[TWITTER] Twitter, sa culture, ses habitants

Ce billet s’adresse à toi, internaute, qui tweete comme il respire. Il te permettra de te reconnaître, et peut-être même riras-tu si tu n’as pas oublié de savoir rire de toi-même et de tes semblables. (Si, tu sais, l’autodérision, tu te souviens ?…)

Ce billet s’adresse surtout à toi, internaute pour qui Twitter est un monde bizarre, auquel tu as essayé de te joindre mais sans succès, te demandant pourquoi diantre c’était si compliqué de s’y intégrer, et comment par tous les boobs saints faisait-on pour comprendre tous ces messages bizarres. Si tu cherches des réponses purement techniques, je te renvoie à mon Initiation à Twitter. Je vais te parler ici de la culture de cette planète parallèle.

(Un glossaire du vocabulaire utilisé se trouve en bas de page.)

Les habitants de Twitter sont l’élite

Il faut le savoir.

Enfin non, ce n’est pas tout à fait vrai.

Les habitants de Twitter sont persuadés qu’ils sont l’élite – la nuance est légère, mais elle est primordiale.

Les habitants de Twitter sont les plus beaux (derrière leurs avatars tripatouillés, qui n’ont rien à voir avec la choucroute, ou – les pires – détourés à la truelle sur Paint), les plus intelligents, les plus cultivés, les plus en avance sur les tendances, et les plus rapidement informés. (Bon, ça c’est vrai, faut le reconnaître.)

L’habitant de Twitter est donc souvent extrêmement imbu de sa personne, et supportera mal les critiques sur sa manière d’être et de faire.

Et alors, petit indigent, si tu te permets une remarque sur sa manière de tweeter, tu t’attireras l’ire de l’habitant ainsi que de ses sbires et plus jamais rien ni personne ne le fera changer d’avis sur toi. Il ne te restera plus qu’à suicider ton compte et revenir vierge de toute effronterie.

Parce que faut pas déconner, oh. Y a un minimum de respect – et même de crainte – à avoir. Tu nous prends pour qui, p’tit con ?? T’ahar ta gueule à la récré le jour des #FF.

L’habitant de Twitter a des coutumes

Comme toute planète qui se respecte, il y a des us et coutumes qui se sont mises en place au cours des ères géologiques, des millénaires, des générations, et de l’évolution de
l’espèce. 
Je ne vais pas m’y attarder.

Je ne parlerai donc que des #FF qui servent à (dans le désordre) :

– Faire une Fellation à un habitant que tu aimes beaucoup parce que tu voudrais qu’il te remarque – voire, soyons fou (mais rêve pas), qu’il te follow back.

– Fuir une Foufoune un peu lourde : tu lui fais un joli #FF personnalisé et tout, elle n’en pourra plus pendant au moins deux jours, et arrêtera peut-être de te harceler en DM. Attention effet pervers (si j’ose dire) : elle pourra penser que c’est dans la poche et reprendra ses assauts de plus belle.

– Fabriquer un Fouet. Il y a deux sortes de Fouet : celui du maître sur les esclaves (un petit #FF collectif d’un habitant important sur des subalternes, et ils continueront à lui Faire une Fellation pendant au moins trois mois tellement ils ne sauront pas comment le remercier d’un tel honneur), et celui du petit habitant sur des habitants moyens, voire des habitants moyens entre eux (le #FF sus-nommé sera tout en ironie, en pique, et en hargne à peine cachée, avec des tas de noms suivis d’un commentaire digne de la réaction d’un Brice de Nice des familles.)

– Faire le Fourbe et bien rigoler intérieurement : citer tous les habitants que tu as sautés dans un même #FF sans que personne, et surtout pas les personnes citées, n’en sache quoi que ce soit. C’est fourbe, mais qu’est-ce qu’on rigole. (Répéter l’opération autant de fois que nécessaire, n’oublions pas que 140 caractères, c’est parfois vraiment trop peu.)

– Fuggérer des Followers (ouais OH BON hein ça va). C’est le but premier des #FF : dire aux habitants qui ont les clefs de chez toi quels sont les autres habitants chez qui ils peuvent aller chercher une clef parce que leur maison vaut le coup d’œil.

La planète de Twitter et l’espace-temps

Il faut savoir que Twitter vit dans un espace-temps bien séparé de celui du commun des mortels de la vie réelle. Une heure sur Twitter correspond à peu près à une journée de la vraie vie. Une seconde correspond à une heure, etc etc…

Il m’arrive de plus en plus souvent, pour prendre un exemple bien concret, qu’une copine qui n’est pas sur Twitter me parle d’une info un soir et que je m’écrie : « Ouh la la mais c’est vieux, ça !!… Ca date au moins de ce matin, non ? » sur le même ton que si on venait de m’apprendre la mort de Michael Jackson. Oui, ça peut agacer.

Mais ça, ce n’est que pour les modes et les tendances, du genre les expressions hypes, les concours débiles mais drôles, et tout ce pain et ces jeux qui divertissent le bon peuple de Twitter pendant que les habitants importants y font des choses importantes qu’on ne peut pas comprendre tellement c’est important.

Pour le reste, la planète Twitter vit dans le futur. C’est un fait : nous savons tout avant tout le monde. Oui, ça peut agacer.

Bien. Je vois que ce n’est pas très clair. Je vais donc donner deux exemples.

Admettons qu’un illuminé lance le hashtag #quandjaurai50ans. Hop ! Ca prend comme une traînée de poudre et tout le monde y va de son tweet. Mais finalement, ce n’est pas le meilleur amuztag (oui, je l’invente, c’est aussi ça, Twitter).

Y aura toujours un habitant plus malin (aigri, énervé, de mauvaise humeur, rabat-joie, cynique, jaloux – rayez les mentions inutiles) que les autres qui commencera à dire : « Mais arrêtez avec #quandjaurai50ans, ça va, c’est so 11 heures du mat’, quoi ! » (Tweet envoyé à 12h11.)

(Il faut savoir que l’expression « c’est so + complément circonstanciel de temps » est démodée sur Twitter, bien qu’elle ne soit pas encore arrivée sur Facebook.)

Deuxième exemple (z’avez vu la transition de ouf ? ouais je vais parler de Facebook, ouais.)

Prenons l’exemple d’une semaine type. Le lundi à 2 heures, une info tombe sur Twitter, venue du Japon – mettons.

A 8 heures, elle a fait le tour de Twitter France au moins vingt fois.

A 11 heures, les agences de presse commencent les brèves.

A 13 heures, des communiqués complets. Dans l’après-midi, les pure players, voire les chaînes d’info en continu, en parlent.

Les JT prennent le relais le soir même ou le lendemain, mardi.

(L’info, pour l’habitant de Twitter, est sue, intégrée, et digérée depuis 9 heures de mat’, hein, ne l’oublions pas.)

Et avec un peu de chance, l’info arrive sur Facebook le samedi.

La planète Twitter est de gauche

C’en devient aussi ridicule qu’affligeant, et franchement lourdingue.

Je précise une chose essentielle : je suis a-politique. La politique m’emmerde, et ceux qui la font n’ont droit qu’à mon plus profond mépris, quel que soit le bord ou le parti.

Il est donc bien vu d’être de gauche et surtout de critiquer le gouvernement en place. Plus tu seras dans ce mouvement, plus tu te sentiras en osmose avec la planète Twitter.

Malheureusement, trop, c’est trop. Les habitants de Twitter, qui sont les premiers à prôner la tolérance à tout va, sont les premiers à lyncher celui ou celle qui aura le malheur d’avoir une idée de droite, ou de défendre le gouvernement en place – surtout si c’est argumenté et justifié. (Ben oui, les habitants sont de gauche et ultra-anti-droite, mais s’ils avaient des arguments, ben ça se saurait, et ils n’aiment pas trop que leurs détracteurs réfléchissent, eux.)

Et donc comme tout ça est bien vu, on en arrive à deux conséquences aussi dommages et stupides l’une que l’autre : ceux qui ont d’autres idées n’osent pas les exprimer, et ceux qui veulent se faire bien voir en arrivent à faire des excès de zèle qui les ridiculisent.

Exemple. Lundi 11 avril, jour de la mise en vigueur de la loi contre le niqab. On en pense ce qu’on en veut. Mais à lire les bons petits habitants-moutons de Twitter, c’était un crime contre l’humanité et l’univers entier, c’était le nouvel accident nucléaire, c’était pire que Hiroshima et Fukushima réunis, pire même que tous les crimes de guerre de tous les dictateurs de l’Histoire (ben oui pensez… une idée de droite !)

Une habitante de Twitter dont je tairai le nom a donc dit : « Je rêve ou vous êtes tous en train de dire que le niqab, c’est vachement bien ? Eh oh !! Ca va, le politiquement correct ? #onrêveputain » Il a été timidement RT cinq fois, et plusieurs personnes sont venus (presque en cachette) me dire : merci / ah ouf je me sensmoins seule / c’est bien dit / bravo.

Chers habitants de Twitter : n’ayez pas peur de vous exprimer. Je ne m’en prive jamais, et ça fera peut-être réfléchir (rêvons…) ceux qui prônent la révolution, mais qui ne sont en fait que des moutons, et qui disent beaucoup, beaucoup de conneries (qu’ils ne pensent pas forcément toujours.)

Trop de politiquement correct tue le politiquement correct. Et plus personne ne peut vous prendre au sérieux.

Désolée.

La planète Twitter est, sous ses airs de liberté d’expression, très intolérante

On a donc le droit de n’être que de gauche (ou, au pire, neutre).

On ne vous pardonnera pas d’utiliser une expression passée de mode (de l’heure précédente).

On plantera votre tête au bout d’une pique si vous avez le malheur de crier haut et fort que vous préférez regarder les films en VF, parce que la VO, ben ça vous emmerde.

Vous êtes obligé d’aimer Bashung, Tarantino, Gainsbourg, et Audiard sous peine d’être considéré avec mépris comme un gros kikoolol de base.

Surtout ne venez pas dire que vous aimez Lady Gaga, Céline Dion, Johnny Hallyday, Christophe Maé, et Michel Sardou. On vous bannira à la seconde.

N’allez pas trop crier sur les toits que vous habitez en province et que vous le vivez très bien. Faites semblant d’être Parisien, c’est mieux.

Surtout, si vous n’êtes ni journaliste, ni community manager, ni blogueur, ni geek, n’en faites rien savoir. Laissez planer le doute. Au pire, dites que vous êtes dans la com’ ou dans le marketing. C’est (encore) plus ou moins toléré.

Faites croire de temps en temps que votre vie en DM est intense et d’une débauche indécente. Sinon, vous ne valez rien (especially si vous êtes une fille).

N’allez surtout pas dire que les Mac et/ou Gmail ça ne correspond pas à ce que vous attendez d’une boîte mail ou d’un ordinateur – non seulement on vous insultera, mais en plus on vous bloquera.

Faites-vous à l’idée : une grande majorité des habitants de Twitter sont équipés de Smartphones. Ils peuvent donc tweeter de n’importe où, n’importe quand, avec n’importe qui, et vous envoyez des photos du dehors, du métro, de réunion, et de je ne sais où encore (et je ne veux pas le savoir).

Si vous n’en avez pas, ne le dites pas et faites comme si. Mieux vaut mentir que passer pour un pauvre. (Twitter est de gauche, mais bon, faut pas déconner quand même, hein, faudrait voir à ce que les pauvres et les kikoolol viennent pas trop nous emmerder non plus !)

Pour vous faire bien voir, LTez de temps en temps les émissions de télé-réalité les plus pourries, mais faites bien comprendre que ça vous soûle, que vous ne comprenez pas comment on peut regarder ça, que vraiment TF1 est à la botte de Sarko, que c’est une honte de passer de tels programmes, que comment ça se fait que ça fait autant d’audience. (Hein ? Comment ? Moi aussi je regarde et je fais l’audience ? Ah mais moi je LT sur TWITTER, c’est pas pareil, JE SUIS AU-DESSUS DE CA, moi j’ai du recul, JE LE FAIS POUR DENONCER.)

(Oui, sur Twitter, il faut aussi savoir être de mauvaise foi et passer pour un con en toute connaissance de cause, mais mépriser celui qui vous mettra en face de votre propre connerie.)

(Ah, et conseil : ça ira plus vite de couper Twitter que demander à tout le monde d’être un peu cohérents avec eux-mêmes et d’éteindre leur télé.) 

En tant qu’habitant de la planète Twitter, il faut absolument avoir participé au moins une fois à un concours visant à montrer tes nichons, ton slip, ton cul, ou tout autre partie de ton anatomie ressemblant de près ou de loin à des attributs sexuels. Sinon, tu ne fais pas vraiment partie du groupe. Eh oui, Twitter, c’est une version numérique d’un camping et de ses concours de Miss T-Shirt Mouillé (MAIS N’ALLEZ SURTOUT PAS LE DIRE, MALHEUREUX !!!!).

Si tu ne clashes pas toi-même, surtout sois toujours au courant du dernier clash, et mets-y ton grain de sel. On n’aime pas trop ceux qui ne prennent pas partie. C’est toujours un peu louche.

Surtout, sois cynique, ironique, critique à outrance (surtout contre la droite, tavu), et si par malheur il t’arrivait de vouloir être gentil et de dire quelque chose de positif (surtout de la droite, t’as vu), abstiens-toi.

Vermine. Renégat. Traître.

Régulièrement, parle de ton nombre de followers. Tu montreras la puissance de ton ego et tu seras complètement accepté dans la caste.

Et pleure quand on t’unfollow. Parce que c’est pas juste, et celui qui a osé est forcément un gros con.

La planète Twitter et l’orthographe

Sachez que les habitants de Twitter sont très à cheval sur l’orthographe. La moindre coquille, la moindre double-consonne amputée de sa jumelle, le moindre subjonctif imparfait tronqué te donnera pour 20 minutes de mentions incendiaires. Pareil pour une expression mal utilisée, ou pire, une expression passée de mode depuis au moins 20 minutes (faut suivre, putain !)

Cependant, Twitter n’en est pas à une contradiction près (tu l’auras déjà remarqué). Il aime beaucoup l’expression (utilisée à outrance) : « je suis + substantif ». Je suis joie, je suis tristesse, je suis colère, etc. Oui, bah moi personnellement, je suis énervance, voilà. C’est moche. Oui, mais c’est notre culture, alors…

Autre insulte à la langue française, non seulement tolérée mais encouragée, les sons -é- et -è- remplacés systématiquement par -ay-. Exemple : « Intayrnayt, SAYLEMAL, bordayl ». (Mais non, je n’exagère pas.)
C’est moche, c’est laid, c’est de l’orthographe immonde, OUI MAIS C’EST HYPE, et C’EST POUR RIGOLAY.

Ah. Ok.

Pardon – okay. (Ah merde, là ça marche, alors ça marchera jamais.)

Twitter et la culture geek

Beaucoup de geeks étant inscrits sur Twitter, il est logique que leur culture fasse partie de cette planète. Les poneys, les licornes, les arcs-en-ciel, les lolcats, et bien d’autres sont donc le comble du kitch pour les habitants.

C’est généralement des sujets de délires qui nous font hurler de rire, mais qui sont incompréhensibles pour les gens du dehors.

Oui je sais, nous sommes spéciaux. Voire un peu fous. Mais c’est tellement bon.

Je peux pas expliquer plus en détails, j’ai poney.

(…)

MOUAAAAAAAAAAAAAAH AH AH AH AH AH AH AH AH AH AH AH AH AH AH AH !!!!!!!!!!!!!!!!!

Comment appelle-t-on les habitants de la planète Twitter ?

Personne n’est d’accord, et il n’y a pas d’appellation d’origine contrôlée. Il y a twitto, twittos/twitta, twittasse – mais il faut bien dire que c’est moche, surtout pour les filles. Il y a tweep/tweepie, mais ça n’arrive pas à prendre en France. D’où ma volonté dans ce billet de parler d’habitants de la planète Twitter plutôt que d’utiliser ces vilains mots.

[Ah, on me signale dans l’oreillette qu’à l’heure où je vous parle, le fameux –ay est en train de muter en –ey. Voyez plutôt ce tweet.]

Peut-on survivre sur Twitter si on n’est pas dans la hype du move de sa culture bizarroïde ?

Oui et non. Non, parce que si la majorité de tout ça vous gonfle, vous vous lasserez tout seul, et très rapidement.

Oui, parce que je ne suis personnellement en désaccord avec beaucoup des règles et des préjugés qui ont la dent dure, et je ne m’en sors pas trop mal.

Ça m’arrive de crier haut et fort que j’aime Céline Dion et Michel Sardou. Ça m’arrive d’envoyer chier les gens quand ils me reprochent de ne pas aimer regarder un film en VO. Ça m’arrive de râler quand on part du principe que j’ai forcément un Smartphone. Je dis toujours ce que je pense au moment où j’ai envie de le dire, sans prendre de gants, sans me poser la question de savoir si je vais me faire bien voir ou pas.

Je m’en fous du nombre de mes followers et je m’en fous d’être là où on aimerait que je sois. Si je n’ai pas envie de RT un billet, même si c’est un pote, et qu’il me le demande, je ne le fais pas. Inversement, si je le fais, c’est que j’ai envie.

Je ne follow pas ceux qu’on appelle les « influents », mais ce n’est pas un principe, c’est juste qu’ils ne m’intéressent pas. Si un jour un influent m’intéresse, je le follow.

Je n’utilise jamais l’expression « je suis joie » ou autres dérivés parce que je ne l’aime pas, pas plus que je ne suis la mode du –ay. Je respecte ceux qui le font, ça m’agace, mais je patiente.

Je râle de temps en temps contre les LT d’émissions débiles, mais le plus souvent soit j’essaye d’ignorer et de m’amuser avec ceux que ça n’intéresse pas non plus, soit je coupe et je fais autre chose.

J’évite les clash à tout prix, je suis plutôt quelqu’un de positif et de gentil, et je crois qu’on ne m’en tient pas rigueur. (Un lien clandestin s’est caché dans cette phrase, sauras-tu le trouver ?)

Précisions

Tout ce qui est écrit dans ce billet n’est pas figé dans le marbre. C’est juste une photographie de la planète Twitter en ce jour et à cette heure.

N’oubliez pas : Twitter est ce que ses habitants en font. N’ayez pas peur de vous exprimer, même – et surtout !! – si ça va à contre-courant de ce qu’on peut y entendre habituellement.

C’est con, mais c’est simple : soyez juste vous-même.

Et bien sûr, il y a l’art et la manière. Certains sont des artistes, comme @UltranusAbitb0l, @trollator, @sandlablonde, et @ioudg.

D’autres ont du génie, à l’instar de @LANDEYves et @Inzecity. (Je n’aime ni ne follow @ioudg et @Inzecity, mais c’est pour la parité.) Et chacun dans leurs domaines bien précis. Ils ont réussi à faire ce que personne d’autre ne réussit à faire mieux qu’eux.

Alors bien sûr, nous sommes tous uniques, bla bla bla. Mais certains comptes ont plus de « personnalité » que d’autres, c’est un fait.

Malgré mes critiques et la virulence de certains de mes propos dans ce billet, je le dis et le répète : j’aime profondément cette petite planète imparfaite et tous ses habitants. Oui, je peux le dire en ces termes : elle a changé ma vie, en mieux. J’y ai rencontré (en vrai) des gens différents, de différents univers, qui m’ont enrichie.

Alors oui, ce billet, c’est de l’amour vache. Mais qui aime bien châtie bien, n’est-ce pas ?

Glossaire

Clash : dispute virulente entre deux personnes, si possible dont l’un est « influent », en vue de gagner des followers.

DM : Direct Message. L’équivalent du message privé sur Facebook. Message non-public (donc) que seul le destinataire pourra voir.

#FF : Follow Friday. Coutume qui consiste, le vendredi, à indiquer à ses followers les autres comptes intéressants.

Follow / unfollow : acte de s’abonner à un compte / acte de se désabonner d’un compte.

Follower : personne abonnée à ton compte

Hashtag : mot ou groupe de mot précédé du signe dièse et écrit sans espaces. Il devient alors un mot-clef interactif (on peut cliquer dessus) et permet de taguer, de classer.

Influent : personne jusqu’ici n’a su en donner une définition exacte.

Kikoolol : individu souvent jeune, qui ne connaît rien d’autres que le langage SMS pour s’exprimer, qui commence ses phrases par kikoo et qui les termine systématiquement par lol.

LT : live-tweet ou live-tweeter. Raconter en direct sur Twitter un évènement de la vie réelle (émission, match, dispute de voisins, accouchement, etc…)

Mention : fait d’avoir son pseudonyme dans un tweet. Si la mention est le premier mot d’un tweet, alors ce tweet vous est destiné directement.

RT : retweet. Fait d’appuyer sur un bouton qui permet de copier le tweet en question dans votre propre flux, afin que tous vos followers puissent le lire.

Tweet : message de 140 caractères maximum

[TWITTER] To tweet or not to tweet ? (Initiation à Twitter)

J’aime Twitter, voilà, c’est dit. Je trouve que c’est un des meilleurs concepts jamais inventés pour le web. C’est tellement riche, tellement complexe, tellement humain, tellement enrichissant, et à la fois tellement simple… Mais je me suis rendu compte que Twitter pouvait  laisser indifférent « Ca sert à rien ! » ou pouvait faire peur « Ouh la la j’y comprends rien, c’est trop compliqué, ce truc ! ». Je vais donc essayer, dans ce post un peu long mais que je vais illustrer par des exemples, de vous expliquer les utilisations que l’on peut en faire et tout ce que ça peut apporter d’informations, de rencontres, et d’émotions. Initiation.

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Un peu d’histoire et de données chiffrées pour commencer… Twitter est un réseau social et un service de micro-blogging où les utilisateurs peuvent envoyer et lire des messages de 140 caractères maximum. Créé par l’américain Jack Dorsey en 2006, il compte aujourd’hui plus de 100 millions utilisateurs actifs partout dans le monde. Malheureusement, il est encore mal connu en France, bien que ce soit un outil très pratique et très drôle.

Pour ceux que ça intéresse, allez voir ici quelques chiffres-clés, et là des statistiques (sous forme de schémas !)

Twitter, en Anglais, veut dire « gazouiller » – d’où le petit oiseau bleu choisi comme mascotte. Il a été conçu pour papoter, donc. Mais Twitter est une entité qui doit vous choisir si vous voulez en faire partie (un peu comme l’Île de Lost, si vous voulez). Et la meilleure manière d’être choisi est de beaucoup « tweeter », c’est-à-dire d’écrire beaucoup de tweets tous les jours. Seuls les gens qui travaillent sur ordinateur toute la journée ou qui ont un Smartphone/iPhone/etc peuvent le faire. C’est une des raisons pour lesquelles la plupart des utilisateurs de Twitter sont des geeks, des professionnels de la communication et du marketing, et des journalistes.

Règle d’or : soyez intéressant !

Pour être choisi par Twitter, vous devez absolument être intéressant : ne papotez pas ! (Oui, je sais, je viens juste de dire le contraire. Mais ne croyez pas tout ce que je dis. Je papote beaucoup : je suis une fille, hein.)  

« Je suis en train de manger une pomme » n’est pas un tweet intéressant. Si vous voulez raconter votre vie, allez sur Facebook (ou écrivez un roman) (ou appelez votre meilleure amie) (ou contactez l’AFP si vous êtes Robert Pattinson).

Vous devez absolument apporter une information à chaque tweet : ça peut être un fait…

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… quelque chose d’amusant…

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… un jeu de mot…

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… une interprétation drôle d’un fait…

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… une idée…

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… une pensée…

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… etc… Vous pouvez tweeter n’importer quoi. Mais un n’importe quoi intéressant.

Un outil très simple d’utilisation (mais si)

Pour vous inscrire, rien de plus simple : il vous suffit de vos nom et prénom, d’une adresse mail, d’un nom d’utilisateur (pseudo), et d’un mot de passe. Une fois tout ça renseigné, votre compte est créé. Vous pouvez choisir d’avoir un compte privé ou un compte public. Si vous choisissez de ne pas protéger vos tweets (les comptes cadenassés sont plutôt mal vus), il faut savoir que Twitter est un espace public : n’importe qui avec un accès à Internet pourra lire vos tweets, qu’il ait un compte Twitter ou non.

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Une fois votre compte créé, vous pouvez écrire autant de tweets que vous voulez, et vous pouvez suivre autant de comptes que vous le souhaitez. Les personnes que l’on suit s’appellent lesabonnements (ou followings), et les personnes qui nous suivent s’appellent les abonnés (oufollowers). Si vous en avez marre de follower quelqu’un, il vous suffit de l’unfollower en un clic.

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Les gens que vous suivez ne sont pas obligés de vous suivre – et vous n’êtes pas obligé de suivre les gens qui vous suivent. C’est très simple. (Tout le monde suit bien ?)

Twitter a son langage propre

Une fois que vous êtes inscrit, il est important de s’approprier le langage utilisé exclusivement sur Twitter. Au début, on se sent un peu perdu mais c’est normal : pas d’inquiétude, il faut toujours un petit temps d’adaptation. 140 caractères pour un message, c’est très court, mais il y a deux règles à respecter absolument pour s’intégrer : ne surtout pas utiliser le langage SMS (rédhibitoire) et ne pas faire de fautes d’orthographe (ça pique les yeux, les Twittos détestent ça, et finiront par vous unfollower à force de vous corriger.) D’ailleurs, c’est peut-être une des raisons pour lesquelles Twitter est très peu utilisé par les jeunes, qui préfèrent Facebook où la censure orthographique n’existe pas.

Pas de langage SMS, donc – cependant, quelques abréviations sont acceptées et couramment utilisées. Par exemple : RT (retweet), TL (timeline – c’est l’ensemble des tweets que vous pouvez voir sur votre page), DM (direct message), IRL (in real life), OM(F)G (oh my (fucking) god), NSFW (not safe for work), OMW (on my way), WTF (what the fuck), etc… Toutes celles-ci (j’en oublie sûrement) sont utilisées sans cesse, et lire une timeline vous paraîtra aussi abscons que du javanais si vous n’en connaissez pas la signification.

Un outil interactif

Le but de Twitter n’est pas d’écrire ses 140 caractères tout seul dans son coin (même si c’est possible, hein). On peut parler aux autres personnes, interagir, donner son avis, etc. Pour ce faire, il existe un bouton « Répondre » en dessous de chaque tweet.

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Si on clique dessus, le tweet que l’on s’apprête à écrire commencera par le nom d’utilisateur (@+pseudo) du tweet répondu…

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… et on peut ensuite écrire ce qu’on a envie de lui dire.

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Quand un tweet commence par un nom d’utilisateur, il existe deux cas différents : si vos followers suivent cette personne aussi, ils verront votre réponse (pourtant adressée à ce seul utilisateur). En revanche, si vos followers ne suivent pas cette personne, ils ne verront pas ce tweet. En revanche, si quelqu’un qui ne vous suit pas, et qui n’a d’ailleurs pas forcément de compte Twitter, se rend sur votre profil, il pourra voir tous vos tweets, qu’ils s’adressent à quelqu’un en particulier ou non. C’est très simple. (Tout le monde suit bien ?)

Voilà un proverbe qui tombe à pic dans ma TL (timeline) au moment où je suis en train de vous parler :

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A noter que j’ai effacé l’avatar et le nom d’utilisateur de la personne, parce que son compte est privé : le petit cadenas juste avant le message l’indique.

Quand vous considérez qu’un tweet est amusant, intéressant, etc… et que vous voulez en faire profiter tous vos followers (ceux qui suivent votre compte, pour ceux qui ne suivent pas), vous pouvez le « retweeter ». Là encore, deux solutions s’offrent à vous : à côté du bouton « Répondre » en dessous de chaque tweet dans votre timeline, il y a le bouton « Retweeter ».

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Un simple clic, et le tweet retweeté se retrouve tel quel dans les timelines de vos followers.

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Mais il est également possible de retweeter manuellement : si le tweet retweeté fait moins de 140 caractères, ça permet d’y réagir. Pour le coup, il y a une marche à suivre : ce qu’on en pense + RT + @username + copié-collé du tweet retweeté. C’est très simple.

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C’est en retweetant des messages que certaines informations peuvent faire le tour du monde en quelques secondes. Twitter est un outil extrêmement puissant.

Partager des informations

Le principal intérêt de Twitter, ça reste de partager des informations. La plupart des tweets contiennent des liens vers des pages web, vers des vidéos, ou vers des photos. Pour les journalistes, Twitter est considéré comme une source de sources.

Une des utilisations les plus intéressantes de Twitter est le « live-tweet ». Live-tweet quelque chose, c’est le raconter en direct. Ca peut être très drôle (le live-tweet d’une émission ou d’un match de foot, par exemple), très pratique pour les journalistes (le live-tweet du procès de Dominique de Villepin, par exemple, rendu possible par un journaliste à l’intérieur du tribunal qui a pu live-tweeté les décisions de justice minute par minute), ou très instructif (des gens qui live-tweetent des manifestations dans des pays où les journalistes ne peuvent pas se rendre, des live-tweets de tremblements de terre, de cérémonies officielles ou d’évènements à l’autre bout du monde, etc…).

Hashtags bien-aimés

Les « hashtags » (# + mot ou expression sans utiliser d’espaces) sont absolument essentiels à une bonne utilisation de Twitter. On ne peut pas twitter si on ne maîtrise par le concept des hashtags. Par exemple, quand le journaliste de France 2 a live-tweeté le procès de Dominique de Villepin, il mettait le hashtag « #DDV » à la fin de chaque tweet pour bien indiquer que ce tweet parlait du procès.

N’importe quel mot ou n’importe quelle expression peut devenir un hashtag. Une fois qu’un hashtag est créé, il est possible de cliquer dessus et d’avoir la liste de tous les autres tweets l’utilisant.

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Quand quelque chose est live-tweeté, les utilisateurs de Twitter se mettent d’accord pour n’utiliser qu’un seul hashtag, et utilisent ensuite tous le même. Par exemple, pour Koh Lanta : on peut hashtaguer #kohlanta ou #KL. Si un seul est utilisé, c’est quand même plus simple de s’y retrouver !

Les hashtags ne sont pas seulement utilisés lors des live-tweets. Ils peuvent aussi indiquer une ironie, expliquer le message qui ne voudrait rien dire sans le hashtag, etc…

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Les hashtags les plus utilisés sont appelés « trending topics » (TT). Ils changent bien évidemment tous les jours en fonction de l’actualité, et ils sont au nombre de dix visibles sur la page d’accueil. Parmi les hashtags les plus populaires, on trouve #nowplaying, #fail, #wtf, etc…

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Vous avez pu voir, sur certains tweets, une petite étoile jaune à droite. Je l’ai cochée parce que je voulais garder ce tweet en favori : on peut ainsi archiver tous les tweets que l’on veut garder juste en cliquant sur la petite étoile. Pour les retrouver, il suffit d’aller dans la rubrique « Favoris » sur la page d’accueil, et ils s’affichent tous.

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Outre l’onglet « Favoris », il y a également « @username » : cliquez dessus, et vous aurez la liste de tous les tweets mentionnant votre nom. C’est très utile lorsqu’on ne s’est pas connecté depuis un moment : ça permet de savoir si on vous a parlé, ou si on vous a cité en votre absence. Et si l’on est connecté, ça permet de voir si des gens qui vous suivent mais que vous ne suivez pas (et dont les tweets, donc, n’apparaissent pas dans votre timeline puisque vous n’y êtes pas abonné) vous parlent ou vous citent. Et même sans s’abonner à leur compte, vous pouvez leur répondre.

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On y trouve aussi les « Messages Privés » (que personne à part vous ne peut voir, mais attention là aussi, vous n’avez droit qu’à 140 caractères par message ! et vous ne pouvez en envoyer qu’à ceux dont le « suivi » de compte est réciproque), et les « Retweets » qui indiquent les derniers tweets retweetés, ceux que vous avez retweetés, et vos propres tweets retweetés par d’autres.

Traditions

Il y a déjà des traditions, sur Twitter. Tous les vendredis, c’est « Follow Friday » ou « #FF » (bien que la variante française « Suivez Vendredi » ou #SV » tente laborieusement de s’imposer). C’est le jour où on indique à nos followers les comptes intéressants à follower.

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Il y a également le « #jeudiconfession » : tous les jeudis (donc) on peut confesser ce qu’on veut. Ca peut être drôle, ça peut être vrai, ça peut être émouvant…  En tout cas, en faisant une recherche avec ce hashtag, on peut tomber sur des perles.

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C’était donc une initiation non-exhaustive à Twitter. Le mieux pour vraiment appréhender ce merveilleux outil, c’est encore de l’essayer. Comme rien ne vaut l’expérience pour vraiment maîtriser le langage, je conseille aux nouveaux inscrits de suivre le plus de comptes possibles (des stars, des comptes de journaux ou de chaînes de télé, des blogueurs, des journalistes, des amis, etc…), d’observer, et de se lancer. Ce n’est vraiment pas compliqué et ça peut être à la foispassionnantinstructif au niveau de l’actualité, enrichissant quand des débats s’installent entre followers, et hilarant souvent. sociologiquement,

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Si vous êtes journaliste et que vous n’avez pas encore de compte, j’aurais presque envie de vous dire que c’est une faute professionnelle. Ca me semble ahurissant de nos jours de travailler sans cet outil de base qu’est devenu Twitter. La plupart des informations arrivent sur Twitter avant d’être reprises par l’AFP – et parfois bien avant : la mort de Mano Solo, par exemple, était sur Twitter… cinq heures avant la première dépêche AFP !! Bien entendu, comme toute information, il faut la vérifier – ça ne change rien. Mais ça me semble réellement indispensable à une pratique rigoureuse du journalisme aujourd’hui.

Certaines disent que Twitter est absolument inutile, d’autres ne peuvent plus s’en passer et live-tweeteraient leurs rêves s’ils le pouvaient. Les fondateurs, eux, pensent que Twitter va changer le monde (article très intéressant d’un utilisateur de Twitter « sans plus »). Si la formulation est un peu excessive, mon opinion est qu’ils ont sûrement raison. Un outil qui permet de diffuser une information où que l’on soit dans le monde à des millions de personnes en l’espace de quelques secondes est forcément révolutionnaire.

Bien sûr, il reste limité : il est censuré dans certains pays, il faut être équipé en matériel informatique ou en réseau téléphonique pour pouvoir y accéder, etc… Il n’empêche qu’il cartographie l’histoire d’une partie de l’humanité chaque seconde comme rien ne l’avait rendu possible auparavant.

La bibliothèque du Congrès américain ne s’y trompe d’ailleurs pas : elle a décidé d’archiver l’intégralité des archives de Twitter depuis sa création en 2006 par Jack Dorsey (entre autre). Du tout premier tweet de Jack à celui de Barack Obama annonçant sa victoire à l’élection présidentielle, ce sont des milliards de tweets qui vont être archivés. Il y aura également le premier tweet envoyé d’un sous-marin, le premier tweet envoyé de l’espace (à bord de l’ISS)… et bientôt un premier tweet envoyé de la Lune ou de Mars ?

Dans tous les cas, avec cette initiative, Twitter rentre bel et bien dans l’histoire, et chacun pourra y laisser sa trace. Et si ça ne vous intéresse pas de vous y inscrire, rien ne vous empêche d’aller voir ce qui s’y trame : Twitter est un espace public, vous y êtes la bienvenue !

@FlorencePorcel