[MUSIQUE/VIDEO] Fredrik Larsson : incroyable talent !

JE SUIS AMOUREUSE.

Alors… pour ceux qui ne me connaissent pas, il faut savoir que je ne tombe pas amoureuse comme ça, hein. Pis surtout pas d’un petit jeune, c’est pas mon truc. Non non, il me faut vraiment une bonne raison. 

Mais attendez que je vous le présente… Il s’appelle Fredrik Larsson (aka Freddegredde), il a 24 ans, il est jeune, il est bô, il chante la mort, il joue de tous les instruments, il fait des vidéos que t’as une fracture de l’oeil quand tu les regardes et que tes tympans ont des orgasmes quand tu les entends et… et…Hein quoi ? Oui pardon. Je me reprends, je me reprends. [Vous trouvez pas qu’il fait chaud ?]

Donc. Où en étions-nous ? Faut suivre, hein. Donc ce jeune homme suédois est célib… extrêmement talentueux, et le mieux est encore de vous le faire découvrir. Quoi que… j’ai tellement envie de le garder pour moi que finalement je me tâ… je me demande si je… enfin bon, d’accord, puisque vous insistez (lourdement). [Non mais sérieusement… il fait chaud, non ?]

Bon, première vidéo. Je l’ai découverte grâce à @faux_semblant à qui je voue désormais une reconnaissance éternelle (au moins).

Alors non, non, il n’a pas de frère jumeau. Si on en a deux pour le prix d’un sur celle-ci (et je ne suis pas partageuse quand il s’agit de suédois-musiciens-qui-chantent-la-mort), c’est uniquement parce qu’il joue lui-même de tous les instruments dont il a besoin, et que là en l’occurrence, il avait besoin d’un clavier et d’une guitare pour nous interpréter un medley de génériques de séries. [Ce que j’ai chauuuuuuud, aaaaah !!…]

Mes bras, mes oreilles, ma mâchoire, mes yeux m’en sont tombés, et j’ai pas la télé. (Il faut le savoir. D’ailleurs c’est pour ça que j’ai le temps de faire de merveilleuses découvertes sur le web, d’ailleurs. J’ai dit deux fois « d’ailleurs ». L’émotion, sûrement. Ok bon je la boucle, je vous laisse voir/écouter/baver/ne pas rayer de mention, il n’y en a pas d’inutile.)

5 minutes 23 secondes. « I wanna do bad things with you… »

Et là, c’est le drame.

Florence Porcel s’évanouit. Elle comprend subitement pourquoi elle avait si chaud. Amenez-lui ses sels, que vous aurez auparavant fait fondre dans un seau d’eau à 1°C que vous lui balancerez en pleine figure, s’il vous plaît.

SPLASH !!!!

AAAAAAAH !!! Bande de fieffés chenapans !!! Bon, merci. Brrrrr, ça remet les idées en place. Donc. Hum. Pfouuu…

Donc le jeune homme est très agaçant. (Mais je le garde quand même, girls, ne vous réjouissez pas trop vite.) Parce que non seulement il joue à la perfection et il chante la mort (hein, donc), mais en plus il fait ses arrangements lui-même : « Oui, j' »écris » mes propres arrangements pour toutes mes vidéos. Parce qu’en fait c’est vraiment la seule façon de faire des trucs originaux et frais. » La grâce incarnée, je vous dis.

Le côté rassurant de la chose, c’est qu’il lui aura fallu trois jours pour pour faire ces 7 minutes de plaisir pur« presque sans fautes ». Qui, de toute façon, même si on les repérait, lui seraient toutes pardonnées.

Deuxième vidéo de la mort qui tue : « 32 songs in 8 minutes ». Tout est dit dans le titre. C’est une fois encore très impressionnant, même s’il ne s’agit ici que d’un seul lui. C’est donc moins intéressant musicalement et visuellement, mais il faut tout de même saluer la performance.

Une mention spéciale pour son interprétation de Harder, Better, Faster, Stronger de Daft Punk, d’une difficulté inouïe au niveau du chant. Et une fois encore… il est parfait. Et il arrive même à ne pas être ridicule quand il chante O-Zone.

 

Et last but not least… Passionné de jeux vidéos, il a décidé de faire la musique de The Legend of Zelda. A 10 instruments, et 9 voix. Tout seul.

(Et là, je me tords de rire. Mais c’est nerveux, rassurez-vous.)

 

Voilà. Je suis amoureuse. Mais ça va passer…Si vous voulez écouter et voir d’autres choses, ou découvrir ce fantastique jeune homme, je vous laisse faire un tour sur son site.

Moi, je dois aller m’acheter un billet aller simple pour la Suède. J’ai une question à lui poser. On peut faire un don, sur son site. Mais accepterait-il ceux en nature ?…

Trêve de plaisanterie (douteuse) (Mais pas tant que ça, il me l’a dit lui-même, hein, souvenez-vous : « I wanna do bad things with you » Ca tombe drôlement bien, honey, je suis une très vilaine fille.)

Hein ? Ah pardon, j’avais pas vu que vous étiez toujours là. J’espère en tout cas que vous aurez pris autant de plaisir que moi à écouter ce jeune homme. Je remercie Twitter, @faux_semblant, le web, la Suède, et les technologies modernes de l’avoir rendu possible.

A suivre de très près !


[CINEMA] La Rafle

On ne critique pas la Rafle comme on critique un film. Tout simplement parce que la Rafle n’est pas un film. C’est un témoignage.

Les spectateurs sont prévenus : tous les évènements, « même les plus extrêmes », ont bien eu lieu. Tous les personnages ont existé. Ces faits et ces personnes sont dévoilés à travers le regard de Joseph Weismann, qui avait 11 ans à l’époque, qui est vivant aujourd’hui. Un des rares, très rares rescapés de la rafle du Vel d’Hiv le 16 juillet 1942.


Tous les points de vue sont présents, sans parti pris. Ceux qui ont orchestré. Ceux qui ont eu confiance. Ceux qui ont fui. Ceux qui se sont opposés.

A chacun de voir. Et de juger.


Montrer ce film au plus grand nombre et le voir, absolument, n’est pas seulement se renseigner, s’instruire, s’informer.


C’est un devoir.

La Rafle, écrit et réalisé par Roselyne Bosch, avec Jean Reno, Mélanie Laurent, Gad Elmaleh, Hugo Leverdez. Sorti le le 10 mars 2010.

[ITW] Maxeen BLISS : interview de Maxeen, leader du groupe

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Qu’est-ce que Maxeen BLISS ?

Ce que je fais avec mon groupe ne s’apparente pas à du métal symphonique. Je suis chanteuse lyrique, c’est mon métier qui me fait vivre et me permet d’acheter les croquettes du chat, mais je n’avais pas envie d’utiliser cette voix-là pour le rock. Nous mélangeons pas mal d’influences : classique, fusion, jazz, soul, ethnique…

Mes influences : Queen, Zappa, Led Zeppelin, Kate Bush, Nina Hagen, Liza Minelli, Tori Amos, The Who, Porcupine Tree, Joy Division, Biffy Clyro, Hector Berlioz, Varèse, Peter Gabriel, Genesis, Gentle Giant, Ayreon, Barbara, Billie Holiday, etc…

Le choix du nom s’est fait il y a 6 ans, un soir, avec mon meilleur ami et autour d’une ou deux bouteilles de bon vin et d’un magnifique foie gras… Il est la réunion du prénom Maxeen, prénom de la brune dansDans la Peau de John Malkovich, et du mot bliss, titre d’une chanson de Tori Amos que j’adore et qui signifie « béni, heureux » en anglais et « démon » en arabe…

Vous en êtes le leader… Mais qui êtes-vous ?

Libre penseuse, musicienne, photographe, agnostique, humaniste, têtue, capricorne, tigre pour les chinois, sociable à tendance solitaire, râleuse, musicologue spécialiste de Berlioz, très mauvaise jongleuse, tendance à l’autoflagellation (mais je me soigne !), chanteuse, cinglée d’équitation, un brin cinglée tout court, femme à chats, curieuse de tout car, non, ce n’est pas un vilain défaut, j’adore passer des heures à cuisiner, je suis une vraie nullité dès qu’il s’agit de plier le linge ou de repasser, d’ailleurs, je ne repasse plus, les travaux de couture m’emmerdent profondément, je suis une adepte de Desproges et de Frank Zappa, mon livre de chevet reste Leaves of Grass de Walt Whitman, je pleure en allant voirTosca et j’adore les films d’horreur, ma préférence allant pour les films de zombies, je n’aime pas les Beatles et je déteste Gounod bien qu’il fût un très très brave homme, je suis capable de me passer en boucle un morceau, un album ou un film qui me bouleverse ce qui a pour effet de rendre dingues les gens qui m’entourent, j’ai déjà fait un week-end marathon intégral de « Buffy The Vampire Slayer » avec des potes aussi dingues que moi, je me mets en quatre dès qu’il s’agit des gens que j’aime…

Voilà en quelques mots. Je vais finir avec le questionnaire pivot que j’adore :

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Mot préféré ? Musique !
Mot détesté ? Viol
Drogue favorite ? Champagne
Son, bruit préféré ? La mer en colère en Bretagne sur les rochers
Son, bruit détesté ? Les sons de la violence
Juron, gros mot ou blasphème favori ? Fuckin’ crap !!!!
Homme ou femme pour illustrer un nouveau billet de banque ? Femme, définitivement ! Janis Joplin ????
Métier que vous n’auriez pas aimé faire ? Banquière, justement !
La plante, l’arbre ou l’animal dans lequel vous aimeriez être réincarnée ? Le tigre
Si Dieu existe, qu’aimeriez-vous, après votre mort, l’entendre vous dire? Retournes-y !!!

Vous dites sur votre blog que vous pensez à Maxeen Bliss depuis votre adolescence, et qu’il a existé sous des formes et des noms différents. Qu’est-ce qui fait que cette fois-ci soit la bonne ?

Ah… C’est toute la magie de l’existence : les choses ne se font qu’à un moment précis, le moment où vous êtes enfin prêt à les recevoir. Maxeen BLISS, c’est moi qui ai mûri et qui ai enfin choisi d’être moi-même et non pas d’être ce que les gens voulaient voir en moi, ce sont les bonnes personnes rencontrées au bon moment pour qu’enfin l’alchimie se fasse. A ce moment-là, le monde semble lui-même se mettre en quatre pour vous aider…

Pourquoi avoir fait le choix d’écrire et de chanter en anglais ? (Et même de communiquer en anglais ?)

Pour Maxeen BLISS, je compose du rock, du métal, certes mélangés à d’autres styles musicaux, mais tout de même du rock ou du métal. Ma culture en ce domaine est quasi exclusivement en langue anglo-saxonne.

L’anglais est la langue du rock, c’est en pays anglo-saxon que le rock est né. Le rythme même de cette langue correspond à celui du rock. L’anglais permet souvent de résumer des idées en des phrases concises, voir même en un seul mot, chose que le français permet rarement.

J’écris aussi en français, mais cela m’amène vers d’autres styles musicaux où le français peut s’épanouir à volonté.

J’aime ces deux langues profondément, elles ne m’inspirent pas la même musique, les mêmes images, c’est tout.

Pour ce qui est de la com’ en anglais, c’est juste qu’elle rend les choses plus faciles à l’étranger où nous sommes en train de démarcher pour aller jouer, alors nous communiquons dans les deux langues.

Quels thèmes abordez-vous dans vos textes ?

On peut d’ores et déjà oublier l’amour dans le trip « chansons d’amour » : c’est pas mon truc ! Il y a des gens très doués pour ça, pas moi ! La seule pouvant se rapprocher d’une chanson d’amour c’est The Sad Song, mais c’est plutôt un morceau sur la souffrance et la rage de s’en remettre et de revivre, rien de très langoureux… !

Non, mes textes sont plus ou moins engagés : la condition féminine, les religions (nous ferons partis de ces groupes que les religieux et les bigots vont adorer… !!!!!), la bêtise humaine. Parfois, certains morceaux ne décrivent juste qu’un état émotionnel à un instant précis comme Don’t Wanna Be The Only One ou encoreNevermore.

Vous êtes auteur-compositeur-interprète. Quelle est votre méthode de travail ? Comment une chanson voit le jour ?

Souvent, une chanson me prend par surprise ! Je ne fais pas partie de ces auteurs/compositeurs qui s’astreignent tous les jours à s’asseoir au bureau ou au piano et se forcent à composer.

Il m’arrive d’avoir des périodes de 3 ou 4 mois sans qu’une musique ne vienne. Avant, cela me faisait paniquer, mais maintenant, je sais que c’est normal. Parfois, 3 ou 4 morceaux me viennent en l’espace d’une semaine et dans ces cas là, il y a urgence. Je m’enferme et j’écris ce qui vient, je l’arrange, enregistre une démo que je vais donner aux garçons ! Généralement, le texte vient dans la foulée.

Qu’est-ce qui déclenche ce processus créateur ? Je ne sais pas trop, tout peut le déclencher, une musique, une peinture, un film, les infos, un petite phrase entendue au détour d’un café, tout ce que je sais, c’est que lorsque cela vient, le morceau arrive quasiment en entier dans ma tête et le plus difficile, le plus long c’est de lui donner corps sans trahir l’idée première qui est toujours la meilleure.

Maria Magdalena est l’exemple typique de la façon dont cela fonctionne.

J’habitais alors porte de Saint Ouen avec mon meilleur ami pour colocataire. C’était mon tour d’aller faire les courses. La veille, j’avais regardé, ou plutôt pris en pleine figure, le film Magdalena Sisters. Je descends donc mes cinq étages, parcours une centaine de mètres quand soudain, le riff de Maria se met à chanter dans mon crâne. C’était tellement fort que j’ai fait demi-tour et suis remontée à toute vitesse à l’appartement. Mon ami, surpris me demande ce qui se passe et je ne sais pas trop ce que je lui ai répondu, sûrement un truc du genre : « Super idée, peux pas faire les courses, à plus tard, suis là pour personne ». Il m’a à peine vue durant les deux jours qui ont suivi, mais il a entendu le morceau se monter. Dans ces cas-là, j’oublie le temps, j’oublie de manger, de dormir, et le plus étrange c’est que je n’en sors pas fatiguée mais pleine, apaisée et nourrie. Par contre, je suis généralement incapable de me souvenir de ce que j’ai pu faire, dans quel ordre sont apparues les choses entre le moment où l’idée survient et le moment où le morceau est dans la boîte… C’est étrange et agréable cette impression de n’être qu’un outil : quelle part vient de moi et quelle part vient de quelque chose d’autre, de plus grand, que je ne maîtrise pas, ce quelque chose que Frank Zappa surnommait « La Grande Note » ?…

Vous sortez un premier album bientôt : « Pornomusical dolls ». Pourquoi ce titre ?

C’est le titre d’un des morceaux : les poupées pornomusicales… Tout un programme !!!!

Pourquoi ce titre ? Il interroge, intrigue, provoque… Il sonne aussi, c’est la musicienne qui parle, là !!!!

Parce qu’il représente bien à lui tout seul le côté engagé des textes : engagés, mais jamais sans humour…

Et puis… il va nous permettre de faire une pochette d’album drôle et provocante et cela amuse d’avance les sales gosses que nous sommes restés…

Qui vous produit ?

Pour le moment : nous ! Et c’est un boulot de dingue de tout faire tout seul, de devoir penser à toust mais c’est aussi une joie parce que cela nous force à nous remettre en question, à repousser nos limites et à apprendre encore et encore : enregistrer, mixer, démarcher, essayer de se transformer en dieux du marketing, tout un tas de domaine pour lesquels nous n’avions pas été formés initialement. C’est une formidable aventure, épuisante, mais elle nous fait grandir avec elle.

Bon, soyons francs, on ne serait pas contre l’arrivée d’un bon producteur et surtout de toute l’infrastructure qui l’accompagne. Tout cela prend un temps fou et nous coûte énormément d’argent : nous ne sommes pas fortunés alors c’est solidarité et système D !

Vivez-vous de votre musique ?

Personne dans le groupe ne vit de la musique à part moi, en tant que chanteuse lyrique. Notre rêve c’est que Maxeen BLISS nous permettre d’en vivre un jour, alors on s’acharne et on tient bon !

Recevez-vous des subventions ou des aides ?

Nous sommes subventionnés par nos familles et nous-mêmes ! C’est vrai qu’on n’a pas vraiment mis notre nez dans tous les méandres de l’aide à la création…

En tant qu’artiste, quel est votre rapport au web, et comment l’utilisez-vous ?

C’est un merveilleux outil de visibilité. Pour le moment, il nous permet d’être écoutés et de rester en contact avec les gens qui nous suivent. Par la suite, nous l’utiliserons pour vendre notre musique ainsi que nos produits dérivés : t-shirts et casquettes « logotés » arrivent bientôt…

Que pensez-vous de la loi Hadopi ?

Qu’elle est inutile et totalement en retard sur son temps ! Elle va être infernale à mettre en place et génèrera des injustices… Tout cela est d’une telle hypocrisie : internet met à mal les grosses maisons de disque, oui, mais les prix exorbitants pratiqués pour les CDs et les DVDs durant des années n’ont fait qu’encourager la fraude…

Vous semblez traumatisée par vos années d’études au conservatoire… Avec le recul, pensez-vous que cette académie reste la meilleure pour apprendre les bases des techniques, ou bien pensez-vous qu’elle aurait besoin d’être dépoussiérée ?

Je pense y avoir appris des techniques et désappris le naturel, l’instinct, ce qui vous rend unique et non pas un bon produit bien formaté et maté…

Très sincèrement, le problème est présent dans l’étymologie même du mot « conservatoire » : conserver, conserve… Il faut conserver les traditions, ne pas sortir du cadre… Si seulement « conservatoire » s’écrivait « concervatoire », peut-être y aurait-il possibilité d’épanouissement…

Alors, ce cadre convient à certains qui ont besoin d’être cadrés, mais si vous ne rentrez pas dans le cadre… On essaye de vous y faire rentrer de force…

Ce n’est pas d’un dépoussiérage  dont a besoin le conservatoire (attention, je ne parle pas des petits conservatoires et des écoles de musique où souffle bien souvent un vrai vent de liberté, où l’esprit créatif insuffle de magnifique idées à des gens qui s’y battent corps et âme pour leur art), non, il a besoin d’être totalement repensé. Pourquoi alors ne pas s’inspirer des écoles anglo-saxonnes où on ne vous enseigne pas seulement votre instrument, où on vous rend polyvalent, prêt à affronter la grande réalité de ce métier : il faut avoir pas mal de cordes à son arc pour s’en sortir. J’ai souffert du fait que mon côté créatif n’ait jamais été stimulé, j’ai souffert de ne pas pouvoir manquer des cours pour aller faire des concerts (j’espère qu’ils se sont assouplis depuis…). Ma première prof de chant, celle qui m’a inscrite au concours d’entrée, m’a avoué des années après que, si elle m’y avait inscrite, c’était parce qu’elle était sûre que je saurai me battre pour ne pas perdre mon âme… Quel programme !

Et puis, il y a eu l’après CNSM : les Grandes Ecoles sont réputées non seulement pour la qualité de leur enseignement mais aussi pour le fait qu’elles n’abandonnent jamais leurs élèves dès qu’ils en sont sortis et qu’il y a aussi tout un réseau qui se crée à l’extérieur. Le CNSM se veut être une Grande Ecole : alors pourquoi nous abandonner dès que nous en sommes sortis ? Nous étions censés rencontrer des agents, être guidés, introduits dans le milieu… Il a bien fallu se rendre à l’évidence qu’une fois le prix de chant en poche, c’était « démerde-toi » ! Je reçois de temps en temps des mails provenant du département « chant » du CNSM avec des annonces d’auditions, mais ça ne va pas plus loin… Si j’étais la seule dans ce cas, je me dirais que c’est parce que je suis nulle, mais nous ne sommes pas tous nuls quand même !!!! Hormis ceux d’entre-nous dont le professeur de chant avait encore un pied dans le milieu, nous n’avons jamais reçu d’aide d’aucune sorte pour nous mettre le pied à l’étrier de la part de cette grande maison.

Alors peu importe, j’ai toujours eu l’habitude d’en chier pour obtenir ce que je voulais, cela n’aura été qu’une fois de plus…

Vous vous produirez au Klub le 2 mars. Comment vous sentez-vous ?

Excited !!!!!

[MUSIQUE] Maxeen BLISS : sex, dolls and rock’n’roll

Le rock d’une chanteuse lyrique qui emprunte le prénom de l’héroïne brune du film Dans la peau de John Malkovich ne peut pas être mauvais. Et d’ailleurs, il est plus que « pas mauvais » : IL DECHIRE !!!

Maxeen BLISS, c’est l’histoire d’Isabelle, « musicologue spécialiste de Berlioz », qui « n’aime pas les Beatles »et qui « déteste Gounod bien qu’il fut un très très brave homme », qui pense à ce groupe de métal depuis l’adolescence, mais qui a attendu d’être prête à le recevoir et de rencontrer les bonnes personnes pour que l’aventure commence.

Et l’aventure de Maxeen BLISS, c’est Isabelle alias Maxeen au chant et au clavier, The Dom à la basse, Fred Zeug et David Raffo à la guitare, et Julian Bangs à la batterie. Aucun des musiciens n’est professionnel – sauf Maxeen qui est chanteuse lyrique, ce qui la fait vivre et lui permet« d’acheter les croquettes du chat ».

La force de sa musique – elle en est l’unique auteur-compositeur – c’est d’être interprétée par des musiciens au talent égal à la maîtrise de sa voix. Et il en faut, de l’énergie des deux côtés… Les « garçons » s’en donnent à cœur joie, et la puissance vocale de Maxeen s’appuie sur les guitares électriques comme elle les entraîne. Tour à tour mis en valeur, les couplets chantés avec une sensibilité non feinte et les solos de guitare n’ont rien à envier aux plus grands groupes.

Si les influences sont nombreuses et variées (de Berlioz à Led Zeppelin, en passant par Nina Hagen et Barbara), Maxeen choisit de mélanger les styles. Don’t Wanna Be The Only One, par exemple, mêle rock, métal, et chant lyrique. Cette alliance paraît d’une limpide évidence, et c’est là tout son génie. Sur One Day Or Another, les instrumentaux musclés (attention, les musicos, c’est pas des plaisantins…) alternent avec les refrains chantés avec une énergie décuplée par des chœurs parfaitement calibrés. Et c’est cet équilibre qui fait toute la richesse de cette musique.

Maxeen BLISS, à écouter le volume à fond, me rappelle ces après-midis de mon enfance où mon père faisait trembler les murs de l’appartement avec Queen, Pink Floyd, Kiss, Genesis, Cheap Trick, et Savatage (j’en oublie sûrement), et où je finissais par m’écrouler sur le canapé, hors d’haleine d’avoir trop dansé, les oreilles sifflantes d’un son trop fort, mais un sourire ravi illuminant mon visage et en réclamant encore.

Maxeen BLISS, c’est un rock qui déménage, ce sont des musiciens qui ne s’économisent pas, c’est une voix chaude, puissante, maîtrisée, c’est une musique aussi mélodieuse que rythmée, ce sont des textes – en anglais – « engagés mais jamais sans humour ».

Un premier album est en cours de préparation et sortira prochainement. Intitulé « Pornomusical dolls », titre repris de la chanson éponyme, il permettra « une pochette d’album drôle et provocante » parce que « cela amuse d’avance les sales gosses que nous sommes restés… » Vaste programme ! Et c’est ce que j’aime chez Maxeen BLISS : du bon son, de l’excellent son, du son qui déchire, et de la provocation piquante mais pas crétine (les membres du groupe ont passé l’âge d’être des petits cons).

Voilà un groupe qui mérite sa place sur la scène musicale française. Comptez sur moi pour les suivre de très, très près.

Alors en attendant l’album et sa pochette, Maxeen BLISS sera en concert au Klub à Paris, le mardi 2 mars à 20 heures. COUREZ-Y.

 

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[HUMEUR] A ceux… qui me reprochent Amélie Poulain

Il est arrivé quelques fois, dans les commentaires sur les sites de partage de vidéos, sur les blogs, ou ailleurs, qu’on me reproche le choix d’Amélie Poulain comme référence cinématographique pour mon CV-court-métrage.

Etait-ce un choix délibéré de ma part ? Est-ce que j’ai sérieusement aimé ce film ? Est-ce que je veux vraiment être journaliste culturelle avec cette référence que je brandis fièrement ?

Je tiens à rassurer tous mes détracteurs. Le film de Jean-Pierre Jeunet est une bouse finie et si je l’ai choisi comme thème, c’est parce que je suis sadomasochiste. Mon travail pour coller au plus près à la voix-off originale n’a rien à voir avec un éventuel infini respect pour André Dussollier, connu pour être un pitoyable comédien de seconde zone.

Quant à la profession de journaliste – et j’arrête là toute ironie – bien sûr que je veux faire ce métier. Et spécialisée dans la culture, n’en déplaise à certains. Certains qui, visiblement, confondent « journaliste » et « Critique d’Âââârt ». Désolée, mais je ne me reconnais pas dans la deuxième appellation. Je ne veux pas ressembler à ces personnes imbues d’elles-mêmes, parisianistes insupportables, et méprisant tout ce qui ne relève pas de l’Âââârt qu’eux seuls ont décidé d’encenser, suivi par une poignée de snobs qui font semblant de le comprendre.

Alors oui, j’ai aimé Amélie Poulain. Argumenter serait vain, puisque mes détracteurs ont peut-être déjà quitté ce blog. Et là n’est pas le sujet. Etre journaliste, à mon sens, et c’est la base, c’est être curieux. De tout – j’insiste lourdement là-dessus. J’arrive sans a priori devant la culture comme devant la Culture – libre à vous de définir les deux – parce que c’est la base du métier. Je souhaite parler des deux, oui, et qui plus est de la même manière. Et surtout, toucher le plus de lecteurs possibles.

Adorer  2012 et Anna Teresa de Keersmaeker n’est pas incompatible – pas plus que détester à la fois Marc Lévy et Christian Boltanski. (Mes détracteurs, puisque fortement cultivés, connaîtront forcément les deux références peu populaires. A moins qu’ils ne clament un peu trop fort leur Culture.)

Je respecte ceux qui se sentent agressés par les blockbusters américains ou par les reprises de la Nouvelle Star. Alors j’aimerais que ceux-ci, à leur tour, respectent mon choix d’aimer Amélie Poulain, de me régaler du dernier Guillaume Musso, d’écouter Britney Spears en boucle ou de me détendre devant La soirée de l’étrange sur TF1. Même si je n’étais pas capable d’apprécier également ce qui est considéré comme de la culture noble, celle avec un grand « c ».

Etre journaliste culturelle, pour moi, c’est m’intéresser à tout et en rendre compte à ceux qui me font l’honneur de me lire. Quels qu’ils soient.

Et puisque je tiens à illustrer mes propos par ceux d’un de mes détracteurs, voici le dernier en date (commentaire publié après mon article sur 2012) :

« Salut, si ton clip CV court-métrage est au 5ème degré, c’est super ! Si le clip est du niveau de tes goûts cinématographiques, arrête tes recherches journalistiques pseudo-culturelles. Fait Fais caissières ! »

Cher Abakua, caissière, j’ai donné, merci. Mais cette ex-hôtesse de caisse que je suis s’est permis de corriger les fautes d’orthographe de ton bon conseil. Sans rancune !

[ITW] Henri Dès : un chanteur branché pour (grands) enfants

Henri Dès, 69 ans, enchante depuis plus de 30 ans l’ouïe exigeante des petits et des grands. Ce chanteur suisse, dont la carrière a décollé suite à l’effondrement de celle de Chantal Goya, propose à des générations d’enfants des chansons jamais niaises, au vocabulaire souvent riche et à l’instrumentation recherchée. Sollicité notamment par un public français conquis, il remplit régulièrement l’Olympia pour le plus grand bonheur de tous.

Vous êtes un adulte depuis longtemps, maintenant ; comment arrivez-vous si bien à percevoir les attentes, les interrogations, les peurs, les angoisses des enfants ?

C’est difficile à dire… Je suis un adulte qui essaye de trouver une frontière qui est assez fine et assez fragile entre le monde de l’adulte et le monde de l’enfant. Donc je suis toujours en train de me balader là, et j’ai envie de faire quelque chose qu’ils comprennent d’une part, et qui me fasse plaisir à moi d’autre part. C’est peut-être pour ça que les parents qui écoutent ces chansons s’y retrouvent aussi : c’est passé à travers mon filtre d’adulte. Ils n’ont pas envie de s’ennuyer avec des chansons idiotes.

                                SOCIETE : « Les enfants roulent des mécaniques un peu plus tôt. »

Y a-t-il des sujets que vous refusez d’aborder dans vos chansons ? Ou au contraire, y a-t-il des sujets que vous aimeriez traiter sans savoir comment ?

Il n’y a aucun sujet que je refuse, mais il y a des choses un peu compliquées à traiter. La mort, par exemple, c’est difficile. Je l’ai traitée dans certaines chansons à travers des fables animalières. Il faut faire des chansons allégoriques. Si un sujet me paraît difficile et que j’ai envie de le traiter, je ne vais pas le sortir tant que je n’ai pas trouvé le bon éclairage ni le bon angle pour en parler, pour que les enfants le comprennent bien.

Vous n’avez pas fait de chansons sur le divorce, par exemple, alors que de nombreux enfants sont concernés…

J’en ai fait une, mais elle était tellement triste que tout mon entourage pleurait ! J’ai une chanson qui parle de la rentrée de classe d’un enfant dont les parents travaillent, et donc il rentre chez lui tout seul avec sa clef et il se débrouille avec ce qu’il a (J’attends Maman, j’attends Papa). Mais ça ne sous-entendait pas vraiment que les parents étaient divorcés. C’est un sujet difficile. Je n’ai pas encore trouvé l’angle.

S’adresse-t-on aux enfants de 2010 comme on s’adressait aux enfants de 1980 ?

Oui. Simplement, j’ai remarqué que la tranche d’âge qui m’écoute a baissé. Avant, je pouvais toucher les enfants jusqu’à 9-10 ans. Maintenant, à cet âge-là, ils ont un peu quitté mon univers. A cause ou grâce à la télévision, ils roulent des mécaniques un peu plus tôt. Ils reviennent à moi à la post-adolescence et au début de l’âge adulte parce qu’ils ont gardé un bon souvenir de moi. Et ils m’écrivent beaucoup – notamment via Facebook.

                   INTERNET : « Concernant le téléchargement, je suis au même tarif que Madonna. »

Vous avez un site, un blog, un Facebook, un Twitter. Cette présence sur Internet est très étonnante, pour un chanteur pour enfants, et pour un homme de votre âge…

Pourquoi étonnante pour un chanteur pour enfants ? Le type de chanson n’a pas tellement d’importance s’il y a un support technologique intéressant pour toucher un public. Ce n’est pas parce que c’est de la chanson pour enfants que ça ne peut pas aller sur ces formats-là. Par contre, vous avez raison quant à l’âge : quand je vois mes contemporains, ils sont un peu perdus dans ce genre de technique. C’est vrai qu’à cet âge-là on se dit : « Ouh la la, c’est pas pour moi, j’y connais rien, j’y comprends rien ! »

Est-ce que vous maîtrisez assez ces techniques pour vous occuper vous-même de ces plateformes d’échanges ?

Pour tout ce qui est d’ordre purement technique, comme mettre en ligne des contenus audio ou vidéo, je ne le fais pas moi-même parce que je ne sais pas le faire. Je pourrais apprendre, mais il y a quelqu’un à Paris qui s’en occupe pour moi. Mais au-delà de ça, je réponds moi-même à tous les gens qui m’écrivent, oui. Je n’ai pas envie que ce soit eux qui s’en occupent, ils n’ont pas ma tournure, donc je préfère le faire. Mais je réponds de manière assez simple, assez succincte. On m’envoie des tartines très sympathiques où on me dit qu’on a grandi avec mes chansons, alors je fais un bisou aux enfants et je remercie pour le petit mot mais je ne fais pas de lettre. Ça me prendrait trop de temps.

Avez-vous ressenti une baisse vente de vos disques avec le téléchargement ?

Comme tout le monde, oui. Je suis au même tarif que Madonna. C’est une perte mondiale de 70% des ventes. C’est une baisse sensible, c’est énorme.

Avez-vous fait fortune ?

J’ai pu me payer une maison, j’ai pu me payer une belle voiture, mais je ne pense pas qu’on puisse parler de « faire fortune ».

                                QUESTION EN CHANSON : « J’étais un enfant assez sage. »

« C’est à l’école tagadagada qu’on apprend les bêtises ! » En avez-vous appris beaucoup, à l’école ?

Non, j’étais un enfant assez sage, finalement. Je ne mettais pas la pagaille pour faire rire mes petits copains, j’étais plutôt discret.

Est-ce que vous avez réalisé un de vos rêves d’enfant ?

Les rêves m’arrivent un peu tout seul : je n’ai pas eu besoin d’aller décrocher la lune. La chance est beaucoup venue à moi. Mais les choses importantes et fondamentales, vous savez, il n’y en a pas beaucoup. On peut rêver de faire fortune, bien sûr. On peut imaginer par exemple qu’on a un grand coup de chance qui nous tombe dessus et c’est formidable. Mais ce n’est pas comme ça que ça se passe. Ce sont de petites chances, ce sont plein de petits éléments de la vie qui finissent par vous faire la vie belle.

Que peut-on vous souhaiter pour 2010 ?
Les fondamentaux : la santé. Et après, tout découle de ça.

Propos recueillis par Florence Porcel

[ENQUETE] Les hommes en Force de l’Art contemporain

La situation des femmes dans la société française pose encore bien des problèmes et soulève bon nombre d’injustices. Si les derniers gouvernements ont prôné la parité, les résultats ne sont pas encore ceux escomptés. Qu’en est-il de la représentation des femmes dans les manifestations publiques créées ces dernières années ? Le Ministère de la Culture et de la Communication, notamment, s’est investi dans le soutien et la promotion de l’art contemporain à travers la création d’une triennale intitulée La Force de l’Art. Cette initiative publique donne-t-elle toutes ses chances aux artistes, quel que soit leur sexe ?

Souhaitée par Dominique de Villepin, alors Premier Ministre, La Force de l’Art a été créée en 2006 et a pour mission de promouvoir à l’étranger les créateurs d’art contemporain, français ou vivant en France, vivants ou non. Conçues comme une vitrine de la scène française, les deux premières éditions de cette triennale, en 2006 et en 2009, se sont déroulées sous la Nef du Grand Palais à Paris. Si l’édition de 2006 a été un succès avec 80 000 visiteurs, en partie due à la primauté de l’évènement, la deuxième édition présente un bilan plus contrasté : 67 000 visiteurs pour l’exposition sous la Nef du Grand Palais. En ce qui concerne les visites des annexes (Musée du Louvre, Tour Eiffel, Musée Grévin, Palais de la Découverte, et Eglise Saint-Eustache), le chiffre avancé est de 40 000 entrées, mais il est impossible de différencier les entrées pour les monuments eux-mêmes, des entrées pour les annexes de laForce de l’Art 02.

D’une manière générale, les artistes sont satisfaits de la démarche et l’encouragent. Cependant, ils soulèvent bon nombre de problèmes dans la réalisation, et notamment la faible représentation des artistes femmes – et, quand elles sont présentes, une certaine désinvolture à leur égard, à l’instar de Frédérique Loutz, artiste exposée lors de la deuxième édition : « Un des trois commissaires n’a pas eu la politesse de me saluer ». Elle s’est alors sentie « seule, démunie et éprouvée ». Les artistes hommes ont également conscience de la sous-représentation de leurs consœurs, phénomène qui ne se résume pas à la Force de l’Art, mais bien aux expositions, collections, et manifestations françaises en général : même si Fayçal Baghriche n’est pas « pour la parité dans les expositions ; on choisit de montrer des travaux selon leur pertinence et non selon le sexe de l’auteur », il estime tout de même que « des oublis aussi manifestes ne peuvent être assimilés qu’à du dédain ». Fayçal Baghriche n’est pas le seul à tempérer ses propos sur la question. Gilles Fuchs, président de l’Association pour la Diffusion Internationale de l’Art Français (ADIAF), modère également son opinion personnelle : « On fait attention à la présence de femmes mais ce n’est pas un critère déterminant. Si on n’avait que des Louise Bourgeois dans notre sélection, on n’aurait que des Louise Bourgeois. Les personnes sélectionnées sont artistes avant d’être femmes. Il est vrai que les artistes promus par les galeries sont en majorité des hommes. (…) En art, il n’est pas essentiel de distinguer les deux genres : si vous lisez un bon roman, il n’est pas nécessaire de savoir si c’est un homme ou si c’est une femme qui l’a écrit. Ce n’est pas vital au niveau de l’organisation de la société. Si vous demandez à Annette Messager si elle est une artiste femme, elle vous griffera et vous dira : je suis UN artiste ».

Ce problème mobilise, des groupes militants se forment, notamment sur Facebook où un groupe intitulé « La faiblesse de la Force de l’Art » a été créé en écho à la lettre ouverte écrite par Isabelle Alfonsi (galeriste et critique d’art), Claire Moulène (journaliste et commissaire d’exposition indépendante), Lili Reynaud-Dewar (artiste et enseignante à l’Ecole des Beaux-Arts de Bordeaux), et Elisabeth Wetterwald (critique d’art et enseignante à l’Ecole des Beaux-Arts de Clermont-Ferrand). Cette lettre vise à dénoncer la faible représentation des femmes, notamment à la Force de l’Art. Philippe Comtesse, le créateur du groupe, explique : « Cet appel est bien plus large que celui de La Force de l’Art qui n’est qu’un symptôme de ce qui se passe dans l’art et la représentation des femmes dans les collections, événements, expositions. Pour ce qui est de mon engagement dans cette histoire, je suis sympathisant féministe. Suite à cet appel, j’ai boycotté l’événement. » Il ne semble pas être le seul concerné. Jihane El Meddeb, auteure et cinéaste présente au vernissage des deux éditions, a déclaré : « J’ai d’ailleurs eu une conversation avec Orlan à ce sujet. J’avais entamé une action relevant le pourcentage de femmes représentées lors de ces expositions alors que je ne suis pas « féministe » pour un sou… » Et Polina, une amatrice d’art contemporain qui ne se sent pas non plus particulièrement proche d’un quelconque mouvement féministe, avoue : « Oui, les artistes femmes ne sont pas assez représentées, mais ce n’est pas spécifique à la Force de l’Art, c’est tout le milieu de l’art en général. »

Les artistes femmes comptaient pour 16% des effectifs lors de la Force de l’Art, alors qu’elles comptent pour 60% des diplômées des écoles des Beaux-Arts en France. Parmi les candidats admis en première année aux Beaux-Arts de Paris pour 2009-2010, 55% sont des candidates. A la Villa Arson de Nice, dans l’équipe pédagogique de 34 personnes, 4 professeurs sont des femmes, dont 3 sont des artistes, et plus de la moitié des étudiants sont des étudiantes.

Le monde de l’art contemporain ne reste pas inactif face à cette sous-représentation : depuis le 27 mai 2009, l’accrochage elles@centrepompidou a investi le Musée national d’art moderne de Paris. Entièrement dédié à la création contemporaine féminine, il a pour vocation d’interpeler à la fois le public et les institutions pour qu’enfin un jour, et le plus tôt possible, les artistes femmes soient représentées dans les manifestations, dans les collections, et dans les expositions à la hauteur de leur présence, de leur talent, et de leur contribution à la scène contemporaine française.

[CINEMA] Avatar : des techniques qui s’effacent au profit d’une civilisation

Avatar, sorti le 16 décembre dans les salles obscures françaises, est un spectacle de science-fiction qui révolutionne le genre. Entre des techniques ultramodernes et une réflexion sur l’essence d’une planète et d’une civilisation, le film nous offre du jamais vu. 

Avatar est l’histoire de Jack Sully, un ex-Marine tétraplégique, à qui l’on demande de convaincre les Na’vi, habitants de la planète Pandora, de quitter leurs terres sous lesquelles sont enfouis des gisements de minerais convoités par les Humains. Il accepte de transférer son esprit dans le corps d’un Na’vi, et apprendra à connaître cette civilisation.

Un scénario simple à dessein

James Cameron est un homme intelligent à la démarche créatrice tout à fait noble : il réalise des films qu’il veut accessibles au plus grand nombre. Et pour ce faire, il se base sur des intrigues simples mais efficaces. Le scénario d’Avatar ne réinvente pas la narration cinématographique : il y a les bons et les méchants, des références historiques rabâchées (le 11-Septembre, la guerre du Vietnam), du suspense, de l’action, des bons sentiments qui provoquent petites larmes et frissons partout, et une belle histoire d’amour. D’aucuns trouvent ce procédé balourd et je-m’en-foutiste, mais Cameron est bien plus fin que ça : si l’intrigue est simple et attendue, c’est tout simplement qu’elle n’est qu’accessoire. Le sujet du film est ailleurs.

La technique au service du portrait d’une civilisation

Les personnages principaux d’Avatar sont la planète Pandora et la civilisation Na’vi. Pour les rendre plus crédibles qu’une planète Terre peuplée d’humains, Cameron a dû attendre quinze ans et une technologie assez avancée pour arriver au résultat souhaité. Il voulait certes son film en 3D, mais la création des avatars, personnages aux dimensions non-humaines mais au réalisme effarant, demandait une technique élaborée récemment. Il en va de même pour la planète elle-même, sa faune, et sa flore. Une fois cette technique inventée et maîtrisée, il a suffi à Cameron de laisser son talent de réalisateur s’exprimer : sa caméra est aussi efficace dans l’intime et les plans serrés que dans l’action et la plongée vers les abîmes de Pandora. De l’émotion d’un huis-clos au chaos d’une destruction, il est inconcevable que cette planète et ses habitants puissent ne pas exister.

Fort d’une technique qui n’a de but que de se faire oublier et d’une histoire aux résonnances universelles, James Cameron livre une œuvre aboutie, complexe, éblouissante de beauté et divertissante. Avatar et ses multiples dimensions, autant dans le fond que dans la forme, ouvrent la voix à une nouvelle grille de lecture et à une nouvelle étape dans le domaine du grand spectacle. Cameron réussit l’exploit de toucher l’essence même de chaque spectateur, dans ce qu’il y a en chacun d’originel. A se demander qui de la Terre ou de Pandora, qui de l’humanité ou des Na’vi, est l’avatar de l’autre.

[SPECTACLE] C’est beau, c’est bien, c’est Bel. Ou non.

Cédric Andrieux, spectacle de non-danse de Jérôme Bel avec Cédric Andrieux, s’est joué ce 14 décembre 2009 au Théâtre de la Ville à Paris. Non-critique.

Puisque vous ne me voyez pas, je vous décris la scène. Je suis dans une pièce banale, ni trop grande, ni trop petite, dans laquelle se trouvent un bureau, une chaise, un ordinateur. Je suis à mon clavier, un thé fumant à côté de moi. Je suis une travailleuse comme les autres. J’écris.

J’écris depuis que je sais écrire. Ces mots, sans cesse, qui m’ont apprivoisée plus que l’inverse. La grammaire, la conjugaison, les figures de style, la ponctuation ; toutes ces règles à la base de l’écriture qu’il faut apprendre, s’approprier, répéter, intégrer dans la douleur, dans les mêmes exercices, sans cesse, jusqu’à la nausée, jusqu’à la crampe intellectuelle.

Cédric Andrieux, 32 ans, danseur, de Brest, est seul sur scène, sans costume, sans décor. Un survêtement, un sac de sport, une bouteille d’eau à ses pieds. Il ne danse pas, il raconte sa vie de danseur. Comment, à l’adolescence, il choisit de vouer son existence à cet art. Il nous raconte ses cours, ses études, les compagnies dans lesquelles il s’est intégré.

J’ai appris la littérature, j’ai appris l’écriture journalistique, j’ai pris des cours, j’ai lu des livres, des articles, des critiques. Des critiques, surtout. Observer sans cesse, tenter de reproduire le geste, le style, la forme. Se tromper, recommencer, déchirer la feuille, ne pas enregistrer les modifications, ouvrir une nouvelle page, s’acharner, souffrir, pleurer. Et un jour, le texte. Jugé, bien sûr. Maladroit encore, mais on me dit que l’équilibre est là, la technique aussi. L’âme viendra. (Ah, penser à racheter du thé à la framboise.)

La compagnie de Merce Cunningham, notamment, dans laquelle il est resté huit ans. Alors des  fois, Cédric Andrieux, dans ce spectacle éponyme, danse. Oh à peine, c’est un danseur qui prête son corps au concept du chorégraphe Jérôme Bel, il ne voudrait pas déstabiliser son public. Un danseur qui danse – nous ne sommes pas prêts. Jérôme Bel aime d’ailleurs « casser l’attente du public ». Alors, cassée, l’attente ? Non. On attend. Inexorablement.

1816 signes, déjà. Ma critique suit la construction que j’avais imaginée, peut-être que le ballet final des mots permettra une esthétique ; peut-être que les lecteurs, en me lisant, auront une émotion, ou le sentiment d’avoir fait une rencontre. En tout cas, je suis tellement concentrée sur la technique, si exigeante, si compliquée, j’en oublie le reste.

Je critique peu le spectacle bien sûr – mon dieu, qui suis-je ? J’ai mes maîtres, mes mentors, mes modèles ; je les respecte infiniment et préfère les raconter plutôt que de les singer. Bien sûr, comme les danseurs. Des rencontres qui m’ont forgé le caractère, d’autres qui m’ont emballée, d’autres qui m’ont ennuyée.

La voix de Cédric Andrieux est posée, placée, mais monotone. Si Jérôme Bel est un passeur, il n’y connaît rien à la musique. Ça se non-entend. Ce n’est pas du théâtre, ce n’est pas de la danse, c’est de la non-danse. C’est conceptuel, comme l’indique le programme : le nom de Jérôme Bel n’apparaît pas après « chorégraphie » (absent) mais après « concept ».

Alors à quoi sert Cédric Andrieux, au fond ? La question se greffe à chaque unité de temps des 75 minutes du spectacle. Et elle se pose : Le Monde, dans sa critique du spectacle, le fait à quatre reprises. Finalement, à rien, à tout ; c’est de l’art.

Enfin là, en l’occurrence, rendons hommage à ce spectacle : du non-art.

[ITW] Pénélope Bagieu, illustratrice qui croque le quotidien

Pénélope Bagieu, plus connue par les internautes sous le nom de Pénélope Jolicœur, est une jeune illustratrice parisienne de 27 ans. Diplômée de l’ENSAD où elle a suivi des études de cinéma d’animation, c’est par son blog qu’elle s’est fait connaître du grand public, en y racontant avec des illustrations toujours plus drôles des anecdotes de son quotidien.

Bonjour Pénélope… Bagieu ? Jolicœur ? Quelle différence (ou pas !) faites-vous entre les deux ?

« penelope-jolicoeur » est l’URL de mon blog. Ce n’est donc ni un personnage, ni un pseudonyme.

INTERNET : « C’est grâce à mon blog qu’on m’a proposé de publier ma première BD. »

 Votre blog rencontre un grand succès. L’avez-vous créé par envie ou par besoin ?

Je l’ai créé pour dessiner en-dehors de mon travail d’illustratrice, sans brief, sans commande et surtout sans recevoir l’avis de personne. La mise en forme « blog » me permet de ne pas avoir de feuilles de croquis qui s’empilent jusqu’au plafond. Quant au fait de raconter des petites anecdotes de ma vie de tous les jours, ça évite de me prendre trop de temps ou de trop me casser la tête à chercher des histoires.

http://penelope-jolicoeur.typepad.fr/.a/6a00e551dd382d88340120a66f647e970c-pi


Est-ce que votre blog vous a aidé à décrocher des contrats ?

Des contrats, non : dans la publicité, on distingue bien les illustrateurs professionnels des gens qui font ça pour le plaisir. En revanche, c’est grâce à mon blog qu’on m’a proposé de publier ma première BD.

Vous êtes devenue une « blogueuse influente ». Est-il arrivé que des amitiés à l’intérieur de la blogosphère se transforment en amitiés « réelles » ?

Non. Mais je suis devenue amie avec des auteurs à force de les croiser dans les salons et les festivals.

SOCIETE : son image de parisienne ? « Rien de très fou-fou ! »

La presse vous présente souvent comme le parfait exemple de la parisienne moderne. Aviez-vous conscience de cette image ? Comment vous en accommodez-vous ?

Je ne sais pas trop. Comme je n’ai jamais vécu ailleurs, je n’ai pas trop de points de comparaison. En fait, ça doit surtout être l’image de n’importe quelle fille de mon âge qui vit dans une ville, et qui jongle donc entre le boulot, le mec, les copines, les sorties et le supermarché qui ferme à 22 heures. Rien de très fou-fou !

Comment définiriez-vous la « Parisienne » ?

Aucune idée !

ARGENT : « Je vis très décemment. »

Vos activités d’illustratrice vous amène à travailler dans divers domaines : la publicité, la bande dessinée, l’édition, la presse, etc… Lequel est le plus lucratif ?

La pub, sans aucune hésitation ! Mais c’est aussi le moins rigolo. On ne peut pas tout avoir !

Vivez-vous décemment de votre talent ?

Je vis très décemment, même. La première année, j’ai gagné aux alentours de 2 ou 3000 euros par mois. J’ai eu beaucoup de chance et j’ai été très bien entourée. Même si c’est évidemment très aléatoire, surtout dans la pub : on a parfois une grosse commande, et parfois plus rien pendant des mois. Et dans l’édition, on gagne moins, forcément.

CULTURE : « J’avale quotidiennement mon poids en BD. »

Quelles sont vos pratiques culturelles ?

J’essaye de voir au maximum en concert les groupes et les chanteurs que j’aime, parce que c’est le dernier moyen de rémunérer leur travail. Ce n’est pas en achetant leur album à 9 euros sur iTunes que je vais encourager les petits groupes qui démarrent, hélas ! Et comme j’ai la chance d’avoir la plupart des concerts dans ma ville, voire dans mon quartier, je ne m’en prive pas.

Je vais au cinéma au moins une fois par semaine depuis que j’ai la carte MK2-UGC. Quant au spectacle vivant, une fois par mois seulement. C’est malheureux à dire, mais uniquement par manque d’accompagnateur ! J’ai découvert la danse contemporaine depuis peu et j’adore ça, mais je manque cruellement d’amis amateurs…

En littérature, j’aime beaucoup les auteurs américains, mais pas forcément très récents. Et j’avale quotidiennement mon poids en BD.

http://penelope-jolicoeur.typepad.fr/.a/6a00e551dd382d883401156fcc4735970b-pi

Si 2012 était la fin du monde et que vous aviez la possibilité d’émigrer sur Pandora, que sauveriez-vous de notre patrimoine culturel ?

Les vins de Bourgogne, sans hésiter.

MEDIAS : « Je ne veux pas qu’on me dise ce que je dois manger pour rentrer dans un 34. »

Quel est votre rapport à l’actualité ?

Je la suis suffisamment pour être sûre de ne pas passer à côté de LA grosse info.

Quelles sont vos pratiques d’accès à l’information ?

Je suis abonnée au Monde, même si au final, quand je rentre chez moi le soir et que je le prends dans ma boîte aux lettres, j’ai déjà lu toute l’actualité chaude sur leur site internet ou sur leur application iPhone. Mais rien ne remplace la version papier pour moi, c’est vraiment mon petit rituel.

A part ça, je lis quelques rares hebdomadaires, comme le Courrier International. Et en radio, je n’écoute pas du tout les infos, mais seulement des émissions, avec deux rendez-vous incontournables tous les jours sur France Inter : « 2000 ans d’histoire » de Patrice Gélinet, et « La tête au carré » de Mathieu Vidard.

Et sinon, à part la presse people, rien ! Et surtout pas de magazines féminins.

Pourquoi ?

Parce que ça m’ennuie. Si je veux de l’info, je préfère lire de la presse généraliste ; si je veux voir des fringues, je préfère la rue ou internet ; et si je veux du potin, je préfère Voici ! Je ne veux pas qu’on me dise ce que je dois manger pour rentrer dans un 34 ou à quelle œuvre humanitaire envoyer mes dons.

Si j’étais la représentante de tous les journalistes de France, qu’auriez-vous envie de me dire ?

Courage !

Que peut-on vous souhaiter pour 2010 ?

Du temps libre !

Propos recueillis par Florence Porcel