 janvier et on part en tournée tout de suite derrière jusque… wow… Pas de fin prévue, là ! On joue tous les jours et c’est un kif énorme ! Et sinon, je fais quelques synchros (notamment dans le dernier Disney, « Les mondes de Ralph »).

[VIDEO] Ma sorcière mal-aimée

Si vous avez vu mon CV-vidéo, alors vous avez pu y remarquer quelques passages chantés… Je me suis dit que ce serait quand même plus sympa de vous en montrer l’intégralité !

Voici donc « Ma sorcière mal-aimée », chanson tirée de la comédie musicale « Créatures » écrite par Alexandre Bonstein et composée par Lee Maddeford. Cette interprétation est le fruit de mon travail à l’ECM 3 Arts : je l’ai présentée aux évaluations de fin de semestre en décembre 2005.

[MUSIQUE] Barcella : drôle de poète chantant

J’ai découvert Barcella complètement par hasard, à l’été 2009 à la Foire de Châlons : il faisait la première partie de La Chanson du Dimanche (que j’étais venue voir) qui faisaient eux-mêmes la première partie de Grégoire.

Etant en avance pour La Chanson du Dimanche, je suis donc arrivée au beau milieu du spectacle d’un drôle d’énergumène au pantalon large, aux bretelles et à la queue de pie, qui chantait des chansons tour à tour tendres, drôles et grinçantes avec un accent indéfini délicieusement désuet accompagné d’un pianiste, d’un accordéoniste et lui-même à la guitare.

Au début, il m’a fait penser à Thomas Fersen : un décor constitué de détails dans les tons sombres avec des parapluies ouverts et de vieilles liseuses, un costume hors du temps et un vocabulaire fouillé. Mais très vite, je suis rendu compte que Barcella n’était personne d’autre que lui-même.

Après une ou deux chansons prises en cours de route et le temps qu’il m’a fallu pour entrer dans son univers, il a entamé « Mademoiselle ». Un piano, une voix, un artiste pétri d’une généreuse émotion, un texte qui remue les tripes de ma génération et les plus jolis vers que j’ai jamais entendus : « Mais pour celles qui y croient, tout comme pour ceux qui osent, la vie ouvre des portes avec ou sans cadenas qui pouvaient sembler closes… »

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Sans nous laisser le temps de s’apesantir sur une grosse boule dans la gorge, Barcella enchaîne avec « Les monstres ». Une sombre histoire de petit garçon qui va faire pipi la nuit et qui réveille des terreurs nocturnes universelles… Le gars se révèle showman et on se prend à sautiller sur place pour finir les bras en l’air à frapper frénétiquement (mais en rythme !) dans ses mains pour accompagner son incroyable énergie et un humour à toute épreuve.

 

Après cette franche rigolade, il nous présente une performance de impressionnante : Barcella n’est pas seulement un saltimbanque musical, il est également champion de France de Slam Poésie. Après avoir fait rougir tous les profs de diction du monde avec « Babar » (lui, pour les intimes), il enchaîne sur un texte où la métaphore file la faune océane (de 1’58 à 3’05 dans la vidéo ci-dessous).

 

Mais le Rémois désormais illustré nationalement ne renie pas ses origines champenoises : on sent le vécu de l’enfant qu’il a été et qu’on a emmené en sortie dominicale au Lac du Der dans cette chanson sur « Les sornettes » proférées par les adultes…

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La référence réjouira au plus haut point les autochtones (dont je suis) et permettra sans doute aux autres, et notamment aux Parisiens, de savoir que le Der est le plus grand lac artificiel d’Europe et qu’il a été construit pour désengorger la Seine et protéger Paris des inondations (ceci n’est pas un billet sponsorisé par l’office du tourisme de Champagne-Ardenne).

Alors bien sûr, autant de légèreté ne saurait aller sans une autre claque. Après « Mademoiselle » et son interprétation d’une génération désabusée, il analyse avec « Mémé » un sujet de société difficile. Et quand on a vécu la situation à plusieurs reprises, il est bien difficile de retenir ses larmes.

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Et puisque le yoyo semble être son jouet préféré (est-ce une espièglerie de mon inconscient ou bien en ai-je vu un accroché à sa ceinture ?…), il choisit de nous achever à coup de fou rire avec une chanson traitant de son… sexe. Je ne vous en dis pas plus, mais elle est – naturellement – jouissive. (Eh, Babar, si tu me lis, mon numéro commence par 06 et finit par 69 – par le plus grand des hasards, hein, entendons-nous bien.)

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Je l’ai revu en concert à la bibliothèque de Châlons un an après. Mais cet artiste, sacré « Album de l’année 2010 » par les Francofans avec « La boîte à musiques », mérite les plus belles salles parisiennes. Des mélodies entraînantes, une plume incroyable et un sens de la scène que j’ai rarement vu ailleurs : Barcella, 30 ans tout rond, mériterait de pétiller hors des frontières de la Champagne.

[SPECTACLE] « Chienne » : comédie musicale incisive et canine d’Alexandre Bonstein

Rares sont les personnes dont je tombe folle amoureuse professionnellement parlant. Alexandre Bonstein fait partie de celles-là. Je resterai toujours béate d’admiration devant son génie artistique (et un peu jalouse aussi, huhu) et si je vous dis ça, c’est par honnêteté vis-à-vis de vous : ma critique de son dernier spectacle sera encore plus subjective qu’une critique digne de ce nom. Ceci étant précisé, je vais tout de même essayer d’être constructive.

« Chienne » est une comédie musicale dont le postulat de départ est simple : un caniche femelle, lauréate d’un prix de beauté pour chien, est attaché à un arbre dans la rue en attendant que son maître, parti faire quelques courses, revienne. Que se passe-t-il dans la tête d’un toutou pendant ces moments-là ?…

Et c’est là que la folie douce d’Alexandre Bonstein intervient. La chanson d’ouverture résume mieux que soixante critiques l’esprit du spectacle. Un extrait du texte, parce que c’est vous, et je vous laisse apprécier cet hymne en intégralité ci-dessous : « Le Poil est fait pour la caresse, pour qu’on y perde avec ivresse ses griffes dans sa jungle épaisse, le Poil mérite qu’on le connaisse… »

LE POIL (Alexandre Bonstein) – Interprète : Isabelle Ferron

Voilà voilà voilà. Du grand Alexandre Bonstein, vous dis-je. (Pour les plus observateurs d’entre vous, vous l’aurez reconnu dans la vidéo, déguisé en animal, à côté du pianiste Patrick Laviosa pour les choeurs.)

Mais attention, ceci n’est pas un extrait du spectacle. Il faut, bien entendu, s’imaginer Isabelle Ferron costumée en caniche. Ce qui donne ceci :

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Isabelle Ferron (Lady Capulet dans le Roméo et Juliette de Gérard Presgurvic, notamment) campe donc cette « fifille » tour à tour angoissée, frétillante, orgueilleuse, philosophe et canico-sociologue (oui, je l’invente). Elle nous livre un grand numéro de comédienne, avec une palette de couleurs qui va de l’adolescente débile à la reine de beauté vieillissante, en passant par la coquine et la diva. Elle réussit à nous faire piquer des fous rires incontrôlables, pour, l’instant d’après, nous raidir sur notre siège et nous faire dresser les… poils. Sa voix est impeccablement maîtrisée sur le plan technique, et la qualité du texte lui permet de s’amuser dans les divers registres qui lui sont offert.

Cela dit, on peut regretter que la mise en scène d’Alexandre Bonstein ne l’autorise pas à se déplacer plus souvent : certes, elle joue le rôle d’une chienne attachée à un arbre mais la convention théâtrale pourrait très bien la dispenser de laisse. On a l’impression qu’elle est frustrée d’être aussi peu mobile dans l’espace – et si la frustration peut se concevoir pour le personnage, c’est plus dommage quand on la ressent de la chanteuse-comédienne. Le public préfèrerait aussi la voir gambader comme on le lui autorise dans de trop rares numéros « libérés ».

Mais elle n’est pas seule sur scène. Deux musiciens à l’air joyeusement cabot (Jérôme Lifszyc et Thomas Suire) l’accompagnent, tour à tour aux instruments (dont quelques-uns étranges, j’irai me renseigner pour vous), aux accessoires, au décor, à la réplique qui fait wouche ou aux choeurs admirablement déjantés. Ils ont l’air bête, ils ont des visages de toons et on voudrait qu’ils interagissent un peu plus souvent.

Chienne_VingtiemeTheatre.jpgDerrière la légèreté du propos de départ, Alexandre Bonstein réussit tout de même l’exploit de rendre intéressant et scientifique une étude sociologique poussée sur le pipi et les étrons canins (il faut aller le voir pour le croire), et fait passer une critique assez caustique des petits travers de notre société contemporaine. Que ce soit à travers des jeux de lumière, des accessoires loufoques, ou des gestuelles  ridicules empruntées aux pseudo-chanteurs de télé-réalité, il dénonce avec humour (et en vrac) la tendance des jeunes voix françaises aux vibes à outrance, la dictature de la minceur, l’hypocrisie des pseudos sur les sites de rencontre, et la variété française bas de gamme.

Finalement, cette chienne amoureuse de son maître s’avère très perspicace dans son analyse de la société humaine, et son oeil extérieur décomplexé nous renvoit à notre volonté désespéré de plaire. Et tout ça avec un fou rire toutes les deux minutes.

Parce qu’Alexandre Bonstein, c’est ça : entre Tex Avery et les Monthy Python, des situations imaginées par un esprit rétrogradé au stade anal sans pour autant s’être départi d’un oeil tendrement critique, et des textes ciselés entre vraie poésie et fausse légèreté. Le tout servi par une comédienne survoltée et deux musiciens sortis tout droit d’une bande-dessinée.

« Chienne », ça ferait glousser Droopy, ça illuminerait l’oeil de Rantanplan, ça donnerait du caractère à Milou, et c’est surtout drôle, intelligent et visuellement et musicalement riche pour nous autres humains.

Bref… toutou pour plaire !

Et je vais pas faire ma chienne, voici un autre extrait du spectacle. « Naturelle comme le soleil, comme les chevaux, comme les produits qu’on appelle bio ». (Attention, RISQUE DE DEPENDANCE AUX CHANSONS PRESENTEES DANS CET ARTICLE.)

En fait, Alexandre Bonstein, il est déprimant (c’est la jalouse en moi qui parle). Non seulement c’est un génie de la scène française (je fais régulièrement des crises de manque de Créatures), mais en plus ses spectacles sont comme du bon vin (pour ceux qui me connaissent, partez du principe que j’aime ça, hein) : ils s’améliorent toujours avec le temps. Et finalement, c’est à ça qu’on reconnaît un spectacle vivant de qualité : il n’est pas figé, il évolue, il trouve d’autres choses, il n’arrive jamais à maturité tout en restant au sommet de son art.

Merci, Alexandre. Et avoir travaillé avec toi reste ma plus grande fierté et mon plus grand honneur d’artiste.

Je suis intimement convaincue que tu deviendras culte…

(Chers lecteurs, faites-moi penser quand je l’interviewerai à lui demander ce qu’il a exactement contre Pina Bausch et contre les gnous. Et contre les labradors.)

Faites pas vos cabots, c’est au Vingtième Théâtre du mercredi au samedi à 20 heures (y a un spectacle après, donc attention, ça commence à 20 heures pétantes !!). Plein tarif 24€, seniors et habitants du XXème 19€, étudiants 12€. Location 01 43 66 01 13.

Il y a bien sûr le site officiel et la page Facebook.

[SPECTACLE] Les Voca People : des Tic-Tac et des notes

Il y a de cela plusieurs mois, j’ai découvert au hasard de ma procrastination chronique cette stupéfiante performance de huit drôles de phénomènes tout de blanc vêtus.

 

 

 

Ils s’appellent les Voca People, ils sont Israëliens, et ils se nomment respectivement Beat On, Scratcher, Tubas, Tenoro, Bari-ton, Alta, Mezzo, et Soprana – de leur spécialités respectives.

Moi qui suis ultra-sensible aux voix, je reste scotchée devant les performances qu’ils livrent. A côté d’eux, Powwow – ma référence a capella jusqu’à présent – apparaissent comme des petits joueurs. Cinq chanteurs et trois « musiciens », ils reprennent les plus grands tubes internationaux sans rien d’autre que leurs huit paires de cordes vocales. Et c’est bluffant.

 

 

 

 

Vous avez sûrement pu les découvrir dans les pubs Tic-Tac qui les sponsorisent (je précise que ce billet, lui, est non-sponsorisé).

 

 

 

Ils seront en concert à Bobino du 18 janvier au 20 mars prochain, et croyez-moi, j’irai les voir plutôt huit fois qu’une !!

Ils sont également sur Facebook et sur Twitter, où ils ont réussi à inventer un nouveau système de signes pour se faire comprendre dans toutes les langues. Même le packaging est impeccable. Des extra-terrestres pareils, on ne peut pas ne pas vouloir les rencontrer.

[SPECTACLE] Des Justes en quête de sens

Les Justes, d’Albert Camus, sont mis en scène par un Stanislas Nordey inspiré mais maladroit. Quelques comédiens remarquables sauvent ce spectacle aux longueurs répétées. Pas inintéressant, mais hélas inabouti.

Les Justes, c’est l’histoire de cinq révolutionnaires russes au début du XXème siècle. Quatre hommes et une femme, décidés à assassiner le grand-duc Serge pour sauver le peuple russe de la misère et pour faire triompher la justice. Leurs convictions, aussi nobles soient-elles, excusent-elles pour autant leur acte terroriste ?

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Une mise en scène minimaliste d’un texte difficile

Cette pièce de Camus a des échos particulièrement actuels plus d’un siècle après l’action inspirée d’une histoire vraie. L’austérité de la mise en scène de Stanislas Nordey rejoint celle du texte pour un rendu pesant, mais malgré tout de grande qualité. Le décor et les déplacements des comédiens, minimalistes et géométriques, servent la réflexion de l’auteur sans la polluer d’artifices. Le texte ainsi mis en exergue, les comédiens sont seuls maîtres à bord.

C’est là que le bât blesse. Le parti pris de la direction d’acteur est certes louable en théorie, mais discutable en pratique. Stanislas Nordey a voulu ne servir que le texte, et finalement, on finit par le perdre. En demandant à ses comédiens de le sur-articuler, c’est comme s’il nous imposait de le lire collé au visage. A le voir de trop près, on ne le voit plus du tout. On a besoin d’un minimum de recul pour qu’il nous apparaisse, et c’est ce recul-là que le metteur en scène nous refuse.

Des comédiens inégaux

Les comédiens, inégaux, le sont d’autant plus devant ces exigences : le charisme de Frédéric Leidgens (Boris) s’efface derrière sa diction plus qu’agaçante, quand elle n’en devient pas risible. Pourquoi diantre prononce-t-il le « e » muet à la fin des mots, et pour quelle raison obscure ses « r » sont-ils si durs et si appuyés ?

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Vincent Dissez (Ivan, ci-dessus) semble jouer à celui qui dira son texte en ouvrant le plus la bouche en hauteur et en largeur, et Damien Gabriac (Alexis) disparaît complètement derrière la monotonie synthétique de sa diction. Quant à Wajdi Mouawad (Stepan), malgré ses efforts pour se fondre dans un style qui n’est pas le sien, multiplie les erreurs de débutant que ne renierait pas une parodie des Inconnus.

Seule Emmanuelle Béart (Dora) tire son épingle du jeu. Rebelle, la comédienne prend la liberté de respecter la ponctuation, et ferme tous ses sens. Ses interventions sont autant de virgules d’oxygène dans un ensemble anxiogène et rendent audible un texte déjà très lourd. Sans oublier une mention spéciale pour Laurent Sauvage (Skouratov) : il réussit à faire rire un public pourtant assommé en déclamant du Camus comme un sketch de one-man-show. Brillant et salvateur.

La volonté de Stanislas Nordey de servir le texte est la preuve que ce metteur en scène souhaite amener les spectateurs à une réflexion qui irait au-delà de la pièce. Malheureusement, les comédiens, mal dirigés, s’écoutent dire leurs répliques, et le spectateur n’a d’autre choix que de tenter – en vain – d’en extraire le sens. Les plus téméraires tiendront une heure avant que l’ennui s’installe pour les deux petites heures restantes.

Dommage, car Emmanuelle Béart et Laurent Sauvage sont la preuve que ces Justes peuvent aussi être digestes, audibles, et matière à réflexion. Un spectacle maladroit, en somme, avec pourtant toutes les promesses avortées d’un metteur en scène de talent.

Florence Porcel

 

 

 

Les Justes, d’Albert Camus. Mise en scène de Stanislas Nordey. Avec Emmanuelle Béart, Vincent Dissez, , Damien Gabriac, Frédéric Leidgens, Wajdi Mouawad.

Du 27 au 30 avril 2010 au Théâtre des Treize Vents, Montpellier.

Du 4 au 6 mai 2010 à la Comédie de Clermont-Ferrand.

[SPECTACLE] C’est beau, c’est bien, c’est Bel. Ou non.

Cédric Andrieux, spectacle de non-danse de Jérôme Bel avec Cédric Andrieux, s’est joué ce 14 décembre 2009 au Théâtre de la Ville à Paris. Non-critique.

Puisque vous ne me voyez pas, je vous décris la scène. Je suis dans une pièce banale, ni trop grande, ni trop petite, dans laquelle se trouvent un bureau, une chaise, un ordinateur. Je suis à mon clavier, un thé fumant à côté de moi. Je suis une travailleuse comme les autres. J’écris.

J’écris depuis que je sais écrire. Ces mots, sans cesse, qui m’ont apprivoisée plus que l’inverse. La grammaire, la conjugaison, les figures de style, la ponctuation ; toutes ces règles à la base de l’écriture qu’il faut apprendre, s’approprier, répéter, intégrer dans la douleur, dans les mêmes exercices, sans cesse, jusqu’à la nausée, jusqu’à la crampe intellectuelle.

Cédric Andrieux, 32 ans, danseur, de Brest, est seul sur scène, sans costume, sans décor. Un survêtement, un sac de sport, une bouteille d’eau à ses pieds. Il ne danse pas, il raconte sa vie de danseur. Comment, à l’adolescence, il choisit de vouer son existence à cet art. Il nous raconte ses cours, ses études, les compagnies dans lesquelles il s’est intégré.

J’ai appris la littérature, j’ai appris l’écriture journalistique, j’ai pris des cours, j’ai lu des livres, des articles, des critiques. Des critiques, surtout. Observer sans cesse, tenter de reproduire le geste, le style, la forme. Se tromper, recommencer, déchirer la feuille, ne pas enregistrer les modifications, ouvrir une nouvelle page, s’acharner, souffrir, pleurer. Et un jour, le texte. Jugé, bien sûr. Maladroit encore, mais on me dit que l’équilibre est là, la technique aussi. L’âme viendra. (Ah, penser à racheter du thé à la framboise.)

La compagnie de Merce Cunningham, notamment, dans laquelle il est resté huit ans. Alors des  fois, Cédric Andrieux, dans ce spectacle éponyme, danse. Oh à peine, c’est un danseur qui prête son corps au concept du chorégraphe Jérôme Bel, il ne voudrait pas déstabiliser son public. Un danseur qui danse – nous ne sommes pas prêts. Jérôme Bel aime d’ailleurs « casser l’attente du public ». Alors, cassée, l’attente ? Non. On attend. Inexorablement.

1816 signes, déjà. Ma critique suit la construction que j’avais imaginée, peut-être que le ballet final des mots permettra une esthétique ; peut-être que les lecteurs, en me lisant, auront une émotion, ou le sentiment d’avoir fait une rencontre. En tout cas, je suis tellement concentrée sur la technique, si exigeante, si compliquée, j’en oublie le reste.

Je critique peu le spectacle bien sûr – mon dieu, qui suis-je ? J’ai mes maîtres, mes mentors, mes modèles ; je les respecte infiniment et préfère les raconter plutôt que de les singer. Bien sûr, comme les danseurs. Des rencontres qui m’ont forgé le caractère, d’autres qui m’ont emballée, d’autres qui m’ont ennuyée.

La voix de Cédric Andrieux est posée, placée, mais monotone. Si Jérôme Bel est un passeur, il n’y connaît rien à la musique. Ça se non-entend. Ce n’est pas du théâtre, ce n’est pas de la danse, c’est de la non-danse. C’est conceptuel, comme l’indique le programme : le nom de Jérôme Bel n’apparaît pas après « chorégraphie » (absent) mais après « concept ».

Alors à quoi sert Cédric Andrieux, au fond ? La question se greffe à chaque unité de temps des 75 minutes du spectacle. Et elle se pose : Le Monde, dans sa critique du spectacle, le fait à quatre reprises. Finalement, à rien, à tout ; c’est de l’art.

Enfin là, en l’occurrence, rendons hommage à ce spectacle : du non-art.

[DANSE] Rosas danst Rosas : un spectacle nerveux au minimalisme entêtant

Rosas danst Rosas, de la chorégraphe belge Anne Teresa de Keersmaeker, est une pièce en quatre mouvements pour quatre danseuses, sur une musique de Thierry de Mey et Peter Vermeersch. Créée en 1983, elle a révolutionné le monde de la danse de par sa base de travail minimaliste : économie de sons, économie de mouvements, économie de décors, économie de costumes. Un excès de petits riens qui font de cette pièce le manifeste fondateur de la chorégraphe.

Une chorégraphie intense et rythmée

Les danseuses, d’abord allongées, déclinent toute une gamme de mouvement saccadés et répétitifs sur la seule musique de leur souffle et du bruissement de leurs étoffes. Dans ce faux silence qui en devient presque oppressant, les gestes succèdent à l’immobilité, sorte de virgule suspendue dans une chorégraphie écrasée par la gravité tenace. Les corps sont lourds et ne retrouveront un semblant de verticalité qu’assis sur quatre chaises. Là, emportés par les percussions butées de Thierry de Mey, ils déclineront une partition réduite de gestes du quotidien, à la fois mécaniques et d’une féminité extrême : découvrir une épaule, la recouvrir d’un geste faussement pudique, passer une main dans les cheveux, croiser et décroiser les jambes, se serrer le ventre. La répétition des mouvements hypnotise, les rythmes sont secs, mais Anne Teresa de Keersmaeker réussit tout de même l’exploit d’insuffler une fluidité presque violente à l’ensemble du spectacle.

Un spectacle intemporel

Vingt-six ans après sa création, Rosas danst Rosas n’a pas pris une ride. De nombreuses fois primée, cette chorégraphie fait alterner dans une rare obstination agressivité et tendresse, uniformité et individualité. Une pièce nerveuse plus que jamais actuelle, dont les décors industriels et les costumes grossiers fustigent un monde du travail coupable d’une condition féminine mise à mal. Les rengaines sonores et visuelles sont entêtantes, le quotidien est sublimé, et les longueurs dans le rythme ne sont que la mise en abyme de mouvements qui savent se laisser incarner.

[CINEMA] 2012 : l’odyssée de l’espèce

Consigne :
Donnez-moi furieusement envie d’aller voir un film.

Correction :
Humour salubre. Et bienfaisant.

Novembre. Les congés d’été semblent dater du siècle dernier. La magie de Noël est encore inaccessible. L’ambiance est à la Toussaint, sur la terre, comme au ciel. Les étudiants commencent à être pénibles ; vous repoussez vos corrections. C’est la semaine du handicap au travail, la grippe A tue, la faim dans le monde, l’échec de Copenhague est annoncé, la planète se meurt : OUI, on va tous crever ! C’est inéluctable, de toute façon : alors amusons-nous-en !

Prenez 2012 de Roland Emmerich, par exemple. Un remède excellent contre la morosité ambiante ! Vous êtes fatigué d’écrire, de corriger, de préparer, de converser intelligemment ? Débranchez votre cerveau pendant 2h40 ! Vous avez froid ? Une salle pleine à craquer vous réchauffera ! Vous êtes las des catastrophes des journaux télévisés ? Allez assister à une bonne vieille fin du monde comme on les affectionne !

Ce film a toutes les qualités : des effets spéciaux qui nous scotchent au siège, des cataclysmes épouvantables mais pas pour de vrai donc c’est très excitant, de l’humour régulièrement, des héros sympathiques, des jeunes femmes absolument jolies, et un rythme haletant. Ca fait boum, crac, pan, glouglou, hiiii, ouf, re-boum ; bref… ça bouge dans tous les sens, tout s’effondre, explose, coule, et nous redevenons des adolescents stupides et émerveillés. CA-FAIT-DU-BIEN !

L’apocalypse en salles devrait être remboursée par la Sécurité sociale. Les peurs sont évacuées et les angoisses calmées le temps d’une catharsis. Et alors que le monde, sur la bobine, repart de zéro, le spectateur affronte de nouveau une réalité un peu plus légère à supporter.

Et c’était pas gagné.