[LIVRE] « La théorie des cordes » : un polar scientifique aux frontières de l’horreur et de la métaphysique

José Carlos Somoza livre avec ce sixième roman un polar glaçant qui se base sur la théorie de la physique la plus excitante de ces dernières années : la théorie des cordes. Sa technique de narration sans faille est au service d’une histoire oppressante, mais qui finalement amène des réflexions salutaires.

Il est des romans dont on voudrait qu’ils ne finissent jamais. La théorie des cordes de José Carlos Somoza est de ceux-là. L’auteur cubain joue avec nos nerfs : chaque page que l’on tourne nous précipite un peu plus vers la fin d’un plaisir de lecture absolument divin, et ce n’est pas concevable. Mais ce qui l’est encore moins, c’est d’attendre une autre interminable nanoseconde pour découvrir ce qui se cache sur cette « page d’après » tant redoutée. Et c’est justement de temps, d’infimes portions de temps qui peuvent s’allonger à l’infini, dont il est question dans ce roman. Le fond, la forme, tout est lié.

Une théorie complexe mais fascinante

Que les non-spécialistes se rassurent : la théorie des cordes n’est qu’un prétexte à l’intrigue. José Carlos Somoza vulgarise à merveille cette théorie complexe de la physique qui part du principe que tout dans l’univers (la matière, les forces, la lumière et… le temps) est composé de cordes de taille infinitésimale et non de particules – réalisant par là même le rêve d’Einstein en englobant dans une seule théorie sa fameuse relativité générale (pour l’infiniment grand) et la physique quantique (pour l’infiniment petit).

Une expérience qui tourne mal

Des procédés révolutionnaires de recherche sont donc mis en œuvre dans ce livre. Une équipe de scientifiques est recrutée pour participer à un projet classé secret-défense. Il consiste à ouvrir des cordes de temps et à fixer sur un support physique les photons qui s’en échappent… pour obtenir ainsi une image du passé. Malheureusement, un accident se produit lors d’une expérience et le projet est abandonné. Mais dix ans après, une série de meurtres survient, ne touchant que les personnes qui y ont participé. S’engage alors une course contre la montre pour les survivants qui doivent faire face à des assassinats de plus en plus nombreux et de moins en moins explicables scientifiquement…

Un polar haletant

José Carlos Somoza livre avec ce roman un polar d’une efficacité redoutable. Le rythme est soutenu, le suspense insupportable, la narration chiadée ; les personnages sont incarnés, l’horreur est à son comble et l’atmosphère se fait de plus en plus étouffante. L’auteur réussit l’exploit de ne jamais tomber dans les clichés du genre tout en les effleurant quand même pour ne pas perdre son lecteur. Mais son talent culmine à des sommets rarement atteints dans les toutes dernières lignes, nous offrant une chute prenant de court les lecteurs les plus perspicaces.

De la physique à la métaphysique

Au-delà de son génie littéraire, José Carlos Somoza, un ancien psychiatre, pose avec ce roman se basant sur la physique un certain nombre de questions métaphysiques universelles. Rabelais et son « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » prend ici toute son importance dans des considérations qui pourraient sembler manichéennes à première vue, mais qui finalement évitent cet écueil. Plus profonde encore, la réflexion sur la nature humaine et ses zones d’ombre fait écho à toutes les questions que chacun s’est posées un jour, en les mettant en lumière sous un angle différent – et d’autant plus enivrant.

SOMOZA José Carlos, La théorie des cordes, Actes Sud, 2008, 600 pages – 11,50€

[ART CONTEMPORAIN] Une performance qui danse le serpent dans la blancheur cubique

Le vendredi 13 novembre à 19h avait lieu une performance d’Aurélien Froment et de Youri Dirkx intitulée Par ordre d’apparition au Centre Pompidou de Paris, dans le cadre du nouveau festival. Cette œuvre, d’une durée d’une heure, mélangeant les arts plastiques et le théâtre a de quoi dérouter un public moyennement averti.

Un comédien évolue sur une surface blanche au fond de laquelle se dressent des pans de murs symbolisés par des rouleaux de papier blanc déroulés verticalement. Il mime un visiteur de musée, avant de mimer des formes géométriques avec ses mains, après avoir sauté d’une chaise. Pourquoi ? Puis les formes géométriques mimées arrivent : un cube, une colonne, un ballon – tous blancs. Sauf le ballon, qui est gris sale. La seule question qui se pose alors est la suivante : si l’artiste n’a pas su dégoter un ballon blanc, pourquoi ne l’a-t-il pas tout simplement repeint ? Et pourquoi diable n’a-t-il pas prévu des cales pour qu’il tienne en place du premier coup ? Le comédien installe ensuite quatre murs miniatures de couleur et y installe les mêmes formes blanches miniatures. Une mise en abyme, certes. Mais encore ?

Si cette première partie ennuie, on peut encore lui trouver une certaine cohérence : le blanc, le musée, le musée dans un musée, lui-même dans un musée (Beaubourg). Cohérence, donc, mais toujours aucune idée d’une finalité quelconque. Quel est le but à tout cela ?

Ouvert d’esprit – puisqu’il est présent – le public patiente. Malheureusement, la perplexité fera place au désarroi et à une certaine colère. Le comédien sort des cordes entassées des sacs, y fait des nœuds ou les défait, en répétant qu’un serpent s’enroule autour des branches d’un arbre avant de sauter dans un puits. Aurélien Froment se moquerait-il de nous ? La performance se termine par le mime de certaines œuvres bien connues (le Scribe, la Danseuse de Degas, etc). Puis le comédien disparaît, laissant dans l’atmosphère le sentiment d’avoir perdu une heure précieuse.

Si l’art contemporain s’est forgé la réputation d’interpeler, si les spectateurs se doivent d’être ouverts à toutes les questions soulevées par une œuvre, les artistes, de leur côté, devraient s’imposer un principe, un devoir, une déontologie. Dérouter – certes – mais ne jamais dérouter pour dérouter, d’encoder pour encoder, de symboliser pour symboliser. Un minimum de sens ne nuit pas à une œuvre, même contemporaine. Trop de métaphores tuent les métaphores – et risquent bien par la même occasion d’être fatales à ce genre artistique déjà adressé à une élite qui fait semblant de le comprendre.

[DANSE] Rosas danst Rosas : un spectacle nerveux au minimalisme entêtant

Rosas danst Rosas, de la chorégraphe belge Anne Teresa de Keersmaeker, est une pièce en quatre mouvements pour quatre danseuses, sur une musique de Thierry de Mey et Peter Vermeersch. Créée en 1983, elle a révolutionné le monde de la danse de par sa base de travail minimaliste : économie de sons, économie de mouvements, économie de décors, économie de costumes. Un excès de petits riens qui font de cette pièce le manifeste fondateur de la chorégraphe.

Une chorégraphie intense et rythmée

Les danseuses, d’abord allongées, déclinent toute une gamme de mouvement saccadés et répétitifs sur la seule musique de leur souffle et du bruissement de leurs étoffes. Dans ce faux silence qui en devient presque oppressant, les gestes succèdent à l’immobilité, sorte de virgule suspendue dans une chorégraphie écrasée par la gravité tenace. Les corps sont lourds et ne retrouveront un semblant de verticalité qu’assis sur quatre chaises. Là, emportés par les percussions butées de Thierry de Mey, ils déclineront une partition réduite de gestes du quotidien, à la fois mécaniques et d’une féminité extrême : découvrir une épaule, la recouvrir d’un geste faussement pudique, passer une main dans les cheveux, croiser et décroiser les jambes, se serrer le ventre. La répétition des mouvements hypnotise, les rythmes sont secs, mais Anne Teresa de Keersmaeker réussit tout de même l’exploit d’insuffler une fluidité presque violente à l’ensemble du spectacle.

Un spectacle intemporel

Vingt-six ans après sa création, Rosas danst Rosas n’a pas pris une ride. De nombreuses fois primée, cette chorégraphie fait alterner dans une rare obstination agressivité et tendresse, uniformité et individualité. Une pièce nerveuse plus que jamais actuelle, dont les décors industriels et les costumes grossiers fustigent un monde du travail coupable d’une condition féminine mise à mal. Les rengaines sonores et visuelles sont entêtantes, le quotidien est sublimé, et les longueurs dans le rythme ne sont que la mise en abyme de mouvements qui savent se laisser incarner.

[CULTURE/TECH] Livres, web, NTIC : débuts poussifs d’un ménage à trois qui promet

Les livres, le web, et le Kindle : trois faces d’une même révolution économique et numérique à réussir à tout prix, dans l’idéal d’un nouveau modèle satisfaisant pour tous.

A l’instar de l’industrie du disque, le monde de la littérature entre dans une phase délicate de son histoire : la transition entre l’ère du papier et celle du numérique. Si l’invention de l’imprimerie a révolutionné l’accès à la connaissance, la démocratisation du média Internet et des nouvelles technologies permet à tout un chacun d’être non plus un simple spectateur de la vie culturelle, mais d’en devenir un acteur à part entière. Les internautes, non contents de proposer leurs propres contenus littéraires, pourraient commencer à faire de l’ombre aux écrivains des grandes maisons. D’un autre côté, l’arrivée du Kindle d’Amazon risque fort de peser dans la balance économique de l’édition classique. Ces deux évènements quasi-simultanés pourraient donner le top départ d’un rapport au livre totalement nouveau.

Un premier salon réel tiré du monde virtuel

Un évènement récent symbolise l’entrée dans cette nouvelle ère : le premier« Salon facebouquins des grands auteurs de la petite édition » qui s’est tenu les 17 et 18 octobre 2009 au restaurant Le Mélange des Genres à Paris. Organisé à distance par deux membres de Facebook qui ne se connaissaient pas (Edith le Dico et Al LU-SINON), le principe était d’organiser des rencontres réelles entre auteurs et lecteurs qui n’étaient entrés en contact auparavant que sur le réseau social Facebook. Les 26 auteurs participants sont issus de la petite édition ou de l’édition à compte d’auteur : aucun d’entre eux n’a donc de visibilité dans les médias dits classiques (presse écrite, télévision, radio). Pourtant, cette première édition a été un succès : plus de 200 visiteurs, mais aussi et surtout une couverture médiatique non-négligeable. Outre les partenaires (BSC News Magazine et Overblog), la presse – et pas la moindre – s’est fait l’écho de l’évènement : LCI, Canal +, ActuaLittéCosmopolitan,ArtéMédia, etc… Pas assez pour faire de l’ombre aux différentes polémiques, discussions, et autres pronostics concernant l’attribution des prix littéraires dans l’édition classique, mais de quoi enclencher tout de même une petite révolution dans le monde de la littérature. L’industrie du livre devra désormais compter avec ces nouvelles pratiques et ces salons « off ».

Un Salon facebouquin sans auteur du web

On peut cependant reprocher au premier Salon facebouquin son manque d’intérêt pour les auteurs qui ne publient qu’en ligne. C’est d’ailleurs leur grand paradoxe : s’autoproclamer premier salon né du web et promouvoir des auteurs qui publient… sur papier uniquement. Certes, l’idée de ce salon est partie de Facebook, d’auteurs qui – par choix ou par défaut – font la promotion de leurs ouvrages via Facebook. Mais le lien avec le média Internet s’arrête là. Or, l’avenir de la littérature est désormais au support virtuel. De nombreux évènements sont emblématiques de la période trouble dans laquelle le monde de l’édition se trouve : la numérisation de contenus par Google, la démocratisation des supports techniques (iPhone, PDA), et bien sûr l’arrivée du Kindle d’Amazon qui tentera de s’imposer comme le lecteur de référence de livres électroniques (ou e-books). Autant de facteurs qui ont l’air d’échapper au co-fondateur du Salon facebouquin, Al LU-SINON, qui semble ne pas connaître l’existence du Kindle : « Lire un livre complet (…) n’est pas faisable, surtout qu’on ne peut pas mettre son ordinateur, portable ou non, dans son sac, dans sa poche, et que ça fait vite mal aux yeux » . Etonnant, pour un auteur qui se revendique du web… La révolution numérique de la littérature, malgré leur initiative originale et louable, ne passera pas par eux.

De l’e-book à l’e-écrivain

Et pourtant, les batailles concernant les livres virtuels n’en sont qu’à leurs débuts, à commencer par les (re)définitions des termes : qu’est-ce au juste qu’un « livre virtuel », par exemple ? Au-delà de la dimension philosophico-linguistique, c’est toute une juridiction qui est à revoir, aussi bien au niveau des formats qu’au niveau des contenus et de leurs protections. Quand contenus il y aura, car la pauvreté en la matièreest la principale critique qui est faite en ce moment à ce sujet. Mais la solution ne viendrait-elle pas des internautes eux-mêmes ? Contrairement aux 26 écrivains du premier Salon facebouquin, des centaines d’autres auteurs publient leurs œuvres sur le web (le plus souvent gratuitement), que les internautes peuvent soit lire en ligne, soit télécharger au format voulu (.rtf, PDF, e-book, MP3). Et la plupart également (Vanessa du Frat et Anna Galore, pour ne citer qu’elles) revendique le fait de ne pas vouloir de publication papier. Le livre trouverait donc via le web et grâce au Kindle et ses dérivés une existence virtuelle qui pourrait fortement peser dans la balance de l’édition classique. Car même si les éditeurs commencent à proposer leurs nouveautés sous format e-book, le prix de revient d’un ouvrage papier et de son homologue virtuel est sensiblement le même. Les aficionados des nouvelles technologies – et notamment les jeunes – se tourneront donc naturellement vers les productions littéraires directement virtuelles, et totalement gratuites. Sans même parler du piratage…

Dans cette nouvelle configuration, l’ensemble de la production et de l’édition littéraire est à revoir. Les professionnels de l’écriture, que ce soit les écrivains ou les éditeurs, doivent absolument prendre en compte les changements qui se produisent depuis quelques mois, et qui n’auront de cesse de s’accélérer. Les erreurs commises par l’industrie du disque, aujourd’hui dans une crise majeure, doivent servir de leçon. Un nouveau modèle économique, fiable et juste, doit absolument être mis en place, afin que tout le monde puisse y trouver son compte : les éditeurs, les auteurs, et les lecteurs. Les pronostics sont lancés quant à la date du premier e-best-seller…

[CINEMA] 2012 : l’odyssée de l’espèce

Consigne :
Donnez-moi furieusement envie d’aller voir un film.

Correction :
Humour salubre. Et bienfaisant.

Novembre. Les congés d’été semblent dater du siècle dernier. La magie de Noël est encore inaccessible. L’ambiance est à la Toussaint, sur la terre, comme au ciel. Les étudiants commencent à être pénibles ; vous repoussez vos corrections. C’est la semaine du handicap au travail, la grippe A tue, la faim dans le monde, l’échec de Copenhague est annoncé, la planète se meurt : OUI, on va tous crever ! C’est inéluctable, de toute façon : alors amusons-nous-en !

Prenez 2012 de Roland Emmerich, par exemple. Un remède excellent contre la morosité ambiante ! Vous êtes fatigué d’écrire, de corriger, de préparer, de converser intelligemment ? Débranchez votre cerveau pendant 2h40 ! Vous avez froid ? Une salle pleine à craquer vous réchauffera ! Vous êtes las des catastrophes des journaux télévisés ? Allez assister à une bonne vieille fin du monde comme on les affectionne !

Ce film a toutes les qualités : des effets spéciaux qui nous scotchent au siège, des cataclysmes épouvantables mais pas pour de vrai donc c’est très excitant, de l’humour régulièrement, des héros sympathiques, des jeunes femmes absolument jolies, et un rythme haletant. Ca fait boum, crac, pan, glouglou, hiiii, ouf, re-boum ; bref… ça bouge dans tous les sens, tout s’effondre, explose, coule, et nous redevenons des adolescents stupides et émerveillés. CA-FAIT-DU-BIEN !

L’apocalypse en salles devrait être remboursée par la Sécurité sociale. Les peurs sont évacuées et les angoisses calmées le temps d’une catharsis. Et alors que le monde, sur la bobine, repart de zéro, le spectateur affronte de nouveau une réalité un peu plus légère à supporter.

Et c’était pas gagné.

[CINEMA] 2012 : accrochez vos ceintures, la fin du monde est proche !

Des mois que j’attendais ce moment. Des mois que ce trailer aussi court qu’efficace (ci-dessous) me tenait en haleine et me faisait mourir d’impatience. Et ça y est !! Je l’ai vu !!! Et je n’ai pas été déçue… C’est E-NORME. Enorme.


Bande annonce – 2012 (trailer) par vfxn3d

Résumé

Le 21 décembre 2012 est annoncé comme étant le jour de l’apocalypse par plusieurs civilisations et religions. Trois ans avant la date fatidique, les scientifiques donnent raison à ces prédictions. Les gouvernements sont au courant, mais ne préviendront les populations qu’une fois trop tard… Qui va pouvoir survivre ?…

2h40 de grand-huit assuré

Tatatataaaam !! Roland Emmerich nous livre un film catastrophe digne de ce nom, une grosse production hollywoodienne pop-corn comme je les aime. Il n’a pas lésiné sur les moyens (200 millions de dollars) et ça se voit. Les effets spéciaux d’un réalisme hallucinant sont proprement stupéfiants et nous en mettent plein la vue. Ce genre d’images qu’on regarde les yeux écarquillés et la bouche ouverte et qui nous font redevenir adolescent le temps d’un film… Littéralement scotché à notre siège, les ongles enfoncés dans les accoudoirs, on se surprend à s’écrier « wouhouhouuuu ! » comme dans un manège du meilleur effet. Ou de regarder son voisin après une scène de destruction particulièrement réussie (elles le sont toutes) en trépignant d’impatience de voir arriver la suivante et de sortir un « trop coooool » dans un sourire aussi large qu’ébloui.

Des comédiens convaincants

Le casting est aussi pour beaucoup dans la qualité du film. John Cusack hérite du rôle de l’antihéros, humble écrivain et père de famille divorcé, qui fait ce qu’il peut pour sauver sa peau et celle de ses proches. Il n’a certes pas le charisme (ni le charme…) d’un Bruce Willis, mais il sait donner de l’épaisseur à un personnage qui aurait pu être insignifiant. Chiwetel Ejiofor campe un jeune scientifique crédible, gendre idéal qui ne manquera pas de faire fondre la gente féminine (moi la première…). Danny Glover est impeccable dans le rôle d’un Président des Etats-Unis tout en retenue (on l’entendrait presque penser qu’il est vraiment trop vieux pour ces conneries) et Woody Harrelson incarne un animateur de radio aussi drôle qu’illuminé. Et puis, bien sûr, les cyniques et les salauds, et les trois rôles féminins joués par des comédiennes absolument jolies, mais qui en sont malheureusement réduites aux rôles de mère dévouée, de fille impliquée, et de petite amie écervelée.

Des clichés, de l’humour, des bons sentiments

Alors, bien sûr, qui dit grosse production hollywoodienne dit succession de clichés et de circonstances attendues. Les protagonistes se sortent toujours de situations improbables (sinon, ça ne durerait pas 2h40 !) de manières que vous n’aurez aucun mal à deviner. Mais au bout du compte, on s’en fiche. Le plaisir n’en est pas moins grand, puisque c’est confortable. Et surtout, ça n’empêche pas l’adrénaline ni le suspense. Le tout saupoudré de touches d’humour pour montrer (si on ne l’avait pas encore compris) que ce n’est pas un film qu’on doit prendre au sérieux. Et qui dit grand spectacle pop-corn dit bons sentiments. Rien de nouveau sous le soleil d’Hollywood. Et honnêtement, on en écraserait même une petite larme, bien aidé par la chanson officielle qui n’a rien à envier à celle d’Aerosmith pour Armageddon.

2012 : un film qui fera date (sans mauvais jeu de mot) dans l’histoire des films catastrophes. A voir absolument pour les amateurs de sensations fortes.

[HUMEUR] Bienvenue chez les nantis, Dany

Consigne :
Ecrivez l’éreintage d’un acteur de la culture. Soyez cruels. Et de mauvaise foi, si possible.

Correction :
Pauvre Dany Boon ! Vous avez une verve assassine.

Vous êtes sympa, Dany. Je vous aime bien. De loin. Mais, par pitié, arrêtez de jouer au comique, c’est insupportable. Citez-moi un seul individu qui soit incapable d’enfiler un K-way, à part vous. Honnêtement. Ce n’est pas des enfants que vous avez dans la salle. Vous savez, les plus de trois ans, ça ne les fait plus rire. Ça les fait sourire. De pitié. Le pauvre garçon, osons un rictus, tout de même, il a l’air de tellement s’amuser.

Et vous savez, Dany, les gens qui payent pour venir vous voir… ils aimeraient bien vous comprendre, aussi. La diction, vous connaissez ? Ton thé t’a-t-il ôté ta toux ? Ent-entr-entr-entraînez-vous-parce-par-parce-qu’entraînez-vous-parce-que-ça-parce-que-ça-devient-de-devient-vite-in-vite-in-vite-hein !-in-impossiblàécouter-hein-et puis-et puis-et puis-et puis bon-voilà-hein-hein. La dernière fois que je suis tombée sur un de vos sketchs sur Rire & Chansons, j’ai fait une crise d’épilepsie.

Et puis, votre air benêt, là… Ça va, on a compris. C’est votre marque de fabrique. Vous êtes du Nord. Okay. D’accord. Belle vitrine pour votre région, vraiment. Ça et l’expression orale, je suis pas prête d’y foutre les pieds. J’ai les nerfs en pelote rien que de penser qu’il faut que je tienne encore quelques lignes. J’en peux plus. J’en peux plus.

Alors, parlons de votre succès interplanétaire de la France (du Nord). Dites, c’est pas un peu se foutre de la gueule du monde ? Vous croyez vraiment que les gens du Sud ne mangent que de la bouillabaisse et de la ratatouille ? Ou qu’ils pensent qu’au-delà de Lyon, c’est le Cercle polaire ? Ce n’est pas un hommage à votre région, monsieur Boon. C’est prendre les gens pour des cons. (Je reste polie.) Autre chose : vous voulez prouver que les Ch’tis ne sont pas des poivrots ? Vous vous écrivez un rôle… de poivrot. Sans compter que vous répétiez à longueur d’interview que les Ch’tis sont généreux, eux. Allez visiter d’autres trous que le vôtre. Vous serez surpris.

Ah, vous ne pouvez pas ? Remarquez, je comprends. Vous êtes très occupé à rester silencieux sur l’affaire du journaliste interdit de spectacle. Des fois qu’il en dise du mal. Ah non, c’est pas ça ? Los Angeles ? Ça fait une trotte, c’est sûr. Tant que vous y êtes, prenez une citrouille avant de revenir par chez nous. Toujours plus original qu’un gros melon.

Bienvenue chez les nantis, Dany.

[HUMEUR] La semaine des guignols

Consigne :
Ecrivez un billet de 800 signes.

Correction :
Vous avez oublié mademoiselle Bové dans ce hit-parade de la « reproduction ». Votre billet m’a beaucoup amusé. 

Frédéric Mitterrand, neveu de François Mitterrand, a été pris pour cible à cause de son livre Mauvaise viepar Marine Le Pen, fille de Jean-Marie Le Pen.

Le même jour sort Rose et Noir, film de Gérard Jugnot, avec aussi Arthur Jugnot, fils de Gérard Jugnot.

Charlotte Gainsbourg, fille de Serge Gainsbourg, fait la promotion de son prochain album tandis que Benjamin Castaldi, fils de Jean-Pierre Castaldi, explique qu’il est contre un Secret Story people.

Jean Sarkozy, fils de Nicolas Sarkozy, s’explique sur l’affaire EPAD auprès de Marie Drucker, nièce de Michel Drucker, pendant que Jacques Dutronc, père de Thomas Dutronc, évoque sa tournée.

Monsieur Allouche, veuillez transmettre ma copie à votre fils. Qu’il soit indulgent, ma fille a écrit ce billet.

[DANSE] « Joyaux » : un ballet de pierres précieuses

Le ballet « Joyaux » de George Balanchine fera l’objet de 15 représentations entre le 21 octobre et le 18 novembre 2009 à l’opéra Garnier. La promotion 2010 du Master 2 de Journalisme Culturel a pu assister à la répétition générale du 16 octobre, dans une ambiance à la fois studieuse et informelle.   

Quoi de plus alléchant en ces temps de crise que des joyaux servis sur un plateau d’argent ? L’invitation fut la bienvenue. Nous avons réussi à nous extraire, le temps d’une soirée, de nos chambres de bonne étriquées pour nous retrouver dans l’immensité étourdissante et fastueuse du Palais Garnier. Et le luxe de l’espace fit place à l’éclat des bijoux : les tableaux « Emeraudes », « Rubis », et « Diamants » nous furent présentés comme autant de confiseries acidulées. Un triptyque aux couleurs éclatantes pour nous faire oublier la grisaille quotidienne.

Si Joyaux est un unique ballet en 3 actes, chacun des tableaux a son indépendance. « Emeraudes », pièce d’ouverture dans un décor simpliste aux tons verts assorti aux costumes, évoque le ballet romantique français sur des extraits de Pélléas et Mélisande etShylock de Gabriel Fauré. De pointes en entrechats, de pas de biche en arabesques, les danseuses et les danseurs évoluent sur la scène dans un ensemble architectural et monumental qui n’est pas sans évoquer une certaine froideur. Les chorégraphies, convenues et sans surprise, sont cependant interprétées avec une grâce sans égal. L’absence de narration métamorphose ce premier tableau en un long poème désincarné.

« Rubis » envoie les spectateurs dans un autre cadre spatio-temporel. Exit le romantisme français et ses mouvements codifiés, place à une chaleur plus américaine sur des tons rouges, accompagnés duCapriccio pour piano et orchestre de Stravinsky. L’influence des comédies musicales de Broadway est nette : les jambes en-dedans sont omniprésentes, les têtes apprennent la latéralité, et le music-hall se devine dans des chorégraphies gourgandines. Ce tableau rythmé et sensuel garde cependant cette élégance dans la symétrie qui renvoie sans aucun doute à la structure moléculaire d’une pierre précieuse.

« Diamants », enfin, ravive l’éclat du style impérial russe et de son maître, Marius Petipa, sur la Symphonie n°3 en ré majeur Op. 29 de Tchaïkovsky. Christian Lacroix, créateur des costumes et des décors, a choisi des tons bleus glacés pour ce tableau final. Des mouvements irréels mettant en valeur la féminité font de ces derniers instants une féérie. Peut-être parce que les diamants sont les meilleurs amis des femmes.

Dans tous les cas, ces joyaux-là ont inspiré à Balanchine des phrasés et des articulations dignes des plus grandes parures, dont les harmonies chromatiques couplés aux mélodies classiques composent un ballet étincelant pour les sens.

[LIVRE] Une histoire de tout, ou presque…

« Bienvenue. Et félicitations. Ravi de voir que vous y êtes arrivé. Je sais que ça n’a pas été facile – et même un peu plus compliqué que vous ne le soupçonnez. Avant tout, il a fallu, pour que vous soyez là aujourd’hui, que des billions d’atomes errant au hasard aient la curieuse obligeance de s’assembler de façon complexe pour vous créer. »

Ce sont les premières lignes de Une histoire de tout, ou presque… de Bill Bryson. Ce ton enjoué et malicieux ne nous quittera pas jusqu’à la dernière page, rendant la lecture de ce pavé un éclat de rire de chaque instant.

Et pourtant, on en apprend, des choses sérieuses. Du big-bang aux dinosaures, en passant par le système solaire, les atomes, la vie, la mécanique quantique, les nuages, la tectonique des plaques et les trilobites, toutes les questions qu’on se pose – ou presque – trouvent leur réponse dans cet ouvrage de vulgarisation scientifique.

Peut-être parce que l’auteur n’est pas un homme de science, peut-être parce qu’il n’a pas oublié l’enfant en chacun de nous (Papaaa ?… Comment ils font pour savoir çaaa ?…), il nous explique avec une simplicité désarmante le monde dans lequel nous vivons.

C’est clair, passionnant et on en ressort à la fois grandi de toutes ces connaissances qui nous touchent au plus près, plein d’humilité devant les forces en jeu qui nous ont permis « d’être » et qui nous le permettent toujours.

A la lecture de ce livre, on se rend compte à quel point la vie est rare, précieuse, fragile, et que les innombrables conditions qui la permettent ne le sont pas moins. On se sent si petit devant l’univers et si grand d’avoir réussi à être nous-même que le simple fait de respirer nous paraît à la fois un miracle et un devoir de vivant.

Quant au livre lui-même, il est très agréable à manier, il se pose sur une table/des genoux/un oreiller, s’ouvre, et s’offre à nous sans résistance, nous dévoilant les secrets les plus enfouis de l’histoire de la Vie…

Résumé

Posez une question, Bryson y répond dans ce livre clair, synthétique, vivant, qui conjugue avec bonheur science et sourire. Vous y apprendrez sans efforts par quels hasards, traits de génie, intuitions, déductions, expérimentations, débats, les hommes en sont arrivés à connaître le monde tel qu’ils le connaissent aujourd’hui. Tout y est (ou presque) de l’histoire des sciences, de notre planète et de l’univers. Un merveilleux compagnon, dont la lecture devrait être recommandée à tous les collégiens… et à leurs parents !

BRYSON Bill, Une histoire de tout, ou presque…, Editions Payot, 2007, 648 p., 23 €