[PODCAST] La folle histoire de l’Univers 36

[Oui, JE SAIS, je suis (très très) à la bourre. Mais je me suis rendue compte que c’était très difficile d’écrire deux chroniques scientifiques par semaine en même temps qu’un podcast sur les mêmes sujets. Alors maintenant que la saison de « La tête au carré » est terminée, je vais peut-être pouvoir rattraper mon retard de ces 6 derniers mois…]

[Chère Anne-So, mille excuses, j’ai dû tailler ton reportage à la hache 🙁 Tu avais intégré la bande-annonce de COSMOS mais malheureusement, Youtube l’a bloquée, j’ai donc dû la couper… Mais le podcast entier est disponible sur iTunes.]

Bonjour à tous ! Je suis Florence Porcel, community manager officielle de l’Univers, et je vous souhaite la bienvenue dans le 36ème épisode de ce podcast où je vais vous parler de l’Univers, du cosmos, de la Lune, de Rosetta, d’étoiles, de tout ça…

Et commençons par l’événement de ce début 2014 avec bien sûr le réveil de Rosetta, dont je vous avais parlé à l’épisode précédent… Elle avait été programmée pour se réveiller le 20 janvier dernier à 11h après une sieste de 957 jours… Et le temps que le réveil sonne, qu’elle se remette en route, qu’elle se réchauffe – parce qu’à 700 millions de kilomètres du Soleil, il fait froid ! – et qu’elle envoie un signal vers la Terre pour dire qu’elle allait bien – signal qui a mis 45 minutes à arriver… On a eu le temps d’avoir les miquettes que tout ne se passe pas comme prévu, mais si !! Si !! A 19h20, on a reçu le signal !!

Elle va donc très bien et continue son périple dans le froid dans l’espace interplanétaire où elle doit rencontrer la comète Churyimov-Gerasimenko en août prochain et déposer son atterrisseur Philae à sa surface le 11 novembre – je rappelle que tout ceci n’a jamais été fait : ni accompagner une comète pendant des mois, ce qu’elle fera jusqu’en décembre 2015, ni poser un engin sur une comète. Ça va être du sport parce que c’est incroyablement complexe.

Mais j’aurai l’occasion de vous en reparler, et en attendant, il existe un site où on peut savoir où se trouve Rosetta (sa position exacte et sa distance par rapport au soleil et à la Terre, par exemple) – et on peut même retracer ses 10 années de voyage et mieux comprendre comment elle s’est servie de l’influence gravitationnelle des planètes pour accélérer et pour atteindre sa cible.
D’ailleurs puisque j’y suis, big up aux gens qui ont calculé la trajectoire dans ce flipper cosmique plus de 10 ans à l’avance, ÇA FORCE LE RESPECT. Et même si c’est un ordinateur qui fait la simulation, y a tellement de paramètres à rentrer et d’équations qu’il a fallu trouver pour programmer l’engin que… bon… l’humain est un génie, parfois, hein, voilà voilà. Bref !

Elle est pas encore arrivée, Rosetta, mais elle tient le bon bout. Elle va enfin commencer à tirer des plans sur la comète. Ouais je sais. Je sors. Bon en tout cas, là elle multiplie ses freinages pour ralentir sa vitesse par rapport à la comète et tout se passe très bien pour le moment, c’est merveilleux.

Et justement, tiens voilà, c’est elle ! C’est Rosetta qui a fait un selfie de ses panneaux solaires quand elle a survolé Mars… Chouette photo, hein ? C’était juste pour la transition.

Eh ben figurez-vous que quelques années après ce cliché, sur la planète Mars, ce petit caillou blanc est apparu le 8 janvier 2014 au pied des roues d’Opportunity. Oui oui, du jour au lendemain, pouf ! Il était là, comme le montre cette photo avant/après.

Alors les scientifiques étaient bien emmerdés, ils cherchaient une explication. Elle a finalement été trouvée : ce sont les manœuvres de déplacements du rover qui ont retourné un caillou et qui l’ont envoyé bouler un peu plus loin. Mais c’est une véritable aubaine pour eux puisqu’il présente une face qui n’avait pas regardé le ciel depuis des milliards d’années…

Et puisqu’on parle d’Opportunity, passons à la date avec le 25 janvier où l’endurant petit rover a fêté ses 10 années terrestres sur Mars ! Pour l’occasion, il nous a envoyé un selfie – on le distingue à peine sur le sol martien tellement ses panneaux solaires sont recouverts de poussière martienne, le pauvre…

Je rappelle qu’il n’était censé fonctionner que 3 mois. Et qu’il vient donc de fêter allègrement ses 10 ans et qu’il fait toujours des découvertes. 10 ans ! Avec des panneaux solaires complètement recouverts qui le privent d’un peu d’énergie ! Eh ben heureusement… Heureusement surtout que le vent martien le nettoie régulièrement. Mais toute cette poussière n’empêche pas le satellite HiRISE de le suivre depuis l’espace…

Opportunity est donc carrément plus solide que Curiosity qui a des petits problèmes de roues, mais elle a passé la dune de sable Dingo Gap avec succès pour les reposer un peu des vilains cailloux coupants ! C’était vraiment un pari pour les ingénieurs, qui gardent toujours en tête que si Spirit, je jumeau d’Opportunity, ne fonctionne plus, c’est justement parce qu’il s’est ensablé dans une zone de même type. Mais elle a tâté le terrain d’une roue, elle s’est lancée, et elle l’a fait.

Et elle réussit également désormais à se déplacer en marche arrière justement pour reposer ses roues. D’ailleurs HiRISE lui a demandé si elle avait bien pensé à mettre en route le bip bip pour prévenir qu’elle reculait, ce qui a provoqué chez moi un joli fou rire. Déjà l’imaginer tester d’une roue la dune de sable comme on teste du bout du doigt de pied la température de l’eau, ça m’a fait marrer, mais là… Ah la la. Tout ça est drôle. C’est cool. On vit vraiment une chouette époque, avec ces comptes Twitter qui interagissent entre eux avec humour…

Bon, mais je parle de tous ces robots comme s’ils étaient vivants, à leur prêter des émotions, des qualités ou une conscience, alors que ce ne sont que des objets – de très haute technologie – mais des objets quand même, peut-être parce que ce serait PAS MAL qu’on renvoie des êtres humains au-delà de l’orbite de l’ISS – m’enfin moi je dis ça, je dis rien…
Mais en attendant, y a quand même des nouvelles sacrément bonnes du côté de la vie dans l’Univers. Parce qu’avec tous les progrès scientifiques, les instruments de mesure de plus en plus incroyables et les dizaines d’années de recherche, on ne sait toujours pas si nous sommes seuls !
Y a vraiment pas beaucoup d’astronautes et de scientifiques qui pensent que notre présence soit une exception, mais on n’a toujours aucune preuve. Cela dit, on avance, et tout ça est très excitant…

Il y a eu notamment cet article qui a fait l’effet d’un big bang dans ma vision de l’univers personnelle, et je ne comprends pas que ce soit passé complètement inaperçu, au moins en France, qui nous apprend que l’eau serait un élément qui se trouve absolument partout dans l’Univers. Et puisqu’on se base sur cet élément, entre autres, pour expliquer les formes de vie telles qu’on les connaît, c’est quand même une nouvelle absolument fabuleuse.

Je vous explique. Vous avez l’Univers. Bon. Il est composé d’énergie noire à 68,3 % et de matière noire à 26,8 %. Sauf qu’on ne sait absolument pas ce que c’est et que ça représente quand même plus de 95 % de l’Univers. Mais c’est pas ce qui nous importe ici. Les 4,9 % restants sont composés de matière baryonique, qui est un mot savant pour désigner toute la matière composée de protons et de neutrons qui composent les atomes et les molécules – en gros, toute la matière connue, donc vous, moi, cet ordinateur, les plantes, les cailloux, les nébuleuses et les galaxies.
Et il se trouve que ces 4,9 % de la matière connue de l’Univers se compose à 75 % d’hydrogène et 24 % d’hélium ; le pourcent restant étant composé d’éléments plus lourds (tous ceux qui nous composent, soit dit en passant) qui ne peuvent être fabriqués qu’au sein des étoiles puisqu’il n’y a que là qu’il y a l’énergie et la chaleur nécessaire pour fabriquer ces éléments.

Tout le monde suit bien ? Bon. Donc, les étoiles. Pour résumer leur fonctionnement, les étoiles naissent d’un nuage de gaz d’hydrogène qui s’effondre sur lui-même en se contractant, et donc en chauffant de plus en plus fort à mesure qu’il se contracte, et qui finit, à force de chauffer, par allumer une sorte de cœur d’étoile où la chaleur est telle que les atomes d’hydrogène fusionnent pour devenir des atomes d’hélium. Cette usine de fusion nucléaire fonctionne tranquillou comme ça pendant un bout de temps – quelques milliards d’années pour notre soleil, mais ça dépend de la taille de base de l’étoile – et puis quand la réserve d’hydrogène arrive à terme, ben ce sont les atomes d’hélium qu’elle commence à fusionner pour créer d’autres éléments plus lourds, et là du coup elle se transforme en géante rouge puis une naine blanche, et entre les deux, toute la matière qu’elle aura fabriquer sera progressivement éjectée dans l’espace.
Et plus une étoile est grosse, ou massive, plus elle a d’énergie pour créer des éléments de plus en plus lourds – et en général les étoiles qui vont jusqu’à synthétiser des trucs hyper balèzes comme du fer, ben elles explosent en supernova. Et l’explosion envoie aussi dans l’espace tous les éléments synthétisés, donc le fer, l’oxygène, le carbone… Enfin n’importe quel élément du tableau périodique. Voilà pourquoi on dit souvent qu’on est des poussières d’étoiles : c’est parce que tous les éléments qui nous composent ont été fabriqués par elles.

Et donc ! Quand une étoile explose, bim ! ça envoie des poussières d’étoiles partout. Et ce que cet article décrit, c’est que ces poussières sont principalement composées de silicates, qui contiennent de l’oxygène. Et elles sont bombardées par le vent solaire d’autres étoiles qui sont nées entre temps, et qui contient des ions d’hydrogène. Et hop ! De l’oxygène et de l’hydrogène, ça fait de l’eau. Mais c’est pas tout ! On sait aussi depuis un bail que les poussières interplanétaires contiennent aussi du carbone organique puisqu’on en trouve sur les astéroïdes et les comètes, par exemple. Les chercheurs en concluent donc que l’eau et le carbone organique, deux des ingrédients indispensables à l’apparition de la vie telle qu’on la connaît, sont présents absolument partout dans tout l’Univers, puisque des étoiles explosent partout dans l’Univers… Le troisième élément pour l’apparition de la vie, c’est l’énergie, donc globalement des étoiles ou des planètes massives pour créer des forces de marées sur des lunes plus petites comme autour de Saturne ou Jupiter, et bien sûr un peu de chance quand même. Mais globalement, y aurait tout partout pour que notre existence ne soit pas une exception, loin de là.
Truc de malade, non ? Truc de malade.

Et puisqu’on parle d’explosion d’étoile, voici un time-lapse d’images prises par Hubble sur une période de 4 ans, entre 2002 et 2006. En fait, ce n’est pas vraiment une explosion et les scientifiques sont un peu perplexes sur la nature de cet événement. Une collision d’étoiles, peut-être ? En tout cas celle qu’on voit au milieu s’appelle V838 Monocerotis et tout ceci s’est passé il y a très longtemps puisqu’elle se trouve à 20 000 années-lumière, mais c’est tellement, tellement beau…

En parlant de trucs cosmiques trop beau… Bon il est un peu tard, maintenant, puisqu’on est fin juin au moment où je vous parle, mais il y a eu un événement de ouf malade ces derniers mois : un remake de la série COSMOS de Carl Sagan. Et les personnalités de ce numéro 36, eh ben je les ai rencontrées : d’abord Ann Druyan, productrice de la série – l’originale et son remake, puisqu’en fait c’est la veuve de Carl Sagan, et elle a aussi produit l’adaptation ciné de « Contact », écrit par Carl Sagan qui est juste mon film préféré. C’était un immense honneur et une grande grande joie pour moi de rencontrer cette grande dame. J’étais assez émue, je dois dire… Et ensuite, Neil deGrasse Tyson. Ouais !! Le seul, le vrai, l’unique !!! C’est lui qui dit ça, par exemple : « Ce qu’il y a de bien avec les sciences, c’est que ça reste vrai, que tu y crois ou non ». J’adore ce mec. ET IL A JOUÉ SON PROPRE RÔLE DANS THE BIG BANG THEORY !!!

Et pardon, hein, mais y a pas que Obama qui a un selfie avec lui. Non mais oh !

Bon, donc je les ai rencontrés à Londres lors d’un voyage de presse, et j’ai pu interviewer les deux. L’entretien avec Ann Druyan a duré 30 minutes et on était plusieurs journalistes autour d’une table, et je lui ai notamment posé la question des femmes scientifiques dans ce remake – parce que c’est une question qui me tient à cœur, comme vous le savez sans doute. Et voici sa réponse…

Voilà et si vous voulez en savoir plus sur les femmes scientifiques, il y a une excellente conférence de Yaël Nazé, qui en a d’ailleurs écrit un bouquin dont je vous avais déjà parlé, que je vous conseille vraiment de voir, c’est édifiant. Edifiant dans le sens où il y a tellement de femmes qui ont marqué l’histoire des sciences de manière incroyable, et personne n’en a jamais entendu parler, c’est dément. Bref. Et je vous mettrai aussi en lien sur le blog un document qui les résume toutes.

Et puis j’ai eu droit à un face à face d’un quart d’heure avec Neil deGrasse Tyson. Et comment c’était trop cool. Du coup, si vous avez envie de connaître les coulisses d’une interview, je vous mets les premières secondes, c’est mon arrivée dans la pièce, et la première question à propos de Twitter. Faites pas gaffe à mon anglais épouvantable. Et là je ne double pas au-dessus parce que ce serait dommage mais je traduirai dans le billet dédié à ce podcast sur mon blog – écoutez…

Voilà, Neil deGrasse Tyson qui veut absolument que je revienne de Mars, je vous avoue, ça fait toujours bien dans un dîner mondain – dommage que je n’aille jamais en soirée.

(Voir aussi le billet que j’ai consacré à ces deux rencontres.)

Bref, en tout cas, c’était 2 rencontres vraiment passionnantes et marquantes et je remercie de tout cœur Gwendoline Oliviero, qui travaille pour National Geographic, qui m’a permis de vivre tout ça. Et après Londres, elle a également organisé une soirée au Palais de la Découverte pour présenter la série, et j’y suis allée avec ma copine Anne-So qui m’a fait un reportage trop bien…

Voilà ! Maintenant les 13 épisodes de la série ont tous été diffusés, et j’espère que ça vous aura donné envie de les voir – en tout cas moi j’ai trop hâte que ça sorte en DVD parce que comme je n’ai pas l’option télé, je n’ai pas National Geographic et j’ai pas pu les regarder… Sortie DVD en VOST seulement le 3 décembre selon mes informations, mais pour ceux qui ont l’option télé de tous ces FAI, vous avez accès à cette chaîne ; et excellente nouvelle ! les 5 derniers épisodes seront rediffusés cet été du 7 au 11 juillet à 17h, et du 21 au 25 juillet à 17h50. Vous me raconterez.

Du côté des tweets… Restons dans l’esprit de COSMOS qui raconte la vie, les sciences, l’Univers et le reste ; j’aimerais vous présenter mon projet intitulé « Pendant ce temps-là, dans l’Univers »… Le concept est simple : avec mes 30 comptes sur Twitter, je fais parler les astres entre eux. Je fais ça depuis 2 ans, certes, mais là, le plus régulièrement possible, l’Univers lui-même réunit tout le monde pour faire un petit état des lieux. Je me base évidemment sur l’actualité scientifique ou spatiale et je fais une image de chaque épisode que je publie sur mon blog avec les liens des infos citées en dessous. Voilà, c’est beaucoup de boulot mais ça m’amuse beaucoup, je vois ça comme un travail d’auteur et j’espère que ça vous fera marrer…

Et sinon, un tweet plus conventionnel qui nargue Newton ! Moi si je tweete que je vais manger une pomme, c’est carrément moins classe, c’est vraiment pas juste, d’abord.

 

Restons sur les Internets avec les bidules 2.0… Alors ça, ça c’est fabuleux. Pour représenter les distances au sein du système solaire, qui sont tellement énormes qu’on peut difficilement les appréhender, un graphiste a réduit la Lune à la taille d’un pixel et a mis tout le reste à l’échelle – là le soleil, par exemple. Et en fait il faut juste scroller. Juste pour vous montrer, on va faire le chemin de la Terre à Mars.
Voilà on y est.
Ce truc est vraiment génial, et je pense notamment aux enfants. Tout de suite on comprend et c’est super ludique, en plus.

Et ce site-là… C’est un truc de malade. Ça s’appelle First Men On The Moon, et en appuyant sur GO, on revit en temps réel avec les sons et les images d’archives le premier alunissage. À regarder dans le noir et avec un casque, on a l’impressionnant d’y être, c’est planant. J’adore ce truc.

Un peu de culture maintenant… Deux choses très importantes, la première étant bien sûr la parution du livre « En cherchant Majorana », d’Étienne Klein.
Ah ben voilà. Du coup je vais en profiter pour passer un message personnel si ça vous dérange.
Cher Étienne Klein ! Il va falloir faire un choix. Ah si. Alors de deux choses l’une : soit vous arrêtez définitivement d’écrire aussi bien. Soit vous sortez un livre au minimum toutes les semaines. Non parce que ça va bien, là, de me donner un texte aussi passionnant, aussi entraînant, aussi personnel et aussi bien écrit, et puis pouf ! genre ça s’arrête au bout de 160 pages ! Ah mais ça va pas être possible, hein. Donc allez hop !! Au boulot. Je veux le prochain sur mon bureau pour le 1er juillet. Voilà.

Désolée pour cet intermède, il fallait que ce soit dit. Et je sais ce que vous vous dites, que ça ne sert à rien parce qu’il ne m’écoute pas, oui, bon, certes. C’est possible. Mais comme la probabilité pour qu’il m’écoute est faible mais non nulle, il y a quand même une chance, alors je la prends.
Je crois que vous avez saisi le message, ce livre est un excellent livre. Ettore Majorana, c’est un physicien de génie du début du 20ème siècle, un personnage assez mystérieux, surtout depuis qu’il a disparu en 1938 et qu’on n’a jamais su ce qu’il lui était arrivé. Alors à l’heure qu’il est il est à peu près certain qu’il soit mort, mais est-ce qu’il est mort en 38 ? Ou plus tard ? Et comment, où ? Et surtout, pourquoi ?
Étienne Klein a voulu avoir des réponses à ses questions, et ce livre n’est pas le récit de la vie de Majorana, mais celui des chemins qu’Etienne Klein a dû parcourir pour trouver – ou pas – ces réponses. Alors il dit « je », il réfléchit, il raconte Majorana, ce qu’il en sait, où il a vécu, et ce qu’il a ressenti quand il est allé dans les endroits où il a vécu…
Voilà, bon, je m’arrête là, mais je pense que je le relirai de temps en temps parce qu’il est très riche. Mais vous me connaissez, je suis pas très objective quand il s’agit d’Etienne Klein. En tout cas si ça vous tente, c’est aux éditions des Equateurs et Flammarion et il coûte 17 euros.

Et un peu de cinéma bien sûr avec 7 Oscars pour Gravity : réalisateur, photo, montage, mixage, son et effets spéciaux – quasiment que de la technique et c’était amplement mérité.
J’ai été vraiment déçue que Sandra Bullock ne décroche pas celui de la meilleure actrice, parce que la vache, c’était une performance de malade. Il faut savoir qu’elle avait quasiment ni décor, ni accessoires, ni costume, ni partenaire et qu’elle a tourné dans 8m2 cube au bas mot.
Mais bon, tant pis, en tout cas, voici les félicitations super classes des astronautes qui étaient dans l’ISS à ce moment-là…

Et voilà, c’est la fin de ce numéro 36 de « La folle histoire de l’Univers », merci de l’avoir regardé ; je vous rappelle que vous pouvez retrouver cette vidéo sur ma chaîne Youtube, sur mon blog florenceporcel.com avec tous les liens, les vidéos, les images ; et bien sûr sur iTunes où il ne faut surtout pas hésiter à mettre plein d’étoiles et un commentaire – j’adore les commentaires. Pour plus d’infos au quotidien, vous pouvez me suivre sur Twitter et il y a aussi une page fan pour mon blog sur Facebook.
Je tiens à signaler que ma copine Anne-Sophie qui fait mes reportages sort son 1er single le 25 juin ! Et je conseille d’aller le découvrir, c’est top, ce qu’elle fait, vraiment.
Et je vous laisse en image avec la reconstitution de la toute première fois que des êtres humains ont vu un lever de Terre derrière la Lune… À très vite !

[PODCAST] La folle histoire de l’Univers 33

Bonjour à tous ! Je suis Florence Porcel, community manager officielle de l’Univers, et je vous souhaite la bienvenue dans le 33ème épisode de ce podcast (également disponible sur iTunes) où je vais vous parler de la comète ISON, de Saturne, de l’ISS, d’une BD à offrir, de Mars, d’anecdotes sur Gravity et de jeu-concours de Lego de l’espace…

 

Commençons par un anniversaire puisque le 1er novembre dernier, le télescope d’Arecibo a fêté ses 50 ans ! Le télescope d’Arecibo, c’est d’abord cette incroyable construction qui est à la fois une prouesse technologique et un magnifique exemple d’artefact qui utilise la nature avec intelligence, puisqu’il a été construit sur une cavité naturelle.

Et ce n’est pas un télescope qui voit les choses grâces à la lumière, lui il utilise les ondes radio – c’est ce qu’on appelle donc un radiotélescope, et c’est le plus grand télescope simple du monde.
Quelques chiffres pour s’en rendre compte : son antenne est la plus grande antenne convergente incurvée jamais construite avec un diamètre de 305 mètres et une surface composée de 38 778 panneaux d’aluminium. Il a fallu 3 ans pour construire, le tout, quand même !

Et à la base, il n’a pas du tout été conçu pour écouter l’espace mais pour étudier la ionosphère, c’est à dire la partie supérieure de notre atmosphère ! Et puis en fait, les scientifiques se sont rendus compte qu’il était tellement puissant qu’ils ont très vite élargi leurs champs de recherche.
Du coup, Arecibo étudie quand même la ionosphère, il regarde des astéroïdes, il a découvert des choses à propos de Vénus et de Mercure, il trouve des pulsars, ce qui a valu un prix Nobel aux deux scientifiques qui travaillaient sur ce sujet, il file des petits coups de pouce à la NASA, et ses données sont celles qui servent au projet Seti@Home qui consiste à utiliser l’ordinateur des personnes qui le souhaitent pour augmenter la puissance de calcul de SETI pour trouver un signal radio extraterrestre.

Et il a joué dans de nombreuses fictions, d’ailleurs : vous l’avez sûrement vu dans le James Bond « Goldeneye », dans la série « X-Files », dans le jeu « Battlefield 4 » ou bien sûr dans le film « Contact » où le personnage de Jodie Foster est inspiré de Jill Tarter qui a dirigé l’institut SETI pendant des années.
Et d’ailleurs Arecibo ne fait pas que recevoir des ondes radio puisqu’il a à son tour envoyé un message destiné à une éventuelle civilisation intelligente qui se trouverait dans l’amas M13. Mais comme il est situé à 25 000 années-lumière et que le message est parti en 1974, on n’est pas près de recevoir une réponse, c’est moi qui vous le dis.

 

Ah !… La vie ailleurs… Eternelle question qui n’est toujours pas résolue. Cependant, on a quand même fait un sacré bond en avant quand Curiosity nous a confirmé que Mars avait bel et bien été habitable. Habitée on n’en sait rien, mais habitable oui. Et ce que vous voyez là, c’est une reconstitution de Mars il y a 4 milliards d’années…

 

En tout cas, je ne sais plus trop bien si on cherche de la vie ailleurs juste par curiosité ou parce qu’on commence à en avoir ras-le-bol de la nature humaine… et ce tweet de Astronomy Blog l’illustre très bien.

 

Il dit : « Si jamais je devais expliquer à une force extraterrestre sur le point de nous envahir pourquoi ils devraient épargner l’humanité, j’espère que ça n’arrivera pas juste après avoir lu des commentaires sur Internet. »

Et c’est tellement vrai… Internet est la plus merveilleuse chose qui soit arrivée ces derniers temps à l’humanité, mais c’est aussi là que personnellement, je perds complètement foi en elle assez régulièrement. (Oui, parce qu’en vrai je suis une éternelle optimiste et je reste persuadée qu’on est capable de trop belles choses pour être foncièrement mauvais, mais bon… régulièrement, je me prends de jolies baffes dans la gueule quand même.)

Mais là où c’est vraiment grave – parce que mes états d’âme personnels, on s’en fout un peu – c’est qu’un journal américain historique comme Popscience, qui existe depuis 141 ans, ce qui est considérable par rapport à l’histoire des Etats-Unis – eh ben ce média a décidé de purement et simplement fermer les commentaires sous ses articles.

La directrice des contenus, Suzanne LaBarre, a expliqué que les commentaires étaient « mauvais pour la science ». Quand elle développe, ça donne ça, je la cite : « Les personnes qui publient des commentaires forgent l’opinion publique, l’opinion publique forge la politique publique, la politique publique forge comment, si et quoi la recherche va être financée, vous commencez à comprendre pourquoi nous nous sentons obligés de désactiver ces commentaires. »

Je n’arrive pas à savoir si cette solution extrême est bonne ou pas, mais en tout cas, il faut bien avouer que cet argument-là se tient. Parce que je suis quand même tombée récemment sur quelqu’un dans des commentaires qui te soutient mordicus qu’on nous ment qu’on n’est jamais allé dans l’espace et que la Terre est plate… Donc quand tu lis ça, ben oui, t’as juste envie de pleurer.

En tout cas si vous aviez encore un doute sur ces questions, je peux vous l’assurer : bien sûr que si nous sommes allés dans l’espace, et même qu’on y est en permanence depuis 13 ans, et même qu’on y emmène des objets, dis donc ! Et pour le coup c’est une première historique, la torche olympique a fait un petit séjour dans l’espace, accompagnée par deux astronautes russes en sortie extravéhiculaire le 10 novembre dernier…

 

Et 10 jours plus tard, le 20 novembre, on fêtait les 15 ans de l’ISS ! 15 ans ! 15 ans pour mettre en place le plus grand artefact jamais construit dans l’espace. Et cette vidéo montre à quel point c’est un exploit scientifique, technique et humain, une sorte de Lego spatial construit dans les 3 dimensions de l’espace par 6 agences spatiales représentant 16 pays qui, en plus ! n’utilisent pas les mêmes normes.

 

Longue de 110 mètres, large de 74 mètres, haute de 30 mètres, 400 tonnes et 400m3 habitables, 2500 m2 de panneaux solaires pour un coût total estimé à 115 milliards de dollars…
Des équipes de 3 se relayent tous les 6 mois, on en est à la 38ème, 1500 expériences scientifiques y ont été réalisées en médecine, physiologie humaine, biologie, physique, sciences de la terre, haute-technologie…

Tout ça à 400 kilomètres au-dessus de nos têtes à la vitesse de 28000km/h, ce qui est plus rapide qu’une balle de revolver, et je vous rappelle qu’il existe une appli permettant de savoir quand exactement elle passe au-dessus de nos têtes. Et j’ai passé mon été à la regarder passer, c’est assez magique. Il s’agit de ISS Spotter pour les iPhones et ISS Detector pour Android.

Et plus magique encore, c’est que non seulement on peut la regarder passer, mais elle nous observe également… La preuve avec ces photos de la Terre prises par de nombreux astronautes à bord…

La pointe de la Floride vue de l'ISS

Elle est belle notre planète, hein… couverte d’océans… Elle est d’autant plus belle qu’elle est unique – dans l’état actuel de nos connaissances – et nos océans avec. Nos océans surtout, qui contiennent à eux seuls des centaines de milliers d’espèces et où seulement 1% des espèces des océans profonds a été échantillonnée. Donc non seulement tout ça est unique mais en plus on est loin de tout connaître et de tout savoir.

Et il se trouve qu’il y a une sorte de pêche qui racle ces fonds marins en détruisant tout sur leur passage, donc 99% d’espèces qu’on ne connaît pas, et dans le pourcent restant, des coraux âgés de 4000 ans et des tas d’espèces dont le cycle de reproduction est très lent et qui risque donc de disparaître très très vite.

Je vous la fais courte parce qu’on s’éloigne des sciences de l’univers et de l’exploration spatiale, mais le chalutage profond est 3000 fois plus destructif que n’importe quelle activité marine humaine, y compris l’extraction de gaz ou de pétrole ; qu’il y a 11 navires en Europe qui utilisent cette technique donc 9 sont français ; que cette pêche est uniquement financée par des subventions – et donc par nos impôts – qu’en plus elle est déficitaire et qu’elle ne représente qu’une portion congrue des emplois marins français !

Pénélope Bagieu en a fait un post sur son blog, ce sont ces illustrations que j’utilise depuis tout à l’heure, et il ne reste que quelques jours avant qu’une loi ne puisse être votée au Parlement Européen pour interdire ce genre de pratique. Donc il n’est pas trop tard pour signer la pétition, il reste quelques jours pour rejoindre les plus de 600 000 personnes qui ont signé.
J’ai signé, bien sûr, parce que je pars du principe qu’en signant, je sauve un peu le monde. Voilà.

Après ce petit intermède, revenons à des choses moins terre à terre…

La comète ISON photographiée par Damian Peach

Elle est belle, hein.
Enfin elle était, parce que cette facétieuse comète ISON ne ressemble plus du tout à ça depuis le 28 novembre où elle est passée au plus près du Soleil.
Mais avant ça, regardez… Ce gif extraordinaire où on la voit, d’ailleurs il y a 2 comètes sur cette image, ISON étant celle en bas de l’image, dans son approche du soleil…

On voit très bien comment le vent solaire influence les queues des comètes, à des vitesses évidemment très accélérées, mais quand même… Moi je n’ai pas pu m’empêcher de penser à des spermatozoïdes et de voir les planètes comme des ovules. Ce n’est pas une comparaison si triviale quand on sait que la théorie de la panspermie, qui pense que ce sont les comètes qui ont apporté l’eau des océans et les premières briques de la vie sur Terre, est de plus en plus admise. Voilà. C’était pour la digression un peu philosophique du jour…

Pour en revenir à ISON, elle a donc frôlé le soleil le 28 novembre dernier, et comme elle est composée de glace, on s’inquiétait pour elle… Elle nous a d’ailleurs fait une sacrée farce en disparaissant complètement des radars pendant plusieurs heures… avant de réapparaître, certes diminuée, mais bel et bien là ! Cependant, il semble que plus rien ne subsiste d’elle à l’heure où j’écris ces lignes… On n’aura pas le spectacle incroyable promis pour Noël. Tant pis !

En parlant de Noël ! Vous êtes sûrement en pleine course aux cadeaux, alors si vous manquez d’idées pour un enfant ou un ado – ou même pour un adulte, d’ailleurs !, je vous conseille cette BD, « L’Europe dans l’espace », ou l’exploration spatiale côté ESA est racontée de différentes façons.

Déjà par le personnage de Tania, une astronaute, dans une BD en 2 parties où elle doit faire face à des terroristes qui veulent qu’elle emmène des diamants jusque dans la station MIR. Et une troisième BD, inédite, où elle doit aller secourir des astronautes sur la Lune.
C’est amusant, c’est frais, et surtout c’est super bien documenté. Les bâtiments existants sont les mêmes, les procédures sont respectées, bref… c’est un peu Gravity en BD – en plus légers, moins solitaire et surtout moins catastrophique.
Et entre les BD, l’histoire de l’exploration spatiale est racontée avec du texte, des photos d’archives, des explications, des images magnifiques, des schémas…

Bref, c’est un très beau cadeau de Noël à offrir pour tous ceux qui s’intéressent à tout ça, à partir de 8-9 ans. Il fait 176 pages, il coûte 25 euros, et il est préfacé par Jean-François Clervoy et Claudie Haigneré, entre autres…

En parlant de gens du spatial qui s’impliquent dans des livres… Voici la personnalité que j’ai envie de mettre en avant dans cet épisode. Il fait partie de la liste très sélect de mes héros, il s’appelle Sébastien Rouquette, il est docteur en planétologie – déjà rien que ça il me vend du rêve sur 12 générations d’immortels – mais en plus il est passé à ça d’entrer dans le corps des astronautes de l’ESA, il est entré au CNES en tant que médiateur spatial, il s’est occupé de la sélection des expériences éducatives des vols paraboliques, il a travaillé à la conception de satellites d’astrophysique, et il est désormais responsable des vols paraboliques.

J’ai d’ailleurs volé avec lui lors de mon expérience zéro-g – voilà, il est là en bleu à l’arrière-plan en milieu de l’image et c’est lui qui nous dit d’arrêter de lutter et d’y aller tranquille. Et ne me demandez pas comment il fait pour rester debout, je n’en ai aucune idée ! Ce garçon n’est pas humain.

Bon. Et en plus, il dit des choses géniales que je vais encadrer chez moi, du genre ça :

« On entend souvent des commentaires « le spatial ça coûte cher »… C’est faux. C’est environ 10€ par français et par an, 0,1% de l’évasion fiscale.
1 euros investi dans le spatial rapporte même 19€ à l’économie de notre pays. C’est énorme !
C’est très bien mais cela n’est qu’une partie du « bénéfice ». Le plus important à mes yeux, n’est pas ce qui brille, ce qui est monnayable. Non, la vérité est ailleurs. On vit dans un monde où l’humain doit être pesé, mesuré, évalué, chiffré, rentabilisé ! Et je pense que c’est une erreur. Ce qui fait le bénéfice maximal c’est la connaissance. La science est à préserver de même que la musique, le théâtre, la littérature,… L’expression scientifique est le 10e art !
La connaissance est à prendre au premier degré. Elle nous éveille à ce que nous sommes. Un peu comme lorsque les premiers satellites nous ont renvoyé l’image de la Terre, notre propre place dans l’Univers. Mais bien sûr, il a aussi la connaissance qui nous permettra d’acquérir de nouvelles compétences. On n’en a pas toujours conscience, la recherche fondamentale pose les jalons des inventions majeures de demain.
Juste un exemple, on imaginait dans les années 70 que l’apport de l’espace se ferait en particulier dans le domaine des communications. Aujourd’hui c’est plus dans le domaine de l’environnement que le spatial est une pierre angulaire, par la vision globale est précise qu’il rapporte de notre monde.
C’est finalement pour cela qu’on intente souvent des procès aux sciences en les accusant du mal qu’elles combattent. En vérité, elles rendent l’homme meilleur et plus malin. Tout ce qu’il faut pour ne pas être un agneau victime des systèmes et des dogmes.
Je suis heureux et fier de contribuer à cet élan humaniste. »

Voilà. C’est un extrait d’une longue interview que j’ai mise en ligne sur mon blog. C’est un homme passionnant, je vous invite vraiment à la lire.
Et d’ailleurs dans cette interview, je lui ai demandé comment on pouvait devenir monsieur en orange qui rattrape littéralement les gens au vol – parce qu’on ne sait jamais, hein, je pense à une reconversion – et ça a inspiré ce dessin absolument génial à la blogueuse dessinatrice AnneKa, que je remercie chaleureusement et qui illustrera peut-être régulièrement des sujets abordés dans ce podcast.

Dessin : AnneKa.

En attendant, vous pouvez aller voir ce qu’elle fait sur anneka.fr, c’est très chouette ! Et une version humoristique de ce dessin est en ligne sur mon blog, dans le billet dédié à ce podcast…

Dessin : AnneKa.

En tout cas il devrait y avoir des milliers de Sébastien Rouquette, et sachez qu’il a également sorti 2 livres pour les enfants, sans doute parce qu’il en a quatre : « Le papillon et la Lune » et « Mon premier atlas du ciel et de l’espace« .

Prenons un peu de distance avec un autre bidule connecté !… Un site qui s’appelle chromoscope.net propose de regarder la Voie Lactée, notre galaxie, dans toutes les longueurs d’onde, des rayons X aux ondes radio. Et c’est fou comme ça change et qu’on n’y voit jamais la même chose.

Ça permet aussi de rappeler que les sens humains sont limités. Rien que sur Terre, déjà, des animaux ont par exemple une ouïe beaucoup plus fine que la nôtre, ou entendent dans d’autres fréquences. On a un sens de l’odorat extrêmement peu développé et notre vue, donc, est limitée au visible – ce qui est une tautologie, je vous l’accorde – d’où notre besoin de fabriquer des instruments qui voient pour nous dans d’autres longueurs d’onde.

Alors imaginez… imaginez qu’une autre espèce intelligente existe, qu’elle soit dotée d’une vue, mais qu’elle ne puisse voir que dans les micro-ondes. Vous voyez la différence entre notre vision du monde et la leur ? Ça n’a rien à voir – sans mauvais jeu de mot. Alors on risque pas de se comprendre, donc de s’entendre, donc de se respecter.
Déjà qu’on y arrive pas ici, au sein de la même espèce vivant sur la même planète, parfois même dans le même pays, parfois même dans le même immeuble… Alors un alien, hein. Comment dire. C’est pas gagné.

Voilà. Non rien, en fait c’était juste comme ça.

Mais justement, tiens, restons dans le bidule connecté et l’humain… Je ne sais pas si vous savez, mais 2013 est l’année des mathématiques de la planète Terre. Pour l’occasion, Tasse de Sciences propose une série de vidéos sur ce thème illustrées par Aurélie Bordenave, qui illustre déjà les semaines dessinées de « La tête au carré » pour France Inter.
Je vous fais cadeau du 4ème épisode sur 5, c’est du génie.

 

(Et à propos de mathématiques, courez voir le docu « Comment j’ai détesté les maths » au ciné !!)

Bon, mais quand même, malgré nos désaccords, nous vivons tous sur une même planète. Qui, je le rappelle, est unique en son genre. Et des fois, on organise des trucs à l’échelle internationale qui mobilisent tout le monde… C’est pas souvent, ce sont souvent des évènements sportifs… mais des fois, c’est lié à l’espace. Et récemment, je vous en avais longuement parlé lors de l’épisode 31, les êtres humains tout autour du globe avait fait signe au même moment en direction de Saturne parce qu’on savait qu’une photo allait être prise de là-bas, par Cassini, à ce moment-là.
Et d’autres clichés viennent d’arriver… Le temps de traiter les données, de reconstituer les images, etc etc…
Voici donc Saturne.

C’est une vraie photo. Ce sont les vraies couleurs. Et nous sommes dessus. Vous ne vous voyez pas ?…
Alors voici la même photo légendée.

Truc de ouf, hein… 🙂

Et c’est avec ce genre de photo qu’on se peut se rendre compte à quel point nous vivons sur un vaisseau spatial. Seuls les astronautes qui ont volé en ont profondément conscience, dans leur âme et dans leurs tripes, si j’ose dire, et c’est vraiment cette prise de conscience qui les change tous – en tout cas, tous ceux que j’ai pu rencontrer, lire ou écouter.
Et justement le mois dernier, j’ai été invitée à une séance privée de Gravity par l’association Women In Aerospace – Europe en compagnie justement de Jean-François Clervoy, astronaute, et de Tiffany Tavernier, scénariste. Ecoutez Jean-François Clervoy parler de la Terre vue de l’espace…

Il nous a aussi raconté que la première fois qu’il a vu le film, il a vraiment cru que les premières images, la réparation de Hubble et tout ça, étaient des images d’archives tellement c’était réaliste. Je rappelle qu’il a volé 3 fois, la dernière fois en 99 justement dans une mission de réparation de Hubble.
Il nous a raconté aussi que rien n’avait jamais été aussi catastrophique dans le film dans l’histoire des stations spatiales, mais que la station Mir a quand même eu chaud aux fesses…

Il nous a parlé aussi des deux autres grosses incohérences du film – tout en disant que c’était pas si grave, ça reste du cinéma, pas un documentaire – c’est qu’une combinaison spatiale, ça se retire pas comme ça, en général on s’y met à plusieurs, ça tient plus de l’armure que de la combinaison de mécano quand même, il y a notamment tout le circuit de refroidissement rempli d’eau pour rafraîchir quand on est côté soleil et réchauffer côté nuit, qui avait d’ailleurs été à l’origine de la fuite d’eau dans le casque de Luca Parmitano au mois de juillet.

Et deuxième grosse incohérence, physique cette fois-ci, c’est quand George Clooney est au bout du câble et que Sandra Bullock essaye de le rattraper. En vrai, il suffirait qu’elle le tire vers elle pour qu’il la rattrape. Et d’ailleurs, on le voit bien après quand elle tente de s’échapper de l’ISS en Soyouz, il est attaché à la station par son parachute, et elle a beau vouloir s’en aller, les câbles la ramènent tout le temps vers elle. Mais bon. Le scénario voulait que Clooney disparaisse, alors il s’est arrangé avec les lois de la physique.

Et d’ailleurs il n’y avait pas que Jean-François Clervoy à cette projection, il y avait aussi Tiffany Tavernier qui est scénariste et qui nous a donc parlé du scénario…

Voilà, donc si quelqu’un connaît Mathieu Kassovitz, dites-lui que je veux bien un rôle, hein !
Et Jean-François Clervoy nous a d’ailleurs apporté quelques précisions sur la préparation de Gravity. L’équipe a fait un vol parabolique dans l’avion de Novespace, mais pas Sandra Bullock. En fait elle a failli y passer dans le crash d’un jet privé il y a quelques années et depuis elle a peur, alors son staff avait demandé les CV de chaque personne à bord du zéro-g, leurs qualifications, leurs parcours, leurs heures de vol… Novespace a dit ok ben non, en fait, ça va pas être pas possible. Donc pas d’apesanteur pour Sandra Bullock, mais pour préparer son rôle, elle a quand même fait un Skype avec Cady Coleman qui était dans l’ISS à l’époque. Et c’est elle qui lui a dit que quand on se relâche complètement en apesanteur, on retrouve une position fœtale. Donc ce que vous voyez là c’est pas faux, mais pour l’avoir expérimenté moi-même, moi ce que j’ai constaté c’est que les bras s’envolent aussi, et avec les coudes écartés. Alors ça fait moins sexy que ça, c’est sûr, et moins fœtal, donc je pense que c’est pour ça qu’ils ont gardé cette position.

Vous avez dit symbole ?

Par contre, ce que je savais pas du tout, c’est que toutes les scènes d’apesanteur qu’il y a dans Apollo 13, c’est du vrai apesanteur ! Ils ont tourné tout ça dans un avion de la NASA, 12 minutes en tout je crois, j’imagine même pas le nombre de paraboles de 20 secondes que ça fait. Oh, 36, remarque, mais je crois qu’il a fallu 3 fois plus de prises pour que ce soit dans la boîte. Et Jean-François Clervoy nous a dit aussi que du coup, le vomi dans Apollo 13, c’est du vrai vomi – ce qui me rassure, je me sens vachement moins seule, du coup !

Cela dit la NASA n’a pas été consultante sur Gravity – en revanche elle a donné accès à toute la documentation qui était demandée. Mais elle l’avait été sur Armageddon et Space Cowboys, et d’ailleurs Jean-François Clervoy nous a raconté qu’en sortant d’un exercice de simulation, il avait croisé Clint Eastwood qui était là pour préparer son rôle ! Ah on croise de tout, à la NASA, hein…

Et il nous dit deux autres choses à propos du film également, c’est que en vrai les stations ne sont pas sur la même orbite, alors que dans le film si mais que ce n’est pas si grave parce que ça pourrait arriver ; et que la scène que j’ai trouvée un peu ridicule où elle se propulse vers la station chinoise à l’aide d’un extincteur n’est pas si ridicule puisque le premier américain dans l’espace avait le même système pour se déplacer, une sorte de pistolet à gaz. Donc comme quoi, hein…

Et ensuite, la conversation a porté sur les femmes dans l’espace, puisque c’est la raison d’être de l’association, et j’ai appris qu’il y avait une femme dans l’équipage de la mission qui avait mis Hubble en orbite en 1990 ; et que ben homme ou femme, c’est la même chose, aucune différence n’est faite. Chacun a un rôle bien défini, un poste, chacun sait ce qu’il a à faire et… voilà. C’est tout. Juste que quand il n’y a qu’une femme dans l’ISS parmi un équipage majoritairement masculin, les américaines ont un quart d’heure d’intimité matin et soir derrière un rideau pour se changer – alors que la russe, elle s’en fout complètement.

Voilà ! En tout cas si vous voulez rejoindre l’association Women In Aerospace – Europe c’est ouvert à tous, hommes et femmes, travaillant ou pas dans l’aérospatial. Je mettrai tous les liens dans le billet dédié à ce podcast sur mon blog.

Et pour finir, je vous informe le magazine Ciel et Espace organise un grand jeu en partenariat avec Lego, l’ESA, le CNES, Universciences et plein d’autres… Il y a 3 catégories, enfants ado et adultes, et le but du jeu est de proposer une maquette en Lego la plus fidèle possible de Philae, l’atterrisseur de la sonde Rosetta actuellement en route vers une comète et qui devra se poser dessus.

Y a des sacrés cadeaux à gagner, comme des Lego de l’espace évidemment, mais aussi des abonnements, des maquettes d’Ariane 5, des livres, et le 1er prix catégorie adulte, c’est rien d’autre qu’un séjour au centre de contrôle de l’ESA à Darmstadt en Allemagne pour assister en direct à l’atterrissage de Philae sur une comète qui se trouve euh… très loin.
Un truc de ouf, quand même. Tout est expliqué dans le dernier numéro de Ciel et Espace – un abonnement à ce magazine est aussi une très bonne idée de cadeau de noël, quand j’y pense – et sur leur site internet.

Et c’est la fin de cet épisode 33, merci à tous de continuer à suivre ce podcast malgré le rythme beaucoup moins soutenu qu’il a pris, et sachez que la meilleure manière de me dire que vous l’appréciez, c’est de lui mettre une note sur iTunes et surtout de me laisser un petit commentaire… Ça me fait super plaisir.
Entre 2 podcasts, vous pouvez m’écouter tous les lundis et les jeudis sur France Inter dans « La tête au carré » à 14h45, je suis sur Twitter, vous pouvez liker la page de mon blog où je relaye non seulement mes billets mais aussi quand il y a des live de décollage de fusée, par exemple ; et j’espère qu’au prochain épisode, je pourrai vous dire si oui ou non je passe au second tour dans la sélection des astronautes qui iront s’installer définitivement sur Mars…

Prenez du temps pour être dans la Lune, faites des choses qui vous mettent des étoiles dans les yeux, et à très bientôt !…

[SCIENCE-FICTION] Les rôles féminins dans les films de SF

Depuis le mois dernier, la Suède donne un label aux films qui sortent pour indiquer leur degré de sexisme (ou non). Il est basé sur le test de Bechdel, créé en 1985 par Alison Bechdel, une dessinatrice féministe américaine, qui évalue la présence des femmes dans un film à base de 3 questions :
– Y a-t-il au moins 2 personnages féminins portant des noms ?
– Ces deux femmes se parlent-elles ?
– Leur conversation porte-t-elle sur un sujet autre qu’un personnage masculin ?
Si les réponses sont oui, alors le film se verra attribuer d’un « label A ».

Si la démarche est honorable, je ne suis pas convaincue que ce test soit le plus à même de juger du sexisme d’un film – soit parce que même si les réponses sont oui, ça n’empêche pas de véhiculer des clichés grotesques ou une vision patriarcale de la société, soit parce que si la réponse est non, ce film peut quand même contrer ces clichés et cette vision.

Preuve en est, par exemple, que Star Wars échoue au test alors que la Princesse Leia est pour moi l’exemple parfait du rôle féminin réussi – mais il n’y en a pas vraiment d’autre dans la trilogie historique (épisodes IV-V-VI) et la réponses aux 2 premières questions est non.
Alors que dans Love Actually (que j’aime beaucoup beaucoup) qui passe le test avec succès (enfin je crois…), les rôles féminins sont cantonnés à femme de, secrétaire de, femme de ménage de, etc. Ce qui, personnellement, m’agace parce qu’on reste dans la femme-définie-uniquement-par-rapport-à-un-homme.

Mais bien avant que je ne prenne conscience de tout ça et que j’analyse tout ce que je vois, j’ai toujours été frustrée, enfant et adolescente, mais sans forcément mettre de mot dessus, de me sentir un peu exclue des films que je voyais.
Particulièrement attirée par la science-fiction, je n’ai jamais vraiment pu m’identifier à des rôles féminins forts (à quelques exceptions près sur lesquelles je vais revenir) comme les petits garçons le faisaient pour à peu près tous ce qu’ils voyaient. Moi, j’en étais réduite à « vouloir » épouser les personnages… C’est un peu triste (et réducteur, donc).

La Princesse Leia, rare personnage féminin fort de la science-fiction

Mais j’ai grandi. Et à l’heure où la Suède instaure donc son label avec lequel je ne suis pas tout à fait d’accord, je me suis dit qu’une petite analyse des personnages féminins dans les films de science-fiction serait sans doute instructive…
Voici donc ma grille de lecture tout à fait personnelle (avec un choix de films tout à fait subjectif) : j’ai classé en 5 catégories les différents statuts des rôles féminins rencontrés dans la SF de ces dernières années.
(Attention, il se peut qu’il y ait parfois des spoilers pour ceux qui n’auraient pas vu les films mentionnés.)

[Ce n’est ni une étude sociologique, ni un jugement de qualité des films, ni un article journalistique, ni un pamphlet pour éliminer les êtres masculins ou assimilés de la surface de la planète, juste un billet personnel sur un blog personnel, merci de vous en souvenir avant de faire des commentaires hors-sujet.]

LES FEMMES QUI NE SERVENT À RIEN

Partie du visuel du DVD français

Irène, interprétée par Uma Thurman, est… Irène, une collègue du héros Jérôme Morrow (Ethan Hawke), astronaute de son état. On ne sait pas quel est son métier, son statut, sa mission. On ne connaît pas son nom de famille. On se demande à quoi sert son personnage à part d’être la caution sexy du film (ce qui n’est pas un vrai rôle, hein)… jusqu’à ce qu’elle ait enfin une utilité dans le scénario.
Et je vous le donne en mille : elle sert d’alibi au héros lors d’un contrôle de salive, qui le refuse en disant au policier « vous ne voudriez quand même pas que le résultat soit faussé, si vous voyez ce que je veux dire… » avec un gros clin d’oeil. No comment.
À la fin, elle deviendra sa petite amie, sans que son personnage n’ait rien apporté de plus à l’intrigue.
Par contre, pour une raison qui m’échappe – enfin non, ça confirme que c’est donc bien la caution sexy du film – elle est très présente sur toutes les versions de l’affiche du film.

Dans Planète Rouge, Carrie-Ann Moss interprète un rôle que l’on pense fort et qui en fait ne sert à rien. C’est elle la chef de la mission martienne, mais… elle a droit au tiercé gagnant : conflit avec l’équipage qui a bien du mal à obéir aux ordres d’une femme ; scène graveleuse où l’un des hommes la regarde en train de se changer ; et finalement, bisou à la fin au seul rescapé de la mission – dont elle devient alors la petite-amie.

C’est bien, parce qu’elle n’est pas du tout hyper-sexualisée, en plus.

Sans compter que finalement dans le film, son rôle s’arrête bien vite puisqu’après un problème technique, elle ne peut pas descendre sur Mars et reste en orbite. (On l’oublie jusqu’à la fin où elle récupère donc le héros pour lui faire un bisou.)

Perséphone dans Matrix, interprétée par Monica Bellucci, c’est une « femme de », et son rôle se résume à se faire embrasser par le héros. Super intéressant, dis donc. (Je parlerai de Trinity plus tard.)

Dans Matrix, Planète Rouge et Bienvenue à Gattaca, les femmes ne sont donc là que pour faire des bisous au héros et devenir leur petite amie. Jolie transition pour la prochaine catégorie…

LES MÈRES DE / ÉPOUSES DE / FILLES DE

Alors là prenez des RTT parce qu’on en a pour un moment. Je vais essayer de la faire courte et par ordre alphabétique de film.

Dans 2012 (que j’aime beaucoup beaucoup, comme quoi, hein), nous avons l’ex-femme du gentil héros américain, l’épouse bimbo du méchant russe, et la fille du Président qui deviendra par la suite la petite-amie du scientifique de l’histoire (passer du papa au mari, vous imaginez comme j’adore l’idée).

Double combo également dans Armageddon, où Grace (Liv Tyler) est à la fois la fille de Bruce Willis et la fiancée de Ben Affleck. Elle a quand même un métier, mais dans la boîte de papa (et c’est anecdotique dans l’histoire).
À la fin du film, Bruce Willis sauve le monde en se sacrifiant à la place de Ben Affleck juste pour que sa fifille ne soit pas trop perdue. Ben oui la pauvre chérie, si aucun homme n’est là pour veiller sur elle, que va-t-elle devenir, hein ?
Il y a quand même une femme pilote de navette dans la deuxième équipe qui part sur l’astéroïde. Mais c’est un rôle mineur (mais c’est déjà ça).

Pareil pour le personnage d’Amanda Seyfried dans Time Out qui est d’abord la fille de son papa milliardaire avant de se faire kidnapper (devenant une victime) puis de devenir la petite-amie du héros.

Double combo encore pour Avatar (décidément, la femme qui passe du papa au mari, on a du mal à s’en débarrasser, hein), le personnage principal féminin s’appelle Neytiri et elle est la fille du chef du village. Plus tard, elle deviendra la petite-amie du héros. Heureusement, d’autres personnages féminins viennent sauver l’affaire : celui de Sigourney Weaver qui est le médecin responsable de la mission et celui de Michelle Rodriguez qui joue une pilote d’hélicoptère (mais qui, si ma mémoire est bonne, se prend quelques réflexions sexistes au passage, c’est vrai que c’est vachement utile dans le scénario de ce genre de film.)

Sigourney Weaver, femme médecin

Dans Mission to Mars, il y a une femme astronaute dans l’équipage. Hourra !! En fait non. C’est la femme d’un autre astronaute. Ça n’est sûrement pas venu à l’esprit des scénaristes qu’une astronaute pouvait juste être astronaute, et pas en plus la femme de. Parce que si elle avait été « juste » astronaute, ça n’aurait strictement rien changé à l’histoire. Alors ? Une explication ?

Dans Inception, Marion Cotillard est la femme de Leonardo DiCaprio. Heureusement, l’autre rôle féminin du film est plus costaud, j’en parlerai plus tard.

Independence Day, c’est un peu comme 2012 : la petite-amie bimbo du héros, l’ex-femme du scientifique, la femme du Président… Par contre, je ne connais pas le genre des aliens. Quelqu’un pourrait-il m’éclairer là-dessus ?

Dans la trilogie Retour vers le futur, Lorraine est la mère de Marty et Jennifer est sa petite-amie. Un effort à noter du côté du troisième volet où Clara est une institutrice férue d’astronomie. Mais elle devient dès son apparition la petite-amie de Doc… Dommage. C’était bien tenté.

Dans Snowpiercer (toujours en salles, foncez le voir), les 2 personnages féminins du côté des révoltés sont une mère d’un petit garçon disparu et la fille d’un des personnages principaux. Les 3 autres femmes du film ont un rôle un peu moins réducteur… mais… J’y viens tout de suite.

(Mais avant de passer à la catégorie suivante, je viens de me rendre compte de quelque chose d’édifiant : pour chaque film traité jusqu’ici, je peux compter les personnages féminins. Essayez de faire la même chose avec les hommes, pour voir…
Comment ? Non, en effet. Ce n’est pas possible.
Voilà.)

LES RÔLES INTÉRESSANTS… OU PRESQUE 

Snowpiercer, donc, avec unE ministre du train mais qui est complètement sous l’influence du grand gourou Wilford – tout comme l’institutrice enceinte jusqu’aux yeux. Quant au cinquième personnage féminin, peu présent, elle est certes munie d’une arme mais il s’agit d’une sorte d’assistante. En fait, son statut n’est pas très bien défini.

Dans L’armée des 12 singes, Madeleine Stowe interprète Kathryn Railly, une psychiatre, auteure et conférencière, ce qui est plutôt une bonne nouvelle. Malheureusement, elle bascule au milieu du film de médecin à victime en se faisant enlever par Bruce Willis.
Elle n’en reste pas moins psychiatre, mais… mais à partir de là, elle est sans arrêt renvoyée à sa sexualité : d’abord victime d’une tentative de viol où elle se retrouve à quatre pattes devant un homme qui commence à se déshabiller en la traitant d’un délicieux « salope » ; ensuite, lorsqu’elle raccroche d’un coup de fil, son interlocuteur la gratifie d’un condescendant « une psychiatre en dentelles et talons aiguilles » ; enfin, quand elle se réfugie dans un hôtel avec Bruce Willis, le mec à l’accueil la prend pour une prostituée. Ça aurait pu s’arrêter là, sauf que dans la suite, un proxénète vient l’agresser dans sa chambre en lui reprochant d’être sur son territoire…
Rôle important dans l’intrigue, psychiatre reconnue… mais ça reste une p…, quand même.

Même combat dans Blade Runner. Il y a 2 personnages féminins. L’une, Pris, est un robot destiné au plaisir sexuel (des hommes évidemment) – et accessoirement petite-amie d’un autre personnage. Quant à Rachel, elle est l’assistante d’un des personnages.
Vous allez me dire : oui, mais dans Intelligence Artificielle, Jude Law joue un gigolo ! C’est exact. Mais il n’est pas tout le temps à poil, lui.

Pour l’instant, les femmes ont beau avoir des rôles importants, elles sont soit renvoyées (voire réduites) à leur sexualité, soit en position d’infériorité dans leur vie professionnelle.

Trinity, le personnage qu'on croyait indépendant et en fait non

On retrouve Carrie-Ann Moss et la fameuse Trinity. Quand, au début du film, on découvre que c’est une hackeuse, on se dit chouette ! un personnage féminin intéressant. Et puis en fait non.
Parce que Trinity malgré son statut de hackeuse, c’est une sorte d’assistante de Morpheus. Alors d’accord, elle court, elle se bat, elle fait de la moto… mais si ce personnage est une femme, c’est uniquement parce qu’il y a une prophétie qui dit qu’elle tombera amoureuse de l’Élu. Aaaah, ok… Moi qui croyais qu’elle pouvait être autre chose que la-petite-amie-du-héros…
Et il y a ce grand moment où elle sauve la vie de Neo… en l’embrassant. Tandis que plus tard, quand c’est Neo qui lui sauve la vie à son tour, il lui fait un message cardiaque. Elle, non. Une femme, ça ne fait pas de massage cardiaque, ça ressuscite d’un seul baiser, c’est bien connu.

Dans Matrix, il y a aussi l’Oracle, qui est une femme. Choix révolutionnaire dans le casting ? Mmmh… non. L’oracle est dans la droite lignée de la Pythie hystérique, de la sorcière maléfique et de la voyante complètement barrée. On reste quand même pas mal dans le cliché…

J’aurais sincèrement voulu mettre Ariane du fabuleux Inception dans la catégorie « rôle féminin réussi ». Elle est architecte, brillante, intelligente, dégourdie… Tout pour plaire. Vraiment. Mais… mais un détail dans le scénario la rétrograde, à mon plus grand regret.
À un moment, dans un rêve, un des personnages lui demande de l’embrasser pour essayer de détourner l’attention de gens qui semblent leur vouloir du mal. Elle n’a pas trop le choix, elle s’exécute. Voici la suite :
– Ça a fonctionné ?
– Non.
– …
– Ça valait la peine de tenter le coup, répond l’homme qui lui a volé un baiser d’un air taquin.
Ariane, comprenant qu’elle vient de se faire avoir, sourit du genre « ah ah ah, quelle bonne blague, on m’a forcée à embrasser quelqu’un, c’est tellement drôle d’être victime d’une agression sexuelle ! » (Oui, un baiser obtenu par contrainte est une agression sexuelle.)
Si le scénariste (Christopher Nolan en l’occurrence) avait été une femme, voici ce qu’elle aurait sans doute écrit :
(… bla bla bla…)
– Ça valait la peine de tenter le coup, répond l’homme qui lui a volé un baiser d’un air taquin.
Ariane le gifle, puis lui sourit d’un air taquin à son tour.
– C’est qu’un rêve, au fond !
L’homme sourit du genre « bien joué, je l’ai bien mérité ».

Voilà. Vous allez me dire – bien entendu… – que ce n’est qu’un détail, que ce n’est pas si grave, que c’est rien qu’un baiser, volé certes, mais qu’il ne l’a pas menacée, etc, etc, etc…
Alors… 1) SI, c’est grave, puisqu’il y a contrainte et que c’est donc puni par la loi. Point.
2) Ça l’est d’autant plus à mon sens que cette scène NE SERT À RIEN. Faites le test : imaginez qu’elle ait été coupée au montage, ça ne change strictement rien à l’intrigue (le personnage l’avoue lui-même) ni aux relations qu’il y a entre les personnages (Ariane n’est plus jamais renvoyée à son statut de femme en potentielle position de faiblesse parmi tous ces hommes). Cette scène est juste là parce que le scénariste n’a pas pu s’empêcher (et peut-être pas forcément de manière consciente, un comble pour un film sur les rêves) de rappeler à ce personnage sa condition de femme potentiellement violable.
Ce sont ces petites choses, ce genre de « détails » qui s’instillent dans nos cerveaux et qui font croire aux garçons que c’est amusant et aux filles que c’est normal. Alors que ce n’est ni l’un, ni l’autre, et que cette scène est strictement inutile.
Et ça m’embête beaucoup parce qu’à part ça, le film et ce personnage sont parfaits.

Dans Minority Report, il y a 2 rôles féminins notables : Lisa, la femme de Tom Cruise et mère de leur enfant disparu, et Agatha la precog. Oui, sauf que… sauf qu’Agatha est un personnage volontairement androgyne. Donc je ne suis pas sûre que ce soit un rôle féminin fort…

LES PREMIERS RÔLES QUI S’EXCUSENT D’ÊTRE FÉMININS

… ce qui nous amène à cette catégorie. Avant toute chose, que ce soit bien clair et qu’on ne m’accuse pas de tout et de n’importe quoi : une femme est une femme, quand bien même elle serait plus musclée qu’un Van Damme, avec les cheveux courts ou rasés (comme Agatha), amputée de son utérus ou de ses seins, née homme mais de genre féminin, ou je ne sais pas quoi encore. Ça, c’est pour la vraie vie, le quotidien, le monde dans lequel on vit. Bon.

Mais au cinéma, c’est différent : chaque détail est un symbole qui a une signification, c’est à dire qu’un personnage ressemble physiquement à tout ce qu’on veut faire passer comme symbolique (et/ou clichés) à travers lui.
Par exemple… Je ne retrouve pas le lien et c’est dommage, mais j’avais lu un article à propos de la préparation du tournage de Ghost. Quand les deux comédiens principaux étaient arrivés le premier jour sur le plateau, le réalisateur avait failli avoir une attaque parce que Demi Moore avait coupé ses cheveux tout court et que Patrick Swayze, en plus, les avait longs (mais ça a pu s’arranger) – ce qui inversait les rôles « sexués ». Vous allez me dire : on s’en fout. Oui, en effet, mais pas au cinéma, donc. Ce sont des détails qui comptent et ça a été une vraie problématique à gérer pour l’équipe du film. Finalement ils les ont gardés tels qu’ils sont et personne n’y a fait attention, parce que les gens ne sont pas débiles et qu’on allait pas confondre ou croire que les rôles étaient inversés.

Tout ça pour dire, donc, que ce qui paraît être un détail ne l’est pas : c’est soigneusement pensé et réfléchi. Un film dure environ 2 heures, il n’y a pas tellement de place pour les fioritures, tous les détails comptent et ont une signification.

Karen Nyberg, ingénieur et astronaute. COMME QUOI. HEIN.

Ce qui m’amène donc à Gravity où la beauté des images est inversement proportionnelle à la subtilité du personnage principal. Sandra Bullock joue Ryan Stone. Eh oui, Ryan, un prénom masculin. On aurait pu passer outre, mais non, c’est appuyé par un échange entre elle et son collègue : « C’est quoi ça Ryan comme prénom pour une femme ? » « Mon père voulait un garçon. » No comment.

Et je ne sais pas vous, mais moi j’ai été frappée quand elle retire son casque pour la première fois : je ne m’attendais pas du tout à ce qu’elle ait les cheveux courts. Ça m’a énervée, je crois, oui.
Comme chaque détail compte au cinéma, surtout dans ce film bourré de symboles, c’est comme si le scénariste s’excusait d’avoir choisi une femme en rôle principal. C’est agaçant. « Bon ok, c’est une femme, mais… elle s’appelle Ryan et elle a les cheveux courts, hein, ne vous inquiétez pas, c’est un peu un homme quand même ! » Ben oui, des fois qu’on ne la prenne pas au sérieux si elle s’était appelée Karen et qu’elle avait eu de longs cheveux blonds, doux et soyeux, hein.
Pourquoi ne pas avoir choisi un homme pour ce rôle, me direz-vous ? La réponse du réalisateur est très claire : il voulait du symbole, que tout soit attiré vers la « Mother Earth », la renaissance, toussa toussa. Donc d’un côté, Ryan Stone est un garçon manqué, mais de l’autre quand même, elle réunit tous les clichés de la maman, du foetus, de la naissance, etc. Parce que si elle se retrouve dans l’espace, c’est parce que Ryan est une « mère de » qui n’a pas fait le deuil de sa fille disparue – rien de plus. Vous avez dit réducteur ?

Vous avez dit symbole ?

Il y aurait encore tant de choses à dire si ce personnage féminin… Je ne le ferai pas ici, mais sachez que tout ce que j’en pense a été écrit dans ce billet. Le fait qu’il ait été écrit par un homme me rassure, oui, ça me permet d’avoir un argument de poids quand on me reproche (évidemment) d’être parano sur ces histoires de vision de la femme dans le cinéma : on peut être un homme et être gêné par tous les clichés archaïques ou grotesques que véhicule ce personnage, eh oui.

Suivante dans la catégorie des femmes qui s’excusent d’être des femmes parce qu’elles ont le premier rôle : Ripley, dans Alien. On est d’accord : dans une moindre mesure par rapport à Gravity. C’est à peine comparable. Mais…
Mais Sigourney Weaver a été choisie parce qu’elle est grande (1m82) et qu’elle a un physique qui se rapproche de l’androgynie. Hop ! on gomme tout ce qui peut se rapporter aux symboles d’une « vraie » femme de cinéma (longs cheveux, coquetterie, sexytude, etc…) Imaginez, par exemple, une Reese Witherspoon dans le rôle de Ripley. Alors ? Erreur de casting, ça ne fonctionnerait pas ? Voilà. CQFD.
Sans compter qu’elle devient « mère de » un alien, qu’elle a des sentiments pour « son bébé » et qu’il y en a pour l’appeler « Maman »… On ne s’en débarrasse pas, hein. Une femme est forcément une mère. Dommage, parce que Ripley a effectivement une fille, mais ça ne change absolument rien au rôle qu’elle a : si elle n’avait pas été mère, le personnage aurait été le même.

LES RÔLES FÉMININS RÉUSSIS

Mais oui ! Il y en a !! C’est possible !!! 😀

Quels sont les critères qui me le font dire ? Eh ben il faut que le personnage ne soit pas affublé de tous les clichés ou symboles que j’ai dénoncés jusque-là. Il faut que ce soit une femme qui ne soit pas définie par rapport à un homme, que son personnage ne soit pas une victime, qu’elle ne soit pas renvoyée ou réduite à sa sexualité, qu’elle ne soit pas privée d’attributs physiques dits « de vraie femme de cinéma », qu’elle peut être mère mais sans que ça ne la définisse de A à Z…

Première à jamais gravée dans mon coeur de geek : la princesse Leia de la trilogie Star Wars. Leia est une femme politique, une meneuse, une résistante, un soldat, une femme qui ne s’en laisse pas compter, qui envoie bouler régulièrement ce relou d’Han Solo, qui sauve Luke qui était venu la sauver mais sans plan pour repartir, etc, etc… La princesse Leia ressemble à une femme sans être hyper-sexualisée (même les scènes en bikini sont soft parce que la caméra ne s’y attarde pas inutilement), elle est volontaire, drôle, avec un caractère fort… Elle est parfaite. PARFAITE.

Autre femme de science-fiction parfaite, et c’est d’ailleurs la principale caractéristique de son personnage, c’est Leeloo dans Le cinquième élément. Dotée d’une intelligence supérieure, imbattable au combat, être suprême… C’est elle qui sauve le monde, et ce n’est pas en faisant un bisou à Bruce Willis, mais l’inverse. Comme quoi, hein.

Un peu moins tape à l’oeil mais tout aussi juste : Jenny Lerner dans Deep Impact, interprétée par Tea Leoni. La personne qui a réalisé ce film est une femme, tiens donc, ça peut avoir joué. Jenny est journaliste, déterminée, pugnace, c’est le personnage principal du film à travers lequel on avance dans l’histoire.

Enfin, last but not least, Ellie Arroway (Jodie Foster) dans Contact. Inspirée de Jill Tarter, qui a été la directrice de l’Institut SETI pendant des années, c’est une scientifique qui se bat pour avoir des subventions pour son projet d’écoute de signaux radio venus de l’espace. Et quand elle capte un signal qui s’avère être extraterrestre, elle devient l’experte absolue dans ce domaine et finit même par être une toute nouvelle sorte d’astronaute.

(Et un petit bonus, même si je ne range pas Thor 2 dans la catégorie Science-Fiction, il est intéressant de voir le traitement des personnages féminins dans ce film encore à l’affiche. Natalie Portman y joue une astrophysicienne, elle a une assistante… qui a elle-même un assistant ! Et quand ces deux-là se découvrent des sentiments amoureux l’un pour l’autre, c’est elle qui prend l’initiative de l’embrasser dans une parodie de scène de baiser cinématographique où un homme embrasse une femme en la tordant vers l’arrière et vers le bas. C’est là qu’on se rend compte que cette chorégraphie est tout à fait ridicule (et qu’en plus, c’est inconfortable et ça doit faire mal.)

Par contre… il est intéressant de constater que pour ceux deux dernières catégories où une femme a le rôle principal ou un rôle fort, aucune des affiches de ces films ne la montrent. Sauf pour Contact, mais Jodie Foster, assise (passive, rêveuse), est accompagnée de Matthew McConaughey, debout (actif, dans l’action) – rappelez-vous, la symbolique… ; et pour Star Wars où tous les héros sont présentés.
Alors… une femme à l’affiche, d’accord – une femme sur l’affiche, c’est pas encore ça.

Et c’est bien joli de râler et de ne pas être d’accord avec le test de Bechdel, mais si on ne propose pas de solution pour améliorer les choses, ça sert à rien. Alors je propose un autre test, celui-ci composé de 5 questions. Et à la quantité prônée par Bechdel, puisqu’il faut encore choisir entre les deux, je préfère la qualité des personnages. Le voici :

1) Y a-t-il au moins un personnage féminin en premier ou second rôle ?
2) Ces femmes sont-elles définies autrement que par rapport à un homme ?
3) Ces femmes sont-elles exemptes de remarques concernant leur sexualité ?
4) Ces femmes sont-elles exemptes de caractéristiques physiques dites « masculines » ?
5) Pour les femmes qui sont mères, leur personnage existerait-il si elles ne l’étaient pas ?

Faites passer ce test à n’importe quel film. Vous verrez qu’on est très loin d’avoir une représentation saine des femmes dans le cinéma.

[PODCAST] La folle histoire de l’Univers 32

Bonjour à tous ! Je suis Florence Porcel, community manager officielle de l’Univers, et je vous souhaite la bienvenue dans le 32ème épisode de ce podcast (disponible également sur iTunes) où je vais vous parler de gravité à toutes les sauces – ou plutôt d’absence de gravité, d’une fusée qui fait du rewind, d’eau martienne, et d’une date historique dans l’histoire de l’humanité…

LE BIDULE 2.0
Mais commençons par le bidule 2.0… La comète ISON approche ! Il me semble que j’avais annoncé sa découverte par des scientifiques russes l’année dernière dans l’un des tous premiers épisodes de ce podcast, et si elle était encore très loin de nous, elle continue son petit bonhomme de chemin vers le soleil à la vitesse de 39 km/s à l’heure où je vous parle…
Elle a déjà croisé Mars, comme on peut le voir sur cette photo prise par la sonde MRO en orbite autour de la planète rouge ; on la voit beaucoup mieux ici, un peu plus tard – Mars est le point le plus brillant ; mais surtout, on peut suivre son avancée en temps réel sur ce site.
Et par exemple ça m’aide vachement à comprendre sa trajectoire dans le système solaire avec la position des planètes par rapport au soleil. Et quand on fait une simulation, on a l’impression qu’elle va se prendre toutes les planètes sur son chemin mais en fait non… C’est là qu’on se rend compte que purée, c’est un peu un miracle qu’on se prenne pas plus souvent des trucs costauds sur le coin du nez.

Autre bidule 2.0, c’est l’appli que vient de lancer le Palais de la Découverte et qui s’appelle « Echelles de taille ». Elle prend comme point de départ le Palais d’Antin, qui accueille le musée, et si on va vers la gauche on y trouve des objets ou des notions de plus en plus grandes, comme l’altitude de Hubble ou la distance du Soleil à Proxima du Centaure ; et si on va sur la droite on va vers l’infiniment petit, en passant par la fourmi ou les globules rouges.
On peut y trouver des infos supplémentaires à chaque fois, et c’est souvent relié à ce qu’on peut trouver dans le musée. En tout cas, on retrouve toutes les thématiques du lieu dans l’appli mais dans une forme originale : au lieu d’un bête plan du Palais de la Découverte, on peut vraiment se rendre compte des échelles de taille de tout ce qui nous entoure – et de ce qui nous compose…
Je pense que c’est très bien pour les enfants, en tout cas. L’appli est gratuite, et elle est dispo chez Apple et Android !

Et d’ailleurs, en parlant du Palais de la Découverte, il fait partie avec la Cité des Sciences du groupe Universcience, et si vous êtes parisiens et demandeurs d’emploi, sachez que le Pass valable 1 an pour un accès gratuit et illimité sur les 2 sites est à 15 euros ! Avec également l’accès gratuit aux planétariums, aux bibliothèques, des réductions pour la Géode, les boutiques et les restaurants, etc etc.
Voilà, moi je me suis offert ça et je m’en félicite. Sinon il est à 28 euros pour les moins de 25 ans et à 38 euros pour les plus de 25 ans, et il y a également un tarif à 80 euros pour un Pass famille. Evidemment, tous les renseignements seront en liens dans le billet dédié à ce podcast sur mon blog !
Et je tiens à préciser que je n’ai aucun lien avec Universciences – c’est juste qu’on a la chance, à Paris, d’avoir ces deux endroits magiques, et que ça me semblait important de dire qu’ils sont plus accessibles que je ne le pensais moi-même. Voilà !

LA DATE
Maintenant, je vais vous montrer un truc de ouf qui s’est passé le 7 octobre dernier. Tout commence de manière tout à fait naturelle, une fusée sur un pas de tir, bon, si vous suivez régulièrement ce podcast, vous en avez vu d’autres. Celle-ci s’appelle Grasshopper, ce qui veut dire sauterelle, et c’est une fusée made in SpaceX – vous savez, la boîte d’Elon Musk qui est devenue la première compagnie privée à faire du fret pour l’ISS ? Bon.
Le point de vue est déjà nouveau, puisque ce décollage est filmé d’un Hexacopter – qui est un modèle de drone. Donc déjà, visuellement, ça claque. Et là… et là on ne se rend pas forcément compte de grand-chose mais… arrivée à 744 mètres d’altitude – ce qui n’est pas énorme j’en conviens – là… la fusée redescend. ELLE REDESCEND. Tranquille mimile, à peine perturbée… Et bim. OKÉ. OKÉ. VOILÀ.
Encore un exploit technique pour Elon Musk, mon héros. Le but du jeu, c’est évidemment d’inventer une fusée réutilisable pour réduire les coûts, mais aussi l’impact environnemental, j’imagine, si cher au milliardaire. Ce prototype de fusée, nommé aussi VTVL pour Vertical Take-Off Vertical Landing, est une réussite. J’ai hâte de voir les essais suivants !

 

L’ÉVÈNEMENT
Mais en parlant d’engins spatiaux qui réalisent de grandes premières, voici l’événement et… et c’est là que je me rends compte que pfiou !… j’ai laissé passer un paquet de temps entre 2 épisodes de ce podcast, bon, hum.

A chaque fois qu’on annonçait que Voyager 1 quittait le système solaire, je vous en parlais avec un brin de sarcasme – je crois que c’est quand même arrivé 2 ou 3 fois en une saison, quand même, hein ! D’ailleurs à ce sujet, j’aime beaucoup ce tweet de FibreTigre.

 

Bon, mais là, ça y est, c’est officiel, un pas historique a été franchi… Voyager 1 n’a pas quitté le système solaire, mais elle est entrée, pour la première fois dans l’histoire des artefacts, dans l’espace interstellaire.
Et voici ce qu’elle peut entendre, c’est unique dans l’histoire de l’humanité je le rappelle, hors de l’influence du vent solaire, à plus de 15 milliards de kilomètres de la Terre…

Donc pas de sortie du système solaire, qui se définit par l’influence gravitationnelle de notre étoile et donc jusqu’au théorique nuage d’Oort si j’ai bien tout compris, mais quand même une entrée dans un espace interstellaire, un endroit que les particules éjectées du soleil n’atteignent pas, pas plus que celles éjectées d’autres étoiles. Et cette merveilleuse petite sonde des années 70 continue à nous envoyer des données, même si un aller-retour entre elle et nous prend 35 heures…

Je lui souhaiterais bien bon vent, mais justement, si j’en parle aujourd’hui c’est qu’il y en a plus pour elle, donc… bon, ben bonne continuation de voyage, Voyager, alors…

LA PERSONNALITÉ
Revenons un peu sur Terre pour parler des humains… Et plus précisément d’une humaine. Elle est russe, elle s’appelle Adilya Kotovskaya, et ce genre de chose, voyez… ça m’énerve.

La médecin russe qui habilla Gagarine… Non mais ! Moi je vous avoue que quand j’ai lu ça, juste le titre, avec tous les clichés de genre qu’on a dans la tête, même moi qui fais hyper gaffe à ça, j’ai clairement imaginé une infirmière, ou une assistante, qui avait habillé Gagarine avant d’aller dans l’espace et que c’était une anecdote un peu annexe mais amusante d’une personne de deuxième plan qui avait vécu ce moment historique. Parce que pardon, hein, mais au risque d’insister, dans « habiller Gagarine », on pense quand même à une infirmière qui aide un malade ou à une maman qui habille son enfant.

Sauf que… sauf que voilà, dans les premières lignes de l’article, on y parle de poser des électrodes. Et qu’ensuite, on apprend que cette dame de 85 ans est docteur en physiologie, qu’elle a travaillé sur la mission Laïka, 1er être vivant à être allé dans l’espace, et qu’elle est un grand nom du spatial pour avoir travaillé sur la physiologie humaine, le système neuro-central et musculaire et sur l’immunologie. Pour résumer, elle est une spécialiste russe du corps humain en apesanteur, et sa conclusion après une vie de travail et d’expériences, c’est, je la cite, « L’Homme est un habitant de la Terre et il est fait pour y vivre » !

Et habiller Gagarine, dans tout ça ? Ah, oui, voilà, c’est au 3ème paragraphe, en fin de phrase, en anecdote. Et inutile de dire que ce détail n’est absolument pas le sujet de l’article.

Je peux comprendre qu’une anecdote fasse un titre accrocheur. Ok. Mais auriez-vous choisi la même, monsieur ou madame de l’AFP, si Adilya Kotovskaya avait été un homme ?… Eh ben moi je suis prête à parier que non et que vous auriez plutôt choisi les électrodes – parce que ça fait vachement plus sérieux, les électrodes, tout de suite ça fait scientifique, médecin, données compliquées, ouh la la ! Mais comme ce docteur en physiologie est une femme, on va plutôt mettre en titre pour la présenter qu’elle a habillé Gagarine, pour se conformer à l’image qu’on a de la femme, douce, aimante, toujours en train d’aider son prochain avec un joli sourire !

Vous savez quoi ? Ça me gonfle. Voilà. Et ce qui est encore plus énervant, c’est de voir que ce titre a été repris tel quel par tout le monde. TOUT LE MONDE. C’est pénible. Non mais vraiment. Et le pire dans tout ça, c’est qu’il n’y a sans doute pas de volonté manifeste d’être sexiste à la base !! Je peux même pas blâmer le ou la journaliste à l’origine de ce titre.
Mais s’il vous plaît, si vous êtes journaliste et que vous m’écoutez, si je peux me permettre une petite réflexion… Quand vous écrivez sur une femme, que ce soit un titre ou un papier… Quand vous avez fini, remplacez le nom de cette femme par un nom d’homme – ça se fait en 2 clics sur un traitement de texte. Et ensuite relisez-vous. Si y a des trucs qui vous paraissent bizarres, changez-les. Vraiment.
Un docteur en physiologie qui a laissé son nom dans l’histoire de l’exploration spatiale est un docteur en physiologie qui a laissé son nom dans l’histoire de l’exploration spatiale. Point. On se fout de savoir s’il a une paire de testicules ou de seins. Alors ce serait pas mal que le traitement journalistique soit le même. Merci !

Bon, en tout cas… Cette grande dame était à Toulouse pour célébrer les 20 ans du CADMOS, le Centre d’Aide au Développement des activités en Micropesanteur et des Opérations Spatiales, et concernant un aller-retour habité sur Mars, voici ce qu’elle dit : « C’est un délire. On peut y rêver, mais on en est encore loin, bien sûr. »
Eh oui c’est connu, plus que la technique, c’est bien la réaction du corps humain qui pose le plus de problème…

L’INFO
Mais l’info du podcast est quand même une excellente nouvelle qui nous vient de la planète rouge – une bonne nouvelle non seulement pour la connaissance mais également pour d’éventuels corps humains qui se rendraient sur place.
Le sol martien est composé de 2% d’eau ! On pensait que la surface de Mars était aussi glacée que sèche, eh ben non ! L’instrument d’analyse français SAM présent sur Curiosity a analysé un échantillon de la poussière, et après l’avoir chauffé à 835 degrés, il a analysé toutes les vapeurs qui se sont dégagées, et parmi tout ça, il a trouvé de la vapeur d’eau à hauteur de 2% de l’échantillon.

C’est une sacrée nouvelle dans le sens où on ne parle plus de glace au pôle ou éventuellement enfouie dans le sol, non – là, ça veut dire qu’il y a de l’eau partout, et à portée de main ! C’est donc une grande nouvelle pour le futur des vols habités, et évidemment pour la candidate à Mars One que je suis.
Mais… mais restons tout de même réaliste, tout ne sera pas si facile : déjà, cette eau n’existe ni à l’état liquide, ni sous forme de glace. Elle prend une autre forme chimique en se collant aux grains de poussière. Il faudra donc une petite manip pour lui faire reprendre une forme plus naturelle pour nous – inutile donc de penser qu’il suffira de sucer quelques cailloux en cas de soif. Et surtout penser à ne pas oublier son labo de petit chimiste avant de partir.

Deuxièmement, cette eau contient des perchlorates qui pourraient poser des problèmes de thyroïdes – donc il vaudrait mieux s’en débarrasser avant de boire de longues gorgées. Et troisièmement, la manip pour extraire cette eau du sol rejette des gaz toxiques – ce qui fait que pour l’instant, cette eau est un poison mortel. Mais ! mais maintenant qu’on sait tout ça et de manière précise, on va pouvoir trouver des solutions ! Parce que la science, c’est merveilleux. Eh ouais.
En tout cas, ça reste une grande découverte. Big up, Curiosity ! Et l’instrument SAM, français, cocorico. Voilà.

L’IMAGE
L’image, maintenant… Regardez… Coucou !! hihihi c’est moi !… Bon, cette vidéo est un peu pourrie mais j’en ai d’autres…

Avant de vous montrer, attendez que je vous raconte. Dans l’épisode précédent, je vous avais annoncé que j’allais faire un vol parabolique. Mais c’est quoi, exactement ? Jean-François Clervoy, astronaute et président de Novespace, qui s’occupe de ces vols en France, l’explique en 2 mots.
En fait, ça ressemble à ça. Un A300, qui est un avion tout ce qu’il y a de plus normal, comme le précise Stéphane Pichet qui a également été le pilote de mon vol, et il fait des paraboles. C’est à dire qu’il pique vers le ciel pour passer de 6000 à 8500 mètres d’altitude, période d’une vingtaine de secondes pendant laquelle on pèse 1,8 fois notre poids… puis il… euh, tombe et c’est là où nous sommes en zéro gravité, c’est à dire qu’on ressent absolument les mêmes sensations que les astronautes dans l’espace. Et c’est un truc de ouf. Y a pas de mot… Et il pique vers l’océan pour revenir à 6000 mètres, et c’est encore une période en 1,8g. Ensuite, il y a une minute où tout est normal, et ça recommence ! Et ce, 31 fois en l’espace de 2 heures.

Et moi, alors déjà, ben j’ai fait le décollage dans le cockpit. J’ai malheureusement pas les images, mais j’ai le son…
Ensuite, première parabole. Mon corps découvre la pesanteur terrestre multipliée par 1,8. Ça lui fait tout bizarre, comme dans un grand 8 où on plonge d’un seul coup vers le bas mais en plus fort et en plus dur. (…) Voilà, et ça y est, c’est fini. La surprise est passée, il sait, il s’habitue déjà. Et la première impesanteur… Wow. Je reste attaché comme conseillé mais j’ai l’impression de savoir ce qu’un bébé ressent quand il vient au monde. Une surprise physique… mais doublée d’un émerveillement infini.
Deuxième parabole, c’est encore très surprenant, j’ai du mal à lâcher prise et à me laisser aller !
Troisième parabole, on nous donne un précieux conseil…

4ème parabole, je tente le reportage pour « La tête au carré » en direct de l’apesanteur.

6ème parabole, idem, mais attachée à un siège à côté du hublot ! Les images sont de Erwan Lecomte, mon camarade journaliste de Science et Avenir
Le petit clin d’œil à Alexandre Astier que je lui avais promis ! Je crois qu’il a apprécié le geste

Et des rattrapages au vol, des galipettes, et surtout, surtout, un pied monstre…
Je ne m’en remets pas. Je ne m’en remets vraiment pas. Je tiens à remercier le CNES et Novespace pour m’avoir permis de vivre cette expérience qui est pour moi devenu le plus beau jour de ma vie. Vraiment. Je n’ai pas forcément envie de dire pourquoi parce que ça touche beaucoup à l’intime, mais vraiment, c’était… wow… enfin y a pas de mot. Et j’y retournerai. Je le sais. J’y retournerai. Voilà.
Et si vous voulez plus de précisions sur ce vol, la manière dont je l’ai vécu et les expériences scientifiques à bord, je raconte tout sur mon blog – la deuxième partie arrive bientôt. 

LE TWEET
Du coup, comment ne pas parler du film Gravity… Je ne vais d’ailleurs pas en parler, parce qu’il faut le vivre, mais voici le tweet qui a retenu mon attention, je le traduis : « Le film Gravity devrait être renommé « Zéro gravity ».

 

Et je ne vous montre pas pour ne rien spoiler, tout le monde ne l’a pas encore vu, mais il est très intéressant d’aller lire la TL de Neil deGrasse Tyson le 7 octobre parce qu’il y évoque point par point les quelques incohérences du film. Mais ça ne rend pas le rendu moins impressionnant pour autant, hein.

LA CULTURE
Autre genre de truc qui m’a carrément bluffée et avec gravity dans le titre aussi, c’est cette version de Bohemian Rhapsody de Queen par Tim Blais, un jeune étudiant en physique canadien de 23 ans. Non seulement c’est une reprise a cappella où il fait à lui tout seul toutes les voix et l’instrumentation de la chanson la plus compliquée de l’univers, à peu près, mais en plus il en a réécrit le texte pour parler de la théorie des cordes, la théorie également la plus compliquée de l’univers ! Et scientifiquement et musicalement, c’est irréprochable. Je dis bravo. Voilà. Bravo.

Voilà, c’est la fin de ce 32ème épisode, merci beaucoup de l’avoir suivi. Certains d’entre vous n’ont pas pu télécharger le précédent sur iTunes parce que la HD était trop lourde – je la réserve donc pour Youtube.
Merci à tous ceux qui ont voté pour mon blog pour les Golden Blog Awards, il fait désormais partie des 10 finalistes grâce à vous ! Rendez-vous le 13 novembre pour savoir s’il sera l’heureux gagnant du prix dans la catégorie Sciences…
Entre deux podcasts, vous pouvez me retrouver les lundis et les jeudis à 14h45 dans « La tête au carré » sur France Inter, et n’hésitez pas à mettre plein d’étoiles sur iTunes et à mettre un petit commentaire si vous appréciez « La folle histoire de l’Univers », ça me fait toujours très, très chaud au cœur et ça me donne du courage pour continuer…
A bientôt pour l’épisode 33 ! 🙂

[MARS ONE] Dire non aux gravités (Say no to gravity and seriousness)

Le mot « gravité » a deux sens qui me pèsent (…) de plus en plus. Si l’un nous fait garder les pieds sur terre et l’autre nous fait garder les pieds sur Terre, le premier s’aggrave et le deuxième manque cruellement de légèreté. (Et là, je pleure parce qu’il va falloir traduire en anglais deux phrases avec un calembour pourri tous les trois mots.)

The word « gravity » means two different things that weigh upon myself. If the first one avoids being in the clouds and the second one can keep our feet firmly on the ground, then the first one is getting worse and the second one painfully lacks casualness. 

Image du film Upside Down

 

L’horreur du monde
Dreadful world ! 

« J’aime tellement la vie que je veux en vivre plusieurs à la fois. » C’est comme ça que commence ma bio sur Twitter. Je suis une survivante, je vois toujours les choses du bon côté, je suis une optimiste de nature. Mais j’ai l’impression que ce monde va mal, très mal, et que ça va en empirant.

« I love life so much that I want to live several ones in the same time. » That’s how I introduce myself on Twitter. I am a survivor, I always look on the bright side, I am an optimistic kind of person. But I feel that this world is going wrong, so wrong, and that things are getting worse.

Une bombe dans un marathon. Un père qui viole et tue sa fillette de 5 ans et qui ne peut pas être condamné pour ça parce que dans son pays, femme et enfants sont sa propriété. Un homme qui se filme en train de manger son colocataire. Une jeune femme lapidée à mort parce que soupçonnée d’avoir eu des rapports sexuels hors mariage. Des suicides d’enfants. Un homme qui se suicide dans une église au milieu des touristes pour lutter contre le mariage homosexuel. Un soldat massacré en pleine rue d’une capitale européenne par un meurtrier qui ensuite s’explique, tranquille et fier, pendant de longues minutes face à des caméras. Des écoles américaines qui enseignent le créationnisme.

A Marathon bombing. A father who rapes and kills his 5-year-old daughter and who cannot be sentenced for those  because laws of his country say that his wife and kids are his property. A man who makes a video of himself eating his roommate. A woman stoned to death because she might have sex without being married. Children hanging themselves. A man who shots himself inside a church full of tourists to struggle against same sex marriage. A soldier slaughtered on the street of a European capital city by a murderer who explains quietly and proudly what he just did to the cameras. Some American schools where Creationism is taught. 

Je ne veux plus vivre dans un monde pareil où la gravité des faits n’a d’égale que leur nombre grandissant. C’est insupportable. Et j’ai l’impression que tout ça va de pair avec un cynisme odieux, une perte totale du sens de l’humour et un rejet du second degré et de l’auto-dérision. La méchanceté gratuite devient un art, on ne sait plus défendre une cause autrement qu’en étant agressif, et les règles les plus élémentaires de bon sens et de respect semblent caduques. Je suis peut-être un vieux con avant l’heure mais je n’aime pas ce que je vois autour de moi. Je ne veux plus vivre dans un monde pareil.

I don’t want to live anymore in a world where the seriousness and the number of these facts are growing. It’s unbearable. And I feel like all those awful things go hand in hand with a hideous cynicism, with the loss of the sense of humor, and with a rejection of irony and self-derision. Gratuitous maliciousness becomes an art, fighting for a cause without aggressiveness becomes impossible, and the elementary rules of respect et common sense seem obsolete. Maybe I am an old idiot before my time but I don’t like what I see all around me. I don’t want to live in this kind of world anymore.

 photo Desolation.jpg

L’ivresse de l’absence de poids
A lack of weight’s euphoria 

J’ai envie de légèreté. J’ai envie de tout reprendre à zéro et de recommencer. J’ai envie d’un monde où la gravité n’est là que pour nous garder sur une planète – mais pas de manière trop intrusive. Je me sens lourde d’horreurs, lourde d’une Histoire humaine qui n’apprend pas de ses erreurs, lourde d’une Humanité qui semble prendre un malin plaisir à retomber dans ses pires travers. Il y a du bon, dans l’Humanité. Mais tout devient malsain. Ce monde est souillé, dans tous les sens du terme. Il faut sauver ce meilleur de nous avant le point de non-retour.

I want casualness. I want to start from scratch again. I want a world where gravity only exists to keep our feet on a planet – but not in a too intrusive way. I feel heavy with horrors, I feel heavy because of a Humanity which makes mistakes and doesn’t learn from these, I feel heavy because of a Humanity which seems to love doing everything wrong again. Humanity have many positive sides. But everything is getting unhealthy. The world is dirty and sullied. We have to save the best of Humanity before we reach the point of no return. 

J’ai envie de légèreté. De courir et de sauter haut, jusqu’à en avoir le vertige, jusqu’à être ivre d’un poids qui a quitté mes épaules et je n’aurais plus jamais à supporter. J’ai envie de vivre dans un monde où tout est possible, où tout est à refaire, où tout est à fabriquer. J’ai envie de vivre dans un monde où les hommes et les femmes ont des tâches de même importance à faire, où la religion est un secret personnel jalousement gardé, et où aucune voie n’est imposée.

I want lightness. I want to run and to jump high, I want to get head-spinned and overcome with joy because of a weight which left my shoulders and that I won’t have to bear anymore. I want to live in a world where everything is possible, where everything must be done, where everything needs to be made. I want to live in a world where men and women have same significant works to do, where religion is a personal jealously guarded secret, and where no path is imposed.  

Je rêve d’un monde où les routes et les chemins n’existent pas. Où je peux aller où bon me semble sans devoir emprunter la voie de quelqu’un d’autre auparavant. Je rêve d’un monde où, à perte de vue, je serai libre d’avancer sans rencontrer de frontières autres que les frontières naturelles.

I dream of a world where roads and paths doesn’t exist. I dream of a world where I can go wherever I want without taking someone else’s way. I dream of a world where I can be free to walk endlessly without coming across other frontiers than natural ones.  


Mars Gigapixel Panorama – Curiosity rover: Martian solar days 136-149 in Out of this World

 

Je rêve de rayer le mot « gravité » dans tout ce qu’il a de plus lourd de mon vocabulaire. Je rêve de légèreté et de liberté. Et seule Mars peut me les offrir toutes les deux.

I dream of forgetting the word « gravity » with all the weights in it. I dream of lightness and freedom. And only Mars can give me both.  

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