[TWITTER] Pendant ce temps-là, dans l’Univers… Spécial éclipse

La veille de l’éclipse…

Et le jour-même !

Merci à tous pour les partages, les retweets, les compliments et les encouragements, ça me fait bien plaisir 🙂 N’hésitez pas à vous abonner à ma chaîne Youtube et à vous inscrire à ma newsletter ! Vous pourrez y retrouver bientôt les dialogues de l’Univers en BD…

Vous pouvez aussi retrouver tout ça sur ma page Facebook où je poste une vidéo par jour.

Et les épisodes précédents de « Pendant ce temps-là, dans l’Univers… » sont en lien ci-dessous ! (Et si vous voulez les suivre sur Twitter, la liste complète se trouve .)

Pour s’abonner à la newsletter :

* indicates required

 

 

LES ÉPISODES PRÉCÉDENTS
Pendant ce temps-là, dans l’Univers… 1
Pendant ce temps-là, dans l’Univers… 2
Pendant ce temps-là, dans l’Univers… 3
Pendant ce temps-là, dans l’Univers… 4
Pendant ce temps-là, dans l’Univers… 5
Pendant ce temps-là, dans l’Univers… 6
Pendant ce temps-là, dans l’Univers… 7
Pendant ce temps-là, dans l’Univers… 8
Pendant ce temps-là, dans l’Univers… 9

LA SUITE !
Pendant ce temps-là, dans l’Univers… 10 (à venir)

Merci à mes Tipeurs pour leur soutien

[PODCAST] La folle histoire de l’Univers 47

Bonjour à tous ! Je suis Florence Porcel, community manager officiel de l’Univers, et je vous souhaite la bienvenue dans le 47ème épisode de ce podcast où je vais vous parler d’eau liquide extraterrestre, de loupe gravitationnelle, de drôles de bestioles cosmiques et d’une BD au pays des physiciens.

LE RETOUR DE L’EXPÉDITION 42
Commençons par l’événement de la semaine avec le retour de l’expédition 42 sur Terre tôt le 12 mars. L’Américain Barry Wilmore, le Russe Alexander Samokutyaev, et la première femme russe dans l’ISS Elena Serova ont quitté la Station Spatiale à bord de leur Soyouz, la rentrée dans l’atmosphère s’est bien déroulée, le parachute s’est déployé sans problème, ils ont atterri comme prévu dans les plaines du Kazakhstan et ils ont été extraits de la capsule un par un. Pendant ce temps-là, l’équipage 43 est toujours là-haut et ils seront rejoints par l’Américain Scott Kelly et les deux Russes Mikhaïl Kornienko et Guennadi Padalka qui décolleront de Baïkonour le 28 mars prochain. Et ce sera un jour important parce que les deux Russes ne vont pas faire une mission de 6 mois comme c’est le cas pour le moment pour tous les équipages dans l’ISS, mais de un an ! Le but, comme l’a précisé la NASA, est de « collecter des données biomédicales pour préparer les missions habitées de longue durée dans l’espace ». C’est pas dit comme ça mais l’objectif ultime est évidemment Mars, on n’y est pas encore mais ça se prépare, ça se prépare…

DU STREET ART FRANÇAIS DANS L’ISS !
Restons du côté de l’ISS avec la rubrique culture et cette fois-ci, je vais vous parler de street art !… Le 12 mars, quelques heures seulement après le retour sur Terre de l’expédition 42, l’astronaute italienne Samantha Cristoforetti a installé la première œuvre d’art de l’ISS, et c’est celle d’un Français qui s’appelle Invader ! Je suis sûre que vous avez déjà vu ses œuvres, soit dans la rue ou en photo, il fait des petites mosaïques qui représentent un petit extraterrestre pixellisé inspiré du jeu vidéo Space Invaders, vous voyez ? Eh ben une de ses mosaïques était dans le dernier ATV, la capsule européenne de fret, qui a décollé le 29 juillet dernier, elle mesure 15 centimètres sur 10 et représente un petit alien rouge avec des yeux blancs sur fond noir posé sur une ligne gris métal avec un bout de la Terre dans le coin en haut à gauche.

Et ça y est, elle est donc collée au module européen Columbus de l’ISS ! Je trouve ça vraiment chouette qu’il y ait de l’art là-haut – et d’autant plus que ce soit un peu geek et que ça vienne d’un artiste français – et j’ai l’impression que c’est passé complètement inaperçu en France.
En tout cas je vous mets le lien vers l’interview d’Invader dans Télérama sur mon blog florenceporcel.com et sous la vidéo, elle est super intéressante et il raconte comment ça a pu être possible.

L’ÉCLIPSE DE SOLEIL DU 20 MARS 2015
La date de la semaine c’est évidemment le 20 mars prochain puisque ce jour-là, il y aura une éclipse de Soleil au-dessus de l’Europe ! Elle sera partielle en France, de 80 % à Lille à 63 % à Nice, par exemple. À ce propos, si vous voulez savoir comment se passe une éclipse, où aller la regarder et vous procurer des lunettes, je vous conseille d’acheter le dernier numéro de Ciel & Espace qui consacre évidemment un dossier complet sur cet événement et qui fournit une paire de lunettes. Et surtout, surtout, ne regardez JAMAIS le Soleil sans protection, ça peut vous poser des problèmes très graves qui peuvent aller jusqu’à la cécité – ce serait vraiment dommage de devenir aveugle. Donc si vous voulez l’observer, n’oubliez pas les lunettes, ne réutilisez pas celles de l’éclipse de 1999, ne faites pas vos propres lunettes chez vous, et n’utilisez pas non plus de lunettes de soleil – et si vous ne savez pas où trouver des lunettes spécial éclipse, sachez qu’il y en a donc dans le dernier numéro de Ciel & Espace. Le maximum de l’éclipse, ce sera à 10h29, en matinée, heure française, ça ne dure que quelques minutes donc si vous le pouvez, n’hésitez pas à prendre une pause et à sortir la voir. Je vous souhaite une bonne observation, en tout cas !!

LE GORAPHILAE
Quittons la Terre, l’ISS, et la Lune, allons un peu plus loin voir du côté du tweet de la semaine et c’est Le Gorafi qui l’emporte avec ce tweet qui m’a fait glousser pendant un quart d’heure : « La sonde Philae refuse de se mettre au travail et demande à être appelée désormais Son Altesse Reine de Tchouri et des Immensités ».

 

Comme toujours, ils sont très drôles, et ils se réfèrent évidemment à l’actualité puisqu’on essaye à nouveau de communiquer avec Philae depuis jeudi, le 12 mars – décidément, il s’en est passées, des choses, ce jour-là !! – sans succès pour le moment – la fenêtre est ouverte jusqu’au 20 mars, et après s’il n’y a pas de signal, on réessayera en avril où on aura sans doute plus de chances parce que la comète se rapproche de plus en plus du soleil, ce qui fait que les panneaux solaires de l’atterrisseur vont pouvoir avoir de plus en plus d’énergie pour réveiller tout ça… À suivre !

IL Y A TRÈS LONGTEMPS, UN OCÉAN MARTIEN
Et ailleurs dans le système solaire, il se passe quoi ? La semaine dernière, c’était un peu une spéciale planètes naines, mais là on est plutôt dans la team océans extraterrestres… Du côté de Mars, des scientifiques de la NASA ont observé l’atmosphère de Mars pendant 6 années terrestres, soit 3 années martiennes environ, avec des télescopes à infrarouge depuis la Terre. Et ils en ont conclu que Mars avait abrité un océan qui recouvrait la moitié de son hémisphère nord sur une profondeur qui pouvait dépasser les 1600 mètres. Cela dit, 87 % de cet océan a disparu dans l’espace – il reste un peu de cette eau sous forme de glace au pôle nord, et peut-être qu’il y en a encore dans les profondeurs, mais ça on ne sait pas trop. En tout cas, un des chercheurs dit que Mars a très probablement été humide plus longtemps qu’estimé jusqu’alors, ce qui suggère qu’elle aurait été habitable plus longtemps. Avec le méthane découvert récemment, ça fait pas mal d’indices sur une vie possible là-bas, qu’elle soit présente ou passée…

CONFIRMATION D’UN OCÉAN SALÉ SOUS GANYMÈDE
Toujours dans les océans extraterrestres, la NASA, encore elle, vient de confirmer la présence d’un océan d’eau liquide salée sur Ganymède, une des lunes de Jupiter – ou plutôt en-dessous parce qu’il est situé sous sa croûte de glace de 150 kilomètres d’épaisseur. Cet océan a une profondeur de 100 kilomètres, ce qui est considérable quand on pense que le point le plus profond de la Terre, c’est la Fosse des Mariannes (et hop, j’en profite pour faire un bisou à ma petite sœur !) avec une altitude de – 10 971 mètres exactement. J’imagine même pas la pression de malade qu’il doit y avoir au fond de l’eau de Ganymède, quoi. En tout cas les chercheurs pensent que cette eau a pu communiquer avec la surface il y a très longtemps. Ça ajoute un astre de plus à la liste des potentiellement habités dans le système solaire extérieur, avec notamment Europe sur laquelle on fonde beaucoup d’espoirs…

UNE CROIX D’EINSTEIN AVEC UNE SUPERNOVA
Sortons du système solaire maintenant, avec l’image de la semaine qui est une première, puisqu’il s’agit d’une croix d’Einstein avec une supernova ! On y voit une galaxie avec quatre points lumineux tout autour qui forment une sorte de croix, et ces quatre points lumineux sont l’image d’une seule et même supernova située derrière la galaxie. C’est un phénomène tellement rare que les astrophysiciens en cherchaient depuis 20 ans ! C’est Hubble qui l’a trouvée et elle valide encore une fois la théorie de la relativité générale qui prédisait que des objets très massifs, comme des galaxies ou des amas de galaxies, pouvaient agir comme une loupe sur les rayons lumineux – d’où l’appellation de lentille gravitationnelle.

Pour vous expliquer comme ça fonctionne, imaginez une toile de trampoline. Installez-y une boule de bowling au milieu, du genre bien lourde. Du coup elle déforme complètement la toile sous son poids, vous voyez le tableau, bon – ben la boule de bowling, c’est la galaxie de la photo. Maintenant imaginez que vous êtes à un bout du trampoline et que vous avez un pote à l’autre bout, avec évidemment la boule de bowling entre vous deux. Votre pote est accroupi et tient ses mains refermées sur quelque chose sur le bord de la toile. Ça, ses mains, c’est la supernova qui se trouve donc derrière la galaxie. Et le principe d’une supernova, c’est quand même une étoile qui explose, donc il va ouvrir ses mains et envoyer les billes qu’il y avait à l’intérieur – et qui symbolisent les photons, les particules de lumière – violemment devant lui. Et les billes, qu’est-ce qu’elles vont faire ? Eh ben elles vont suivre la courbure de la toile du trampoline, notamment autour de la boule de bowling. Y en a qui vont passer à gauche et d’autres à droite. Ce qui veut dire que vous, vous allez voir la lumière de la supernova passer de part et d’autre, vous donnant l’impression qu’il y a en plusieurs – alors qu’il n’y en a qu’une ! Et c’est exactement ce qu’on voit sur l’image de la croix d’Einstein avec les quatre images de la supernova autour de la galaxie. Alors évidemment, comme toutes les analogies, ce n’est pas exactement satisfaisant puisqu’on voit la toile du trampoline comme un objet à 2 dimensions alors que l’univers possède 3 dimensions d’espace, et que vous pouvez votre pote derrière la boule de bowling avec qu’en vrai on ne peut pas voir la supernova derrière la galaxie – on ne peut en voir que la lumière qui nous en parvient, donc, après qu’elle a emprunté un chemin courbe dû à la masse de la galaxie sur son chemin entre elle et la Terre.

Et cette image représente encore plus qu’une énième validation de la théorie de la relativité générale, puisque les loupes gravitationnelles aident les astrophysiciens à calculer la masse de matière noire présente dans une galaxie ! Ils ont pu déterminer que les mirages de la supernova ne nous étaient pas parvenus au même moment – alors que ces images proviennent d’une unique étoile qui a explosé en un instant unique. Ça veut dire que les rayons lumineux qui ont contourné la galaxie ont parcouru plus ou moins de distance avant de nous arriver. Ce qui veut dire qu’il y a des endroits avec plus ou moins de matière noire dont la masse oblige les rayons lumineux à la contourner plus ou moins. Et plus il y a de matière noire à un endroit, plus la toile de l’espace-temps sera déformée, plus la lumière devrait faire un détour et plus elle mettra de temps à nous arriver.

Et apparemment, les astrophysiciens ont déjà une petite idée de la répartition de la matière noire à cet endroit-là de l’Univers puisqu’une autre image de la supernova devrait nous arriver dans quelques années – en tout cas, c’est la prédiction permise par le modèle actuel et ils vont la guetter pour savoir s’il est bon ou s’il faut le revoir ou l’affiner. Tout ça est assez fascinant, quand même ! Surtout quand on pense que la supernova se situe à 9,3 milliards d’années-lumière de nous. Et la galaxie entre nous deux à environ 5 milliards d’années-lumière. Ouais. C’est des trucs, tu sais c’est… ouais, non, on peut même pas savoir, en fait.

Tiens d’ailleurs, ça me fait penser à un truc ! J’ai lu cette info, l’autre jour, titrée « US 708, l’étoile qui file à travers la Voie Lactée », et à un moment on tombe sur cette phrase géniale : « cette étoile se déplace assez vite pour sortir de notre galaxie dans quelques 25 millions d’années ». Assez vite – 25 millions d’années 😀
Vous voyez c’est aussi pour ça que je fais ce podcast, parce que quand on commence à toucher à ce genre de sujet, c’est tellement inimaginable que ça en devient vertigineux, fascinant et super excitant. Et puis surtout, c’est des trucs qu’on peut tellement pas concevoir que c’est limite orgasmique – intellectuellement parlant évidemment – de s’imaginer qu’on comprend quand même des choses, que des gens manipulent ces concepts tous les jours, qu’on en a des images, mieux ! qu’on vit dedans et qu’on en fait partie, et surtout qu’on sait calculer, remonter dans le temps, calculer la trajectoire de cette étoile, prédire quand on aura une autre image de la supernova, savoir combien de matière noire il y a à 5 milliards d’années-lumière d’ici… Bref, je ne me lasserai jamais – du moins je l’espère – de lire des choses pareilles et de les partager avec vous. Et puisque je viens de parler d’Einstein, il y a cette citation qui illustre à la fois bien et mal ce que je viens de dire : « Ce qui est incompréhensible, c’est que le monde soit compréhensible. »

TRINH XUAN THUAN
Alors oui en effet, on comprend beaucoup de choses du monde, mais je pense que plus on avance, et plus Einstein a tort… dans le sens où on ne comprend pas 95 % de ce qui compose l’Univers. Ça fait quand même beaucoup. Et du coup ça m’amène à la personnalité de la semaine, un astrophysicien qui s’appelle Trinh Xuan Tuan, et je vous propose d’écouter sa réponse à la question que Sciences et Avenir lui a posée, à savoir : « quelles sont encore les grands problèmes de l’astrophysique ? »


ASTRO. Trinh Xuan Thuan explique "l'ajustement… par sciencesetavenir

Voilà, donc on n’est vraiment pas sorti de l’auberge et je ne suis pas sûre que le « monde compréhensible » d’Einstein soit encore tout à fait d’actualité – sans compter la physique quantique qu’on sait utiliser mais dont on ne comprend pas encore totalement le pourquoi du comment du fonctionnement.

D’ailleurs, l’autre jour, j’ai appris en écoutant « La conversation scientifique » d’Etienne Klein, sur France Culture (que je vous conseille chaudement) qu’on ne sait pas expliquer pourquoi l’eau est à l’état liquide à une fraction au-dessus de zéro, et qu’elle passe immédiatement à l’état solide à zéro. On comprend comment. Mais on ne sait pas pourquoi ça se passe d’un instant à l’autre, sans une phase de transition où elle serait à moitié glace et à moitié liquide… Bref, on ne comprend pas vraiment. Et pourtant c’est un truc plutôt quotidien. Mais non. Alors bon, pas si compréhensible que ça, ce monde…

Bref, revenons sur Trinh Xuan Thuan – je vous conseille de lire « Le cosmos et le lotus » où il raconte son parcours, d’où il vient, comment et pourquoi il en est venu à devenir astrophysicien, tout ça dans un contexte sociopolitique super intéressant et que je connais mal puisqu’il est vietnamien, il baigne dans la culture française, et il est parti faire ses études, puis sa carrière aux Etats-Unis… Et en même temps, il nous parle un peu du cosmos, donc c’est un très chouette bouquin qui se lit très facilement et que je vous conseille. Et de lui, j’ai beaucoup aimé « Désir d’infini », aussi. Je sais que je vous en avais déjà parlé mais voilà, il fait partie des scientifiques que j’aime bien lire.

UNE ILLUSTRATRICE CHEZ LES PHYSICIENS
Et en parlant de lire, je voudrais vous signaler le bidule 2.0 de la semaine et c’est une BD en ligne, d’une illustratrice qui a passé quatre mois au Laboratoire de Physique des Solides et qui en a fait une bande dessinée disponible gratuitement en ligne et qui fera aussi l’objet d’une expo. Il y aura neuf épisodes, déjà deux sont disponibles, et je mettrai évidemment tous les liens pour aller voir ça sur mon blog, florenceporcel.com et sous la vidéo sur Youtube.

Et voilà, c’est la fin du 47ème épisode de ce podcast, merci beaucoup de l’avoir suivi. La semaine dernière j’ai complètement oublié de vous tenir au courant du projet Mars One, je suis désolée… Vous l’avez peut-être vu dans la presse ou lu sur les réseaux sociaux puisque j’y ai partagé les dernières infos, mais je ne fais pas partie des 100 candidats qui ont réussi à accéder au troisième tour des sélections. Donc voilà, il reste un seul Français en lice mais c’est terminé pour moi. Merci encore pour votre soutien, en tout cas, ça été 18 mois de folie et je suis absolument ravie d’être arrivée dans les 660 shortlistés sur plus de 200 000 à travers le monde – donc aucune déception, c’était dingue !

Je voudrais vous signaler que c’est en ce moment la Semaine des Mathématiques, jusqu’au 22 mars, avec des tas d’évènements et d’activités organisés un peu partout – n’hésitez pas à vous renseigner autour de vous je suis sûre qu’il y a des trucs sympa à faire, à voir ou à écouter pas loin de chez vous.

Merci à tous ceux qui m’ont permis d’atteindre la première place audio et vidéo confondues dans la catégorie Sciences et Médecine d’iTunes, devant tout Radio France – ça fait quand même bien plaisir, je vous avoue… Et ce podcast est également disponible sur Youtube, n’hésitez pas à vous abonner à ma chaîne, ça m’aide énormément, si vous aimez ce contenu, et évidemment n’hésitez pas à partager les vidéos aussi pour me filer un coup de pouce.

Si vous avez l’habitude de vous laver dans des piscines de billets verts, vous pouvez toujours en laisser quelques-uns sur mon compte Tipeee mais évidemment sans aucune obligation. J’en profite pour remercier tous les tipeurs, vous êtes des grands malades, je vous kiffe.

Et sachez que vous pouvez me retrouver sur Twitter et que je poste désormais une vidéo par jour sur ma page Facebook, liée à l’actualité quand c’est possible.

N’oubliez pas l’éclipse du 20 mars avec des lunettes adaptées, prenez soin de vous et de notre planète, et une fois que la Lune aura fini de vouloir rivaliser avec le Soleil, continuez donc de rester le nez en l’air à ne rien faire…

[SOCIÉTÉ] Les femmes, les sciences, et le reste

En cette Journée Internationale des Droits des Femmes, voici un petit état des lieux de ce qui fourmille de manière brouillonne dans ma tête concernant les femmes, les sciences et le reste.

QUELQUES DATES

Je commence en 1983 pour avoir une idée de ce qui a pu se passer dans l’évolution des droits et de la place des femmes depuis ma naissance.

1983 : Sally Ride devient la première Américaine dans l’espace (précédée par deux Russes, Valentina Terechkova et Svetlana Savitskaïa, respectivement en 1963 et 1982). C’est également, à ma connaissance, la seule astronaute bisexuelle (je ne connais pas d’astronaute ouvertement gay, lesbienne, bisexuel, transgenre) même si c’est seulement à sa mort en 2012 que sa compagne a rendu public leurs 27 années de relation.

1983 : Marianne Grunberg-Manago est la première femme à diriger l’Union internationale de biochimie. Elle a notamment découvert une enzyme qui a bouleversé la recherche sur l’hérédité et permit une meilleure compréhension de l’ADN (source).

1984 : l’épreuve du marathon aux Jeux Olympiques devient autorisée aux femmes.

1984 : Kathy Sullivan est la première Américaine à marcher dans l’espace.

 

1995 : Marie Curie est transférée au Panthéon, y devenant la seule femme honorée pour son travail (les quelques autres n’y sont qu’en qualité d’épouse de). Marie Curie est une des très rares personnes (et la seule femme) à avoir reçu deux Prix Nobel et c’est la seule personne tous genres confondus à avoir reçus deux Prix Nobel dans deux disciplines scientifiques différentes (en physique en 1903 avec Pierre Curie et Henri Becquerel, et en chimie en 1911).

1996 : Claudie Haigneré devient la première femme astronaute française.

1997 : Catherine Bréchignac devient la première femme directrice du CNRS.

Caroline Aigle

1999 : Caroline Aigle devient la première femme pilote de chasse en France (première femme à être affectée au sein d’un escadron de combat de l’Armée de l’air française). Une femme admirable qui ferait sûrement partie du corps des astronautes européens si elle n’était pas décédée si jeune. Je vous conseille d’aller faire un tour sur sa page Wikipédia si vous n’avez jamais entendu parler d’elle, ça résume bien son parcours exceptionnel.

2007 : Peggy Whitson est la première femme commandant de l’ISS.

Avril 2014 : le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian annonce que les femmes vont être autorisées dans les sous-marins. À l’heure où je vous parle, ce n’est toujours pas fait : les premières candidates doivent entrer en formation cette année pour une durée de deux ans.
Juste pour info, voici une capture d’écran du paragraphe « Féminisation » de la page Wikipédia des sous-mariniers. (Le cas du Danemark est particulièrement « savoureux »…)

Août 2014 : Maryam Mirzakhani devient la première femme à recevoir la Médaille Fields (la plus grande récompense existante en mathématiques).

Décembre 2014 : Françoise Combes devient la première femme à décrocher une chaire d’astrophysique au Collège de France. Elle est titulaire de la chaire « Galaxies et Cosmologie« .

Cette liste n’est pas exhaustive et je suis sûre qu’il y a eu cette année encore de multiples « première femme à ». Si j’ai un voeu à faire en ce 8 mars, ce serait de ne plus jamais entendre cette expression : ça voudrait dire que les femmes à accomplir des exploits ou à occuper des postes importants ne seraient plus des exceptions, mais la norme.

Concernant le spatial, il faut savoir que la personne qui a fait la sortie dans l’espace la plus longue est une femme, Susan Helms, avec une EVA de 8 heures et 56 minutes.

Voici également un diaporama réalisé l’année dernière et intitulé « 50 Years of Women In Space« .

QUELQUES FEMMES SCIENTIFIQUES AUXQUELLES JE PENSE AUJOURD’HUI

Si on demandait aux gens dans la rue de citer 5 femmes scientifiques, je suis prête à parier pour qu’on ait quelques « Marie Curie » et puis… personne d’autre.
Voici quelques scientifiques auxquelles je pense aujourd’hui (de manière totalement aléatoire, c’est juste celles qui me viennent à l’esprit au moment où j’écris ces lignes).

Françoise Héritier (1933-)
Elle est ethnologue et anthropologue. J’ai eu la chance d’aller lui serrer la main avant de faire une de mes chroniques dans « La tête au carré » et de la remercier pour tout ce qu’elle avait fait, scientifiquement ou pas, pour la cause des femmes. Rien que de penser que j’ai eu la chance immense de lui dire « merci » en personne, j’en ai les larmes aux yeux.
MERCI, madame, pour tout.
Si vous ne connaissez pas son travail, je vous le conseille chaleureusement, évidemment. Elle a écrit de très nombreux ouvrages. Récemment, vous l’avez peut-être vue dans le formidable (et édifiant) documentaire « Pourquoi les femmes sont-elles plus petites que les hommes ? » (que je ne saurai que trop vous conseiller).

Cecilia Payne (1900-1979)
Elle reste dans la communauté scientifique l’auteure de « la thèse de doctorat la plus brillante jamais écrite en astronomie ». C’est elle qui a compris la première que les étoiles sont constituées d’hydrogène. Mais comme c’était une théorie farfelue pour l’époque (et que c’était une femme), un scientifique la dissuade de publier quoi que ce soit dans ce sens. Ce même scientifique reprendra cette découverte quelques années plus tard à son compte, bien évidemment. Et son parcours est une longue et triste liste de discriminations sexistes dans ce genre.

Anne-Marie Lagrange (1962-)

Hedy Lamarr

Elle est astrophysicienne. Pendant sa thèse, elle découvre un disque de poussières autour d’une étoile et elle est la première à évoquer la possibilité de la présence de planètes autour de cette étoile. Sauf qu’à l’époque (début des années 80…), on croit que le Soleil est la seule étoile à posséder des planètes… jusqu’à ce qu’on découvre la première exoplanète en 1995 et que ça lui donne raison. Elle est également la première à avoir découvert une exoplanète par imagerie directe (en 2008). Je la verrais bien sur un billet de banque.

Hedy Lamarr (1914-2000)
C’est une actrice hollywoodienne. Mais pas que. Elle a inventé un codage de transmission qui permet aujourd’hui le GPS et le Wifi. Rien que ça, ouais.
Dans un monde idéal, on ferait un biopic de cette femme et j’aurais le rôle principal.

Hélène Courtois
Elle a découvert Laniakea, le continent extragalactique dans lequel se trouve la Voie Lactée. D’ailleurs, la vidéo de « Nature » associée à sa découverte est jusqu’à présent la plus vue, toutes sciences confondues.

Margaret Hamilton (1938-)
Alors pour être incroyable, cette femme est incroyable. Margaret Hamilton représente tout ce qu’il y a de plus « cool » dans la définition pop-culture. Elle est informaticienne et mathématicienne. Pour résumer grossièrement, c’est elle qui a écrit le code source du programme Apollo. Sans elle, pas d’hommes sur la Lune. En voilà encore une, d’idée de biopic qui déchirerait !

Margaret Hamilton avec son code source écrit pour le programme Apollo (NASA)

Il y en a évidemment des dizaines d’autres, tout aussi incroyables et méritantes. Une blogueuse américaine en a listé 25 ici, pour la plupart en début de carrière, qui peuvent servir de modèle aux petites filles qui en manquent encore cruellement.

Plus proches de moi, je pense à mes co-équipières de MDRS 148 (ma mission de simulation sur Mars) :
Lucie Poulet est ingénieure en aérospatial et doctorante en génie des procédés biologiques. Elle parle 5 langues, a son brevet de pilote et son brevet de plongée, court des marathons, et elle a participé à 3 missions de simulation martienne, dont une de 4 mois à Hawaii organisé par la NASA.
Louise Lindblad est ingénieure dans le spatial également – elle travaille principalement sur les logiciels des satellites. Elle fait également partie de l’équipe de Suède de gym et elle est classée au niveau national.
Tiffany Swarmer est microbiologiste et spécialiste des facteurs humains dans l’aérospatial. Elle est testeuse de combinaisons spatiales, aussi. Outre la mission MDRS 148, elle était avec Lucie dans la mission de 4 mois de la NASA à Hawaii.

Tiffany et Lucie pendant MDRS 148 avec leur t-shirt HI-SEAS

Tout ça pour dire : il y a tellement de personnes passionnantes et méritantes à mettre en avant ! Et ces personnes n’ont aucune présence médiatique… J’ai fait de mon mieux quand j’étais chroniqueuse sur France Inter, j’avais systématiquement le réflexe de donner la parole à une femme, à compétences égales. Dans mon podcast, je les mets en avant autant que je peux également. S’il y a des journalistes, des marketeux ou des communicants qui me lisent : s’il vous plaît, essayez d’aller chercher un peu plus loin. Il y a une vraie richesse humaine qui n’est pas du tout exploitée ici. Ce serait tellement dommage de continuer à vous en priver et à en priver le public…

QUID DES VIDÉOS DE SCIENCES ?
Mon podcast « La folle histoire de l’Univers » existe depuis 2012. Je ne fais des vidéos « façon Youtubeur » que depuis décembre 2014 pour la seule et basique raison qu’avant ça, je n’avais pas les moyens techniques de le faire.
Mais je constate qu’en sciences, sur Youtube, si les garçons sont évidemment parfaitement représentés dans toutes les disciplines (Léo avec DirtyBiology, Mickaël avec MicMaths, Bruce avec e-penser, pour ne citer qu’eux), j’ai l’impression d’être une extraterrestre (autre définition de la femme dans un univers particulièrement masculin) et d’avoir plus de mal à me faire entendre ou à m’imposer alors que je pense proposer des contenus de qualité égale aux sus-cités (et souvent depuis bien plus longtemps).
Je ne connais pas tout l’Internet non plus, donc si vous avez des suggestions à me faire de youtubeuse sciences, je prends !!
Heureusement, il n’y a pas que Youtube dans la vie 2.0, et les blogueuses scientifiques sont nombreuses et talentueuses (voici une liste).

Il y a également le cas d’Elise Andrew. C’est elle qui a créé la célébrissime page Facebook « I fucking love science« . Le jour où elle a invité les fans de la page à la suivre sur son compte Twitter, ceux-ci ont découvert qu’elle était une femme et ça a visiblement était un choc pour nombre d’entre eux. Elle s’est pris tellement d’insultes sexistes que ça a été médiatisé. Elle a même dû aller s’expliquer sur un plateau de CBS… (j’en avais fait une chronique sur France Inter).

QUELQUES AUTRES CONTENUS

Marion Montaigne me fait régulièrement pleurer de rire. Je vous conseille les 3 tomes de sa BD « Tu mourras moins bête (mais tu mourras quand même) » chez Delcourt.

Mon billet sur l’histoire des femmes dans l’exploration spatiale a été publié dans « L’anthologie des meilleurs blogs de science » aux éditions MultiMondes l’année dernière – ce qui m’a remplie de joie.

Je ne vous avais pas parlé du livre « Trop belles pour le Nobel » de Nicolas Witkowski parce que je l’ai trouvé souvent maladroit et parfois hors-sujet, mais il a le mérite d’exister et d’au moins fournir une liste de personnages qu’on ne connaît pas assez.

Mon ouvrage préféré sur la question reste « L’astronomie au féminin » de Yaël Nazé, qui vient d’être réédité. Si vous préférez, elle en avait fait une (très drôle) conférence qui devrait être diffusée dans les écoles.

Et voilà, c’est à peu près tout pour aujourd’hui 🙂

Si je devais résumer mon sentiment d’aujourd’hui en une phrase, ce serait : « Mais bordel il y a tellement de femmes incroyables dans tous ces domaines, pourquoi on n’en entend jamais parler ?? » Parce que quand on creuse un peu, on devient (enfin moi, en tout cas) excité par tous ces parcours et par toutes ces personnes à suivre, admirer, connaître, écouter, raconter, partager, critiquer aussi (ça n’empêche pas, hein) et desquelles s’inspirer.

QUELQUES SOLUTIONS
C’est bien joli de râler, mais proposer des solutions, c’est mieux. Donc, en vrac :
– Changer les manuels scolaires et parler aussi des femmes scientifiques qui ont fait l’histoire des sciences (il y en a des tas d’autres que Marie Curie)
– Donner plus de places aux femmes dans les médias (merci notamment à Etienne Klein qui est à 50/50 au niveau de ses invités dans son excellente « Conversation scientifique » sur France Culture – enfin j’ai pas compté mais à vue de nez c’est équilibré)
– Créer, compléter, enrichir les pages Wikipédia (je le fais moi-même dès que je le peux)
– M’embaucher si tu es une chaîne de télé/un producteur/un créateur de chaîne Youtube pour parler de sciences (mon CV)
– Veiller à remplacer hôtesse de l’air/infirmière/secrétaire par pilote/neurochirurgienne/PDG quand vous demandez à votre petite nièce/cousine/filleule ce qu’elle voudrait devenir plus tard
– Partager ce billet. Merci ! 🙂

[PODCAST] La folle histoire de l’Univers 46

Bonjour à tous ! Je suis Florence Porcel, community manager officielle de l’Univers, et je vous souhaite la bienvenue dans le 46ème épisode de ce podcast où je vais vous parler de planètes naines (au pluriel), de vaisseaux spatiaux, de femmes de sciences et de sortie dans l’espace…

TERRY VIRTS DANS L’ESPACE
Et commençons justement par la sortie dans l’espace avec les tweets de l’astronaute américain Terry Virts ! Le 22 février dernier, il a posté un selfie de lui en sortie extravéhiculaire où on voit la Terre se refléter dans son casque avec un message que je traduirais comme suit : « Ma toute première sortie dans l’espace aujourd’hui – c’était trop génial !!! »

Et un tweet suivant où il partage deux photos de lui en pleine action, sur fond de lever ou de coucher de soleil derrière notre belle planète bleue. Ben c’est beau.

 

Et quelques jours plus tard, il a tweeté seulement cette photo du salut vulcain sur fond de Terre, sans texte, pour rendre hommage à Leonard Nimoy, l’interprète de Monsieur Spock dans Star Trek, décédé le 27 février dernier.

 

LES 25 ANS DU PORTRAIT DU SYSTÈME SOLAIRE
Restons dans les dates avec le 14 février ! On y a fêté cette année les 25 ans de cette photo culte… C’est le premier – et toujours le seul, à ce jour – portrait du système solaire. C’est la sonde Voyager 1 qui l’a fait, ce portrait de famille cosmique, et de gauche à droite on peut y voir Jupiter, la Terre, Vénus, Saturne, Uranus et Neptune – toutes aussi grosses que des points plus ou moins bleus ou grisâtres. À 6 milliards et demi de kilomètres du soleil, on n’est vraiment pas beaucoup plus gros qu’une poussière, déjà, et on est juste un peu loin dans le système solaire. N’hésitez pas à aller voir ce cliché, je mettrai le lien sous la vidéo et sur mon blog, florenceporcel.com, évidemment, il est vraiment bouleversant.

Alors par contre il manque Mercure, qui était trop proche du Soleil pour que Voyager 1 puisse la voir, et Mars qui s’est perdue dans la luminosité du soleil aussi sur l’objectif de l’appareil photo.
Il manque également Pluton, qui non seulement était encore une planète, à l’époque, mais qui en plus était plus proche du Soleil que Neptune ! Ça lui arrive de temps à l’autre, c’était le cas il y a 25 ans, mais elle était trop petite et trop peu lumineuse pour être vue.

PLUTON ET CHARON PAR NEW HORIZONS
Mais ça, c’était y a 25 ans, parce qu’aujourd’hui on a une sonde qui s’appelle New Horizons et qui se dirige justement droit sur elle pour lui rendre une petite visite – et je vous présente donc l’image de cet épisode qui est animée, prise par New Horizons du 25 au 31 janvier dernier, et où on voit Pluton et Charon.

Cette image est très intéressante parce qu’on y voit nettement que l’orbite de Pluton est perturbée par Charon qu’on présente souvent comme sa lune. Or, peut-on vraiment parler de satellite quand un corps – plus petit certes – perturbe à ce point l’orbite de l’astre autour duquel il tourne ? D’ailleurs tourne-t-il réellement autour de Pluton ? Eh ben non. Et c’est là que je vais vous causer du barycentre.

On parle de barycentre en astronomie pour désigner le centre de gravité d’un système à deux corps. Ne partez pas tout de suite je vais essayer de vous expliquer clairement ce que ça veut dire.
Vous avez deux corps, par exemple la Terre et le Soleil. Quand il y en a un qui beaucoup plus massif que l’autre, le barycentre se trouve très très près du centre du plus gros – d’ailleurs on confond souvent centre du noyau et barycentre pour aller plus vite – et donc le plus petit tourne autour du plus gros – comme la Terre autour du Soleil. C’est valable aussi pour la Lune autour de la Terre, pour Neptune autour du Soleil ou pour Titan autour de Saturne, pour vous donner plein d’exemples.

Bon. C’est un peu différent pour les systèmes où les corps n’ont pas des masses très très différentes. Dans ces cas-là, le barycentre ne se trouve pas au centre d’un des deux corps, mais à l’extérieur, quelque part dans l’espace entre les deux corps, qui du coup orbitent tous les deux autour du barycentre au lieu d’en trouver un qui tourne autour de l’autre. C’est le cas de Pluton et Charon. Charon ne tourne pas vraiment autour de Pluton – il est plus rigoureux de dire que Pluton et ! Charon tournent autour de leur barycentre – et donc certains scientifiques les qualifient de double planète naine.

Pour revenir sur cette histoire de barycentre et si c’est pas clair, imaginez que vous êtes à un mariage et qu’il y ait une piste de danse. Vous devez trouver un partenaire, vous mettre face à face, vous prendre par les mains et tourner sur vous-mêmes. Si vous êtes face à un jeune enfant, le petit bout de chou aura beau tirer vos bras de toutes ses forces, il ne fera pas le poids face à vous et au bout de quelques tours, vous tournerez tout seul sur vous-mêmes en faisant tournoyer le gnome autour de vous à bout de bras – en général les enfants adorent. Dans cette situation, c’est un peu comme si vous étiez le Soleil et le gnome, la Terre. Bon, mais si maintenant vous vous retrouvez face à un partenaire qui fait le même poids que vous, alors vous tournerez tous les deux autour d’un point qui se trouvera quelque part exactement à mi-chemin entre vous deux. Et si vous êtes plus léger que votre partenaire, ce point se rapprochera de lui – exactement comme dans le cas de Pluton et Charon.

Mais attention, ce n’est pas une très bonne analogie parce que dans le cas des astres c’est la gravitation qui est en jeu, alors que dans le cas de la danse c’est l’effet centrifuge – en terme physique c’est pas tout à fait la même chose.
Et si vous voulez une dernière analogie, Pluton et Charon c’est comme si on remplaçait la Lune par une très grosse Mars – et qu’on la plaçait un peu plus proche, d’ailleurs, mais ça j’ai pas vérifié.
En tout cas, ces images prises par New Horizons confirment bien que le barycentre ne se trouve pas du tout au centre de Pluton.

Voici une autre image de la sonde où on peut voir deux lunes, Hydre et Nix – les deux autres ne sont pas visibles sur cette image – tourner autour de Pluton et Charon. Cette animation a été rendue publique le 18 février, soit le jour du 85ème anniversaire de la découverte de Pluton.

J’ai hâte que New Horizons arrive au plus près pour avoir d’autres images, en tout cas – encore quelques mois à attendre…

LES TACHES DE LUMIÈRE DE CÉRÈS
En attendant, c’est une autre planète naine qui fait l’actualité ! Elle est beaucoup plus proche de nous puisqu’elle se trouve dans la Ceinture d’Astéroïdes qui se situe entre Mars et Jupiter, elle s’appelle Cérès, et il se passe des trucs bizarres, là-bas…
C’est la sonde Dawn, actuellement en route pour aller la rejoindre, qui nous transmet ces images. On y voit un astre qui ressemble à la Lune, gris foncé constellé de cratères, mais des taches blanches apparaissent un peu partout… Et plus incroyable encore, une de ces taches blanches s’avèrent être doubles ! Comme si quelqu’un avait oublié d’éteindre ses phares, là-bas…

C’est très étonnant ! Les scientifiques n’ont aucune idée de ce que ça peut être. La théorie la plus avancée est celle du cryovolcanisme, mais ils pensent également à des roches très claires qui reflèteraient pas mal la lumière du soleil. En tout cas la sonde Dawn doit arriver demain, le 6 mars, pour se mettre en orbite et j’espère bien qu’on pourra avoir des images plus détaillées pour élucider ce mystère Cérès !…

UN SUCCÈS POUR L’IXV
L’événement de cet épisode, c’est bien sûr l’Agence Spatiale Européenne qui vient d’entrer dans une nouvelle ère avec le test 100 % réussi de l’IXV – c’est son petit nom – un engin spatial hybride, à mi-chemin entre la capsule Soyouz et la navette spatiale.
L’IXV a décollé de Kourou le 11 février dernier et il a effectué un vol de 100 minutes où il est monté jusqu’à 420 kilomètres d’altitude – l’altitude où évolue la Station Spatiale – et il est ensuite redescendu dans l’atmosphère sans encombre pour amerrir dans le Pacifique.
L’objectif de ce vol d’essai était surtout de tester trois choses : les comportements des dispositifs d’isolation thermique (moi je traduis ça par comment ça se passe au niveau des matériaux qui doivent isoler l’intérieur de l’engin des températures extérieures), les effets de la rentrée dans l’atmosphère (qui est la partie la plus délicate d’un vol de retour sur Terre), et l’évaluation des techniques de guidage du vaisseau (en gros, est-ce qu’il est allé où on voulait qu’il aille).
Tout s’est donc très bien passé et à l’heure où je vous parle, les scientifiques et les ingénieurs sont en train d’éplucher les données des 300 capteurs présents sur le vaisseau.
En tout cas ce premier succès fait entrer l’Europe dans le club des nations – ou assimilées, hein – capables de ramener du contenu sur Terre, que ce soit des astronautes ou des échantillons, même si ce vol d’essai était vide, évidemment. Il faut savoir que c’était une technologie qu’on n’avait pas, avant l’IXV – alors que les Russes font revenir les astronautes dans leur Soyouz qui date de Mathusalem, environ, les Chinois pareil avec leur capsule inspirée du Soyouz, les Américains avaient leur navette et SpaceX a ses capsules Dragon pour les retours de matériel.
Et l’IXV, qui a été développé par Thales Alenia Space, une entreprise franco-italienne, est une sorte de mélange entre une capsule et une navette : il mesure 5 mètres de long pour 2 tonnes, il n’a pas d’ailes mais il a une forme allongée et on peut le diriger.
Bref – ce prototype non-habité a fait ses preuves, et maintenant le but c’est de fabriquer une mini-navette réutilisable, donc capable d’atterrir. Elle s’appellera l’ISV et devrait être testée en 2020.

 

YEONMI PARK
Passons à la personnalité de cet épisode… Exceptionnellement, je voudrais vous parler de quelqu’un qui n’a aucun rapport avec les sciences ou avec le spatial. Il s’agit d’une jeune femme coréenne de 21 ans qui s’appelle Yeonmi Park qui a fait un discours lors du sommet One Young World de Dublin il y a quelques mois. Elle y parle des conditions de vie en Corée du Nord et comment elle a réussi à s’en échapper. Evidemment tout ce qu’elle raconte est absolument épouvantable mais à un moment, elle explique comment elle a pu, avec sa maman, se guider dans le désert de Gobi grâce aux étoiles…


Corée du Nord : le discours de Yeonmi par positivr

Si j’ai eu envie de vous parler d’elle aujourd’hui, c’est non seulement parce que son témoignage m’a beaucoup beaucoup émue mais aussi parce que cette anecdote fait écho à des choses que j’ai vues et vécues ces derniers temps.
Je suis de plus en plus inquiète de la dépendance de nos sociétés aux technologies qui continuent à se développer de manière exponentielles alors qu’elles sont elles-mêmes dépendantes de sources d’énergie qui commencent déjà à nous manquer, et dont on doit de toute façon réduire notre consommation pour lutter contre le réchauffement climatique.
On a de plus en plus tendance à s’en remettre à des technologies pour faire les choses à notre place – comme du calcul mental ou le chemin qu’on doit prendre pour aller d’un point à un autre – ce qui est très pratique mais qui ne devrait pas, je trouve, se substituer totalement à ce qu’on pourrait faire sans. En gros, on ne prend plus la peine d’apprendre des choses qui pourraient nous être très utiles sans technologie.

Alors certes, la probabilité pour qu’on soit perdu dans un désert comme Yeon-Mi avec une boussole cassée est relativement faible pour la plupart d’entre nous – mais voici ma question : est-ce que cette jeune femme serait là aujourd’hui pour nous apporter son témoignage si elle et sa maman n’avaient pas su se guider grâce aux étoiles ?
En d’autres termes, j’ai la crainte qu’on oublie d’apprendre des choses qui pourraient nous être très utiles à l’avenir, quand l’énergie sera rationnée. Je ne pense pas qu’être complètement dépendant d’instruments soit une bonne chose – même aujourd’hui en cas de panne, de casse ou d’oubli, par exemple.
Or, si on fait un sondage dans la rue, je suis sûre que les personnes qui savent repérer le nord grâce aux étoiles, ou qui savent que le soleil se lève à l’est et qu’il se couche à l’ouest sont plutôt rares.

Et j’ai eu un premier écho de ces questionnements dans l’Exoconférence d’Alexandre Astier quand il explique qu’on n’a jamais été aussi avancé technologiquement, mais que quand même, dans le passé, les enfants avaient besoin de connaissances en astronomie pour savoir lire l’heure. Ça paraît anecdotique mais je pense qu’il y a une vraie question – et le témoignage de Yeon-Mi me renforce dans cette idée.
Et deuxième chose, je me suis justement retrouvée au beau milieu d’un désert récemment, sans boussole ni GPS – c’était dans l’Utah aux Etats-Unis lors de ma mission de simulation martienne. Au début, j’étais complètement désorientée parce que c’était un paysage vraiment nouveau pour moi – et c’est hyper rare que je sois désorientée parce que pour une raison que j’ignore, je sais toujours où se trouve le nord. C’est pas vraiment rationnel, mais je peux toujours vous l’indiquer où que je sois, comme si j’avais une sorte de boussole interne, et sans m’aider du soleil ou des étoiles – je le sens, c’est tout.
Mais le jour de notre arrivée, avec le décalage horaire et cet environnement un peu extraterrestre, j’avais littéralement perdu le nord et j’étais pas bien. On a profité de ne pas être encore en simulation le premier soir pour sortir voir les étoiles, et là j’ai pu le repérer tout de suite, et je me suis sentie mieux. Et quand après on sortait en sortie extra-véhiculaire et que j’avais un doute, je pouvais me repérer grâce au soleil.

Bref, voilà, il n’y a pas vraiment de conclusion à tout ça. Je ne dis pas que la technologie c’est mal, attention, hein, je dis juste que c’est dommage qu’on perde un peu le réflexe de faire un peu de calcul mental de temps en temps, d’utiliser une carte ou un plan ou d’apprendre à se repérer dans l’espace grâce aux astres. Et le témoignage de cette jeune fille en est un exemple.
C’était juste des réflexions comme ça… sans autre but que de poser des questions et de réfléchir un petit peu.

DES FEMMES DE SCIENCES EN PAGAILLE
Après ces considérations cosmico-philosophiques, voyons ce qu’il y a du côté du bidule 2.0… Vous n’êtes pas sans savoir que c’est bientôt la Journée Internationale pour les Droits des Femmes, je ne peux donc pas m’empêcher de les mettre à l’honneur – ce qui est complètement débile comme phrase puisque c’est ce que je fais dans quasi tous les épisodes mais bon.
Figurez-vous que j’ai trouvé un jeu de cartes à télécharger sur Imgur sur les femmes scientifiques – il y a la règle du jeu avec, donc si vous ne savez pas quoi faire de votre prochain samedi soir et que vous comprenez l’anglais, n’hésitez pas (en envoyez-moi une photo, ça m’intéresse.) Ça permet d’apprendre à connaître des scientifiques qu’on connaît évidemment beaucoup moins que leurs homologues masculins, ce qui est toujours intéressant à prendre.
Et je ne sais pas s’il y a un lien de cause à effet mais quelques jours plus tard, je suis tombée sur un crowdfunding québécois pour un jeu de cartes également à propos de femmes scientifiques. Apparemment c’est un couple qui cherchait des modèles d’inspiration pour leur fille de 7 ans et ils veulent financer la création d’un jeu – c’est en français, pour le coup, prévu pour que les enfants puissent y jouer et ils reverseront de l’argent à des organismes de promotion des sciences. Donc si ça vous intéresse de participer à ce projet, je mets le lien sous la vidéo et sur mon blog, florenceporcel.com

MARS !
Et pour finir un peu de culture avec un livre qui s’appelle tout simplement « Mars » de Ben Bova. Je voudrais remercier beaucoup beaucoup beaucoup le jeune homme qui me l’a conseillé aux Utopiales ! Il se reconnaîtra, j’espère, en tout cas j’ai kiffé ma race vous avez pas idée. C’est bien simple, j’ai passé mes deux plus gros vols en avion à le lire : moitié à l’aller, moitié au retour.
Il n’est pas récent, il date de 1992, mais c’est le meilleur roman à propos de Mars que j’ai pu lire jusqu’ici – avec « Seul sur Mars » d’Andy Weir.
J’ai particulièrement bien aimé le fait que le personnage principal ne fasse pas partie d’une majorité : bon c’est un homme, occidental, mais il est à moitié Peau-Rouge, ce qui est un aspect important de l’histoire.
Et à la base il est quand même d’abord géologue et il fait partie de la toute première mission habitée vers Mars où il va se passer tout plein de choses, vous imaginez bien. Ça se lit tout seul, c’est un vrai bonheur, et Mars et les conditions de voyage et de séjour là-bas sont tellement crédibles qu’on s’y croirait vraiment, et ça, c’est cool. Et il est disponible en livre de poche, pour ne rien gâcher.

Et voilà ! C’est la fin de ce 46ème épisode – je voudrais remercier Sébastien Carassou qui m’a relue – et ses félicitations me vont droit au cœur parce que bon quand même il est astrophysicien et pas moi, donc ça fait toujours plaisir de savoir qu’avec beaucoup de travail, je réussis à ne pas dire de bêtises.

Je voudrais remercier tous ceux d’entre vous qui me filent un coup de pouce sur Tipeee ! C’est vraiment super touchant, vous êtes nombreux et ça m’émeut beaucoup… Donc merci, vraiment. Je rappelle que le principe de Tipeee, c’est que si vous voulez m’aider financièrement à continuer à créer des contenus, vous pouvez le faire à partir d’un euro, soit par mois, soit une seule fois, et que vous pouvez donner n’importe quand et arrêter de donner n’importe quand aussi. En tout cas sachez qu’avec ce que vous m’avez déjà donné, je me suis acheté un micro pour vous proposer du meilleur son – j’espère qu’il vous plaît, n’hésitez pas à me dire…

Si ça ne vous intéresse pas de donner de l’argent mais que vous voulez m’aider un peu quand même, la meilleure manière de le faire est évidemment de vous abonner à ma chaîne Youtube, de cliquer sur le pouce vert et de partager cette vidéo. Si vous êtes abonné à ce podcast sur iTunes n’hésitez pas à lui mettre tout plein d’étoiles et un commentaire sympa.
Et j’en profite pour vous dire que la version audio de ce podcast est désormais disponible sur l’application Stitcher ! Elle est gratuite et c’est le meilleur moyen d’écouter des contenus depuis un téléphone ou une tablette – mais j’aurai l’occasion de vous en reparler.

N’hésitez pas à aller découvrir les autres vidéos que je poste sur ma chaîne Youtube et de les partager, en tout cas, il va y en avoir des nouvelles très vite, et pour info je serai le 12 mars à Nancy pour faire un troisième TEDx, cette fois-ci en duo avec Lucie Poulet, dont je vous avais déjà parlé, qui est ingénieure en aérospatiale et doctorante en génie des procédés biologiques et qui était le commandant de notre mission de simulation martienne. A ce propos, je ne vous en ai pas beaucoup parlé dans cet épisode mais c’était une expérience de dingue et j’essaye d’en faire un épisode spécial très vite.

En attendant prenez soin de vous ! Prenez soin de notre planète, et n’oubliez pas de rester le nez en l’air à ne rien faire…

[TWITTER] Pendant ce temps-là, dans l’Univers… 9

Pour en savoir plus
Un double point lumineux sur Cérès, aperçu par Hubble et confirmé par Dawn, intrigue les scientifiques…
On connaît la vie telle qu’on la connaît – mais on pourrait trouver de la vie telle qu’on ne la connaît pas sur Titan, une des lunes de Saturne
Incident de parcours pour Curiosity qui souffre d’un court-circuit !
Un satellite militaire américain a explosé, faisant des dizaines de débris
La sonde New Horizons se rapproche de Pluton – va-t-elle redevenir une planète pour autant ?
Vénus pourra être vue à proximité de Mars prochainement – voici une photo d’elle en compagnie d’Uranus, en attendant…
Ne manquez pas l’éclipse du 20 mars prochain ! Mais munissez-vous absolument de lunettes spéciales, en vente avec le dernier numéro de Ciel & Espace

LES ÉPISODES PRÉCÉDENTS
Pendant ce temps-là, dans l’Univers… 1
Pendant ce temps-là, dans l’Univers… 2
Pendant ce temps-là, dans l’Univers… 3
Pendant ce temps-là, dans l’Univers… 4
Pendant ce temps-là, dans l’Univers… 5
Pendant ce temps-là, dans l’Univers… 6
Pendant ce temps-là, dans l’Univers… 7
Pendant ce temps-là, dans l’Univers… 8

LA SUITE !
Pendant ce temps-là, dans l’Univers… 10 (à venir)

Merci à mes Tipeurs pour leur soutien <3