[PODCAST] La folle histoire de l’Univers 39

Bonjour à tous, je suis Florence Porcel, community manager officielle de l’Univers, et je vous souhaite la bienvenue dans le 39ème épisode de ce podcast où je vais vous parler de comètes, d’accélérateurs de particules, de Thomas Pesquet et de superamas de galaxies…

LA MISE EN ORBITE DE ROSETTA AUTOUR DE CHURY
Mais commençons d’abord par l’évènement de ces dernières semaines avec la sonde Rosetta et la comète Churyumov-Gerasimenko… Et on en a eu, des surprises !! Tout a commencé mi-juillet avec une première image précise de la comète : elle a un double noyau !! J’ai l’impression que tout le monde a été absolument stupéfait de découvrir la forme de cette comète – et en même temps y a quand même de quoi ! Vous avez vu le machin ?? AH AH 😀 C’est fou !! L’Univers est quand même une petite chose merveilleuse et le plus beau dans l’affaire, c’est qu’il y ait des gens pour avoir su envoyer un engin qui nous a permis de faire la connaissance de ce gros caillou. C’est trop cool. C’est quand même TROP TROP cool.

Ah oui parce qu’on dirait pas comme ça, mais donc c’est un très très gros caillou, hein. Voici un schéma où on le compare à nos montagnes. Ou là, par rapport au centre ville de Los Angeles. Ou bien toujours à l’échelle par rapport à Paris. Un machin assez mastoc, donc, qu’on n’aimerait pas tellement prendre sur le coin du nez.

Bref ! Après avoir découvert qu’on imaginait un gros caillou bien rond pour finalement se retrouver avec un canard en plastique, il a fallu passer à l’étape suivante. C’était le 6 août, et elle était capitale puisque c’était la manœuvre qui devait mettre la sonde Rosetta en orbite à 100km autour de la comète.

Sachez que j’étais collée à mon écran ce matin-là et que j’avais mon petit cœur qui battait, et finalement – attention ça va être très rapide…

On a réussi !!! WOUHOUUUUH !!!

« Après dix ans, cinq mois et quatre jours de voyage, cinq passages à proximité du Soleil et 6,4 milliards de kilomètres parcourus, nous avons le plaisir d’annoncer que notre but est enfin atteint », a annoncé Jean-Jacques Dordain, le DG de l’agence spatiale européenne.
La com’ sur les réseaux sociaux était digne de l’événement, et par la suite, on a pu avoir des images toutes plus sublimes les unes que les autres…

Mais ce n’est pas du tout la fin de la mission, au contraire, c’est plutôt un autre début, et je vous propose d’écouter un conseiller scientifique de l’ESA nous expliquer pourquoi…

Vaste programme, très excitant donc, mais ce n’est pas tout ! Cette manœuvre enclenche également un autre événement historique à venir – oui parce que se mettre en orbite autour d’une comète A ÉTÉ un événement historique, hein, ça s’était jamais fait avant et les Allemands l’ont bien compris… j’espère qu’un jour on pigera ça en France aussi mais bon… c’est un autre sujet.

Donc ! Autre événement historique à venir, c’est évidemment l’atterrissage de Philae prévu pour le 11 novembre ! Et l’étape du 6 août était évidemment primordiale, et Eric Jurado, qui est responsable des opérations de navigation de Philae au CNES, explique très bien pourquoi…

Voilà ! Donc à l’heure où je vous parle, on est en là – Rosetta se trouve à moins de 50km de Chury (c’est son petit nom, pour les intimes) et 5 emplacements ont été préselectionnés en vue de l’atterrissage de Philae et l’emplacement choisi sera annoncé le 15 septembre. Et le choix ne sera pas facile puisqu’il devra à la fois avoir une surface pour atterrir dans de bonnes conditions, être assez ensoleillé pour que les batteries de l’atterrisseur puissent se recharger et permettre une communication régulière entre le sol et Rosetta qui tournera toujours autour.
Pas simple, pas simple, tout ça… Evidemment je vous tiendrai au courant, et en attendant, vous pouvez suivre les comptes Twitter officiels de Rosetta et de Philae pour avoir les infos en direct…

LE COUP DE PIED AU CUL DE BUZZ ALDRIN
En parlant de Twitter, justement, eh ben passons au tweet de la semaine, avec l’inénarrable Buzz Aldrin, le 2ème homme à avoir marché sur la Lune après Neil Armstrong, qui a 84 ans et qui a toujours une pêche d’enfer – et c’est aussi un champion de la com, du marketing et du personal branding. La preuve donc avec ce tweet où il nous informe qu’on peut enfin se procurer son t-shirt où l’on peut lire « Get your ass to Mars ». Pour les non-anglophones, ça peut se traduire assez vilainement par : « Envoie donc ton petit cul sur Mars ».
Voilà. Buzz Aldrin, mesdames messieurs !

THOMAS PESQUET, UN BEAU GOSSE SUR MARS ?
Et justement… La vie est bien faite, quand même, puisque ça m’amène directement à la personnalité de la semaine qui compte bien mettre ça en pratique, puisqu’il s’agit de Thomas Pesquet !
Thomas Pesquet n’est pas seulement très très beau et très très brillant, il est aussi astronaute et surtout il sera le dixième Français dans l’espace puisqu’il a été sélectionné pour une mission de longue durée dans la Station Spatiale Internationale de décembre 2016 à mai 2017. Et je réserve dès à présent une place à Baïkonour pour le voir décoller.
Mais en attendant, Thomas s’entraîne dur, et puis surtout, son but ultime est donc de mouvoir son musclé fessier jusque sur la planète rouge, et il en parle avec tout plein d’étoiles dans les yeux dans cette interview…

C’est vraiment super touchant, on le sent vraiment sautiller, dans sa tête, genre CHBOUING CHBOUING je veux aller sur Mars !! BOUING j’ai trop hâte j’ai trop hâte, je veux y aller !! wouhouhhh !!
Hein ? Oui je parle bien de Thomas Pesquet, oui – ne croyez pas une seule seconde que je pourrais éventuellement m’identifier à ce… hein ? projet un peu dingue de fouler le sol d’un autre monde… Bon !
Si vous voulez encore voir et entendre Thomas Pesquet d’ailleurs, je vous conseille vivement le talk TEDx qu’il a donné à TEDxPARIS 2012 – allez, je vous en mets un petit bout parce que je suis sympa…

Voilà ! Héhé, si vous voulez connaître la suite, faudra aller sur mon blog, puisqu’évidemment j’embedderai cette vidéo dans le billet dédié à ce podcast…

COSMOLOGIQUEMENT VÔTRE
En parlant de trucs 2.0, j’en profite pour passer au bidule connecté et vous présenter le super blog de Cécile Renault, qui est astrophysicienne et qui a notamment beaucoup travaillé sur la mission Planck et donc le fond diffus cosmologique, et qui fait vraiment des chouettes billets sur plein de trucs différents, mais toujours divisé en deux thématiques : sur la planète Terre et dans l’espace. Voilà, donc Planck, Rosetta, la découverte controversée des ondes gravitationnelles par Bicep2… Un très joli billet sur Kandinskiy, aussi, qui mêle art et science…
Bref, un blog qui vaut le détour ! Et qui s’appelle « Cosmologiquement vôtre »…

17 ÉQUATIONS QUI ONT CHANGÉ LE MONDE
Et puisqu’on est dans la culture, je voudrais vraiment vous conseiller un livre qui s’appelle « 17 équations qui ont changé le monde ». Moi qui voudrais un jour comprendre le langage des mathématiques, ce bouquin est fabuleux !! Le concept est ultra simple : l’auteur choisit une équation, il te décrit chaque des termes dans un schéma, il te résume ce que ça dit, pourquoi c’est important et à quoi ça nous a conduit, et ensuite il te l’explique, il te la décrypte, il te raconte son histoire et à quoi elle sert pendant 20 ou 30 pages. C’est brillantissime. Et ces trucs ont VRAIMENT changé la face du monde. Un truc de dingue.
Bon alors, faut des fois s’accrocher un peu quand t’as niveau collège en maths comme moi tellement t’as tout oublié, mais c’est fabuleusement bon de comprendre et de ressentir tous les horizons qui s’ouvrent grâce à quelques signes mathématiques regroupés dans des formules trouvées par des génies. Voilà.
C’est chez Robert Laffont et ça coûte 22 euros.

TERRE, SYSTÈME SOLAIRE, VOIE LACTÉE, AMAS DE LA VIERGE, SUPERAMAS LANIAKEA
L’info de la semaine a son importance puisqu’elle fait la une de la revue Nature ! Rien que ça… Figurez-vous qu’on vient de nous découvrir une place encore plus précise dans l’Univers. Oubliez l’amas de la Vierge, on se trouve en fait dans un superamas baptisé Laniakea.
C’est une équipe franco-israelo-américaine qui a fait cette découverte et je vous propose de regarder quelques images explicatives, commentées par Hélène Courtois, une des auteures de cette publication…

Laniakea Supercluster – version française from Daniel Pomarède on Vimeo.

Voilà qui donne encore plus le vertige…

CHEZ MA COPINE ALICE
Ce qui donne le vertige, aussi, ce sont les engins du CERN, que j’ai enfin pu approcher de près… J’ai pu encore passer un week-end dans ce merveilleux endroit où les routes s’appellent Einstein et Schrödinger, où le web a été inventé et où il y a un refuge pour des souris informatiques…
Mais surtout il y a des accélérateurs de particules, j’ai pu en approcher quelques-uns de près, toucher les milliards de câbles, et donc avoir le vertige à 100 mètres sous terre en pensant qu’un engin pareil fait faire à des particules 11 200 fois le tour de 27 km en 1 seule seconde…

C’est comme Laniakea, ça dépasse un peu l’entendement humain, mais le plus beau dans tout ça, c’est qu’on peut le visiter.
Et j’y suis donc retournée il y a 15 jours à l’occasion d’un épisode de Podcastscience en direct du CERN et en public, c’était vraiment top et je vous conseille évidemment d’aller l’écouter.
Et je tiens à remercier chaleureusement mon ami Aurélien, qui travaille au CERN et grâce à qui j’ai passé des week-ends dont je me souviendrai jusqu’à la fin de mes jours dans un endroit qui rassemble certaines des plus grandes prouesses humaines. Voilà. Merci Aurélien, du fond du cœur.

24 SEPTEMBRE
Et terminons par la date qui concerne également le CERN ! Il s’agit du 24 septembre et c’est le jour de leur deuxième TEDx, avec comme l’année dernière un programme assez hallucinant qui sera présenté par Brian Cox, le physicien superstar de la BBC qui travaille justement sur l’expérience ATLAS du LHC.
Ça promet d’être grandiose, alors réservez vite vos places si ça vous donne une occasion d’aller visiter les lieux, parce que c’est un événement très couru.
Moi je pourrai pas y aller parce que le 24 septembre, j’ai Exoconférence ! C’est quasi la même chose, vous allez me dire, un gars tout seul sur scène qui raconte des trucs à base de sciences – je suis sûre que ce sera tout aussi réjouissant même si c’est pas vraiment le même délire. Quoique… Faut voir.

Et c’est la fin du 39ème épisode de ce podcast, un grand merci à vous de l’avoir suivi – n’hésitez pas à mettre des étoiles et un petit message sur iTunes pour me prouver qu’il y a des cœurs humains derrière ces chiffres glaciaux de téléchargements, n’hésitez pas non plus à partager la vidéo Youtube autant que vous voudrez. Vous pouvez me suivre sur Twitter, sur Facebook, et nouveauté de la rentrée ! Je suis toujours sur France Inter et vous pouvez désormais me retrouver tous les jours du lundi au jeudi dans « La tête au carré », le magazine scientifique de Mathieu Vidard, pendant les 10 dernières minutes de l’émission où je co-anime avec lui un quiz scientifique qui permet d’apprendre plein de choses en s’amusant et où on peut gagner des cadeaux… N’hésitez pas à vous inscrire, je vous appellerai peut-être pour participer…

Et pour finir cet épisode en images, je vous voudrais rendre hommage à Robin Williams dont la disparition m’a beaucoup émue, comme pas mal de gens de ma génération – il ne s’agit pas d’un extrait de l’Homme Bicentenaire, qui restera pour moi la meilleure adaptation d’Isaac Asimov au cinéma, mais de sa participation au réveil de l’équipage de la navette Discovery en 1988 – j’avais 5 ans…

Prenez soin de vous, prenez soin de notre planète, et n’oubliez pas de rester le nez en l’air à ne rien faire !

[HUMEUR] STOP à la conquête, oui à l’exploration !

33 !! Non, il ne s’agit pas d’une visite chez un médecin d’un autre temps, ni du nombre d’années-lumière séparant une exoplanète récemment découverte de notre bonne vieille Terre, et encore moins du nombre de personnes présentes dans l’espace actuellement. Non non non. 33… Le mot « conquête » apparaît 33 fois dans le dernier hors-série de « Science&Vie » intitulé « Aller sur Mars – Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? » Autant vous dire que la lecture de ces 150 pages a été un peu compliquée pour moi.

Petit rappel… Il y a un an, déjà, dans l’un des tout premiers épisodes de mon podcast « La folle histoire de l’Univers », je m’étais fâchée très fort contre un journaliste qui utilisait le mot « colonisation » (à partir de 7’20).

Voilà. La « colonisation » d’autres mondes, la « chasse » ou la « traque » d’exoplanètes ou d’astéroïdes, les exemples ne manquent pas. Et le vocabulaire faisant partie du champ lexical de la guerre, de l’agressivité et de la violence me hérisse un peu le poil, voyez-vous, surtout quand ça concerne l’espace. Et donc, 33 « conquêtes » dans ce hors-série, alors qu’on n’utilise plus ce mot depuis les années 70 et qu’on parle désormais d’exploration, comment vous dire… En lisant ce magazine, j’ai eu un peu l’impression que Science&Vie était tombé dans une faille temporelle et qu’il était resté bloqué dans les années 60.

Donc, amis journalistes… On parle d’EXPLORATION spatiale, et plus de CONQUÊTE spatiale, merci, bisous. Et ce, depuis 1975 quand la guéguerre de kikalaplugrosse et kikipisslepluloin (voir à ce propos mon billet sur l’histoire des femmes dans l’exploration spatiale) s’est terminée entre les USA et l’URSS. Et ce n’est même pas moi qui le dis, c’est vous !! Je cite, pp. 106-107 : « Quand Nixon cherchera à afficher sa politique de détente avec l’Union soviétique, c’est une mission spatiale conjointe qui est choisie comme symbole, avec l’amarrage dans l’espace des vaisseaux Apollo et Soyouz en 1975.« 

Alexeï Leonov et Deke Slayton. Juillet 1975.

Le mot « conquête » s’inscrit dans un contexte historique, et j’estime donc qu’il n’est absolument plus légitime depuis 1975. Vous avez 38 ans de retard, les gars. Parce que, bon… Que vous l’ayez mal utilisé une fois ou deux… ça peut arriver. Éviter les redites de vocabulaire dans un papier, faute d’attention… Ça arrive, bien sûr. Mais là, non. Non. « Les nouveaux enjeux de la conquête spatiale« , c’est écrit en orange sur noir sur votre couv’ !!

Seriously ?? Les nouveaux enjeux de la conquête spatiale ??? Mais vous sortez d’où ? Vous étiez dans un bunker, ces 40 dernières années, sans déconner ? Admettons que dans le mot « conquête », il y ait l’idée de déflorer des sols extraterrestres… Quelqu’un vous a dit qu’on n’est pas retourné sur la Lune depuis… 1972 ?

Bon… Bon mais admettons que vous ayez voulu faire de l’excès de zèle et qu’on mot agressif sur la couverture ait servi à appâter le chaland. Admettons. Comment vous expliquez… ça ??

Pour les besoins de ce billet, j'ai surligné toutes les "conquêtes"...

... Je pensais faire du surlignage. Pas du coloriage.

Reprenons tout depuis le début, si vous voulez bien. Déjà, que veut dire « conquête » ? Je demande à mon fidèle Larousse : « action de conquérir ». Oui, bon, ok, alors… Que veut dire « conquérir » ?

Soumettre… armes… se rendre maître… maîtriser… dominer…
Dites donc, Science&VieÇa vous dirait pas, en 2013, d’arrêter d’utiliser des mots qui veulent dire des choses aussi barbares, mmh ?… Vous voulez faire passer quoi, comme message, en utilisant encore le mot « conquête » ? Que les agences spatiales, les gouvernements, les ingénieurs, les techniciens, les scientifiques et les astronautes sont des hommes-blancs-occidentaux-assoiffés-de-sang qui livrent une bataille armée contre l’espace pour mieux s’en rendre maître et le dominer ?…
Vous vous rendez compte que cette dernière phrase n’a absolument aucun sens, ou… ?

Le mot « conquête » avait un sens quand l’accès à l’espace était une arme politique, idéologique, tactique, militaire, et de propagande, quand les USA et l’URSS jouaient donc à kikalaplugrosse et kikipisslepluloin – jusqu’en 1975, donc. Mais aujourd’hui ?…

Aujourd’hui vous êtes vraiment sûrs, Science&Vie, que les États sont dans le même état d’esprit et que le secteur spatial représente une volonté de domination et de pouvoir sur les petits copains dans la cour de récré mondiale ? Ou est-ce que, par hasard, au moins dans ce secteur, ne nous serions-nous pas assagis ?…

Pour répondre à cette question, allons voir du côté des sites des agences spatiales. Je me rends sur le site de la NASA, puis dans « à propos de la NASA ». Et tout de suite, avant d’aller plus loin, ce petit macaron sur la colonne de gauche…

Je traduis. « La vision de la NASA – Atteindre de nouvelles hauteurs et révéler l’inconnu de manière à ce que toute l’humanité puisse bénéficier de que nous faisons et de ce que nous apprenons. » Voilà. Et puis personnellement, je ne vois aucune petite étoile qui renverrait vers des nano-caractères en bas de page disant : « Enfin bon, ça vaut pour toute l’humanité sauf pour ces salauds de Russes, pour les faces de citrons qui commencent à nous tataner le bourrichon sévère, et pour les ispices di counasses qu’on voudrait bien continuer à conquérir en les maîtrisant avec nos grosses fusées puissantes. » Je vois ça nulle part. Donc bon.

Mais continuons. Rendons-nous sur la page « What NASA does« . Mais oui, tiens ? Qu’est-ce qu’elle fait donc, la NASA ? Je vous la fais courte, hein : elle EXPLORE, dites donc. C’est fou, ça ! Elle explore, elle fait des sciences, de la recherche, de la technologie, dans le spatial, dans l’aéronautique et dans l’économie. Et une petite recherche rapide sert à confirmer que le mot « exploration » apparaît 4 fois dans cette page, pareil pour le mot « explore(s) », et qu’en revanche les mots « conquest » et « war » sont aux abonnés absents.

Un peu comme si le mot « conquête » quand il s’agit de spatial ne s’utilisait plus depuis des dizaines d’années.

Mais vous allez me dire qu’il n’y a pas que la NASA dans la vie : vous avez absolument raison. Allez voir du côté de notre Agence Spatiale Européenne (ESA)… Le premier mot que l’on trouve sur la page « Space for Europe » est « exploring« . Quelle surprise !

Et dès la première ligne de « ESA’s purpose« , nous avons : « (…) pour des objectifs exclusivement pacifiques (…)« . Et donc l’ESA, ben elle explore, elle fait des sciences, de la recherche, de l’industrie, des satellites, etc pour faire avancer la connaissance et aider l’humanité dans des tas de domaines (sciences, observation de la Terre, télécommunications, navigation, etc…) Je vous fais grâce du nombre d’occurrences du terme « exploration » et de l’absence totale de « conquête ».

Du côté de Roscomos, l’agence spatiale russe, maintenant… Je vous accorde qu’il est beaucoup question de choses militaires – apparemment l’agence est très liée au ministère de la Défense, d’après ce que j’ai compris. Mais… ça fait des dizaines d’années que l’agence russe est alliée avec notamment la NASA et l’ESA sur de nombreux projets… Et voici un extrait de leur site (la traduction Google est un peu aléatoire mais on comprend le principal) :

Evidemment, aucune trace du mot « conquête » et 4 occurrences de « exploration ».

Et du côté des Chinois, qui n’ont pas la réputation d’être des rigolos et qui font station spatiale à part ? Ce sont des poignées de mains avec l’ESA, des échanges par-ci, de la coopération par-là dès la home du site

Quant à la suite, c’est du même acabit : science, technologie, industrie, échanges et coopération avec une liste de pays longue et solide comme un boa constrictor :

Et je rappelle que le Traité de l’espace, traité international datant de 1967, stipule en gros que l’espace est un bien commun. Et quand dans ce texte, le mot « conquête » n’apparaît jamais – en revanche, il y a 18 occurrences de « exploration ».

Voilà. Je pense avoir expliqué avec suffisamment de preuves à l’appui que plus personne n’utilise le mot « conquête spatiale » parmi les organisations de ce domaine et les personnes qui y travaillent. Si vous pouviez donc, amis journalistes, remplacer une fois pour toute cette expression datée – et fausse dans le contexte actuel – par l’expression « exploration spatiale », ce serait rigoureux et juste (ne serait-ce que du point de vue historique si on met de côté l’éthique) et j’estime que c’est quand même la base de votre métier (allez, je m’inclus dedans, j’ai mon diplôme).

Mais essayons de comprendre encore pourquoi tu utilises ce terme, cher Science&Vie… (parce que je t’aime bien, au fond, tu m’accompagnes depuis si longtemps.) Ton hors-série s’intitule « Aller sur Mars » et tu titres ton premier gros dossier « Conquête de Mars« . J’imagine que dans le mot « conquête », tu entends que poser le pied sur Mars voudra dire qu’on l’aura conquise. Sauf que… sauf que là encore, avec tout le respect et l’admiration que je te dois, tu te trompes.

Déjà, cela fait des dizaines d’années que les agences spatiales s’allient entre elles pour mener à bien des projets qui coûteraient trop cher pour une seule agence. Ça ne t’aura pas échappé que la station spatiale internationale est internationale, par exemple, ou encore que la mission Cassini-Huygens était une mission NASA-ESA (Huygens, sonde européenne, objet le plus lointain à s’être posé sur un monde extraterrestre, à savoir Titan), que la superstar Curiosity a des instruments français à son bord et que la NASA ne bouge pas d’un pète avant d’avoir consulté Toulouse, et que la future mission ExoMars sera conjointe ESA-Russie.

Or, une mission habitée vers Mars coûtera bien plus cher que tout ce qui aura été mis en place jusqu’à présent (à part l’ISS, peut-être), et qu’il est très, très peu probable que la NASA prenne en charge le budget total de l’opération. Il n’y aura donc pas de « conquête » dans le sens où les Américains réaliseraient à nouveau l’exploit, seuls, de poser le pied pour la première fois sur une autre planète. La conquête idéologique et politique de la Terre par une seule nation n’aura plus lieu.

C’est donc géopolitiquement faux de parler de « conquête » de Mars. Mais c’est également faux du point de vue sémantique. Va-t-on soumettre Mars par les armes ? Non (mais ce serait une jolie ironie, pour un dieu de la guerre…) Va-t-on la gagner ? Non. Ça n’a aucun sens de dire qu’on va gagner une planète. Va-t-on la maîtriser, la dominer, s’en rendre maître ? Mais enfin… Tout ça ne veut absolument rien dire du tout !!

Quand allez-vous comprendre qu’on ne maîtrisera aucune planète (pas même la nôtre, et de moins en moins !), pour la simple et bonne raison que nous sommes des êtres, certes intelligents et conscients mais organiques, petits et fragiles, et que nous ne sommes rien face aux éléments et que, hormis la Terre, absolument tout dans le cosmos, en l’état des connaissances actuelles, nous est parfaitement hostile ?…

Quand allez-vous apprendre à être humble face à tout ça, à commencer par le vocabulaire employé ?… Les mots ont un sens qu’il ne faut pas prendre à la légère.

On ne conquiert rien du tout. On explore – avec prudence, avec respect, et surtout avec une grande humilité. L’autre jour, j’ai répondu à une interview concernant ma candidature pour Mars One sur le site Civilisation 2.0. On m’a demandé si j’avais une idée des premiers mots que j’aimerais prononcer sur Mars, et j’ai répondu que j’aimerais que ce soit une déclaration à Mars.
« Bonjour Mars, merci de nous accueillir sur ton sol. Nous, humains de la planète Terre, te promettons de te respecter et de rester humble face à toi. Nous venons apprendre à mieux te connaître avec bienveillance et nous espérons que tu toléreras notre présence. » Déclaration qu’on accrocherait et qu’on s’efforcerait de respecter et de ne jamais oublier.

Voilà la différence entre conquête et exploration : dans la première, on arrive avec un sentiment de puissance, de domination et une volonté de s’approprier ; dans la deuxième, on vient demander humblement un dialogue scientifique avec un élément que l’on respecte dans une quête de connaissance dénuée de toute idée de violence, de puissance, ou d’appropriation et mue par la curiosité la plus saine qui soit.

Luca Parmitano jouant à Superman dans l'ISS

En plus, nous savons que l’espace, Mars, et tout ce que Science&Vie nous voit conquérir nous sont absolument hostiles. On ne joue plus les caïds depuis bieeeen longtemps – je crois qu’aucun(e) astronaute ayant volé ne s’y soit même risqué – et Luca Parmitano, actuellement dans l’ISS, l’a d’ailleurs rappelé dans un billet de blog très émouvant sur son incident lors d’une sortie extra-véhiculaire il y a quelques semaines (il avait failli se noyer dans son casque) et intitulé « Explorer la frontière« . Voici la traduction des dernières lignes de ce billet :

« L’espace est une frontière dure, inhospitalière et nous sommes des explorateurs, pas des colonisateurs. Les compétences de nos ingénieurs et la technologie qui nous entoure font que les choses nous apparaissent simples alors qu’elles ne le sont pas, et peut-être qu’on l’oublie parfois. On ferait mieux de ne pas l’oublier.« 

Je crois que tout est dit. Donc vraiment, amis journalistes, chroniqueurs ou blogueurs, s’il vous plaît, essayez de n’utiliser le mot « conquête » que dans un contexte historique précis (ou faites tourner si vous avez des amis journalistes, chroniqueurs ou blogueurs).

Ah oui… et même chose pour le mot « colonisation », par pitié. Si on pouvait plutôt parler de « base scientifique ou humaine », hein… Il y a autant de non-sens et de sous-entendu belliqueux, agressif et violent dans « colonisation » que dans « conquête ». Et le mot « colonisation » apparaît bien trop souvent également dans ce hors-série. Et s’il se peut que dans un futur lointain le terme soit approprié, ce n’est encore pas du tout le cas.

Autre chose qui m’a passablement agacée dans ce numéro : la référence au rêve. Ce n’est absolument pas gênant en soi, au contraire, puisque le spatial a toujours eu le rêve comme moteur. Mais j’ai ressenti très fortement de la part de Science&Vie un certain mépris. Et là, ça commence effectivement à me gêner un petit peu.

Exemple, p.111 : « Cela n’a certes pas le souffle d’une colonisation humaine, mais cela contribue toujours à en maintenir le rêve. »
Moi je comprends : « On n’est pas capable d’être de bons petits soldats belliqueux et d’aller conquérir Mars, mais bon, puisque ça continue à faire fantasmer ces braves gens, oh oh oh… », semble conclure ce journaliste avec une ironie pleine de condescendance.

Autre exemple, p.133 : « Certes, convient Jean-Pierre Luminet, il y a dans ces projets un peu d’utopie et beaucoup d’économie. Mais ils n’en permettent pas moins de développer de nouvelles technologies, et de faire avancer la science. » Faire avancer la science… [Oui, faire avancer la science. Le monsieur essaye de te dire que le rêve et l’imagination contribuent à la créativité et donc à l’innovation, et donc au progrès, et donc à la connaissance. Ça te parle, ou… ?] Vers une conquête encore plus lointaine ? [Putain mais t’es décidément complètement à côté de la plaque.] Mars aurait-elle de vraies richesses à nous offrir ? « En l’état actuel de nos connaissances géologiques, Mars n’aurait aucune ressource intéressante à exploiter », assure Francis Rocard. [Aaaah, d’accord. Donc dans ta question, « vraies richesses » voulait dire « espèces sonnantes et trébuchantes ». OKÉ. Donc la science et la connaissances sont de fausses richesses. Très bien. Je note.] Si ce n’est du rêve… [Phrase qui conclut 5 doubles-pages de dossier. Mais si ça fait rêver la brave méménagère de moins de 50 ans, hein, alors tout va bien…]
COMMENT TE DIRE.
Alors certes, il faut remettre cet extrait dans le contexte d’un article sur l’exploitation minière des astéroïdes – d’ailleurs intitulé, je vous le donne en mille…

Et "À la recherche de l'astéroïde idéal", par exemple, non ?... Non. Ok.

Mais ce cas, que vient foutre Mars là-dedans ??

Dernier exemple, p.144 : « L’idée tient aujourd’hui du doux rêve… » On parle d’aller voir une exoplanète. Effectivement, il nous est impossible d’accéder à une exoplanète en l’état de nos compétences et de connaissances techniques en terme de voyage spatial. Mais l’expression « doux rêve », avec toute la connotation de mépris et de condescendance qu’elle implique, était-elle vraiment utile ?… Je ne sais pas. Oui, pour le moment c’est de la science-fiction. Et alors ? Ça mérite d’être rejeté d’une main méprisante ? Je rappelle que sept ans avant les premiers pas sur la Lune, un être humain sur la Lune était de la science-fiction. Et pourtant on l’a fait. En seulement sept ans !!

Cher Science&Vie… Je vais terminer ce billet amer en citant l’astronaute français Thomas Pesquet.

« Dans le domaine de l’exploration spatiale il faut croire à la science-fiction. Moi j’y crois depuis que je suis tout petit. Ça m’a aidé à me dépasser. Ça m’a permis de réaliser des choses qui me paraissaient hors de portée comme devenir astronaute.« 

Ce jeune homme est devenu astronaute parce que c’est un rêve qui l’a porté. Méprisez-vous toujours ce rêve ? Quand vous êtes face à un petit garçon ou à une petite fille qui vous dit qu’il/elle aimerait bien devenir astronaute, je suis sûre que vous êtes du genre à ricaner et balayer ça d’un revers de la main – et je crois que je vous déteste pour ça 🙁

« J’espère vous avoir convaincu qu’il faut croire en l’exploration spatiale, qu’elle est bénéfique, qu’elle permet de se dépasser et de rêver un peu au-delà de son échelle individuelle, et ça, l’Homme en a bien besoin…« 

Ce sont les mots de conclusion de Thomas Pesquet, donc, lors de sa présentation à TEDx Paris l’année dernière que je vous conseille vivement de regarder.

 

Tu remarqueras, Science&Vie, que Thomas Pesquet se trompe en disant « conquête » et se reprend aussitôt (à 5’25). Tu sais pourquoi ? Parce que nous baignons dans un monde où l’expression « conquête spatiale » est encore utilisée beaucoup trop souvent. Les médias en sont en grande partie responsables et coupables. Tu l’es aujourd’hui.

En tout cas, j’espère qu’après tout ça tu changeras d’état d’esprit concernant la conquête l’exploration spatiale et le rôle du rêve dans ce domaine.

Oui, tu m’as déçue, mais ça me rend triste comme quand un ami nous déçoit. Je te suis depuis des années, je te dois énormément, et il y a plein de choses intéressantes dans ce numéro, mais j’ai tellement eu l’impression que tu étais resté bloqué dans les années 60 où tout ce qui a déjà été fait relève de la conquête agressive (ce hors-série suinte d’une violence sous-jacente due à ce terme) et où tout ce qui reste à faire relève du doux rêve pour personnes pas très sérieuses que j’ai eu bien du mal à apprécier ses bons côtés.

Mais si tu souhaites te défendre, j’accueillerai avec joie un droit de réponse ici-même. Je t’aime bien quand même et les jours où je te reçois dans ma boîte aux lettres restent toujours pleins de joie.

[PODCAST] La folle histoire de l’Univers 27

8 rubriques, 8 bonnes nouvelles, cette semaine ! Ça équilibrera avec la semaine dernière où j’étais un peu ronchon… :p Bonne émission !


André Brahic, mon héros <3

 

Saturne au plus près de la terre

http://www.science-et-vie.com/2013/04/11/saturne-au-plus-pres-de-la-terre/

Ils ont pris ISON en photo

http://www.cieletespace.fr/node/10367

Premier essai réussi pour la fusée Antarès

http://www.lepoint.fr/science/premier-lancement-reussi-pour-la-fusee-antares-d-orbital-sciences-24-04-2013-1659397_25.php

 

 

Un vol habité avec un ticket de métro

https://twitter.com/Thom_astro/status/327066924238376962

Voyager 1 et l’Histoire de l’Humanité 

http://jcml.fr/~jacomyal/lv/

Comment le spatial nous est utile au quotidien

http://spaceonearth.ubimix.com/

Hello Alien ! 

http://helloalien.herokuapp.com/

Mars One, et ça part

http://applicants.mars-one.com/
http://www.lepoint.fr/science/une-telerealite-en-direct-de-mars-23-04-2013-1658034_25.php

 

Le Vinvinteur, le data journalisme et Patrick Juvet (attention à la rétine)

Vinvinteur n°26 – Le datajournalisme par levinvinteur

[PODCAST] La folle histoire de l’Univers 6

Et de 6 ! C’est fou comme ça passe vite. Cette semaine, j’ai eu un peu de mal à remplir mes 8 catégories – c’était pas folichon niveau actu et nouveautés. Mais j’espère que vous passerez un bon moment !

Merci encore à tous ceux qui mettent une note et un commentaire sur iTunes (accessible ici). Ce n’est pas grand-chose mais c’est la plus belle récompense que vous puissiez m’offrir – avec votre téléchargement et votre écoute.

L’Univers vu par Chloé, 9 ans
https://twitter.com/AudeNectar/status/259996683990077440

Dessin de Chloé, 9 ans

Le bulbe de la Voie Lactée en 9 milliards de pixels

Vérifiez qu’il y a bien 84 millions d’étoiles dans cette image au 9 milliards de pixels.


http://www.skymania.com/wp/2012/10/nine-billion-pixel-photo-shows-84-million-stars.html/7138/?utm_source=feedburner&utm_medium=twitter&utm_campaign=Feed%3A+skymania%2FNZCJ+%28Skymania+News+%7C+Space+headlines%29
http://www.eso.org/public/images/eso1242a/zoomable/

La photo aux 9 milliards de pixels et aux 84 millions d'étoiles

Valles Marineris : le plus grand canyon du système solaire
http://webodysseum.com/videos/valles-marineris-the-grand-canyon-of-mars/
http://www.esa.int/images/valles_3d_H.jpg

Thomas Pesquet : le premier homme sur Mars sera-t-il français ?
http://www.esa.int/esaCP/SEMPKJMFL8H_France_0.html

Les jeunes européens, la science et le CNRS
http://www.science.gouv.fr/fr/agenda/bdd/res/4762/22emes-rencontres-cnrs-jeunes-ldquo-sciences-et-citoyens-rdquo-/
http://www.cnrs.fr/sciencesetcitoyens/spip.php?article4
https://twitter.com/search/realtime?q=%23jeunesCNRS&src=hash

La BD du LHC
http://www.lhc-france.fr/l-aventure-humaine/la-bd-du-lhc/

Intrication quantique et téléportation d’information
https://twitter.com/FlorencePorcel/status/262117834023399424


http://www.rtflash.fr/nouveau-record-teleportation-quantique-sur-grande-distance/article

Découverte de Japet par Cassini

Une tempête saturnienne gigantesque

Roman de SF : « Janus », d’Alastair Reynolds