Dans tous les essais scientifiques que j’ai pu lire, une information m’a particulièrement frappée et ne cesse de me hanter : les chercheurs qui étudient l’Univers sont les seuls à ne pas pouvoir sortir de l’objet qu’ils étudient – ils sont enfermés dedans. Nous, humains de la planète Terre, essayons de comprendre et de connaître un objet dont nous faisons partie. Comme si une cellule de notre foie, qui serait subitement douée d’intelligence, voulait savoir ce qu’est un corps humain. Elle comprendrait certainement les organes, le sang, le système nerveux ; mais réussirait-elle à avoir une idée de la forme de ce corps, de la complexité de son fonctionnement ? comprendrait-elle l’interaction de tous ses éléments ? arriverait-elle à saisir qu’il est vivant, conscient, intelligent ?…
In all the scientific books that I read, one information grabbed my attention. I can’t stop thinking about it since then : researchers studying the Universe are the only researchers who just can’t go out of the object they study – they are trapped inside. We, humans of planet Earth, try to understand and to know an object we are part of. As if a liver’s cell which would suddenly became intelligent would like to know what a human body is. It would certainly understand organs, blood, nervous system ; but would it succeed to imagine this body’s shape, the complexity of how it works ? would it understand the interaction between all its constitutents ? would it succeed to get that it is alive, conscious and intelligent ?…
J’étais jeune adolescente. J’avais bien du mal à savoir qui j’étais et je me suis rendue compte que ce qui était vrai pour les cosmologistes était vrai pour moi aussi. Mon image sur une photo était à des années-lumière de ce que je voyais dans le miroir, ma voix enregistrée semblait celle d’une étrangère par rapport à ce que j’entendais de l’intérieur, et quand on décrivait ma personnalité, je n’arrivais pas à croire qu’on pouvait autant se tromper sur mon compte. Alors… qui avait raison ? Qui savait qui j’étais réellement ? La réalité était-elle dans mon miroir ou en dehors ? On se trouve souvent trop ceci ou trop cela, un défaut invisible pour les autres devient invivable pour soi… La réalité était sans doute en dehors. Nul n’est prophète en son pays…
When I was a teenage girl, it was not easy for me to know who I was and I realised that what was true for cosmologists was true for me too. A picture of myself seemed so far away from what I saw in a mirror ; my recorded voice sounded like a stranger compared to what I heard from the inside ; and when someone described my personality, I just couldn’t believe how much somenone could be so much wrong. So… Who was right ? Who knew who I really was ? Was reality in my mirror or outside ? We always think we are too much this or not enough that… An unbearable defect for someone is often an invisible one for others… Reality came perhaps from the outside. No man is a prophet in his own country…
Il serait bien sûr idiot de faire un parallèle avec l’Univers. Tout ça recourt de la psychologie et ça n’aurait aucun sens d’en attribuer une au cosmos. Mais dernièrement, quand j’ai travaillé sur une nouvelle pour un concours dont le thème était l’Homme augmenté, je me suis longuement posé la question de savoir ce qu’était qu’être humain. Et j’ai repensé à ma réflexion de jeune adolescente : peut-on réellement savoir qui nous sommes en tant qu’espèce si nous en faisons nous-même partie ?… Je pense que non. On peut s’approcher de la réalité mais elle ne sera jamais complète sans un regard extérieur et neutre. Alors pour savoir qui nous sommes, nous devrions demander l’avis des fourmis, des petits chats mignons ou des tourterelles… Malheureusement, ce n’est pas possible. Reste la possibilité d’une civilisation extraterrestre intelligente et consciente. Mais nous ne l’avons pas trouvée (et vice-versa)…
Comparing my own feeling with the Universe would be stupid : that’s psychology, and it wouldn’t have any sense to say that the cosmos had one. But I worked lately on a short story for a competition whose subject was transhumanism. I had to think about what it means to be human, and I remembered my teenage’s thoughts. Can we know who we are as a specie if we are part of it ? I think we can’t. We can go close to reality but it will never be completed without someone else who would be neutral. To know who we are, we should ask ants, cute kitties or turtledoves – but they can’t do such a thing. A conscious and intelligent alien civilization could help us – but we didn’t find it (and vice versa)…
Quand on veut faire le point ou se ressourcer, se retrouver, souvent on… change de lieu. Comme si changer de position dans l’espace permettait de mieux appréhender sa propre personnalité et son propre ressenti. Cela s’appelle prendre du recul, et il est toujours nécessaire pour avoir une vue d’ensemble d’une situation, pour mieux la comprendre et la connaître. Et j’ose à peine imaginer ce qu’ont dû ressentir les astronautes d’Apollo 11 quand ils se sont retournés pour la première fois vers leur planète d’origine qu’ils ont vue en entier. Ni quand ils l’ont observée depuis le sol lunaire. Et les astronautes actuels reviennent tous de l’espace en avouant que ça les avait changé en tant qu’individu et en tant qu’être humain, et même au-delà de ça, avec une prise de conscience d’être Terrien. Un point bleu pâle…
When you want to make an analysis of your situation, to revitalize yourself or to detach yourself, you often… go – as if being somewhere else could help with your feelings. This is called « taking a global view », and it is necessary to know and understand a situation. I can barely imagine what Apollo 11’s astronauts felt when they saw their whole planet of origin for the very first time and when they observed it from the lunar ground. And today’s astronauts all come back from space saying that they are different now, as a person and as a human being, and even further… as an earthling. A pale blue dot…
Savoir qui nous sommes. L’un des plus grands mystères de l’humanité. Si aucun regard extérieur n’intervient, nous ne le saurons sans doute jamais.
Mais… Mais Mars One compte envoyer des femmes et des hommes sur une autre planète pour s’y installer définitivement. Si ces personnes resteront humaines, ils deviendront plus Martiens que Terriens. Et alors, ils auront tout le recul et le temps nécessaires pour mieux comprendre et mieux connaître ce que c’est qu’être humain.
We want to know who we are, and that’s one of the biggest mystery of humanity. But if no one neutral and far away helps, then we would never know who we truly are.
Though… Though Mars One project wants to send women and men on another planet to settle there. If these persons will remain humans, they will become more Martians than earthlings. Then, they will be taking enough global views and enough time to better understand and better know what it is to be a human being.
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