[PLANÈTE] La Terre, le plastique et nous

Allô êtres humains ? Ici la Terre.

Vous savez ? Votre planète. Celle sur, et grâce à, laquelle vous vivez. Celle sur laquelle vous évoluez, dans tous les sens du terme. Celle qui fournit l’air que vous pouvez respirer, l’eau que vous pouvez boire, les sols que vous pouvez cultiver et le champ magnétique qui vous protège des rayonnements mortels venus de l’espace dans lequel je me déplace, en orbite autour d’une étoile que je vous offre à une distance vous permettant d’exister.

Je rappelais ça juste comme ça. Ça fait jamais de mal de rafraîchir les mémoires. Puisque vous semblez m’oublier de plus en plus, vous qui me salopez, me réchauffez, me saignez, m’exploitez plus que je ne peux le supporter.

Je ne vous parlerai pas du Jour du Dépassement. Ni de pollution atmosphérique. Ni de pêche en eaux profondes. Ni des décharges à ciel ouvert. Ni des pesticides et autres saloperies. Ni des barrières de corail qui meurent. Ni même de réchauffement climatique. C’est dire.

(Quand même, parce que ça fait pas de mal, hein.)

Je voudrais vous parler du plastique.
Il faut qu’on cause.

VOTRE PLASTIQUE DANS MES OCÉANS

Vous parlez d’un septième ou d’un huitième continent (ou même d’un sixième, pour Nolwenn Leroy.) Je me fous comme de mon premier impact avec un astéroïde de l’adjectif numéral ordinal employé. Ce que je constate c’est que vous l’utilisez toujours au singulier. Alors qu’il y en a cinq. CINQ. Six, si on compte celui de la Méditerranée.

Cinq « continents », cinq gigantesques gyres, cinq monumentales soupes de plastique joliment répartis dans toutes les eaux du globe que je suis. Vous êtes des gros porcs (qui n’y sont pour rien, eux, d’ailleurs).

Vous voulez des chiffres ? Le gyre principal, situé dans le Pacifique nord, est grand comme 6 fois la France et sur 30 mètres de profondeur. Ce plastique pose problème à 267 espèces marines, tue 1 million d’oiseaux et 100 000 mammifères marins chaque année, sans compter que vous ingérez sans doute des micro-particules ou des substances très toxiques dans le poisson que vous mangez.

Le contenu de l'estomac d'un albatros

L’organisation écologique Algalita Marine Research Foundation (AMRF) et Greenpeace y ont recensé 6 tonnes de plastique pour 1 tonne de plancton (la base de la chaîne alimentaire, dont fait partie le phytoplancton qui, à lui tout seul, représente 50 % de la matière organique que je produis). Et ce sont des chiffres de 2007 !

L’expédition 7ème continent les explore les uns après les autres. Patrick Deixonne, un des explorateurs, est allé dans le gyre de l’Atlantique Nord le mois dernier. Voici son témoignage édifiant (à partir de 5’40).

Si vous voulez voir des images pour mieux vous rendre compte, il y a aussi ce documentaire d’Arte.

 

Maintenant, vous ne pourrez plus dire que vous ne saviez pas.

VOTRE PLASTIQUE DANS MES MONTAGNES

Si les continents de plastique de mes océans sont la preuve la plus flagrante et la plus impressionnante que vous êtes une espèce de gros dégueulasses, mes montagnes ne sont pas en reste. Prenons juste l’exemple du mont Everest. En 2011, ce sont plus de 8 tonnes de déchets qui ont été descendus de là-haut par une équipe de nettoyeurs. 8 tonnes !

C’est un tel problème que le Népal oblige d’ailleurs désormais aux touristes de ramener 8 kilos de déchets de leur expédition, sous peine de poursuites judiciaires et d’encaissement de la caution de 4000 dollars déposée au départ. Oui, il faut tout ça pour vous faire comprendre que comme les océans, les bords de route, les trottoirs ou les plages, la montagne n’est pas une poubelle.

VOTRE PLASTIQUE DANS MA BANQUISE

Comme si ce n’était pas suffisant de polluer les montagnes et les océans, votre plastique se retrouve piégé dans les glaces de ma banquise.

Et puisque c’est toujours nécessaire, je vous rappelle que je me réchauffe VOUS ME RÉCHAUFFEZ. Et il ira où, le plastique de ma banquise, quand les glaces auront fondu, mmh ? Dans les océans, puis dans les poissons, puis dans vos petits estomacs.

C’est formidable, ça quand même. Avant vous, je n’avais jamais connu aucune espèce, en 4,5 milliards d’années d’existence, qui s’est débrouillée pour rendre le dernier maillon de la chaîne alimentaire aussi craignos que le premier. Clap clap clap. Non mais respect. À ce niveau-là c’est du génie.

Mais je me demandais, l’autre jour… Vous ne seriez pas UN PEU CONS ?

VOTRE PLASTIQUE DANS MES ROCHES

Que votre plastique flotte sur et dans mes océans. Bon. Qu’il se retrouve congelé au sommet de mes plus belles montagnes. Bon. Qu’il soit coincé dans ma banquise. BON.

Mais alors ça ! ÇA VA PAS ÊTRE POSSIBLE.

© Patricia Corcoran et al., GSA Today

Bougre de saloperie d’espèce humaine, est-ce que tu te rends bien compte, EST-CE QUE TU UTILISES TA PUTAIN DE CONSCIENCE UNIQUE DANS L’UNIVERS EN L’ÉTAT ACTUEL DE TES CONNAISSANCES pour comprendre que tu viens de créer, avec tes conneries, une nouvelle sorte de roche ? Est-ce que tu réalises que c’est ma nature intrinsèque que tu es en train de remodeler ?

Parce que ça, là, sur ces clichés, c’est du « plastiglomérat« . De la roche, ce que je suis, d’où l’appellation « planète rocheuse », désormais mélangée à toutes sortes de matières plastiques, matériau qui n’existe pas dans la nature, que je ne peux pas fabriquer toute seule.

Voilà, je suis le monstre de Frankenstein. Je ne suis plus une planète rocheuse. Je ne suis plus une Planète Bleue. Je suis une Planète Plastique. Vos descendants, bande d’humains, ne m’appelleront plus la Terre mais la Plastique – si votre espèce vit assez longtemps pour ça, ce que je ne souhaite pas, en l’état des choses. (Ouais, c’est violent mais j’en ai ras le pôle, sans déconner.)

Le plastiglomérat… Vous avez laissé des traces sur moi qui sont merveilleuses : des constructions, des oeuvres d’art, etc… Mais ça, c’est sans doute ce que vous pouviez faire de plus sale et de plus vulgaire. Vous immiscer dans ma géologie. Faire entrer de force votre constituant non-naturel dans ma nature la plus basique.

Je suis tellement en colère et écoeurée.

LES SOLUTIONS

Heureusement, vous êtes plus intelligents par individu ou par petits groupes qu’à moyenne et grande échelle. Il y a des tas d’associations qui oeuvrent pour me nettoyer et pour faire de la prévention. Mais souvent à l’échelle locale – et c’est énorme, mais hélas pas assez si vous voulez (mais le voulez-vous vraiment ?…) changer les choses radicalement et durablement.

Il y a ce tout jeune homme, Boyan Slat, en qui je place beaucoup d’espoir, et qui a inventé une solution pour nettoyer le plastique des océans… à l’âge de 17 ans.

Aujourd’hui, à 19 ans, il dirige une équipe d’une centaine de personnes pour développer son idée. Et ils semblent être sur la bonne voie. Et non seulement ça, mais en plus vous pouvez l’aider – donc si vous m’aimez/me respectez un peu, n’hésitez pas à visiter leur site et à faire un don. Merci, vraiment, chaleureusement, par avance.

Tout le projet et ses avancées sont résumés dans cet article – mais si j’avais une tête, je la frapperais contre un mur de Planck tellement la question de la « rentabilité » me désespère. Comme dirait un célèbre proverbe, quand vous ne pourrez plus boire mon eau ni consommer ce que je vous laisse produire, vous vous rendrez compte que l’argent ne se mange pas. Et vous crèverez comme des cons après avoir pleuré vos mères d’être restés dans le déni aussi longtemps alors que vous saviez. (Ça, c’est moi qui rajoute, j’avoue.)

Il y a aussi la solution de vous passer définitivement de plastique – ce qui arrivera à un moment ou à un autre de toute façon quand vous aurez pillé tout mon pétrole. Mais ça arrivera forcément trop tard. Puisqu’il est déjà trop tard (CF le plastiglomérat).

Ou alors le plastique à base d’algues ou d’amidon. Mais visiblement quelques lobbies font bien en sorte que les entreprises qui veulent le développer n’y arrivent pas. (Ajouter quelques insultes bien relevées.)

Et recyclez, bordel. Collectez, recyclez, faites des matériaux propres.

Oh et puis merde. Trouvez les solutions tous seuls. Je vous survivrai, de toute façon, je m’en fous moi. Mais moins longtemps je vous accueillerai encore, mieux je me porterai. Allez voir sur Mars si j’y suis, tiens. Je vous parie que vous en reviendrez en chouinant et que vous commencerez à me respecter à nouveau.

Sauf qu’il sera beaucoup trop tard. Bande de veaux.

[SCIENCES] COSMOS : rencontre avec Neil deGrasse Tyson et Ann Druyan

Carl Sagan

Aux Etats-Unis, l’astronome Carl Sagan est un mythe. Il était plus qu’une superstar, il était un héros.

Décédé en 1996, son héritage est considérable : plusieurs centaines d’articles scientifiques, des dizaines d’ouvrages de vulgarisation, la plaque sur la sonde Pioneer 10 contenant des informations sur l’espèce humaine et un plan du système solaire à destination d’une éventuelle civilisation extraterrestre, la création du programme SETI (Search for Extra-Terrestrial Intelligence) et la fondation de la Planetary Society.

En France, il est surtout connu pour avoir écrit le roman « Contact », dont il a co-produit avec son épouse Ann Druyan l’adaptation au cinéma avec Jodie Foster dans le rôle-titre.

Et, bien sûr, la série COSMOS. Diffusée en 1980 aux Etats-Unis et sur Antenne 2 en 1981, elle a été vue par 750 millions de téléspectateurs dans 175 pays, devenant la série scientifique la plus vue au monde.

Ann Druyan, désormais veuve, a voulu remettre au goût du jour sa série phare en 13 épisodes comme l’originale qu’elle avait déjà co-produite avec son mari.

Ann Druyan et moi-même

Pour ce remake, elle s’est associée avec Seth Mac Farlane (le créateur de Family Guy) et à la Fox. Grand bien lui en a pris : avec 1 million de dollars par épisode et un budget dément pour la communication (j’ai été invitée à Londres, comme nombre des confrères et consoeurs européens pour l’occasion), le COSMOS seconde génération est un bijou visuel (les images de l’Univers sont à couper le souffle et les personnages historiques sont représentés par un dessin animé à la fois brut et touchant) et une merveille de vulgarisation scientifique.

« Absolument tous les publics sont visés« , m’a-t-elle confié quand je lui ai demandé à qui s’adressait cette série. « C’est exactement ce qu’il ne faut jamais faire en production« , a-t-elle ajouté dans un sourire.

C’est exact, mais elle savait déjà qu’elle serait l’exception qui confirmerait la règle. Car COSMOS mélange histoire des sciences, faits scientifiques, voyage dans le « vaisseau de l’imaginaire » et émotion : « COSMOS est fait pour que chacun puisse ressentir l’Univers« , a résumé pour moi Neil deGrasse Tyson.

Ah, Neil DeGrasse Tyson… Quand j’ai su que j’allais le rencontrer à Londres, un sourire niais ne m’a pas quittée pendant plusieurs jours. Astrophysicien, directeur d’un planétarium à New York, hyperactif sur Twitter, il est tellement emblématique aux États-Unis qu’il a joué son propre rôle dans « The Big Bang Theory ».

Il fait le show, à l’américaine, pour impressionner les journalistes : quand Emilie Martin (de Ciel et Espace) et moi-même sommes allées le saluer au cocktail qui précédait la projection du premier épisode, il s’est écrié « Oh ! France ! Wine ! » et il est parti dans une tirade pour nous expliquer l’origine française d’une partie de son nom « DeGrasse » (une histoire à base d’oiseau, je crois, mais j’ai pas tout compris…) et il nous a cité une dizaine de vins avant de saluer avec le même entrain notre consoeur russe. Il a multiplié les selfies (j’ai le mien, oui oui…) et les réponses aux questions.

Le lendemain, pour les interviews, il est arrivé avec un chapeau de cowboy et a retiré une de ses monstrueuses bottes à éperons pour prouver à une journaliste qu’il avait de plus grands pieds qu’elle.

Cet immense bonhomme a l’oeil qui frise autant que sa moustache. Malheureusement, quand est venu mon tour, il commençait à fatiguer. Et le ton est devenu d’autant plus grave quand j’ai rebondi sur ce qu’il avait dit la veille au soir après la projection du premier épisode : « COSMOS est là pour expliquer la raison pour laquelle les sciences sont aussi importantes. » Je lui ai alors demandé pourquoi était-ce si important aujourd’hui, avec à l’esprit le problème du Créationnisme enseigné dans de trop nombreuses écoles aux Etats-Unis. Voici ce qu’il m’a répondu :

« La vérité n’est pas ce que vous voulez qu’elle soit, la vérité est ce qui est. » Il rejoint sur ce point Ann Druyan qui a co-produit COSMOS à nouveau pour justement, et entre autre, combattre l’obscurantisme et l’ignorance. « Ce qui compte, c’est ce qui est« , m’a-t-elle soutenu en me regardant droit dans les yeux. « Si tu aimes vraiment la nature, l’Univers et la vie, alors tu veux savoir comment tout ça fonctionne vraiment. L’humilité, c’est de vouloir vraiment savoir ce qui est. Le bonheur, c’est de comprendre.« 

Elle prêchait une convaincue mais il est difficile de ne pas penser à tous les obscurantistes religieux qui imposent leur vision du monde, et pas seulement aux Etats-Unis. Ils ne seront jamais cités mais Neil DeGrasse Tyson a expliqué ceci à mon confrère du Figaro : « Je n’ai rien contre la religion, au contraire. Mais, de la même manière que je ne cherche pas amener la science dans les églises, je ne veux pas que la religion entrent dans les manuels scolaires de nos enfants.« 

Ann Druyan s’en sortira par un autre biais grâce à ma consoeur russe qui lui a rappelé les propos de Stephen Hwaking qui prône pour l’arrêt d’envoi de signaux ou de plaques indiquant notre position dans l’Univers, de peur qu’une civilisation décide de nous anéantir.
Pour la productrice, la réponse est sans appel : « Quel qu’en soit le prix, je crois que savoir est toujours mieux qu’ignorer. L’ignorance, c’est être perdu. Même en ce qui concerne la vie extraterrestre. »
Je n’ai pu m’empêcher alors de penser à cette fameuse citation de Carl Sagan : « Si nous étions seuls, ce serait un beau gâchis d’espace…« 

Comme Carl Sagan, la question de la vie ailleurs est LA question à laquelle Ann Druyan aimerait avoir une réponse. Et pas très loin derrière, celle-ci : « Vivons-nous dans des multivers ? » C’est un des thèmes qui est abordé dans le remake de 2014 et qui n’apparaissait pas dans le COSMOS original.

Parce que COSMOS n’apporte pas seulement des réponses : il soulève tout autant de questions, à l’image de la science. Et quand j’ai demandé à l’astrophysicien Neil deGrasse Tyson les réponses qu’il aimerait avoir, voici ce qu’il m’a dit :

À la fin du premier épisode du nouveau COSMOS, l’astrophysicien explique pourquoi il est légitime en tant que successeur de Carl Sagan. Je ne vous spoilerai rien mais la séquence est émouvante. Seulement, c’est bien beau de jouer les scientifiques à la télévision… encore faudrait-il qu’il n’oublie pas de faire de la science. Je lui ai alors demandé sur quoi il aimerait travailler après la diffusion – et la promotion – de COSMOS.

La Voie Lactée… Si vous voulez la découvrir, si vous voulez prendre place à bord du vaisseau de l’imaginaire et voyager au-delà de de notre galaxie jusqu’à l’infiniment petit, alors rendez-vous tous les dimanches à 20h40 sur la chaîne National Geographic (gratuite pour les clients Numéricable et FREE ayant souscrit l’option TV).

Ceci est un billet auparavant publié sur le Blog au Carré !

[ITW/SCIENCES] Sébastien Rouquette : « L’expression scientifique est le 10ème art ! »

Quand on m’a parlé de Sébastien Rouquette, on me l’a décrit comme un homme aussi brillant que humble et sympathique. Mais aussi avec une expérience déjà longue comme le bras : un doctorat en planétologie, un brevet de pilote, une presque-sélection dans le corps des astronautes européens et une carrière au CNES…

Et j’allais voler avec lui. En tant que responsable des vols paraboliques, il était présent lors du vol Zéro-G que j’ai effectué le 8 octobre dernier (et que j’ai commencé à raconter dans ce billet).

La première rencontre a été sommaire : nous étions alors en train de déjeuner dans le parc de Novespace quand il s’est présenté. J’ai dû bredouiller un bonjour sans même oser sourire de peur qu’un bout de salade entre les dents ne me ridiculise. J’étais déjà tellement impressionnée… 

J’aurais voulu l’interviewer au micro de France Inter qui ne m’a pas quittée lors de ces deux journées à Novespace, mais trop intimidée, et malade et pressée à la sortie de l’avion, je n’en ai pas eu l’occasion. Heureusement, les Internets m’ont sauvée. Qu’il soit ici chaleureusement remercié d’avoir pris le temps de répondre à mes nombreuses questions…

Qui es-tu, Sébastien Rouquette ?

Planétologue de formation, je suis arrivé au Cnes en 2000 (à l’aube du nouveau millénaire) en post-doc, sur un sujet lié à la transmission de la connaissance. Alors c’est vrai c’était moins de l’astrophysique que de la médiation ou de l’épistémologie, mais c’est ce qui m’a ouvert les portes de l’espace. Je rêvais de travailler au CNES quand j’étais plus jeune… Ce fut aussi mon premier contact avec le vol parabolique. Je m’occupais alors de la sélection des expériences éducatives.

Puis j’ai travaillé à la conception de satellites d’astrophysique. Mon rôle était celui de responsable programmation mission. J’étais encore un médiateur entre les scientifiques et les ingénieurs pour faire en sorte que les rêves des uns soient dessinés par les autres, en tenant compte des contraintes orbitales.

Début 2011, je suis revenu vers le vol parabolique, programme dont je suis le responsable aujourd’hui. C’est un vrai plaisir… qui me donne l’occasion d’associer ma passion pour l’aviation et celle pour l’espace.

Quel est ton rôle exactement concernant les vols paraboliques ?

Le poste de chef de projet est multi-facettes. Gestion du budget, planning, organisation… Du point de vue technique, c’est la sélection des expériences avec les spécialistes thématiques du CNES, le suivi du développement des expériences, l’accompagnement des labos dans leurs travaux de recherche, jusqu’au déroulement des campagnes.

En fait, on reproduit un schéma de développement et d’accompagnement de la science quel que soit l’outil de travail. ISS, capsules, spationef ZERO-G. Et ce travail se fait au CADMOS, le Centre d’aide au développement des activités en micropesanteur et des opérations spatiales. C’est un service qui porte l’histoire des vols spatiaux scientifiques. Presque tous les astronautes français l’ont pratiqué.

Comment s’organise une campagne ?

Pour une équipe de recherche, tout commence quelques années avant une participation éventuelle. Il faut d’abord qu’elle soit soutenue pas le CNES. Pour cela, elle fait une proposition de recherche qui sera analysée par des groupes thématiques (spécialistes CNES et extérieurs). Si le soutien est accordé (financement), le labo va pouvoir, s’il le souhaite, faire appel au CADMOS pour développer un concept instrumental. Même si c’est plus simple que pour l’ISS, les contraintes techniques sont assez fortes et requièrent pas mal de savoir faire, ce dont nous disposons au CADMOS.

Pour les campagnes en particulier, l’aventure débute 8 à 10 mois avant une campagne, par un tour des labos soutenus par le CNES, pour connaitre les volontés de participation. On fait un état des lieux du travail en cours. Dès que tous les labos candidats nous ont communiqué leur fiche d’expérience (c’est un acte de candidature, en somme), le Comité de sélection se réunit pour établir la liste des lauréats. Le Comité regroupe les spécialistes thématiques et le chef de projet.

6 mois avant la campagne, les expériences sont donc connues. Pour les équipes, cela donne le départ du marathon de préparation de l’expérience. C’est là qu’intervient Novespace. Le CNES a confié à sa filiale l’essentiel du suivi technique des expériences pour leur adaptation au vol parabolique. Les ingénieurs Novespace font un travail formidable pour assurer la réussite des manips : résistance mécanique, risque chimique, biologique, électrique, étanchéité, masse, consommation électrique… Tout y passe pour déceler la moindre faille.

Un mois avant la campagne, la fébrilité s’accentue. C’est la réunion de sécurité. Les expériences sont passées en revue par les spécialistes techniques (mécanique, électronique, chimie, etc), les responsables de campagne et l’équipage (sécurité et commandant de bord). Autour de la table, on retrouve donc le CNES, Novespace, DGA-Essais en vol (qui assure les opérations en vol) et Sabena technics (maintien en condition de vol et intégration des expériences).

Et enfin, le moment tant attendu des vols arrive… Les manips sont installées dans l’avion, la fourmilière Novespace s’anime. Et tout va très vite ensuite.

A la fin de la campagne, chacun retrouve une activité terrestre la tête pleine d’images et les disques durs chargés de données à analyser. Le grand cycle peut reprendre.

Quels sont les problèmes qu’on peut rencontrer ?

Les problèmes sont rares car on suit de très près chaque expérience. Mais il peut arriver qu’un instrument ait du retard, qu’un élément électronique ou mécanique défaille.

Je me souviens par exemple d’une carte d’acquisition d’électrocardiogramme qui ne fonctionnait plus. L’ordinateur avait été changé et la carte ne fonctionnait plus. On a passé des heures à tenter de résoudre le problème en tentant des centaines de parades informatiques. Cela n’a pas fonctionné. Et l’équipe a perdu une partie de ses données.

On peut avoir des soucis avec des instruments très sensibles, sur des expériences nouvelles. Je pense par exemple à celles utilisant des lasers pour faire de l’interférométrie. La mise au point nécessite parfois plusieurs campagnes pour trouver le bon concept instrumental et le bon protocole.

Heureusement, la plupart du temps c’est moins problématique. Et dans des cas un peu difficiles, toute l’équipe se concentre sur le problème pour tenter de le résoudre.

Au contraire, quels bénéfices peut-on retirer de ces vols ?

Bon, alors je vais sortir mon petit couplet sur les bienfaits de la science.

Mais tout d’abord, pour être pragmatique, il faut savoir que le CNES finance totalement les campagnes. Les labos sont invités. Et ils sont en partie financés également par le CNES. Si le CNES finance, c’est parce que l’état investit dans la recherche publique. On entend souvent des commentaires « le spatial ça coûte cher »… C’est faux. C’est environ 10€ par français et par an, soit 0,1 % de l’évasion fiscale.

1 euros investi dans le spatial rapporte même 19€ à l’économie de notre pays. C’est énorme !

C’est très bien mais cela n’est qu’une partie du « bénéfice ». Le plus important à mes yeux n’est pas ce qui brille, ce qui est monnayable. Non, la vérité est ailleurs. On vit dans un monde où l’humain doit être pesé, mesuré, évalué, chiffré, rentabilisé ! Et je pense que c’est une erreur. Ce qui fait le bénéfice maximal, c’est la connaissance. La science est à préserver de même que la musique, le théâtre, la littérature, etc. L’expression scientifique est le 10ème art !

La connaissance est à prendre au premier degré. Elle nous éveille à ce que nous sommes. Un peu comme lorsque les premiers satellites nous ont renvoyé l’image de la Terre, notre propre place dans l’Univers. Mais bien sûr, il y a aussi la connaissance qui nous permettra d’acquérir de nouvelles compétences. On n’en a pas toujours conscience, la recherche fondamentale pose les jalons des inventions majeures de demain.

Juste un exemple, on imaginait dans les années 70 que l’apport de l’espace se ferait en particulier dans le domaine des communications. Aujourd’hui, c’est plus dans le domaine de l’environnement que le spatial est une pierre angulaire, par la vision globale et précise qu’il rapporte de notre monde.

C’est finalement pour cela qu’on intente souvent des procès aux sciences en les accusant du mal qu’elles combattent. En vérité, elles rendent l’homme meilleur et plus malin. Tout ce qu’il faut pour ne pas être un agneau victime des systèmes et des dogmes.

Je suis heureux et fier de contribuer à cet élan humaniste.

Ces vols sont spéciaux et donc bien encadrés. Peux-tu expliquer quels types de personnes sont présentes pendant le vol pour assurer les paraboles et la sécurité de tous ?

1) les scientifiques : opérateurs et sujets volontaires (les « cobayes » des manips de physiologie)
2) l’équipage : pilotes et mécanos navigants + le personnel de sécurité
3) l’encadrement projet : Novespace et CNES

Et il faut absolument ajouter l’équipe sol qui ne participe pas au vol mais qui est essentielle : mécanos sol.

Comment devient-on « monsieur-en-orange-qui-nous-rattrape-littéralement-au-vol » ? (Ça m’intéresse 🙂 )

Les gars en orange ont une formation spécifique en sécurité des vols, ce sont de super hôtesses de l’air. Et bien qu’ils distribuent des friandises et de l’eau en fin de vol, ils sont surtout formés à la gestion des situations critiques en vol (feu, dépressurisation, accident, évacuation, etc). Ils viennent d’un peu partout. Mais leur profil est essentiellement opérationnel, ce sont des gens de terrain.

Dessin : AnneKa.

Tu es scientifique de formation – y a-t-il des questions auxquelles tu voudrais des réponses et à laquelle une expérience à bord de l’avion pourrait répondre ?

J’ai toujours été passionné par la cosmologie. Une question se pose depuis que Newton et Einstein ont décrit les bases de la compréhension de la gravité. Est-ce que la gravitation agit de la même manière sur toutes les particules massives ? On appelle cela le principe d’équivalence. De la réponse à cette question dépend l’avenir des grands principes qui nous permettent de décrire l’Univers.

L’expérience ICE contribue à cette recherche en proposant un concept instrumental pour mesurer la chute libre de paquets d’atomes de nature différente. Pour résumer très simplement, si les paquets tombent à la même vitesse, la loi de la gravitation est validée. Sinon…

Les scientifiques et taïkonautes chinois ont-il été satisfait de leur entraînement/expérience ?

Oui ! Pour les scientifiques, ce n’était pas un coup d’essai. Les collaboration avec la Chine ont débuté il y a une petite dizaine d’années.

Pour les taïkonautes, nous sommes fiers d’avoir pu répondre à leur sollicitation. Nous participons ainsi à l’entrainement des astronautes de la 4ème puissance spatiale.

Quel souvenir garderas-tu de cette campagne de début octobre 2013 ?

Euh, un bon souvenir ! Nous avions pas mal de nouveaux protocoles en plus de nos collègues chinois et la pression n’était pas négligeable. Nous avons eu quelques soucis sur des expériences très pointues mais globalement, tous les acteurs de cette 44ème campagnes CNES sont rentrées ravis dans leur labos.

Les vols paraboliques, c’est génial. L’ISS, c’est incroyable. Mais… mais je fais partie de la génération qui a connu l’émergence d’Internet, l’arrivée des téléphones portables, l’explosion de la haute technologie, mais qui n’a jamais vu (ni même été contemporaine) d’êtres humains en train de fouler le sol d’un autre astre. Quel est ton sentiment sur l’avenir éventuel de l’exploration spatiale, côté vols habités ?

Je pense qu’on ira plus loin. Mais on ira plus tard ! Dans les années 80, on annonçait le premier pas sur Mars en 2020. 30 ans plus tard, on l’annonce pour 2050 ! D’autres priorités ont émergé entre temps, et c’est normal. Pour l’instant l’exploration robotique suffit aux scientifiques. Mais on ira. On percera un jour cette nouvelle frontière, après les océans, les pôles, les fonds marins, l’espace proche (y compris la Lune), on acceptera un jour de se jeter dans le vide, de tendre la main dans le noir. Cela me semble inéluctable, si toutefois, l’humanité n’est pas placée face à son destin sur Terre.

Ce qui peut remettre en cause ce projet de civilisation, c’est notre civilisation elle-même… dans le risque que quelques-uns font courir à la majorité, dans des choix à court terme, égoïstes et intéressés.

As-tu entendu parler du projet Mars One ? Qu’en penses-tu ?

Je n’y participerai pas. Mes enfants ne voudraient pas !

Mais pourquoi pas… C’est la première idée moderne du genre. Je pense qu’elle n’aboutira pas en 2023, parce que techniquement c’est infaisable. Problème de masse à envoyer, de support vie inexistant, de difficulté insurmontable aujourd’hui pour protéger des organismes vivants dans l’espace, milieu très agressif. Les mêmes difficultés ont été rencontrées par les premières expéditions sur Terre (exploration des mers et des pôles), à la différence que ces expéditions restaient dans leur milieu naturel, auquel nous sommes préparés. Mais elle a le mérite de nous faire avancer intellectuellement et elle pose la question de la dissémination de l’espèce humaine. Et bien d’autres encore :

– A-t-on le droit de laisser partir des gens sans espoir de retour et avec des chances de survie très faibles ?
– Quel cadre légal pour la première expédition sur Mars ? Est-ce la civilisation humaine ou une nation qui s’y établit ?
– Et si la vie existe sur Mars, de quel droit va-t-on la mettre en péril ?
– Nous détruisons notre environnement et notre civilisation. Va-t-on sur Mars pour reproduire ce modèle ?
– La terraformation de Mars est impossible. Nous ne vivrons jamais sur Mars comme sur la Terre. A quoi bon tenter de s’y installer ?
– Ne vaudrait-il pas mieux préserver notre planète que tenter de viabiliser une autre ?

Il faut lire et relire les « Chroniques martiennes » de Ray Bradbury. C’est un ouvrage majeur du genre et sur lequel on peut réfléchir longtemps…

Quelle est la question à laquelle tu rêverais d’avoir une réponse ?

La vie ailleurs : possible ou probable ?

[VÉCU] Mon vol Zéro-G : le bonheur en impesanteur (1/3)

9 octobre 2013

Je suis bouleversée au-delà des mots. Retournée. Comme hier matin, lorsque, en impesanteur, il n’y avait plus ni bas ni haut. Mes larmes tombent, sans discontinuer, depuis deux heures, vers la Terre, selon la dure loi de la pesanteur. Je suis bouleversée au-delà des mots, je comprends à peine ce qui m’arrive. Mon corps ne s’est jamais senti aussi bien, d’aussi loin que je me souvienne. Il est comme… encore empli de l’euphorie de la liberté que procure l’impesanteur : se mouvoir en trois dimensions, ne plus avoir de limites, aller où bon lui semble sans se frotter ni être ralenti par quoi que ce soit… Sans poids, sans gravité, sans contraintes, sans tensions… Non, ce n’est pas de l’euphorie. C’est de la béatitude physique…

Je crois… je crois que c’est la même sensation que quand on tombe amoureux, quand on flotte au-dessus du sol sur son petit nuage, quand il nous pousse des ailes. Être en apesanteur, c’est également tomber, flotter, avoir des ailes… Mais puissance mille. Il n’y a réellement plus de limite physique, c’est la liberté dans toute sa puissance.

C’était hier matin, et mon corps est… tellement… bien. Comme purifié… C’est… étrange, troublant, perturbant… Cet état de grâce va-t-il durer ? Y aura-t-il une chute, difficile comme dans l’avion, où l’on supportait presque deux fois son poids après n’avoir rien pesé pendant une vingtaine de secondes ? Ou bien va-t-il se réhabituer à vivre dans la pesanteur terrestre, comme depuis 30 ans, avec tout le poids, les limites, et les contraintes que cela implique ?

Une chose est sûre : cette expérience de la gravité zéro ne peut pas être la dernière. Je la revivrai, d’une manière ou d’une autre. C’est là-haut que je suis bien.

Quelques semaines plus tôt… 27 août 2013

En mode groupie à côté de Mathieu Vidard juste après ma 1ère chronique

Je fais ma première chronique pour « La tête au carré« , le magazine scientifique de France Inter, animé par Mathieu Vidard. Je suis folle de joie, folle d’angoisse, mais ça se passe bien. Et je suis folle d’excitation de savoir que, si tout se passe bien, ça va durer toute la saison. Sur le moment, j’ai l’impression que rien d’autre ne pourrait me rendre plus heureuse. Comme je me trompais… 🙂

28 août 2013

« Vols paraboliques : tentée ? » : c’est l’objet du mail qui vient d’arriver. Je n’en crois pas mes yeux et je hurle de joie. Je réponds frénétiquement oui, oui ! OUI OUI OUI !!!! Un rêve va devenir réalité et c’est Séverine Klein, chef du service Grand Public du CNES, qui est la messagère de cette incroyable nouvelle. C’est elle, déjà, qui m’avait conviée à l’atterrissage de Curiosity sur Mars en direct de la Cité de l’Espace de Toulouse un an plus tôt et dont je garde un souvenir ébloui. Je ne sais pas si j’aurai assez de temps pour la remercier d’avoir pensé à moi…

30 août 2013

Visite chez le médecin pour le certificat d’aptitude au vol zéro-g. J’ai un peu peur que mes mésaventures médicales passées ne soient rédhibitoires. Mais non.

Mon électrocardiogramme est « probablement normal ». Les machines se mettent à faire de l’humour, maintenant… Ce satané truc a repéré mon stress de ne pas passer le test. Mais si.

Me voilà officiellement apte 🙂 (En même temps, vu que Stephen Hawking l’était, ça m’aurait un peu fait chier de ne pas l’être, voyez-vous…)

Stephen Hawking en impesanteur

6 septembre 2013

Déjeuner avec Séverine Klein et Julien Watelet, du CNES. Je suis partagée entre poser les milliards de questions qui me viennent à l’esprit et l’envie de garder de la surprise – et donc certainement un peu de magie. Je sais que les bédé-blogueurs Boulet et Marion Montaigne ont vécu ce vol, j’avais survolé leurs posts mais sans trop m’y arrêter. Je voudrais découvrir les détails sur place, par moi-même…

Et puis, il faut bien l’avouer, c’est aussi à cause de mon trouillomètre qui commençait sérieusement à grimper vers le rouge. Étant la plus grande angoissée du système solaire, à peu près, moins j’en saurais, moins j’aurais l’occasion de m’affoler toute seule.

« Ah non mais comme ils coupent les moteurs de l’avion quand il pique du nez vers l’océan… » C’est la première phrase de ce déjeuner dont j’ai souvenir. AHEM. Comment ça, ils coupent les moteurs ?? En fait, pas tout à fait : c’est juste que la poussée des moteurs est réduite. Bon… Pas d’affolement, pas d’affolement. Une fois de plus, la peur se mêle à l’excitation. J’ai tellement envie de vivre ça…

On discute de choses et d’autres : des différents types de profils (les anxieux, les exaltés, les anxiogènes, les excités… tout un tas de gens avec des x dedans), des anecdotes, des expériences scientifiques qui seront conduites à bord, de l’avion qui a très peu d’heures de vol au compteur et qui jouit d’un entretien unique au monde…

Aaaaaaaaaaaaah.

L'A300 Zéro-G, sagement garé près de Novespace, à l'aéroport de Bordeaux, le 7 octobre 2013

Et puis on passe des paraboles à l’espace, on cause de l’actualité du spatial français et européen, Gaïa qui va bientôt être lancée, Curiosity à moitié gérée depuis Toulouse, ce que personne en France ne sait, la future mission ExoMars, et puis Mars One

Par association d’idées, une interview d’Alexandre Astier par Canal+ me revient en tête : il y disait qu’il rêverait d’aller dans l’espace. Ayant eu l’immense chance de le rencontrer sur le plateau du Grand Webze et connaissant sa passion pour les sciences et le spatial, j’en parle à Séverine et Julien, qui l’ignoraient. Me vient alors l’idée de lui faire un petit clin d’oeil pendant une parabole, pour lui offrir un petit morceau d’espace en attendant qu’il ait la chance de le vivre lui-même.

Le déjeuner se termine, et je suis plus que jamais impatiente, et angoissée, de goûter aux merveilles de l’impesanteur.

12 septembre 2013

Je prends mon courage et mes DM à deux mains (j’ai la chance de pouvoir lui en envoyer…) et j’annonce donc à Alexandre Astier que je vais faire un vol parabolique, et que je penserai très fort à lui quand je serai en apesanteur. Que s’il m’arrive quelque chose, je lui lèguerais tous mes Lego de l’espace, et qu’il n’oublie pas de dédicacer mon intégrale de Kaamelott pour consoler mes parents.

17 septembre 2013

Je potasse les descriptions des expériences scientifiques qui seront menées dans l’avion. Comportement d’une flamme, atomes refroidis au presque zéro absolu… Euh… c’est pas un peu dangereux, ça, dans un avion qui va faire des cabrioles ?…

Détail d'un dispositif dans lequel des atomes de masses différentes sont refroidis au quasi zéro absolu pour vérifier le principe d'équivalence

Bon. Sinon, il y a des étudiants qui vont expérimenter des réactions chimiques de l’atmosphère de Titan, des taïkonautes qui vont venir s’entraîner, une maquette de vaisseau martien censé créer de la gravité artificielle qui va être testée, la perception de son propre corps via uniquement des signaux auditifs qui va être étudiée, etc etc… De quoi causer dans « La tête au carré » !!

25 septembre 2013

Je flippe. L’échéance approche. J’ai peur. J’ai hâte. J’ai peur. Je commence à prendre de l’homéopathie pour calmer mon angoisse. À ma grande surprise, et n’en déplaise aux sceptiques/je-sais-tout-mieux-que-tout-le-monde/énervés-du-bulbe, ça fonctionne plutôt très bien. Le thé me manque, mais que voulez-vous ma bonne dame, il faut ce qu’il faut, hein.

Le Cri, de Munch

J’ai du mal à m’endormir… En fait, j’ai peur. Mais j’ai toujours peur. Il y a toujours quelque chose qui m’angoisse, qui me tend, qui me stresse. J’ai peur, sans arrêt, pour moi, pour mes proches, pour le monde. J’ai peur de ne pas être à la hauteur, j’ai peur que l’avion ait un problème, j’ai peur d’avoir des migraines, j’ai peur de faire une crise d’angoisse, j’ai peur de…

La peur entraînent les doutes, les doutes entraînent les angoisses, les angoisses entraînent les questions, les questions entraînent la peur… Je me fatigue moi-même. J’en ai ras-le-bol d’être née angoissée et d’avoir peur de mon ombre. Je voudrais m’alléger de toutes ces craintes qui sont parfois un peu lourdes à vivre. Qu’on me soulage de la gravité, vite !

28 septembre 2013

Je reçois tous les e-billets concernant mon séjour. Départ de Paris-Orly le 7 octobre à 8h50. Nuit dans un hôtel à proximité de l’aéroport de Mérignac où se trouve Novespace et l’A300 Zéro-G. Et le retour Bordeaux-Paris est prévu à 14h50 le lendemain. Outch. Sachant que le vol parabolique se terminera aux environs de 12-13h, ça ne me laissera pas beaucoup de temps pour m’en remettre avant de remonter dans un avion normal…

Mais ça devient sacrément concret. Je trépigne d’impatience…

1er octobre 2013

Je passe à Storycircus emprunter la GoPro pour pouvoir filmer. C’est celle, dernier modèle, qu’a utilisé Vinvin dans le Vinvinteur ces derniers mois… Je suis contente de l’avoir avec moi 🙂 Merci Storycircus ! Je suis sûre qu’elle se plaira autant dans l’avion que sur le front de Cyrille…

La GoPro du Vinvinteur confortablement installée dans son éphémère maison volante !

3 octobre 2013

Je rentre de France Inter après avoir fait ma chronique. Tout le monde m’a souhaité bonne chance. Violaine Ballet, la réalisatrice de l’émission, m’a répété en riant : « T’es tarée… » et je me suis exclamée : « Ouais !! » dans un grand sourire fier. Je la fais moins à l’intérieure…

J’alterne depuis 15 jours entre excitation, euphorie et angoisse. Là, j’angoisse. Assise sur mon canapé, je me demande si je dois laisser une lettre. Au cas où. Ou les mots de passe de mes trucs en ligne. Le choix se fait en une fraction de seconde, quasiment de manière inconsciente. Il vaudrait mieux que je laisse mes mots de passe. Mais non.

NOM DE NOM C’EST STUPIDE.

Je me traite de tous les noms. Il ne m’arrivera rien, et puis c’est tout. C’est vraiment débile et je suis en colère contre moi. Mais, mentalement, je note ce qui est sociologiquement intéressant : préférer laisser ses mots de passe plutôt qu’une lettre quand on n’est pas sûr de revenir…

Je fais des tests avec le Nagra, l’appareil qui me servira à enregistrer du son pour France Inter, je checke la GoPro et tout ce qui va avec… Techniquement, je suis prête ! J’ai hâte… Ça y est, j’ai chassé l’angoisse et c’est l’excitation qui revient.

J’AI HÂTE, BON SANG, J’AI HÂTE !!!

Suite au prochain épisode !

[SCIENCE] La « Bohemian Rhapsody » revisitée façon théorie des cordes

[Attention, réclame. OH REGARDE !!! Le petit macaron juste à gauche, là, te permet de voter pour ce blog tous les jours pour les Golden Blog Awards !]

Ceux qui suivent ce blog depuis longtemps doivent connaître mon amour de la musique a capella. J’avais notamment interviewé Arnaud Léonard à ce sujet, le meilleur artiste du genre en France.

Même ceux qui ne suivent pas ce blog depuis très longtemps (voire pas du tout) ont dû remarquer mon léger penchant pour la science. Alors mélangez voix chantées et physique théorique et votre serviteuse (oui) retrouve foi en l’humanité. (Pourtant, souvent, c’est pas gagné.)

Un jeune étudiant en physique canadien de 23 ans, Tim Blais, reprend donc Queen a capella, et pas la plus facile, dans une version parodique où le texte d’origine est complètement réécrit pour expliquer la théorie des cordes. Kamoulox ? Eh ben même pas. C’est brillant.

Voilà l’objet du génie : 

Bon, ben je crois qu’il n’y a rien à rajouter, hein. Ah si, peut-être : pour encourager ce jeune homme, j’ai acheté sa chanson, elle est disponible sur iTunes à 0,99 €.

Et pour ceux qui se poseraient la question de la justesse scientifique des paroles, elle est irréprochable. Stéphane Detournay, chercheur en physique théorique et mathématiques au FNRS (le CNRS belge), a analysé la vidéo pour moi (un grand merci à lui). C’était d’ailleurs l’objet d’une de mes chroniques sur France Inter.

Ce n’est d’ailleurs pas le coup d’essai de ce petit génie de la musico-physique puisqu’il avait déjà parodié Adele l’année dernière avec « Rolling in the Higgs ». (Si tu veux comprendre ce qu’est ce fichu boson de Higgs, va donc lire ça, il s’explique lui-même en personne.)

Là encore, la parodie est disponible sur iTunes pour une somme tout à fait modique.

De mon côté, j’espère tout plein d’autres parodies scientifiques a capella de ce genre. Et ça semble bien parti puisque Tim laisse de côté la physique pour le moment pour se lancer dans la musique. Je lui souhaite toute la chance qu’il mérite mais je ne m’en fais pas trop pour lui, étant donné toutes les différentes cordes qu’il a à son arc… #PoumPshh

 

 

Oh, et je rappelle que Brian May, le guitariste de Queen, est docteur en astrophysique. Quand on vous dit que musique et mathématiques sont les langages les plus universels…

[DIRECT] Gaïa : la tête dans les étoiles

Regardez le Hangout en direct à partir de 20h sur le télescope spatial Gaïa qui va être lancé fin novembre pour cartographier les étoiles et sonder la Voie Lactée… (Et n’hésitez pas à voter pour ce blog pour les Golden Blog Awards, tous les jours si vous voulez !)

[ASTRONOMIE] Solstices et équinoxes

Bonjour ! Ici la Terre. Vous savez ? Votre planète préférée 🙂

Quand j’étais petite (je vous parle d’un temps que les moins de quelques milliards d’ans ne peuvent pas connaître), Soleil m’appelait son « petit culbuto ». Faut dire aussi que j’ai décidé de m’incliner un peu par rapport au plan de l’écliptique.

Ah mince, premier gros mot. Bon. Ne partez pas tout de suite, je vous explique. Le plan de l’écliptique… C’est très simple. Prenez une orange. Posez-la sur une feuille de papier rigide posée sur une table. L’orange, c’est Soleil. Maintenant, coupez l’orange en deux parties bien égales mais parallèlement à la table, donc à l’horizontale. Vous avez donc deux moitiés d’orange. Soulevez la moitié du haut et glissez la feuille rigide entre les deux moitiés. Reposez la moitié du haut. La feuille rigide, qui passe par le milieu de l’orange et est parallèle à la table, c’est le plan de l’écliptique.

En gros, le plan de l’écliptique, c’est une surface plane imaginaire en deux dimensions qui passe par l’équateur de Soleil, quoi. Le dessin ci-dessous a des flèches un peu bizarres dans tous les sens mais c’est l’idée. Et c’est surtout le plan sur lequel j’orbite (le centre de mon noyau n’en bouge jamais, je ne vais ni au-dessus ni en dessous.)

Image de Philippe Saadé. Lien vers l'article original en fin de billet.

Et donc, comme on peut le voir sur l’image ci-dessus, le plan de mon équateur est de traviole par rapport au plan de l’équateur de Soleil (j’en voulais un rien qu’à moi, que voulez-vous). J’ai culbuté légèrement sur le côté pour devenir inclinée à environ 23° (c’est pas mal représenté par la flèche a qui part de traviole – donc).

Soleil m’appelait « petit culbuto » dans mes jeunes années à cause de ces 23°. Mais il a vite arrêté quand il s’est rendu compte qu’Uranus a voulu faire son malin en se renversant quasiment complètement : il est incliné à plus de 90°. Un astre chelou, Uranus. Il savait pas comment attirer l’attention. (Ne le dites pas que je vous l’ai dit, mais Soleil pense qu’Uranus a tellement mauvais caractère que ça le faisait marrer de ne lui montrer que ses culs pôles.)

Crédit : Lawrence Sromovsky, (Univ. Wisconsin-Madison), Keck Observatory

Mais nous y voilà : quel rapport entre l’inclinaison que nous, planètes, pouvons avoir par rapport au plan de l’écliptique (Mercure n’est quasiment pas inclinée par exemple), le fait de plus ou moins montrer nos pôles à Soleil, les solstices et les équinoxes ?

C’est très simple, en fait.

Vous vous souvenez de l’orange ? Imaginez maintenant que je sois une pomme qui tourne autour de cette orange. Le pédoncule (la petite queue de la pomme, faites un effort, un peu) représente mon pôle Nord et à l’opposé, la mouche (le petit zigouigoui en dessous, FAITES UN EFFORT, ON A DIT) représente mon pôle Sud.

Inclinez la pomme de telle manière à ce que le pédoncule suive la direction de la flèche a du premier schéma. Vous avez à peu près reproduit mon inclinaison d’environ 23°. (Sur le schéma ci-dessous, la pomme est exactement inclinée à 23°).

Soleil, plan de l'écliptique, moi. Je débute en Photoshop. Et c'est pas à l'échelle, hein !

Maintenant, en faisant bien attention à garder l’inclinaison de 23° et de garder le centre du noyau au niveau du plan de l’écliptique, faites tourner la pomme autour de l’orange.

Par exemple, là, au début sur le schéma ci-dessus, j’ai le pôle Sud tourné à fond vers Soleil. C’est le solstice d’été pour l’hémisphère sud et le solstice d’hiver pour l’hémisphère nord. Et puis comme je tourne autour de Soleil, ben six mois après, c’est le pôle Nord qui est tourné à fond vers lui. C’est donc le solstice d’hiver pour l’hémisphère sud et le solstice d’été pour l’hémisphère nord.

Et puis ben les équinoxes, c’est ce qu’il y a pile entre les deux solstices, quand ni le pôle Nord ni le pôle Sud n’est tourné vers Soleil. C’est plus clair avec le schéma ci-dessous.

Solstices, équinoxes et saisons pour l'hémisphère Nord

Récapitulons : les solstices sont les deux moments dans l’année où l’un ou l’autre pôle se trouve exactement en face de Soleil. Les équinoxes sont les moments où ni l’un ni l’autre le « regarde ». En gros, les solstices sont les moments où je lui montre mes pôles et les équinoxes sont les moments où je suis de profil.

Simple, non ? Bon, corsons un peu.

D’après le schéma ci-dessus, donc, on voit que c’est l’été pour l’hémisphère nord alors que je suis à l’endroit le plus éloigné de Soleil (mon aphélie). Erreur ? Paradoxe ? Pas du tout. Ce qui compte, ce n’est pas la taille du rayon de Soleil qui m’atteint, c’est la manière dont il m’atteint.

Image de Przemyslaw "Blueshade" Idzkiewicz (francisée par Idarvol)

En fait, il y a deux raisons qui expliquent pourquoi la saison chaude advient dans l’hémisphère nord au moment où je suis la plus éloignée de Soleil.

– Lorsque j’ai le pôle Nord tourné vers Soleil, ses rayons m’atteignent selon un angle plus direct. Le faisceau lumineux en jeu se concentre donc sur une plus petite surface, ce qui la chauffe plus – et hop ! ce sont les beaux jours.

Voyez le schéma ci-dessous. Il ne correspond à rien de réel, mais imaginez que la « planète » se penche vers les faisceaux lumineux comme le pôle Nord le fait lors du solstice d’été vers Soleil… Le faisceau le plus direct, celui que l’on voit à l’équateur, se « déplacera » vers le nord…

Et le faisceau du haut se déplacera vers le pôle Nord. Pour comprendre pourquoi ça chauffe plus quand il y a une plus petite surface, imaginez qu’on donne un échantillon de peinture jaune à une fille et à un garçon. On demande à la fille de peindre le mur d’une toute petite pièce et au garçon le mur d’une très grande pièce. Avec le même échantillon de peinture, la fille aura alors une pièce jaune vif et le garçon jaune pâle parce qu’il aura dû diluer son échantillon à l’extrême. C’est exactement le même principe avec l’énergie : elle se concentre d’autant plus (et donc chauffe plus) lorsque la surface est petite.

Quand le pôle Nord est orienté vers Soleil, ses faisceaux concentrent donc leur énergie sur de plus petites surfaces grâce à l’angle auquel ils m’atteignent au nord.

– Deuxième raison pour laquelle c’est l’été dans l’hémisphère nord alors que je me trouve très éloignée de Soleil : la longueur du jour. Pas de la journée, qui dure toujours 24 heures, hein – mais le jour par opposition à la nuit.

Regardez ce schéma à nouveau.

Image de Przemyslaw "Blueshade" Idzkiewicz (francisée par Idarvol)

Vous voyez ? Regardez la distance de jour qu’il y a entre la côte russo-chinoise et la côté Ouest du Canada que l’on devine de l’autre côté… Elle est immense. En fait, puisque ce schéma représente le solstice d’été de l’hémisphère nord, il montre la journée où le jour dure le plus longtemps (environ 15-16 heures selon les endroits).

Il y a donc beaucoup plus de surface de jour et beaucoup moins de surface de nuit dans l’hémisphère nord quand le pôle Nord est tourné vers Soleil : il nous éclaire (et nous chauffe) donc plus longtemps. On voit très bien aussi sur ce schéma pourquoi le pôle Nord n’a pas de nuit pendant plusieurs semaines lors de l’été ! On ne peut pas à la fois vouloir se montrer en entier à Soleil et avoir de l’obscurité, hein.

Voilà !

Aujourd’hui, c’est donc le solstice d’été pour mes habitants de l’hémisphère nord et le solstice d’hiver pour mes habitants de l’hémisphère sud.

Joyeux solstices à vous tous ! Et prenez soin de moi…

Sources :
Variations de l’éclairement de la Terre selon les saisons
A sharper view of a tilted planet
Equinoxe
La planète Terre et son environnement
Page Wikipédia du solstice
Page Wikipédia de l’écliptique

Liens utiles :
Mon compte Twitter
La liste Twitter de tout l’Univers (avec Soleil dedans)
Je vous raconte comme vous gaspillez mon hélium et pourquoi c’est grave

[SCIENCES] L’hélium en danger : plus précieux et plus rare que le pétrole

Vous n’êtes pas sans savoir que moi, votre planète Terre, suis considérablement transformée et traumatisée par les progrès récents de votre espèce, bande de chameaux (qui, les pauvres, sont totalement innocents dans l’histoire, eux.)

D’ailleurs, selon l’étude d’une équipe de 18 scientifiques parue dans Nature, il serait fort possible que mes écosystèmes connaissent un effondrement irréversible et imminent (avant 2100). En gros, si vous atteignez une transformation de 50% de ma surface, ce serait trop tard et il n’y aurait plus rien à faire. Et vous en êtes à 43%… Je vous laisse imaginer l’urgence du truc. (Enfin pour vous, parce que moi, voyez, je passerai à un autre état comme je l’ai toujours fait, ça ne me posera pas trop de problème, voyez.)

Si vous voulez continuez à perpétuer votre espèce dans des conditions optimales, bougres de bougres d’humains, il va peut-être falloir penser à ouvrir grand vos mirettes sur les problèmes actuels. L’un d’entre vous, un jeune scientifique français nommé Martin, s’inquiète d’ailleurs beaucoup du cas de l’hélium, que je ne vais plus pouvoir vous fournir bien longtemps si vous continuez à ce rythme-là.

J’ai donc interrogé Martin qui a des informations tout à fait instructives à propos de ce gaz irremplaçable qui disparaît de manière inquiétante. Moins médiatique que le pétrole, ce serait pourtant une nouvelle bien plus grave si mes stocks arrivaient à épuisement.

Peux-tu te présenter, cher Martin ?

Je suis doctorant en astrochimie à l’Université Rennes 1. J’étudie les réactions chimiques qui se déroulent dans les nuages froids, tels ceux qui se forment sur Titan et les Giant Molecular Cloud (GMC), tels ceux d’Orion ou du Taureau.

GMC d'Orion

(Précisions : les GMC d’Orion et du Taureau sont des nuages de gaz géants (vraiment très très géants), où se déroulent des réactions alors que nous parlons. Ils vont un jour s’effondrer et donner naissance à des systèmes solaires. Je parle de ceux-ci car ils sont très beaux à l’observation !)

Leurs caractéristiques (exposés aux rayonnements), leur température, densité, et leur composition en font des objets d’étude très importants. On y retrouve en effet des molécules très complexes à l’échelle de ce qu’on trouve principalement dans l’espace : le dihydrogène et l’hélium.

Pour étudier ces réactions, nous utilisons le CRESU (Cinétique de Réaction en Écoulement Supersonique Uniforme, utilisé aussi sous ce nom dans les publications anglophones car inventé en France par des Français \o/), un appareil inventé au sein de notre équipe, et qui a désormais fait des petits dans plusieurs équipes de recherche dans le monde.

Le CRESU

Tu étudies donc de près l’hélium. Peux-tu expliquer ce que c’est ? 

Second élément de la classification périodique, l’hélium (symbole : He) est également le second élément le plus abondant dans l’Univers (24%) après l’hydrogène (75%). Tous les autres éléments de l’univers étant le 1%. J’attends d’ailleurs avec impatience une manifestation de l’hélium et de l’hydrogène « WE ARE THE 99% ! ».

Ayant toutes ses couches électroniques saturées (de même que toute la famille des gaz nobles dont il fait partie), il ne forme pas naturellement de liaison et reste seul, contrairement à l’oxygène ou l’azote, qui dans notre atmosphère forment surtout O2 et N2.

C’est un gaz dit rare dans la classification périodique, mais c’est pourtant le deuxième élément le plus abondant dans l’Univers. Comment se fait-il que j’en sois si peu pourvue ? 

Parce qu’il est inerte et plus léger que l’atmosphère, il monte… et part dans l’espace, pour ne plus jamais être revu, contrairement à son cousin l’argon qui est un constituant de l’atmosphère (environ 1%).

L’hélium qui était présent lors de ta formation a depuis longtemps disparu, et celui qui reste provient de la désintégration alpha de noyaux radioactifs, comme l’uranium. Piégé par des couches géologiques hermétiques, il forme des nappes de gaz, qu’on trouve aujourd’hui principalement au Texas et en Sibérie. Il n’en resterait que 30 à 50 ans accessible facilement.

En effet, c’est peu… Mais pourquoi disparaît-il, au juste ? 

Lorsqu’on l’utilise, il disparaît donc car sa concentration dans l’atmosphère est trop faible pour envisager l’en extraire.

Il est « irremplaçable », dis-tu sur Twitter. A quoi sert-il au quotidien ? En quoi est-il indispensable à l’Humanité ?

Au quotidien, ses fonctions sont dictées par ses propriétés inégalées : étant le plus léger des inertes, il des températures caractéristiques très basses.

(Précisions : un élément inerte est un élément qui, dans la majorité des cas ne réagit avec aucun autre. Mais pas seulement. Il est aussi monoatomique (composé d’un seul atome), sous entendu qu’il n’existe pas de molécule de dihélium He2 par exemple (molécule composée de deux atomes d’hélium).

Le diazote de notre atmosphère est relativement inerte sauf pour quelques éléments chimiques, mais il n’est pas monoatomique (« di- » implique le doublement d’un même atome dans une molécule). L’hélium lui va toujours rester He, sauf à l’ioniser, le bombarder aux électrons, le geler… Bref, au quotidien il est et reste monoatomique et inerte.)

L’hélium liquide sert maintenir à basse température les aimants supraconducteurs, qui sont dans les RMN (recherche scientifique), les IRM (médecine), le LHC (qui vient de découvrir le boson de Higgs).

Sans hélium, plus d'IRM...

On l’utilise aussi en biologie car il est inerte vis à vis des tissus vivants, en optique pour l’utilisation de puissants lasers, ou pour la recherche de fuites car il s’infiltre partout plus facilement que n’importe quel autre élément.

Il a également bien d’autres usages basés sur ses fantastiques propriétés physiques.

La cryogénisation, par exemple, qui fait fantasmer les auteurs et les réalisateurs de science-fiction. Quel est ton avis de scientifique là-dessus ?

La cryogénisation, oui. Mais des bactéries ou de petits multicellulaires. Sur des gros animaux le froid détruit les cellules lors de la congélation. Les recherches avancent mais pour le moment, la seule chose qu’on peut dire, c’est que ceux qui se sont déjà fait congeler ont perdu.

Tu es scientifique. En as-tu besoin pour tes recherches ? Si oui, dans quel but ? 

L’usage que j’en fais est la génération d’écoulement gazeux à travers un profil particulier de tuyère (tuyère de Laval). Les lois de la thermodynamique font que le gaz se refroidit et c’est ainsi que j’étudie les réactions chimiques à basse température dans un nuage. J’ai en effet les mêmes conditions. Je peux utiliser l’argon ou l’azote, mais l’hélium reste le meilleur. L’hydrogène est très bon aussi, mais infiniment plus dangereux et n’est pas applicable tout le temps car il n’est pas inerte.

(Précisions : la tuyère de Laval sert à générer une détente de gaz. Comme dans toute détente, le gaz refroidit alors. Il se produit le phénomène inverse quand on gonfle une roue de vélo, l’air est chaud à la sortie de la pompe. Dans la tuyère de Laval, le profil particulier qu’on lui donne permet de connaitre (sous certaines conditions) la température et la densité du jet de sortie. On utilise cette détente pour étudier les GMC.)

Tu as réagi sur l’hélium suite à la lecture de cet article. Fais-tu partie des scientifiques « terrifiés » ? Plus généralement, que penses-tu de cette étude ? 

L’article donné est effectivement, si ce n’est effrayant, objecteur de conscience. Qu’on ait déjà consommé une bonne part des énergies disponibles avec des rendements désastreux (= échauffement climatique) ne peut être remis en question et doit faire réfléchir quant au modèle de consommation actuel.

De façon assez simpliste, il va un jour falloir choisir entre sa voiture et l’Amazonie. Personnellement je prends le bus…

(Et je t’en remercie.) Que peuvent faire les Humains pour ralentir la disparition du stock d’hélium ?

C’est simple : arrêtons de l’utiliser pour les applications non indispensables. Commençons par ne plus gonfler les ballons à l’hélium. Et ça évitera les pleurs des enfants qui lâchent leur ballon et le voient disparaitre.

Il faudrait limiter son utilisation aux domaines vraiment indispensables, et également pouvoir le recapter lors de son utilisation. Par exemple, celui que j’utilise est pollué par les composés chimiques que j’ai étudié, mais rien d’irréversible avec de bons filtres.

J’espère qu’on trouvera des solutions et qu’on agira rapidement, car sans hélium, on sera beaucoup plus gênés que sans pétrole (qui n’est qu’une source d’énergie et de carbone). Mais les gens n’en ont pas conscience car ils ne l’utilisent pas directement…

Quant au pétrole, en tant que chimiste, je suis révolté qu’on le brûle alors qu’il devrait être réservé à la chimie, mais ceci est une autre histoire d’un autre gâchis.

Comment pouvez-vous être plus « gênés » par la disparition de l’hélium que du pétrole ? 

Le pétrole est une énergie, mais on peut en trouver ailleurs. Oui, c’est très efficace parce qu’il y a beaucoup d’énergie par masse, d’où son usage en carburant, mais on saura se débrouiller. Et pour son usage chimique, on peut partir d’autres composés (pas mal de recherches sur les sucres, ces temps-ci, ou les chaines acides).

L’hélium, aucun autre élément n’a ses propriétés physiques : on ne peut pas l’imiter ni le remplacer. Quand il n’y en aura plus assez… ben les applications de l’hélium devront faire sans et être moins performantes – si tant est qu’elles puissent faire sans…

[PHYSIQUE] Je suis le Boson de Higgs et je vais vous expliquer qui je suis

C’est officiel et (presque) certain : j’existe. Les scientifiques terriens ont réussi à voir des preuves de mon existence, moi qui jouais à cache-cache avec eux depuis plus de 40 ans et qui changeais de place sans arrêt, instable que je suis.

Mais les blagues les plus courtes sont les meilleures (oui, oh, ben, à l’échelle du cosmos, 40 ans, c’est court !) et j’ai enfin bien voulu montrer le bout de mon spin nez. Me voici donc sous les instruments ébahis du LHC, à grand renfort d’énergies considérables à l’échelle humaine et me montrant derrière des chiffres, des courbes et des graphiques. Mais qui suis-je ?…

Si vous ne comprenez rien à la vidéo ci-dessous, alors lisez la suite.

The Higgs Boson Explained from PHD Comics on Vimeo.

 

Pour me présenter le plus simplement et le plus précisément possible, j’ai besoin de vous expliquer le tableau général dans lequel je m’inscris. (D’avance, amis scientifiques, veuillez accepter mes excuses : pour faire limpide, j’ai besoin d’utiliser quelques raccourcis certes grossiers mais néanmoins indispensables.)

Un seul Univers, deux mondes physiques

L’Univers physique se compose de deux mondes, hélas pour l’instant distincts (j’y reviendrai) : l’infiniment grand (les planètes, les étoiles, les nébuleuses, les galaxies, etc) et l’infiniment petit (les atomes, les particules, les quarks, etc).

Vous, Terriens, vous vous situez un peu entre les deux : vous êtes des composés d’atomes (eux-mêmes composés de particules) qui vivez sur une petite planète autour d’une étoile de taille moyenne située dans une galaxie, la Voie Lactée, tout à fait banale.

Et vous avez donc réussi, jusqu’ici, à élaborer deux théories formidables pour expliquer les phénomènes physiques : la théorie de la Relativité générale qui explique l’infiniment grand (le mouvement des objets célestes, la vitesse de la lumière, les courbures de l’espace-temps, etc) et le Modèle standard de la physique des particules qui explique les phénomènes au niveau quantique (l’infiniment petit).

Mais il y a quelques couilles dans le potage (si je puis me permettre). Quelques détails du Modèle standard vous échappent toujours ou sont en cours de validation (c’est mon cas, j’y reviendrai), et surtout, ces deux théories expliquant les deux facettes de l’Univers sont incompatibles entre elles. Comme si deux mondes totalement différents composait notre unique Univers… Cela paraît impossible, et pourtant…

Un seul Univers, une physique unique ?

Depuis Einstein, les physiciens tentent d’unifier ces deux grandes théories dans une théorie «du tout» : une seule série d’équations qui expliquerait aussi bien les phénomènes de l’infiniment grand que ceux de l’infiniment petit.

La théorie des cordes est pour l’instant celle qui s’en approche le plus, mais elle pose encore problème et est quasiment impossible à vérifier par l’expérience : elle part du principe que tout dans l’Univers – la matière, l’espace, le temps – est composé non pas de particules mais de cordes de taille infinitésimales qui vibreraient différemment.

Les 4 forces fondamentales de l’Univers

Mais revenons à nos bosons moutons. L’univers physique est composé de 4 forces fondamentales :

– La plus connue, qui est aussi la plus faible de toutes, est la gravité. Elle est responsable de la chute des corps, des marées, de la forme sphérique des étoiles et des planètes, et de tous les mouvements au sein de l’Univers.

– La moins populaire est l’interaction faible. C’est pourtant grâce à elle que les étoiles existent puisqu’elle est responsable de la fusion nucléaire au sein des atomes qui permet leur formation.

– Plus fort que l’interaction faible, l’électromagnétisme nous est assez familier puisqu’il prend en compte beaucoup de phénomènes de notre quotidien : l’électricité, le magnétisme, la chimie, la lumière…

– Et enfin, la force la plus puissante de toute est la bien-nommée interaction forte. C’est elle qui maintient collés les quarks (particules élémentaires qui forment le noyau atomique) à l’intérieur des atomes pour que leurs noyaux puissent se tenir formés.

Sans ces quatre forces, rien ne serait possible : l’électromagnétisme, l’interaction faible et l’interaction forte, qui agissent dans l’infiniment petit (et qui font donc partie du domaine quantique et du Modèle standard), permettent à la matière de se former et de se maintenir.
La gravité, dans l’infiniment grand (expliquée par la Relativité générale), fait en sorte que toute cette matière se regroupe (pour former des étoiles, des galaxies, des planètes), garde vitesse ou inertie, et s’influence à échelle cosmique.

Bref : une faiblesse dans l’une ou l’autre de ses forces, et l’Univers tel que nous le connaissons ne serait pas possible.

La mécanique des forces

Quel est le rapport avec moi, vous demandez-vous ? Excellente question : nous y arrivons.

Ces forces ne sont pas quelque magie impie sortie de nulle part : elle viennent d’un même endroit/moment (le Big Bang) et elles s’expliquent selon des principes physiques plus ou moins bien connus.

La gravité est la force que nous connaissons le moins bien : les physiciens imaginent qu’elle est transportée par une particule nommée graviton. Mais rien n’est moins sûr – laissons-la donc de côté, puisque de toute façon elle n’a aucune influence sur l’infiniment petit qui est le monde dans lequel je vis.

L’électromagnétisme est une force véhiculée par une particule dont vous avez sans doute déjà entendu parler : le photon.

L’interaction forte est transportée par une particule nommée gluon (moyen mnémotechnique : elle tient les quarks collés ensemble, c’est donc une sorte de super glu !).

Quant à l’interaction faible… et nous y voilà : elle est véhiculée par différentes sortes de particules que l’on nomme boson. Il en existe plusieurs – pour différentes sortes de tâches – et je suis l’un d’entre eux !

Le boson de Higgs, un boson particulier

Mais qu’est-ce qui fait ma particularité ? Après tout, j’ai trois frères bosons et on n’en fait pas tout un plat.

Oui, mais voilà… Je suis la réponse à plusieurs questions un peu importantes quand même :

– Pourquoi certaines particules ont des masses et d’autres pas ? (Ce qui a permis la formation d’atomes plus ou moins lourds, et donc la diversité des éléments, et donc tout dans l’Univers de A à Z en passant par la vie…)

– Sachant que peu après le Big Bang, l’électromagnétisme et l’interaction faible étaient une seule et même force (la force électrofaible), alors pourquoi le photon (vecteur de l’électromagnétisme) a une masse nulle et a donc la vitesse la plus rapide existante, alors que les bosons Z et W (vecteurs de l’interaction faible) possèdent une masse, sont donc lourds, et se déplacent donc moins vite ?

– Qu’est-ce qui a fait que cette force se soit scindée en deux à un moment pour conduire à deux forces aux propriétés si différentes ?

La réponse à toutes ces questions est (en toute modestie) : moi.

Une vinaigrette cosmique

Juste après le Big Bang (on parle de l’ordre de milliardième de milliardième de seconde, hein), l’Univers était encore une espèce de soupe concentrée où les quatre forces fondamentales, pense-t-on, n’en faisaient qu’une.

Comme je vous le disais tout à l’heure, le Graal des physiciens serait de trouver la théorie de l’unification pour enfin expliquer en une seule formule tout et absolument tout, dans l’infiniment grand et l’infiniment petit.

En remontant le temps jusqu’à cette soupe, ils essayent donc de prouver que les 4 forces n’en étaient qu’une en les unifiant les unes aux autres.

Or, si la gravité semble ne vouloir se mêler à aucune autre (elle est un peu prétentieuse…), les scientifiques ont pu prouver qu’à un certain moment dans l’histoire de l’Univers, juste après le Big Bang, donc, l’électromagnétisme et l’interaction faible se rejoignaient pour faire la force électrofaible.

Revenons à notre soupe concentrée. L’univers, à ce stade de son histoire, était très très très dense et très très très chaud, vous imaginez bien, puisqu’il sortait tout juste d’une «explosion» à l’énergie colossale.

Mais plus il grandissait, plus il perdait d’énergie, plus il se refroidissait. A ce stade, la métaphore de la soupe n’est pas géniale, oubliez tout et remplaçons-la par de la vinaigrette. Quand vous faites de la vinaigrette et que vous la remuez avec énergie, on obtient une substance à peu près homogène.

Mais si vous la laissez reposer, l’énergie s’amenuise et ne tient plus vraiment le mélange comme une substance homogène : au bout d’un certain temps, le vinaigre et l’huile vont se séparer et vous les retrouverez l’un en bas, l’autre posé au-dessus.

C’est qui s’est passé à 10-10 secondes après le Big Bang : l’Univers s’étant «refroidi» à 1015 degrés (contre 1018 pour la vinaigrette mélangée), la baisse de température a provoqué une «brisure de symétrie» : comme l’huile et le vinaigre qu’on a vu se dissocier à l’intérieur d’une même substance nommée vinaigrette, la force électrofaible s’est divisée en interaction faible et en électromagnétisme.

Et c’est à ce moment précis que je suis né : je suis le fils de la brisure de symétrie. (Qui a également engendré le divorce entre l’électromagnétisme et l’interaction faible, mais que voulez-vous, hein, c’est un mal pour un bien !)

Un twapéro cosmique

A partir de ce moment-là, tout est simple : j’ai baigné tout l’Univers. Enfin… pas moi tout seul évidemment : avec mes jumeaux, on a constitué ce qu’on appelle un champ de Higgs, une sorte de piscine uniquement composée de bosons de Higgs.

Et comme ce champ baignait tout l’Univers, donc, les particules n’avaient pas d’autre choix que de me traverser, et notamment les autres bosons, vecteurs de l’interaction faible (jeune divorcée), et les photons, vecteurs de l’électromagnétisme (jeune divorcé).

Mais par quel truchement les photons et les bosons qui ont traversé mon champ tout pareil, vindiou de vindiou, se sont retrouvés l’un avec une masse nulle, et l’autre avec une masse non nulle ?

C’est très simple. (MAIS SI.)

Imaginez un twapéro. Jusqu’ici ça va, ce sont des métaphores familières ? Oui ? Bon. Poursuivons.
Imaginez un twapéro bucolique organisé dans un champ, où les twittos et les twittas représentent chacun et chacune un moi-même.
Vous êtes donc, bosons de Higgs métaphoriques, dans ce champ, un verre de limonade à la main, en train de discuter, d’échanger les derniers potins, et de vous demander quand @Soleil_VL va enfin réussir à pécho @Lune_VL. Bon.

Au fur et à mesure, plusieurs nouveaux arrivants arrivent (ce qui est normal pour un arrivant, vous en conviendrez.) Plus l’arrivant a un nombre de followers élevé, plus il est connu d’un nombre important d’entre vous, plus le mouvement de foule pour l’accueillir sera grand.

Exemple :

@Terre_VL arrive dans le champ. Elle a 170 abonnés. C’est peu. Rares seront ceux qui viendront donc à sa rencontre : elle pourra avancer dans le champ sans trop de difficulté, avec légèreté, donc sans trop de masse. (Admettons qu’elle symbolise un neutrino.)

– Vient ensuite @FlorencePorcel (elle m’accueille sur son blog, faut bien que je sois un peu lèche-botte, hein). Avec ses 6270 abonnés, elle a déjà bien plus de chances de se faire souhaiter la bienvenue par nombre d’entre vous : comme vous êtes nombreux à vous regrouper autour d’elle, son avancée sera beaucoup moins fluide que celle de @Terre_VL. Elle aura besoin de plus d’énergie pour traverser le champ et a donc une masse plus importante. (Admettons qu’on elle symbolise un quark.)

– Et soudain, @sgtpembry fait son apparition. (Un Terrien fort sympathique, ce @sgtpembry, j’ai un faible pour lui – un comble pour un vecteur de force, mais que voulez-vous… Il a fait un sketch sur mon monde que j’aime beaucoup, alors… Tenez, je vous le mets là-dessous, je suis assez cool, comme boson.)

Donc @sgtpembry arrive dans le champ. Lourd de 88 500 abonnés, toutes les personnes présentes meurent d’envie d’aller à sa rencontre. Du coup, c’est la cohue, il ne peut pas avancer, comme s’il pesait une tonne : dans le champ, vous, petits bosons de Higgs, lui conférez une masse importante. (Admettons qu’il symbolise le boson Z.)

Et puis, plus tard dans la soirée, Marion Le Photon fait son apparition. Sauf que personne ne la voit ni n’interagit avec elle, puisqu’elle n’est pas sur Twitter mais uniquement sur Google +. Notre pauvre Marion traverse dont le champ sans être jamais freinée, ce qui lui confère une masse nulle…

Fin de la métaphore filée. Voilà. C’est plus clair, maintenant ?

En interagissant avec moi dans mon champ, les particules élémentaires prennent une masse – ou pas.

Sans moi, tout filerait à la vitesse de la lumière (celle de Marion Le Photon). Il n’y aurait donc pas vraiment de différence entre les différentes particules. Elles ne s’associeraient pas, ne formant pas de noyau, donc pas d’atomes, donc pas de molécules, donc pas de matière, donc pas de vie.

M’avez-vous compris ?

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Si vous voulez savoir d’où c’est-y que je viens causer sur un blog, suivez le guide qui vous présentera la genèse de ce projet.

Votre serviteur, @BosonDeHiggs_VL

(NB – L’infographie ci-dessous est chouette mais elle contient une grossière erreur. Sauras-tu la retrouver ?…)

[TWITTER] L’Univers, la Voie Lactée, Twitter et moi

Ça m’a pris comme ça. C’est peut-être l’aboutissement de toutes ces années de lectures, de rêves, de questions existentielles, de recherches de réponses et d’écoutes de conférences. C’est peut-être le point de départ de quelque chose de nouveau. C’est peut-être tout ça à la fois. Allez savoir.

En tout cas, voilà : j’ai créé sur Twitter, en 30 comptes, tout l’Univers. L’infiniment petit avec la physique quantique, les neutrinos et le boson de Higgs ; l’infiniment grand avec l’Univers, le cosmos et les galaxies ; et l’entre-deux avec le système solaire, son étoile et ses planètes – dont la nôtre.

Il manque sans doute des éléments, mais je pense que je peux balayer très large en ce qui concerne la physique, l’astrophysique et la cosmologie avec ces 30 possibilités de relayer les dernières découvertes scientifiques, les plus belles photos et les nouvelles des uns et des autres.

Parce que je veux que ces comptes vivent. Alors j’ai créé à chacun une personnalité, des qualités et des défauts, un caractère plus ou moins prononcé et des relations aux autres particulières…

Par exemple :

– Le Soleil : il en a ras-le-bol que les Terriens le prennent soit pour une feignasse, soit pour un planqué. Alors il passe son temps à leur expliquer que si, en fait il est toujours là, c’est seulement la Terre qui tourne et les nuages qui le cachent, et que c’est marre. En plus, il est amoureux de la Lune qui passe son temps à le titiller (et qui est un peu une coquinoute qui ne rêve que d’une chose : que des hommes reviennent la visiter…)

– Pluton : le loser de la bande. Non seulement ce n’est plus une planète, mais en plus il n’est même pas le plus gros objet de la Ceinture de Kuiper (qui, elle, passe son temps à essayer de pécho les nébuleuses qui restent insaisissables et évaporées).

– Uranus : c’est le troll du système solaire. Il est loin de tout, les Terriens ne s’intéressent pas spécialement à lui, il est donc toujours de mauvaise humeur, voire agressif.

– Saturne : c’est la planète bling-bling. Il fait le fier avec ses anneaux, qu’il appelle « mes Précieux » et a un ego très développé. Il se sentira très à son aise sur Twitter, sans aucun doute.

– Les neutrinos : alors ils sont bien emmerdés, les neutrinos. L’un d’eux, Jojo le Neutrino, a pété les plombs et a absolument voulu griller la vitesse de la lumière. Il a donc triché en bidouillant un câble et fausser les mesures. Du coup, l’ensemble du groupe est la risée de l’univers.

– Le boson de Higgs : c’est le petit rigolo. Il joue à cache-cache avec les Terriens qui n’ont encore pas réussi à le trouver. Mais je crois qu’il va être obligé de faire son coming-out dans quelques semaines, voire quelques mois…

– Etc, etc…

Voyez, je m’amuse bien. Evidemment, 30 comptes à suivre, c’est beaucoup. Mais si vous vous faites une liste avec tous ces comptes, vous pourrez assister à :

– du LOL

– des tweetclash

– du NSFW

– du savoir

… ou encore (parlant de la sonde New Horizons qui arrivera près de Pluton en 2015)

– des scènes de ménage cosmiques

– et peut-être même à des LT de conférences, de livre, de documentaire…

… bref, à tout un tas de choses qui font mon quotidien de petite chose vivante, consciente et pensant posée sur cette merveilleuse petite planète.

Cela reste du divertissement et du léger (même si je serai ravie de vous apprendre des trucs), mais je vais faire très, très attention à ne pas faire d’erreur scientifique. Je ne suis pas spécialiste, juste passionnée et monomaniaque, mais j’aime autant ne pas dire de conneries. Cela dit, errare humanum est : si vous en voyez passer une, n’hésitez pas à m’en faire part ! 😉

Si vous voulez suivre ma folie douce, alors bienvenue dans mon Univers…

PS : les comptes sont en _VL pour Voie Lactée. La plupart des noms seuls sont déjà pris…