[COMPO PERSO] Un marin

Après avoir parodié Lara Fabian avec « Je DM » et Patrick Bruel avec « T’as pas le droit« , je me suis souvenu que j’avais aussi des chansons rien qu’à moi.

Mais voilà : c’est une chose de les enregistrer pour ses parents et ses grands-parents, c’en est une autre que de les partager sur un blog ouvert à tous. Surtout quand lesdits enregistrements datent d’une époque où Twitter n’existait pas (pensez donc !) et où je n’avais jamais approché un professeur de chant à moins de 20 kilomètres.

Mais je me suis lancée il y a quinze jours en partageant « Crépuscule » avec vous. Je souhaite renouveler l’expérience aujourd’hui avec « Un marin », qui date de la même époque.

Bonne écoute…

 

UN MARIN

Un marin qui prend la mer
Et sa femme qui l’espère

De vagues d’amertume
A un flot salé de larmes
Récif d’espoirs mais rien n’y fait
Il préfère l’écume
L’appel passionné du large
Le bruyant silence du mystère

Le marin qui prend la mer
Et sa femme qui l’espère

Une tempête s’est levée
La belle se met en colère
Les rouleaux jusqu’au septième ciel
La couleur a changé
Mais à force de caresses
Il vit de sa piquante maîtresse

Le marin qui prend la mer
Et sa femme qui l’espère

C’est un monde parallèle
Où tous les jours sont différents
Elle peut rire mais jamais ne dort
Elle aime sentir en elle
De nombreux être vivants
Passera jamais l’arme à bâbord

Mais le marin qui prend la mer
Et sa femme qui l’espère

Sur sa falaise
Dans son malaise
Elle voit la mer
En adultère

Dans son chagrin
Elle sent le grain
Le grain de folie
Sur son mari

Un marin qui meurt en mer
Et sa femme qui l’espère

[COMPO PERSO] Crépuscule

J’ai écrit et composé cette chanson le samedi 21 septembre 2002 (oui, c’est précis, mais je note tout). Je venais de regarder l’émission « Thé ou café ? » dont l’invité était Jeremy Irons, comédien anglais qui me fascine depuis mon adolescence. La dernière question qui lui avait été posée était : « Quel est votre mot préféré en français ? » « Crépuscule », avait-il répondu en prenant bien soin de le prononcer correctement.

Je me vois encore me lever, comme un robot, traverser l’appartement, m’asseoir au piano, et poser mes mains sur le clavier. Vingt minutes après, la chanson était là.

Il y a des instants de grâce dans la vie qui ne s’expliquent pas. Cette chanson est comme… descendue de très très haut pour arriver jusqu’au bout de mes doigts. J’étais presque à l’extérieur de moi-même lorsque les accords sont venus et que le texte s’est écrit sur ma feuille.

Bien sûr, c’est une modeste chanson sans prétention. Mais ça a été l’un des moments les plus étranges de ma vie…

Anecdote

Un an plus tard, j’ai présenté cette chanson lors d’une audition pour entrer dans l’école d’auteurs-compositeurs d’Alice Dona. Lorsque j’ai eu fini, elle m’a regardé longuement et m’a demandé : « Vous vous sentez bien dans votre époque ? » J’ai été complètement interloquée par une question aussi bizarre. « Non, parce que… vous parlez comme dans les Liaisons Dangereuses« , m’a-t-elle expliqué. Je n’ai pas été retenue.

Cinq ans plus tard, quasiment jour pour jour, je gagnais un concours littéraire avec un texte en alexandrins sur… le Vicomte de Valmont. Et toc !

(Bon, soyez indulgents, cet enregistrement date de 2003 et je n’avais encore jamais pris de cours de chant…)

 

CREPUSCULE

 

Au crépuscule d’un amour
Au gré du vent sur un chemin
Un clair de Lune avant le jour
Ce crépuscule comme un destin

Nos âmes unies sous les couleurs
D’un ciel hésitant à grandir
Notre si pudique impudeur
Que nous sentions nous envahir

Vingt-cinq printemps, soixante automnes
Sous un crépuscule naissant
Où tout est rien ; nos cœurs s’étonnent
De lire nos regards étincelants

La légère brise du crépuscule
Se heurte à nos peaux réchauffées
L’extase de l’abandon embrume
Nos corps nos mains entremêlés

Quand devant le flou horizon
La mer déborde de nos yeux
De nous savoir à l’unisson
Sous ce crépuscule des dieux

Alors nos sourires enivrants
Et soulagés de blanches peurs
Se livrent au crépuscule vibrant
De l’euphorie de nos ardeurs

Et donc le crépuscule témoin
De notre langueur foudroyante
Grave dans la mémoire de chacun
Des souvenirs dignes de Dante

Dès lors ce feu qui nous consume
Sans en rien nous diminuer
Attisé par les crépuscules
Tous différents sans rien changer

Quand notre soleil se couchera
Dans nos regards purs comme ce ciel
Ce crépuscule reviendra
Veiller nos amours éternelles

 

Photo de gelinh en Licence CC

[PARODIE] T’as pas le droit (ACTA, SOPA)

Toujours en hommage à l’ami Jcfrog, voici une nouvelle parodie de mon humble cru.

Etant donné le sujet choisi, je précise que je tiens à ne parodier que des artistes dont j’ai acquis les albums et les partitions de piano de manière tout à fait légale (achat ou cadeau), et ce non par peur du grand méchant FBI/Hadopi/loup (rayez la mention inutile) mais pour une question d’éthique personnelle.

Bonne écoute ! 🙂

 

T’AS PAS LE DROIT (ACTA, SOPA)

(Chanson originale : « Qui a le droit ? » – Gérard Presgurvic/Patrick Bruel)

 

On leur a dit vous êtes tous des vieux cons

Vous n’avez rien compris au web que nous voulons

Vous, vous voulez tout voir et tout savoir

Nous surveiller, sans droits que des devoirs

 

Ils nous ont dit on va tout arrêter

Le tout gratuit, les ayant-droits pillés

Nous on veut bien payer pour du contenu

Chères industries sortez-vous les doigts du cul

 

T’as pas le droit, t’as pas le droit

ACTA, SOPA de faire ça

De nous priver de nos libertés

Dans le monde entier

 

On n’a pas envie d’être à la merci

De législateurs qui

Ne connaissent pas mais mettent à la casse

Ce polymédia qui les dépasse…

 

Ils nous ont dit le partage c’est pas bien

On perd du fric et on contrôle plus rien

Y a que la censure pour nettoyer tout ça

Toutes ces ordures et tous ces hors-la-loi

 

Ils légifèrent sans rien dire à personne

Car ils espèrent vraiment changer la donne

Logiciels libres, culture, médicaments

Ils interdisent – ça doit stopper maintenant

 

Refrain

[CINEMA] Millenium : la désinvolture insultante de Fincher

David Fincher m’a mise très en colère. Son adaptation de Millenium est à la fois indigeste, indécente tellement elle est aux antipodes du livre et de son personnage principal (Lisbeth Salander) et complètement survolée – j’en suis venue à me demander s’il avait lu autre chose que le scénario qu’on lui a mis entre les mains tellement l’esprit n’y est pas. Mais commençons d’abord par les qualités de ce film (il y en a quelques-unes).

– Le générique du début est un chef d’oeuvre. J’ai rarement vu un objet graphique aussi beau. Un mélange des meilleurs génériques de James Bond, de l’esprit de celui du Millenium suédois, et de fluides. Un bijou.

– Le chat. Il est parfait. Mignon comme tout, poilu, grands yeux verts, oreilles pointues, miauleur, hautain, carpette, radiateur. Un vrai chat, quoi.

– La photographie. Rien à dire. Impeccable.

– La scène dans le métro. Sans rien dévoiler de l’intrigue, la scène où Lisbeth se fait voler son sac dans le métro est une merveille du genre. Avec une chorégraphie très fluide (mais qui enlève toute sensation de réalité à l’ensemble), elle se termine pas un plan séquence calculé à la milliseconde et au millimètre près. Une merveille.

– La bande-son et la BO, au plus proche de l’univers du roman.

Voilà pour ce qui va. Tout le reste est soit passable, soit bancal, soit franchement mauvais.

[Attention spoiler : exemples précis à suivre.]

– Le scénario a pris beaucoup de libertés par rapport au livre – et c’est le genre de chose que je pardonne difficilement. Une rencontre entre Mikael et Lisbeth réécrite, des personnages disparus ou transformés, des enjeux changés, des actions importantes atténuées, une fin modifiée à la fois pour le méchant et pour la gentille… Bout à bout, on arrive à une histoire qui peine à retrouver l’esprit d’origine. C’est un peu dommage. Un des personnages principaux étant l’atmosphère si particulière qui a fait le succès des livres, c’est un outrage au regretté Stieg Larsson.

– L’américanisation du tout. C’est usant. Et bien américain, ça. Ils peuvent pas être un peu humbles et nous foutre la paix avec leurs fichus codes culturels qui n’ont rien à faire dans une adaptation d’un livre suédois ?? Je suis la première à apprécier l’humour qui tache des grosses productions hollywoodiennes, mais il y a des films où il faut se savoir se tenir, nom de nom. Les blagounettes potaches en clin d’oeil à leurs films d’action n’ont rien à faire dans Millenium où elles deviennent irrespectueuses du propos, indécentes pour le spectateur et insultantes pour l’auteur et les millions de personnes qui ont aimé le livre.

(Ouais, je suis un peu énervée, le scénariste Steven Zaillian est désormais classé comme « gros Américain de base hautain, imbu de lui-même, méprisant, imbuvable, persuadé que le monde tourne autour du nombril des USA qui est la seule culture qui existe – ah bon comment ça y en a d’autres ? c’est pas possible voyons.)

Lisbeth Salander. La pauvre. Elle n’est déjà pas un personnage facile, mais elle n’est vraiment pas aidée par son interprète, Rooney Mara, qui est à peu près aussi crédible que Glenn Close en Justin Bieber (j’exagère certes un peu, mais franchement, c’est pas réussi). Et ce n’est pas de sa faute, d’ailleurs !

Choisie par facilité et feignasserie (elle était au casting de The Social Network, le précédent film de Fincher), elle était mal dirigée par un réalisateur pas emballé par l’histoire et par un scénariste/dialoguiste qui a fait n’importe quoi. Cerise sur le gâteau (et sacrilège), elle a dû composer son personnage en s’accommodant de costumes destinés à devenir… une collection H&M. On rêve, bordel !!

On parle de Lisbeth Salander, une hacker brillante, asociale, handicapée sentimentale, avec un passé affreux et un présent pire encore, terriblement attachante, pupille de l’Etat, considéré comme violente, débile et dangereuse par toutes les autorités de son pays… pas d’une Victoria Beckham gentiment trashisée, merde !!!

Mais alors pire que tout : elle est partout à poil sur les photos de promo. Euh… comment dire. D’ailleurs en fait je vais me taire parce que je vais être très vulgaire.

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Et que je te la filme sexy en petite culotte, et que je lui mets du blush sur les joues dans les scènes de lit, et que je te la fais acheter un cadeau pour Mikael… MAIS WHAT THE FUCK ??? Lisbeth n’est pas sexy : elle est sèche, musclée, sans formes, on la confond avec un jeune garçon. Elle ne met pas de rose sur les joues – mais il s’est cru où, Fincher, sans déconner ?? La seule couleur que Lisbeth connaît, c’est le noir. Et elle est incapable d’un quelconque geste de générosité : elle ne dit pas bonjour s’il te plaît merci au revoir, elle ne regarde jamais dans les yeux à moins de défier,  elle sourit quand elle se pince, c’est un coffre-fort à triple blindage, et elle n’offre pas de cadeau – mais d’où ils sortent ??

Et bien entendu, comme la jeune comédienne était mal dirigée avec des répliques débiles (« Je suis folle »… non mais on rêve putain, JAMAIS elle ne dit ça, c’est être complètement à côté de la plaque dans la compréhension du personnage), il n’y a pas une seule ligne de texte qu’elle dise de manière juste (et une fois n’est pas coutume, je l’ai vu en VO, hein). Et elle est nominée aux Oscars… Je vais me pendre avec une bobine et je reviens.

Si vous voulez voir une performance vraiment impressionnante, voyez Noomi Rapace dans la série suédoise en 6 fois 90 minutes. Voilà, ça c’est du putain de bon boulot. Et c’est elle qui mériterait un Oscar.

– Le réalisateur, David Fincher pour ne pas le nommer. Bon, je l’ai déjà un peu rhabillé pour l’hiver. Mais y a erreur de casting, hein. Je suis très admirative de son travail en général et The Game fait partie de mon Top 3 des meilleurs films de l’histoire. Mais là c’est juste pas possible. Il faut qu’il arrête de réaliser des films qu’il n’a pas envie de faire.

« Tu plaisantes ? Une lesbienne asociale, un viol, une condamnation de la misogynie ? », aurait-il dit à sa productrice quand elle lui a proposé le projet.

No comment.

« Les hommes qui n’aimaient pas les femmes », sous-titre du roman. Eh mec, c’était pas censé correspondre au réalisateur, hein. Nan parce que si c’était le but, bravo, CLAP CLAP CLAP, c’est réussi, impec, brillant ! Les rôles féminins réduits à des portions congrues ou ridicules (Robin Wright inexistante avec un accent WTF, un personnage important supprimé par rapport au bouquin, les scènes de cul dont le viol qui ressemblent plus à un mauvais porno qu’à un thriller glaçant où t’as envie d’étriper le mec et où t’as mal pour elle, un violeur volontairement victimisé…)

Non seulement David Fincher n’a pas saisi l’esprit du livre – si tant est qu’il l’ait lu – mais en plus sa misogynie transpire. Pour une adaptation d’une histoire dont le personnage principal n’a pour but dans la vie que de faire la guerre aux hommes qui n’aiment pas les femmes, ça se pose là.

Je m’arrête là. Je suis en colère. Stieg Larsson doit se retourner dans sa tombe. Ce film donne la migraine et pour les mauvaises raisons. Si vous voulez voir une bonne adaptation, je vous conseille vivement la série suédoise sortie en DVD. Brillantissime. Mais pas cette honte.

[PARODIE] Je DM

Jcfrog est une de mes idoles des Internets mondiaux et j’ai eu l’occasion de le rencontrer à plusieurs reprises grâce au Grand Webze.

Dieu est grand, je suis toute petite !

J’ai eu envie, il n’y a pas longtemps, de lui rendre hommage en parodiant ses parodies (hein ? oui, c’est tiré par les cheveux).

J’ai enregistré la chanson, inventé un personnage, commencé à coucher trois ou quatre vannes sur le papier… Et au moment de me retrouver devant la webcam, je ne l’ai pas senti. Au mieux ça n’aurait pas été drôle, au pire… pathétique.

Je m’abstiens donc… mais voici tout de même, rien que pour vous embêter, la fameuse chanson… Et du coup, ça m’a donné envie d’en faire plein d’autres.

(Enregistrée le 31 décembre chez mes parents sur le dictaphone d’Ernest, sous l’oeil torve du chat. Mixée sur Audacity. Ah ouais : attention, y a du moyen technique.)

Je DM by FlorencePorcel

(Eh, oh, ça va, hein. La dernière fois que j’ai pris un cours de chant, Twitter n’était pas né, alors…)

 

JE DM

(Chanson originale : « Je t’aime » – Lara Fabian/Rick Allison)

 

D’accord il existait d’autres façons de se draguer

Un coup de fil ou un verre mais ça fait pas très connecté

Pis comme je suis un trouillard, ça m’arrange bien de me cacher

Derrière un avatar photoshopé

 

D’abord je trolle un peu, ça m’amuse de te voir t’énerver

Ensuite, dès que je peux, je te #FF, je te RT

Tu abaisses ton pare-feu, ah enfin tu m’as followé

Maintenant faut jouer franc-jeu, je vais te plugger

 

Je DM, je DM

Une dose de geek, une dose de LOL

Pour t’encapsuler le protocole

Je DM, je DM

Un mot fripon, un mot sympa

140 caractères pour toi

Tu vois je DM comme ça

 

D’accord je t’ai confié tous mes ID, toutes mes IP

Même celles dont seul Zuckie est le gardien inavoué

Sur ces réseaux du web, l’ACTA nous regardait surfer

J’ai tant voulu tes boobs en webcam mais t’as refusé

 

Je DM, je DM

Une dose de geek, une dose de LOL

Pour t’encapsuler le protocole

Je DM, je DM

Un mot fripon, un mot sympa

140 caractères pour toi

Tu vois je DM comme ça

[LIVRE/WEB] Les miscellanées d’Internet (A. Dubuquoy, N. Prat)

En voilà un livre frais, sympathique, drôle et instructif sur les internets ! Antoine Dubuquoy, blogueur, et Nico Prat, journaliste, sortent demain chez les bons libraires leurs Miscellanées d’Internet aux Editions Fetjaine.

 

 

Je l’ai lu (parce que j’en ai un exemplaire dédicacé alors c’était la moindre des choses, hein) et j’ai bien rigolé. Mais j’ai appris des tas de choses, aussi : de l’origine du #vraimentPD à l’histoire du web, en passant par des personnalités que je ne connaissais pas et des chiffres en tout genre.

Les Miscellanées, ce sont 244 pages de tout et de n’importe quoi sous la forme de paragraphes de deux ou trois lignes à une ou deux pages. L’alternance d’informations sérieuses et de phénomènes LOL rendent le livre très agréable à lire et jamais ennuyeux. On passe du grave au WTF, de YouPorn à l’évolution du prix du gigaoctet et des mèmes à un quizz. En somme, une parfaite adéquation entre l’objet étudié (Internet) et la forme utilisée (un livre en bois d’arbre).

On sent que les deux compères se sont bien amusés à composer ce foutraque d’informations en tout genre. Le vécu crève les pages, à la plus grande joie du lecteur qui se transformera en xD pendant quelques lignes, lors de la description d’une tentative de prise de contact avec une FAI ou à la simple évocation de la zone blanche. Extrait :

« Pour l’internaute ou le simple geek en vacances, la zone blanche déclenche des suées, provoque une torsion des entrailles, la chute des cheveux, voire des dents, et déclenche un état de nervosité intense se manifestant par une propension à tourner en rond, à escalader les toits, les arbres, les collines, montagnes, poteaux télégraphiques, le bras tendu vers le ciel, le smartphone pointé vers l’immensité céleste dans l’espoir de capter ne serait-ce qu’une demi-barre. » (p.43)

Les deux auteurs savent de quoi ils parlent et beaucoup de web-addicts s’y retrouveront dans des descriptions ou des références parfois invisibles pour le grand public. Mais ils réalisent quand même l’exploit d’expliquer clairement les bases de l’histoire de ce (multi)média qui a bouleversé l’Humanité et de transmettre avec succès les éléments de cette culture particulière et émergente.

C’est un livre que j’aimerais offrir à ma grand-mère qui ne comprend rien à ce que je fais de mes journées (et c’est bien normal) ainsi qu’à mes coupines qui me reprochent (et c’est normal aussi) de leur parler avec un vocabulaire imbitable.

Ces Miscellanées couplées avec l’excellente Encyclopédie de la Web Culture de Titiou Lecoq et Diane Lisarelli sont le meilleur moyen, à mon sens, de comprendre les enjeux (géo-politique, politique tout court, économique, sociologique, culturel, etc), les nouvelles professions et les bases de la culture que représente Internet aujourd’hui. Et en se marrant, par-dessus le marché !

Parce que, et Antoine Dubuquoy et Nico Prat l’ont parfaitement bien transmis, Internet est historiquement et (donc) intrinsèquement construit par des gens qui ne se prennent pas au sérieux. « Il n’y a plus de questions, que des réponses » (p.28), affirment-ils non sans humour à propos des moteurs de recherche. « Les internautes sont de sacrés taquins… » (p.181), se réjouissent-ils au sujet des pionniers du web, champions toutes catégories de l’auto-dérision et des taquineries bon enfant.

Leur style parfois « bloguesque » aidant, ces deux passionnés d’Internet se font les passeurs d’une composante essentielle : les internautes sont des sales mômes, bourrés d’imagination, d’une créativité sans borne et flanqués d’une bonne dose d’insolence. (A nous de faire en sorte de ne pas perdre cet esprit que les grands de ce monde ne comprennent pas.) Fuck yeah !  

Interview d’Antoine Dubuquoy, blogueur, homme de médias et co-auteur des Miscellanées d’Internet

Quelle est l’histoire de ce livre ?

Blogueur depuis 2005, et amoureux du livre depuis toujours. J’ai eu envie de passer du digital au papier, par amour de l’objet. Un iPad ne sent rien. Un livre neuf sent la colle et le papier. Gamin, je rêvais de passer un jour chez Bernard Pivot… Bon, il a arrêté Apostrophes avant que je sorte mon livre… Internet est ma grande passion. Internet a bouleversé ma vie. J’ai eu envie d’écrire un livre à ce sujet… Un ami, David Brunat, qui a écrit Les Miscellanées du Tennis, m’a présenté à Gilles Verlant, le directeur de la collection. Gilles a aimé l’idée d’un livre de miscellanées consacrées à Internet.

Nico et moi avions travaillé sur un projet commun, le blog du patron d’une grosse agence de com. On a sympathisé. Je lui ai proposé de participer aux Miscellanées. On a signé le contrat. Et on a commencé à bosser…

Comment s’est fait le choix des rubriques, leur ordre et leur distribution ? 

Nous avons présenté à Jean-Louis Festjens, notre éditeur, un pitch très détaillé du livre, avec un plan, et une liste de tous les sujets dont nous souhaitions parler. Les Miscellanées étant un genre littéraire basé sur l’accumulation d’histoires, d’anecdotes, de listes, sans hiérarchisation, sans chronologie, le travail à deux sur le projet était assez simple. Lister tous les sujets, les répartir en fonction de nos centres d’intérêt, de ce que nous maîtrisions le mieux, etc… A partir de cette liste, nous avons chacun commencé à écrire de notre côté, en stockant tout sur Google Docs.

Vous n’êtes pas de la même génération. Qu’est-ce que Nico t’a apporté, et au contraire, que penses-tu lui avoir transmis ?  

J’ai traité les sujets historiques et Nico s’est concentré sur les lolcats… Normal, j’ai 47 ans, lui 26. La preuve que la Génération X peut travailler avec la Génération Y…

Je ne sais pas ce qu’on s’est transmis, mais on s’est bien marrés en écrivant le livre. On aime le rock, on aime l’humour trash. On boit des bières entre potes. A peine le manuscrit remis à l’éditeur, on a lui a soumis deux nouveaux projets… On va voir si Dubuquoy & Prat, vont être comme Leiber & Stoller, Pomus & Schuman, Gallagher & Gallagher, Lennon & McCartney, Mario & Sonic, Tintin & Milou, Boileau & Narcejac…

Un livre papier sur Internet… avec des liens non-cliquables par définition… N’est-ce pas paradoxal ? 

Internet évolue à une vitesse vertigineuse. Et son histoire même récente s’efface de la mémoire collective extrêmement rapidement. Le paradoxe du livre est d’avoir voulu compiler ces moments pour montrer qu’il y a une continuité historique. Et des constantes dans la nature même d’Internet.

Les liens non cliquables sont là pour que les curieux aillent vérifier ce que nous avons écrit… Mais nous avons écrit chaque miscellanée de façon à ce qu’elle soit totalement autonome. Ce qui dans certains cas est un vrai challenge, quand il s’agit de décrire une image publiée sur 4chan, ou de raconter Two Girls One Cup…

Y aura-t-il une version e-book ? 

Yeah ! Elle sortira peu de temps après la version papier. Et les liens seront cliquables…

Concernant le piratage, vous dites : « Il y aura toujours quelqu’un pour vous taper sur les doigts, comme si vous aviez 12 ans » (p. 29). Diriez-vous toujours la même chose si votre livre était piraté ? 

A moins de s’appeler Marc Musso ou Guillaume Levy (il y a un gag caché dans la phrase) il semble difficile d’envisager faire fortune en sortant un livre. Le livre est un vecteur de notoriété, de visibilité. Pour ce qui est du piratage, si quelqu’un a suffisamment de temps à perdre pour scanner les 250 pages des Miscellanées, notre éditeur ne sera pas ravi. Si quelqu’un fait des emprunts et tant qu’il cite ses sources, pas de souci.

En sortant un livre papier, j’accomplis un vieux rêve, tout en étant conscient du changement d’époque dans lequel nous sommes. Nous n’avons pas encore atteint le « tipping point », le point de basculement vers le 100% numérique, mais nous nous en rapprochons.

Dans la rubrique « Bonjour ! », vous avez réussi à placer « Hitler » et « sodomie » dans la même phrase. C’était un défi que vous vous étiez lancé ? :p

Aucun défi, sinon une totale liberté de ton pour parler aussi bien de sexe, de politique, que de religion, de chats, ou de technologie…

Quand vous parlez de la bulle des années 2000, du tout-facile côté entrepreunariat et des vieux modems, on sent une solide nostalgie. Est-ce le cas ?

Aucune nostalgie, plutôt un regard amusé. En 1997, quand j’ai eu ma première adresse mail, je n’avais que très peu de gens dans mon entourage familial à qui envoyer des messages par ce canal… Alors quand on en trouvait un, on lui envoyait un mail. Et on passait un coup de fil pour être sûr qu’il l’avait reçu… En plus, dès qu’il y avait deux images sur une page web, le truc ramait et on attendait des heures… L’horreur ! Donc, pas de nostalgie du tout !!!

Votre livre est très documenté. Avez-vous réellement regardé tous les documents que vous nous proposez, comme les différentes sextapes, l’intégralité de YouPorn, 2 Girls 1 Cup, Amandine du 38, Jean-Pierre du 59, etc ? 

OUI, on a fait un facts checking de folie. Nico et moi avons le sens inné de l’investigation et du travail bien fait.

Page 50, un mot so XXème siècle fait son apparition : « vidéoclub ». WTF ??

OMFG ! On a été trollés !!!

Vous qualifiez les « Kikoo Lol » de « gamines peu sûres d’elles ». Euh… comment dire. JE M’INSURGE. Un Kikoo Lol est autant un garçon qu’une fille ; qu’est-ce que c’est que cette misogynie primaire, dites donc ?? 

Ma fille n°3, qui a 12 ans, m’a fait la même remarque hier… On va avoir des ennuis, je le sens. Déjà que Nico est fâché avec toutes les blogueuses mode….

Pour expliquer ce que veut dire « IRL », vous donnez un exemple : « J’ai rencontré @machin IRL. Il est plus drôle sur Twitter. » (p. 93) JE VEUX DES NOMS.

Nico Prat par exemple. Et je pense qu’il dira la même chose de moi. IRL, je suis hyper chiant, du moins c’est ce que me disent mes enfants…

Avez-vous été censuré sur des sujets, ou au contraire vous en a-t-on imposé d’autres ? 

Aucune censure, sinon le souhait de l’éditeur que le logo Youporn ne soit pas sur la couverture… Juste quelques adoucissements ça et là, dans le choix des mots… Jean-Louis, l’éditeur, et Gilles, le directeur de collection nous ont laissé carte blanche. Bonheur, quoi.

Antoine Dubuquoy ne peut pas être foncièrement mauvais puisqu’il est amateur de madeleines longues aux oeufs frais, qu’il a un blog et même un compte Twitter.

[MUSIQUE] Les zizis en chansons

N’allez pas croire du tout que je fais dans le racoleur. Je me suis toujours refusée d’écrire le mot « sexe » dans les trois premières lignes d’un article pour un meilleur référencement, je m’y tiendrais encore cette fois-ci.

Je me suis juste fait la réflexion il y a quelques jours, quand j’ai écrit mon billet sur Barcella, que le sexe masculin avait eu droit à de nombreuses chansons, toutes plus différentes les unes que les autres.

Comme pour le Mur de Berlin ou pour les chiens, je me lance donc dans un billet musical thématique sur nos amies les bêtes la Bête.

Alors… bon… qu’on se mette d’accord tout de suite… LOIN-DE-MOI-L’IDEE de prendre à la légère un attribut aussi sérieux. Aucune blague n’aura sa place ici : elles en sont l’exact inverse si l’on en croit l’adage « les blagues les plus courtes sont les meilleures ». C’est cul Eve-Day, hein.

Ceci étant  dit, voici ma sélection des chansons les plus représentatives de l’engin de ces messieurs – en laissant volontairement de côté toutes les chansons paillardes existantes qui mériteraient non un post mais carrément un blog à elles toutes seules.

Quelques chansons un peu coquines

Où les messieurs nus comme ces vers

Se font déshabiller la pine

Et les dessous de leurs affaires.

Ne croyez pas ce qu’on y dit :

La verge en serait fort marrie…

(Comment ? Ah, non, c’était pas une chanson, ça. C’était juste une transition. Ouais, cherchez pas.)

Le zizi drôle de Lynda Lemay

Honneur aux dames !

(Attendez. Finalement, je ne suis pas sûre de l’emploi de l’expression « honneur aux dames » dans un billet traitant de pénis. Bien. Je sens que ça va être plus dur que prévu…)

(Attendez encore. Je ne suis pas sûre de l’emploi de la phrase « je sens que ça va être plus dur que prévu » dans un billet traitant de pénis. Bien. ON VA Y ARRIVER olé olé.)

On ne peut pas retirer à Lynda Lemay, qu’on l’apprécie ou non, sa plume incroyable qui chatouille souvent là où ça fait mal. Les hommes en prennent souvent pour leur grade et c’est sur leur intimité qu’elle se penche (dans tous les sens du terme, oui oui…) ici.

C’est à pleurer de rire et, parité oblige, elle rend la pareille à ces dames par la suite…

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Le zizi choupinou de Barcella

Eh oui, je reviens dessus (…) (GNNN…) mais Barcella sait comment attendrir les filles avec son « moineau ». D’abord petit garçon angoissé puis adolescent complexé, il prend une revanche éclatante auprès de beautés décérébrées avec une verve verbiale dont lui seul a le secret.

Et d’ailleurs… en parlant de secret… Il a beau se défendre de tout texte autobiographique dans son album et accuser son pianiste en concert, le mystère rôde toujours : cette chanson sent-elle le vit-cul vécu ? Voilà qui mériterait une enquête journalistique approfondie… (PREM’S !!! Eh, oh.)

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Le zizi crâneur de Jacques Dutronc

Alors ça, c’est typiquement le genre de mec qui me hérisse le poil (que je… non, rien). Désolée, mais ce genre de mec à gros cigare, très peu pour moi. C’est du genre à fumer après l’amour, en plus. Berk. Os-kour, quoi.

(Ouais je sais, ça fait beaucoup de « genre », mais c’est dans le genre « mauvais genre », tavu.)

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Le zizi docte de Pierre Perret

Voilà un trublion chantant qui nous promet de « tout » nous apprendre sur le zizi. Mouais. Je suis pas convaincue, personnellement. J’ai pas eu l’air con, quand j’ai demandé où était « le grand cou » du premier zizi tout mou que j’ai vu, moi, tiens… (Enfin bon. Ca a eu le mérite de le faire rire, hein. Et homme qui rit… homme qu’on pécho, eh ouais.)

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Le zizi python des Monty Python

Et enfin, last but not least, la Chanson du Pénis tirée (non… ne dites rien) du film « Le sens de la vie » (ça tombe d’ailleurs sous le sens si je puis me permettre).

Trêve de commentaires débiles, place aux maîtres.

 

Si vous voyez d’autres chansons à ajouter, n’hésitez pas. En attendant, soyez fripons… mais sortez couverts !

[MUSIQUE] Barcella : drôle de poète chantant

J’ai découvert Barcella complètement par hasard, à l’été 2009 à la Foire de Châlons : il faisait la première partie de La Chanson du Dimanche (que j’étais venue voir) qui faisaient eux-mêmes la première partie de Grégoire.

Etant en avance pour La Chanson du Dimanche, je suis donc arrivée au beau milieu du spectacle d’un drôle d’énergumène au pantalon large, aux bretelles et à la queue de pie, qui chantait des chansons tour à tour tendres, drôles et grinçantes avec un accent indéfini délicieusement désuet accompagné d’un pianiste, d’un accordéoniste et lui-même à la guitare.

Au début, il m’a fait penser à Thomas Fersen : un décor constitué de détails dans les tons sombres avec des parapluies ouverts et de vieilles liseuses, un costume hors du temps et un vocabulaire fouillé. Mais très vite, je suis rendu compte que Barcella n’était personne d’autre que lui-même.

Après une ou deux chansons prises en cours de route et le temps qu’il m’a fallu pour entrer dans son univers, il a entamé « Mademoiselle ». Un piano, une voix, un artiste pétri d’une généreuse émotion, un texte qui remue les tripes de ma génération et les plus jolis vers que j’ai jamais entendus : « Mais pour celles qui y croient, tout comme pour ceux qui osent, la vie ouvre des portes avec ou sans cadenas qui pouvaient sembler closes… »

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Sans nous laisser le temps de s’apesantir sur une grosse boule dans la gorge, Barcella enchaîne avec « Les monstres ». Une sombre histoire de petit garçon qui va faire pipi la nuit et qui réveille des terreurs nocturnes universelles… Le gars se révèle showman et on se prend à sautiller sur place pour finir les bras en l’air à frapper frénétiquement (mais en rythme !) dans ses mains pour accompagner son incroyable énergie et un humour à toute épreuve.

 

Après cette franche rigolade, il nous présente une performance de impressionnante : Barcella n’est pas seulement un saltimbanque musical, il est également champion de France de Slam Poésie. Après avoir fait rougir tous les profs de diction du monde avec « Babar » (lui, pour les intimes), il enchaîne sur un texte où la métaphore file la faune océane (de 1’58 à 3’05 dans la vidéo ci-dessous).

 

Mais le Rémois désormais illustré nationalement ne renie pas ses origines champenoises : on sent le vécu de l’enfant qu’il a été et qu’on a emmené en sortie dominicale au Lac du Der dans cette chanson sur « Les sornettes » proférées par les adultes…

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La référence réjouira au plus haut point les autochtones (dont je suis) et permettra sans doute aux autres, et notamment aux Parisiens, de savoir que le Der est le plus grand lac artificiel d’Europe et qu’il a été construit pour désengorger la Seine et protéger Paris des inondations (ceci n’est pas un billet sponsorisé par l’office du tourisme de Champagne-Ardenne).

Alors bien sûr, autant de légèreté ne saurait aller sans une autre claque. Après « Mademoiselle » et son interprétation d’une génération désabusée, il analyse avec « Mémé » un sujet de société difficile. Et quand on a vécu la situation à plusieurs reprises, il est bien difficile de retenir ses larmes.

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Et puisque le yoyo semble être son jouet préféré (est-ce une espièglerie de mon inconscient ou bien en ai-je vu un accroché à sa ceinture ?…), il choisit de nous achever à coup de fou rire avec une chanson traitant de son… sexe. Je ne vous en dis pas plus, mais elle est – naturellement – jouissive. (Eh, Babar, si tu me lis, mon numéro commence par 06 et finit par 69 – par le plus grand des hasards, hein, entendons-nous bien.)

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Je l’ai revu en concert à la bibliothèque de Châlons un an après. Mais cet artiste, sacré « Album de l’année 2010 » par les Francofans avec « La boîte à musiques », mérite les plus belles salles parisiennes. Des mélodies entraînantes, une plume incroyable et un sens de la scène que j’ai rarement vu ailleurs : Barcella, 30 ans tout rond, mériterait de pétiller hors des frontières de la Champagne.

[CINEMA] La guerre des boutons : mon comparatif

J’ai vu les deux récentes adaptations de La guerre des boutons, sorties à une semaine d’intervalle au cinéma. Il n’y a donc pas de raison que je ne me fende pas d’un petit comparatif, moi aussi…

La nouvelle guerre des boutons

Christope Barratier

(avec Laëtitia Casta, Guillaume Canet, Kad Merad, et Gérard Jugnot)

Le pitch

Nous sommes en 1944. Les enfants de deux villages auvergnats, Longeverne et Velrans, s’affrontent dans une guerre dont le but est de dépouiller de ses boutons les vêtements de la bande ennemie. En arrière-fond de ce conflit finalement tendre, une jeune femme du village revient de Paris avec Violette, qui s’avère être une petite fille juive…

L’adaptation

Le roman est donc transposé pendant la Seconde Guerre Mondiale. J’avais vraiment peur au début d’un effet pathos ou leçon de morale, mais le contexte historique sert l’histoire et l’enrichit, et non l’inverse. Le scénario, en ce sens, est parfaitement équilibré.

La guerre des boutons en elle-même semble fidèle à l’originale (de ce dont je me souviens…) et malgré quelques longueurs dans l’évolution des batailles, cela reste très plaisant.

Les comédiens

Bon. J’ai du mal avec Guillaume Canet. Je le trouve mauvais comédien (même si je l’apprécie en tant que réalisateur). Il a la diction d’un poulpe mort et l’expressivité d’une loutre. Je lui accorde une chose : il est fidèle à lui-même, on n’est pas surpris.

Laëtitia Casta se défend plutôt bien. Je n’ai pas été bluffée, loin de là, mais je m’attendais à bien pire. (En même temps, difficile d’être plus mauvais que Guillaume Canet.)

Les enfants sont globalement très bons. On sent le travail d’un metteur en scène derrière et ils sont bien dirigés. (Je… non rien. J’allais encore… Guillaume Canet, toussa… Je me tais.)

Quant aux seconds rôles, ils sont tout simplement excellents. On retrouve d’ailleurs toute l’équipe des Choristes (c’est le même réalisateur) : Gérard Jugnot, Kad Merad, Marie Bunel et Grégory Gatignol.

Le petit Gibus

On atteint ce que je décide d’appeler « le point Pépinot ». Vous savez, ce petit garçon mignon des Choristes ? Ben là, Barratier a voulu faire la même chose avec le Petit Gibus (déjà emblématique, c’était donc pas la peine d’en rajouter).

Sauf que dans les Choristes, Pépinot était mignon parce qu’il était naturellement mignon. Là, le Petit Gibus est mignon parce qu’on lui a dit : « Tu seras le petit garçon mignon. » Alors c’est mignon les dix premières minutes, mais après t’as juste envie de lui dire ta gueule ou de le voir muer.

La réplique qui m’a fait rire

[Les parents Lebrac (Marie Bunel et Kad Merad) à propos de leur fils]

– Y aurait une petite là-dessous que ça m’étonnerait pas…

– Lui ?? Il ferait peur à la volaille !

Verdict

C’est une très bonne adaptation, parfaitement bien équilibrée au niveau du scénario, avec des enfants très bien dirigés et des seconds rôles savoureux. Il y a des paysages magnifiques et la reconstitution des batailles est très tendre. Même avant 30 ans, on se prend à être nostalgique d’une époque qu’on n’a jamais connue, où l’on pouvait courir dans les champs, faire des cabanes dans la forêt, être totalement insouciant et s’érafler les genoux sans porter plainte contre le propriétaire des barbelés qui n’auraient jamais dû être là. (Je caricature.)

C’est vraiment un film anglé sur ces enfants qui s’amusent, qui vivent leur enfance à fond, qui se construisent des souvenirs émerveillés qu’ils garderont comme un trésor jusqu’à la fin de leurs jours, malgré un quotidien de guerre pas toujours facile à vivre.

La guerre des boutons

Yann Samuell

(avec Mathilde Seigner, Eric Elmosnino, Alain Chabat, Fred Testot)

Le pitch

C’est l’histoire d’un soi-disant cancre qui devient premier de la classe. Ou plutôt non. C’est l’histoire d’une petite fille garçon manqué féministe avant l’heure. Ou… non, c’est pas encore ça. C’est l’histoire d’une bande de gamins sadiques qui arrachent des boutons avec un regard de psychopathe. Non. Pas encore. C’est l’histoire de quelques adultes qui ont toujours douze ans et demi mais on n’y croit pas vraiment. Non. C’est… En fait on sait pas trop ce que c’est. Ce film ressemble autant à La guerre des boutons que moi à Paris Hilton.

L’adaptation

Je me demande si on peut parler d’adaptation tellement peu d’éléments de la version originale s’y retrouvent. On a gardé les noms (villages et personnages) mais la structure globale a disparu. Quand ça parle d’une guerre des boutons, on se demande ce que ça vient foutre dans le scénario. C’était un prétexte pour faire du fric sur un titre connu, je pense. (Au moins, l’autre a eu la décence de rajouter « nouvelle ».)

On a voulu ajouter des touches modernes à l’ensemble, mais ça fait des gros flop. Par exemple quand un des gamins orthographie mal un mot en disant : « Avec un A majuscule ! » En fait, ça fait référence au « Je t’emmerde avec un grand A » du loft, mais qu’il aurait fallu reprendre tel quel pour que ce soit drôle. Raté, les gars. Ou alors amener cette histoire de fille-qui-est-égale-à-un-garçon. Ok mecs, mais en 1956-1957, je ne suis pas tellement sûre que ce soit cohérent. Mais bon.

Le réalisateur, qui avait certainement conscience de la pauvreté de son scénario s’est dit que ce serait peut-être une bonne idée d’appeler des comédiens estampillés Canal pour sauver le bousin. Alors du coup on a Alain Chabat et Fred Testot qui viennent faire leur sketch pendant 5 minutes à intervalles réguliers, mais comme des cheveux sur la soupe rédactionnelle.

La vulgarité

C’est censé être un film aussi pour les enfants – d’ailleurs il y en avait plein dans la salle. Sauf que dans le premier quart d’heure, il y a un enchaînement de répliques toutes plus vulgaires les unes que les autres. A la Canal, finalement, quand j’y pense. Sauf que dans la bouche d’enfants de 10 ans et dans les oreilles des gamins dans la salle, ça m’a mise très mal à l’aise. J’ai même trouvé ça honteux, en fait. Parce que finalement, ça ne sert même pas l’histoire.

Le malaise

Contrairement au film ci-dessus, il n’y a rien de tendre ni de bon enfant dans le peu de guerre des boutons qu’on peut voir dans celui-ci. Et le peu représenté donne un peu envie de ne pas savoir où se foutre. Il y a une vraie volonté d’humilier dans celui-ci, et je ne suis pas sûre que ça fasse partie de l’histoire d’origine. La bande à L’Aztec, dirigée de cette manière, passe vraiment pour des psychopathes sadiques. Pas sûre que ce soit utile, en fait.

Les incohérences

La mère de Lebrac vit seule avec son fils et ses deux filles. C’est Lebrac qui est donc obligé, avant et après l’école, de s’occuper des bêtes, de la ferme, et du marché. Sa mère (Mathilde Seigner) se plaint sans arrêt de ne pas avoir assez d’argent pour survivre.

Mais elle te dit ça parfaitement maquillée, blushée, mascaratée, ombre à paupiérée, et brushinguée, tsé. Genre limite elle est très jolie (on parle bien de Mathilde Seigner, que j’aime bien par ailleurs, qui peut être belle mais pas spécialement « jolie »).

Et puis la petite fille qui a 3/20 en couture et qui 5 minutes après te pond un drapeau en vêtements grand comme un département parfaitement rectangulaire avec un bouton parfaitement centré et circulaire, tsé.

Et puis un des derniers plans… Ma sœur et moi, en cœur, nous sommes exclamé : « Mais LOL ! »

Voilà. Je ne spoilerai pas plus. C’est déjà amplement suffisant.

Les comédiens

Ils sont tous bons, mais c’est dommage qu’on ne comprenne rien à ce que disent la plupart des enfants. Déjà que c’est pauvre, on perd encore un peu plus de substance.

Mention spéciale pour Eric Elmosnino, que je ne connaissais pas.

Le Petit Gibus

Là encore le point Pépinot est atteint, mais dans une moindre mesure. Quoique…

Verdict

On a regardé l’heure plusieurs fois. On s’est demandé où ils voulaient en venir. On a attendu longtemps que ça commence jusqu’au moment où on a compris que la guerre des boutons était juste un prétexte.

Bref, on a trouvé ça mauvais et… décousu (seule cohérence du tout, finalement). Dommage pour les comédiens, qui méritaient mieux que ça.

[POESIE] Le Vicomte de Valmont (Concours Vol de Nuit 2008)

Voici le texte qui m’a permis de faire partie des lauréats du concours « Vol de Nuit – Spéciale 20 ans », en juin 2008. La consigne était : « Quel est le personnage littéraire qui vous a fasciné, ou qui vous a provisoirement éloigné de la littérature ? » Mon choix s’est porté sur le Vicomte de Valmont…

 

LE VICOMTE DE VALMONT

C’est un homme méchant et manipulateur,
Un prédateur malin aux grandes ambitions,
Un séducteur habile à déchirer les cœurs
Un vil galant nommé : Vicomte de Valmont.

C’est une libertine emplie de perfidie,
Une maîtresse femme aux toujours bons accueils
Mais ne vous fiez point à sa grande courtoisie
C’est la tant redoutée Marquise de Merteuil.

Ce duo infernal et si machiavélique
Multiplie les conquêtes et les trahisons
Pour déshonorer les figures angéliques
Soumises à leurs jeux d’amour et de passion.

Leurs victimes choisies, Cécile et de Tourvel,
Prises dans les filets de leurs plans démoniaques,
Sont ou bien mariée, ou jeune jouvencelle,
En tout cas cibles pures à leurs plans d’attaque.

Si je fus tant touchée par les desseins cruels
De ces anciens amants aux mœurs affriolantes
C’est parce que je fus Cécile et de Tourvel,
Passionnée, abusée, mais toujours consentante,

Une proie si facile et à la fois sauvage
Pour un Valmont moderne au regard de velours
Pour un vicomte âgé de quelques fois mon âge
Sans contexte serti de merveilleux atours,

A ce point ambigu, dénué de manières,
Et uniquement mû par ses envies ardentes
Qui me fascinaient tant et me laissaient naguère
Bien plus morte que vive et si souvent tremblante…

Je me demandais lors où était de Merteuil,
La complice cachée, la fière entremetteuse,
La sorcière engagée aux multiples écueils,
Ce personnage odieux aux lettres si flatteuses

Je ne l’ai pas trouvée au-delà de moi-même,
Moi, complice avouée de mon propre bourreau,
J’étais aussi marquise et portais le diadème
D’une étonnante aisance accordée au berceau.

Ce livre épistolaire et ces deux personnages
M’ont d’autant plus émue qu’à travers leur histoire
Une leçon de vie donnée page après page
Se révélait à moi et comblait mes espoirs

De comprendre les lois des relations humaines
Dans leurs plus noirs desseins et leurs plus vils contours
En espérant bien sûr que cela ne me mène
A aucun des malheurs provoqués par leurs tours !

L’ineffable Magie, la fée Littérature,
D’un coup de baguette nous explique le monde,
Les rancœurs et les cœurs, les espoirs qui perdurent,
Les passions éperdues auxquelles on succombe ;

Elle anticipe tant mes erreurs d’ici-bas
Que jamais sans roman je n’oserais sortir
Ni trop m’aventurer dans de délicieux bras
Sans prendre de leçon qui pourrait m’avertir

D’une éventuelle dangereuse liaison
Qui pourrait m’arriver du jour au lendemain.
Ne pas s’entourer de toutes les précautions
Serait creuser le nid de problèmes sans fin…

Aimer les livres et leurs bons enseignements
Est la clef d’une vie heureuse et réussie,
Ils nous offrent toujours d’abréger nos tourments,
D’améliorer nos cœurs, et nos sens en sursis

Et malgré mon envie de brûler les étapes,
D’accumuler amants, amantes et désirs,
Je freine mes ardeurs avant que ne me happe
L’insatiable appétit qui me fera souffrir

Car la vie toute entière en ses multiples dons
Est tellement prospère en cadeaux de tout style
Que profiter de tous est impossible, au fond,
Alors la frustration me laissera fébrile.

Je me laisse bercer par ces phrases chiadées
Que nous offre le grand Choderlos de Laclos
En rêvant d’un Valmont, contente d’avoir joué
Dans la cour des plus grands, et attendant bientôt

D’enfin vivre moi-même un autre de ces rôles
Que les livres nous offrent pour nous rendre heureux,
Et de croquer mes rêves comme sans contrôle
Pour jouir sans hésiter car la vie est un jeu…